30/01/2022
Ayez la bonté de m’envoyer la feuille d’avis ou la copie de cet article du registre de Paris
... Afin de rendre compte de l'étendue des dégâts faits par cette consultation/vote de la primaire des gauches si gauches . Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Christiane Taubira et Anne Hidalgo mais aussi Pierre Larrouturou et Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie : chassez les intrus ! Sont déjà sur la touche les mauvais coucheurs qui se croient au-dessus de la mêlée : Mélenchon, Jadot, Hidalgo , beau trio qui joue à la bataille et au poker menteur , si véritablement plein de confiance qu'ils sont envers leurs propres partisans .
https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/preside...
Bientôt le résultat du crash test
« A Etienne-Noël Damilaville
31 octobre 1766 1
Mon cher ami, ce pauvre Boursier est bien à plaindre : le paquet de Meyrin, sur lequel il avait fondé tant d’espérances, est sans doute perdu. Voyez, je vous en prie, s’il a été mis à la diligence de Lyon. Il faut que le commissionnaire que vous en avez chargé vous ait trompé. Il n’est nullement vraisemblable que ce paquet ait été égaré. Ayez la bonté de m’envoyer la feuille d’avis ou la copie de cet article du registre de Paris. Je la ferai représenter aux directeurs de Lyon, et je saurai au moins ce que le paquet est devenu. Mandez-moi ce qu’il contenait. Le monde est bien méchant !
Je me flatte qu’il y a quelque lettre de vous en chemin, qui m’apprendra ce qu’on pense dans le monde du procès de l’ingrat Rousseau contre le généreux Hume. Serait-il possible que ce malheureux Jean-Jacques eût encore des partisans à Paris ? Si on m’avait averti que Jean-Jacques me mêlait dans ce procès, et qu’il m’accusait de lui avoir écrit en Angleterre, j’aurais pu vous fournir une petite réponse 2 qui pourrait être le pendant de la lettre de M. Walpole. S’il en était encore temps, je vous enverrais mon petit écrit 3, que vous pourriez joindre aux autres pièces du procès.
Bonsoir, mon très cher ami ; je suis bien affligé. »
1 L'édition Correspondance littéraire, pas plus que la copie contemporaine Darmstadt B. , ne porte pas le destinataire .
2 Voir lettre du 24 octobre 1766 à Hume : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/20/il-est-vrai-qu-a-la-sagesse-toujours-consequente-de-sa-conduite-et-de-ses-e.html
3 Il s’agit peut-être des Notes sur la Lettre à M. Hume ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume
10:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
C’est le plus détestable extravagant que j’aie jamais connu. Cette dernière aventure achève de le couvrir d’opprobre
... Mais cet individu, orgueilleux comme un pou (et moche idem ), n'en est plus à une condamnation près : Eric Zemmour est condamnable et condamné pour ses déclarations, tout comme Sarkozy l'était et le sera pour ses malversations financières ; tout deux étant punissable pour ce qu'ils manient et aiment le plus . Aux innocents les mains pleines !
« A Élie Bertrand, etc.
Chez M. Gabriel-Antoine Ernst
Négociant
à Londres 1
À Ferney, 31è octobre 1766 2
Je voudrais, monsieur, que la maison de Lausanne fût encore à moi, elle serait bientôt à vous. Mais voici ce qui m’arriva . Feu M. de Montrond, en faisant son marché avec moi, me demanda combien j’avais encore de temps à vivre . Je me fis fort de vivre neuf ans . Cela parut exorbitant, mais je n’en démordis point, et je fis mon marché pour neuf ans . Le contrat [fu]t dressé sur ce pied-là ; les années sont révolues, je vis encore, et M. de Mont-Rond est mort . La maison ne m’appartient plus. Si j’avais su que vous voulussiez un jour vous transplanter à Lausanne, j’aurais pris le parti de vivre plus longtemps, et de faire un meilleur marché. Si vous étiez un vrai philosophe, si vous aimiez la retraite, j’ai un petit ermitage auprès de Ferney que je vous céderais de tout mon cœur, et qui ne vous coûterait rien, pas même de remerciements, car cela n’en mérite pas. Mais je vois que vous aimez le grand monde, et que la superbe ville de Lausanne est l’objet de vos plus tendres souhaits. Les miens sont de vous revoir. Je vais prévenir M. d’Alembert 3 de votre arrivée à Paris . Il vous connaîtra avant de vous avoir vu . Il vaut mieux prendre ce parti que de vous envoyer une lettre pour lui, qui augmenterait le port considérablement.
