20/11/2016
n'y a-t-il aucun débouché ? aucune composition à faire ? tout est-il perdu ? qu'en pensez-vous ? quel parti pouvons-nous tirer de cette misère ?
... Avant de glisser votre bulletin de vote dans quelque fente que ce soit, en toute connaissance de cause, essayez d'avoir une réponse de votre candidat favori aux questions précédentes . Il y a fort à parier qu'ils sauront vous prendre dans le sens du poil et noyer le poisson, recréant ainsi au passage , le mariage de la carpe et du lapin dans la casserole politique [sic . NDLR - James part de temps à autre dans des allégories oiseuses ].
« A Jean-Robert Tronchin Banquier
à Lyon
Ferney 13 novembre 1761
A propos monsieur, j'avais vraiment oublié de vous accuser la réception du petit group de 200 louis ; cela fond comme le beurre à la poêle . Si je ne me soutenais d'ailleurs je vous épuiserais en bref .
Mais que ferons-nous de nos billets de loterie ? de nos annuités ? n'y a-t-il aucun débouché ? aucune composition à faire ? tout est-il perdu ? qu'en pensez-vous ? quel parti pouvons-nous tirer de cette misère ?
Savez-vous que le président De Brosses après m'avoir excroqué 1 25 000 livres parce que je m'étais fié à sa parole d'honneur, me fait un procès pour 200 livres dans lequel il est convaincu d'une vente simulée ? Il dit qu'il le gagnera dans la caverne de Gex parce qu'il est président au mortier ou à mortier, et que son frère est bailli . J’ai envoyé un petit extrait de son procédé à la plupart de ses confrères . Tous le honnissent, d'autres le chasseraient . Il est au moins berné pour ses 200livres . C'est un étrange petit président.
Je devrais être aux Délices mais je fais des allées de quinze cent toises à Ferney .
Interim puis-je prendre la liberté de vous demander des nouvelles de mon huile ?
Puis-je vous importuner pour trois mille bons bouchons ?
Puis-je implorer vos bontés pour trente livres de chocolat ?
Faites-moi la grâce de me dire si le café, le sucre ne sont pas augmentés de prix .
Plusieurs branches du commerce ne sont-elles pas anéanties ou approchant ?
Malagrida a payé pour les jésuites, ce n’était qu'un fou, un pauvre fou . Je n'aime ni les jésuites ni les gens qui brûlent, c'est vous que j'aime, et de tout mon cœur .
V.
Aussi font Mme Denis et Mlle Corneille. »
1 La forme excroqué semble familière à l'époque ; « le peuple est fait pour excroquer, et la cour pour escroquer ; ainsi il n'y a pas à balancer » dit Richelet . On trouve excroquer comme excamoter, dans Le Télémaque travesti , de Marivaux (voir : http://gallica.bnf.fr/essentiels/marivaux/redecouverte-marivaux ), ainsi que dans les Difficultés sur la religion proposées au père Malebranche, de Rober Challe ( https://books.google.fr/books?id=7WCAPEBIuKEC&pg=PA23&lpg=PA23&dq=Difficult%C3%A9s+sur+la+religion+propos%C3%A9es+au+p%C3%A8re+Malebranche,+de+Robert+Challe&source=bl&ots=gvNmGU0yBn&sig=wb3IOyrOytWvsrq-ruKs6-J2fpk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj5kf-5hrbQAhVBfhoKHYtZAvsQ6AEIRjAG#v=onepage&q=Difficult%C3%A9s%20sur%20la%20religion%20propos%C3%A9es%20au%20p%C3%A8re%20Malebranche%2C%20de%20Robert%20Challe&f=false et https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Challe ).
Et un petit PS (pas le parti connu ! ) actualisé le 20/11, dédié à Zadig :
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19/11/2016
Eh bien très chers frères, tout s'est-il éclairci ?
