23/03/2020
elle est maîtresse de tout le gravier possible pour les chemins
... Ca me rappelle Ségolène, ex- maîtresse de toute la glace possible du nord et du sud, et qui tente , sans scrupule *, de ne pas se faire oublier .
* Etymologiquement parlant, le scrupule est un petit caillou pointu , fort désagréable dans la sandale du légionnaire romain , alors obligé de s'arrêter .
Ségolène, réveille-toi ! on est en 2020 .
« A Louise-Suzanne Gallatin 1
M. de Voltaire présente ses respects à madame Gallatin, elle est maîtresse de tout le gravier possible pour les chemins . Son très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
A Ferney 12 janvier 1765. »
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22/03/2020
Je suis bien las d'être homme public, et de me voir condamné aux bêtes comme les anciens gladiateurs et les anciens chrétiens
... Ce que doivent penser nos gouvernants en temps normal, et plus encore en notre temps de crise .
Tremblez humains !
« A Etienne-Noël Damilaville
12è janvier 1765 1
J'ai fais chercher hier dans Genève la brochure dont vous m'avez parlé ; je n'ai pu encore la trouver . On dit que ce n'est qu'une seule feuille, et qui a été oubliée presque en naissant, qu'on attribue à un ministre nommé Vernes ou Vernet, lequel a déjà écrit une autre brochure contre Jean-Jacques, oubliée tout de même . Je n'ai vu ni l'un ni l'autre écrit , Dieu merci, et je n'ai fait que parcourir les livres ennuyeux faits à cette occasion . Je serais assurément bien fâché d'avoir la moindre part à toutes ces tracasseries . J'ai resté constamment dans mes campagnes depuis dix ans, et j'y mourrai sans me mêler dans ces sottes querelles . Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite .
Au reste, mon cher frère, je serais très fâché que mes lettres prétendues secrètes fussent débitées à Paris, quelle rage de publier des lettres secrètes ! J'ai prié instamment M. Marin 2 de renvoyer ces rogatons en Hollande d'où elles sont venues . Je suis bien las d'être homme public, et de me voir condamné aux bêtes comme les anciens gladiateurs et les anciens chrétiens . L'état où je suis ne demande que le repos et la retraite ; il faut mourir en paix ; mais afin que je meure gaiement écr l'inf. »
1 L'édition de Kehl amalgame des extraits de cette lettre avec les lettres du 15 janvier 1765 et du 18 janvier 1765 à Damilaville .
2 Voir lettre du 10 janvier 1765 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/20/cette-requete-en-produira-rien-mais-elle-fera-voir-au-public-que-j-ai-fait.html
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Je suis fâché d'applaudir de si loin au bon parti que vous avez pris , je ne suis plus qu'une ombre, et pas même une ombre ambulante
... Confiné, con in fine !
A noter, ce matin, chez Intermarché, il n'y avait plus de beurre, ni argent du beurre, ni main de la crémière, ni autres matières grasses ! Why ? Dernier tango à Paris ?
« A Davis-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
Major etc.
à Landrecy
Flandre
12è janvier 1765 à Ferney
Je vous écris de mon lit, mon cher colonel français 1. Vous devez être regretté à La Haye, et bien accueilli chez nous, vous nous défendez et vous plairez, voilà ce qu'il nous faut . Je suis fâché d'applaudir de si loin au bon parti que vous avez pris , je ne suis plus qu'une ombre, et pas même une ombre ambulante .
L’extrême faiblesse qui me fait languir, et la perte presque entière de mes yeux, ne me font pas espérer le bonheur de vous revoir . Il ne me reste que le tendre intérêt que je prendrai jusqu'à mon dernier moment à votre félicité et à vos succès . Je sens que je suis encore en vie par la vivacité de mes sentiments pour vous . Mme Denis se porte mieux que moi, mais elle ne vous aime pas davantage . Souffrez que M. de Besenval 2 trouve ici les assurances de mon respect .
