17/01/2022
Vous vous intéressez au bonheur des hommes autant qu'à la vérité . Vous procurerez l'un, et vous ferez connaître l'autre
... Mais, sacré nom d'une pipe, à quel.le candidat.e à la présidence pourrais-je dire cela ?
-- Rigoureusement aucun.e !
Un bon début de solution .
https://www.google.com/search?channel=crow5&client=fi...
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin Fils, Avocat
en parlement
à Saint-Claude
17è octobre 1766
Je crois qu'il s'en faut beaucoup , mon cher Papinien 1que l'édition du Commentaire sur les délits et les peines soit vendue . Je ne crois pas qu'il en soit entré deux exemplaires en France . On ne peut faire parvenir à Paris aucun livre des pays étrangers . Les suppléments que vous m'envoyez sont aussi intéressants que judicieux, et je ne doute pas que vous ne fassiez un jour un excellent ouvrage sur cette matière . Vous vous intéressez au bonheur des hommes autant qu'à la vérité . Vous procurerez l'un, et vous ferez connaître l'autre . Cette vérité si longtemps étrangère chez les hommes commence à les apprivoiser . Elle se fait tous les jours des amis, elle compte sur vous comme moi-même . Je suis fâché que vous ne la cultiviez pas à Ferney, et je m'imagine que quelque chose de plus aimable encore que la vérité vous retient dans vos montagnes . Si jamais vous trouvez quelque honnête homme qui veuille régir loin d'ici un joli domaine, où il jouira d'une liberté absolue, et où il sera exempt de tout impôt, je vous prierai de me l'envoyer . Je vous embrasse de tout mon cœur.
Mes compliments je vous prie à M. Guirand.2 »
1 Suivant le célèbre jurisconsulte romain Aemilius Papinianus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Papinien
2 Encore une fois ce mot est sévèrement biffé sur le manuscrit . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/21/le-roi-stanislas-monsieur-est-mort-comme-hercule-dont-il-ava-6322827.html
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16/01/2022
Je suis en bonnet de nuit
... Et à poil(s).
« A Pierre-Michel Hennin
[vers octobre 1766]
Notre hôpital, monsieur, est très sensible à votre charité. Maman 1 est affligée d’un rhumatisse, et ne peut faire aucun exercisme 2. Pâté 3 est accouchée d’un faux germe, comme certaine Julie du sieur Jean-Jacques ; mais elle n’en est que plus belle. Cornélie-Chiffon est garde-malade. Je suis en bonnet de nuit. Père Adam trotte. Nous sommes tous également pénétrés de vos bontés. Mettez mon cadavre et ce qui me reste d’âme aux pieds de monsieur l’ambassadeur. Mille tendres et respectueux remerciements.
V. »
1 Mme Denis .
2 La forme rhumatisse commence à être sentie comme populaire, d'où le jeu de mots sur exercisse par hypercorrection cette fois .
3 Agathe Frik, de Fahsneim en Alsace, cuisinière et femme de chambre Mme Denis. Voltaire l'avait mariée à Etienne Perrachon, de Ferney. C'est la belle Agathe, dont parle Grimm : « Agathe, ô belle
-Agathe... » Elle accouchera d'un gros garçon à la fin de 1770, ce qui fera dire au poète : « Nous ne savons plus où mettre notre marmaille. Dieu nous bénit. » Correspondance inédite de Voltaire avec M. Hennin (Paris, Berlin, 1825), p, 248. Lettre de Voltaire à Hennin,le saint jour de Noël (25 décembre).
Voir : https://archive.org/stream/voltaireetlasoc07desn/voltaireetlasoc07desn_djvu.txt
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15/01/2022
N'y aurait[-il] pas une manière plus honnête de vivre ?
... A vous tous, fraudeurs, menteurs, qui volez sans vergogne, disparaissez . Sans tarder .
Etre élu, est-ce une récompense ? Si oui, pas étonnant que nous soyons si souvent déçus .
« A Gabriel Cramer
[15 octobre 1766 ? ]
On vient encore , mon cher Gabriel, d'imprimer à Avignon , sous le nom de Lausanne ce recueil de mes prétendues lettres augmenté jusqu'à deux volumes 1. Il faudrait tâcher d'avoir cette rapsodie, afin de discerner le bon grain de l'ivraie . Vous pourriez alors, en donnant au public les lettres telles que je les ai écrites, faire tomber ces impertinentes éditions . Je m'imagine que ce sont des jésuites d'Avignon qui impriment ces bêtises pour gagner du pain . N'y aurait[-il] pas une manière plus honnête de vivre ?
