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20/01/2019

Ces sentiments sont d'autant plus vrais qu'il daigne m'en faire part dans une lettre qui n'est point une lettre d'affaires ; il parait que c'est son cœur qui parle

... Ce qui, par ailleurs n'empêche nullement d'avoir aussi une tête bien faite . Est-ce le cas monsieur le président ?

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Indissociables en fait

 

 

« A [Jacob Favre ?]1

15è janvier 1764 à Ferney

Monsieur,

Je croirais manquer à mon devoir, et à mon attachement pour vous et pour le Conseil, si je ne vous instruisais pas que j'ai reçu une lettre de la main de M. le duc de Choiseul 2, dans laquelle il veut bien me communiquer combien il a été content de M. de Crommelin, et à quel point il est satisfait des officiers du pays de Genève, qui sont excellents et qui servent le roi très bien 3. Ce sont ses propres paroles . Il s'exprime sur messieurs du Conseil de Genève en termes remplis de sensibilité et d'envie de leur plaire . Ces sentiments sont d'autant plus vrais qu'il daigne m'en faire part dans une lettre qui n'est point une lettre d'affaires ; il parait que c'est son cœur qui parle, et c'est ce qui m'autorise à vous prier, monsieur, d'en dire un mot au Conseil, déjà assez instruit des démarches de M. le duc de Choiseul .

Vous savez sans doute que M. le cardinal de Bernis a salué le roi à Versailles le 9 de ce mois .

Voulez-vous bien, monsieur, présenter mon respect à monsieur le premier syndic 4, et être persuadé de celui avec lequel j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

 

1L'édition Tronchin donne cette lettre comme adressée à François Tronchin . V* venait d'adresser une série de lettres sur ce sujet à Jacob Favre, premier syndic en 1763, et il semble donc logique de le désigner comme le destinataire de la présente .

2 Lettre qui n'est pas connue .

3 Le duc est colonel général du régiment suisse .

19/01/2019

Comment un conseiller au parlement peut-il prononcer la chimère de son impôt unique, tandis qu'un autre conseiller devenu contrôleur général est indispensablement obligé de conserver tant d'autres taxes ?

... 1764, 2019 : même combat ! comment faire tourner l'Etat sans impôts ? comment faire plus de social avec moins de revenus ? casse-tête éternel que certains ne comprennent pas et résolvent de manière boiteuse : comme toujours !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13è janvier 1764 1

Il faut se résigner,mon cher frère ; si les ennemis de la tolérance l'emportent, curavimus Babilonem, et non est sanata, derelinquamus eam 2 . Il n'y aura jamais qu'un petit nombre de philosophes et de justes sur la terre .

Je vous remercie de L'Antifinancier . L'ouvrage est violent et porte à faux d'un bout à l'autre . Comment un conseiller au parlement peut-il prononcer la chimère de son impôt unique, tandis qu'un autre conseiller devenu contrôleur général est indispensablement obligé de conserver tant d'autres taxes ?

De plus on confond trop souvent dans cet ouvrage, le parlement, cour supérieure à Paris, avec le parlement de la nation qui était les états généraux . Je vois que dans tous les livres nouveaux on parle au hasard . Dieu veuille qu'on ne se conduise pas de même !

Je suis bien aise d’amuser mes frères de quelques notes sur Corneille, en attendant qu’ils aient l'édition . Je voudrais que nos philosophes, les Diderot, les d'Alembert, les Marmontel, vissent ces remarques . Je pense qu'ils seront de mon avis, et j'en appelle au sentiment de mon cher frère .

Je le supplie de vouloir bien envoyer l’incluse à M. Mariette . Il verra par ladite incluse, combien les particuliers sont obligés de demander justice .

Je l'embrasse tendrement, et surtout écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suivant la copie de Darmstadt mêle une version abrégée de cette lettre avec celle du 18 janvier 1764 .

