19/05/2020
entre les genoux d'Issé Je le crois dieu bien davantage ... C'est pour autrui qu'on est aimable, Mais il faut être heureux pour soi
... Ah ! coquin de Voltaire ! et sage tout autant !

Sans masque et sans peur
« A Charles-Michel, marquis du Plessis-Villette 1
5è mars 1765, à Ferney 2
Vous savez penser comme écrire ;
Les grâces avec la raison
Vous ont confié leur empire .
L'infâme Superstition 3
Sous vos traits délicats expire .
Ainsi l'immortel Apollon
Charme l'Olympe par sa lyre
Tandis que les flèches qu'il tire,
Écrasent le serpent Python.
Il est dieu, quand par son courage
Ce monstre affreux est terrassé ;
Il l'est, quand son brillant visage
Rallume le jour éclipsé ;
Mais entre les genoux d'Issé
Je le crois dieu bien davantage 4.
Moins le hibou de Ferney, monsieur, mérite vos jolis vers, plus il vous en doit des remerciements . Il s'intéresse vivement à vous ; il connait tout ce que vous valez .
Les erreurs et les passions,
De vos beaux ans sont l'apanage ;
Sous cet amas d'illusions,
Vous renfermez l'âme d'un sage .
Je vous retiens pour un des soutiens de la philosophie , je vous en avertis , vous serez détrompé de tout, vous serez un des nôtres .
Plein d'esprit, doux et sociable,
Ce n'est pas assez , croyez-moi,
C'est pour autrui qu'on est aimable,
Mais il faut être heureux pour soi .
Nous avons une cellule nouvelle, et nous en bâtissons une autre ; vous savez combien vous êtes aimé dans notre couvent. »
2 L'édition « Lettre de M. de Voltaire à M . le marquis de Villette », Journal étranger du 1er juin 1765, date la lettre du 15 mars . La date portée sur les copies est confirmée par la réponse de Villette datée du 6 mars 1765 .
3 Le journal étranger imprime L'horrible Superstition pour effacer la référence trop connue à l'infâme de V*.
4 Allusion à Issé, de Destouches, joué autrefois par Emilie du Châtelet : https://www.forumopera.com/isse-de-destouches-montpellier-festival-applaudissez-isse
et voir : https://www.les-surprises.fr/programme/isse/
et écouter : https://www.youtube.com/watch?v=8eNRWsYOg2U
08:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/05/2020
je présente mes respects à madame votre femme , et je salue vos beaux tableaux
... élyséens, monsieur le président , faute de pouvoir profiter librement de tous les paysages de notre beau pays . Pour une fois je vous envie, allant à votre gré par-ci par-là, alors que , je vous l'avoue, votre fonction ne me tente pas du tout .
https://www.dailymotion.com/video/x5kngk5

Mes hommages matutinaux
« A François Tronchin
Conseiller d’État
rue des Chaudronniers
à Genève
Mon cher ami, c'est avec un grand regret que j'ai quitté les Délices . L'état de mes affaires m'a seul forcé à ce sacrifice , mais c'est avec un grand plaisir que je vous en vois le possesseur . Nous prendrons maman et moi le jour qui vous conviendra .
Je suis actuellement un peu malade et condamné à un régime bien austère . Je jeûnerai pour venir me crever chez vous . Je vous embrasse tendrement vous et les vôtres ; je présente mes respects à madame votre femme , et je salue vos beaux tableaux .
V.
5è mars [1765] 1»
1 Selon l'édition Tronchin, quelque peu incomplète .
10:11 | Lien permanent | Commentaires (4)
Il doit être très sûr que je n'enverrai point à Paris la Destruction
... Plein de bonne volonté, je ne sors quasiment plus et toujours masqué, alors comment se fait-il que je sois encore jugé dangereux, confiné dans le rouge ?
