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20/01/2020

Je le prie notamment de se joindre à moi pour effacer jusqu'aux dernières traces de cette indigne calomnie qui nous outrage tous deux également

... Cette prière peut être celle de Bocuse à Marc Veyrat, triples étoilés rétrogradés par un guide Bibendum en mal de publicité . Une, deux ou trois étoiles, peu importe au fond, quand la cuisine est bonne, elle est bonne, on le dit , on le fait savoir avec ou sans guide . Gourmands de tous pays, à table !

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« A Marc-Michel Rey

Marchand libraire

Amsterdam

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève 24 novembre 1764

Je viens d'apprendre par la chambre syndicale de Paris qu'on s'est servi du nom de Marc-Michel Rey libraire d'Amsterdam 1 pour envoyer un volume in-octavo intitulé Collection complète etc. ouvrages philosophiques de M. de Voltaire 2. On y trouve

Le Testament de Jean Meslier

Le Sermon des cinquante

Le Catéchisme de l'honnête homme

L’Examen de la religion

etc.

La plupart de ces pièces connues depuis plus de vingt années sont un tissu des plus horribles blasphèmes qu'on ait jamais vomis contre la religion chrétienne . Il n'y a point d’homme de lettres à Paris qui ne connaisse le Testament de Jean Meslier, curé d'Étrepigny près de Rocroy en Champagne . Il mourut je crois en 1733 et il laissa trois exemplaires manuscrits de ce malheureux testament par lequel il désavouait la religion dont il avait été le ministre .

Le Sermon des cinquante est un libelle non moins exécrable qui a toujours passé pour être de La Mettrie et qui même a été deux fois imprimé sous son nom .

L’Examen de la religion attribué mal à propos à Saint-Evremond ne peut pas être plus de lui que de moi . C'est un mauvais ouvrage mal écrit, qui a été d'abord imprimé à Hambourg . Je ne connais point le catéchisme mais je sais que les auteurs et les imprimeurs de tous ces ouvrages affreux seraient condamnés au dernier supplice dans tous les tribunaux de l'Europe .

Monsieur Marc-Michel Rey est intéressé plus que personne à faire cesser l'abus criminel qu'on fait de son nom et du mien, et à employer l'autorité des magistrats qui doivent réprimer une licence si infâme . Je le prie notamment de se joindre à moi pour effacer jusqu'aux dernières traces de cette indigne calomnie qui nous outrage tous deux également .

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

1 En réalité le livre ne porte pas la marque de Rey ; mais le fait n'a pas de signification particulière, ni dans un sens ni dans l'autre . Voir J. Vercruysse : « Voltaire et Marc-Michel Rey », 1967 .

2 Ces trois mots sont ajoutés au-dessus de la ligne dans le manuscrit .

19/01/2020

Quel remède à tout cela, s’il vous plaît ? je n’y vois que celui de la patience ; autrefois je m’en fâchais, j’ai pris le parti d’en rire

... Mais je dois avouer que j'en ris jaune quand je vois avec quel aveuglement tant de travailleurs suivent des dirigeants syndicaux obtus et malfaisants .

Vive la France et les patates frites !

 

 

« A François-Louis-Claude Marin

24 novembre 1764 1

Si jamais, monsieur, quelque homme de lettres vient vous dire que son métier n’est pas le plus ridicule, le plus dangereux, le plus misérable des métiers, ayez la bonté de m’envoyer ce pauvre homme. Il y a tantôt cinquante ans que je puis rendre bon témoignage de ce que vaut la profession. Un de ses revenants-bons est que chaque année on m’a imputé quelque ouvrage ou bien impertinent ou bien scandaleux. Je suis dans le cas du célèbre M. Arnoult et de l’illustre M. Lelièvre, deux braves apothicaires, dont on contrefait tous les jours les cachets et le baume de vie. On débite continuellement sous mon nom de plus mauvaises drogues. On a fabriqué une Histoire de la guerre de 1741, avec mon nom à la tête 2. Je ne sais quel fripier 3 prétend avoir trouvé mon portefeuille ; il a donné hardiment un recueil de vers tirés du Mercure, et cela est intitulé mon portefeuille retrouvé.4

M. Robinet, que je n’ai pas l’honneur de connaître,  a fait imprimer mes lettres secrètes, qui, si elles sont secrètes, ne devaient pas être publiques ; et M. Robinet 5 ne fera pas assurément fortune avec mes prétendus secrets.

En voici un autre qui donne mes œuvres philosophiques 6 ; et ces œuvres sont d’abominables rogatons imputé autrefois à La Mettrie, et indignes même de lui.

