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25/03/2021

La raison commençait à pénétrer chez les hommes, le fanatisme ecclésiastique peut l’écraser

... Vérifié à chaque instant sous tous les climats .

Infos recommandables  : https://journals.openedition.org/chrhc/14070

dessin d'actualité humoristique sur la laïcité mise en danger

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29è novembre 1765 1

Je commencerai par dire que celui de mes anges qui m’a béatifié de ses réflexions sur Octave a la plus grande raison du monde , et que, si le génie du jeune homme égale la sagesse de ces conseils, l’ouvrage ne sera pas indigne du public, tout dégoûté et tout difficile qu’il est.

Je suis, comme vous savez, le serviteur de M. Chabanon . Je m’intéresse à ses succès ; il doit savoir avec quel plaisir je recevrai sa Virginie. J’ai reçu le Tuteur dupé de M. de L'Estendoux 2, je l’en remercierai incessamment. Je prends la liberté de mettre dans ce paquet une lettre pour Lekain 3. voilà pour tout ce qui regarde le tripot.

Comme mes anges daignent s’intéresser à la nièce de Corneille, il est juste que je leur dise que notre enfant en a fait un autre gros comme mon poing, que nous avons mis dans une boite à tabac doublée de coton, et qui n’a pas vécu trois heures. L’enfant-mère se porte bien, et toute la famille est aux pieds et aux ailes de mes anges.

Venons à présent aux tracasseries de Genève.

Le secrétaire d’État 4 est venu me remercier, de la part du Conseil, de la manière impartiale et du zèle désintéressé avec lequel je me suis conduit. J’ai eu le bonheur jusqu’à présent d’avoir obtenu quelque confiance des deux partis, et de leur avoir fait approuver ma franchise ; mais je me suis aperçu que ce procès me fait perdre tout mon temps, et qu’il faudrait que je fusse à Genève, où je le perdrais encore davantage. Ni ma santé, ni mon goût, ni mes travaux, ne me permettent de quitter ma douce retraite. Vous savez, mes divins anges, que je vous ai parlé une fois5 d’un M. Fabry, syndic des petits États de mon pays de Gex, maire de la ville de Gex, qui a été longtemps employé au règlement des limites avec la Suisse et Genève ; il est chargé des affaires en attendant l’arrivée de M. Hennin. Il m’a paru n’être pas mécontent des moyens de pacification que j’ai imaginés, et de ceux que j’ai ajoutés depuis ; il m’a paru désirer de travailler sur ces principes, et de préparer l’ouvrage que M. Hennin doit consommer ; il a cru que ce service lui mériterait les récompenses qu’il attend d’ailleurs de M. le duc de Praslin.

J’ai pensé, mes divins anges, que je devais lui faire le sacrifice de cette petite négociation, sans pourtant abandonner le rôle que je joue, et ce rôle est de jeter de l’eau sur les charbons ardents allumés par Jean-Jacques . Cela me suffit, je n’en veux pas davantage. Je me flatte que M. le duc de Praslin agréera ma conduite, et que M. Hennin n’en sera pas mécontent.

Si vous voyez M. le coadjuteur, je vous supplie de lui dire que je suis aussi fâché que lui du train qu’ont pris les choses. On a, ce me semble, trop fatigué le roi et le ministère par des expressions pleines d’aigreur. On a hasardé de perdre jusqu’aux libertés de l’Église gallicane, dont tous les parlements ont toujours été si justement et si invariablement les défenseurs. Cela fait de la peine à un pauvre historien qui aime sa patrie, et qui est entièrement de l’avis de l’archevêque de Novogorod la grande . La raison commençait à pénétrer chez les hommes, le fanatisme ecclésiastique peut l’écraser. J’en gémis jusqu’au fond de mon cœur ; mais je compte toujours sur la sagesse du roi et de ses ministres, qui empêcheront que ces étincelles ne deviennent un embrasement.

