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19/04/2022

Passe encore pour du bœuf et des perdrix, mais manquer de casse ! cela est intolérable

... Ne nous méprenons pas, ce n'est pas de casse matérielle dont il s'agit, celle ci est plutôt surabondante en ce moment .

Passez-moi la casse et je vous passerai le  séné , telle est la politique de Poutine à ce jour qui renoue avec le grand jeu des échanges de prisonniers, réminiscence de la guerre froide sans doute ( KGB for ever ! ). Ce triste sire, à l'égal des produits sus-nommés nous fait bien ch....

On se dit tout" - Okapi 100% ADO – Le blog des années collège

-MOI d'abord !

-NON, moi !

 

 

« A Pierre de Buisson, chevalier de Beauteville

À Ferney, 9è janvier 1767 1

Monsieur, je comptais avoir l’honneur de venir présenter Les Scythes à Votre Excellence, et je déménageais comme la moitié de Genève ; mais il plut à la Providence d’affliger mon corps des pieds jusqu’à la tête. Je la supplie de ne vous pas traiter de même dans ce rude hiver. Je vous envoie donc les Scythes comme un intermède à la tragi-comédie de Genève.

On a logé des dragons autour de mon poulailler, nommé le château de Tournay. Maman D[enis] ne pourra plus avoir de bon bœuf sur sa [table ]. Elle envoie chercher de la vache à Gex. Je ne sais pas même comment on fera pour avoir les lettres qui arrivent au bureau de Genève. Il aurait donc fallu placer le bureau dans le pays de Gex. Ce qu’il y a de pis, c’est qu’il faudra un passeport du roi pour aller prendre de la casse chez Colladon 2. Passe encore pour du bœuf et des perdrix, mais manquer de casse ! cela est intolérable . Il se trouve à fin de compte que c’est nous qui sommes punis des impertinences de Jean-Jacques et du fanatisme absurde de De Luc le père 3, qu’il aurait fallu bannir de Genève à coups de bâton, pour préliminaire de la paix.

Que les Scythes vous amusent ou ne vous amusent pas, je vous demande en grâce de les enfermer sous cent clefs, comme un secret de votre ambassade. M. le duc de Choiseul et M. le duc de Praslin sont d’avis qu’on joue la pièce avant qu’elle paraisse imprimée. Je ne suis point du tout de leur avis ; mais je dois déférer à leur sentiment autant qu’il sera en moi.

Daignez donc vous amuser avec Obéide 4, et enfermez-la dans votre sérail, après avoir joui d’elle, et que M. le chevalier de Taulès en aura eu sa part.

Le petit couvent de Ferney, faisant très maigre chère, se met à vos pieds.

J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect,

monsieur,

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur.

Voltai[re]. »

1 Original signé dont le papier est endommagé .

2 Plusieurs écrivains genevois ont porté le nom de Colladon. Un Théodore Colladon, de Bourges, avait exercé la médecine à Genève au commencement du xviie siècle. Il est à croire qu’il y avait, en 1767, à Genève, un apothicaire de ce nom ; mais les expressions de casse, eau, bouteilles de Colladon, sont employées par Voltaire pour désigner les ouvrages philosophiques. (Beuchot)

Voir aussi lettre du 14 novembre 1757 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/30/vous-devez-avoir-recu-une-petite-caisse-d-une-liqueur-qu-on.html

3 Jacques-François de Luc, né en 1698, mort en 1780 ; voir une note page 541 du chant IV de la Guerre de Genève : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/551

4 Personnage de la tragédie des Scythes.

18/04/2022

cent pour nous plaindre , Et pas un pour nous secourir.

... Combien chacun des millions de terriens de pays en guerre peuvent-ils crier cette plainte ? En vain ...

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence, Brigadier des armées

du roi, etc.

à Angoulême

Je ne puis encore,mon cher marquis, vous envoyer cette ode 1. Il y a quelques stances qui sont peut-être un peu dangereuses dans le temps présent et qu'on pourrait malignement interpréter . Il faut que je les corrige afin que personne n'ait le prétexte de se plaindre . Mandez-moi, je vous prie, qu’elle est la date de votre lettre à M. le comte de Périgord 2, cela m'est important . Je ne sais si je vous ai envoyé la stance qui vous regarde . La voici.