Quand vous pourrez vous échapper pour venir me voir, je vous montrerai la véritable lettre de M. Hume sur Jean-Jacques . Vous me direz ce que je vous dois . Je vous embrasse bien tendrement . »
1Voir lettre du 15 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/13/m-6360082.html
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14/01/2022
Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades
... Ce cher Voltaire préfère donc la compagnie des miss plutôt que celle des pensionnaires d'EHPAD, c'est bon pour le moral, et je l'approuve .
« A Michel-Paul-Guy de Chabanon
[vers le 15 octobre 1766] 1
Si j'avais votre jeunesse et vos grâces, par ma foi je ferais tout comme vous . Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades . Quand elles vous donneront un moment de relâche, venez voir votre oncle à Ferney . Notre hôpital est triste, mais cet hôpital vous aime .
Souvenez-vous que vous m'avez promis de me montrer quelque chose de votre façon . Vous savez combien tout ce que vous faites m'est précieux . Adieu, cher ami, réjouissez-vous .
V. »
1 Manuscrit olographe daté 1777 de main d'éditeur ; mais voir autres lettres à Chabanon de cette période .
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13/01/2022
S’il arrive un malheur, armez-vous de courage. Il faut s’attendre à tout. -- Est-il donc arrivé ? -- Non, mais ayez un cœur plus grand, plus élevé.
... Cette recommandation, cette prière n'a que très peu de chance d'être exaucée par les candidats aux élections . Heureusement le monde des soignants fait face envers et contre tout .
https://www.hospitalia.fr/Exposition-Faire-Face-Soignants...
« A Jacques Lacombe
Quai de Conti
à Paris
15è octobre 1766
Je suis très aise, monsieur, que ce ne soit pas vous qui ayez fait des lettres sous le nom de la reine Christine 1. La candeur de votre caractère ne s’accorde pas avec cette petite fraude littéraire. Votre sosie ne vous vaut pas, et il mérite d’être bien battu par Mercure 2. Il est permis de cacher son nom ; mais il ne l’est pas de prendre le nom d’autrui, à moins que ce ne soit celui de Guillaume Vadé. Mon ami, qui cache son nom, vous importune beaucoup. Il se rend enfin à une de mes objections sur ces trois vers du petit monologue de Fulvie, scène iv du quatrième acte :
Vous tomberez, tyrans, vous périrez, perfides !
Vos mains ont trop instruit nos mains au parricides,
Le sang vous abreuva ; votre sang va couler.
En effet, Fulvie ne fait que répéter ce qu’elle a déjà dit . Cela cause de la langueur, et ces moments doivent être vifs et rapides. Voici comme il change tout ce morceau.
Après ce vers qui finit la scène iii du quatrième acte,
Je t’invoque, Brutus, je t’imite ; frappons ;
Scène 4è
Fulvie, Julie, Albine.
Julie
Il m’échappe, il me fuit. Ô ciel ! m’a-t-il trompée ?
Autel, fatal autel ! Mânes du grand Pompée,
Votre fils devant vous m’a-t-il fait prosterner
Pour trahir mes douleurs et pour m’abandonner !
Fulvie
S’il arrive un malheur, armez-vous de courage.
Il faut s’attendre à tout.
Julie
Quel horrible langage !
S’il arrive un malheur ! Est-il donc arrivé ?
Fulvie
Non, mais ayez un cœur plus grand, plus élevé.
Julie
Il l’est, mais il gémit ; vous haïssez, et j’aime.
Je crains tout pour Pompée, et non pas pour moi-même ;
Que fait-il ?
Fulvie
Il vous sert. Les flambeaux dans ces lieux
De leur faible clarté ne frappent plus mes yeux,
etc.,
comme dans le manuscrit.
Je vous prie, monsieur, au nom de mon ami et au mien, d’imprimer suivant cette nouvelle leçon, et de faire un carton, si ce morceau a déjà été sous presse. Il faudra observer de changer l’ordre des scènes, car le petit monologue de Fulvie, qui faisait la quatrième scène, étant supprimé, il se trouve que la cinquième scène devient la quatrième, la sixième devient la cinquième, et ainsi du reste.
Vous sentez, combien j’ai d’excuses à vous faire de vous accabler de tant de minuties. Je vous ruine en ports de lettres ; mais vous ennuyer est encore pis. L’amitié sera mon excuse ; je compte sur la vôtre. Ne doutez pas du véritable attachement que je vous ai voué depuis que je suis en commerce avec vous.