Pardonnez à la bavarderie 6 du vieux Suisse, qui aura toute sa vie pour vous la tendresse la plus respectueuse. »

1 L'édition de Kehl place cette lettre en 1764, ce qui est corrigé par Beuchot .

4 Pierre Lullin .

6 Terme déjà vieillissant à cette époque et que V* emploiera plus rarement .

24/03/2021

Gardez d’être réduit au hasard dangereux Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux

... Que faire ? Comment vaincre le hasard, dangereux de surcroit ?

La citation du jour... | Le chat geluck, Chat humour, Humour

SGDG !

 

 

« A Henri-Louis Lekain

29è novembre 1765 à Ferney

Mon cher grand acteur, j’ai reçu votre Adélaïde. Je m’imagine que la maladie de M. le Dauphin et les tracasseries de Bretagne ne permettent pas qu’on donne une grande attention aux vers bons ou mauvais. J’ai peur que cette année-ci ne soit pas l’année de votre plus grosse recette ; mais si Mlle Clairon ne donne pas sa démission, vous pourrez encore vous tirer d’affaire. M. de La Harpe me mande que vous avez donné la préférence à Stockholm sur Tolède1. Je ne doute pas qu’il n’y ait dans sa pièce autant d’intérêt que dans celle de Piron2, avec de plus beaux vers.

Quant à la pauvre Adélaïde, elle ne me paraît pas si heureuse à la lecture qu’à la représentation. Je vois bien que vos talents l’avaient embellie. L’édition a beaucoup de fautes qui ne sont point corrigées dans l’errata. Il me tombe sous la main un vers que je n’entends point du tout, c’est à la page 30 :

Gardez d’être réduit au hasard dangereux
Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux3.

Cela n’est ni français pour la construction, ni intelligible pour le sens. J’ai fait beaucoup de mauvais vers en ma vie ; mais, Dieu merci, je n’ai pas à me reprocher celui-là ; il est plat et barbare. Voilà où mène la malheureuse coutume de couper et d’étriquer des tirades. Quoique je sois bien vieux, je ne laisse pas d’avoir un peu de goût, et même un peu d’amour-propre, et je suis fâché d’être si ridicule. Je vois bien qu’il n’y a plus de remède. Je vous prie, pour me consoler, de me mander comment vont les spectacles, les plaisirs ou l’ennui de Paris, et de ne plus mettre Comédie française en contre-seing sur vos lettres . Il est fort indifférent pour la poste que vos lettres viennent de la Comédie française ou de la Comédie italienne 4 . Ce qui n’est pas indifférent, c’est votre amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.

Je reçois votre lettre du 23 5. Je ne crains pas que le temple6 vous fasse grand tort, si Gustave Vasa est beau et bien joué. »

1 Dans le Gustave Vasa de La harpe la scène est à Stockholm, et dans le Dom Pèdre de Voltaire elle est à Tolède ; voir lettre du 16 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/14/vous-avez-regarde-ma-liberte-ma-foi-comme-un-bien-de-conquet-6303360.html

2 Gustave Vasa, une des meilleures tragédies de Piron , jouée en 1733 .

3 V* revient sur ces deux vers dans la Préface de l'édition de 1768 de son Théâtre : https://fr.wikisource.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_(Voltaire)/Avertissement#2

4 V* ne manifeste pas la même équanimité pour la Comédie-italienne lorsqu'elle tire ses succès des pièces de Marivaux, et à l'occasion des parodies de ses propres œuvres . Voir notamment le Pot pourri pour connaître précisément son attitude à l'égard des troupes de théâtre à cette époque . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri

et http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-pot-pourri.html

 

5 On ne la connait pas .

6 La mauvaise édition d’Adélaïde du Guesclin donnée par Duchesne, qui avait pour enseigne au temple du Goût. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5781021c.texteImage

23/03/2021

si les deux partis voulaient communiquer ensemble amiablement, et faire chacun de leur côté ce qu'exige l'amour de la patrie et de la liberté

... Le malheur est qu'il y a infiniment plus d'un parti, et que chacun a son dieu et ses officiants, chacun borné et indifférent à la patrie et se proclamant seul chantre de la liberté . Cacophonie et galimatias sont dans un bateau ...

