02/09/2025
Il paraît qu’il sera fort aisé d'arranger les choses dont on est convenu
... L'ennui est que personne n'est convenu de rien, et François rame, rame et braille dans l'oreille de sourds réfractaires . Aurait pu mieux faire, et ses opposants être constructifs ( pour l'instant ils sont comme Netanyahou à Gaza ! ).
« A François de Caire
Commandant, etc.
à Versoix
L'oncle est plus malade que la nièce . Tous deux se disputent à qui aimera monsieur de Caire davantage .
Il paraît qu’il sera fort aisé d'arranger les choses dont on est convenu . Si le contrôleur général ne s’était pas avisé de piller tout le bien du déposant il ferait beaucoup plus pour le bien de la colonie .
Il présente ses respects à monsieur et à madame de Caire .
V.
19è mars 1770.»
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Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles
... Tel est le sort qui attend le budget retenu par François Bayrou .
« A Élie Bertrand , Ministre
à Yverdon
pays de Vaud
19è mars 1770
Je suis, monsieur, aussi honteux que reconnaissant . Tous les bienfaits sont de votre côté, et tous les torts sont du mien. Je vous devais depuis longtemps une réponse à une lettre charmante que vous m’aviez écrite ; mais que ne vous dois-je point pour l’article Droit canonique 1 ! Je ne sais rien de mieux pensé, de plus méthodique, de plus vrai . Vous avez été prêtre 2 , et vous immolez la prêtraille à la vérité et à l’intérêt public . Votre courage est aussi respectable que votre écrit est bien fait. Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles.
Si vous avez du loisir, si vous voulez rendre service au genre humain, donnez-nous encore quelque chose sur la primitive Église ; sur l’égalité des prêtres et des évêques ; sur les usurpations de la cour romaine, sur tout ce qui vous passera par la tête . Tout ce qui sortira de cette tête achèvera d’éclairer les autres cervelles. Il faut que le feu de la vérité porte la lumière dans les yeux de tous les hommes honnêtes, et brûle les yeux des tyrans.
On ne peut vous estimer et vous aimer plus que votre collaborateur.
V. »
1 C’est de Bertrand qu’est le préambule de l’article Droit canonique dans les Questions sur l’Encyclopédie ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/439
Dans les Questions sur l'Encyclopédie, 1771, l'article « droit canonique » (V, I, 33 ) comporte un sous-titre : « Idée générale de droit canonique par M. Bertrand » . Beuchot note, suivi par Moland, a cru que ce sous-titre s'appliquait seulement au préambule de l'essai . Il semble en réalité que tout l'article soit de Bertrand, seulement retouché par V* , c'est en tout cas ce que la présente lettre semble confirmer .
2 Bertrand apporte souvent des modifications mineures aux manuscrits des lettres que V* lui adressait ; ici il a corrigé l'original en imitant l'écriture de Wagnière : « été prêtre » est transformé en « un esprit juste et un cœur droit » ; no comment !
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01/09/2025
J'espère qu'il y aura quelques articles plus amusants pour votre imbécillité. Vous êtes imbécile, à ce que je vois, comme Archimède et Tacite, quand ils étaient las de travailler
... Voir les débats télévisés politiques actuels et à venir suites aux déclarations ministérielles, comme ceci : https://www.tf1info.fr/politique/direct-crise-politique-vote-de-confiance-budget-2026-francois-bayrou-interview-refuse-de-faire-ses-adieux-et-creuse-son-sillon-sur-la-dette-les-dernieres-informations-lundi-1er-septembre-2025-2391916.html
« A Jean Le Rond d'Alembert
19 de mars 1770
Mon cher philosophe, mon cher ami, vous êtes assurément fort modeste, car vous traitez bien mal vos panégyristes, qui n'ont entrepris cet ouvrage que pour vous rendre hommage 1.
Si l'imprimeur a mis 3 pour 7, cela se corrigera aisément.
