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26/12/2023

personne ne pense à remédier à ces abominables abus...Nous serons longtemps fous et insensibles au bien public. On fait de temps en temps quelques efforts, et on s’en lasse le lendemain

... Il est bien désespérant que ce triste constat voltairien soit encore d'actualité en notre XXIè siècle .

 

 

« A Jean-Jacques Paulet

Je crois, monsieur, que don Quichotte n’avait pas lu plus de livres de chevalerie que j’en ai lu de médecine. Je suis né faible et malade, et je ressemble aux gens qui, ayant d’anciens procès de famille, passent leur vie à feuilleter les jurisconsultes, sans pouvoir finir leur procès. Il y a environ soixante-quatorze ans que je soutiens comme je peux mon procès contre la nature. J’ai gagné un grand incident, puisque je suis encore en vie ; mais j’ai perdu tous les autres, ayant toujours vécu dans les souffrances.

De tous les livres que j’ai lus, il n’y en a point qui m’ait plus intéressé que le vôtre 1. Je vous suis très obligé de m’avoir fait faire connaissance avec Rahzès 2. Nous étions de grands ignorants et de misérables barbares, quand ces Arabes se décrassaient. Nous nous sommes formés bien tard en tout genre, mais nous avons regagné le temps perdu . Votre livre surtout en est un bon témoignage. Il m’a beaucoup instruit ; mais j’ai encore quelques petits scrupules sur la patrie de la petite-vérole.

J’avais toujours pensé qu’elle était native de l’Arabie déserte, et cousine-germaine de la lèpre, qui appartenait de droit au peuple juif, peuple le plus infecté en tout genre qui ait jamais sali notre malheureux globe.

Si la petite vérole était native d’Égypte, je ne vois pas comment les troupes de Marc-Antoine, d’Auguste, et de ses successeurs, ne l’auraient pas apportée à Rome. Presque tous les Romains eurent des domestiques égyptiens, verna Canopi 3. Ils n’en eurent jamais d’arabes. Les Arabes restèrent presque toujours dans leur grande presqu’île jusqu’au temps de Mahomet. Ce fut dans ce temps-là que la petite-vérole commença à être connue. Voilà mes raisons ; mais je me défie d’elles, puisque vous pensez différemment.

Vous m’avez convaincu, monsieur, que l’extirpation serait très préférable à l’inoculation. La difficulté est de pouvoir attacher une sonnette au cou du chat. Je ne crois pas les princes de l’Europe assez sages pour faire une ligue offensive et défensive contre ce fléau du genre humain . Mais, si vous parvenez à obtenir des parlements du royaume qu’ils rendent quelques arrêts contre la petite-vérole, je vous prierai aussi sans aucun intérêt de présenter requête contre sa grosse sœur. Vous savez que le parlement de Paris condamna, en 1497, tous les vérolés qui se trouveraient dans la banlieue à être pendus. J’avoue que cette jurisprudence était fort sage, mais elle était un peu dure et d’une exécution difficile, surtout avec le clergé, qui en aurait appelé ad apostolos 4.

Je ne sais laquelle de ces deux demoiselles a fait le plus de mal au genre humain ; mais la grosse sœur me paraît cent fois plus absurde que l’autre. C’est un si énorme ridicule de la nature d’empoisonner les sources de la génération 5, que je ne sais plus où j’en suis quand je fais l’éloge de cette bonne mère. La nature est très aimable et très respectable sans doute, mais elle a des enfants bien infâmes.

Je conçois bien que si tous les gouvernements de l’Europe s’entendaient ensemble, ils pourraient à toute force diminuer un peu l’Empire des deux sœurs. Nous avons actuellement en Europe plus de douze cent mille hommes qui montent la garde en pleine paix ; si on les employait à extirper les deux virus qui désolent le genre humain, ils seraient du moins bons à quelque chose . On pourrait même leur donner encore à combattre le scorbut, les fièvres pourprées, et tant d’autres faveurs de ce genre que la nature nous a faites.

Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où les malades, entassés les uns sur les autres, se donnent réciproquement la peste et la mort. Vous avez des boucheries dans de petites rues sans issue, qui répandent en été une odeur cadavéreuse, capable d’empoisonner tout un quartier. Les exhalaisons des morts tuent les vivants dans vos églises, et les charniers des Innocents, ou de Saint-Innocent, sont encore un témoignage de barbarie qui nous met fort au-dessous des Hottentots et des Nègres 6.

Cependant personne ne pense à remédier à ces abominables abus. Une partie des citoyens ne pense qu’à l’opéra-comique, et la Sorbonne n’est occupée qu’à condamner Bélisaire, et à damner l’empereur Marc-Antonin. Nous serons longtemps fous et insensibles au bien public. On fait de temps en temps quelques efforts, et on s’en lasse le lendemain. La constance, le nombre d’hommes nécessaire, et l’argent, manquent pour tous les grands établissements. Chacun vit pour soi : Sauve qui peut ! est la devise de chaque particulier. Plus les hommes sont inattentifs à leur plus grand intérêt, plus vos idées patriotiques m’ont inspiré d’estime.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi.

A Ferney par Genève le 23 avril 1768. 7»

1 Jean-Jacques Paulet : Histoire de la petite vérole, avec les moyens d’en préserver les enfants et d'en arrêter la contagion en France, suivie d'une traduction française du traité de la petite vérole de Rhasès, 1768 :

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63374506.texteImage

et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6337451m/f1.item

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Paulet

2 Rhazes ou plus exactement Abù Bakr Muhammad ibn Zakariyyà al-Ràzi qui fut le premier auteur à décrire la petite vérole : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/44277

3Juvénal, Satires, I,26 . Traduction : esclave de Canope . Canope est une ville de Haute-Egypte . Par extension Canope désigne poétiquement l’Égypte .

4Aux apôtres .

5 Voir la même expression dans L'Homme aux quarante écus : page 97 et suiv. :https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Voltaire-quarante.pdf

6 L'idée est chère à V* depuis longtemps ; il l'exprime déjà dans Le Monde comme il va : page 4 et suiv. https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Monde_comme_il_va

7 Minute corrigée par V*, intitulée par lui : à M. Paulet médecin de la faculté de Montpellier 22 avril 1768 ; effectivement la Correspondance littéraire fait état de la lettre avec cette date dans de nombreuses copies contemporaines : par Wyart, ...vicomte Harcourt, Stanton Harcourt, Oxon, Beaumarchais-Kehl ; édition : « Lettre de M. de Voltaire à M. Paulet, au sujet de l'histoire de la petite vérole »,Mercure de France, juillet 1768.

il faut qu’elle mette ordre à ses affaires

... Pas de trêve des confiseurs pour la ministre Dominique Faure , les policiers municipaux ruent dans les brancards :https://www.bfmtv.com/police-justice/policiers-municipaux...

Cela a-t-il gâché son réveillon ? cela va-t-il pourrir le prochain ? Petit papa Noël, qui vas-tu choisir d'exaucer : les policiers ou la ministre ?

Qu'en disent les chevaliers du Fiel ?

 

 

 

« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux ; Maîtresse

des comptes

à Lons-le-Saulnier

23è avril 1768 à Ferney

On ne peut être plus touché que je le suis, mon excellent pâté, de toutes les bontés que vous me témoignez . Quoique je n'aie plus de dents pour vous manger, cela n’empêche pas que je vous trouve du meilleur goût du monde . J'ai toujours pensé que le fond du pâté était aussi bon que sa croûte ; c'est-à-dire que son cœur valait bien sa beauté .

Monsieur votre frère vient incessamment ; il ira sans doute vous voir . Mme Denis ne reviendra pas sitôt ; il faut qu’elle mette ordre à ses affaires . D'ailleurs, la vie d'une dame de Paris ne cadre plus guère avec la mienne . Je me couche à neuf heures et je me lève à quatre 1 . Je ne suis plus qu'un agriculteur, qui fait valoir une très mauvaise terre .