V. »
1 Grâce aux efforts de V* , Constant a été admis colonel dans le régiment français d'Eptingen .
2 Sur Pieter Joseph Victor, baron de Besenval, inspecteur des troupes suisses dans l'armée française , voir lettre du 13 mars 1757 à Constant : « Auguste sultan , […] Nous nous prosternons aux pieds de votre trône, et nous prions le Dieu miséricordieux qu'il vous conserve les sublimes talents dont le bacha Buzanval fait un si bel éloge . » Et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+besenval&oc=0&p=pierre+joseph+victor
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21/03/2020
Il n'y a pas un moment à perdre si on veut lui sauver la vie
... Tristement d'actualité .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
12 janvier 1765 à Ferney 1
Mes divins anges, j'ai oublié dans la requête à M. le duc de Praslin, de spécifier que ce vieux de Moultou qui veut promener sa veille vessie à Montpellier, a un fils qu'on appelle prêtre, ministre du saint Évangile, pasteur d'ouailles calvinistes, et qui n'est rien de tout cela ; c'est un philosophe des plus décidés, et des plus aimables . J'ignore si sa qualité de ministre évangélique s'oppose aux bontés d'un ministre d’État . J’ignore s'il est nécessaire que M. le duc de Praslin ait la bonté de faire mettre dans le passeport, le sieur de Moultou et son fils prêtre . Je m'en rapporte uniquement à la protection et à la complaisance de M. le duc de Praslin ; les maux que souffre Moultou le père sont dignes de sa pitié . Il n'y a pas un moment à perdre si on veut lui sauver la vie . Tronchin inocule, mais il ne taille point de la pierre .
N.B. – Je suis fâché pour la philosophie que Jean-Jacques Rousseau ait commencé par être fou, et finisse par être un très malhonnête homme . Il veut mettre le trouble dans Genève par un assez mauvais livre contre le gouvernement de cette ville, et contre la médiation 2. Il a envoyé cet insolent ouvrage au président qui en aura sans doute instruit M. le duc de Praslin . Il a déchaîné la populace contre le magistrat, mais j'espère que ce petit désordre n’aura pas de suites, et que vous n’enverrez pas les troupes à Genève comme en Corse 3.
Mes anges, je baise toujours le bout de vos ailes .
V.
Puisque j'ai acquis un œil je vais donc me remettre à la conspiration des Roués, mais encore une fois trouvez-moi des acteurs, ou faites jouer les Roués à l'Opéra-Comique .
Je recommande à vos bontés la petite affaire de M. Moultou et je supplie M. le duc de Praslin de vouloir bien m’adresser le passeport . Pour moi je crois que j'en aurai un bientôt pour l'autre monde . Vivez heureux dans celui-ci, mes très adorables anges .
V.»
1 L'édition de Kehl est réduite au premier paragraphe, le reste ayant été biffé sur la copie Beaumarchais . Il n'est pas sûr, d'autre part, que le post-scriptum, qui semble avoir été ajouté après coup sur la copie, n'ait pas fait partie d'une autre lettre .
2 Sur cette médiation, voir lettre du 10 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/18/j-emploie-mon-bon-oeil-mon-divin-ange.html
3 Une expédition française a été envoyée pour occuper la forteresse de Gênes ; la suite de cette affaire est la cession à la France , en mai 1768, de la Corse, qui dépendait alors de Gênes et s'était révoltée . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Corse
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Ne doutez pas que je ne fasse ce que vous m'ordonnez
... A regret, certes, mais je le fais, et je compte les jours comme avant la quille . Je vous assure que j'arroserai ça avec des copains/copines et non avec cette sempiternelle et tristounette modération rabat-joie .
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
[11 ou 12 janvier 1765] 1
Les lettres du vendredi, mon cher ami, arrivent je crois le même jour que celles du samedi . Ne doutez pas que je ne fasse ce que vous m'ordonnez . Vous connaissez le voyageur Dampier 2, il dit qu'il a traversé l'Amérique d'un bout à l'autre sans jamais rencontrer un seul sauvage qui trouvât mauvais qu'il fut de la religion anglicane . J'écrirai donc une seconde lettre, quoique je pense fermement que vous n'en avez pas besoin . J'avouerai votre turpitude, puisque vous le voulez ; mais pour vous rassurer je vous dirai que lorsque M. Carbon s'en retourna avec sa famille, je demandai un passeport à M. le maréchal de Richelieu qui m'envoya faire faire 3 avec mon passeport , et qui me dit que pourvu que ce M. Carbon n'ameutât point le peuple et ne priât point Dieu la baïonnette au bout du fusil, il serait le très bien venu . Il est aujourd'hui très tranquille et très heureux dans sa patrie ; et cependant il était violemment soupçonné d’être apôtre . Enfin, puisque vous le voulez je vais avouer votre apostolat . Allez, vous étiez fait pour être ministre d’État et non ministre d’Église .