Vous avez toujours sur le bout du nez un certain homme 2. Le contrôleur-général vient de me prendre deux cent mille francs 3, seul bien libre que j'avais, et dont je pusse disposer; de sorte que, s'il ne me les rend point, je n'ai pas de quoi récompenser mes domestiques après ma mort 4. L'autre, au contraire, m'a accordé sur-le-champ toutes les grâces que je lui ai demandées, places, argent, honneurs, et je ne lui ai jamais rien demandé pour moi. Vous devriez me mépriser si je ne l'aimais pas.
Il me paraît que français doit avoir la préférence sur francès : 1° parce que dans plusieurs livres nouveaux on emploie français et non pas francès ; 2° parce qu'on doit écrire : je fais, tu fais, il fait, et non pas je fès, tu fès, il fêt ; 3° parce que la diphtongue ai indique bien plus sûrement la prononciation qu'un accent qu'on peut mettre de travers, qu'on peut oublier, et que les provinciaux prononcent toujours mal ;
4° Parce que la diphtongue ai a bien plus d'analogie avec tous les mots où elle est employée ; 5° Parce qu'elle montre mieux l'étymologie. Je fais, facio ; je plais, placeo ; je tais, taceo. Vous voyez qu'il y a toujours un a dans le latin.
Je fais une grande différence entre les bâillements des voyelles au milieu des mots, et les bâillements entre les mots, parce que les syllabes d'un mot se prononcent tout de suite, et qu'on doit très souvent, dans le discours soutenu, séparer un peu les mots les uns des autres.
Je fais encore une grande différence entre le concours des voyelles et le heurtement des voyelles. Il y a longtemps que je vous aime : cet il y a est fort doux ; il alla à Arles est un heurtement affreux.
Nous avons voyelle qui entre, et voyelle qui n'entre point. Je dirais hardiment dans une comédie de bas comique : il y a plus d'un mois que je ne vous ai vu.
Je n'aime point un verbe en monosyllabes. Nos barbares de Welches ont fait il a d'habet.
L'abbé Audra a à Toulouse un, etc.
J'avoue qu'il y a un peu d'arbitraire dans mon euphonie ; chacun a l'oreille faite comme il peut.
Un e ne me paraît point choquer un e, comme a choque un a.Immolée à mon père n'écorche point mon gosier, parce que les deux e font une syllabe longue. Immolé à mon père m'écorche, parce qu'é est bref. Je peux avoir tort en voyelles et en consonnes ; mais je crois que si les vers des Quatre saisons et de La Religieuse flattent mon oreille, et si tant d'autres vers la déchirent, c'est que MM. de Saint-Lambert et de La Harpe ont senti comme je sens.
Je vous demande très humblement pardon de toutes ces pauvretés ; elles sont au-dessous de vous, je le sais bien ; il ne faut pas parler d' a b c à Newton. J'espère qu'il y aura quelques articles plus amusants pour votre imbécillité. Vous êtes imbécile, à ce que je vois, comme Archimède et Tacite, quand ils étaient las de travailler.
Ne m'oubliez pas auprès de M. de Saint-Lambert. Madame Denis et moi nous vous embrassons de tout notre cœur.
V.
Voici une affaire qui n'est pas de grammaire : je vous prie instamment d'en conférer avec M. Duclos.
Vous me demandez ce que je pense de la Religieuse, des Géorgiques et de l'Exportation des blés.
Je dis anathème à quiconque ne pleurera pas en lisant la Religieuse ;
A quiconque ne rira pas des facéties de Galiani, lequel pourrait bien avoir raison sous le masque ;
et à quiconque ne sera pas charmé de voir Virgile traduit mot à mot avec élégance.
Puisque je suis en train d'excommunier, et que c'est mon droit, en qualité de capucin, j'excommunie aussi les gens sans goût et sans connaissance de la campagne, qui n'aiment pas les Quatre saisons de M. de Saint-Lambert.
Bonsoir, mon cher philosophe ; je suis bien malade, mais je prends cela de la part d'où ça vient.
Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis,
et d'agir selon son cœur et sa prudence.
Le sieur Royou 5, avocat au parlement de Rennes, me mande de Londres 6, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauche, et fait coucher sa femme sur la paille, qu'il la maltraite indignement, etc. .
