12/05/2022
Il me semble que si j'avais de l'argent, je le mettrais à la banque royale
... God save the Q.u.e.e.n ! https://www.youtube.com/watch?v=HgzGwKwLmgM
« A Etienne-Noël Damilaville
19 janvier 1767 1
Je n'ai rien à vous mander, mon cher ami, sinon que je suis toujours bloqué par les neiges et par des soldats, que nous manquons de tout à Ferney, que nous n'avons nulle nouvelle de l'affaire de la Doiret, que je suis très malade et très affligé et que votre amitié me console . Il me semble que si j'avais de l'argent, je le mettrais à la banque royale .
Cette opération de finances me paraît belle et bonne .
Je vous supplie de vouloir bien donner cours à l'incluse . »
1 L'édition Correspondance littéraire ajoute la dernière phrase .
18:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous pouvez venir sur mon territoire et je ne puis aller sur le vôtre
... Pense et dit le président Macron à ses opposants ; "Le monde ne vaut que par les extrêmes mais ne tient que par les modérés " dit Paul Valéry . Advienne que pourra .
« A Gabriel Cramer
[19 janvier 1767]1
Je ne sais pas, mon cher Caro, si M. le duc de Choiseul vous fait du bien, mais il me fait beaucoup de mal . Vous êtes libre et je suis bloqué . Vous pouvez venir sur mon territoire et je ne puis aller sur le vôtre . Vous mangez des truites, mais je me suis dépiqué en mangeant des soles .
Je vous répète que vous me ferez un très sensible plaisir de vouloir bien dire à M. Dupan combien je partage sa douleur 2. Je suis malade dans mon lit, je n'en peux plus . Envoyez-lui ce billet si vous n'avez pas le temps de lui écrire vous-même . »
1 La date est fixée par la mention des soles dans la lettre du 19 janvier 1767 à Beauteville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-8.html
2 Allusion quasi certaine à la mort de Gabriel du Commun dont le testament fut ouvert le 20 janvier 1767, ce qui signifie qu'il dut mourir quelques jours auparavant ; voir lettre du 20 janvier 1767 à Claire Cramer : « Je suis très affligé par la mort de M. du Commun . Oui c'était un philosophe ; […].»
08:47 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous allez recevoir un homme pour qui j’ai la plus grande estime
... D'autant plus que ce premier ministre est une femme !
Les paris sont ouverts ...
« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet
J’ai voulu attendre, mon cher maître, que ma réponse à votre prosodie fût imprimée, pour vous dire en quatre mots combien je vous aime. Grâces à Dieu, nos académiciens ne tombent point dans les ridicules dont je me plains dans ma réponse, et le bon goût sera toujours le partage de cette illustre compagnie, à qui je présente mon profond respect.
Vous allez recevoir un homme 1 pour qui j’ai la plus grande estime. Au reste, je vous renvoie à M. d’Alembert pour les eu 2 . Il les contrefaisait autrefois le plus plaisamment du monde.
Adieu ; conservez-moi les bontés dont je me vante dans ma lettre imprimée.
V.
18è janvier 1767 à Ferney. »
1 Thomas ; voir lettre du 20 décembre 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/20/m-6372387.html
2 Les e muets prononcés dans la déclamation lyrique, voir lettre du 5 janvier 1767 à d'Olivet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/12/le-deplace-le-faux-le-gigantesque-semblent-vouloir-dominer-a-6376206.html
00:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/05/2022
Le mal est que beaucoup d'imbéciles sont gouvernés par des gens de cette espèce, et qu'on les croit souvent sur leur parole
... Beaux parleurs, vous avez encore de beaux jours à vivre , la race des gogos n'est pas en voie de disparition . Notre période électorale est propice aux charlatans qui se targuent d'exploits "historiques" et promettent une vie de Cocagne : bienvenue à la Foirfouille et bravo à NUPES qui recrute larga manu, y compris des gibiers de potence. Ah ! les beaux députés que nous risquons d'avoir !
« A François-Louis-Henri Leriche
18 janvier 1767
Mes fréquentes maladies, monsieur, et des affaires non moins tristes que les maladies, m'ont privé longtemps de la consolation de vous écrire .
Il y a un paquet pour vous à Nyon en Suisse depuis plus de quinze jours . Les neiges ne lui permettent pas de passer, et je ne sais même par quelle voie il pourra vous parvenir, à moins que vous ne m'en indiquiez une .
Je vous suis très obligé des éclaircissements historiques que vous avez bien voulu me donner sur un des plus grands génies qu'ait jamais produits la Franche-Comté, Nonotte 1. Le mal est que beaucoup d'imbéciles sont gouvernés par des gens de cette espèce, et qu'on les croit souvent sur leur parole . Les honnêtes gens qui pourraient les écraser ne font point un corps, et les fanatiques en font un considérable . Si on ne se réunit pas, tout est perdu . Il est bien juste que les esprits raisonnables soient amis ; et votre amitié, monsieur, fait une de mes consolations . »
1 Certainement ceux que V* a demandé et qu'il utilise dans les Honnêtetés littéraires, XXII pour cibler Nonotte : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Honn%C3%AAtet%C3%A9s_litt%C3%A9raires/%C3%89dition_Garnier/22
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ces deux rogatons... il en fera sa cour à son correspondant d’Allemagne
... L'un des rogatons est le projet de créer une "communauté politique européenne", et il est bien accueilli par Olaf Scholz . L'autre rogaton, plus protocolaire et banal , est le rendez-vous pris pour un conseil des ministres franco-allemand en juillet ; ça ne mange pas de pain . Conclusion : on se téléphone et on se fait un casse-mie (comme on dit en pays gessien ).