... Et allez-vous voter l'esprit clair et net suite aux déclarations/déclamations des candidats de cette droite qui donne envie ? Non ? Vous n'êtes pas plus avancés que moi qui n'a rien suivi de ces grand-guignolesques prestations télévisées et ça ne m'étonne pas .
Nous sommes dans des ....
https://www.youtube.com/watch?v=mWAmkHAO8uk
« A Etienne-Noël Damilaville
et à
Nicolas-Claude Thieriot
Eh bien très chers frères, tout s'est-il éclairci ? Avez-vous reçu tous les paquets ? Avez-vous la scène dont j'ai envoyé deux duplicata à votre adresse , et la troisième à M. d'Argental ? Souvenez-vous que l'intention du sieur Picardin est que ce soit Le Droit du seigneur, et non L’École du sage ou L’Écueil du sage . C’est Le Droit du seigneur, vous dis-je .
Vous aurez dans quelque temps l'ouvrage des six jours . Ce n'est pas celui de l'abbé d'Asfeld 1 ah ah .
13 novembre [1761] 2»
1 Jacques-Joseph Duguet et Jacques-Vincent Bidal d'Asfeld : Explication de l'ouvrage des six jours, 1736 . Voir : http://data.bnf.fr/16684580/jacques_joseph_duguet_explication_de_l_ouvrage_des_six_jours/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Vincent_Bidal_d'Asfeld
2 Dans l'édition de Kehl des extraits de cette lettre sont mêlés à d'autres pour donner une version de la lettre du 1er novembre 1761
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Je ne vous demande du vin monsieur qu'en cas que vous en ayez de semblable à celui que vous m'avez envoyé les premières années
... De ce Beaujolais nouveau dont une bouteille -oubliée trois ans dans ma cave- voulu vieillir bien, au point de passer pour un bon Bourgogne au goût de mes invités . Las, ne reste que cet excellent souvenir, et , au fond , ce n'est pas rien .
Vivent les vins nouveaux ! ils ont le mérite d'encourager à se réunir en bonne compagnie , sans modération .
A propos de vin , extrait du poème Comme, de Robert Desnos :
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Conseiller de Grand-chambre
à Dijon
A Ferney 12 novembre 1761 1
Je ne vous demande du vin monsieur qu'en cas que vous en ayez de semblable à celui que vous m'avez envoyé les premières années . À mon âge le bon vin vaut mieux que M. Tronchin . Il y a près de deux ans que je bois du vinaigre, et le président De Brosses n'y met pas de sucre . Je suis devenu délicat mais pauvre . Je me recommande monsieur à votre goût et à votre compassion .
Je vous demande en grâce de vouloir bien me procurer deux mille barbues 2, c'est le mot je crois, de ceps bourguignons . Le tout m'arriverait par les mêmes voitures . Tout ce que je reçois de Bourgogne me fait grand plaisir excepté les exploits du président De Brosses . Il veut vendre cher ses fagots . Tâchez monsieur de me vendre bon marché votre vin dont je fais plus de cas 3 que de cette grande forêt de quarante arpents de la magnifique terre du président . Je sais qu'il y a vin et vin , comme il y a fagots et fagots . C’est du bon que je demande . Il serait doux d'avoir l'honneur de le boire avec vous et que ce terrible président n'y mît point d'absinthe . Il fait d’étranges hypothèses ; il suppose des ventes ; et il argumente a falso supponente 4. Vous ne m'avez pas répondu, monsieur, sur l'arbitrage que je proposais . Aussi je n'en demande plus, et je le tiens condamné dans le cœur de tous ses confrères . Quod erat demonstrandum .5
J'ai l'honneur d'être très respectueusement
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Le Bault a ajouté sur le manuscrit : « Répondu le 28 novembre, offert du Rully soutiré à 200 livres et promis de lui envoyer les 2000 [pieds] de chapons. »
2 Il s'agit d'un mot dialectal signifiant plant de vigne ; pour sa part Le Bault parle de chapons .
3 V* semble avoir écrit d'abord fagots, mot en partie gratté, ce qui est très rare dans ses manuscrits .
4 A partir de fausses suppositions .
5 Ce qui était à démontrer .
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on verra que les amateurs des lettres sont plus amateurs de la patrie que les convulsionnaires et les ennemis des arts
... Ô vous intégristes de tous bords, bas de plafond, agités du bocal, incultes, votre histoire s'achève avant que vous laissiez plus qu'une trace de bave .