« A Gabriel Cramer
[vers le 4 mars 1765]
J'envoie à mon cher Gabriel la lettre de Protagoras 1, je le prie de me la renvoyer chez l'ami Souchay . Il doit être très sûr que je n'enverrai point à Paris la Destruction ; et il doit être encore très sûr que la Destruction édifiera beaucoup . En vérité, c'est un joli ouvrage .
Quand j'aurai les journaux de Schurler 2 ou l'équivalent je me mettrai bien sérieusement à griffonner pour frère Gabriel . »
1 Lettre de d'Alembert du 27 février 1765 dans laquelle celui-ci demande notamment qu'on lui fasse relier deux exemplaires de la Destruction des jésuites, l'un « en veau tout simple », l'autre »en maroquin doré sur tranche » à l'intention du roi de Prusse et de Catt, secrétaire des commandements de Frédéric II .Voir : http://dalembert.academie-sciences.fr/Correspondance/oeuvres.php?Exp_lettre=Voltaire
2 Le Mercure historique et politique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercure_historique_et_politique
et voir : http://gazetier-universel.gazettes18e.fr/periodique/mercure-historique-et-politique-1-1686-1782
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/05/2020
Il faut avouer que la maison d'Aristippe valait mieux que le tonneau de Diogène
... Jugez-en : http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Aristippe_OntDitSur.htm
« A Charles Pinot Duclos
4 mars 1765
J'ai reconnu sur-le-champ, mon cher et illustre confrère, votre portrait et votre style . Je vous assure que je suis bien content de l'un et de l'autre . Puisque vous écrivez si bien sur les mœurs, j’aurais voulu que vous en eussiez inspiré d'un peu plus douces à J.-J. Rousseau . Les siennes ne l'ont pas rendu heureux . Il faut avouer que la maison d'Aristippe valait mieux que le tonneau de Diogène . »
00:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/05/2020
Il me paraît qu'il sera plus aisé à guérir que votre république
... Le Français est effectivement guérissable puisqu'il pense déjà aux vacances, et, sans surprise, des mouvements de grève sont prévus . Déconfiné, vous avez dit déconfiné ? Oui . La république, elle attendra , rassurée car le CAC40 va progresser, c'est promis , malgré tout . A suivre .
« A Théodore Tronchin
Mon cher Esculape, la philosophie se met entre vos mains ; le meilleur ami que j'aie parmi les philosophes 1 vous supplie avec moi de vouloir bien donner vos avis . Il me paraît qu'il sera plus aisé à guérir que votre république . Étendez du moins vos bontés sur mon philosophe, et conservez-moi celles dont vous m'avez toujours comblé, et qui font le charme de ma vie .
V.
4è mars 1765 à Ferney
Je vous prie d'envoyer votre réponse chez M. Souchay rues Basses au Lion d'Or . »
1 Damilaville, voir lettre du 6 mars : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-7.html
20:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je serai bien étonné s’il vous ordonne autre chose que des adoucissants et du régime ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’intéressera bien vivement à votre santé
... Il y a les dires et il y a les faits président Macron . Pas facile ? On le sait bien, mais quand faut y'aller, faut y'aller ( pourvu que les syndicats ne mettent pas de bâtons dans les roues des ambulances ).
https://www.youtube.com/watch?v=uVOuQZZVH8c

Comment virer le virus sans se faire virer ?
« A Etienne-Noël Damilaville
4è mars 1765 au château de Ferney 1
Mon cher frère, je crois que je ne pourrai faire partir la réponse de M. Tronchin que mercredi 6è du mois. Je serai bien étonné s’il vous ordonne autre chose que des adoucissants et du régime ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’intéressera bien vivement à votre santé. Il est philosophe, et il sait que vous l’êtes. Nous sommes tous frères. Saint Luc était le médecin des apôtres, et Tronchin est le nôtre. Il me semble toujours que c’est une extrême injustice, dans le meilleur des mondes possibles, que je ne vous connaisse que par lettres. Je vous assure que, si je pouvais m’échapper, je viendrais faire une petite course à Paris incognito, souper trois ou quatre fois avec vous et les plus discrets des gens de bien, et m’en retourner content.
