11/03/2019
Je trouve que le public pense presque toujours comme mon cher frère . On me dit autant de mal qu'il m'en dit
... Ainsi se plaint Bouteflika après les déclarations de frère Bayrou qui approuve les manifestations populaires algériennes : https://www.europe1.fr/politique/manifestations-en-algeri...
« A Etienne-Noël Damilaville
20è février 1764
J'ai, grâce aux bontés de mon cher frère, le second tome des Lettres historiques sur le parlement . L'auteur est un homme très instruit mais il ressemble à don Quichotte qui voyait partout des chevaliers et des châteaux, quand les autres ne voyaient que des meuniers et des moulins à vent . Ne pourriez-vous point me dire à qui on attribue ce livre ? Le second tome en promet un troisième . Est-il imprimé ? Auriez-vous la bonté de me le faire tenir ? Je trouve que le public pense presque toujours comme mon cher frère . On me dit autant de mal qu'il m'en dit . Il est vrai qu'il y a des vers oubliés dans l'exemplaire de Thélème et Macare envoyé à mon frère .
Voici le texte :
La belle courut de ce pas
Chercher au milieu du fracas,
Celui qu'elle croyait volage .
Il sera peut-être à Paris,
Dit-elle, avec les beaux esprits,
Qui l'ont peint si doux et si sage .
L'un d'eux lui dit, sur nos avis
Vous pourriez vous tromper, peut-être :
Macare n'est qu'en nos écrits,
Nous l'avons peint sans le connaître .etc .1
Mon frère veut-il bien permettre que je lui adresse ce petit billet de Cramer pour Merlin ?
Voici aussi un petit mémoire pour notre ami Mariette . Je le crois actuellement occupé à faire rendre justice aux Calas ; mais il peut aisément mener deux affaires à la fois .
Pourrait-il avoir la bonté de m'envoyer le conte de Piron intitulé La Queue ? On prétend que le public a dit comme le compère Pierre,
Messire Jean, je n'y veux point de queue 2.
Le livre attribué à Saint-Evremond fait-il un peu de fortune ? Quel parti prend-on sur la Tolérance . Aimons-nous bien . Écr l'inf .
Encore un mot à mon cher frère .
Il a dû recevoir pour moi à M. de Laleu un certificat de vie, par lequel il apparaît que je suis possesseur de soixante et dix ans . Je souhaite vivre encore quelques années pour embrasser mon frère, et pour aider à écr l'inf .
Tout malingre que je suis, je recevrai de mon mieux M. l’envoyé de Danemark. »
1 Thélème et Macare , v. 71-80. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_en_vers_(Voltaire)/Th%C3%A9l%C3%A8me_et_Macare
2 La Fontaine, Contes, IV, 10, 156 : « La jument de compère Pierre » : https://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=56
02:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/03/2019
si j'avais eu du crédit, j'aurais dit lapidibus istis ut aurum fiant
...
« A Élie Bertrand, Premier pasteur de
l’Église française, membre de plusieurs
académies
à Berne
21è février 1764 1
Mon cher philosophe, si j'avais eu du crédit, j'aurais dit lapidibus istis ut aurum fiant 2. Je vous en aurais au moins fait avoir le double ; mais les occasions sont si rares qu'il ne fallait pas manquer celle-là . Je n'ai d'autre cabinet que mes champs, mes prés et mes bois . Le soleil et le coin du feu me paraissent les plus belles espérances du monde .
J'ignore encore pourquoi ma bougie et mes bûches se changent en flammes et pourquoi un épi en produit d'autres ; c'est ce qui fait que je m’amuse à faire des contes de ma mère l'Oye . Ce n'est pas un conte que ma tendre amitié pour vous .
V. »
1 Manuscrit olographe avec mention de Bertrand « 21 février 64 / M. de Voltaire ».
2 Que ces pierres deviennent de l'or ; d'après l’Évangile de Matthieu . Collini a ménagé l'achat par l’Électeur palatin de la collection minéralogique d'Elie Bertrand .
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09/03/2019
vieux fou, de quoi t’avises-tu de vouloir mieux faire que tu ne peux ?
... Jean-Pierre Raffarin, dis-le moi ! Te crois-tu Pygmalion ? Ou cherches-tu des noises ?
http://caricaturiste.canalblog.com/archives/2007/07/09/55...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
20è février 1764
L’un de mes anges peut donc écrire de sa main : Dieu soit loué ! N’ont-ils pas bien ri tous deux du propos de la virtuose Clairon ? Votre conspiration me paraît de plus en plus très plaisante . Je ris aussi dans ma barbe. Je vous réponds que si nos seigneurs du tripot y ont été attrapés, nos seigneurs du parterre y seront pris. Puissions-nous jouir de ce plaisir vite et longtemps !
A l’égard d’Olympie, je n’ai plus qu’un mot à dire : c’est qu’à l’impossible nul n’est tenu, et qu’il m’est absolument impossible de faire le remue-ménage qu’on me propose. J’ai tourné la chose de mille façons ; je me suis essayé, j’ai travaillé, et mon instinct m’a dit : vieux fou, de quoi t’avises-tu de vouloir mieux faire que tu ne peux ?
