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01/05/2019

Dans le fracas des noces

... des Gilets Jaunes et des Black Blocks, le 1er mai 2019 risque d'être particulièrement pourri, avec la bénédiction implicite des syndicats portés à la manifestation violente .

Muguet porte-bonheur, lacrymo porte-pleurs .

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60 millions de brins qui défilent pacifiquement, eux !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 25 mars 1764]

Dans le fracas des noces on avait oublié de renvoyer à monsieur Cramer les feuilles Z, et Aa . On lui demande bien pardon . Jérôme Carré se flatte qu'on ne les aura pas tirées, et que monsieur le prote 1 les corrigera .

Monsieur Cramer est supplié d'envoyer toutes les feuilles qu'il pourra, afin qu'on voie qu'il faut un errata et des cartons . S'il a quelques nouvelles du jeune moine Augustin il fera grand plaisir d'en donner .

Jérôme Carré le supplie de vouloir bien lui procurer un libraire de Florence et de Madrid pour lui envoyer les bons livres qui pourront être imprimés en Italie et en Espagne . »

1 Wagnière a écrit « Le Prault » ; voir lettre précédente de mars à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/16/je-crois-qu-il-faudra-necessairement-attendre-que-cet-orage-soit-passe.html

30/04/2019

il ne serait pas mal que nous dinassions et soupassions ensemble

...Nous sommes là, heureusement, à mille lieues des tweets de bas étage d'un Donald Trump ou d'un Booba .

Je me suis amusé à faire une recherche d'images à partir de ce titre : rien ! Google, si riche en data en est resté baba , il cale sur les subjonctifs tout comme nos chères têtes blondes instruites par des professeurs des écoles tout aussi ignares . L'imparfait du subjonctif ? encore eut-il fallu qu'ils le sussent  et l'écrivissent !

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Vous reprendrez bien un petit cours de français !

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

Maire et Subdélégué

à Gex

25 [mars 1764] à Ferney

Je crois mon cher monsieur qu'il ne serait pas mal que nous dinassions et soupassions ensemble avec M. de Verny 1 . Il est temps de représenter plus fortement que jamais au Conseil, l'état de la province . Un de nos fléaux est que nos paysans abandonnent la charrue pour servir les Genevois en qualité de lapidaires et d'horlogers . On a bien défendu de faire de nouveaux vignobles ; à plus forte raison doit-on défendre au cultivateur de travailler pour l'étranger à un art très inutile 2, aux dépens de l'agriculture . Je n'ai fait au reste que jeter en hâte sur le papier mes réponses aux objections de Sédillot adoptées par M. d'Erigny.

Vous aurez sans doute dressé un mémoire détaillé dans lequel vous aurez approfondi ce que je n'ai pu qu'effleurer .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous connaissez

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

2 V* ne pressent pas qu'il va lui-même développer l’horlogerie et se fera courtier en montres . Ses thèses apparemment fort peu libérales sont en accord avec un certain air du temps:le règne des physiocrates approche .

29/04/2019

Recevez les sincères respects, madame, d'un laboureur et d'un maçon, qui vous sera attaché toute sa vie

... Mam'zelle Wagnière vous me manquez  . Can I help you ?

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« A Juliana Franziska von Buchwald

Au château de Ferney,

pays de Gex, 25 mars [1764] 1

Madame,

Son Altesse Sérénissime a daigné m'instruire de votre perte et de votre douleur 2. Elle savait combien je m'intéresse à tout ce qui vous touche . Que ne puis-je , madame, vous offrir quelques consolations ! Mais la plus grande que vous puissiez recevoir est dans le cœur et dans les attentions charmantes de l'auguste princesse, auprès de qui vous vivez . Il n'y a point avec elle de douleur qu'on ne supporte . Elle adoucit toutes les amertumes de la vie . Comptez que sans elle vous seriez le premier objet des regrets que j'ai emportés d'Allemagne . Recevez les sincères respects, madame, d'un laboureur et d'un maçon, qui vous sera attaché toute sa vie .

Voltaire. »

1 Le manuscrit original ou cette copie contemporaine appartenait jadis au comte Mansi del Campo .

il n'y a qu'à cartonner tout ce qui paraîtra trop fort pour les Français

... Est trop fort pour les Français toute réforme qu'ils réclament à haut cri mais qui risque d'écorner quelque privilège . Egalité ? c'est bien la dernière chose que désire le Français moyen ou aisé . Quid du cahier des réformes envisagées dès ce jour par le séminaire des ministres ?

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Qui va coller les gommettes ?

https://www.lepoint.fr/politique/grand-debat-un-seminaire...

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 21 mars 1764]1

J'envoie la préface 2, qui étant imprimée en gros caractères rendra le volume d'une taille fort honnête . On n'a point joué Olympie, parce que Mlle Dumesnil est très enrhumée . Le billet pour le jeune homme que monsieur Cramer favorise servira toujours, en quelque temps qu'on représente la pièce .

Voilà, Dieu merci, tout en règle pour le Corneille ; c'est un grand fardeau dont me voilà déchargé . Je donnerai à monsieur Cramer une quittance générale et absolue, et lira les commentaires qui pourra . Je l'embrasse de tout mon cœur .