Qu'étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l'a accusé d'un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N.B. Fréron tenait le bout de la chaîne ;
Que par un hasard singulier, le sieur Royou s'est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d'espion à Rennes ; qu'il a depuis été espion de la police, et que c'est la seule chose qui l'a soutenu ;
Qu'on peut s'informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes; à M. Duparc, professeur royal en droit français, à Rennes ; à M. Chapelier 7, doyen des avocats, à Rennes.
La personne à qui le fugitif s'est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu'il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou. »
1 V* dans ce paragraphe , comme dans le reste de la lettre, répond de façon précise à la lettre du 10 mars de d'Alembert ; voir : https://www.monsieurdevoltaire.com/2020/06/correspondance-avec-d-alembert-partie-57-5.html
2 Choiseul que d'Alembert n'aimait pas .
3 En suspendant le paiement des rescriptions. Voyez les Stances à Saurin : https://www.monsieurdevoltaire.com/2016/02/stance-a-m-saurin-de-l-academie-francaise.html
(G.Avenel.)
4 Presque toute la fortune de Voltaire était placée en rentes viagères. (G.Avenel.)
5 Né en 1745, mort en 1828. C'est le frère de l'abbé Royou, rédacteur de L'Ami du Roi sous la Révolution. Il collabora aussi à cette feuille royaliste . (G.Avenel.)
6 L'indication « Londres » ne figure pas ailleurs . Quant à la lettre elle-même, elle est donnée à propos de la lettre du 18 mars 1770 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/31/m-6560967.htm
7 Père du député de ce nom à la Constituante . (G.Avenel .)Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Le_Chapelier
18:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?
... L'orage gronde à l'Elysée ( tempête sous un crâne ) et la foudre va tomber à Matignon . Zone rouge .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
18è mars 1770
Je reçois la lettre du 13 de mars, mon cher ange. Il n’y a point eu de retardement à celle-ci. Il faut que la première, du 27 de février 1, ait traîné dans quelque bureau ; ce qui arrive quelquefois.
Je ne suis pas assurément en état de travailler au Dépositaire pour le moment présent ; mais j’espère que Dieu m’exaucera quand j’aurai fait mes Pâques. Jamais temps ne fut plus favorable pour des restitutions de dépôt. J’espère que la grâce se fera entendre au cœur de M. l’abbé Terray. Voudrait-il m’enlever mon seul bien de patrimoine, que j’avais en dépôt dans la caisse de M. de Laborde, le seul bien qui puisse répondre à mes nièces des clauses de leurs contrats de mariage, le seul avec lequel je puisse récompenser mes domestiques ? Dans quel tribunal une telle action serait-elle admise ? en a-t-on un seul exemple, excepté dans les proscriptions de Sylla et du Triumvirat ? M. l’abbé Terray, qui sort de la grand-chambre, ne devrait-il pas distinguer entre ceux qui achètent du papier sur la place, et ceux qui déposent chez le banquier du roi leur bien paternel ? Je vois bien qu’il faudra que je meure en capucin, tel que j’aurai vécu.
Dès que j’aurai chassé ces tristes idées de ma cervelle encapuchonnée, et que ma chèvre aura mis un peu de douceur dans mon sang, je vous parlerai de Ninon 2; je vous dirai qu’elle ne serait pas Ninon si elle ne formait pas les jeunes gens, et qu’alors il faudrait lui donner tout un autre nom. Le plaisant et l’utile, à mon gré, est qu’une coquette soit cent fois plus vertueuse qu’un marguillier, sans quoi il n’y a plus de pièce.
Je ne connais ni Sylvain 3, ni les Trois Capucins 4. Je suis entièrement de votre avis sur La Religieuse 5. C’est la seule pièce de théâtre qui nous tire de la barbarie welche ; elle est écrite comme il faut écrire.
Je tremble sur la démarche de Mlle Daudet 6. Comment l’envoyer dans un pays si orageux, pendant une guerre ruineuse, et qui peut finir d’une manière terrible, quoiqu’elle ait heureusement commencé ? En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?