Amphigouri - Le Garde-mots

http://blog.legardemots.fr/post/2006/11/18/Amphigouri.html

 

 

« A François-Henri d'Ivernois

27 novembre 1765 1

[…] Plus j'ai connu vos citoyens, plus ils me sont devenus chers . Il n'y a rien que je ne fisse pour rétablir l'union qui doit régner parmi vous, et cela ne serait peut-être pas si difficile que l’on pense, si les deux partis voulaient communiquer ensemble amiablement, et faire chacun de leur côté ce qu'exige l'amour de la patrie et de la liberté, qui est dans le cœur de tout le monde […]. »

1 Ce seul passage a été publié par Sir Francis d'Ivernois dans son Tableau historique et politique de Genève […] par M. […] , 1882 . On peut supposer que cette lettre ou une lettre suivante contient quelque offre de service à Rousseau, car celui-ci écrit le 13 février 1766 à d'Ivernois : « Vous n'avez pas dû penser que je voulusse être redevable à M. de Voltaire de mon rétablissement . Qu'il vous serve utilement et qu’il continue au surplus ses plaisanteries sur mon compte […] . Le moins d'explication que vous aurez avec lui sur mon compte sera le mieux […] . Il veut pardonner et protéger . Nous sommes fort loin de compte . »

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12463095/francois-henri_d__ivernois/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_d%27Ivernois#G%C3%A9n%C3%A9alogie_de_Fran%C3%A7ois_d'Ivernois

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836736.texteImage

et : https://www.ville-ge.ch/cjb/rousseau/pdf_rousseau/panneaux_fr/1.pdf

et : https://books.openedition.org/pur/135072?lang=fr

22/03/2021

ce sont des bagatelles qui n'ont qu'un temps, après quoi elles périssent comme les feuilles

... Ce qui n'empêche pas l'inénarrable et racoleur  Jean-Luc Mélenchon de défendre urbi et orbi le caractère essentiel des jeux vidéo ! Mais, à la radio,  était-ce vraiment bien  lui, ou son hologramme ? La culture nationale est en péril ! rendez-vous compte ô ignares du gouvernement : "quand on se confine, c'est l'une des activités à laquelle on se livre les plus volontiers" dixit le verbeux . Au cas où il ne le saurait pas, la vente par correspondance est remarquable dans cette branche commerciale . Yo  geek Jean-Luc !

Jean-Luc Mélenchon apparaît en meeting sous forme d'hologramme

Jean-Luc, tes paroles sont comme ton hologramme : inconsistantes

https://www.bfmtv.com/politique/la-france-insoumise/restr...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

27è novembre 1765 1

Je ne manquai pas, mon cher ami, de faire chercher il y a quelques jours à Genève chez le sieur Boursier 2, les deux petites facéties de Neufchâtel 3. Je les adressai sous l’enveloppe de M. de Courteilles, comme vous me l'aviez prescrit . Je serai fâché qu'elles fussent perdues , il serait difficile de les retrouver ; ce sont des bagatelles qui n'ont qu'un temps, après quoi elles périssent comme les feuilles de Fréron .

Je recommande toujours à vos bontés, l'affaire Sirven . Un homme de loi de son pays m'a mandé qu'il lui avait conseillé lui-même de fuir, et que dans la fanatisme qui aliénait alors tous les esprits, il aurait été infailliblement sacrifié comme Calas . Cette seconde affaire fera autant d'honneur à M. de Beaumont que la première, sans avoir le même éclat . On verra que l'amour de l'humanité l'anime plutôt que celui de la célébrité .

