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19/04/2020

très philosophe et très aimable, et point du tout prêtre

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

30 Janvier 1765.

Mon divin ange, vous êtes donc aussi l’ange gardien de M. de Moultou ; je parle du fils, car, pour le père, je crois que sa vessie lui jouera bientôt un mauvais tour, et qu’il comparaîtra devant les anges de là-haut. Le fils a le malheur d’être ministre du saint Évangile dans le tripot de Genève ; c’est son seul défaut. Madame la duchesse d’Anville doit certifier à M. le duc de Praslin que mon petit Moultou est très philosophe et très aimable, et point du tout prêtre. Il compte même, en partant de Genève, remercier les pédants ses confrères, et renoncer au plus sot de[s] ministères.

Il craint toujours, et à mon avis très mal à propos, qu’on ne lui fasse des chicanes en Languedoc pour avoir prêché la doctrine de Calvin sur les bords du lac Léman. Il supplie très humblement M. le duc de Praslin de vouloir bien mettre dans le passe-port :

 Pour le sieur Moultou et son fils, bourgeois de Genève, avec sa femme et ses enfants.

Permettez qu’aujourd’hui je ne vous parle que des Moultou, et que je réserve les Roués pour une autre occasion. Vous me feriez grand plaisir de me dire si madame d’Argental ne tousse plus. Voulez-vous bien faire agréer à M. le duc de Praslin mes tendres et profonds respects ?

V.»

Je ne me suis regardé dans le passage de cette vie que comme un voyageur à qui rien n'appartient du cabaret où il a logé

...

 

« A Paul-Claude Moultou

29 [janvier 1765] au soir

J'écris précisément suivant vos désirs 1, mon cher philosophe, qui l’êtes, qui le serez, et qui ne serez plus prédicant . Je demande un passeport pour monsieur de Moultou, pour monsieur son fils, bourgeois de Genève ci-devant ministre de l’Église prétendue réformée, madame sa femme et ses enfants . Ce mot de ministre je l'avoue, me fait toujours un peu de peine . Mais enfin nous avons les promesses de M. de Praslin .

Je vous ai dit que j’habite encore à Ferney . Cela veut dire seulement que je suis encore en vie . Non seulement je ne veux point vendre Ferney, mais je ne puis le vendre . Il appartient à ma nièce . J'ai tout donné . Vous m’écrivez toujours au seigneur de Ferney . Je n'ai pas cet honneur . Je n'ai pour tout bien en propre qu'un parchemin par lequel le roi m'a conservé la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre et un brevet de pension qu'on ne me paie point . Tous mes fonds sont assurés à mes parents ; et quand je rendrai mon être aux quatre éléments, les partages se trouveront tous faits . Je ne me suis regardé dans le passage de cette vie que comme un voyageur à qui rien n'appartient du cabaret où il a logé . J'aurais voulu seulement que Jean-Jacques du fond de son cabaret ne m'eût pas fait des tracasseries dans celui de Genève . Sa conduite n'est pas d'un philosophe . Il a voulu, bien en vain , paraître ce que vous êtes .

Je vous embrasse de tout mon cœur . 

V.»

1 Voir lettre du 30 janvier 1765 à d'Argental :

18/04/2020

On ne sait plus, monsieur, comment la vérité est faite

... Wuhan, Covid-19 création frankensteinienne ? that is the question !

Qui sait quoi savoir : https://news.google.com/stories/CAAqOQgKIjNDQklTSURvSmMzU...

Les 1038 meilleures images de le chat de Philippe Geluck ...

 

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et subdélégué

à Gex

29 [janvier 1765] au soir

On ne sait plus, monsieur, comment la vérité est faite. Claude Durand, assez gros laboureur de Ferney, prétend avoir vu passer aujourd’hui, à cinq heures du matin, quatre-vingts contrebandiers, dont l’un lui a demandé le chemin du mandement. Ce ne serait pas la première fois qu’ils auraient passé par Ferney. On prétend  que cette troupe est conduite par la sœur de Mandrin. Si cela est, il paraît qu’il faudrait avoir un bataillon à Gex. Pourriez-vous avoir la bonté de venir dîner à Ferney et me donner vos ordres ?

Volt.

Votre très humble et très obéissant serviteur . »

les employés ont été reconnaître le lieu, ont couru de tout côté, et n’ont point reconnu de piste

... Suivons Christophe Ayad , à Paris

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/17/coronav...

... et le Charles de Gaulle et le système D maritime : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/18/coronavirus-le-recit-de-la-contamination-du-porte-avions-charles-de-gaulle_6036992_3210.html

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

29è janvier [1765]

M. de Voltaire a l’honneur d’informer M. Fabry, qu’hier à quatre heures du soir, il passa un homme habillé de gris, assez grand, marqué de petite-vérole, portant un chapeau uni, allant à Genève sur un cheval gris. Cela ressemble fort à M. Matthieu. Il s’est informé sur la route à qui appartenaient les maisons qu’il voyait. M. de Voltaire n’a eu connaissance de cet homme que ce matin ; il a écrit en conséquence au syndic de la garde de Genève. Il assure M. Fabry de ses très humbles obéissances.

C’est à l’homme qui apporta hier la lettre de monsieur Fabry que le susdit parla.

N.B. – On apprend dans le moment, par la déposition de deux personnes, qu’on a vu passer ce matin vers les trois heures une troupe de contrebandiers à cheval, avec une femme. Ils allaient par Collex, Ferney au Mandement 1.

