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26/12/2018

je n’ai cherché qu’à être utile, et pour l’être, il faut dire la vérité. Quiconque veut critiquer tout est un Zoïle ; quiconque admire tout est un sot

... Et à la vérité, combien d'entre nous savent ce qu'est un Zoïle ?

Je ne le sais que parce que je fréquente Voltaire depuis quelque temps maintenant .

Combien savent qu'il est plus utile d'avouer "je ne sais pas" que faire semblant ?

 Et après avoir vu l'émission documentaire sur les Reliques du Christ, quand l'Eglise et les fidèles admettront-ils la fausseté de ces choses prétendument sacrées, faisant oeuvre utile en admettant la vérité ? Je crois bien jamais, tant la superstition est ancrée dans ce monde qui maintient la croyance au Père Noël !

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Où est la vérité dans la Bible ? et dans le Coran ? et dans la Torah ?

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier abbé d'Olivet, de

L'Académie française

dans l'impasse de Saint-Tomas du Louvre

à Paris

26è décembre 1763 à Ferney

Mon cher doyen , car M. le maréchal de Richelieu n’est que le doyen des agréments, et vous êtes le doyen de l’Académie, je vous souhaite des années heureuses depuis 1764 jusqu’en 1784. Pour moi, je n’espère que peu de jours ; vous savez qu’il a plu à Dieu de me faire d’une étoffe très faible et très peu durable. Je ne me suis jamais attendu à parvenir jusqu’aux soixante et dix ans, dont j’ai l’honneur d’être affublé. Je m’attendais encore moins à passer gaiement ma vie entre le mont Jura et les Alpes, entre la nièce de Corneille et un jésuite qui s’est avisé d’être mon aumônier. Je suis bien aise de vous dire que je mène dans mon petit château la plus jolie vie du monde, et que je n’ai été véritablement heureux que dans cette retraite. Mademoiselle Corneille a été très bien mariée ; toute sa famille est chez moi ; on y rit du matin au soir. Son oncle est tout commenté et tout imprimé. On criera contre moi, on me trouvera trop critique et je m’en moque ; je n’ai cherché qu’à être utile, et pour l’être, il faut dire la vérité. Quiconque veut critiquer tout est un Zoïle ; quiconque admire tout est un sot. J’ai tâché de garder le milieu entre ces deux extrémités, et je m’en rapporterai à vous.

Madame Denis, mon cher Doyen vous fait bien ses compliments ; et moi je vous fais mes condoléances . Je pense avec chagrin que nous ne nous reverrons plus. Je suis devenu si nécessaire à ma petite colonie que je ne puis plus la quitter, et probablement vous ne sortirez point de Paris. Soyez-y aussi heureux que la pauvre nature humaine le comporte. Consolez-moi par un peu de souvenir du chagrin d’être loin de vous ; c’est la seule peine d’esprit dont je puisse me plaindre. Je ne vous écris pas de ma main, attendu qu’une grosse fluxion me rend aveugle depuis six mois. Me voilà comme Tirésie ; mais je n’ai pas su les secrets des dieux comme lui, quoique je les aie cherchés longtemps. Adieu, mon très cher doyen.

V. »



 

 

 

25/12/2018

Votre intendant nous avait promis de l'avoine, dont nous manquons absolument, nous vous prions de vouloir bien lui ordonner d'acquitter sa promesse

... Ceci peut résumer la conclusion des cahiers de doléances mis à disposition des grincheux afin de faire bouger un peu ceux qu'ils dépeignent comme des dirigeants méprisants ; lors, l'intendant doit faire diligence pour fournir de l'avoine à ceux qui ne veulent plus avoir seulement du foin . Pour cela, mon petit doigt me dit qu'il va y avoir des moissons inattendues .

 

Bonnes fêtes quand même .

Tel qui rit à Noël, à Pâques ... ! ... vous connaissez le dicton .

 

 

« A Catherine-Josèphte de Loras du Saix, baronne de Monthoux

à Annemasse

Madame,

Mme Denis et moi nous nous étions flattés d'avoir l'honneur de vous voir à votre passage . Vous savez combien nous nous intéressons à tout ce qui vous touche . Nous vous supplions de ne pas douter de nos sentiments.

Votre intendant nous avait promis de l'avoine, dont nous manquons absolument, nous vous prions de vouloir bien lui ordonner d'acquitter sa promesse .