Je ne suis pas seul(e) de cet avis !
« A Etienne-Noël Damilaville
Le 12 novembre 1761
Je fis partir, il y a onze jours, mes chers frères, la scène que les comédiens ordinaires du roi demandaient . Elle fut faite le même jour que je reçus votre avis . Je le trouvai excellent, et la scène partit le lendemain, accompagnée de rogatons que je renvoyais à M. Carré, comme Grizel, Car, Ah ah ! et Gouju .
Je renvoie fidèlement tout ce qu'on me confie . Peut-être trouva-t-on le paquet trop gros à la poste de Paris ; peut-être M. Jannel 1 en a fait rire le roi . Je souhaiterais bien que Sa Majesté vit toutes mes lettres, et les paquets que je reçois . Il serait bien convaincu qu'il n'a point de plus zélés, et j'ose le dire, de plus tendres serviteurs qui ceux qui sont appelés philosophes par les séditieux fanatiques ennemis du roi et de la patrie . J'exhorte tous mes amis à payer gaiement la moitié de leurs bien, s'il le faut, pour servir le roi contre ses injustes ennemis .
Après cela on peut saisir des Grizel etc. on verra que les amateurs des lettres sont plus amateurs de la patrie que les convulsionnaires et les ennemis des arts . Je signe hardiment cette lettre, votre véritable ami .
Voltaire . »
1 Sur Jeannel, voir lettre du 9 août 1756 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/05/je-m-unis-a-tout-hasard-aux-sentiments-des-saints-sans-savoi.html
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18/11/2016
voici la réponse de notre comité à votre comité, mais ne nous égorgeons point
... Est-ce bien le résumé concluant les déclarations des candidats à la primaire de droite, lors du débat de ce jeudi soir ?
J'y ai heureusement échappé pour cause d'une vie sportive qui convient bien mieux à ma santé que de démêler le vrai du faux dans des programmes électoraux, et supporter les singeries de Sarko est au delà du raisonnable ; comme disait ma brave marraine, il a une "âme putassière" , qu'il aille au diable sans délai .
Et pour l'y aider , je suis prêt à aller voter au bout du monde !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Ô divins anges, voici la réponse de notre comité à votre comité, mais ne nous égorgeons point . Je vous supplie de vouloir bien m'obtenir une réponse sur mon Talleyrand d'Excideuil 1.
Puisque vous ne répondez point sur l'Espagne, j'espère .
Mais répondez donc sur le paquet de Mme Du Deffand .
Mais un mot sur Le Droit du seigneur, sur Zulime, sur M. le maréchal de Fronsac 2.
Je veux vous envoyer ma lettre au président De Brosses en forme de factum . Il m'a volé . D'accord, mais il est honni dans son parlement de Bourgogne . Car je l'ai berné, car je suis berneur, car il est bernable 3, car l’ancien premier président de La Marche vous en dira bientôt des nouvelles .
Interim je baise le bout de vos ailes .
V.
Mémoire à tous les anges
M. le comte de Choiseul étant essentiellement
compté pour l'un d'iceux
Notre comité qui vaut bien le vôtre, sauf respect, vu qu'il est composé de gens du tripot, et de très bons acteurs, est obligé de vous déclarer qu'il ne peut être de votre avis sur la plupart de vos objections .