On dit qu’on ne pendra ni Billard 7 le dévot, ni Grizel 8 l’apôtre ; c’est bien dommage que ce confesseur ne soit pas martyr. J’ai quelque envie de donner à M. Garant 9 le nom de Grizant au moins.
Mais si vous avez quelqu’un à pendre, je vous donne Fréron. Lisez, je vous prie, le mémoire ci-joint que m’a envoyé son beau-frère 10 11. Tâchez d’approfondir cette affaire, quand ce ne serait que pour vous amuser. On m’assure que Fréron est espion de la police, et que c’est ce qui le soutient dans le beau monde. Je me flatte que vous distribuerez des copies du petit mémoire du beau-frère. Il faut rendre justice aux gens de bien.
Nous faisons mille vœux ici pour la santé de Mme d’Argental ; vous savez si nos cœurs sont aux deux anges.
V.»
1 Lettre Besterman D 16185.
2 Dans la comédie du Dépositaire .
3 Voir lettre du 3 mars 1770 à la marquise de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/08/allons-courage-mettez-la-philosophie-l-humanite-a-la-mode.html
4 Les Trois Capucins n'ont pu être identifiés malgré la référence qu'on y trouve dans une lettre de d'Argental du 26 mars 1770 : « Vous ne voulez pas convenir des Trois Capucins. Je ne vous en parlerai plus . »
5 Mélanie, de Marmontel ; voir la lettre du 26 janvier 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/07/04/l-aventure-de-cette-pauvre-novice-qui-en-se-mettant-une-cord-6553752.html
6 Fille de Mlle Lecouvreur ; voir note 5 de la lettre du 16 août 1753 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome38.djvu/123
7 Voir note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome8.djvu/554
8 Voir ibid.
9 L’un des personnages du Dépositaire ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/406
10 Voici le texte de cet étrange « mémoire » tel qu'il est donné dans Dieu , réponse au Système de la nature, 1770.
« Mardi matin 6 mars 1770.
« Fréron, auteur de l'Année littéraire est mon cousin, et, malheureusement pour ma sœur, pour moi et pour toute la famille, mon beau-frère depuis trois ans .
Mo père subdélégué et sénéchal du Pont-l'Abbé, à trois lieues de Quimper-Corentin en Basse-Bretagne, quoique dans une situation aisée, n’étant pas riche, ne donna à sa fille que vingt mille livres de dot . Trois jours après les noces, M. Fréron jugea à propos d'aller à Brest, où il dissipa cette somme avec des bateleuses .
Il revint chez son beau-père pour donner à ma sœur, sa femme, un tr-s mauvais présent et demander en grâce de quoi se rendre à Paris . Mon père fut assez bon, ou plutôt assez faible pour donner encore mille écus … Il t »tait alors à Lorient et quoiqu'il reçut cette nouvelle somme par lettre de change, il ne put se rendre qu'à Alençon, et fit le reste de la route jusqu'à Paris comme les capucins, et ne donna pour toute voiture à sa femme qu’une place sur un peu de paille de la voiture publique .
Arrivé à Paris, il n'en agit pas mieux avec elle . Ma sœur, après deux ans de patience, se plaignit à mon père, qui m'ordonna de me rendre incessamment à Paris pour m'informer si ma sœur était aussi cruellement traitée qu'elle le lui marquait . Alors Fréron chercha et tenta par tous les moyens de me perdre . Il sut que, pendant les troubles du parlement de Bretagne, où je militais depuis plusieurs années en qualité d'avocat, j'ai montré un zèle vraiment patriotique et toute la fermeté d'un bon citoyen .
Comme il faisait le métier d'espion, il ne négligea rien pour obtenir, par le moyen de …, une lettre de cachet pour me faire enfermer .