J'ai l'honneur d'être bien respectueusement

madame,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

26è décembre 1763 à Ferney. »

 

24/12/2018

Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 24/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26è décembre 1763 1

Je souhaite à mon cher frère, pour l’an de grâce 1764, une santé inébranlable, quelque excellente place dans la finance, qui lui laisse le loisir de se livrer aux belles-lettres. Je lui souhaite une vinée abondante dans la vigne du Seigneur, avec l’extirpation de l’infâme.

Je souhaite à mon frère Thieriot un zèle moins tiède. Que dites-vous de ce ronfleur-là, qui ne m’a pas dit seulement un mot du conte de ma mère l’Oye, que je lui ai envoyé !

On parle de l’Anti-financier 2 ; vaut-il la peine qu’on en parle ? Je supplie mon cher frère de vouloir bien me l’envoyer. M. de Laverdy a-t-il déjà changé tout le système des finances ? Il me semble qu’on a banni quinze ou seize personnes avec le sieur Bigot. Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira.

S’il y a quelque chose de nouveau, je supplie mon cher frère de m’en faire part. Il est surtout prié de faire commémoration de moi avec frère Platon.

N’y a-t-il pas deux volumes de planches de l’Encyclopédie que l’on distribue aux souscripteurs ? Briasson et Cie m’ont oublié. J’attends cette Encyclopédie pour m’amuser et pour m’instruire le reste de mes jours.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde.

Ecr. l’inf. » 



1 L'édition Correspondance littéraire donne une version incomplète sans nom de destinataire .

Ils n’ont regardé et traité comme frères que ceux qui étaient habillés de leur couleur . Quiconque portait leur livrée était regardé comme un saint . Celui qui ne l’était pas était saintement égorgé en ce monde et damné pour l’autre

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 24/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

 

« A Élie Bertrand

Ferney 26 décembre 1763

Je conviens avec vous que les Juifs et les chrétiens ont beaucoup parlé de l’amour fraternel . Leur amour ressemble assez par les effets à la haine . Ils n’ont regardé et traité comme frères que ceux qui étaient habillés de leur couleur . Quiconque portait leur livrée était regardé comme un saint . Celui qui ne l’était pas était saintement égorgé en ce monde et damné pour l’autre. Vous croyez, mon cher ami, que c’est de l’essence même du christianisme qu’il faut tirer toutes les preuves pour la nécessité de la tolérance . C’est cependant sur les préceptes et les intérêts de cette religion que les charitables persécuteurs fondent leurs droits cruels. Jésus-Christ me paraît, comme à vous, doux et tolérant ; mais ses sectateurs ont été dans tous les temps inhumains et barbares . Le parti le plus fort a toujours vexé le plus faible au nom de Jésus-Christ, et pour la gloire de Dieu. Lorsque nous vous persécutons, nous papistes, nous sommes conséquents à nos principes, parce que vous devez vous soumettre aux décisions de notre sainte Église. Hors de l’Église, point de salut. Vous êtes donc des rebelles audacieux . Lorsque vous persécutez, vous êtes inconséquents, puisque vous accordez à chaque charbonnier le droit d’examen . Ainsi vos réformateurs n’ont renversé l’autorité du pape que pour se mettre sur son trône. Aux décisions des conciles vous avez fièrement substitué celle de vos synodes, et Barnevelt a péri comme Jean Huss. Le synode de Dordrecht vaut-il mieux que celui de Trente ? Qu’importe que l’on soit brûlé par les conseils de Léon X ou par les ordres de Calvin ?

Quel remède à tant de folies et de maux qui désolent le meilleur des mondes ? S’attacher à la morale, mépriser la théologie, laisser les disputes dans l’obscurité des écoles où l’orgueil les a enfantées, ne persécuter que les esprits turbulents qui troublent la société pour des mots. Amen ! Amen !

Le malade de Ferney, qui ne voudrait persécuter personne que les brouillons, embrasse tendrement l’hérétique charitable et bienfaisant.

V. »

23/12/2018

Tout Ferney souhaite les bonnes fêtes

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 23/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A François Tronchin,

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

24è décembre 1763

J'ai eu l'honneur d'envoyer à monsieur Tronchin un paquet pour M. Gilly, à l'adresse de monsieur son frère le fermier général . Je le supplie de vouloir bien m'informer s'il l'a reçu, et s'il a la bonté de s'en charger .

