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21/11/2021

21 novembre 1694 : jour faste pour nous, naissance de Voltaire

C'est une bonne occasion d'écouter André Maurois :  https://www.youtube.com/watch?v=PaCHTop-DYY

et André Magnan : https://www.youtube.com/watch?v=yZTJAHYZ1wQ

 

Voltaire - Bibliothèque NUMERIQUE TV5MONDE

BON ANNIVERSAIRE pour TOUS les VOLTAIRIENS

Votre voyage doit être en France une grande époque pour tous ceux qui pensent

... De qui s'agit-il ? Je n'ose envisager que ce soit un des prétendants au trône d'élu présidentiel qui sont risibles dans leurs contradictions, et déplorables dans leurs programmes . "Ceux qui pensent" ont heureusement encore le loisir de ne pas perdre de temps à les écouter .

Consolation : hourrah pour nos rugby- players et playeuses, on ne voit plus la vie qu'en bleu ! Black : out !

 

 

« A Marie-Thérèse Geoffrin

A Ferney par Genève , 26è auguste 1766 1

La même raison, madame, qui m'empêche le même voyage que vous, est cause que je n'ai pas répondu sur-le-champ à la lettre dont vous m'honorez en date du 25è juillet .

Je ne vous ai connue, madame, que par les sentiments les plus nobles, et par les actions les plus généreuses . Vous méritez bien l'amitié d'un roi qui est digne de l'être . Votre voyage doit être en France une grande époque pour tous ceux qui pensent . Vous êtes témoin de tout ce que fait un roi philosophe pour le bonheur de sa patrie . Nous avons à Paris des opéras-comiques, mais la sagesse est dans le nord ; et avec toute notre gaieté frivole il y a chez nous plus d'atrocités que chez aucun peuple .

Vous avez peut-être entendu parler de cinq jeunes gens de très bonnes familles, que la grand-chambre de Paris , à la pluralité de quinze voix contre dix, a condamnés à expirer dans les flammes, après avoir eu la langue arrachée et le poing coupé . Le plus âgé de ces jeunes gens avait vingt et un ans, et le plus jeune quinze . Leur crime était de n'avoir pas ôté leur chapeau devant une procession de capucins, d'avoir chanté deux chansons faites il y a quatre-vingts ans, et d'avoir tenu des discours impies . À quel supplice les aurait-on donc condamnés s'ils avaient tué leurs pères et leurs mères, et comment la pluralité de cinq voix suffit-elle pour faire périr des citoyens dans le plus horrible des supplices ?

On m'a envoyé l'interrogatoire de ces infortunés ; leur crime consiste uniquement dans ce que je vous ai exposé . Le roi de Prusse m'a mandé que s'il s'était commis un pareil délit dans ses États, il aurait condamné les délinquants à haranguer les capucins chapeau bas, et à chanter des psaumes au lieu des chansons ordurières qu'on leur reprochait . Huit avocats ont fait en vain un excellent mémoire en faveur de ces malheureux jeunes gens . On a prétendu que le Parlement de Paris devait donner un exemple de son zèle pour la religion, dans le temps où vingt mandement d'évêques l'accusent de sacrifier la religion à sa haine contre le clergé .

Il est vrai qu'il n'y a eu qu'un jeune homme d’exécuté, parce que les autres sont en fuite . Ce jeune homme était petit-fils d'un lieutenant général des armées du roi ; il n'avait jamais commis que cette faute ; il est mort avec le courage de Socrate sans aucune faiblesse et sans aucune ostentation ; et il est à croire que s'il eût vécu il serait devenu un excellent officier général .

Voilà où nous en sommes. On parle deux jours de ces horreurs, et ensuite on les oublie pour jamais .

J'implore votre protection, madame, auprès de Sa Majesté . Je vous supplie de lui présenter ma lettre . Agréez mon très sincère respect.

V. »

1 Original dans la collection de feu Joseph Reinach, à Paris . Seymour de Ricci, qui transcrivit la lettre la croyait adressée à Mme de Boufflers . Mais la dernière phrase fait allusion au roi de Pologne et au voyage que Mme Geoffrin fit pour aller le voir .

