23/10/2021
on ne connaît pas les proportions
... Nous sommes submergés de résultats de sondages dans absolument tous les domaines qui pourraient intéresser les humains que nous sommes, en y ajoutant toutes les statistiques concernant notre environnement présent , passé et à venir, et puis en fait nous ne retenons que l'essentiel pour notre vie quotidienne : les pourcentages d'augmentation du prix de l'énergie et des pâtes . Au diable les bagatelles des sondages d'intentions de vote, au fond, on s'en fout !
https://twitter.com/xaviergorce/status/1233308758278885376
« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally
Aux eaux de Rolle en Suisse 25 juillet 1766
J’ai reçu, monsieur, les Ruines d’Athènes 1, et père Adam celles de mon visage. Vous nous comblez de présents. Une nouvelle visite mettrait le comble à tant de bontés. Si jamais vous allez dans vos terres, daignez regarder Ferney comme une terre qui vous appartient sur la route.
Votre cœur a été touché, sans doute, de la relation 2 que j’ai eu l’honneur de vous envoyer. On n’a guère profité de l’excellent livre des Délits et des Peines ; on ne connaît pas les proportions. Vous voyez par le lieu dont je date que ma santé n’est pas trop bonne . Elle diminue tous les jours, et l’âge augmente. On quitterait la vie sans regret s’il n’y avait pas des âmes telles que la vôtre, qui réparent par leur vertu aimable les horreurs qu’on voit de tous côtés.
Toute ma petite famille vous fait les plus tendres compliments. Père Adam vous donne sa bénédiction, et vous renouvelle ses plus sincères hommages. »
1 Voir lettre du 1er juillet 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/25/je-crois-qu-on-est-actuellement-a-paris-dans-les-ruines-du-b-6339741.html
2 La Relation de la mort du chevalier de La Barre .
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22/10/2021
je vous conjure de me dire s’il est vrai qu’il y ait une loi de 1681 par laquelle on puisse condamner à la mort ceux qui sont coupables de quelques indécences impies
...Je ne sais pas plus que Voltaire si cette loi de 1681 existe avec les conséquences funestes qui y sont définies, mais de nos jours il persiste des lois coraniques qui punissent plus que sévèrement les impiétés envers l'islam, avec le subtil distinguo entre musulman et dimmi (= tous les autres ) , l'un étant condamné par Dieu, l'autre par les hommes , la peine de mort étant loin d'être exclue : https://journals.openedition.org/mideo/1926
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
25 juillet [1766]
En vous présentant, monsieur, ma requête au nom de l’humanité pour les Sirven et pour votre gloire, je vous conjure de me dire s’il est vrai qu’il y ait une loi de 1681 par laquelle on puisse condamner à la mort ceux qui sont coupables de quelques indécences impies. J’ai cherché cette loi dans le recueil des ordonnances, et je ne l’ai point trouvée. Vous savez que celle de 1766 1 y est directement contraire. Si je pouvais au moins avoir l’extrait de la consultation en faveur de ces cinq extravagants infortunés, je vous aurais une extrême obligation. Je n’ai pas conçu le jugement contre M. de la Luzerne 2. Il y a bien des choses dans le monde que je ne conçois pas : il y en a qui me saisissent d’une horreur égale à l’estime, à la vénération et à l’amitié que vous m’avez inspirées.
V. »
1 Lapsus calami pour 1666 .
2 Dans un procès au civil, où Élie de Beaumont avait publié un Mémoire : voir lettre du 20 août 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6465
Voir : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb36721852h
et : https://luxemburgensia.bnl.lu/cgi/getPdf1_2.pl?mode=page&...=
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une autre manufacture plus importante, ce serait celle de la vérité... Les grandes choses sont souvent plus faciles qu’on ne pense
... Voir d'abord France Info : https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/
Puis se mettre à l'ouvrage sans crainte , se tromper parfois, recommencer , corriger, mais ne jamais tromper.