Mille compliments , je vous prie, à monsieur de Vaux et à monsieur François . Comptez que toute votre famille me sera toujours infiniment chère . Conservez vos bontés , madame, pour le vieux solitaire.
V. »

1 V* affine progressivement sa formule . Il disait d'abord se coucher à dix heures et se lever à sept . Il finira par dire qu'il se lève quand Mme Denis se couche !

25/12/2023

ne veut-on pas aussi que je me sois confessé ?

... Après avoir mis le petit Jésus dans la crêche , bien sûr ...

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« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

[vers le 22 avril 1768] 1

[Il est calomnié dans tout ce qu'il fait ] On ne se contente pas d'assurer que j'ai fait mes pâques, ne veut-on pas aussi que je me sois confessé ? [...]

1  A vrai dire, il ne s'agit que d'une citation . Après avoir fait mention de la lettre du même jour à d'Argental , le rédacteur ajoute : « On prétend que dans une autre lettre à M. de Thibouville que je n'ai point vue, il se plaint […]. » Suit la citation .

Relisez ensuite votre ouvrage à tête reposée

... Est-il possible qu'un pratiquant des réseaux sociaux soit doté à la fois d'une tête reposée et de capacité à se relire ?

Statistiquement, je l'estime à un pour dix millions , tant pis si je me trompe .

Chat-J'ai-pété peut-il nous le dire ? Non : "Je ne dispose pas de données précises sur la proportion de personnes qui se relisent sur les réseaux sociaux. Cependant, il est toujours recommandé de se relire avant de publier du contenu en ligne pour éviter les fautes d'orthographe ou les erreurs de frappe. Cela contribue à une meilleure communication et à une image plus professionnelle." Pas mieux . Humain :1 - Ia :0 .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres,

rue du Doyenné saint-Louis du Louvre

à Paris

22è avril 1768 1

Votre lettre, mon cher ami, me donne mille remords. Consultez quelqu'un qui soit bien au fait de l'art des vers et de l'art tragique . Ne lisez point votre pièce dans un cercle , personne n'y dit jamais son avis . C'est de toutes les séductions la plus dangereuse . Donnez votre pièce à lire à quelque ami éclairé et sévère . Relisez ensuite votre ouvrage à tête reposée . Prenez une tragédie de Racine d'une main , et Eudoxie de l'autre . Dites-vous à vous même : Racine se serait-il permis ces vers ? aurait-il étranglé ces sentiments ? aurait-il laissé ce principal caractère indécis ? n'aurait-il pas donné à cet ambassadeur des vues plus développées ? n'aurait-il pas donné à Maxime un caractère plus ferme et plus noble ? n'aurait-il pas mis dans sa pièce de plus grands mouvements ? ne l’aurait-il pas enrichie d'une foule de vers qui restent sans effort dans la mémoire du lecteur ? Songez, mon cher ami, que c'est pour les lecteurs que vous travaillez . Un succès au théâtre n'est rien pour l’Académie française ; il n'y a jamais eu d'aussi grand succès que celui du Siège de Calais . Cet ouvrage ne fera certainement pas de son auteur un académicien 2.

Pardonnez encore une fois à ma tendre amitié . Ne m'en croyez pas, et jugez par vous-même .

Le Pandorien 3 m'avait promis de m'envoyer un mémoire pour son bon homme de père, je le désirais avec ardeur, je l'attends encore ; faites-l'en ressouvenir, je vous en prie .

Ma santé est bien mauvaise, mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur . Comptez qu'on ne peut vous être attaché plus sincèrement que je le suis pour le peu de temps qui me reste à vivre . »

1 Original, cachet « de Lyon ». La lettre figure parmi les copies faites en vue de l'édition de Kehl mais n'a pourtant pas été imprimée.

2 En fait Buirette de Belloy entra à l'Académie française : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/pierre-la....

3 Le musicien La Borde, auteur de Pandore, déjà cité .

je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées

... Petit bilan d'actualité du président Macron ( à quelque unités près ) qui, comme son sapin élyséen, a les boules . Joyeux Noël ... à tous les autres, si possible .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

22 Avril 1768

Mon divin ange, mes raisons pour avoir changé ma table ouverte contre la sainte table pourront ennuyer un excommunié comme vous ; mais je me crois dans la nécessité de vous les dire. Premièrement, c’est un devoir que j’ai rempli avec madame Denis une fois ou deux1, si je m’en souviens bien.