« A Etienne-Noël Damilaville
18 janvier 1767 1
Je n’ai que le temps, mon cher ami, de vous envoyer ces deux rogatons. Ils ont fait diversion dans mon esprit quand j’ai été accablé de chagrins. Envoyez-en un exemplaire de chacun à Thieriot ; il en fera sa cour à son correspondant d’Allemagne.
J’attends de vos nouvelles, mon cher ami, sur l’affaire des Sirven et sur tout le reste. »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. qui comporte la troisième phrase, absente dans le manuscrit .
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10/05/2022
nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis
... Vive la douane ! [sic]
Dans le même temps, des milliers de Suisses, genevois et vaudois, achètent des terres et immeubles dans le pays de Gex qui est de plus en plus méconnaissable, bétonné à n'en plus savoir que faire .
« A Jean Le Rond d'Alembert
18 de janvier [1767] 1
Je ne peux jamais vous écrire que par ricochet, mon cher philosophe ; nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis. Tout le poids de la guerre est tombé sur nous. Nous n’avons pas, à la lettre, de quoi faire du bouillon.
Il n’est pas physiquement possible que le sieur Regnard 2 donne vingt-cinq louis d’or d’un discours 3 académique, dont on vend d’ordinaire cent exemplaires tout au plus.
Voici des vers à la louange de Vernet 4, qu’on m’a confiés. On parle d’un poème sur la guerre de Genève, qui ne sera pas aussi long que la Secchia rapita, mais qui doit être plus comique.
Je fais d’avance mille tendres compliments à M. Thomas 5. Fourrez-moi beaucoup de ces gens-là dans l’Académie, quand vous en trouverez.
J’adresse à l’abbé d’Olivet une petite réponse 6 à sa prosodie ; il doit vous la remettre : il y est beaucoup question de votre correspondant du Brandebourg. Quand votre correspondant du mont Jura pourra-t-il vous embrasser ? »
1 Edition de Kehl ; Renouard ajoute le second paragraphe .
2 Antoine-Louis Regnard, imprimeur des travaux de l’Académie française.
3 Il s’agit du Discours sur les avantages de la paix et les inconvénients de la guerre, par La Harpe.
4 Éloge de l’hypocrisie : voir lettre du 13 janvier 1767 à Frédéric II de Hesse-Cassel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/06/je-prends-la-liberte-de-vous-envoyer-pour-vos-etrennes-un-pe-6380481.html
5 Reçu à l’Académie française le 22 janvier 1767..
6 Voir lettre du 5 janvier 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/12/le-deplace-le-faux-le-gigantesque-semblent-vouloir-dominer-a-6376206.html
14:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
sur-le-champ nous mettrons la main à l’œuvre, et tout sera en règle
... Promesse présidentielle, exécutable par un gouvernement encore fantôme à cette heure . A suivre ...

Nous n'avons rien à cacher ! en avant !
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence, etc.,
à Angoulême
17è janvier 1767 1
Je vous écris, mon cher marquis, mourant de froid et de faim, au milieu des neiges, environné de la légion de Flandre et du régiment de Conti, qui ne sont pas plus à leur aise que moi.
J’ai été sur le point de partir pour Soleure, avec monsieur l’ambassadeur de France . J’avais fait tous mes paquets. J’ai perdu dans ce remue-ménage l’original de votre lettre à M. le comte de Périgord 2. Je vous supplie de me renvoyer la copie que vous avez signée de votre main ; et sur-le-champ nous mettrons la main à l’œuvre, et tout sera en règle.
Les Genevois paieront, je crois, leurs folies un peu cher. Ils se sont conduits en impertinents et en insensés . Ils ont irrité M. le duc de Choiseul, ils ont abusé de ses bontés, et ils n’ont que ce qu’ils méritent.
M. Boursier ne peut vous envoyer que dans un mois, ou environ, les bouteilles de Colladon 3 qu’il vous a promises. Ces liqueurs sont fort nécessaires pour le temps qu’il fait ; elles doivent réchauffer des cœurs glacés par huit ou dix pieds de neige qui couvrent la terre dans nos cantons.
Conservez-moi votre amitié, mon cher marquis ; la mienne pour vous ne finira qu’avec ma vie. »
1 Date complétée par d'Argence sur le manuscrit .
2 Voltaire en a déjà parlé dans la lettre à d'Argence du 8 décembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/08/s...
3Sur ce spécifique de Colladon, voir lettre du 14 novembre 1757 à Shouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/30/vous-devez-avoir-recu-une-petite-caisse-d-une-liqueur-qu-on.html
et voir lettre à Beauteville du 9 janvier 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/18/passe-encore-pour-du-boeuf-et-des-perdrix-mais-manquer-de-ca-6377249.html
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