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25/09/2016

Vous ne direz plus qu'il est bon homme quand il a de l'argent . Qu'il tremble ! Il ne s'agit pas de le rendre ridicule, il s'agit de le déshonorer . Cela m'afflige . Mais il paiera cher la bassesse d'un procédé si coupable et si lâche .

... Jean-Marc Morandini, lâche profiteur, on te parle ! Je souhaite que justice se fasse au plus tôt , t'élimine du paysage audio-visuel sans rémission . Te déshonorer n'est plus au programme tu t'en es chargé toi-même .

 

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

7 octobre [1761]

Mon cher président vous avez une belle âme, vous n'êtes point fétiche . Je suis pénétré de vos bontés,et je compte sur votre amitié pour le reste de ma vie . J'envoie à M. de Blancey 1 et à M. de Varenne 2 mes réponses à l’assignation du fétiche . Corneille me reproche de le quitter pour des fagots . Son ombre en murmure . Il est cruel de passer de Cinna et de Rodogune à une assignation, mais que faire ? Le misérable m'accable d'exploits, il faut répondre 3.

Je vous supplie de lire dans le mémoire envoyé à M. de Blancey un petit trait oublié dans le vôtre . Le fétiche demande de l'argent de ses moules et de ses fagots . Il dit dans son exploit que Baudy lui rend 12 livres du moule . Baudy dans son exploit me demande 12 livres du moule . Il est évident que si le fétiche avait vendu réellement à Baudy des bois à 12 livres le moule, le dit Baudy, marchand, les vendrait davantage . Il est clair qu'il compte avec le fétiche de clerc à maître , et que le fétiche lui donne quelque chose pour ses peines . Il est démontré comme je le dis, que le président a fait une vente simulée, qu'il m'a trompé grossièrement, dans le temps qu'il me vendait sa terre .

Et si je vous disais que je soupçonnai cette bassesse il y a trois ans, et que je déclarai que je ne laisserais point sortir ses bois, à moins qu'on me montrât un acte réel de vente, et que le président m'en fit présenter un faux par Baudy, que diriez-vous, vous homme vertueux ? Songez qu'il faisait cette infamie dans le temps qu'il recevait de moi 47 4 mille livres ! Vous ne direz plus qu'il est bon homme quand il a de l'argent .

Qu'il tremble ! Il ne s'agit pas de le rendre ridicule, il s'agit de le déshonorer .

Cela m'afflige . Mais il paiera cher la bassesse d'un procédé si coupable et si lâche .

Je vous embrasse . Vous me consolez . »

1 Qui était en relation avec le président De Brosses ; voir : https://archive.org/stream/leprsidentdebro03brosgoog/leprsidentdebro03brosgoog_djvu.txt

2 Jacques Varenne père et son fils ainé Varenne de Béost, tous deux secrétaires des États de Bourgogne . Varenne de Béost était correspondant de l'Académie des Sciences et frère du savant agronome Varenne de Fenille .

3 Le texte le plus significatif parmi ses « réponses » est un mémoire de 4 pages, olographe, reproduit par Besterman, App. D 209, t . XXIII, p. 493-496 . V* y déploie ses talents d’avocat et de juge d'instruction contre un adversaire digne de lui .

4 V* avait d'abord noté 95 .

 

 

 

24/09/2016

Presque tout ce que j’ai envoyé n’est qu’un recueil de doutes

... Plaident, devant le tribunal administratif, à l'insu de leur plein gré, chacun des deux présidents gabonais putatifs , Ali Bongo Ondimba et  Jean Ping .

 http://www.lepoint.fr/monde/le-gabon-sous-tension-dans-l-...

 Quelle musique nous a fait déjà entendre le Bongo des familles ? En bon instrument à percussion [https://fr.wikipedia.org/wiki/Bongo], il a fait entendre des détonations et des claquements -de portes de cellules-, bon moyen pour réduire l'opposition .