V.

N.B. – La préface est un peu verte, mais les examinateurs ne font jamais attention aux préfaces . D'ailleurs, il n'y a qu'à cartonner tout ce qui paraîtra trop fort pour les Français . »

1 La date est fixée par l'allusion au retard de la première représentation d'Olympie .

2 Pour les Contes de Guillaume Vadé ; elle est composée en « 14 points » dans l'édition in-8° . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_en_vers_(Voltaire)/Pr%C3%A9face_de_Catherine_Vad%C3%A9

28/04/2019

Sentiments, passions, goûts, talents, manières de penser, de parler, de marcher, tout nous vient  je ne sais comment , tout est comme les idées que nous avons dans un rêve ; elles nous viennent sans que nous nous en mêlions

...

 

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Il faut pourtant se réveiller ...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

21è mars 1764

Je ne vous dirai pas, madame, que nous sommes plus heureux que sages ; car nous sommes aussi sages qu’heureux. Vous tremblez que quelque malintentionné n’ait pris le petit mot qui regardait mon confrère Moncrif pour une mauvaise plaisanterie 1. J’ai reçu de lui une lettre remplie des plus tendres remerciements 2. S’il n’est pas le plus dissimulé de tous les hommes, il est le plus satisfait. C’est un grand  courtisan, je l’avoue ; mais ne serait-ce pas prodiguer la politique que de me remercier si cordialement d’une chose dont il serait fâché ? Pour moi, je m’en tiens, comme lui, au pied de la lettre, et je lui suppose la même naïveté que j’ai eue quand je vous ai écrit cette malheureuse lettre que des corsaires ont publiée.

Sérieusement, je serais très fâché qu’un de mes confrères , et surtout un homme qui parle à la reine, fût mécontent de moi . Cela me ruinerait à la cour, et me ferait manquer les places importantes auxquelles je pourrai parvenir avec le temps . Car enfin je n’ai que dix ans de moins que Moncrif, et l’exemple du cardinal de Fleury, qui commença sa fortune à soixante-quatorze ans, me donne les plus grandes espérances.

Vous ferez fort bien, madame, de ne plus confier vos secrets à ceux qui les font imprimer, et qui violent ainsi le droit des gens. Je savais votre histoire du lion 3; elle est fort singulière, mais elle ne vaut pas l’histoire du lion d’Androclus. D’ailleurs, mon goût pour les contes est absolument tombé : c’était une fantaisie que les longues soirées d’hiver m’avaient inspirée. Je pense différemment à l’équinoxe : l’esprit souffle où il veut, comme dit l’autre 4. Je me suis toujours aperçu qu’on n’est le maître de rien . Jamais on ne s’est donné un goût ; cela ne dépend pas plus de nous que notre taille et notre visage. N’avez-vous jamais bien fait réflexion que nous sommes de pures machines ? J’ai senti cette vérité par une expérience continue . Sentiments, passions, goûts, talents, manières de penser, de parler, de marcher, tout nous vient  je ne sais comment , tout est comme les idées que nous avons dans un rêve ; elles nous viennent sans que nous nous en mêlions. Méditez cela ; car nous autres, qui avons la vue basse, nous sommes plus faits pour la méditation que les autres hommes, qui sont distraits par les objets. Vous devriez dicter ce que vous pensez quand vous êtes seule et me l’envoyer . Je suis persuadé que j’y trouverais plus de vraie philosophie que dans tous les systèmes dont on nous berce. Ce serait la philosophie de la nature . Vous ne prendriez point vos idées ailleurs que chez vous ; vous ne chercheriez point à vous tromper vous-même. Quiconque a, comme vous, de l’imagination et de la justesse dans l’esprit peut trouver dans lui seul, sans autre secours, la connaissance de la nature humaine : car tous les hommes se ressemblent pour le fond, et la différence des nuances ne change rien du tout à la couleur primitive . Je vous assure, madame, que je voudrais bien voir une petite esquisse de votre façon. Dictez quelque chose, je vous prie, quand vous n’aurez rien à faire ; quel plus bel emploi de votre temps que de penser ? Vous ne pouvez ni jouer, ni courir, ni avoir compagnie toute la journée. Ce ne sera pas une médiocre satisfaction pour moi de voir la supériorité d’une âme naïve et vraie sur tant de philosophes orgueilleux et obscurs . Je vous promets d’ailleurs le secret.

Vous sentez bien, madame, que la belle place que vous me donnez dans notre siècle n’est point faite pour moi . Je donne, sans difficulté, la première à la personne à qui vous accordez la seconde 5. Mais permettez-moi d’en demander une dans votre cœur ; car je vous assure que vous êtes dans le mien. Je finis, madame, parce que je suis bien malade, et que je crains de vous ennuyer. Agréez mon tendre respect, et empêchez que M. le président Hénault ne m’oublie.

V. »

1Dans une lettre du 14 mars 1764, Mme Du Deffand informe V* qu'on a imprimé une lettre qu'il a écrite en retranchant le nom de la reine, mais en y laissant celui de Moncrif « tout de son long ».