Les divisions de Genève continuent toujours, mais sans aucun trouble . Ce fut ces jours passés une chose assez curieuse de voir 850 citoyens 4 refuser leurs suffrages aux magistrats avec beaucoup plus d'ordre et de décence que les moines n'élisent un prieur dans un chapitre . Plusieurs magistrats et plusieurs citoyens m'ont prié de leur donner un plan de pacification . Je n'ai pas voulu prendre cette liberté sans consulter M. d'Argental . Je crois d'ailleurs qu'il faut attendre que les esprits un peu échauffés soient refroidis . M. Hennin nommé à la résidence de Genève viendra bientôt ; c'est un homme de mérite et très instruit ; il est plus capable que personne de porter les Genevois à la concorde . Jean-Jacques a un peu embrouillé les affaires . On découvre tous les jours de nouvelles folies de ce Jean-Jacques . Vous connaissez, je crois, Cabanis 5 qui est un chirurgien de grande réputation . Ce Cabanis a mis longtemps des bougies 6 en sa vilaine petite verge ; il l'a soigné, il l'a nourri longtemps . Jean-Jacques a fini par se brouiller avec lui comme avec M. Tronchin . Il paraît que l'ingratitude entre pour beaucoup dans la philosophie de Jean-Jacques .

Je vous demande toujours votre protection auprès de Briasson . La situation de Protagoras ne me sort ni de la tête ni du cœur .

Notre enfant, Mme Dupuits vient d'accoucher à sept mois d'un garçon qui est mort au bout de deux heures . Il a été heureusement baptisé, c'est une grande consolation . Il est triste que père Adam n'ait pas fait cette fonction salutaire, dont il se serait acquitté avec une extrême dignité . Adieu mon très cher. Écr l'inf . »

1 L'édition de Kehl donne un texte qui comporte transpositions et suppressions .

4 Les archives d’État de Genève mentionnent 1282 votes le 17, et 1274 le 24 . V* semble faire allusion à la majorité qui refusa d'élire le procureur général .

6 Instrument de chirurgien, nommé par sa ressemblance aux bougies de cire, qu'on introduit dans l'urètre, soit pour le dilater soit pour porter un caustique sur quelque point de sa surface (Littré).

21/03/2021

quand je leur ai envoyé un plan, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié

... Actualité française, n'est-ce pas mister président ?

Si ça peut vous aider : https://www.lepoint.fr/sondages-oui-non/les-nouvelles-mesures-pour-lutter-contre-l-epidemie-vous-semblent-elles-plus-contraignantes-pour-votre-vie-quotidienne-19-03-2021-2418472_1923.php?M_BT=443989616563#

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27è novembre [1765] 1

Je dois dire, ou répéter , à mes anges, que quand je leur ai envoyé un plan, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié . J'ajoute encore que je n'ai mis par écrit mes idées que pour donner à M. Hennin des notions préliminaires de l'état des choses . M. Fabry, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous parler, et qui est à peu près chargé des affaires par intérim, m'a paru être de mon avis dans les conversations que j'ai eues avec lui . Ce qui pourrait me faire croire que j'ai rencontré assez juste , c'est qu'ayant proposé en général le nombre de sept cents citoyens, pour exiger une assemblée du corps entier de la république, ce nombre a paru trop fort aux citoyens, et trop petit aux magistrats . Par conséquent il ne s’écarte pas beaucoup du juste milieu que j'ai proposé, puisque l'assemblée générale n'est presque jamais composée que de treize cents tout au plus, et qu'il n'y a qu'un seul exemple où elle ait été de quatorze cents .

Mes remontrances à Lekain deviennent inutiles après l'édition faite d'Adélaïde, ainsi n'en parlons plus . Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies comme celles de Bretagne, et où le petit ex-jésuite pourra revenir à ses Roués ; mais pour moi je serai toujours, à mes anges, avec respect et tendresse.