2 Nous avons soigné Babylone, et elle ne s'est pas guérie ; abandonnons-la ; Jérémie, LI, 9.

18/01/2019

On peut changer d'avis d'un jour à l'autre, et alors vous vous repentiriez bien de n'avoir pas accepté ce qu'on vous a offert

... Là, je pense aux Gilets jaunes qui viennent de remporter une victoire à la Pyrrhus et n'en sont pas encore conscients . Un peu d'attention, s'il-vous-plait !

 https://www.youtube.com/watch?v=eX12aq-oCx8

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Héron anglais après le Brexit ou Gilet jaune français , même couillonnade

 

 

 

« A Élie Bertrand, Premier pasteur de

l’Église française, membre de plusieurs

académies

à Berne

13è janvier 1764 , à Ferney

Je vous prie mon cher philosophe de relire la fable d’Ésope, ou de La Fontaine 1, dans laquelle on introduit un héron, qui refuse pour son dîner une carpe et une tanche, et qui se trouve trop heureux de manger un goujon . Il est si rare de trouver des acheteurs d'une marchandise de cabinet, que je vous conseille de saisir l'occasion qui se présente . Si cette occasion manquait, vous ne la retrouveriez plus . Saisissez-la, croyez-moi, connobi pur l'inique corte 2. On peut changer d'avis d'un jour à l'autre, et alors vous vous repentiriez bien de n'avoir pas accepté ce qu'on vous a offert . Songez qu'il y a des jésuites à Manheim .

Adieu, mon cher philosophe, ne m'oubliez pas auprès de M. et de Mme Defreüdenreich, et comptez que je suis à vous pour la vie .

V. »

1 La fable du Héron de La Fontaine, VII, 4, n'est pas inspirée d’Ésope, mais des Facétieuses nuits de Straparole, VIII, 1 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Nuits_fac%C3%A9tieuses

le silence est le juste châtiment des bavards

... Aussi, n'en dirai-je pas plus !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

[13 janvier 1764]

C'est donc aujourd’hui le 13 de janvier . C'est donc en vain que j'ai envoyé des mémoires, des contes, des livres, des vers, des actes . Je languis sans réponse depuis le 22 décembre . Je meurs, les anges m'ont tué par leur silence ; le silence est le juste châtiment des bavards . Je meurs, je suis mort 1. Un De profundis s'il vous plait à

V. »

17/01/2019

Vous voulez donc, monsieur, que les aveugles vous écrivent

... Car de tous ceux qui vont participer à la grande consultation nationale, il est une grande foule qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, rois/reines du selfy et nombrilistes fervents, autant dire pires que des aveugles .

Bon courage à ceux qui doivent éplucher et trier quelques bonnes idées perdues dans tant d'âneries égoïstes .

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Comme disait mon grand- père : "halte aux gueules d'empeigne "

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

Senatore di Bologna

à Bologna

13è janvier 1764 à Ferney 1

Vous voulez donc, monsieur, que les aveugles vous écrivent ; mais Tirésie, et le vieux bonhomme Tobie écrivaient-ils ? que pouvaient-ils mander, que pouvaient-ils dire ? Les pauvres diables étaient sûrement bien empêchés ; quand Tobie aurait écrit trois ou quatre fois à une sénateur de Babylone qu’une hirondelle lui avait chié dans les yeux, pensez-vous que le sénateur eût été bien réjoui des bavardages de Tobie ? Vous dirai-je que nous avons beaucoup de neige sur nos montagnes, que je me traîne avec un bâton au coin du feu, que je fais ce que je puis pour guérir mes yeux, et que je n'en peux venir à bout, que mon théâtre est fermé, qu'il faut que je m’accoutume à toutes les privations ? Dieu vous préserve de jamais tomber dans cet état ! Heureusement vous êtes encore jeune, vous avez l'occupation des affaires, et l'amusement des plaisirs ; voilà tout ce qu'il faut à l'homme .

Conservez longtemps tous vos avantages ; gouvernez Boulogne pendant l'hiver, et le théâtre pendant l'été ; jouissez de la vie, je supporte la mienne, et tant qu’elle durera je vous serai bien tendrement attaché .

V. »

1 V* répond à une lettre du 5 novembre 1763 dans laquelle Albergati Capacelli, après l'avoir remercié de son intention de lui envoyer Olympie,lui réclamait une lettre  « avec impatience ».

Il me paraît qu'il a bien peu de foi et de zèle puisqu'il veut renoncer à la gloire d'être galérien

...  Carlos Ghosn, alias "cost killer", est bien trop riche en dollars pour se permettre de l'être aussi en qualités humaines . Merci amis du bout du monde, un tricheur en cellule, c'est bien, nous devrions en faire autant . Je suis d'ailleurs pour qu'on applique la bonne vieille peine du goudron et des plumes

 

ghosn goudron plumes.png

Tricheur invétéré, faute d'as,  il sort une dame de sa manche

(Carole, ne t'inquiète pas , il vous restera bien quelques millions!)