Quel remède à tout cela, s’il vous plaît ? je n’y vois que celui de la patience ; autrefois je m’en fâchais, j’ai pris le parti d’en rire. Je ne puis imiter les charlatans, qui avertissent le public de se donner de garde de ceux qui contrefont leur élixir. Il faut subir cette destinée attachée à la littérature. Il est très inutile de se plaindre au public, qui n’a jamais plaint personne, et qui ne songe qu’à s’amuser de tout.

Il faut qu’un homme de lettres se prépare à passer sa vie entre la calomnie et les sifflets. Si vous vous plaignez à votre ami d’un libelle fait contre vous, il vous demande vite où on le vend . Si vous êtes affligé 7 qu’on vous impute un mauvais ouvrage, il ne vous répond pas, et il court à l’Opéra-Comique . Si vous lui dites qu’on n’a pas rendu justice à vos derniers vers, il vous rit au nez : ainsi le mieux est toujours de rire aussi.

Je ne sais si votre Duchesne s’appelle André ou Guy, mais, soit Guy, soit André, il a impitoyablement massacré mes tragédies . Il les a imprimées comme je les ai faites, avec des fautes innombrables de sa part, comme moi de la mienne. De toutes les républiques, celle des lettres est sans contredit la plus ridicule. »

1 Minute corrigée par V* . V* a porté en tête du manuscrit « Lettre à M. Marin 24 novembre 1764 » et « concernant les infamies de La Haye ».

2En 1756 .

3Ce mot est ajouté sur le manuscrit d'une autre écriture .

4 Sur Le Porte-feuille trouvé, voir lettre du 24 février 1757 à Pierre Rousseau : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/06/calvin-etait-un-tres-mechant-homme-altier-dur-vindicatif-et.html

5 V* a ajouté le nom au dessus de la ligne .

6 L’Évangile de la raison. Ouvrage posthume de M. D. M...y [s.I.,1764] qui fut publié avec des titres ou faux titres tels que : Collection complète des œuvres de M. de Voltaire et ouvrages philosophiques pour servir de preuves à la religion de l'auteur . L'ouvrage contient quatre œuvres de V* : Saül et David, avec une pagination séparée, le Testament de Jean Meslier, le Catéchisme de l'honnête homme et le Sermon des cinquante, suivies par L’Examen de la religion ( voir lettre du 30 décembre 1761 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/29/les-francais-commencent-a-se-former-5892505.html ) .

On peut penser avec Bengesco que V* lui-même était responsable de cette publication . La première référence externe qu'on en trouve est fournie par les Mémoires secrets du 12 novembre 1764, mais la lettre du 6 décembre 1763 à Damilaville ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/30/quand-on-peut-servir-son-prochain-sans-risque-on-est-coupable-devant-dieu-d.html ) est déjà remplie d'allusions la concernant ( à Du Marsais notamment ) : ce qui renvoie à décembre 1763 . Voir encore la lettre du 25 décembre 1764 à Pierre Rousseau : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1764-partie-41.html

7 vous lui dites corrigé par V* sur le manuscrit en vous êtes affligé .

18/01/2020

Je ne crois pas qu’on ait jamais débité une morale plus pernicieuse, ni proposé de plus extravagants systèmes

... C'est, aussi à propos de cinglés qui sont à la tête d'Etats, un résumé de ce que je pense d'Ali Khamenei qui mèle Dieu à toutes les sauces pour se rendre intéressant, "guide suprême" de ses fesses ( et encore , débile comme il est, il peut être incontinent ) .

De même , je trouve supérieurement ridicule les sénateurs U.S. qui jurent sur la bible d'être des juges impartiaux , sur la bible ! recueil d'histoires à dormir dehors avec un billet de logement , comme disaient mes grands-pères ! alors qu'au fond in god $ they trust, et rien d'autre .

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J'ai du mal à le mettre du genre humain .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23è novembre 1764

Les hommes seraient trop heureux, mon cher frère, s'ils n'avaient à combattre que des erreurs semblables à celle qui impute au cardinal de Richelieu un très ennuyeux, et très détestable testament . Je ne crois pas qu’on ait jamais débité une morale plus pernicieuse, ni proposé de plus extravagants systèmes . J'ignore encore si M. Marin a fait imprimer ma petite réponse que je crois polie et honnête . Si quelque considération particulière, dont je ne puis avoir connaissance, l'empêchait de faire sur cela ce qu'il m'a promis, je vous serais en ce cas très obligé de la donner à Merlin , et je crois que M. Marin y donnerait volontiers son aveu ; on ne pourrait lui reprocher d'être l'éditeur ; il n'aurait fait que ce que sa place exige de lui . Il me semble nécessaire que l'ouvrage paraisse . Je suis dans le cas d'une légitime défense ; il ne serait pas bien à moi d'abandonner sur la fin de ma vie une opinion que j'ai soutenue pendant trente années . Je vous jure que je me rétracterais publiquement si on me donnait de bonnes raisons ; mais il me semble qu'on en est bien loin .

