04/10/2019
il retravaille son ouvrage, il y jette un plus grand intérêt, il ajoute, il retranche, il refait et vous aurez l'ouvrage dès qu'il y aura mis la dernière main
... Travail de ministre ? On peut l'espérer . Face à chaque gouvernant se dresse un syndicaliste , un gilet jaune , un lobbyiste, un politicien d'opposition ou un vulgum pecus chagrin, d'où l'ampleur de la tâche . Alors verrons-nous de notre vivant l'aboutissement de réformes absolument nécessaires ? ou les aurons-nous le jour où pleuvront les alouettes rôties et les billets de cent ?
« A Henri-Louis Lekain
6 auguste 1764
Le petit ex-jésuite, mon cher ami, ne s'est point découragé, il retravaille son ouvrage, il y jette un plus grand intérêt, il ajoute, il retranche, il refait et vous aurez l'ouvrage dès qu'il y aura mis la dernière main . Il m’a chargé de vous prier instamment de remettre le manuscrit à certains adorables anges qui veulent bien avoir la bonté de le renvoyer au pauvre défroqué . Il m'assure par ses lettres qu'il vous est très dévoué, et qu'il n’aspire qu'à vous donner des preuves de son amitié . Ne comptez pas moins sur la mienne, vous savez combien j'aime vos talents et votre personne . »
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03/10/2019
ayant renoncé à tout, n'ayant rien à demander, je n'écoute que mon cœur
...
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
6è auguste 1764 à Ferney
Vous êtes plus jeune que moi, madame, puisque vous faites des voyages, et moi si j'en faisais ce ne serait que pour venir vous voir . Vous avez de la santé, et vous la méritez par une sobriété constante, et par une vie uniforme . Je ne suis pas si sage que vous, aussi j'en suis bien puni . Je regrette comme vous, Mme de Pompadour, et je suis bien sûr qu’elle ne sera jamais remplacée . Elle aimait à rendre service et était en état d'en rendre ; mais mon intérêt n'entre pour rien dans les regrets que je donne à sa perte ; ayant renoncé à tout, n'ayant rien à demander, je n'écoute que mon cœur, et je pleure votre amie sans aucun retour sur moi-même .
Si vous êtes à Colmar, madame, je vous prie de faire souvenir de moi M. le premier président votre frère . Je serai peut-être obligé, malgré ma mauvaise santé et ma faiblesse , de faire un tour dans votre Alsace pour quelques arrangements que j'ai à prendre avec M. le duc du Virtemberg ; mais alors il ne sera que le prétexte et vous serez la véritable raison de mon voyage . Vous ne sauriez croire quel plaisir j'aurais à m'entretenir avec vous . Nous parlerions du moins du passé pour nous consoler du présent . C'est la ressource des anciens amis . Regardons l'avenir en philosophes, jouissons avec tranquillité du peu de temps qui nous reste . Puissé-je venir philosopher avec tous au Jar, je ne vous y dirais jamais assez combien je vous suis attaché ; je croirais renaître en vous faisant ma cour . Je maudis mille fois l’éloignement des Alpes au Rhin . Adieu, madame, portez-vous bien et conservez-moi des bontés qui font la consolation de ma vie .
V. »
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02/10/2019
Par quelle fatalité craint-on toujours la raison dans votre pays ?
... NOTRE pays ! Descartes est bien mort et enterré .
On ferme des écoles pour protéger les poumons de nos petites têtes bondes (black-blanc-beur) comme si l'air enfumé de Rouen-Lubrizol et alentours était moins nocif à la maison . Chers professeurs qui usez et abusez de votre droit de réserve, vous êtes bien de stupides râleurs qui ne manquez aucune occasion de mettre les parents (qui eux, travaillent ! ) dans la gêne pour organiser au pied levé la garde des enfants à la maison . De tous ceux qui se plaignent du risque pour leur santé, combien sont fumeurs, adeptes du barbecue, diéselistes, coincés des heures dans les bouchons ? Le nuage rouennais est un beau prétexte pour jouer aux victimes et bien entendu demander réparation financière, je le parie , et à l'heure où j'écris les avocats peuvent se frotter les mains, les affaires reprennent .
« A Etienne-Noël Damilaville
6è auguste 1764
Ce que j'ai, je crois , de meilleur à faire, mon cher frère, c'est de vous envoyer l'original de la lettre de Panckoucke . Vous verrez qu'on ne l'a point falsifiée, et qu'on en a simplement retranché des choses fort inutiles . Vous serez à portée de convaincre les incrédules, pièces en main.