J’ai vu quelques échantillons de la pièce dont vous me parlez 2 . Apparemment que l’on n’a pas choisi ce qu’il y a de meilleur, et que le nouvelliste n’est pas l’intime ami de l’auteur. Je m’intéresse fort à son succès : c’est un homme de mérite, et qui n’est pas à son aise.
J'abuse toujours de votre complaisance . Voici encore un petit mot pour Briasson . Je voudrais bien que pour réponse il m'envoyât l'Encyclopédie .
La Destruction doit arriver bientôt : faites bien mes compliments, je vous prie, au destructeur, encouragez-le à détruire.
On m’a parlé d’un manuscrit de feu l’abbé Bazin, intitulé la Philosophie de l’Histoire 3, dans lequel l’auteur prouve que les Égyptiens, et surtout les Juifs, sont un peuple très nouveau. On dit qu’il y a des recherches très curieuses dans cet ouvrage. Je crois qu’on achève actuellement de l’imprimer en Hollande, et que j’en aurai bientôt quelques exemplaires. Je vous prépare une petite cargaison pour le mois de mai.
N'ayez pas mal à la gorge, mon cher frère 4. Ecr. l’inf. »
1 L'édition de Kehl à la suite de la copie Beaumarchais omet le troisième paragraphe, ainsi que le dernier, lequel est remplacé par un morceau de la lettre du 2 mars 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/14/est-il-possible-grand-dieu-qu-on-soit-en-etat-de-faire-tant-de-bien-et-qu-o.html
2 Le Siège de Calais, de Belloy . Voir lettre du 6 mars à Buyrette de Belloy : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome43.djvu/492
3 Voir l’introduction à l'Essai sur les mœurs : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction
4On a , dans cette lettre et plus spécialement dans cette phrase, une première allusion au mal, cancer de la gorge semble-t-il, qui emportera Damilaville le 13 décembre 1768 ; voir aussi lettre du 4 mars 1765 à Théodore Tronchin et celle du 6 mars 1765 à Damilaville : voir http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-7.html
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15/05/2020
Il ne lui manquait que ce nouveau ridicule. Abandonnons ce malheureux à son opprobre
... Ah ! Donald, que vas-tu encore nous pondre ?
https://www.20minutes.fr/monde/2779339-20200514-obamagate-crime-politique-obsede-donald-trump
« A Charles Bordes
4è mars 1765 à Ferney
Ah ! monsieur, vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l’homme . Il me paraît que ses livres et lui ont été reconnus sous le masque. On est revenu de ses sophismes, et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu’un brouillon et qu’un délateur ! Comment a-t-on pu imaginer que les Corses lui avaient écrit ? Je vous assure qu’il n’en est rien 1 . Il ne lui manquait que ce nouveau ridicule. Abandonnons ce malheureux à son opprobre. Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères.
Vous voyez bien que j’ai eu raison de détruire mon théâtre, puisque je n’ai point votre comédie. Je fais bâtir des chambres au lieu de loges. Ne serai-je jamais assez heureux pour vous en voir occuper une, et pour vous dire du fond de mon cœur à quel point je vous estime et je vous aime ?
Il me sera impossible d’aller à Lyon ce carême ; je suis entouré d’ouvriers. Ma petite colonie de Ferney demande tous mes soins, et ma misérable santé ne me permet plus les voyages.
Adieu, monsieur ; conservez-moi une amitié dont je sens bien vivement tout le prix.
V. »
1 Voltaire se trompe, Buttafuoco a eu une correspondance avec JJ Rousseau : https://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_et_correspondance_in%C3%A9dites/IIb
11:20 | Lien permanent | Commentaires (0)

