09/09/2019
je vous prie d’obtenir qu’on ne retranche rien du petit morceau que j’ai l’honneur de vous envoyer
... Ceci s'adresse à Google dont la censure donne des exemples croquignolets , non moins ridicules que ceux du correcteur orthographique de l'iPhone, puritain parmi les puritains.
https://www.mac4ever.com/actu/113584_ios-10-l-iphone-refu...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
21 Juillet [1764].
Il est bien juste qu’après avoir ennuyé mes anges, je les amuse. Voici de la pâture pour la Gazette littéraire. Ce morceau me paraît curieux 1. Il faut que je dise à mes anges qu’on trouve la Gazette littéraire un peu sèche, et qu’il eût été à souhaiter que les articles de pure annonce et les suppléments eussent été fondus ensemble une fois par semaine. Par ce moyen, chaque gazette eût été intéressante et piquante. Je crains toujours que la petite note mise par les auteurs au bas des remarques sur Pétrarque ne m’ait brouillé avec l’abbé de Sade.
Je suis encore persuadé qu’avec une vingtaine de vers les Roués auraient un grand succès ; mais on dit qu’il est impossible que Molé réussisse dans Pompée.
Mes chers anges, je vous prie d’obtenir qu’on ne retranche rien du petit morceau que j’ai l’honneur de vous envoyer.
Respect et tendresse.
Sûrement, par le temps qu’il fait, madame l’ange n’a plus de rhumatisme."
1 Si La Gazette littéraire a publié les articles de V* dans l'ordre où ils lui parvinrent, il doit s'agir des Anecdotes sur le Cid qui parurent dans le numéro du 1er août 1764 . Voir page 219 : https://books.google.fr/books?id=ycnqYPsSuFgC&pg=PA219&lpg=PA219&dq=La+Gazette+litt%C3%A9raire+1er+aout+1764&source=bl&ots=4hsuk4JEX5&sig=ACfU3U146764cIkslh0GZPygWN_Xjc0YBw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiEucyVmMPkAhUO3xoKHYtPBQUQ6AEwBnoECAYQAQ#v=onepage&q=La%20Gazette%20litt%C3%A9raire%201er%20aout%201764&f=false
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08/09/2019
Il est clair par l'intitulé que c'est un tour qu'on me joue
... pense Cédric Villani après sa réponse , ou plus exactement sa frappe en touche embarrassée après une question à propos du logement à Paris . Être candidat est facile, être élu se mérite, savoir pour pouvoir, obligatoire .
https://www.lci.fr/politique/en-direct-municipales-a-pari...
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k970275f.image
« A François Tronchin
19 juillet [1764] 1
J'apprends mon cher ami que quelques malins débitent une rapsodie , intitulée Saül, tragédie tirée de l’Écriture sainte par M. de Voltaire à Genève .2
Il est clair par l'intitulé que c'est un tour qu'on me joue . On dit qu'il y en a très peu d'exemplaires et qu'ils ont été très sagement supprimés par messieurs les scolarques ; mais c'est assez que les ministres du saint Évangile en aient un exemplaire pour qu'ils fatiguent la prudence du Conseil . Il me semble que dans cette occasion ce serait à moi et non à eux à demander justice de l'abus qu'on fait du nom de Genève et du mien. Je crois aussi que le parti le plus convenable est d’ensevelir dans son obscurité cette sottise qui ne mérite pas qu'on lui donne de l'importance, mais s'il arrivait que des brouillons insistassent auprès du Conseil, il serait peut-être alors à propos que je détruisisse leur mauvaise volonté en déférant moi-même ce libelle fait en effet contre moi, et visiblement imprimé pour me nuire .