Qu’il est beau, généreux d’Argence,
Qu’il est digne de ton grand cœur,
De venger la faible innocence 3
Des traits du calomniateur !

Souvent l’amitié chancelante
Resserre sa pitié prudente ;
Son cœur glacé n’ose s’ouvrir ;
Les amis sont réduits à feindre,
Nous en trouvons cent pour nous plaindre ,
Et pas un pour nous secourir.

Je vous souhaite une meilleure année qu'à moi . Voici le temps où les neiges me rendent aveugle et où je souffre de la tête aux pieds .

9è janvier 1767 .»

2  Sur cette lettre du marquis d'Argence, voir lettre du 8 décembre 1766 à celui-ci . Les mots comte de sont ajoutés entre les lignes par V* .

3  Le mot est écrit innonce dans le manuscrit original, la correction s'impose .

17/04/2022

Nous avons toujours dit la même chose

... Paroles de politiciens.ennes à la courte mémoire à l'heure du bilan de carrière .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8è janvier 1767 au soir, partira le 10 1

Mes divins anges, nous recevons votre lettre du 3 janvier. Allons vite au fait : 1° L’affaire était si grave que la première chose que dit le receveur du bureau à cette dame, c’est qu’elle serait pendue : 2° Le fidèle Wagnière vous écrivit du bureau même pendant que les monstres du bureau écrivaient à monsieur le vice-chancelier ; 3° Cette affaire étant arrivée le 23 décembre au soir, nous n’avons eu de nouvelles détaillées de vous qu’aujourd’hui 8 janvier, et Lejeune a écrit quatre lettres à sa femme dans cet intervalle ; 4° Nous ne pouvions faire autre chose que d’envoyer mémoire sur mémoire au seul maître de cette affaire ; tous ces mémoires ont été uniformes. Nous avons toujours dit la même chose, et nous ne pouvions deviner que vous imagineriez d’alléguer que cette femme est parente de notre femme de charge, attendu que nous ne l’avons jamais dit dans nos défenses dont vous avez copie, et que Wagnière, à qui cette lettre est dictée, n’énonça point du tout cette défaite 2 dans la lettre qu’il a eu l’honneur de vous écrire du bureau.

La femme même articula dans le procès-verbal qu’elle avait une parente en Suisse, mais non pas à Ferney . Elle déclara qu’elle ne nous connaissait point, et voici le certificat que Wagnière vous en donne, en cas que vous ayez perdu sa lettre. Il nous a donc fallu absolument marcher sur la même ligne et soutenir toujours, ce qui est très vrai, que nous n’avons connu jamais la femme Doiret, et que nous ne vendons point de livres.

5° Il est très vrai encore que le bureau de Collonges est en faute jusque dans sa turpitude, et que sa barbarie n’est point en règle. S’il a cru que la dame Doiret et son quidam 3 voulaient faire passer en France des choses criminelles, il devait s’assurer d’eux : première prévarication.

Il n’était pas en droit de saisir les chevaux et le carrosse d’une personne qui venait faire plomber ses malles, qui se déclarait elle-même, et qui ne passait point des marchandises en fraude selon les ordonnances . Seconde prévarication. Il pouvait même renvoyer ces marchandises sans manquer à son devoir, et c’est ce qui arrive tous les jours dans d’autres bureaux. Mme Denis est légalement autorisée à redemander son équipage, dont d’ailleurs cette femme Doiret s’était servie frauduleusement, en achetant des habits de nos domestiques et en empruntant d’eux nos équipages et des malles.

6° Nos malles ne nous sont revenues au nombre de deux que parce que les commis mirent les papiers dans une troisièmes pour être envoyés à monsieur le vice-chancelier.

7° Il est impossible que, si nous passons le moins du monde pour complices de la femme qui faisait entrer ces papiers, nous ne soyons exposés aux désagréments les plus violents.

8° Quand nous ne serions condamnés qu’à la plus légère amende, nous serions déshonorés à quinze lieues à la ronde, dans un pays barbare et superstitieux. Vous ne vous connaissez pas en barbares 4.