Fréron qui voulait être à la fois ma partie, mon témoin et mon bourreau, vint en personne, escorté d'un commissaire et de neuf à dix manants, m'arrêter dans mon appartement à Paris, rue des Noyers . Il me fit traiter de la manière la plus barbare, et conduire au petit Châtelet, où je passai, dans le fond d'un cachot la nuit du dimanche au lundi de la Pentecôte . Le lundi, Fréron se rendit environ les dix heures du matin, avec ses affiliés, au petit Châtelet . Il me fit charger de chaînes et conduire à mes destinations . Il était à côté de moi dans un fiacre, et tenait lui-même les chaînes, etc.,etc. »
Sur le caractère suspect de ce Royou voir la lettre du 23 avril 1770 à La Harpe : « Avez-vous entendu parler de l'aventure de Fréron et de son beau-frère ? Ce beau frère nommé Royou est avocat au parlement de Rennes . Il prétend que Fréron est venu à Rennes pendant les troubles en qualité d'espion, l'a déféré au gouvernement .[...] » V* finira par en convenir, mais non sans avoir exploité au maximum les « informations » contenues dans la présente lettre .
11 Un passage de ce mémoire est note 1 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome17.djvu/235.
. Voyez aussi le Mémoire à la suite de la lettre : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7833
: Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis, et d’agir selon son cœur et sa prudence.
Le sieur Royou, avocat au parlement de Rennes[1], me mande de Londres, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauches, et fait coucher sa femme sur la paille ; qu’il la maltraite indignement, etc.
Qu’étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l’a accusé d’un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N. B. Fréron tenait le bout de la chaîne.
Que, par un hasard singulier, le sieur Royou s’est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d’espion à Rennes ; qu’il a depuis été espion de la police, et que c’est la seule chose qui l’a soutenu.
Qu’on peut s’informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes ; à M. Duparc, professeur royal en droit français à Rennes ; à M. Chapelier, doyen des avocats à Rennes.
La personne à qui le fugitif s’est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu’il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou. »
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31/08/2025
Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses
... Bien sûr des femmes enceintes et non pas des obèses . Voltaire ne se permettant pas ce genre de critique . Oui, de futures mères sont assassinées dans la bande de Gaza,: https://www.unfpa.org/fr/news/famine-confirm%C3%A9e-%C3%A0-gaza-les-femmes-enceintes-et-les-nouveau-n%C3%A9s-courent-un-risque-majeur
et d'autres en Ukraine, en nombre inconnu, bilan dissimulé :
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
17 mars 1770
Madame,
Il ne s’agit point ici de capucins, il s’agit de femmes grosses ; vous devez les protéger ; et plût à Dieu que vous le fussiez (car la fussiez n’est pas français, régulièrement parlant ) 1. Je ferais une belle offrande à saint François mon patron.
Oui, madame, on a assassiné des femmes grosses à Genève, et je vous demande justice de monseigneur votre époux. Je vous demande en grâce de lui faire lire cette lettre 2, quoiqu’il n’ait pas beaucoup de temps à perdre.
Je ne veux pas abuser du vôtre et de vos bontés . Je suis très malade ; ma dernière volonté est pour votre salut ; et, si je réchappe, je compte avoir l’honneur de vous envoyer des œufs de Pâques. En attendant, daignez agréer le respect paternel, les prières et les bénédictions de Frère François, capucin indigne. »
1 Telle est la règle de Vaugelas, mais les femmes résistèrent longtemps à l'appliquer .
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30/08/2025
il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées
... Exactement, sans aller jusqu'en Israël ou en Ukraine, l'horreur n'a pas de frontière ni nationalité, et on a encore un triste lot de violences sexuelles commis dans un collège- lycée catholique : c'est puant https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/08/29/violences-sexuelles-dans-un-etablissement-catholique-a-nantes-10-victimes-5-pretres-mis-en-cause_6637413_3224.html
L'Infâme sévit encore , vite, Ecr l'Inf !
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
17 mars 1770 à Ferney
Notre protecteur,
Vous ne croyez donc pas aux femmes grosses assassinées ? Tenez, voyez, lisez 1. Il y a huit jours que je n’ai vu votre résident ; il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées à Genève. Très souvent on ne sait pas dans une rue ce qu’on a fait dans l’autre. Pour moi, qui suis bien malade, et qui paraîtrai bientôt devant Dieu, je vous dis la vérité telle qu’on me l’a dite. Je n’en aime pas moins mon libraire Philibert Cramer, conseiller de Genève.