Je vous embrasse bien tendrement . »
1 Cette lettre est postérieure à celle que V* dut écrire à Choiseul-Praslin le 11 janvier afin de solliciter un passeport pour Moultou et pour son père obligé d'aller à Montpellier pour se soigner , antérieure à celle du 12 janvier 1765 à d'Argental ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-2.html
2 Sur le voyage de Dampier, voir https://data.bnf.fr/fr/12321686/william_dampier/
3 Euphémisme encore en usage pour faire foutre .
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20/03/2020
Cette requête en produira rien, mais elle fera voir au public que j'ai fait toutes les démarches convenables
... Ah oui !
Le Covid-19 "ennemi de l'humanité" ! Bravo Tedros Adhanom Ghebreyesus ! Bravo ! Tu en as dans le pantalon pour oser défier ce microbe depuis ton bureau climatisé et ton luxueux logement de fonction . Dans le domaine des conneries de fonctionnaires internationaux inutiles, je crois qu'on vient d'atteindre un niveau stratosphérique .
Ô oui, Covid-19, tremble, tu as maintenant contre toi le patron de l'OMS !
« A Henri Rieu
[10 janvier 1765 ?] 1
Je prends la liberté d'envoyer à mon cher corsaire un Warburton anglais complet, qu'il joindra à sa bibliothèque anglaise . Je le prie d'ouvrir le paquet, d'y prendre ce qui lui appartient et quatre ou cinq dictionnaires pour lui ou pour les personnes qu'il voudra en gratifier . On remettra le reste empaqueté entre les mains du porteur . La petite brochure qu'il m'a envoyée 2 n'est ni bien élégante ni bien fine, mais elle me paraît sage et forte, et elle doit, ce me semble, faire beaucoup d'effet sur l'esprit de la plupart ds citoyens . On dit qu'elle est de Vernes . S'il sait quelque chose de nouveau il me fera grand plaisir de m'en instruire . Je ne doute pas qu'il n'ait eu la bonté d'écrire fortement à M. Astier et qu'il ne l'ait engagé à détruire en Hollande l'infâme calomnie qui n'y est que trop accréditée .
Voici la copie de ce que j'écris à monsieur le grand pensionnaire 3. Monsieur Rieu est prié de vouloir bien envoyer cette copie à M. Astier , afin qu'il la fasse mettre dans toutes les gazettes de Hollande . Cette requête en produira rien, mais elle fera voir au public que j'ai fait toutes les démarches convenables . Cela est d'autant plus nécessaire que le roi lit le Gazette d'Amsterdam .
On fait mille tendres compliments à M. Rieu, tout le monde l'embrasse et le regrette . »
1 Lettre datée d'après la lettre du même jour à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/19/il-faut-tout-servir-chaud-les-plats-refroidis-ne-tentent-personne.html
2 Le Sentiment des citoyens, souvent attribué à V*, et qui suivant Rivoire, a été publié le 27 décembre 1764 : https://fr.wikisource.org/wiki/Sentiment_des_citoyens/%C3%89dition_Garnier
3 On ne connait pas cette lettre . Tout ce qu'on en sait est contenu dans une lettre du 26 février 1765 écrite de Londres par Garcin à Moultou : « Voltaire a écrit au grand pensionnaire à La Haye pour se plaindre des libraires qui ont imprimé sous son nom diverses productions impies . Sa lettre n'est qu’un chiffon écrite d'un style cavalier qui a fort choqué le pensionnaire . Il ne sera pas question de réponse . Cette misère a fait pendant huit jours le sujet des conversations à La Haye . »
09:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/03/2020
moi pauvre malade qui ne peut aller en robe de chambre dans votre jolie ville
... pas plus malade qu'en robe de chambre, à la vérité ! Confiné, par un si beau temps ! Je vais prendre un teint d'endive . Je rêve d'évasion .
Les Soufflaculs de St Claude détiennent le remède souverain contre tous les maux : le rire
https://www.saint-claude-haut-jura.com/les-soufflaculs-ca...
« A François Tronchin
Conseiller d’État
à Genève
Vous ferez comme vous voudrez, mon cher ami, mais il est d'une nécessité indispensable que je vous parle, soit pour l'arrangement des Délices, soit pour tout ce qui pourra vous amuser . Vous pouvez hardiment venir sur votre petit cheval, ou par le grand chemin, ou en prenant des détours tout comme il vous plaira . Il n'en est pas ainsi de moi pauvre malade qui ne peut aller en robe de chambre dans votre jolie ville . Vous sentez que j'aurais besoin d'escorte . Je vous embrasse ex toto corde meo .
10è j[anvier 1765] »
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