9° Si on ne trouve pas un ami de M. de La Reynière qui obtienne de lui la prompte et indispensable révocation du nommé Jeannin, contrôleur du bureau de Sacconex, entre Genève et Ferney, l’affaire peut prendre la tournure la plus funeste.

Cette affaire, toute désagréable qu’elle est, ne doit préjudicier en rien a celle des Scythes ; au contraire, c’est une diversion consolante et peut-être nécessaire. Il serait bon sans doute que la pièce fût jouée incessamment, et que les acteurs eussent leurs rôles ; mais sans deux bons vieillards et sans une Obéide qui sache faire entrevoir ses larmes en voulant les retenir, et qui découvre son amour sans en parler, tout est bien hasardé. J’ai d’ailleurs fait imprimer l’ouvrage pour prévenir l’impertinente absurdité des comédiens, que Mlle Clairon avait accoutumés à gâter toutes mes pièces ; ce désagrément m’est beaucoup plus sensible que le succès ne pourrait être flatteur pour moi.

J’imagine que l’épître dédicatoire n’aura pas déplu à MM. les ducs de Praslin et de Choiseul ; et c’est une grande consolation pour le bonhomme qui cultive encore son jardin au pied du Caucase, mais qui ne fera plus éclore de fleurs ni de fruits, après une aventure qui lui ôte le peu de forces qui lui restait . Ce bon vieillard vous tend les bras de ses neiges, de Scythie aux murs de Babylone.

V.

 

Je déclare que je n’ai jamais articulé dans aucun papier que la dame Doiret eût des parents dans la maison. Fait à Ferney, 9è janvier 1767.

Wagnière.



Je déclare la même chose, comme ayant été présent.

Racle.



C’est sur quoi nous avons insisté dans toutes nos lettres ; nous n’avons proposé l’intervention de M. de Courteilles que comme le croyant à portée, par lui ou par ses amis, d’engager les fermiers généraux, chargés du pays de Gex, à casser au plus vite ce malheureux. Nous vous répétons que c’est un préalable très important pour empêcher que notre nom ne soit compromis et que nous ne soyons exposés à un procès criminel.

Vous avez, mes divins anges, un résumé exact de l’affaire. Puisqu’elle dépend de M. de Montyon, que nous avons vu aux Délices, nous allons lui écrire 5. Vous connaissez sans doute le conseiller d’État qui préside à ce bureau. Nous avions espéré que monsieur le vice-chancelier aurait la bonté de décider lui-même cette affaire, et qu’il commencerait par s’informer s’il y a en effet une femme Doiret à Châlons, à laquelle la malle pleine de papiers est adressée. Il est fort triste que cette aventure soit discutée devant des juges qui peuvent la criminaliser 6; mais nous comptons sur votre zèle, sur votre activité, sur vos amis. Nous n’avons rien à nous reprocher, et s’il arrive un malheur 7, on aura la fermeté de le soutenir, malgré l’état languissant où l’on est, et malgré la rigueur extrême d’un climat qui est quelquefois pire que la Sibérie. N’en parlons plus, mes chers anges, il n’est question que d’agir auprès de M. de Montyon et du président du bureau, non pas comme demandant grâce, mais comme demandant justice et conformément à nos mémoires, dont aucun ne dément l’autre. Nous ne voulons point nous contredire comme Jean-Jacques. Voilà notre première et dernière résolution, dont nous ne nous sommes jamais départis, comme nous ne nous départirons point des tendres sentiments qui nous attachent à vous pour toute notre vie.

V. »

1 Déclaration de Racle écrite et signée par lui ; le manuscrit daté par des gloses de l'éditeur a été suivi par toutes les éditions .

2 Le mot défaite est employé au XVIIIè siècle au sens de mauvaise excuse .

3 Jeannin .

4 Phrase ajoutée de la main de V* .

6 V* a souligné ce mot qui est usité en termes de droit pour signifier « transférer une affaire du civil au criminel » à l'inverse de civiliser .

7 D’être forcé de déguerpir. (Georges Avenel.)

16/04/2022

la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire

... Les mesures que veut prendre Marine Le Pen concernant l'écologie et autres sujets sensibles sont aberrantes , quand bien même elles sont présentées comme plus que géniales par cette bonimenteuse de foire, qui débite son texte d'arnaqueuse . Vaut-il mieux entendre cela qu'être sourd ? Non . Franchement, il est grand  temps de ressortir la machine à claques .