 

 

« A Louis Necker, Négociant 1

à Marseille

11è janvier 1764 au château de Ferney 2

J'écris sur-le-champ , monsieur, à M. le duc de Choiseul pour votre martyr le cordonnier . Il me paraît qu'il a bien peu de foi et de zèle puisqu'il veut renoncer à la gloire d'être galérien pour la bonne cause . Ce n'est pas ainsi qu'en usaient les premiers chrétiens, tous gens très sensés, qui aimaient à la folie les coups de bâton ou de corde . Quoi qu'il en soit, j'envoie en sa faveur un beau mémoire, qui peut-être ne servira à rien, car j'ignore si M. le duc de Choiseul se mêle des galériens comme des galères, et si l'emploi dont est revêtu le bon homme Chaumont 3 n'est pas dans le département de la feuille des bénéfices . J’écris au hasard à la cour, où l'on ne sait pas seulement s'il y a des huguenots aux galères . Je m'intéresse à ce Chaumont à qui je dois une lettre de vous, et qu'il m'a valu le plaisir de vous dire combien j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi

Je vous supplie de vouloir bien faire mes compliments à M. Audibert, si vous le voyez . »

2 L'édition « Anecdote sur Voltaire, envoyée aux rédacteurs », Journal de Genève du 20 décembre 1788, décrit le destinataire comme « M.*** à Marseille ».

3 Claude Chaumont, condamné le 15 mars 1751 : voir : http://www.museedudesert.com/article5778.html

et voir N. Weiss « Les protestants du Languedoc et leurs persécuteurs », « Bulletin historique et littéraire : Société de l'histoire du protestantisme français, 15 mars 1895 . Voir : https://www.shpf.fr/

et : http://www.regard.eu.org/livres/BulletinHistoire_1886-1895.php

16/01/2019

Enfin hier, ne faisant plus de contes,... au lieu de fatiguer les conjurés de quantité de petites corrections qu’il faudrait porter sur leur ancien exemplaire, je leur envoie un cinquième acte bien propre

... Que tous les parlementaires en prennent de la graine et donnent des textes de lois compréhensibles et non noyés par des amendements foireux .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

11è janvier 1764

Je ne sais qui me tient que je ne … me plaigne de mes anges ; si je m’en croyais, je ferais… des remontrances à mes anges ; je leur dirais… leur fait. Mais je veux bien encore suspendre mon juste courroux pour cette poste . Je fais plus :

Je t’ai comblé de vers, je t’en veux accabler.1

Je me suis aperçu que le cinquième acte de leur conspiration demandait encore quelques touches, qu’il y avait des morceaux trop brusques qui n’avaient pas leur rondeur nécessaire ; que quelques vers étaient faibles, trop peu énergiques, trop communs. Je me suis souvenu surtout que mes anges, dans le temps qu’ils m’aimaient, dans le temps qu’ils m’écrivaient, me disaient que Julie, en parlant à Octave, ressemblerait trop à Julie parlant à Néron 2. Enfin hier, ne faisant plus de contes, je repris ce cinquième acte en sous-œuvre, et, au lieu de fatiguer les conjurés de quantité de petites corrections qu’il faudrait porter sur leur ancien exemplaire, je leur envoie un cinquième acte bien propre. Mais que les conjurés prennent bien garde, qu’ils se souviennent qu’on connaît l’écriture de mon secrétaire, et qu’ils risqueraient d’être découverts ! Ainsi, selon leur grande prudence, ils feront transcrire le tout par une main inconnue et fidèle, ou, s’ils veulent, je leur en ferai faire une autre copie. Mais selon leur grande indifférence, ils me laissent dans ma grande ignorance sur tout ce que je leur ai demandé, sur les paquets que je leur ai envoyés, sur leur santé, sur leurs bontés, sur la Gazette littéraire, sur un paquet qui est venu pour moi d’Angleterre, à l’adresse de M. le duc de Praslin.

Respect, tendresse, et douleur.

V. »

1 Adapté de Corneille dans Cinna, V, 3.

2 Dans Britannicus .