V. »

20/03/2021

Il faut donc concilier l'esprit de la loi avec la lettre . Il faut prévenir par une explication claire et nette, toutes les incertitudes

... https://www.20minutes.fr/societe/3003095-20210320-confine... : Ceci vous a-t-il aidé ?

Bon week end !

Des policiers patrouillent à Montmartre à Paris lors du premier confinement en avril 2020 (Illustration).

Citoyens dormez en paix, on veille sur vous !

 

 

« A Jean-André De Luc

A Ferney 26è novembre 1765

On ne vous a point trompé, monsieur, quand on vous a assuré de mon estime extrême pour vous, de mon zèle pour le bonheur de la République, et des justes espérances que me donne l'esprit de justice qui vous anime ; mais on ne s'est peut-être pas expliqué assez clairement sur la manière dont j'ai conçu les objets qui vous divisent . Voici , monsieur, l'idée que je m'en puis faire .

L'article 3 de la médiation ne souffre pas qu’on innove sans le consentement du conseil général . Les paragraphes 5 et 6 de l'article 4 semblent littéralement donner le droit au Conseil de rejeter ou d'admettre au gré de sa prudence les représentations des citoyens .

Or supposons un cas où le Conseil eût innové malgré la loi de l’article 3, et où les remontrances des citoyens seraient rejetées en vertu des articles 5 et 6 . N'est-il pas évident qu'alors la loi se trouverait en contradiction avec elle- même ?

Le jurisconsulte étranger qui était chez moi lorsque vous y vîntes ne considérait que ces articles 5 et 6 . Mais un autre beaucoup plus au fait, et bien plus à portée d'en rendre compte, est convenu avec moi que la loi qui défend toute innovation faite sans le consentement du Conseil général est en opposition avec la loi qui permet de ne point assembler le Conseil général quand les citoyens demandent cette assemblée au sujet d'une innovation . Il faut donc concilier l'esprit de la loi avec la lettre . Il faut prévenir par une explication claire et nette, toutes les incertitudes .

Il ne serait pas juste, sans doute , qu'un petit nombre de citoyens fatiguassent par caprice le Conseil occupé de ses fonctions journalières, et demandassent l'assemblée de la république entière pour des objets de peu d'importance ; mais il ne serait pas juste que le Conseil rejetât les vœux du plus grand nombre, dans des choses de conséquence .

C'est là, ce me semble, le centre de toutes les difficultés . Quel nombre de citoyens doit-on fixer pour que le Petit conseil soit obligé de porter leurs remontrances aux deux cents, et d'assembler en conséquence le Conseil général ? C'est là le point essentiel qui doit être décidé .

Il me paraît qu'on peut aisément s'accorder sur tous les autres ; c'est là le sentiment d'un homme en place, très instruit, et en état de préparer toutes les voies de conciliation . Nous nous sommes trouvés tous deux du même avis, avant de nous avoir communiqué nos idées .

Je dois vous dire encore, monsieur, qu'il a été très touché de la décence et de la modération que les citoyens ont fait paraître dans les dernières assemblées ; c'est ce qui distingue le peuple de Genève ; plus il est éclairé, plus il est sage .

M. Hennin viendra incessamment, c'est un homme de beaucoup de mérite, qui a de la justesse dans l’esprit, et de la justice dans le cœur .

Quand j'aurai l'honneur de vous entretenir, je vous en dirai davantage ; vous me trouverez toujours zélé pour la paix, plein d'estime pour les personnes des magistrats comme pour celles des citoyens que j'ai eu l'honneur de connaître . Le papier me manque pour vous dire tout ce que je pense de vous, et à quel point je vous suis attaché . Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

Je salue monsieur votre père 1 et monsieur votre frère 2. »

1 Jacques François De Luc , horloger .Voir : https://www.famousscientists.org/jean-andre-deluc/

2 Guillaume-Antoine De Luc , naturaliste ; voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/015897/2005-08-22/

la nature en saura toujours plus que la médecine. La philosophie apprend à se soumettre à l’une, et à se passer de l’autre ; c’est le parti que j’ai pris

... Le virus a toujours une longueur d'avance, mais il ne passera pas par moi !