On en est en Hollande à la troisième édition de la Tolérance . Cela prouve qu'on est plus raisonnable en Hollande qu'à Paris . Par quelle fatalité craint-on toujours la raison dans votre pays ? Est-ce parce que les Welches ne sont pas faits pour elle ? ou est-ce parce qu'ils la saisiraient avec trop d’empressement ? Que nos frères de Paris se consolent au moins par les progrès que fait la vérité dans les pays étrangers , ils sont prodigieux . Presque tous les Juifs portuguais répandus en Hollande et en Angleterre sont convertis à la raison . C'est un grand pas, comme vous savez, mon cher frère, vers le christianisme ; pourquoi donc tant craindre la raison chez les Welches ? Ô pauvres Welches ! Ne serez-vous célèbres en Europe que par l'opéra-comique ?
Mon cher frère aura dans quinze jours un petit paquet qu'un Genevois venu d'Angleterre lui apportera . Je suis bien malade ; mais je combats jusqu'au dernier moment pour la bonne cause .
Écr l'inf. »
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01/10/2019
Mais qui promet de se corriger, ne tient jamais sa parole en aucun genre
... Sarkozy en est un des plus parfaits exemples . Il s'est gavé . Qu'il paye maintenant .
« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
6è auguste [1764]1
Madame ange,
Puisque votre belle main écrit, je me flatte que vos jambes vont mieux ; et c'est là une de mes consolations . Quand il fait bien beau , j'écris aussi ; mes fluxions sur les yeux me laissent alors quelque relâche , et je redeviens aveugle au temps des neiges . C'est du moins la variété, et il en faut un peu dans la vie . J'aime déjà votre ambassadeur vénitien de tout mon cœur 2. Je le supplierais d'accepter ma maison des Délices où il pourrait vivre comme le signore Poco-Curante 3, et rétablir sa santé à son aise, si MM. les ducs de Lorges et de Randan n'avaient prévenu votre ambassadeur ; ils amènent des acteurs, ils veulent jouer la comédie sur mon petit théâtre de Ferney . Vous devinez combien tout cela entraine d'embarras . Les plaisirs bruyants ne sont pas faits pour un vieillard malingre tel que j'ai l'honneur de l'être . J'aimerais bien mieux philosopher paisiblement avec M. Tiepolo . Je tâcherai de m'arranger pour le recevoir et pour lui plaire . Je suis plus languissant que lui ; et il me paraît que je lui conviens assez .
Je ne sais si c'est vous madame ou M. d'Argental qui a reçu un petit mémoire tiré d'Espagne 4, fort propre à figurer dans la Gazette littéraire . J'ai découvert un ancien Cid dont Corneille avait encore plus tiré que de celui de Guilhem de Castro, le seul qu'on connaisse en France . C'est une anecdote curieuse pour les amateurs . Je voudrais bien en déterrer quelquefois de pareilles, mais les correspondants que Cramer m’avait donnés, ne me fournissent rien . Je ne sais s'il vous a rendu ses devoirs à Paris . Il a bien mal fait de faire imprimer séparément les commentaires sur Corneille . il aurait été plus utile à la famille Corneille et aux Cramer d'augmenter le nombre des exemplaires pour les souscripteurs, et de supprimer sa petite édition . Tout cela d'ailleurs est plein de fautes d'impression qu'il avait promis de corriger . Mais qui promet de se corriger, ne tient jamais sa parole en aucun genre . Il n'y a que mon petit ex-jésuite qui songe sérieusement à se réformer . Il y travaille déjà, il m'a envoyé des situations nouvelles, des sentiments, des vers ; j'espère que vous n'en serez pas mécontente . Il dit qu'il veut absolument en venir à son honneur, et qu'une conspiration conduite par vous doit réussir tôt ou tard . J'ai été assez édifié de la constance de ce jeune défroqué, il ne s'est point dépité, il ne s'est point découragé, il a couru sur-le-champ au remède . Voici un petit mot qu'il vous supplie madame de faire remettre au grand acteur . Le petit jésuite supplie ses anges de lui renvoyer sa guenille . Vous en aurez bientôt une nouvelle . Il n'abandonne jamais ce qu'il a commencé . Il dit qu'il faut mourir à la peine ou réussir . C'est un opiniâtre personnage .
Voici bientôt le temps où nous allons établir la pension de Pierre Corneille . Ce sera M. Tronchin qui s'en chargera . Elle ne peut être en de meilleures mains. L'affaire sera plus prompte et plus nette . C'est un grand plaisir que M. Tronchin nous fait . La petite Corneille-Dupuits est à vos pieds et moi aussi . Ma nièce partage tous les sentiments qui m'attachent à vous pour ma vie . »