Nous frémissons d'indignation quand vous nous proposez de mettre notre pièce à la glace, par une confidence froide et inutile d'amour au commencement du premier acte . Cela serait très bien inventé pour ôter tout l'effet d'un coup de théâtre que produit le mariage de Cassandre et d'Olympie, et pour rendre ridicules les remords de Cassandre, et pour ôter toute la force à la scène vigoureuse où l’on justifie la mort d'Alexandre, car messieurs et mesdames la terreur des remords et les réflexions sur la mort d'Alexandre seraient très mal placées après des scènes amoureuses, ce n'est pas là la marche du cœur . Vous me citez Zaïre, mais songez-vous que le piquant des premières scènes de Zaïre consiste dans l'amour d'un Turc et d'une chrétienne ? Sans quoi cela serait aussi froid que la déclaration de Xiphares 4 .
Nous pensons que vous vous méprenez infiniment sauf respect, quand vous croyez qu'Olympie est le premier rôle . Il ne l'est que quand Statira est morte . Quoi, vous croyez qu'Olympie est faite pour Mlle Clairon ? Ah ! tout comme Zaïre .
C'est Statira qui est le grand rôle . Ah comme nous pleurions à ces vers !
J'ai perdu Darius, Alexandre et ma fille,
Dieu seul me reste 5 .
C'est que Mme Denis déclame du cœur, et que chez vous on déclame de la bouche .
Nous sommes respectueusement et sincèrement de l'avis du comité sur une certaine prière que faisait Cassandre et non pas Cassander à une certaine Antigone . Il y a d'autres détails que nous avons corrigés sur-le-champ selon les vues très justes du comité .
Nous avons été plus sévère que vous sur quelques articles .
Mais nous sommes diamétralement opposés sur Olympie . Songez qu'elle est bien résolue à ne point épouser Cassandre, mais qu'elle ne peut s'empêcher de l’aimer, et qu'elle ne lui dit qu'elle l'aime qu'en s’élançant dans le bûcher . Si vous ne trouvez pas cela honnêtement beau, par ma foi vous êtes difficiles .
Nous vous envoyons une petite esquisse de nos corrections qui jointe à celles que vous avez déjà, est capable de boucher les trous des sifflets . Mais pour mieux faire, renvoyez-nous la pièce et nous vous la rendrons mise au net .
Délibéré dans la troupe de Ferney le 12 novembre de l'an de grâce 1761 . »
1 Charles de Talleyrand, prince de Chalais, marquis d'Excideuil ; voir lettre du 12 décembre 1761 aux d'Argental : « Je prends la liberté de demander des nouvelles du prince de Chalais, marquis d'Excideuil, comte de Talleyrand, ambassadeur en Russie en 1637 avec un marchand nommé Roussel . » et lettre du 12 décembre 1761 au comte de Choiseul : « C'est en l'an 1635, et 36 que les Russes prétendent que Louis XIII envoya le prince de Chalais, comte de Talleyrand, marquis d'Ecideuil, ambassadeur à Moscou et à la Porte, conjointement avec un omme Roussel . » Voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Talleyrand-P%C3%A9rigord#Principales_personnalit.C3.A9s
2 Allusion probable à un mariage projeté pour le fils de Richelieu, qui ne se réalisa qu'en 1764 .
3 Ce mot est employé par V* dans L'enfant Prodigue, ac. I , sc. 1, était sans doute d'usage dans le langage familier, il ne fut admis à l'Académie qu'en 1762 .
4 Dans Mithridate, de Racine, Ac. I, sc. 2 . cette dernière remarque est ajoutée entre les lignes par V* sur le manuscrit . Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_MITHRIDATE.pdf
5 Olympie, Ac. II, sc. 2 ; voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_OLYMPIE.xml#A2
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17/11/2016
fugitif, escroc, espion, ivrogne, Normand, de présent à Paris, et qui mérite de faire le voyage de Marseille
... Ce sont des termes peu flatteurs qu'il me semble avoir entendu au long des couloirs des bureaux du PS, et si je ne suis pas exact et fidèle , je pense être tout à fait dans l'esprit de ce qui se dit depuis l'officielle candidature d'Emmanuel Macron .