Le procès de Jean-Jacques contre M. Hume est le [procès de] l’ingratitude contre la générosité. Jean-Jacques es[t un] monstre. Savez-vous bien que ce fou avai[t persuadé à ses] amis que je cabalais avec vous pour le faire [chasser de la] Suisse ? C’est le plus détestable extravagant que j’ai[e] jamais connu. Cette dernière aventure achève de le couvrir d’opprobre. Je ne crois pas qu’il puisse vivre en Angleterre ; il faut qu’il aille chez vos Patagons haut de neuf pieds , quoiqu’il n’en ait qu’environ quatre et demi, il leur prouvera qu’il est plus grand qu’eux.
Adieu, mon cher philosophe ; je vous embrasse tendrement. Je serai enchanté de vous revoir. »
1 Voir biographie de Bertrand , page 15 : https://lumieres.unil.ch/media/files/2021/06/Trouvaille_LL_6_2021_BertholetA_pAciWiI.pdf
2 Mention « f[ran]co Rugen » et cachet [o ?] sur 11 dans un cercle sur l'original . L'original est endommagé d'où les restitutions entre crochets . Au verso on lit « aux anges » de la main de V* : Wagnière a dû prendre par erreur la feuille préparée pour écrie aux d'Argental .
3 Cette lettre à d’Alembert manque.
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29/01/2022
Les lettres de Venise de Jean-Jacques ?
... ??? !!!
Ou celles de Blanquer d'Ibiza ?
« Au chevalier Pierre de Taulès
[vers le 30 octobre 1766] 1
Mille tendres respects à monsieur le chevalier de Taulès . Les lettres de Venise de Jean-Jacques ? »
1 Le manuscrit est passé à la vente Dubrunfaut le 27 décembre 1890 sous le numéro 120 . Lettre datée d'après la lettre du 3 novembre 1766 . peut-être ne s'agit-il pas ici d'une lettre à Taulès à proprement parler, mais du « mémorandum » signalé dans la lettre du 3 novembre, et destiné peut-être seulement à Mme Denis .
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire... ; dans l'édition Taulès, cette lettre du 3 novembre est imprimée par erreur après celle du 6 .
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28/01/2022
ce bon public ; c’est une assemblée de fous qui devient sage à la longue
... Mais alors vraiment, vraiment à la longue si je me fie aux programmes qui trainent depuis des décennies faute d'avoir l'accord de la foule des électeurs , ou, exemple plus récent, l'opposition au vaccin anti-covid . Les fous sont encore parmi nous . Les sages galèrent .
« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally
À Ferney, 29 octobre 1766
Puissiez-vous, mon chevalier, passer par chez nous en allant en Italie avec M. Duclos ; et quand vous serez à Ferney, puissent les neiges et les glaces vous boucher tous les chemins !
J’ai lu le procès de l’ingratitude contre la générosité 1. Ce Jean-Jacques me paraît un charlatan fort au-dessus de ceux qui jouent sur les boulevards. C’est une âme pétrie de boue et de fiel. Il mériterait la haine, s’il n’était accablé du plus profond mépris.
On ma mandé beaucoup de bien de Mlle Durancy 2. Le public, qui d’abord l’avait mal reçue, a changé d’avis. Cela lui arrive souvent à ce bon public ; c’est une assemblée de fous qui devient sage à la longue.
Recevez, mon chevalier, mes tendres remerciements de votre souvenir, et les sincères compliments de Mme Denis, et de tout notre petit ermitage. »
1 L'Exposé succinct […] : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k718136.texteImage
2 Madeleine-Céleste de Frossac, connue sous le nom de Mlle Durancy, née en 1746, avait débuté en 1759, au Théâtre-Français, qu’elle abandonna pour l’Opéra, où elle parut en juin 1762. Elle rentra, le 13 octobre 1766, sur la scène française, qu’elle quitta de nouveau en 1767 pour retourner à l’Opéra, où elle resta jusqu’à sa mort, arrivée le 28 décembre 1780. (Beuchot.)