Je pardonnerai, à l’article de la mort, et pas plus tôt, à M. l’abbé Terray ; et je ne pardonnerai ni dans ce monde ni dans l’autre à ceux qui voudraient vous contrecarrer : voilà ma dernière volonté. Mes petits-neveux verront Versoix, mais moi je verrai Dieu face à face 2; je vous aurais donné volontiers la préférence. Agréez le profond respect du capucin, et moquez-vous de lui si vous voulez.
V. »
1 Ce memorandum n'est pas conservé, à moins qu'il ne s'agisse de celui qui est dans la lettre du 12 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/25/m-6560152.html
2 Genèse, XXXII, 30 : https://saintebible.com/genesis/32-30.htm
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29/08/2025
J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir
... Rien d'étonnant à ça, mon cher Voltaire, dès qu'on parle politique, et plus encore élections, et les tractations pour que Rachida Dati puisse concourir à la mairie de Paris en sont un des exemples . Cette femme est vraiment un morpion (elle s'attache aux parti(e)s et tant pis si ça ne sent pas bon) , gloriole et pognon sont ses buts .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
17è mars 1770
Je reçois, mon cher ange, aujourd’hui 17 de mars, votre lettre du 27 de février 1. Cela est aussi difficile à concilier que la chronologie de la Vulgate et des Septante.
Quoique votre lettre vienne bien tard, je ne laisse pas d’envoyer 2 sur-le-champ à M. le duc de Choiseul les attestations de la mort de femmes grosses. Je prétends qu’on me croie quand je dis la vérité. Un capucin est fait pour être cru sur sa parole, qui est celle de Dieu. D’ailleurs on ne ment point quand on est aussi malade que je le suis ; on a sa conscience à ménager.
Si les choses de ce monde profane me touchaient encore, je vous parlerais de M. l’abbé Terray, votre ancien confrère, qui, sans respecter votre amitié pour moi, m’a pris, dans la caisse de M. de Laborde, tout ce que j’avais, tout ce que je possédais de bien libre, toute ma ressource. Je lui donne ma malédiction séraphique. Mais, plaisanterie à part, je suis très fâché et très embarrassé. Je n’ai assurément ni assez de santé, ni assez de liberté dans l’esprit pour songer au Dépositaire. Mon dépositaire est contrôleur général ; mais il n’est pas marguillier. J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir ; et vous pouvez, en général, me mander si je me trompe.
Je vous ai envoyé une petite consultation pour M. Bouvart 3. Elle arrivera peut-être au mois d’avril, comme votre lettre de février est arrivée en mars. Je voulais savoir s’il avait des exemples que le lait de chèvre eût fait quelque bien à des pauvres diables de mon âge, attaqués de la maladie qui me mine. N’ayant point de réponse, j’ai consulté une chèvre ; et si elle me trompe, je la quitterai.
J’imagine qu’à présent vous avez quelques beaux jours à Paris, et que Mme d’Argental s’en trouve mieux. Je vous souhaite à tous deux tous les plaisirs, toutes les douceurs, tous les agréments possibles. Vous pouvez être toujours sûrs de ma bénédiction. Non seulement je suis capucin, mais je suis si bien avec les autres familles de saint François que frère Ganganelly m’a fait des compliments 4.
Vraiment oui j’ai lu La Religieuse, et ce n’a pas été avec des yeux secs. Tout ce qui intéresse les couvents me touche jusqu’au fond de l’âme.
Recommandez-vous bien aux saintes prières de
Frère François, capucin indigne. »
1 Elle est conservée.
2 Lettre du 17 mars 1770 à Choiseul : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7827
3 La lettre du 5 mars 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/16/il-demande-si-on-a-l-experience-que-le-lait-de-chevre-avec-q-6559249.html
4 Voir lettre du 16 mars à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/29/je-doute-beaucoup-de-toutes-ces-seductions-vous-savez-avoir-6560709.html
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