Ainsi donc je joins ici à tout évènement, une requête que je soumets à votre amitié 3. Vous ne le donnerez sans doute que quand il la faudra donner . Vous ne ferez que ce qu'il faudra faire . Je vous avoue qu'il serait fort triste pour moi que mon nom fût compromis à mon âge ; si vous et vos amis pouvez faire en sorte que cette sottise soit étouffée, je vous aurai aussi bien que maman une véritable obligation . Le Conseil sait combien je lui suis dévoué ; en un mot je compte sur vous et sur vos amis , et je vous embrasse bien tendrement. Ainsi fait maman . »
1 L'édition Voltaire à Ferney date de 1763, corrigée par Tronchin . Jean-Robert Tronchin a, par une lettre du 16 juillet 1764, attiré 'attention de Lullin de Chàteauvieux sur « une brochure » qui lui paraît « mériter l'attention du conseil », « intitulée Saül, portant le nom de M. de Voltaire, et Genève pour lieu d'impression » .
2 Voir : http://institutions.ville-geneve.ch/fileadmin/user_upload/bge/sites_html/bge-gazette/37/voltaire_nous_ecrit.html
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5568443g.texteImage
3 Cette requête n'a pas survécu, il n'en est pas question dans le registre du conseil du 20 juillet, où on lit seulement: « On a lu le verbal du sieur auditeur Revilliod du 16è de ce mois, concernant la tragédie Saül, et les perquisitions qu'il a faites à ce sujet chez les libraires et les loueurs et loueuses de livres duquel il résulte qu'il n'a trouvé nulle part aucun exemplaire de cette pièce et qu'il a fait auxdits libraires et autres les défense de la recevoir louer et débiter ». François Tronchin répondit le même jour : « [...] vous pensez bien que je n'ai jamais soupçonné que l'ouvrage dont vous me parlez pût être de vous […] je vais remettre à monsieur le Premier votre déclaration contre ce libelle pour qu'il en use selon sa prudence. »
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07/09/2019
permettre que l’exécuteur de votre haute justice vienne afficher aux poteaux de Ferney la condamnation d'un voleur qui faisait beaucoup de tort à tout le pays
... Les Balkany ? Le défunt Robert Mugabe ? Luiz Inácio Lula da Silva, idole de Mélenchon ? Et tant d'autres que tous les poteaux de Ferney ne suffiront pas .
« A Michel Lullin de Châteauvieux
A Ferney 18 [juillet 1764]1
Monsieur,
Nous vous prions Mme Denis et moi de vouloir bien permettre que l’exécuteur de votre haute justice vienne afficher aux poteaux de Ferney la condamnation d'un voleur qui faisait beaucoup de tort à tout le pays . Le procureur fiscal de notre juridiction qui aura l'honneur de vous rendre cette lettre, se conformera à vos ordres .
J'ai l'honneur d'être avec respect
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 La réception de cette lettre est mentionnée dans le registre, p. 342, à la date du 20 juillet 1764 . On ajoute que « Monsieur le Premier » a accordé « ladite permission , ce qui a été approuvé » par le conseil .
08:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
j'aime encore plus la vérité que je n'aime les jésuites
... ou tous autres religieux et croyants de quelque sorte qu'ils soient .
L'ange au grelot, de Paul Klee
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
18è juillet 1764
Comment se porte madame l'ange ? Vous souvenez-vous de Sémiramis ? Comme elle fut jouée froidement, comme elle tomba à la première représentation ? On dit qu'il n'y a point d'action dans les Roués . Il me semble qu'il y en a beaucoup, et qu'un Pompée un peu ferme eût fait une grande impression . Est-il vrai que Molé est incapable de jouer les rôles vigoureux ? L'ex-jésuite comptait que Lekain jouerait ce rôle . Quoi qu'il en soit, mes divins anges, Lekain a écrit au défroqué, et voici ma réponse que je prends la liberté de vous adresser 1.
Plus j'y pense plus je crois que la pièce jouée avec chaleur n'aurait point refroidi . Si je me trompe, détrompez-moi car j'aime encore plus la vérité que je n'aime les jésuites, et presque autant que j'aime mes anges à qui je suis dévoué pour toute ma vie .
V.»