Ping ( en attente de pong ) a eu le temps d'entendre siffler les balles, et a pu tester l'accessibilité au fauteuil présidentiel à travers des élections -- presque normales-- dans un pays mené par des dictateurs héréditaires . [Ping est le nom d'une commande informatique permettant de tester l'accessibilité d'une autre machine à travers un réseau IP].

"Les allées du pouvoir au milieu de la jungle sont loin d'être sécurisées" ricanent les hyènes qui veulent se partager ce qui tombera de la table de l'élu .

 Voir : http://regardscroises.ivoire-blog.com/tag/afrique

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Les prot-agonistes

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Au château de Ferney, 7 octobre 1761

L’Académie me pardonnera sans doute l’embarras que je lui donne . Vous voyez de quelle importance il est que nous ayons raison sur tout ce que nous disons du Cid et des Horaces, de Pompée, de Cinna et de Polyeucte . On peut impunément se tromper sur la Galerie du Palais 1 et sur Agésilas ; mais je ne hasarderai rien sur les pièces que l’admiration publique a consacrées, sans avoir demandé plusieurs fois des instructions.

Je ne veux point rendre l’Académie responsable de mon commentaire ; je veux seulement profiter de ses lumières, qu’on sache que j’en ai profité, et que, sans ses bontés et ses soins, le commentaire serait bien moins utile.

Presque tout ce que j’ai envoyé n’est qu’un recueil de doutes. En voici encore de nouveaux sur Cinna. Je supplie l’Académie de les lire et de les résoudre.

Vous devez avoir entre les mains Cinna et Polyeucte . Vous me permettrez, quand vous m’aurez renvoyé le canevas du commentaire sur Polyeucte, marginé, de vous le renvoyer une seconde fois. Je compte embellir un peu cet ouvrage qui est sec par lui-même. Je fais venir beaucoup de tragédies espagnoles, anglaises et italiennes, dont la comparaison avec celles de Corneille ne servira pas peu à faire voir la supériorité de la scène française sur celles des autres nations, supériorité dont nous avons l’obligation à ce grand homme, et qui a contribué principalement à faire de notre langue la langue universelle.

Les Cramer ne comptent donner une annonce que quand ils seront sûrs des graveurs et du temps auquel ils auront fini. Je tâcherai de rendre service dans cette affaire au libraire de l’Académie. Il n’y a, ce me semble, qu’une veuve qui paraisse ; mais n’y a-t-il pas un enfant de dix à douze ans ? La mère pourrait me l’envoyer, je le ferais travailler chez les Cramer ; il apprendrait son art, et ce voyage lui serait très utile. Si vous le protégez et si vous approuvez mon idée, il n’y a qu’à me l’envoyer.

Je compte sur vous plus que sur personne ; continuez-moi votre bonne volonté, et aidez-moi de vos avis. »

 

23/09/2016

deux cent mille livres de rente, et un chapeau rouge, on est au-dessus de tous les souverains. Mettez la main sur la conscience

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

A Ferney 7 octobre 1761

Monseigneur, béni soit Dieu de ce qu’il vous fait aimer toujours les lettres ! Avec ce goût-là, un estomac qui digère, deux cent mille livres de rente, et un chapeau rouge, on est au-dessus de tous les souverains. Mettez la main sur la conscience : quoique vous portiez un beau nom, et que vous soyez né avec une élévation d’esprit digne de votre naissance, c’est aux lettres que vous devez votre fortune ; ce sont elles qui ont fait connaître votre mérite ; elles feront toujours la douceur de votre vie. Je m’imagine quelquefois, dans mes rêves, que vous pourriez avoir des indigestions, que vous pourriez faire comme M. le duc de Villars, madame la comtesse d’Harcourt, madame la marquise de Muy, etc., etc., etc., qui sont venus voir Tronchin comme on allait autrefois à Epidaure. J’ai aux portes de Genève un ermitage intitulé les Délices. M. le duc de Villars a trouvé le secret d’y être logé in fiocchi 1. Enfin toute mon ambition est que votre éminence ait des indigestions . Cela serait plaisant . Pourquoi non ? permettez-moi de rêver.