20/11/2021

Je voudrais l'avoir avant qu'il soit brûlé, car alors il sera hors de prix

... Il ne s'agit certainement pas du livre des élucubrations zemmouresques qui finira au pilon sans doute ; je ne suis certainement pas le seul à ne pas perdre mon temps et mon argent pour ces diarrhées verbales . M. Bolloré et ses milliards sont bien suffisants pour soutenir le velléitaire brasseur de vents . Il y a du renvoi d'ascenseur dans l'air, et de quoi douter de l'intégrité de ces deux comparses .

https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/derriere-zemmour-le-poids-grandissant-des-medias-bollore/

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 25 août 1766]

Mon cher Caro, j'ai reçu une lettre charmante de Mgr le landgrave . Vous sentez bien qu'il faudra que je lui envoie moi-même les rogatons qu'il demande, mais il faudra les chercher et les trouver .

Je vous recommande M. l'abbé de Heere 1 qui part demain . Je vous supplie d'envoyer chez Jacoby pour le presser de travailler jour et nuit . On le récompensera comme il voudra l'être .

Où peut-on avoir le Recueil nécessaire ? Je le cherche depuis huit jours . Je voudrais l'avoir avant qu'il soit brûlé, car alors il sera hors de prix .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 Christian Rustinus Heer, moine bénédictin

19/11/2021

les singes qui font des gambades à Paris sont changés en tigres

...

blague sur les singes – Blagues et Dessins

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Ferney 25 auguste [1766] 1

Madame, permettez que la famille se jette ici à vos pieds, et remercie la belle âme de Votre Altesse Sérénissime avec des larmes de joie et tout l’attendrissement de la reconnaissance. Il est juste que la providence fasse naître des cœurs tels que le vôtre, tandis que les singes qui font des gambades à Paris sont changés en tigres.

De sottes gazettes vous auront peut-être appris, madame, que le parlement de Paris a condamné cinq jeunes gentilshommes à périr dans les flammes ; mais ces gazettes n’ont pas dit que le seul crime de ces gentilshommes était d’avoir chanté deux chansons faites il y a quatre-vingts ans, et de n’avoir pas ôté leur chapeau devant une procession de capucins. Le roi de Prusse m’a mandé qu’il les aurait condamnés à parler aux capucins chapeau bas et à chanter des psaumes. Ils ont pourtant été condamnés à être brûlés vifs à la pluralité de quinze voix contre dix, et malgré un excellent mémoire composé en leur faveur par huit avocats célèbres de Paris. Il n’y a rien d’exagéré, madame, dans tout ce que j’ai l’honneur de vous dire . On n’a reproché à ces infortunés, on n’a allégué contre eux que des paroles et des indécences qui méritaient deux jours de prison. Le plus vieux de ces jeunes gens avait vingt et un ans : c’était le chevalier de La Barre, d’une ancienne maison, petit-fils d’un général, et qui le serait devenu lui-même. Il est mort avec un courage tranquille, comme Socrate. Une telle horreur est digne du XIIe siècle. L’inquisition de Portugal ne serait pas si cruelle. Quand il s’agit de la vie des hommes, quinze voix fanatiques ne devraient pas suffire contre dix sages. On a prétendu que le parlement de Paris, accusé tous les jours de sacrifier la religion à sa haine contre les évêques, a voulu donner un exemple terrible qui démontrât combien il est bon catholique. Quelle preuve de religion ! ce n’en est pas une de raison et d’humanité. Il n’y a eu que le chevalier de La Barre d’exécuté ; les autres se sont enfuis, au lieu d’aller plonger leurs mains dans le sang de leurs juges. On a bientôt oublié cette affaire, selon le génie de la nation et de la plupart des hommes ; on a été à l’Opéra-Comique, on a soupé avec des filles d’Opéra, on a prêché, on a fait des romans, et c’est ainsi que va le monde, tandis qu’à Gotha la bonté, l’équité, la générosité, règnent.

Je me mets aux pieds de Votre Altesse sérénissime avec Sirven. 

V.»