1 Date complétée par d'Argental.
2 Domenico Almorò Tiepolo est ambassadeur de Venise à Paris depuis juin 1760 ; son arrivée est annoncée par le registre du conseil le 8 août 1764 ; il mourra le 1er octobre cette même année . Voir page 56-59 : http://www.pur-editions.fr/couvertures/1459342616_doc.pdf
et : troisieme partie. — ohapitre vii. 175 de : https://archive.org/stream/memoriedicarlog01goldgoog/memoriedicarlog01goldgoog_djvu.txt
3 Rappel du seigneur Pococuranté, vénitien, au chapître XXV de Candide : https://fr.wikisource.org/wiki/Candide,_ou_l%E2%80%99Optimisme/Garnier_1877/Chapitre_25
4 Anecdotes sur le Cid : voir lettre du 21 juillet 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/09/09/je-vous-prie-d-obtenir-qu-on-ne-retranche-rien-du-petit-morc-6174767.html
et voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/articles-de-journaux-anecdotes-sur-le-cid.html
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30/09/2019
peut-être pas été informés des nouvelles aussi fausses qu'indécentes publiées dans quelques journaux
... et qui sont dignes du pilon, on peut par contre se fier aux suivantes : https://www.bfmtv.com/economie/epargne-retraite-factures-...
« A François-Louis Jeanmaire 1
Au château de Ferney par Genève
4è auguste 1764
Les ministres de Son altesse Sérénissime, monsieur, n'ont peut-être pas été informés des nouvelles aussi fausses qu'indécentes publiées dans quelques journaux . Ou peut-être ils méprisent trop ces sottises pour les faire réfuter . Monsieur Dupont, avocat au Conseil souverain d'Alsace, n'a point du tout été chargé d'agir auprès de vous pour ce que vous pouvez me devoir . Il n'a fait qu'un office d'ami, et de pure bonne volonté , ayant mes titres entre les mains depuis quelques années . Je lui écris combien je suis satisfait des paroles que vous voulez bien me donner .
J'ai tant de confiance dans les bontés de Son Altesse Sérénissime que je suis prêt (si cela convient à ses arrangements) de lui remettre la somme qui sera compétente, pour acquérir une nouvelle rente sur Horbourg et Riquewihr . Nous avons Mme Denis ma nièce et moi quelques fonds que nous vendrions aisément pour les donner à monseigneur le duc moyennant une rente viagère de dix pour cent sur nos deux têtes . J'ai bientôt soixante et onze ans, et ma nièce en a cinquante-six .
Vous pouvez monsieur faire parvenir cette proposition à monseigneur et à son Conseil . Si elle lui est agréable nous serons à ses ordres . C'est sur quoi nous attendons réponse .
J'ai l'honneur d'être monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
Vous pourriez envoyer ma lettre . »
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29/09/2019
je ne dois pas précipiter une démarche qui déplairait
... dit Emmanuel Macron à propos de la désignation du président de la SNCF : Patrick Jeantet ou Jean-Pierre Farandou ? Je parie à mille contre un que ni l'un ni l'autre ne sera capable d'éviter les grèves à répétition de nos trop chers cheminots experts en la matière . De ce fait Manu, tu peux tirer à pile ou face, à la courte paille ou aux dés, le résultat sera pareil , grogne des salariés, défaite des usagers .
L'après Pépy : https://www.challenges.fr/entreprise/transports/la-sncf-a-besoin-d-une-nouvelle-etape_676813
A toute vapeur !
« A Sébastien Dupont, Avocat
au Conseil souverain d'Alsace
à Colmar
Mon cher ami, tout malade que je suis, mon cœur est si pénétré de vos soins obligeants, que je suspends tous mes maux pour vous remercier . Je reçois dans le moment des nouvelles de Montbéliard qui m'obligent de tout suspendre . Je réclamerai vos bontés quand il faudra agir . Mais dans ce moment où rien n'est à craindre je ne dois pas précipiter une démarche qui déplairait . Je crois que vous entrez dans mes vues . Je me recommande toujours à votre amitié . Mme Denis vous fait les plus tendres compliments .
V.
4 auguste [1764] »
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28/09/2019
J'espère que vous la verrez et qu’elle vous amusera
... Des gouts et des couleurs .... https://www.20minutes.fr/insolite/2613683-20190927-video-...
Je vous ai à l'oeil . C'est à voir ? c'est tout vu ! L'oeil était dans le mug et regardait Cain (comme dit V. Hugo )
« A Cosimo Alessandro Collini
Son Altesse Électorale mon cher ami a la bonté de me faire écrire par M. Harold qu'il fera curé notre petit homme . Ainsi voilà un pasteur de notre façon 1. Je vous adresse ma réponse à M. Harold dans la quelle il y a une lettre de remerciement pour Mgr l’Électeur 2. J'y joins une petite brochure touchant maître Aliboron dit Fréron, que j'ai reçue de Paris . J'espère que vous la verrez et qu’elle vous amusera .
Je suis bien vieux et bien malade . Vale .
V.
4 auguste [1764] »
1 Phrase qui manque dans les éditions .
2 Ces trois lettres ne nous sont pas parvenues .
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