Il trouvera une personne tout à fait réceptive en la personne de Mme Hidalgo . C'est une cruche qui ne sait toujours pas comment on porte un masque : la petite barrette sus- nasale n'est pas là pour indiquer où est le haut, il faut la pincer , sinon autant porter un très chic masque en dentelle de Calais ou un string de même  .

string

Sobre, élégant, réutilisable, effet garanti   ( il me rappelle -allez chercher dans votre inconscient- le Chat du Rabbin, de Joann Sfar que j'adore )

L'art Du Chat Du Rabbin   de joann sfar  Format Relié

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

25è novembre 1765

Votre mal de gorge et votre amaigrissement me déplaisent beaucoup . Vous savez si je m’intéresse à votre bien-être et à votre long être. Notre Esculape Tronchin ne guérit pas tout le monde . Mme la duchesse d’Anville pourra bien rester tout l’hiver à Genève. Quoi qu’il fasse, mon cher ami, la nature en saura toujours plus que la médecine. La philosophie apprend à se soumettre à l’une, et à se passer de l’autre ; c’est le parti que j’ai pris.

Cette philosophie, contre laquelle on se révolte si injustement, peut faire beaucoup de bien, et ne fait aucun mal. Si elle avait été écoutée, les parlements n’auraient pas tant harcelé le roi et tant outragé les ministres. L’esprit de corps et la philosophie ne vont guère ensemble. Je crains que l’archevêque de Novogorod , dont vous me parlez, ne puisse les soutenir dans la seule chose où ils paraissent avoir raison, et qu’après avoir combattu mal à propos l’autorité royale sur des affaires de finance et de forme, ils ne finissent par succomber quand ils soutiennent cette même autorité contre quelques entreprises du clergé.

Mais la santé de M. le dauphin est un objet si intéressant, qu’il doit anéantir toutes ces querelles. La bulle Unigenitus, et toutes les bulles du monde, ne valent pas assurément la poitrine et le foie d’un fils unique du roi de France.

Mme Denis ne se porte pas trop bien ; elle me charge de vous dire combien elle vous aime et vous estime. Elle attend les boites de confitures 1 que vous voulez bien nous envoyer . Il n’y a qu’à les mettre au coche de Lyon.

Embrassez pour moi MM. Diderot et d’Alembert, quand vous les verrez. Toute mon ambition est que la cour puisse les connaître, et rendre justice à leur mérite, qui fait honneur à la France. Qu’est devenu le très paresseux Thieriot ? Il m’écrit une ou deux fois l’an par boutade. Vous savez probablement que Jean-Jacques est à Strasbourg, où il fait jouer le Devin du Village 2. Cela vaut mieux que de chercher à mettre le trouble dans Genève, et d’être lapidé à Môtiers-Travers. Les magistrats et les citoyens sont toujours divisés , je ne les vois les uns et les autres que pour leur inspirer la concorde , c’est la boussole invariable de ma conduite.

Je vous demande en grâce de presser M. de Beaumont sur l’affaire des Sirven ; elle me paraît toute prête ; le temps est favorable . Je ne crois pas qu’il y ait un instant à perdre.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. »

1 Sur ces prétendues « confitures » (Lettre de Thrasybule à Leucippe, etc. )voir lettre du 16 octobre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/13/y-a-t-il-rien-de-plus-tyrannique-par-exemple-que-d-oter-la-l-6297342.html

2 Cette pièce y fut en effet représentée en sa présence le 10 novembre 1765. Voir : https://operabaroque.fr/ROUSSEAU_DEVIN.htm

et : http://www.rousseau-chronologie.com/fuiteenangleterre65-66.html