Votre réflexion, monseigneur, sur la dédicace de l’Académie est très juste ; mais figurez-vous que l’Académie, loin de vouloir que j’adoucisse le tableau des injustices qu’essuya Pierre, veut que je le charge, et cette injonction est en marge du manuscrit ; on est indigné d’une certaine protection qu’on a donnée à certaines injures, etc., etc.

Permettez-vous que j’aie l’honneur de vous envoyer les commentaires sur les pièces principales ? Vous avez sans doute votre bréviaire de saint Pierre Corneille . Vous me jugeriez, et cela vous amuserait. Mais comment me renverriez-vous mon paquet ? vous pourriez ordonner qu’on le revêtît d’une toile cirée, et il pourrait être remis en ballot, à Tronchin, de Lyon, ci-devant confesseur et banquier de Mgr. le cardinal de Tencin, et aujourd’hui le mien.

Ce travail est assez considérable, et transcrire est bien long. En attendant, je demande à votre éminence la continuation de vos bontés, mais surtout la continuation de votre philosophie, qui seule fait le bonheur.

Ne bâtissez-vous point ? ne plantez-vous point ? avez-vous une Epître de moi sur l’agriculture ? Bâtissez, monseigneur, plantez, et vous goûterez les joies du paradis.

Mille tendres et profonds respects.

V. » 

 

1 Excellemment .

 

22/09/2016

Je souhaite que vous ayez des confesseurs, et point de martyrs, c'est une façon fort ridicule d'aller au ciel par une échelle

... Rien de nouveau sous le soleil !

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 Grands faits ! ah oui ! effectivement grands faits, se faire couper la tête, quel mérite ! j'en connais plus d'un qui s'en serait dispensé et même aurait inversé l'ordre des faits . Martyrs ! la belle affaire , régime perdant-perdant à coup sur .

 Seuls gagnants, les chefs religieux qui vivent de la crédulité de leurs ouailles en leur faisant miroiter un avenir radieux en qualité ( par défaut ! ) de martyrs .

- Inch Allah !

- Mektoub !

 

 

 

« A Jean Ribote-Charron etc.

à Montauban 1

J'ai écrit à M. le maréchal de Richelieu, comme vous le désirez, monsieur . Je crois que s'il n'y a point eu de procès-verbal, l'affaire peut s'accommoder . Il laisse la plus honnête liberté, mais il ne veut pas qu'on en abuse . Je souhaite que vous ayez des confesseurs, et point de martyrs, c'est une façon fort ridicule d'aller au ciel par une échelle 2.

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

Au château de Ferney en Bourgogne par Genève

5è octobre 1761 . »

1 Une main étrangère a ajouté sur le manuscrit l'adresse de Ribote : « Chez M. Mantel et Delfau en foire / Bordeaux » et « débourser de Montauban » . La lettre contenant la requête de Ribote ne nous est pas parvenue , mais on connait celle qu'il adressa à Rousseau le 30 septembre 1761 ; ce dernier refusa d'intervenir . On a ici un des premiers épisodes concernant les relations de Voltaire avec les protestants du Midi ; voir le Pot-Pourri, chapitre VI et la notice de ce conte : voir : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-101503&M=tdm.

Voir : https://books.google.fr/books?id=9lNYCgAAQBAJ&pg=PT1010&lpg=PT1010&dq=jean+ribote-charron&source=bl&ots=5r1jrr-xfD&sig=Tm0xIb2SgYOK0LkL8VnmrD93ZUg&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjt55S7rpHPAhVItxoKHXO3BwcQ6AEIJTAA#v=onepage&q=jean%20ribote-charron&f=false

Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=vixxCwAAQBAJ&pg=PT83&lpg=PT83&dq=jean+ribote-charron&source=bl&ots=vTfuFtCmVt&sig=VsZfdFmVGLMrKXsJF32yGZwlqfM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjm06PZr5HPAhVHvRoKHU-IC5EQ6AEIMjAD#v=onepage&q=jean%20ribote-charron&f=false