2 Lettre inconnue .

3 Dans sa lettre Mme Du Deffand propose à V* un sujet de fable : « Il y avait un lion à Chantilly à qui on jetait tous les roquets qu'on aurait jetés dans la rivière . Il les étranglait tous ; une seule petite chienne qui se trouva pleine eut grâce devant ses yeux , il la lécha, la caressa, lui fit part de sa nourriture, elle accoucha, il ne fit aucun mal à toute sa petite famille et je ne sais ce qu'elle devint, mais il arriva un jour que des mâtins vinrent aboyer le lion à la grille de sa loge ; la petite chienne se joignit à eux, aboya le lion et lui tira les oreilles ; la punition fut prompte, il l'étrangla, mais le repentir suivit d eprès, il ne la mangeat pint , il se coucha auprès d'elle et parut pénétré d ela plus grande tristesse ; on espéra qu'une inclination nouvelle pourrait le consoler, on se trompa, il étrangla sans miséricirde tous les chiens qu'on lui donna . »

4 Évangile de Jean , III, 8 .

5 Mme Du Deffand a écrit : « Je demandai l'autre jour à plusieurs personnes quel était le premier homme de ce siècle . Voltaire, Voltaire, Voltaire ; je m'y attendais, mais comme j'avais beaucoup rêvé pour trouver le second, je ne fus point surprise qu'on délibérât beaucoup à le nommer, cependant on nomma celui que j'avais pensé et ce que je pense que vous penserez aussi . Je vous le dirais, mais je ne l'écrirai pas . » . Georges Avenel suppose que ce second est Frédéric II .

27/04/2019

il n’était pas juste, en vérité, que ce fût moi qui semât et labourât pour la sainte Église

... Laquelle parfois/souvent se gave aux dépens de la foule des petits croyants en pratiquant des tarifs exagérés pour des prestations rituelles qui devraient être gratuites en toute justice ( par ex. 250€ pour une bénédiction lors d'obsèques ! ).

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

21è mars 1764

J’allais faire partir ce petit morceau pour la Gazette littéraire, lorsque je reçois la lettre du 15 Mars de mes anges. Ils me donnent de grandes espérances contre ces dîmes établies de droit divin et contre le concile de Latran ; nous espérons tout des bontés de mes anges et de M. le duc de Praslin. J’aimerai mes anges et mon terrain ingrat ; je le cultiverai avec bien plus de soin ; il n’était pas juste, en vérité, que ce fût moi qui semât et labourât pour la sainte Église.

Tant mieux qu’Olympie soit retardée 1, elle en sera mieux jouée et mieux reçue, et plus le carême sera avancé, moins il y aura de honte à n’avoir qu’un petit nombre de représentations 2.

Je reviens à la Gazette littéraire. Je m’imagine que les auteurs, en rectifiant les petits mémoires que j’envoie et en y mettant les convenances dont je ne me mêle point, pourront procurer au public des morceaux assez intéressants : j’en prépare un sur des ouvrages qui me sont venus d’Italie. Je cherche partout des morceaux piquants qui puissent réveiller le goût du public ; mais je n’en trouve guère. Le nombre des ouvrages nouveaux sera toujours très grand, et le nombre des ouvrages intéressants bien petit.

Je vais travailler, si ma pauvre santé me le permet, c’est-à-dire je vais dicter ; car je ne peux plus rien faire de mes organes.

Respect et tendresse.

V.»

1 On l'a jouée depuis quatre jours .

2 Le théâtre ferme à Pâques .

26/04/2019

Je désespère de trouver de quoi grossir son petit volume de contes

... M. Macron est désormais expert en contes après l'avoir été en comptes, aussi ne rajouterai-je rien maintenant . Pour être franc, je ne l'ai pas écouté, donc pas entendu, le verbe ne vaut pas l'action, et comme St Thomas , je dois toucher pour croire . En attendant, les Français seront-ils assez niais pour donner quitus à Marine ?

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Vue de l'esprit

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 mars 1764]

J'envoie à monsieur Cramer le billet pour la comédie . Il ne restera plus que quatorze mille cent soixante livres à payer avec ce qu'on pourra retirer des exemplaires de la Russie , moyennant quoi l'affaire sera entièrement finie .

Je compte que les 24 exemplaires envoyés à M. Damilaville, et les autres présents qui pourront aller à peu près au même nombre, n'entrent point dans ce paiement .

J'attends les quatre exemplaires que monsieur Cramer m'a promis , mais je souhaiterais surtout d'en avoir un exemplaire incessamment, je lui serai très obligé s’il peut me le procurer .

Je désespère de trouver de quoi grossir son petit volume de contes, mais je lui enverrai incessamment une grosse préface qui vaudra bien un conte 1. »

1La préface des Contes de Guillaume Vadé ne compte pas moins de 12 pages dans l'édition in-8°, et 10 pages dans l'édition augmentée d'un Supplément du discours aux Welches . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_en_vers_(Voltaire)/Pr%C3%A9face_de_Catherine_Vad%C3%A9

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Suppl%C3%A9ment_du_Discours_aux_Welches/%C3%89dition_Garnier