Voici de vilains jours pour les tableaux 1 . Tout Ferney souhaite les bonnes fêtes à monsieur et madame Tronchin . S'il a quelques ordres à me donner il est supplié de les adresser chez M. Souchay au Lyon-d'Or, rue Basse .

V. »

1 François Tronchin est un amateur de peinture et un collectionneur ; voir « Les collections de tableaux du conseiller François Tronchin et le musée de l'Ermitage » de Michel N. Benisovich, 1953 ;

et : http://piprod.getty.edu/starweb/pi/servlet.starweb?path=pi/pi.link5.web&search2=6220

 

22/12/2018

M. de Laverdy ayant harangué tout Versailles, a dit à Mgr le Dauphin qu'il mourrait, ou qu'il rétablirait les finances dans trois ans, à quoi Mgr le Dauphin a répondu que l'un était plus aisé que l'autre

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 22/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

https://www.dailymotion.com/video/x2d5hoy

Joe Cocker : With a little help from my friends

 

 

« A François Tronchin

23è décembre 1763 1

L'ermite de Ferney présente ses hommages à monsieur François Tronchin . Voilà sa réponse à M. Gilly 2 . M. Tronchin peut sans doute la faire parvenir par monsieur le fermier général, sous le couvert de M. le secrétaire d’État Bertin . Nous sommes tous ici assez gais, aimant beaucoup monsieur François, M. Jean-Robert, M. Jacob, M. Tron le procureur général, M. Tron l'Esculape général, et toute la tribu .

N.B. – Vous savez sans doute que M. de Laverdy 3 ayant harangué tout Versailles, a dit à Mgr le Dauphin qu'il mourrait, ou qu'il rétablirait les finances dans trois ans, à quoi Mgr le Dauphin a répondu que l'un était plus aisé que l'autre . »

1 L'édition Cayrol est limitée au second paragraphe et donnée comme adressée à Jean-Robert Tronchin ; l'édition Tronchin est limitée au premier paragraphe abrégé .

21/12/2018

Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'esprit des honnêtes gens . C'est bien assez, et c'est tout ce qu'on peut raisonnablement espérer

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 21/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21è décembre 1763 1

On m'envoie du Languedoc cette chanson, sur l'air de L'Inconnu

Simon Lefranc qui toujours se rengorge

Traduit en vers tout le Vieux Testament,

Simon les forge très durement :

Mais pour la prose écrite horriblement

Simon le cède à son puîné Jean-Georges .

 

Cependant, on me mande aussi de Paris que l'édition publique de la Lettre du quakre pourrait faire grand tort à la bonne cause, que les doutes proposés à Jean-Georges sur une douzaine de questions absurdes, rejaillissent également contre la doctrine, et contre l'endoctrineur, que le ridicule tombe autant sur les mystères que sur le prélat, qu'il suffit du moindre Gauchat, du moindre Chaumeix, du moindre polisson orthodoxe, pour faire naître un réquisitoire de maître Omer, que cet esclandre ferait grand tort à la Tolérance, qu'il ne faut pas sacrifier un bel habit pour un ruban, que ces ouvrages sont faits pour les adeptes, et non pour la multitude .

C'est à mon très cher frère à peser mûrement ces raisons . Je me souviens d'un petit bossu qui vendait autrefois des Meslier sous le manteau, mais il connaissait son monde et n'en vendait qu'aux amateurs .

Enfin , je me repose toujours sur le zèle éclairé de mon frère . Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'esprit des honnêtes gens . C'est bien assez, et c'est tout ce qu'on peut raisonnablement espérer . On réduira la superstition à faire le moindre mal qu'il soit possible . Nous imiterons enfin les Anglais qui sont depuis près de cent ans le peuple le plus sage de la terre comme le plus libre .

Je n'entends point parler de frère Thieriot . Je sais l'aventure des bigots . Voilà le seul bigot qu'on ait puni . Pardon de cette mauvaise plaisanterie . Bonsoir, mon cher frère .

Ecr l'inf. »

1 L'édition Lettres curieuses est limitée aux vers ; l’édition Correspondance littéraire donne une version abrégée de la prose seule ; on a ici la version des Lettres inédites .