Secondement, il n’en est pas d’un pauvre agriculteur comme de vous autre seigneurs parisiens, qui en êtes quittes pour vous aller promener aux Tuileries à midi. Il faut que je rende le pain bénit en personne dans ma paroisse ; je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées ; et, quand il n’en coûte qu’une cérémonie prescrite par les lois pour les édifier, il ne faut pas s’en faire deux cent cinquante ennemis 2.

3°/ Je me trouve entre deux évêques qui sont du XIVè siècle et il faut hurler avec ces sacrés loups.

4°/ Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile ou un fripon, et il n’y a aucune précaution que je ne doive prendre, après la lettre de l’avocat Caze 3.

5°/ Soyez très sûr que, si je vois passer une procession de capucins, j’irai au-devant d’elle chapeau bas, pendant la plus forte ondée.

6°/ M. Hennin, résident à Genève, a trouvé un aumônier tout établi ; il le garde par faiblesse. Ce prêtre est un des plus détestables et des plus insolents coquins qui soient dans la canaille à tonsure. Il se fait l’espion de l’évêque d’Orléans, de l’évêque d’Annecy, et de l’évêque de Saint-Claude. Le résident n’ayant pas le courage de le chasser, il faut que j’aie le courage de le faire taire.

7°/ Puisque l’on s’obstine à m’imputer les ouvrages de Saint-Hyacinthe, de l’ex-capucin Maubert, de l’ex-mathurin Laurent, et du sieur Robinet, tous gens qui ne communient pas, je veux communier ; et si j’étais dans Abbeville je communierais tous les quinze jours.

8°/ On ne peut me reprocher d’hypocrisie, puisque je n’ai aucune prétention.

9°/ Je vous demande en grâce de brûler mes raisons après les avoir approuvées ou condamnées. J’aime beaucoup mieux être brûlé par vous qu’au pied du grand escalier.

Je rends de très sincères actions de grâces à la nature, et au médecin qui l’a secondée, d’avoir enfin rendu la santé à madame d’Argental.

Je vous amuserai probablement, par la première poste, de la Guerre de Genève, imprimée à Besançon . C’est un ouvrage, à mon gré, très honnête et qui ne peut déplaire dans le monde qu’à deux ou trois mille personnes ; encore sont-elles obligées de rire.

Je suis hibou, je l’avoue, mais je ne laisse pas de m’égayer quelquefois dans mon trou ; ce qui diminue les maux dont je suis accablé . C’est une recette excellente.

Je suis comme votre ville de Paris : je n’ai plus de théâtre. Je donne à mon curé les aubes des prêtres de Sémiramis ; il faut faire une fin. Je me suis retiré sans pension du roi, dans ma soixante-quinzième année. Je ne compte pas égaler les jours de Moncrif ; mais si j’ai les moyens de plaire 4 à mes deux anges, je me croirai pour le moins aussi heureux que lui. Je me mets à l’ombre de vos ailes, avec une vivacité de sentiments qui n’est pas d’un vieillard.

V.»

1 A Colmar, et en 1761 à Ferney. (Georges Avenel.)

Le 29 juin, à Richelieu : « Mme Denis doit se souvenir qu'elle a communié avec moi à Ferney (en 1761 sans doute ; il le lui rappellera le 27 avril), et qu'elle m'a vu communier à Colmar (en 1754) » .Voir lettre page 131 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f136.image

3 On ne connaît pas la lettre répondant à cette désignation . Une certaine Mme Caze, nièce de Joseph-Marie Terray, vint à Ferney en 1772 . Mais il s'agit plutôt d'une mauvaise lecture pour Cassen, nom sous lequel V* publia sa Relation de la mort du chevalier de La Barre . Du reste, quelques mots sont grattés sur la copie entre la lettre et de l'avocat .