Voir lettre du 25 juillet 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/28/mon-dieu-qu-on-a-ete-bete-6362996.html
17:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues
... Ce n'est pas demain la veille que cela se réalisera, l'intolérance et l'inhumanité étant le moteur de trop de chefs d'Etats dont la liste est longue comme un catalogue de La Redoute . Pour l'instant les yeux sont tournés vers l'Ukraine et l'ogre russe, Xi Jin Ping et Taïwan, le Burkina Faso, le Brésil, et tutti quanti , et plus brouillés de larmes que fermés de rigolade .
http://les-lectures-de-lilas.centerblog.net/rub-petit-tra...
« A Etienne-Noël Damilaville
29 octobre 1766 1
Point de nouvelles de Meyrin, mon cher ami ; mais j’en ai du moins reçu du prophète Élie. Il dit qu’il a fini à la fin son factum pour les Sirven 2; qu’à son retour à Paris, il va le faire signer par des avocats, et le faire imprimer. Dieu le veuille ! Je vois qu’il est occupé d’affaires intéressantes et épineuses. Son procès devenu personnel contre Mme de Roncherolles, son autre procès pour les biens que réclame madame sa femme 3, me font une extrême peine. Mais enfin nous avons entrepris l’affaire des Sirven, il faut en venir à bout. Nous aurons gagné notre procès, si cette aventure sert à inspirer la tolérance et l’humanité à des cœurs barbares qui ne les ont point connues.
Mandez-moi ce qu’on pense du procès de l’ingratitude contre la bienfaisance. Ce charlatan de Jean-Jacques n’est-il pas le mépris de tous ceux qui ont le sens commun, et l’exécration de ceux qui ont un cœur ? Mes deux conseillers 4 sont partis, mais l’un s’en va à sa terre d’Hornoy, l’autre à son abbaye. J’espère que vous les verrez cet hiver. Puisque je ne jouis pas de la consolation de votre société, il faut au moins que ma famille en jouisse.
Informez-vous, je vous prie, de ce qu’est devenu le paquet de Meyrin. Ne l’aurait-on pas fait partir par les rouliers, au lieu de le mettre à la diligence ? Délivrez-moi de cette inquiétude.
On annonce un livre qui me tente ; il est intitulé Recherches des découvertes attribuées aux modernes 5. Envoyez-le moi, je vous prie, s’il en vaut la peine.
Voulez-vous bien faire dire à Merlin qu’il se prépare à payer, au commencement de l’année prochaine, les mille livres qu’il doit à son correspondant de Genève ? Ces mille livres appartiennent au sieur Wagnière. Merlin en devait payer cinq cents au mois de juin passé. J’en ai le billet ; je le chercherai quand je me porterai mieux, et je vous l’enverrai.
Bonsoir, mon cher ami. Voici une lettre 6 que je vous prie de faire remettre chez M. Élie de Beaumont.
Renvoyez-moi donc les lettres de Jean-Jacques. »
1 L'édition Correspondance littéraire ne donne pas le destinataire .
2 Voir note sur la lettre à Damilaville du 8 septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/08/vous-savez-que-ma-maxime-est-de-remplir-tous-mes-devoirs-auj-6353877.html
3 Voir lettre du 29 septembre 1766 au duc de Nivernais : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/05/je-suis-bien-surpris-que-son-humanite-ait-resiste-a-vos-sollicitations.html
4 D’Hornoy, petit-neveu de Voltaire : https://data.bnf.fr/fr/10126091/alexandre-marie-francois_de_paule_de_dompierre_d_hornoy/
, et Mignot, neveu de Voltaire : http://institutions.ville-geneve.ch/fileadmin/user_upload/bge/sites_html/bge-gazette/08/clin_d_oeil.html
5Louis Dutens : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Dutens
Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux modernes, où l'on démontre que nos plus célèbres philosophes ont puisé la plupart de leurs connaissances dans les ouvrages des anciens , 1766, deux volumes in-8°, réimprimés en 1776, 1812. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76020g/f3.item.texteImage
6 Lettre du 28 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/24/v...
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Vejanius armis Herculis ad postem fixis latet abditus agro / Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne
... Et moi je dis Emmanuel perit abditus agro . Wait and see , OK , mais il va bien falloir se déclarer .