V. »
1 Elles étaient d’un Lacombe, d’Avignon. Voir la lettre du 26 septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/06/c-est-le-plus-infame-calomniateur-qui-ait-jamais-barbouille-du-papier.html
2 Souvenir d'Amphitryon de Molière, Ac. I, sc. 2 : https://www.commentaire-de-francais.com/2019/03/01/commentaire-compos%C3%A9-sur-moli%C3%A8re-amphitryon-acte-i-sc%C3%A8ne-2/
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Il n’y a pas moyen de faire un aigle d’un papillon
... Ainsi parlera Sarah Knafo à l'heure du bilan de son action de promotion de son bien-aimé Eric Zemmour . Comment faire un aigle à partir d'une mite ? Seul David Copperfield en serait capable et encore seulement pour la forme, la valeur d'un tel aigle restant celle d'un parasite . Le candidat misogyne , ne l'oublions pas, est de son propre aveu poussé par sa compagne illégitime qui me parait plus animée d'un esprit de femme jalouse que de femme d'Etat .
« A Etienne-Noël Damilaville
15 octobre 1766
Mon cher ami, j’ai lu le factum de M. Hume 1 . Cela n’est écrit ni du style de Cicéron, ni de celui d’Addison. Il prouve que Jean-Jacques est un maître fou, et un ingrat pétri d’un sot orgueil ; mais je ne crois pas que ces vérités méritent d’être publiées . Il faut que les choses soient, ou bien plaisantes, ou bien intéressantes, pour que la presse s’en mêle. Je vous répéterai toujours qu’il est bien triste pour la raison que Rousseau soit fou ; mais enfin Abadie l’a été aussi 2. Il faut que chaque parti ait son fou, comme autrefois chaque parti avait son chansonnier.
Je pense que la publicité de cette querelle ne servirait qu’à faire tort à la philosophie. J’aurais donné une partie de mon bien pour que Rousseau eût été un homme sage ; mais cela n’est pas dans sa nature . Il n’y a pas moyen de faire un aigle d’un papillon . C’est assez, ce me semble, que tous les gens de lettres lui rendent justice ; et d’ailleurs sa plus grande punition est d’être oublié.
Ne pourriez-vous pas, mon cher frère, écrire un petit mot à M. de Beaumont, à Launay, chez M. de Cideville, où je le crois encore, et réchauffer son zèle pour les Sirven ? S’il n’avait entrepris que cette affaire, il serait comblé de gloire, et toute l’Europe le bénirait. J’ai annoncé son factum à tous les princes d’Allemagne comme un chef-d’œuvre, il y a près d’un an . Le factum n’a point paru ; on commence à croire que je me suis avancé mal à propos, et l’on doute de la réalité des faits que j’ai allégués. Est-il possible qu’il soit si difficile de faire du bien ? Aidez-moi, mon cher ami, et cela deviendra facile.
M. Boursier attend le mémoire de M. Tonpla 3, qui probablement arrivera par le coche. Le protecteur 4 est toujours bien disposé ; il m’écrit souvent pour l’établissement projeté ; mais je vois bien que M. Boursier manquera d’ouvriers. Il est vieux et infirme, comme moi ; il aurait besoin de quelqu’un qui se mît à la tête de cette affaire. Il y a un château tout prêt 5, avec liberté et protection ; est-il possible qu’on ne trouve personne pour jouir d’une pareille offre ? Je vois que la plupart des affaires de ce monde ressemblent au conseil des rats 6. J’ai deux personnes à encourager, Boursier 7 et Sirven : l’un et l’autre se désespèrent.
J’ai beaucoup d’obligation à M. Marin, pour une affaire moins considérable. On a imprimé un recueil de mes lettres en deux volumes, à Avignon, sous le nom de Lausanne 8 . On dit que ces lettres sont aussi altérées et aussi indignement falsifiées que celles qui ont été imprimées à Amsterdam. M. Marin a donné ses soins pour que cette rapsodie n’entrât point dans Paris . Il en échappera pourtant toujours quelques exemplaires. Que voulez-vous ? c’est un tribut qu’il faut que je paye à une malheureuse célébrité qu’il serait bien doux de changer contre une obscurité tranquille. Si je pouvais me faire un sort selon mon désir, je voudrais me cacher avec vous et quelques-uns de vos amis, dans un coin de ce monde . C’est là mon roman, et mon malheur est que ce roman ne soit pas une histoire. Il y a une vérité qui me console, c’est que je vous aime tendrement, et que vous m’aimez . Avec cela on n’est pas si à plaindre.