 

 

« A Claude-Joseph Dorat Ancien

mousquetaire du roi, etc.

rue de Vaugirard, à l'ancienne Académie

à Paris

À Ferney, ce 8è janvier 1767 1

Monsieur, à la réception de la lettre dont vous m’avez honoré, j’ai dit, comme saint Augustin : Ô felix culpa 2 ! Sans cette petite échappée dont vous vous accusez si galamment, je n’aurais point eu votre lettre, qui m’a fait plus de plaisir que l’Avis aux deux prétendus sages 3 ne m’a pu causer de peine. Votre plume est comme la lance d’Achille, qui guérissait les blessures qu’elle faisait.

Le cardinal de Bernis, étant jeune, en arrivant à Paris, commença par faire des vers contre moi, selon l’usage, et finit par me favoriser d’une bienveillance qui ne s’est jamais démentie. Vous me faites espérer les mêmes bontés de vous, pour le peu de temps qui me reste à vivre, et je crie Félix culpa ! à tue-tête.

J’ai déjà lu, monsieur, votre très joli poème sur la déclamation 4; il est plein de vers heureux et de peintures vraies. Je me suis toujours étonné qu’un art, qui paraît si naturel, fût si difficile. Il y a, ce me semble, dans Paris beaucoup plus de jeunes gens capables de faire des tragédies dignes d’être jouées qu’il n’y a d’acteurs pour les jouer. J’en cherche la raison, et je ne sais si elle n’est pas dans la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire. Cette contradiction velche doit révolter tous les vrais Français. Cette vérité me semble mériter que vous la fassiez valoir dans une seconde édition de votre poème.

Je ne puis vous dire à quel point j’ai été touché de tout ce que vous avez bien voulu m’écrire. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que méritent la candeur de votre âme et les grâces de votre génie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire .

P. S. Ma dernière lettre à M. le chevalier de Pezay 5 était écrite avant que j’eusse reçu la vôtre. J’en avais envoyé une copie à un de mes amis ; mais je ne crois pas qu’il y ait un mot qui puisse vous déplaire, et j’espère que les faits énoncés dans ma lettre feront impression sur un cœur comme le vôtre. »

1 Original signé ; édition C.-J. Dorat: Mes nouveaux torts, 1775 .Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11900414/te/page1

2 Ce mot de St Augustin est inclus dans l'Exultet de la messe du dimanche de Pâques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exultet

Voir la note 3 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome29.djvu/592

4 Même lettre, même note .

Nous sommes bloqués, et nous mourons de faim . C’est assurément le moindre de mes chagrins

... Pourvu que ça n'arrive pas aux Ukrainiens , résistants avec un moral extraordinaire .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Jeudi matin, 8 janvier 1767 1

Mon cher ami, en attendant que je lise une lettre de vous, que j'attends aujourd’hui 2, il faut que je vous communique une réponse que j’ai été obligé de faire à M. de Pezay 3, au sujet des vers de M. Dorat, que vous devez avoir vus, et qui ne sont pas mal faits. Vous verrez si j’ai tort de regarder Jean-Jacques Rousseau comme un monstre, et de dire qu’il est un monstre. Le grand mal, dans la littérature, c’est qu’on ne veut jamais distinguer l’offenseur de l’offensé. M. Dorat a ses raisons pour suivre le torrent, puisqu’il s’y laisse entraîner, et qu’il m’a offensé de gaieté de cœur, sans me connaître. J’arrête ma plume, en attendant votre lettre, et je vous prie de communiquer à M. d’Alembert celle que j’ai écrite à M. de Pezay, avant que M. Dorat m’eût demandé pardon.

Nous avons reçu votre lettre du 3 de janvier. Nos alarmes et nos peines ont été un peu adoucies, mais ne sont pas terminées.

Il n’y a plus actuellement de communication de Genève avec la France . Les troupes sont répandues par toute la frontière ; et, par une fatalité singulière, c’est nous qui sommes punis des sottises des Genevois. Genève est le seul endroit où l’on pouvait avoir de la viande de boucherie et 4 toutes les choses nécessaires à la vie . Nous sommes bloqués, et nous mourons de faim . C’est assurément le moindre de mes chagrins. Je n’ai pas un moment pour vous en dire davantage. Tout notre triste couvent vous embrasse.