Mes anges doivent avoir reçu un paquet de matériaux pour la Gazette littéraire, adressé à M. le duc de Praslin. Je le servirai assurément tant que je pourrai.
Mes anges ne m’ont point mandé qu’il avait consulté MM. Gilbert de Voisins 1 et Daguesseau de Fresne 2. Je leur ai sur-le-champ envoyé un mémoire qui n’est pas de paille, et dont je vais faire tirer copie pour mes anges gardiens, si la poste qui va partir nous en donne le temps.
Nota – Voici mon consentement pour ce gros Grandval ; mais pour Mlle Dubois, comment voulez-vous que je fasse ? dites-le-moi. Je serai 3 fort aise qu’on jouât le Droit du Seigneur, quoique je ne sois guère homme à jouir d’un si beau droit. Vous pensez bien que je ne connais Mlle d’Epinay que par le droit que les premiers gentilshommes ont sur les actrices. Pour mes anges, ils ont des droits inviolables sur mon cœur pour jamais. »
1Pierre V Gilbert de Voisins : voir : page 4 : https://docplayer.fr/34235657-Franche-comte-ile-de-france-famille-gilbert-de-voisins.html
et page 259 :
3 Il faut sans doute lire serais .
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08/03/2019
on a besoin de tels hommes contre les fanatiques
... Oui, des humains * tels que Voltaire !
Voir : https://www.cafephilosophia.fr/sujets/la-raison-est-elle-...
* En ce "Jour de la Femme", je mets "humains" pour ne pas avoir à sacrifier à la sempiternelle litanie "hommes ET femmes" qui regroupe tout simplement les "Hommes" ainsi qu'on me l'a appris à l'école, ce que nombre de couillons verbeux/couillonnes verbeuses semblent encore ignorer . C'est dit ! Et c'est ainsi que l'entendait Voltaire avec ses "hommes" .
« A Charles Manoël de Végobre, Avocat
à Genève
18è février 1764
Mon cher monsieur, la requête à monsieur le vice-chancelier pour ce pauvre Sirven contient uniquement une supplication de se faire rendre compte de l'affaire par M. le premier président du parlement de Toulouse, après quoi je pense qu’il pourra retourner sans rien craindre dans sa patrie . Monsieur le vice-chancelier est juste et humain ; le premier président aussi, on a besoin de tels hommes contre les fanatiques .
Faites bien mes compliments à M. Debrus et soyez persuadé des sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
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07/03/2019
Je n’ai d’autre spectacle que celui des sottises et des folies de ma chère patrie. Je lui ai bien de l’obligation ; car, sans cela, ma vie serait assez insipide
... Je ne sais si les Kataris sont en colère de voir que leur équipe par intérim -le PSG, pour ceux qui l'ignoreraient encore- vient de se faire piler par les Mancusiens ( dénomination que j'ai découverte hier soir pour les gens de Manchester, seul élément de culture que puisse jamais offrir le foot ). Et leurs millionnaires en short, évidemment tristes de voir s'échapper une coquette prime de match , ont montré ce qu'il ne faut pas faire , c'est toujours ça de pris pour l'histoire du foot .
Une claque pour le PSG hier soir, et, je l'espère, une baffe retentissante pour Barbarin aujourd'hui seront bien complémentaires .
« A Charles-Joseph, prince de Ligne 1
18è février 1764 à Ferney
Monsieur,
Il n’y a que le bel état où mes yeux sont réduits qui m’ait pu priver du plaisir et de l’honneur de vous répondre. Je suis devenu à peu près aveugle, et je suis dans l’âge où l’on commence à perdre tout, pièce à pièce. Il faut savoir se soumettre aux ordres de la nature ; nous ne sommes pas nés à d’autres conditions. Cela fait un peu de tort à notre théâtre : il n’y a point de rôle pour un vieux malade qui n’y voit goutte, à moins que je ne joue celui de Tirésie. Je n’ai d’autre spectacle que celui des sottises et des folies de ma chère patrie. Je lui ai bien de l’obligation ; car, sans cela, ma vie serait assez insipide. Après avoir tâté un peu de tout, j’ai cru que la vie de patriarche était la meilleure. J’ai soin de mes troupeaux comme ces bonnes gens ; mais, Dieu merci , je ne suis point errant comme eux, et je ne voudrais, pour rien au monde, mener la vie d’Abraham, qui s’en allait, comme un grand nigaud, de Mésopotamie en Palestine, de Palestine en Égypte, de l’Égypte dans l’Arabie-Pétrée, ou à pied ou sur son âne, avec sa jeune et jolie petite femme, noire comme une taupe, âgée de quatre-vingts ans ou environ, et dont tous les rois ne manquaient pas d’être amoureux. J’aime mieux rester dans mon ermitage avec ma nièce et la petite famille que je me suis faite.