Je compte vous envoyer incessamment un petit ouvrage sur cette matière, composée par un de mes amis ; j'espère que vous le trouverez assez sage .

Je suis bien sûr que ni vous, ni moi, nous ne nous rétracterons jamais au sujet d'écr l'inf. »

17/01/2020

Il faut que vous ajoutiez une bonté nouvelle à toutes celles que vous me témoignez

... Ainsi pourrait tweeter mister Trump Donald aux membres du sénat, fort peu touché par leur "mascarade"[sic] : https://fr.euronews.com/2020/01/16/trump-parie-sur-un-acq... 

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« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles, Assesseur

ballival

à Lausanne

23è novembre 1764

Mon cher philosophe , je serais bien tenté de venir chez vous avec mon bâton d'aveugle ou avec mon chien . Vous n'auriez pas dans votre maison un philosophe cynique, ennemi des hommes . Mais malheureusement il faudra que j'attende que ma fluxion soit passée, peut-être durera-t-elle tout l'hiver, et alors il faudra attendre le printemps . Je suis pénétré de vos offres charmantes . Il faut que vous ajoutiez une bonté nouvelle à toutes celles que vous me témoignez ; que cela soit entre nous deux seuls, je vous en prie .

Il s'agit de savoir s'il y a quelqu'un à Lausanne qui ait un peu de crédit sur l'esprit de M. le prince de Virtemberg, et qui peut seconder la noblesse de ses sentiments en le portant à faire une action digne de lui, action juste et honnête, et qui n'exige de sa part qu'un seul mot qui ne peut le compromettre . Mille respects à madame la philosophe .

V. »

16/01/2020

Le scélérat ajoutait que les dogmes avaient amené la discorde sur la terre, et que la morale amenait la paix . Je vous avoue que j'eus peine à me contenir en entendant ces blasphèmes. Un homme aussi intolérant que moi ne souffre pas une telle hardiesse

... J'adore l'humour de M. de Voltaire .

 

 

« A Élie Bertrand

Premier pasteur de l’Église

française, membre de plusieurs académies

à Berne

21è novembre 1764 à Ferney

Mon cher philosophe, vous êtes un homme charmant, un bon ami, un philosophe véritable . L’article dont vous me parlez était d'un fripon, d'un délateur, et non pas d'un nouvelliste . Depuis quand est-il permis d’accuser les particuliers, de son autorité privée, dans les papiers publics ? Un tel abus est punissable .

Je n'ai nul commerce avec les auteurs de l'ouvrage dont vous me parlez, mais quels qu'ils soient, ils seront pénétrés pour vous de reconnaissance . Présentez mes respects je vous en prie , à MM. les comtes de Mnized 1.

J'ai l’honneur de faire réponse à monsieur le banneret 2, qui a eu la bonté de m'écrire .

Il vint dîner hier un damné avec moi, qui me soutint que la morale était une chose divine, et que la Somme de Saint Thomas était ridicule . Le scélérat ajoutait que les dogmes avaient amené la discorde sur la terre, et que la morale amenait la paix . Je vous avoue que j'eus peine à me contenir en entendant ces blasphèmes . Je n'aurais pas manqué de le déférer au consistoire de Genève, si j'avais été dans le territoire immense de cette fameuse république . Un homme aussi intolérant que moi ne souffre pas une telle hardiesse, qui serait capable, à la fin, de porter les hommes à se pardonner les uns les autres leurs sottises . Ce serait porter l'abomination de la désolation 3 dans le lieu saint . Je crains bien,monsieur, que dans le fond vous ne soyez entiché de cette horrible doctrine ; en ce cas, je romprai avec vous tout net ; cependant je vous aime de tout mon cœur .

V. »

1 Ce mot fortement biffé sur l'original a été restitué grâce à la lettre du 28 août 1764 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/10/22/reduit-helas-a-vivre-en-sage-ne-l-ayant-pas-ete-toujours-6184841.html

2 Sans doute Freudenreich, mais la lettre ne nous est pas parvenue .

3 Expression qui vient de Daniel, IX, 27 : https://www.aelf.org/bible/Dn/9

15/01/2020

Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois

... Ceci peut-il rassurer et consoler notre Stéphane Bern national , effondré par la "trahison" d'Harry envers sa grand'ma Lizbeth the II ?

 

 

« A Sébastien Dupont , Avocat au Conseil

souverain d'Alsace, etc.

à Colmar 1

Vous voilà , mon cher ami, du conseil de M. le duc de Virtemberg mais songez que vous êtes aussi à la tête du mien . Soyez arbitre entre lui et moi, entre la grandeur et l'amitié .