4 Moncrif est auteur d’Essais sur les moyens de plaire. (Georges Avenel.)Voir : https://books.google.fr/books?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

24/12/2023

les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières

... Tout le monde râle contre la vie chère, Parisiens-têtes-de-chiens y compris, et on vient de battre un record de bouchons sur les routes de départ en vacances, en particulier vers nos montagnes -frontières enneigées . Comprenne qui peut ! Le père Fouettard peut remiser son fouet, ils sont incorrigibles .

Pour mémoire : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/un-trafic-tr%C...

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« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille, Premier gentilhomme de la

chambre de S.A.S. Le prince de

Condé

à l'hôtel de Conti

à Paris

Au château de Ferney 20 Avril 1768 1

Je vois, monsieur, que les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières de la Suisse, au pied des Alpes et du mont Jura. Je ne conçois pas comment la chose la plus simple, la plus ordinaire, et que je fais tous les ans, a pu causer la moindre surprise. Je suis persuadé que vous en faites autant dans vos terres, quand vous y êtes. Il n’y a personne qui ne doive cet exemple à sa paroisse ; et si quelquefois dans Paris le mouvement des affaires, ou d’autres considérations, obligent à différer ces cérémonies prescrites, nous n’avons point à la campagne de pareilles excuses. Je ne suis qu’un agriculteur, et je n’ai nul prétexte de m’écarter des règles auxquelles ils sont tous assujettis. L’innocence de leur vie champêtre serait justement effrayée, si je n’agissais pas et si je ne pensais pas comme eux 2. Nos déserts, qui devraient nous dérober au public de Paris, ne nous ont jamais dérobés à nos devoirs. Nous avons fait à Dieu dans nos hameaux, les mêmes prières pour la santé de la reine que dans la capitale, avec moins d’éclat sans doute, mais non pas avec moins de zèle. Dieu a écouté nos prières comme les vôtres, et nous avons appris, avec autant de joie que vous, le retour d’une santé si précieuse.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé, et de me conserver les bontés dont vous honorez votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

 

 

 

1 L'édition de Kehl supprime le second paragraphe , biffé sur la copie Beaumarchais.

2 Il y a quelque chose de vrai dans ce qu'écrit V* . On sait l'importance qu'il attache à la religion en tant que frein pour le « peuple ». Seigneur du village, il doit donner à ses vassaux l'exemple du respect envers le Dieu « rémunérateur et vengeur » . Voir aussi la lettre du 21 avril 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-16.html

23/12/2023

il ne faut pas qu'un archevêque fasse d'un mandement un libelle diffamatoire

... Entendez-vous M. Jean-Pierre Kutwa, archevêque d'Abidjan ? Vous semblez vous croire au-dessus du pape , debout sur les freins, ce n'est pas très fraternel pour vos frères et soeurs homosexuels et divorcés ; ce n'est pas bien d'entretenir la défiance comme le fait un gouvernement qui n'ose pas même citer le terme "d'homosexuels" : https://information.tv5monde.com/afrique/benediction-des-... 

Voir par ailleurs ce qu'en dit le cardinal Fernandez   : http://www.belgicatho.be/archive/2023/12/23/selon-le-cardinal-fernandez-la-benediction-des-couples-de-me-6476990.html

Beau temps pour les coupeurs de cheveux en quatre !

Pas encore de gaypride dans la crêche !

 

 

 

« A Charles Bordes

20è avril 1768

On envoie une Guerre au cher correspondant . L'archevêque d'Auch 1 ne sera pas content, mais aussi il ne faut pas qu'un archevêque fasse d'un mandement un libelle diffamatoire 2. S'il y a quelque nouvelle le correspondant est supplié d'en faire part . »

1 Jean-François de Chatillard de Montillet-Grenaud : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_de_Monti... . V* fait allusion à lui de façon ironique dans les notes et dans l'épilogue de la Guerre civile de Genève dont il envoie un exemplaire à Bordes ; voir pages 61 et suiv. : https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=Gy8HAAAAQAAJ&q=chatillard#v=onepage&q=montillet&f=false