Voici un billet pour frère Protagoras 9 ; je le recommande à vos bontés. »
1 Exposé succinct de la contestation qui s’est élevée entre M. Hume et M. Rousseau avec les pièces justificatives ; Londres, 1766, in-12 de xiv et 127 pages dans la traduction française, qui est l’ouvrage de Suard. Suard ne se borna pas au rôle de traducteur ; il fit des additions. On croit que l’Avertissement des éditeurs est de d’Alembert.
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k718136.texteImage
2 Jacob Abbadie . Voir page 302 : https://fr.wikisource.org/wiki/Examen_important_de_Milord_Bolingbroke/%C3%89dition_Garnier/Traduction#302
3 Une réponse de Diderot à la lettre de V* du 23 juillet 1766 . La présente mention permet de la dater des environs du 10 octobre, mais elle n'arriva que le 7 novembre 1766 ; voir lettre du 7 novembre 1766 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-annee-1766-partie-45.html
4 Frédéric II, roi de Prusse.
5 À Clèves.
6 Allusion à la fable de La Fontaine « Conseil tenu par les rats » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/conseilrats.htm
7 Voltaire lui-même.
8 M. de Voltaire peint par lui-même, ou Lettres de cet écrivain ; 1766, in-12 ; il y a des éditions de 1768, 1771, 1772. La préface et les notes sont attribuées à La Beaumelle. Le ton est donné par l'épigraphe : « J'ai des adorateurs et je n'ai pas un ami . » . Voir : https://books.google.ht/books?id=JAxbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
11:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/01/2022
Les fous atrabilaires, les furieux, sont plus remarqués dans notre nation que dans toute autre
... Je ne sais si c'est tout à fait vrai, mais notre histoire française actuelle est riche en furieux, les anti-ceci-cela, démolisseurs forcenés . Il est à souhaiter que la sélection naturelle nous en débarrasse au plus tôt .
Pour me dépolluer de cette ambiance détestable j'écoute Leny Esccudero, un grand , digne de Brassens et Brel : https://www.bing.com/videos/search?q=Leny+Escudero&do...
A écouter attentivement : https://www.bing.com/videos/search?q=Leny+Escudero&&a...
« A Jean Le Rond d'Alembert
15 octobre [1766]
Mon vrai philosophe, Jean-Jacques est un maître fou, et aussi fou que vous êtes sage. La lettre de M. Hume 1 me prouve que les Anglais ne sont point du tout hospitaliers, puisqu’ils n’ont pas donné une place dans Bedlam à Jean-Jacques. Ce petit bonhomme aurait été enchanté d’y être logé, pourvu qu’on eût mis son nom sur la porte, et que les gazettes en eussent parlé. Au moins les folies de cette espèce ne font pas grand mal ; mais nous en avons eu à Toulouse et à Paris d’une espèce plus dangereuse. Les fous atrabilaires, les furieux, sont plus remarqués dans notre nation que dans toute autre. Je m’imagine que mon ancien disciple 2 vous a écrit ce qu’il en pensait . Il est admirable sur ce chapitre. Je le crois enfin devenu tout à fait philosophe. Je me trompe fort, ou plus il vieillira, plus il sera humain et sage. Je voudrais savoir si vous écrivez toujours à une certaine dame qui donne des carrousels 3 ; elle donne quelque chose de mieux ; elle a minuté de sa main un édit sur la tolérance universelle. L’Église grecque n’était pas plus accoutumée que la latine à ce dogme divin. Si elle continue sur ce ton, elle aura plus de réputation que Pierre le Grand.
Ne pourriez-vous point me dire ce que produira, dans trente ans, la révolution qui se fait dans les esprits, depuis Naples jusqu’à Moscou ? Je n’entends pas les esprits de la Sorbonne ou de la halle, j’entends les honnêtes esprits.
Je suis trop vieux pour espérer de voir quelque chose, mais je vous recommande le siècle qui se forme.
Adieu, je me console en vous écrivant, et vous me rendrez heureux quand vous m’écrirez. »
1 V* a certainement en vue la publication A Concise and Genuine Account of the Dispute between Mr Hume and Mr Rousseau, traduit par J.-B. Suard sous le titre Exposé succinct de la contestation qui s'est élevée entre M. Hume et M. Rousseau .
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k718136.texteImage
2 Frédéric II.
3 Catherine II .
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