« A Etienne-Noël Damilaville
25 juillet 1766 1
Le roi de Prusse vient d’envoyer cinq cents livres à Sirven 2. Cette petite générosité, à laquelle rien ne l’engageait, m’a été d’autant plus sensible qu’il ne l'a faite qu’à ma prière, et que ce bienfait a passé par mes mains. Le mémoire du divin Élie produirait bien un autre effet. Je ne doute pas un moment que, si vous vouliez venir vous établir à Clèves, avec Platon 3 et quelques amis, on ne vous fit des conditions très avantageuses. On y établirait une imprimerie qui produirait beaucoup ; on y établirait une autre manufacture plus importante, ce serait celle de la vérité. Vos amis viendraient y vivre avec vous. Il faudrait qu’il n’y eût dans ce secret que ceux qui fonderaient la colonie. Soyez sûr qu’on quitterait tout pour vous joindre. Platon pourrait partir avec sa femme et sa fille, ou les laisser à Paris, à son choix. Soyez très sûr qu’il se ferait alors une grande révolution dans les esprits, et qu’il suffirait de deux ou trois ans pour faire une époque éternelle . Les grandes choses sont souvent plus faciles qu’on ne pense. Puisse cette idée n’être pas un beau rêve ! Il ne faut que du zèle et du courage pour la réaliser ; vous avez l’un et l’autre. J’attends votre réponse avec impatience, et je vous supplie surtout, mon cher ami, de presser Élie. Quand même on n’imprimerait qu’une centaine d’exemplaires de son factum pour Sirven, quand même les horreurs où l’on est plongé empêcheraient de poursuivre cette affaire, il en reviendrait toujours beaucoup de gloire à Élie, et une grande consolation à Sirven. Je sèche en attendant la consultation des avocats en faveur de cet infortuné, qui est mort avec plus de courage que Socrate . Nous attendons aussi les noms des juges dont la postérité doit faire justice.
Voici l’extrait d’une lettre que je viens de recevoir 4.
« Le chevalier de La Barre a soutenu les tourments et la mort sans aucune faiblesse et sans aucune ostentation. Le seul moment où il a paru ému est celui où il a vu le sieur Belleval dans la foule des spectateurs. Le peuple aurait mis Belleval en pièces, s’il n’y avait pas eu main-forte. Il y avait cinq bourreaux à l’exécution du chevalier. Il était petit-fils d’un lieutenant-général des armées, et serait devenu un excellent officier. Le cardinal Le Camus, dont il était parent, avait commis des profanations bien plus grandes, car il avait communié un cochon avec une hostie ; et il ne fut qu’exilé. Il devint ensuite cardinal, et mourut en odeur de sainteté. Son parent est mort dans les plus horribles supplices, pour avoir chanté des chansons et pour n’avoir pas ôté son chapeau. » etc.
Boursier,
chez M. Souchay, au Lion d’or.
On vous recommande les deux incluses .»
1 Dans la copie contemporaine Darmstadt B. il manque la fin à partir de etc.
2 Il s'agit en fait de cent écus d’Allemagne, soit environ trois cents francs ; voir lettre du 31 juillet à Thieriot : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-annee-1766-partie-28.html
3 Diderot .
4 Les Mémoires secrets du 6 août 1766 parlent de cette lettre, ainsi que de deux autres. Ils donnent à toutes les trois la date du 6 juillet, et les attribuent à Voltaire.(Note de Louis Moland, édition Garnier 1877)
11:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je vais prendre les eaux de Rolle qui commencent à avoir plus de réputation qu'elles n'en méritent
... L'avenir prouva que l'éternel malade n'y guérit pas , le pouvoir salvateur de ces eaux a fait long feu, si je puis dire .
https://chateauderolle.ch/wordpress/ancien-batiment-des-bains/
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
Aux eaux de Rolle en Suisse par Genève 25è juillet 1766
Me voici, monsieur, pour quelques jours dans votre pays natal . Je vais prendre les eaux de Rolle qui commencent à avoir plus de réputation qu'elles n'en méritent .
J'ai trouvé M. le prince de Brunswick tel que vous me l'aviez annoncé , et je crois que vous ne seriez pas fâché de servir sous un tel général . La nation à qui vous avez voué vos services s'en trouverait fort bien ; il me paraît fait pour la guerre, pour les lettres, pour la philosophie et pour l'amour .
Je vous envoie une relation qui vous fera frémir 1 . On m'assure que ce jeune homme sur qui on vient d'épuiser tant de cruautés, aurait été un excellent officier, et qu’il avait commencé un très bon commentaire sur les rêveries du maréchal de Saxe . Sa faute était la folie d'un jeune homme . Sa mort est affreuse . On assure qu'il a souffert les tourments horribles de la question, et qu'il a vu couper sa main et arracher sa langue avec un courage inaltérable . Je m'en rapporte à vos réflexions sur cette catastrophe . Agréez les tendres sentiments qui m'attachent à vous pour toute ma vie . »
1 Voir la lettre du 14 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/06/vous-allez-etre-bien-etonne-vous-allez-fremir-mon-cher-frere-6341972.html
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21/10/2021
les tragédies que vous jouez . Elles sont à l’eau rose
... Oui, tabernac', c'est bien à vous, Céline Dion , que je m'adresse, vous qui avez "le coeur brisé" [sic] : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/3152035-20211...