Il me semble que quelques publicistes allemands prétendent que toute les terres dépendantes du comté de Montbéliard sont substituées à perpétuité par des pactes de famille . Si cela était, comme je le présume, ma famille risquerait beaucoup ; ma nièce surtout, aurait à se plaindre, et il se trouverait que je l'aurais dépouillée de mon bien en voulant le lui assurer . Je sais que M. le duc de Virtemberg s’oblige pour lui et pour ses hoirs, mais ces hoirs pourront fort bien ne se point croire obligés . M. le prince Louis-Eugène de Virtemberg, frère du duc régnant, semble même refuser de s'engager par une simple parole d'honnêteté et de générosité qu'on lui demandait . Peut-être avec le temps pourrait-on obtenir de lui cette démarche que l'âme noble d'un prince ne doit pas refuser . Mais enfin nous n'avons fait jusqu'ici auprès de lui que de vains efforts .

Vous sentez bien, mon cher ami, que ce n'est pas mon intérêt qui me guide . Je tombe dans une décrépitude infirme, et le duc régnant me survivra sans doute, mais Mme Denis peut lui survivre, et vous savez que j'étais prêt de passer un autre contrat avec lui, en faveur de mon autre nièce et de mes neveux . La difficulté qui se présente arrête la conclusion de cette affaire, et fait trembler pour les précédentes .

Vous êtes à portée de savoir si en effet le duc régnant a pu stipuler pour ses hoirs, si les domaines de Franche-Comté et d'Alsace répondent de la dette, et quelles mesures on pourrait prendre pour nous donner toutes les sûretés nécessaires . J'avoue que je n'avais jamais douté que M. le prince Louis qui m'a honoré de ses bontés depuis son enfance, et qui est aujourd'hui mon voisin, pût faire la moindre difficulté d'acquitter un jour une dette si légitime, en cas qu'on eût le malheur de perdre son frère aîné . Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois que de la volonté des hommes .

Je m'en remets à vous, mon cher ami ; je vous prie de conduire ce pauvre aveugle, qui l'est surtout en affaires, et qui vous aime de tout son cœur .

V.

 

20è novembre 1764 à Ferney.

N.B. – Je présume que les terres du duc de Virtemberg qui sont en France, sont régies selon les lois de la France, et il me semble que nos lois ne permettent plus les substituions perpétuelles, excepté sur les duchés-pairies, mais j'ai cherché en vain ces règlements dans les conférences de Bornier 2. Il est rare de trouver dans les livres ce qu'on y cherche . Je vous supplie de conférer de tout cela avec M. de Bruge, qui doit être depuis longtemps au fait des affaires de la maison de Virtemberg. »

1 Le manuscrit original porte le cachet « Strasb[ourg] » ; Dupont a porté sur le manuscrit « répondu le 1er décembre 1764 » et « Struve Corp[us] juris public [academicum, Jena, 1734] p. X, 196. Alsatia illustrata t. 2, P. 78 ordonn[ance] d'Orléans oct [obre] 17] 59 la Novelle 159 »

2 Philippe Bornier , Conférences des nouvelles ordonnances de Louis XIV […] avec celles des rois prédécesseurs de sa Majesté, 1681 .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9607069f.texteImage

14/01/2020

on fourre dans l'inventaire bien des choses qui ne m'appartiennent pas 

... Telle est le constat de Harry , --qui semblerait bien avoir été contaminé par nos grèvistes en stoppant ses fonctions princières ,--  comptant les millions qui lui restent .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20è novembre 1764

Vous êtes les anges des Corneille, comme vous êtes les miens ; ainsi je compte que Mme Dupuits n'est pas trop téméraire en suppliant monsieur d'Argental de vouloir bien faire rendre le paquet ci-joint à M. Corneille . Le marquis est bien arrivé , et il a bien promis d'envoyer les feuilles qu'on demande ; et je ne doute pas que le prince et le marquis 1 n'ordonnent à leurs principaux officiers de faire les recherches nécessaires dans leur chancellerie , moyennant quoi l'héritier du nom de Corneille peut se flatter de recevoir dans quelques mois un paquet scellé du grand sceau .

Mes anges m'avaient tenu le cas secret sur les Lettres secrètes ; je ne les ai point lues . C'est un nommé Robinet, qui est allé exprès à Amsterdam . Je ne crois pas que son entreprise lui paye son voyage . Il prétend aussi faire imprimer ma correspondance avec le roi de Prusse ; en ce cas, il publiera de bien mauvais vers . Vous croyez bien que j'entends les miens car ceux d'un roi sont toujours bons .

Il me paraît que je ressemble assez à un homme dont le bien est à l'encan ; on vend tous mes effets comme si j'étais décédé insolvable , et on fourre dans l'inventaire bien des choses qui ne m'appartiennent pas ; mais comme je suis mort ce n'est pas la peine de me plaindre .

Dieu bénisse les vivants et qu'il accorde à mes anges la vie sempiternelle le plus tard qu'il pourra . »

1 A savoir Gabriel et Philibert Cramer !