Rayez les mentions inexactes si vous êtes de bonne foi, ajoutez-en si vous êtes de droite, de gauche, du centre, des extrêmes, idiots .
Et ce n'est qu'un début !... les noms d'oiseaux vont voler bas envers ce candidat assez couillu qui se démarque des mollassons/paillassons de tous bords .
Les chiens aboient , etc., etc. Bien faire et laisser dire .
« A Etienne-Noël Damilaville
et à
Nicolas-Claude Thieriot
11 novembre [1761]
Mes frères, je vous renvoie fidèlement les Ah ah et les Car qu'on m'a confiés, car je suis un homme de parole, car je vous aime .
Il n'y a pas quatre pages de vérité et de bon sens dans le nouveau Testament 1. L'auteur est un ex-capucin, ci-devant nommé Maubert, fugitif, escroc, espion, ivrogne, Normand, de présent à Paris, et qui mérite de faire le voyage de Marseille 2. »
1 Voir lettre du 11 octobre 1761 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/01/il-a-fait-avec-le-droit-du-seigneur-la-meme-petite-infamie-q-5855131.html
2 C'est à dire être envoyé aux galères .
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16/11/2016
Mais que puis-je dicter que des lamentations de Jérémie sur ma pauvre patrie qui était si florissante il y a quelques années , et qui est à présent un objet de pitié ?
... On croirait entendre un de ces candidats populistes à la présidentielle, vantant ses résultats réels ou supposés, du passé , et noircissant le tableau actuel pour se poser en phare du renouveau lumineux qui ne peux manquer d'advenir grâce à lui . Ouaip !! ni plus ni moins, chers tax payers ! pour du lavage de cerveau, c'est du lavage de cerveau, au Karcher si vous voyez ce que je veux dire , vivement la primaire pour lui rabattre son caquet, enfin .
Rien à ajouter .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Au château de Ferney 9 novembre 1761
Madame, tant que je serai encore au nombre des vivants je serai dans celui des adorateurs de vos vertus, et des cœurs reconnaissants rempli de vos bontés . J'arrache rarement à mon état de malade quelques moments où je puisse écrire . Car je suis presque toujours réduit à me faire lire, et à dicter . Mais que puis-je dicter que des lamentations de Jérémie sur ma pauvre patrie qui était si florissante il y a quelques années , et qui est à présent un objet de pitié ? J'ai dicté pourtant une tragédie bonne ou mauvaise que je compte avoir l'honneur d'envoyer dans quelques semaines à Votre Altesse Sérénissime . Que ne puis-je avoir du moins la consolation de l'amuser quelques moments, puisque celle d'être à ses pieds à Gotha m'est refusée ?
Il me paraît que le roi d'Angleterre en faisant un choix n'a pas donné la pomme à la plus belle 1, car quoique toutes les reines soient toujours sans contredit des prodiges de beauté, cependant je connais une princesse qui autant qu'il m'en souvient doit l'emporter sur les reines mariées et à marier . J'ai peur que le roi d'Angleterre n'ait pas été aussi bien servi dans ses amours qu'à la guerre .
Je suis entouré ici de Russes qui dictent qu'ils prendront Colberg et d’Allemands qui assurent que le siège est levé . Je suis comme celui qui disait, les uns croient le [car]dinal 2 vicaire mort, les autres le croient vivant, et moi je ne crois ni l'un ni l'autre .
Il y a une ode d'un Suisse de Berne contre tous les rois qui sont en guerre, il les traite tous de brigands et de perturbateurs du repos public . Il y a dans cet ouvrage des morceaux terribles . Cela ne nous regarde pas nous autres pauvres Français, car nous n'avons pas fait grand mal .
Que Votre Altesse Sérénissime daigne agréer le profond respect du Suisse .
V. »
2La page 3 du manuscrit commence ici, et en y passant V* a oublié le début du mot .
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