D'autre part, le même jour à minuit, Charlotte Constant de Rebecque écrivait à son mari : « Voltaire a reçu des reliques qui lui ont été envoyées par le pape pour son église, en attendant elles sont éparses sur la cheminée ; je compte aller à Ferney jeudi matin avec M. d'Albertas . On y joue Mérope lundi ; M. de Lauraguais est parti […]. » Le 28 septembre, Choiseul avait écrit à V* : « Le proverbe a raison qui mange chapon, chapon lui vient ; voilà ce que c'est que d'avoir de la foi . Notre très saint-père, acquiesçant à notre humble prière, m'a adressé cette relique pour votre église, avec l'authentique nécessaire pour que l'on ne puisse pas douter de la sainteté de l'ossement qui doit être mis dans votre cathédrale et de la vénération qui lui est due par les fidèles de votre paroisse ; confiez ce dépôt précieux à votre curé, brûlez ma lettre, je vous prie, et continuez d'aimer votre serviteur . »

2 L'échelle du gibet .

 

21/09/2016

Daignez faire ramasser cette goutte d'eau

... Aux péages de nos belles autoroutes, au malus automobile aussi pendant qu'on y est, et ô miracle 5000 emplois verront le jour fin 2017 . Y compris celui d'un second mandat Fanfoué ?

http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/2016/09/19/29002-20160919ARTFIG00266-autoroutes-comment-l-etat-finance-les-projets.php

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« A Jean-Robert Tronchin Banquier

à Lyon

3 octobre [1761]

Pardon de la nouvelle importunité mais c'est pour vous informer mon cher monsieur que MM. Tourton et Baure doivent enfin vous payer 6500 livres . M. Tourton me l'a mandé . Daignez faire ramasser cette goutte d'eau puisque vous avez tant de bonté pour votre serviteur et ami .

V. »

 

20/09/2016

Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépêcher de la besogne .

... Tenez le vous pour dit, Nicolas le persifleur, bien incapable d'un vrai travail de progrès, vous qui vous gaussez de l'âge d'Alain Juppé et êtes bien incapable de brasser autre chose que du vent du haut de vos perchoirs à perroquets , mi-girouette, mi-épouvantail à moineaux !

illustration karl lagarfeld

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

de l’Académie française rue Saint Nicaise

à Paris

3 octobre [1761] 1

Au Mercure, au Mercure ! Mais Marce Tulli memor sis pictoris Watelet 2. Mettez son nom dans la liste des bienfaiteurs cornéliens . Je vous trouve bien timide . C'est à nos âges qu'il faut être hardi . Nous n'avons rien à risquer . Aussi je m'en donne !...

Je vous avertis mon maître que j'ai commenté déjà presque tout Corneille avant que Gabriel Cramer ait encore fait venir le caractère de Paris . Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépêcher de la besogne .

Je vous supplie de dire à l'Académie que je compte lui envoyer tout le commentaire pièce à pièce selon l'ordre des temps . Il faut qu'on pardonne à mon premier canevas . Je jette sur le papier tout ce que je pense au moment . L'Académie juge, je rectifie, je renvoie le manuscrit en mettant des nota bene en marge aux endroits corrigés et aux nouveaux . L'Académie juge en dernier ressort, alors je me conforme avec soin à sa décision, je polis le style, je jette quelques poignées de fleurs sur mes commentaires comme le voulait le cardinal de Richelieu . L'Académie dira peut-être, vous abusez de notre patience . Non messieurs , j'en use . Vous rendez service à la nation, vous fixez la langue française . Les commentaires deviendront grâce à vos bontés, une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille . On attend l'ouvrage à Petersbourg, à Moscou, à Yassi, à Kaminiek . L’impératrice de toutes les Russies a souscrit pour 8000 livres, et les fera compter à Gabriel Cramer, qui a déjà payé des graveurs .