La tactique de laisser grouiller la meute de candidats qui se bouffent les uns les autres peut être payante, tout comme de peaufiner un programme en écrémant ceux des autres, il y en a tant qu'ils ne peuvent pas tous être entièrement mauvais . Fini de se cacher dans la campagne, fut-elle la jolie Creuse .
Il est vrai que tout le monde avance masqué de nos jours .
« A Giuseppe Colpani
29è octobre 1766, au château de Ferney
… Vejanius armis
Herculis ad postem fixis latet abditus agro 1.
Et moi, monsieur, je dis : Perit abditus agro 2. Je perds la vue, je perdrai bientôt la vie ; je n'ai pu lire qu'avec une extrême peine vos beaux vers, et lorsqu'enfin je les ai déchiffrés, j'ai admiré, mais j'ai rougi, honteux de mériter si peu vos éloges 3, plus honteux encore de n'y répondre que par cette malheureuse prose que je suis obligé de dicter , mais pénétré d'estime pour votre mérite , et de reconnaissance pour vos bontés ; tout ce que je puis faire, c'est de vous assurer que vous me serez cher jusqu'au dernier moment de ma vie ; je vous remercie, je vous embrasse, et je suis du fond de mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Horace, Epîtres, I, 1, 4-5 : Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne.
2 Il périt caché à la campagne .
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27/01/2022
C’est un malheur attaché au dangereux avantage d’une célébrité que je maudis. Quand on est un homme public, il faut être un homme puissant, ou l’on est écrasé de tous les cotés
... No comment . Valable pour vous aussi mesdames .
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/trombinosc...
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
28 octobre [1766] 1
En vérité, monseigneur, vous m’avez écrit une lettre admirable. Vous avez raison en tout. Votre esprit est digne de votre cœur. Vous voyez les choses précisément comme elles sont, ce qui est bien rare. Pourquoi n’êtes-vous pas du Conseil ? vous y opineriez comme vous avez combattu. C’est la seule chose qui manque à votre brillante carrière.
Je n’ai point voulu écrire à mon héros avant de connaître un peu son protégé 2. Il a très peu de goût pour le christianisme. Je ne sais si vous lui en ferez un crime. Quant à moi, je lui ai fortement représenté la nécessité de reconnaître un dieu vengeur du vice, et rémunérateur de la vertu. Je l’ai heureusement trouvé convaincu de ces vérités, repentant de ses fautes, pénétré de vos bontés passées et à venir. Il a infiniment d’esprit, une grande lecture, une imagination toute de feu, une mémoire qui tient du prodige, une pétulance et une étourderie bien plus grandes. Mais il n’est question que de cultiver et corriger. Laissez-moi faire. Vous étiez très bon physionomiste il y a quinze ans, lorsque vous prédites qu’il serait un grand sujet en bien ou en mal , car son cœur est aussi susceptible de l’un que de l’autre. J’espère le déterminer au premier.
Il y a quelque temps qu’il alla voir Mme la générale de Donop, veuve du premier ministre de Hesse, dont le château est à deux lieues de chez moi. Son esprit et sa figure lui donnèrent un accès facile auprès de cette dame, avec qui il soupe souvent. S’il n’y couche pas, c’est que cette jeune veuve a plus de soixante-dix ans, et que ses femmes de chambre en ont autant. Il y est fêté, et cette bonne dame a la complaisance de l’appeler Monsieur le marquis tout comme le petit Villette. Je n’ai pu, aussitôt son arrivée, le faire manger à ma table, parce que j’avais alors à la maison des personnes à qui je devais du respect ; et je vous dirai que depuis plus de quinze jours ma déplorable santé me condamne à la solitude, quand mes moines sont au réfectoire ; et je crains fort qu’après avoir mangé et soupé tête à tête avec des générales, il ne dédaigne la table d’un pauvre citadin, dont la maison n’est pas celle d’un gouverneur de province. Au reste, mon secrétaire et sa femme, avec qui Galien mange, sont de très bonne famille. Enfin vous ne m’aviez pas ordonné de le faire manger à la table de Mme Denis. Il a bien envie de mettre en œuvre les recherches qu’il a faites sur la province de Dauphiné, et d’en donner une petite histoire dans le goût du président Hénault : mais je ne sais rien ou pas grand’chose dans ma bibliothèque qui puisse seconder son envie, et il n’a apporté de