Voudriez-vous bien, mon cher ami, envoyer à M. de Laleu, dans une enveloppe, mon certificat de vie puisque je vis encore . »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; édition de Kehl . Les mots jeudi matin de la date et le dernier paragraphe manquent sur le manuscrit .

2Sur le manuscrit : que je compte recevoir . Voir lettre du 22 décembre 1766 à Pezay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/27/tous-les-ministres-savent-assez-quelle-est-la-conduite-punis-6373580.html

4 Les six mots qui précèdent ne figurent que sur le manuscrit .

15/04/2022

Je n’ai rien à vous mander de nouveau

... C'est dit !

 

« A Etienne-Noël Damilaville

7 janvier 1767

Je ne sais si je vous ai mandé, mon cher ami, que j’ai eu une petite attaque qui m’avertit de mettre mes affaires en ordre.

Je n’ai rien à vous mander de nouveau. Vous aurez par le premier ordinaire la tragédie des Scythes imprimée. On n’en a tiré que très peu d’exemplaires. Je vous prie de la donner à Mme de Florian dès que vous l’aurez lue avec Platon. Vous savez qu’il est question de lui dans la préface.

Je vous embrasse de tout mon cœur. »

Nous sommes si innocents que nous sommes en droit de demander justice au lieu de grâce

... Comme disent les hommes/femmes politiques mis en examen , n'est-ce pas MM. Sarkozy et Darmanin , Mme Marine Le Pen and C° .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7 janvier 1767

Comme nous ne voulons rien faire, mon très cher ange, sans vous en donner avis, nous vous communiquons, Mme Denis et moi, le nouveau mémoire que nous sommes obligés d’envoyer à monsieur le vice-chancelier 1, fondé sur une lettre dans laquelle on nous avertit que des personnes 2 pleines de bonté ont daigné lui recommander cette malheureuse affaire.

Le mémoire, dont ces personnes ont ordonné qu’on nous fît part, alléguait des faits dont elles ne pouvaient être instruites. Ce mémoire se trouvait en contradiction avec les nôtres, et avec le procès-verbal. Vous voyez, mon divin ange, que nous sommes dans l’obligation indispensable d’exposer le fait tel qu’il est, et de requérir que monsieur le vice-chancelier daigne se procurer les informations que nous demandons. Nous sommes si innocents que nous sommes en droit de demander justice au lieu de grâce. Nous passerions pour être évidemment complices de la Doiret, si nous l’avions connue.

Nous vous supplions de vouloir bien vous intéresser à l’autre affaire 3 que nous avons recommandée à vos bontés auprès de M. de La Reynière, le fermier général.

Venons à des choses plus agréables. On ne pouvait guère, dans l’état de crise où la république de Genève et moi nous nous trouvons par hasard, imprimer correctement Les Scythes . Nous vous enverrons incessamment des exemplaires plus honnêtes. J’ai essuyé de bien cruelles afflictions en ma vie. Le baume de Fierabras 4, que j’ai appliqué sur mes blessures, a toujours été de chercher à m’égayer. Rien ne m’a paru si gai que mon épître dédicatoire. Je ne sais pas si elle aura plu, mais elle m’a fait rire dans le temps que j’étais au désespoir.

J’avais promis à M. le chevalier de Beauteville d’aller lui rendre sa visite à Soleure, et d’aller de là passer le carnaval chez l’Électeur palatin et arranger mes petites affaires avec M. le duc de Virtemberg ; mais mon quart d’apoplexie et une complication de petits maux assez honnêtes me forcent à rester dans mon lit, où j’attends patiemment la nombreuse armée de cinq à six cents hommes qui va faire semblant d’investir Genève. L’état-major n’investira que Ferney ; il croira s’y amuser, et il n’y trouvera que tristesse, malgré le moment de gaieté que j’ai eu dans mon épître dédicatoire, et dans ma préface contre Duchesne 5.

Je pense qu’on ne saurait donner trop tôt Les Scythes ; il ne s’agit que de trouver un vieillard. La représentation de cette pièce ferait au moins diversion . Cette diversion est si absolument nécessaire qu’il faut que la pièce soit jouée ou lue.