07:46 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/09/2019
prier mon grand acteur de remettre au principal conjuré la drogue en question, et de ne la montrer à personne au monde
... Promis, juré, craché, il n'y aura pas de contrôle anti-dopage pour la course à la mairie de Paris , tous les coups sont permis, "c'est mathématique" comme dirait -justement ou pas- Cédric Villani . Ce dernier nous ayant gratifié d'un discours à la "moi président !" aura-t-il le même sort que Fanfoué de Tulle, succès et décadence ?
http://www.topito.com/top-trucs-cedric-villani-paris
« A Henri-Louis Lekain
[18 juillet 1764] 1
Le petit jésuite me charge de prier mon grand acteur de remettre au principal conjuré la drogue en question, et de ne la montrer à personne au monde . On prétend que si les autres avaient joué aussi bien que mon grand acteur, si Pompée avait été rendu avec une douleur sombre et terrible, si, etc., la chose eût été plus intéressante . L'ex-jésuite dit qu'il réparera ce petit mal .
L'ami de l'ex-jésuite fait mille tendres compliments à mon grand acteur. »
1 L'édition Cayrol la date du 30 juin 1764 . Elle est datée ici par les références à l'échec d'Octave et par le fait que cette lettre est celle que V* annonce comme enclose dans la lettre du 18 juillet 1764 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-24.html
Il existe par ailleurs une lettre à Lekain du 30 juin 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/08/16/il-faut-pardonner-a-un-jeune-homme-qui-cherche-a-tirer-tout-le-parti-possib.html
09:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/09/2019
On fera cette triste cérémonie le jour qu'on voudra
... (et au prix qu'on vous imposera ! ) dixit les Pompes funèbres !
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/assurances-obseque...
Happy end ?
« A Joseph-Marie Balleidier
J'envoie à monsieur Balleidier la soumission de Vaillet dont il me semble qu'il ne doit nullement être question puisqu'elle n'a point été acceptée . J'espère que monsieur Balleidier me fera rendre une entière justice .
Je suis prêt à donner l'argent nécessaire pour la sentence contre Truttard 1. Monsieur Balleidier le touchera la première fois que je le verrai .
Voltaire.
Lundi [16 juillet 1764] au soir 2
On fera cette triste cérémonie le jour qu'on voudra . »
1 Suite à un vol commis par les consorts Truttard, domestiques de V* ; voir chap. 6 : https://www.fabula.org/actualites/o-guichard-ferney-archives-ouvertes_41677.php
2 Datée par Balleidier qui ajoute la mention : « Du lundi 16è juillet / 1764 / R[épondu] le 17è. »
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04/09/2019
Vous avez trouvé le véritable secret qui est l'abstinence, mais c’est un secret dont vous n'usez pas avec la jeune dame que vous nous avez enlevée
... Un bon conseil n'est jamais de trop !
Coeur à coeur, corps à corps, pas dos à dos !
« A Claude-Ignace Pajot de Vaux, Conseiller maître
en la chambre des comptes de Dôle, Chevalier
de Saint-louis
à Lons-le-Saunier
Franche-Comté
16è juillet 1764 à Ferney
Monsieur,
Ma mauvaise santé m'a empêché de vous dire plus tôt combien je suis sensible à votre souvenir . Je ne le suis pas moins à votre bonheur et à celui que Mme de Vaux partage avec vous 1. Il me manque d'en être témoin ; je crois surtout qu'il sera durable . Vous savez combien Mme Denis s'y intéresse, et combien nous maudissons les montagnes qui nous séparent de vous .
Nous sommes très affligés de la maladie de monsieur votre frère . Nous nous flattons qu'elle n’aura pas de suite, et qu'il en est quitte à présent . Vous nous avez fait voir qu'on sait se guérir dans votre famille sans le secours des Tronchin . Vous avez trouvé le véritable secret qui est l'abstinence, mais c’est un secret dont vous n'usez pas avec la jeune dame que vous nous avez enlevée . Je lui présente mes respects, ainsi qu'à monsieur votre frère . J'ai l'honneur d'être avec les mêmes sentiments,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Mme de Vaux est née Marie-Jeanne Dupuits ; voir lettres à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/22/je-ne-croyais-pas-qu-il-l-eut-si-grosse-6138048.html
09:45 | Lien permanent | Commentaires (0)