1 L'édition Stanford place la lettre entre 1754 et 1758 ; la rectification a été faite par Cayrol .

Les persécutés sont dévorés les uns après les autres. S’il y avait un coin de terre où l’on pût cultiver la raison en paix, je vous prierais d’y venir ; et je ne sais encore si vous l’oseriez

...  L'attrait pour la Grande-Bretagne des réfugiés et migrants de tout horizon semble bien donner raison à Voltaire . La France semble décotée à tort , ou à raison selon le justiciable Zemmour qui s'en réjouit .

Épinglé sur le P'HAINE

 

 

 

« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy

25 auguste 1766

Il est vrai que je n’écris guère, mon cher confrère en Apollon 1. Les horreurs qui déshonorent successivement votre pays m’ont rendu si triste ; il y a si peu de sûreté à la poste, et toutes les consolations sont tellement interdites, que je me suis tenu longtemps dans le silence. Les persécuteurs sont des monstres qui étendent leurs griffes d’un bout du royaume à l’autre . Les persécutés sont dévorés les uns après les autres. S’il y avait un coin de terre où l’on pût cultiver la raison en paix, je vous prierais d’y venir ; et je ne sais encore si vous l’oseriez. Conservez-moi votre amitié, détestez le fanatisme, écrivez-moi quand vous n’aurez rien à faire, et que vous aurez quelque chose à m’apprendre. Ma vie serait heureuse dans mes déserts, si les gens de lettres étaient moins malheureux dans le pays où vous êtes.

Comptez surtout sur mon amitié inaltérable. »

1 Cet avocat au Parlement, en 1764 a écrit un poème à la gloire de V* : https://books.google.cz/books?vid=NKP:1002302951-005&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

18/11/2021

éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre

... Tout comme une foule de ceux qui sont aux gouvernes .

Page 3 - Ce La Vie High Resolution Stock Photography and Images - Alamy

 

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel

Ferney, à Ferney 25 auguste 1766

Monseigneur, pourquoi mon âge et mes maux me réduisent-ils à ne remercier Votre Altesse Sérénissime qu’en lui écrivant ! Pourquoi suis-je privé de la consolation de vous faire ma cour ! J’ai été pénétré au fond du cœur de voir en vous un prince philosophe. La justesse de votre esprit et la vérité de vos sentiments m’ont charmé. Votre façon de penser semble réparer les actions tyranniques que la superstition a fait commettre à tant de princes. Vous êtes éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre ! mais en récompense ils ont un confesseur, et ils gagnent le paradis en mangeant le vendredi pour deux cents écus de marée.

Votre Altesse Sérénissime m’a attaché à elle ; je ne souhaite de la santé que pour m’aller mettre à ses pieds. Je ne vais jamais à la ville de Calvin ; mais je veux aller à la capitale d’un prince qui connaît Calvin, et qui le méprise. Puisse la nature m’en donner la force comme elle m’en donne le désir !

Votre Altesse Sérénissime m’a paru avoir envie de voir les livres nouveaux qui peuvent être dignes d’elle. Il en paraît un intitulé le Recueil nécessaire 1. Il y a surtout dans ce recueil un ouvrage de milord Bolingbrooke 2, qui m’a paru ce qu’on a jamais écrit de plus fort contre la superstition. Je crois qu’on le trouve à Francfort ; mais j’en ai un exemplaire broché que je lui enverrai, si elle le souhaite, soit par la poste, soit par les chariots. Cette dernière voie est fort longue. L’autre est un peu coûteuse. J’attendrai ses ordres.

Je suis, avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable,

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

  1. 1Le Recueil nécessaire, à Leipzig, 1765, in-8°, https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false contient :

  2. Avis de l’éditeur ;

  3. Analyse de la religion chrétienne (sous le nom de Dumarsais) ;

  4. 3° le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ;

  5. Catéchisme de l’Honnête Homme : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/533

  6. Sermon des Cinquante : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/447

  7. Examen important, par milord Bolingbroke (c’est-à-dire par Voltaire ) voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/205

  8. Dialogue du Douteur et de l’Adorateur : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/139

  9. Les dernières paroles d’Épictète à son fils : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Derni%C3%A8res_Paroles_d%E2%80%99%C3%89pict%C3%A8te_%C3%A0_son_fils/%C3%89dition_Garnier_1879