P.S. -- Le 25/06/2024. Je présente mes excuses à Céline qui ne simulait pas une quelconque maladie pour se faire chouchouter et je souhaite qu'on trouve un traitement qui la soulage, elle et tous ceux qui ont le même mal .
« A Henri-Louis Lekain
Mon cher ami, il faudrait une autre maison pour ajuster l’appartement 1 dont vous parlez. D’ailleurs la tragédie d’Abbeville excite en moi une telle indignation, qu’il ne m’est pas possible de relire les tragédies que vous jouez . Elles sont à l’eau rose, en comparaison de celle-là. Tout ce que je puis vous dire, c’est que je serai toujours l’admirateur de vos talents et l’ami de votre personne. Ces deux sentiments me sont trop chers pour qu’ils puissent jamais s’affaiblir dans mon cœur.
V.
23è juillet 1766 aux eaux de Rolle en Suisse par Genève.2»
1 La tragédie du Triumvirat.
2 L'édition Lekain met 25 pour le quantième . L'initiale tracée par Wagnière a été complétée en Voltaire d'une autre main .
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20/10/2021
Il faudrait tâcher de prendre un parti ; et si vous me donnez votre parole, je vous réponds du succès, je dis même du succès le plus flatteur
... Cette affirmation, digne de Koh Lanta avant le conseil, court dans les couloirs de tous les partis éclatés . Les petits monnaient leur soutien à des moins petits qui , eux, sont prêts à racler le fond des urnes .
« A Etienne-Noël Damilaville
Aux eaux de Rolle en Suisse, par Genève, 23 juillet 1766
Mon indignation, mon horreur, augmentent à chaque moment, mon cher frère. Vous parlez de courage ; vous devez en avoir, vous et vos amis. Voici une lettre pour Platon 1. Il faudrait tâcher de prendre un parti 2; et si vous me donnez votre parole, je vous réponds du succès, je dis même du succès le plus flatteur. Il faut savoir quitter un cachot pour vivre libre et honoré. Je vous demande en grâce de m’obtenir l’extrait de la consultation, et les noms que j’ai demandés. Voici une lettre de Sirven pour Élie. Adieu. Tous mes sentiments sont extrêmes, et surtout celui de mon amitié pour vous. »
1 Voir lettre du même jour à Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/20/croyez-moi-il-faut-que-les-sages-qui-ont-de-l-humanite-se-rassemblent-loin.html
2 Il s'agit du départ envisagé de Diderot pour aller s’établir à Clèves .
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Croyez-moi, il faut que les sages qui ont de l'humanité se rassemblent loin des barbares insensés
...
« A Denis Diderot
23 juillet 1766 1
On ne peut s'empêcher d'écrire à Socrate quand les Melitus et les Anitus se baignent dans le sang et allument les bûchers. Un homme tel que vous ne doit voir qu'avec horreur le pays où vous avez le malheur de vivre. Vous devriez bien venir dans un pays 2 où vous auriez la liberté entière non seulement d'imprimer ce que vous voudriez, mais de prêcher hautement contre des superstitions aussi infâmes que sanguinaires. Vous n'y seriez pas seul, vous auriez des compagnons et des disciples. Vous pourriez y établir une chaire qui serait la chaire de la vérité. Votre bibliothèque se transporterait par eau et il n'y aurait pas quatre lieues de chemin par terre. Enfin vous quitteriez l'esclavage pour la liberté. Je ne conçois pas comment un cœur sensible et un esprit juste peut habiter le pays des singes devenus tigres. Si le parti qu'on vous propose satisfait votre indignation et plaît à votre sagesse, dites un mot et on tâchera d'arranger tout d'une manière digne de vous, dans le plus grand secret et sans vous compromettre. Le pays qu'on vous propose est beau et à portée de tout. L'Uranibourg de Tycho Brahé 3 serait moins agréable . Celui qui a l'honneur de vous écrire est pénétré d'une admiration respectueuse pour vous, autant que d'indignation et de douleur. Croyez-moi, il faut que les sages qui ont de l'humanité se rassemblent loin des barbares insensés. »
1 L'édition Collection Littéraire ne désigne le destinataire que par le seul nom de « Platon ».
2 Clèves . Voir lettre de Frédéric II à Voltaire, de juillet 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6409
3 L'astronome Tycho Brahé était sur le point de quitter le Danemark pour Bâle quand Frédéric II de Danemark lui donna à vie l'île de Hveen, où fut construit en 1576 l'observatoire d'Uraniborg . Voir : https://www.futura-sciences.com/sciences/personnalites/astronomie-tycho-brahe-721/
15:06 | Lien permanent | Commentaires (0)