Si l'Académie se lassait de revoir mon commentaire je serais très embarrassé . Je ne dois point m'en croire . Je peux avoir mille préventions . Il faut qu'on me guide . Un mot en marge me suffit . Cela me met dans le bon chemin . Marce Tulli, ménagez-moi les bontés et [la] patience de l'Académie . Interim, vive et [dilige me].3

N.B. – Ajoutez je vous supplie à l'endroit où je parle de nos académiciens :

M. le duc de Villars, M. l'archevêque de Lyon 4; M. l'ancien évêque de Limoges 5 .

Ce la ne vous coûtera que la peine d'insérer une ligne dans la copie pour le Mercure . »

1 Manuscrit olographe contresigné « Chammeville » .

2 Marcus Tullius [c'est-à-dire Cicéron] souviens-toi du peintre Watelet .

3 Manuscrit original endommagé ; on a comblé les lacunes grâce à une copie du comte d''Entraigues (Dijon) ; traduction : en attendant , vis et aime moi .

 

19/09/2016

Si vous voyez quelque académicien, mettez-lui le cœur au ventre

... Et si vous voyez quelque politicien, mettez-lui le sens des réalités en tête .

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Illustration du char de l'Etat tracté par un emplumé écervelé ?! On va surement progresser .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

3 octobre [1761] 1

Permettez-moi, mes anges, de vous demander si vous avez donné Polyeucte à M. Duclos. J’ai renvoyé deux fois Cinna et Pompée. L’Académie met ses observations en marge. Je rectifie en conséquence, ou je dispute ; et chaque pièce sera examinée deux fois avant de commencer l’édition. C’est le seul moyen de faire un ouvrage utile. Ce sera une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille ; mais il faut que l’Académie m’aide, et qu’elle prenne la chose à cœur. Je fatigue peut-être sa bonté ; mais n’est-ce pas un amusement pour elle de juger Corneille de petit commissaire 2 sur mon rapport ? Si vous voyez quelque académicien, mettez-lui le cœur au ventre. Je serai quitte de la grosse besogne avant qu’il soit un mois.

J’appelle grosse besogne le fond de mes observations ; ensuite il faudra non seulement être poli ; mais polir son style, et tâcher de répandre quelques poignées de fleurs sur la sécheresse du commentaire.

M. de Lauraguais, qui est ici, me paraît un grand serviteur des Grecs . Il veut surtout de l’action, de l’appareil. Vous voyez qu’il court après son argent, et qu’il ne veut pas avoir agrandi le théâtre pour qu’il ne s’y passe rien. Il dit qu’à présent Sémiramis et Mahomet font un effet prodigieux. Dieu soit loué ! On se défera enfin des conversations d’amour, des petites déclarations d’amour ; les passions seront tragiques, et auront des effets terribles ; mais tout dépend d’un acteur et d’une actrice. C’est là le grand mal ; cet art est trop avili.

Peut-on ne pas avoir en horreur le fanatisme insolent qui attache de l’infamie au cinquième acte de Rodogune ? Ah, barbares ! ah, chiens de chrétiens (chiens de chrétiens veut dire chiens qui faites les chrétiens) ! que je vous déteste ! que mon mépris et ma haine pour vous augmentent continuellement !

Madame de Sauvigny 3 dit que Clairon viendra me voir ; qu’elle y vienne, mon théâtre est fait ; il est très beau, et il n’y en a point de plus commode. Nous commençons par l’Ecossaise . Nous attendons qu’on joue à Paris le Droit du Seigneur pour nous en emparer.

Je suis bien vieux ; pourrai-je faire encore une tragédie ? qu’en pensez-vous ? Pour moi, je tremble. Vous m’avez furieusement remis au tripot, ayez pitié de moi. »

1 Date complétée par d'Argental .

2 Juger, travailler de petits commissaires, signifie juger de façon préliminaire, sans attendre la décision des chambres, quand les conseillers jugeaient et travaillaient chez le président ; Beuchot cite en note : « Nous jugions à huis clos de petits commissaires » voir : Regnard, Le Légataire universel, Ac. I, sc. 1 : vers 89-90 : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/REGNARD_LEGATAIRE.xml#A1