Mme Denis a dû vous dire, monsieur, combien votre apparition nous a charmés dans notre retraite ; nous y avons vu des gens de toutes nations, mais personne qui nous ait inspiré tant d’attachement et donné tant de regrets. Daignez encore recevoir les miens, et agréer le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .»
08:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/03/2019
faites comme il vous plaira, il faut que chacun suive sa vocation, je n’en ai aucune pour jouer de la harpe
...
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
18è février 1764 à Ferney 1
Il y a longtemps, monseigneur, que j’hésite à vous envoyer ce petit conte . Mais comme il m’a paru un des plus propres et des plus honnêtes, je passe enfin par-dessus tous mes scrupules ; vous verrez même, en le parcourant, que vous y étiez un peu intéressé ; et vous sentirez combien je suis fâché de ne pouvoir vous nommer. Votre Éminence a beau dire que le sacré-collège n’est pas heureux en poètes 2, j’ai dans mon portefeuille des choses qui feraient honneur à un consistoire composé de Tibulles ; mais les temps sont changés . Ce qui était à la mode du temps des cardinaux Du Perron 3 et Richelieu ne l’est plus aujourd’hui . Cela est douloureux.
Je ne sais si Votre Éminence est au Plessis ou à Paris ; si elle est à la campagne, c’est un vrai séjour pour des contes . Si elle est à Paris, elle a autre chose à faire qu’à lire ces rapsodies. On m’a dit que vous pourriez bien être berger d’un grand troupeau ; si cela est, adieu les belles-lettres. Je ne combattrai pas l’idée de vous voir une houlette à la main ; au contraire, je féliciterai vos ouailles, et je suis bien sûr que vos pastorales seront d’un autre goût que celles du Puy en Velay ; mais j’avoue qu’au fond de mon cœur j’aimerais mieux vous voir la plume que la houlette à la main. J’ai dans la tête qu’il n’y a personne au monde plus fait par la nature, et plus destiné par la fortune, pour jouir d’une vie charmante et honorée, que vous l’êtes . Toutes les houlettes du monde n’y ajouteront rien, ce ne sera qu’un fardeau de plus : mais faites comme il vous plaira, il faut que chacun suive sa vocation, je n’en ai aucune pour jouer de la harpe 4 dont vous m’avez parlé ; cet instrument ne me va pas, j’en jouerais trop mal.
Tu nihil invita dices faciesve Minerva.5
J’ai été enchanté que vous ayez retrouvé à Versailles votre ancienne amie 6 ; cela lui fait bien de l’honneur dans mon esprit. Je suppose que M. Duclos, notre secrétaire, est toujours très attaché à Votre Éminence. Il a le petit livre de la Tolérance ; je vous demande en grâce de le lire et de le juger.
Je n’ai plus de place que pour mon profond respect et mon tendre attachement.
Le vieux de la montagne. »
1 Bernis a écrit à V* le 26 janvier 1764 .
2 C'est à peu près ce que dit Bernis dans une lettre du 7 octobre 1763 ; en refusant de faire lui-même des vers, il ajoute : »Je crois que l'étiquette du sacré collège est fort contraire à la poésie française ; car il me semble que le cardinal Du Perron et celui de Richelieu ont fait de forts mauvais vers . »
3 Sans être poète lui-même, cet excellent prosateur, le cardinal Du Perron a traduit Les Épîtres d'Ovide, 1616, et Partie du premier et quatrième livre de l'Enéïde de Virgile, 1614 .
4 Faire des psaumes ou des hymnes .
5 Sans Minerve, tu ne diras ou feras rien de bon ; Horace , Art poétique .
6 Mme de Pompadour .
09:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il faut que ces gens-là soient de grands bavards
... Et dans cette catégorie de politicards professionnels Rachida Dati n'est pas à la dernière place . Que Nanabozo le Grand Lapin, notre totem (comme dit l'ami Oumpah Pah , ennemi des Pieds Plats) nous préserve de cette gale !
http://www.lefigaro.fr/politique/2019/03/05/01002-2019030...
Le vrai visage de cette intrigante
Rachida, dès qu'elle cessera d'avoir recours à la chirurgie esthétique
« A Etienne-Noël Damilaville
18è février 1764 1
Ce n'est pas assurément un ministre d’État qui a écris les Lettres historiques sur les fonctions essentielle du parlement 2. Quand mon cher frère voudra m'envoyer le second tome je lui serai très obligé .
Que dites-vous du parlement de Toulouse qui ne veut pas enregistrer l’ordre du roi de garder le silence ? Il faut que ces gens-là soient de grands bavards .
Voici une lettre pour frère Protagoras 3. Portez-vous bien . Ecr l'inf . »
1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl suivie des autres, amalgame des fragments de quatre lettres, la présente, celle du 20 février, du 26 février, du 1er mars 1764 .
2 Voir lettre du 30 janvier 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/08/t...
3 C'est la lettre du même jour à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/05/apres-le-bel-eloge-que-vous-avez-fait-du-philosophe-de-bordeaux.html
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)