Cependant les employés ont été reconnaître le lieu, ont couru de tout côté, et n’ont point reconnu de piste. »

1 Le mandement de Peney, en territoire genevois, sur la rive droite du Rhône, en aval de la ville ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Mandement_(canton_de_Gen%C3...)

17/04/2020

On est brave à la guerre par vanité,... mais on n’a point de vanité avec la fièvre double tierce.

... Disparue la bravitude de Ségolène .

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

au château de Dirac

près d'Angoulême

29è janvier 1765 à Ferney

Je ne suis point étonné, mon cher et aimable philosophe militaire, qu’un brave homme devienne poltron quand il est superstitieux et ignorant. On est brave à la guerre par vanité, parce qu’on ne veut pas essuyer de ses camarades le reproche d’avoir baissé sa tête devant une batterie de canons ; mais on n’a point de vanité avec la fièvre double tierce. On s’abandonne alors à toute sa misère, on laisse paraître des frayeurs dont on ne rougit point, et un prêtre insolent fait plus de peur qu’une compagnie de cuirassiers.

Nous recevons dans le moment votre pâté. Le pâtissier aura beaucoup d’honneur, si ses perdrix sont arrivées sans barbe par le temps pourri que nous essuyons depuis un mois . Nous en serons instruits dans quelques heures, et je vous en dirai des nouvelles à la fin de ma lettre...

Mon cher philosophe guerrier, n’envoyez plus de pâtés . Il y a trop loin d’Angoulême à Ferney. »

 

16/04/2020

c'est le style d'un laquais, l'esprit d'un fou, et l'âme d'un coquin

... Donald Trump, Voltaire a trouvé justement les qualificatifs vous concernant . Comment ose-t-on dénigrer un si grand président, sauveur de "milliers et milliers" d'américains ? cet homme n'est-il pas  un saint, clairvoyant et tout puissant, digne du Nobel de la paix pour le moins ? n'hésitez pas à me dire si je me trompe .

https://www.youtube.com/watch?v=_4DJ3wc_nLc

 

 

« A Henri Rieu

à Genève

28è janvier 1765

Mon très cher corsaire, j'ai vu ce Vergy ; c'est le style d'un laquais, l'esprit d'un fou, et l'âme d'un coquin . Voilà de plaisants secrétaires d'ambassade .

Mes petits arrangements de finances m'obligent à me défaire des Délices . Si cette campagne avait été plus voisine de la vôtre, je n'y aurais jamais renoncé . M. Vieusseux 1 ne me reprochera plus d'avoir des possessions chez des hérétiques ; je me contenterai de Ferney et de Tournay pour le bien de mon âme et celui de ma bourse .

Je suis bien fâché, à propos d'âme , de ne pouvoir avoir ces Évangiles que vous connaissez . Tout Ferney vous embrasse tant qu'il peut . »

15/04/2020

Si cependant on prévoyait quelque obstacle, vous n'aurez qu'à m'envoyer une nouvelle note pour le ministre

... M. Blanquer , d'ici le 11 mai, on n'a pas fini d'avoir ordres et contre-ordres .

Et puis quelle est cette idée détestable de confiner nos anciens ad vitam eternam, eux qui, au contraire d'être les plus fragiles, prouvent, selon moi, qu'ils sont les plus résistants puisqu'ils sont ceux qui ont survécu au plus grand nombre de désagréments . Me trompè-je ? Et à partir de quel âge est-on le plus débile ?

Remettre en liberté d'abord les plus indisciplinés de nos concitoyens , les gamins, sous la houlette de profs dépassés et angoissés , est-ce bien raisonnable et logique ?

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

Il faut, monsieur, que le passeport ait été signé avant qu'on eût reçu les deux semonces que j'ai faites selon vos désirs, car voici ce qu'on me mande du 24 janvier . On vous a envoyé votre passeport pour le vieux malade . M. le duc de Praslin ne ferait pas plus de difficulté d'en accorder un à son prêtre de fils, mais il prétend que celui du père servira . Si cependant on prévoyait quelque obstacle, vous n'aurez qu'à m'envoyer une nouvelle note pour le ministre du saint évangile, et vous serez expédié à la réception de votre lettre .

Ainsi, mon cher philosophe, toutes vos terreurs paniques seront dissipées . Je suppose que Mme la duchesse d'Anville ayant reçu votre lettre, a déjà agi en conséquence . Si elle ne l'avait pas fait vous savez que je suis à vos ordres , j'écrirai sur-le-champ , de la manière que vous me prescrirez . Monsieur votre père n'est-il pas citoyen ou bourgeois de Genève ? Citoyen ou bourgeois n'est-ce pas la même chose en France ? Vous ne voulez pas probablement qu'on mettre le titre de Français réfugié sur le passeport ? Encore une fois, si Mme la duchesse d'Anville n’était point à Paris, ayez la bonté de m'envoyer le modèle précis suivant lequel ce passeport doit être conçu, et vous serez servi avec la plus grande exactitude .

Il est vrai, mon cher philosophe, que je rends les Délices , l'état de mes affaires ne me permet pas de les garder . J'ai essuyé quelque petite tribulation dans la fortune, et il ne m'appartient pas d'avoir autant de maisons que le soleil . Quand aurai-je donc le plaisir de vous revoir dans celle que j’habite encore ? Je vous embrasse très tendrement et très philosophiquement .

V.

28è janvier [1765] au soir . »