  10. Idées de La Mothe Le Voyer : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome23.djvu/499

2 Publié séparément en 1767 sous le titre Examen important de Milord Bolingbroke, cet ouvrage a d'abord été imprimé dans le Recueil nécessaire, sous le titre « Examen important par Milord Bolingbroke, écrit sur la fin de 1736 » , pages 151-290 de cet ouvrage : https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

17/11/2021

Sauve qui peut  sera la devise de ce commun naufrage. Les persécuteurs finiront par avoir raison, et la plus pure portion du genre humain sera à la fois sous le couteau et dans le mépris

... C'est bien ce qui risque d'arriver à l'Europe, et donc à la France en ce moment . Que faire ou ne pas faire : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/16/pascal-br...

https://i.la-croix.com/x/smart/2021/11/15/1201185264/refugies-bloques-frontiere-entre-Pologne-Bielorussie-lundi-15-novembre_0.jpg

Quand des humains sont repoussés comme des bêtes sauvages ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

25 auguste 1766 1

Tout ce que je puis vous dire aujourd’hui par une voie sûre, mon cher frère, c’est que tout est prêt pour l’établissement de la manufacture 2. Plus d’un prince en disputerait l’honneur ; et, des bords du Rhin jusqu’à ceux de l’Obi, Platon trouverait sûreté, encouragement et honneur. Il est inexcusable de vivre sous le glaive, quand il peut faire triompher librement la vérité. Je ne conçois pas ceux qui veulent ramper sous le fanatisme dans un coin de Paris, tandis qu’ils pourraient écraser ce monstre. Quoi ! ne pourriez-vous pas seulement me fournir deux disciples zélés ? Il n’y aura donc que les énergumènes qui en trouveront ! Je ne demanderais que trois ou quatre années de santé et de vie . Ma peur est de mourir avant d’avoir rendu service.

Vous apprendrez peut-être avec plaisir le jugement qu’a rendu le roi de Prusse contre le chevalier de La Barre et ses camarades 3. Il les condamne, en cas qu’ils aient mutilé une figure de bois, à en donner une autre à leurs frais ; s’ils ont passé devant des capucins sans ôter leur chapeau, ils iront demander pardon aux capucins, chapeau bas ; s’ils ont chanté des chansons gaillardes, ils chanteront des antiennes à haute et intelligible voix ; s’ils ont lu quelques mauvais livres, ils liront deux pages de la Somme de saint Thomas. Voilà un arrêt qui paraît tout à fait juste. On donne de tous côtés aux Velches des leçons dont ils ne profitent guère. Je suis aussi indigné que le premier jour. Je n’aurai de consolation que quand vous m’enverrez le factum du brave Élie. Voici un petit mot de lettre pour M. d’Alembert 4. Il m’ouvre son cœur, et M. Diderot me ferme le sien. Il est triste qu’il néglige ceux qui ne voulaient que le servir, et je vous avoue que son procédé n’est pas honnête 5. Je vois que les philosophes seront toujours de malheureux êtres isolés qu’on dévorera les uns après les autres, sans qu’ils s’unissent pour se secourir. Sauve qui peut  sera la devise de ce commun naufrage. Les persécuteurs finiront par avoir raison, et la plus pure portion du genre humain sera à la fois sous le couteau et dans le mépris.

Je vous prie, mon cher frère, de demander à Élie s’il est vrai que ce bœuf de Pasquier mugisse encore contre moi, et s’il est assez insolent pour croire qu’il peut m’embarrasser. Je veux surtout avoir l’ancien mémoire pour M. de La Bourdonnais . Cinq ou six procès dans ce goût pourront faire un volume honnête qui instruira la postérité, et du moins les assassins en robe pourront devenir l’exécration du genre humain.

Adieu, mon cher frère ; écrivez-moi de toute façon, sans vous compromettre, afin que je puisse savoir tout ce que vous pensez, et tout ce que vous voudrez me faire savoir et votre résolution 6.

Je vous embrasse mille fois. Écrasez l’infâme, écrasez. l’infâme, écrasez. l’infâme »

1 Copie Darmstadt B. ; édition de Kehl .

2 La colonie de philosophes envisagée à Clèves .

5 Cette phrase ne figure pas dans le manuscrit .

6 La fin de phrase depuis et tout ce que vous voudrez … manque dans les éditions .