Paris que les Amours du père La Chaise 3, pour commencer son ouvrage, qui, étant fait sous mes yeux, et vous étant dédié par votre petit élève, pourrait l’annoncer avantageusement dans le monde. Ses parents sont auprès de Grenoble, où il peut les voir, et acheter à peu de frais le peu de livres qui lui sont nécessaires. Il m’a dit qu’il vous en écrivait ; j’attends vos ordres là-dessus avant de rien faire. Cet enfant aurait besoin de quelques petits secours pour son entretien. J’ai cru voir par votre lettre que votre intention était que je les lui donnasse. Faites-moi connaître vos ordres là-dessus, je les suivrai ponctuellement. Il faut avouer que ce que vous avez fait pour lui depuis quinze ans est une des belles actions de votre vie. Vous devez le regarder comme un dépôt confié à mes soins, comme votre futur secrétaire. Il est très en état d’en devenir un du premier ordre. L’esprit est une grande ressource. Comme je vous instruirai exactement de la manière dont il tournera, vous ne lui ferez pas sentir que vous êtes instruit de rien par mon canal. Il n’aurait plus de confiance en moi, et il en a beaucoup, car il me dit tout ce qu’il pense. Mais, avant de penser à ses fautes, qui ne sont encore qu’idéales, je vais vous parler des miennes, qui sont réelles, et qui seraient bien plus grandes encore si je tenais en effet école de raison. Mais on m’impute tous les jours des livres auxquels je n’ai pas la moindre part, et que même je n’ai pas lus. L’indiscrétion de ceux qui me viennent voir relève toutes mes paroles. C’est un malheur attaché au dangereux avantage d’une célébrité que je maudis. Quand on est un homme public, il faut être un homme puissant, ou l’on est écrasé de tous les cotés. J’ai des protecteurs dans toute l’Europe, à commencer par le roi de Prusse, qui est revenu à moi entièrement ; mais je me flatte que je n’aurai aucun besoin de ces appuis . Je crois avoir pris mes mesures pour mourir tranquille.
Je conviens de tout ce que vous me dites sur ces plats huguenots et sur leurs impertinentes assemblées. Savez-vous bien qu’ils m’aiment à la folie, et que, si j’étais parmi eux, j’en ferais ce que je voudrais ? Cela paraît ridicule, mais je ne désespérerais pas de les empêcher d’aller au désert. À l’égard de cette pauvre famille d’Espinas 4, voyez ce que vous pouvez faire sans compromettre votre crédit. Il me semble que quand on délivre un homme des galères, il ne faut pas le condamner à mourir de faim. On doit faire grâce entière. Il faut lui rendre son bien. J’ose encore vous conjurer de dire un mot à M. de Saint-Florentin. Vous ne lui direz pas sans doute que c’est moi qui vous en ai supplié.
Me permettez-vous de mettre dans votre paquet, qui est déjà bien long, un petit mot pour Mme de Saint-Julien ?5
Agréez mon profond respect et mon attachement inviolable.
V. »
1 Edition Supplément au recueil, II, 49-52.
2 Galien ; voir lettre du 8 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/10/il-n-y-a-point-assurement-de-facon-de-pisser-plus-noble-que-6359638.html
3 L'édition Garnier dit : C’est le second volume de l’Histoire du Père La Chaise, 1696, deux vol. in-12 .
Voir l'édition Imprimeurs imaginaires et libraires supposés : étude bibliographique ; suivie de recherches sur quelques ouvrages imprimés avec des indications fictives de lieux ou avec des dates singulières / par Gustave Brunet qui indique : « Histoire secrète des amours du Père La Chaise. C'est un roman. La partie politique de la vie du célèbre confesseur de Louis XIV, publiée peu de temps avant, est tout aussi dénuée de vérité historique. Le tout, réimprimé sous le titre d'Histoire du Père la Chaise, forme les deux premiers volumes du recueil connu sous le titre bizarre de Jean danse mieux que Pierre; Pierre danse mieux que Jean. Cologne, 1719. »
Cet écrit n'a pas été identifié à coup sûr, quoique plusieurs suggestions soient présentées par Georges R . Havens « Voltaire's L'Ingénu », Romanic review, 1972 . Les satires contre le P. La Chaise ne sont pas en petit nombre : voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1133908/texteBrut
4 Voir lettre du 14 septembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/17/soyez-sure-madame-que-vous-n-etes-pas-faite-seulement-pour-p-6355537.html
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