Adieu, mon aimable et très cher ange ; je me mets aux pieds de madame d’Argental . J’ai bien peur qu’elle ne soit affligée.

V. »

1 Ce mémoire est donné ici, d’autant plus qu'il a été certainement dicté par V* ; la minute ou copie est conservée en deux parties à la BNF (N. 24339 ffos 120et 117 )

Ce mémoire est intitulé « Addition au mémoire envoyé à Mgr le vice-chancelier le 29è décembre 1766 par la dame Denis de Ferney au sujet de la saisie de son équipage à Collonges », il est signé de la main de Voltaire, qui ajoute en marge : « Nota qu'ils n'avaient point de droit de visiter puisque le plomb n'est mis que pour assurer qu'on ne mettra point d'autres effets, et que le tout sera visité à l'arrivée à la douane. »

« Monseigneur,/ La dame Denis ayant appris dans le moment, que des amis généreux et respectables ont parlé ou écrit à monseigneur le vice-chancelier sur cette affaire, est obligée de lui dire , que dans leurs bontés prévenantes, ils ne pouvaient en aucune manière être instruits du fait ; et s'ils ont dit que la femme Doiret est parente de la femme de charge du château de Ferney, ils ont été trompés par de faux rapports . / Aucun de nos domestiques n'a jamais connu la femme Doiret . Notre femme de charge est sœur du boulanger du roi, nommé Thierry, qui vient d'acheter la charge de président du grenier à sel de Versailles . / Monseigneur est très instamment supplié de le faire interroger par un officier de justice de Versailles . Il verra que la famille de cette femme de charge n'est ni parente , ni alliée, ni connue de cette femme Doiret . / Monseigneur peut aussi exiger que M. l’intendant de Chalons ou son subdélégué, interroge les Doiret de Chalons . / La femme de charge du château se nomme Mathon. Elle est chargée de nourrir plus de cent personnes par jour, et dirige même souvent les travaux de la campagne . C'est une personne infiniment estimable dan son état et qui n'a jamais su s'il y a eu au monde des La Mettrie, des Frérets, des Lords Bolingbroke, des Du Marsais et des Boulangers . / En un mot , il paraît que toute cette aventure est une friponnerie de gens qui ont abusé d'un nom connu pour faire un commerce punissable. / Signé Denis de Ferney .

 

« 7 janvier 1767 / La nommée Doiret de Chalons est allée en Suisse pour voir une de ses parentes et amies qui l'a chargée de plusieurs papiers qu'elle ne connaissait point et dont elle ignorait entièrement la conséquence . De là elle est allée à Ferney où elle a une cousine femme de chambre de Mme Denis . Après y a voir resté quelques jours n'ayant point de voiture pour se rendre à Collonges, cette cousine à l'insu de ses maîtres lui en a fait prêter une avec quatre chevaux, lui a donné un homme pour l'accompagner et faire plomber ses malles . Elle était de si bonne foi et y entendait si peu de finesse qu'elle a livré ses malles pour cette opération . Il s'est trouvé en les visitant que que les papiers dont elle s'était chargée étaient des livres prohibés en France . Là-dessus les commis ont saisi la voiture, les chevaux, les malles et se sont emparés des papiers . La femme craignant qu'on en usât de même à son égard s'est sauvée après avoir déclaré les faits qu'on vient d'exposer . L'homme qui l'accompagnait avait fait une déclaration contraire par rapport à la voiture et aux malles, mais il n’était pas instruit et c'est celle de la femme qui est dans l'exacte vérité . / Mme Denis informée de l'aventure a réclamé tout ce qu'on avait saisi hors les papiers . On n'a consenti à rendre la voiture, les chevaux et deux malles qu'à condition de consigner 50 louis ce qui a été fait . Aujourd’hui il est question de les faire rendre ; les malles réclamées par Mme Denis contenaient des habits appartenant à elle et à M. de Voltaire . »

2 D’Argental lui-même .

3 Le renvoi de Jeannin.

4 Ce baume magique apparaît dans les romans du XIIIè siècle . Don Quichotte en fait grand cas ; voir : https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1952_num_40_132_8622_t1_0308_0000_2