01/09/2015
Je me meurs de lassitude, de vers, de prose, d'église, de grange, de maçons, de laboureurs etc, etc.
... Rien d'autobiographique me concernant .
Mis en ligne le 17/11/2020 pour le 1/9/2015
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[août-septembre 1760]
[…] Je me meurs de lassitude, de vers, de prose, d'église, de grange, de maçons, de laboureurs etc, etc.
Mes anges, priez Dieu pour moi . »
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30/08/2015
Je ne crois pas monsieur, qu'il y ait dans le monde un plus mauvais correspondant que moi
... A ma grande confusion, Mam'zelle Wagnière peut en témoigner , je suis son Thieriot . Par ailleurs, ne me cherchez pas sur un quelconque réseau dit social , je n'ai pas de temps à perdre .
Mis enligne le 17/11/2020 pour le 30/8/2015
« A [Pierre-Jean Grosley ?] 1
29è auguste 1760
Je ne crois pas monsieur, qu'il y ait dans le monde un plus mauvais correspondant que moi ; je ne vous ai point encore accusé la réception du paquet que vous m'avez envoyé par M. Bouret ; mais comment voulez-vous que je fasse tenir ce paquet à Berlin ; je n'écris dans ce pays-là que quand le roi de Prusse m’en donne l'occasion , je crois vous l'avoir déjà mandé ; je mets alors les gros paquets dans le sien, et il a la bonté de payer le port ; mais il faut lui épargner les petites dépenses, attendu que son trésor est un peu écorné ; je ne lui écris point depuis l'ouverture de la campagne . Celle de Fréron, à ce qu'on me mande, n'a pas été heureuse à Paris, et qu'un certain Jérôme Carré l'a battu à plate couture 2. Si Fréron a un fils, je ne lui conseille pas d'acheter la charge de son père ; je ne sais à qui vous donnerez la place de l'abbé Trublet ; quoique vous vouliez la rendre héréditaire, elle a tout l'air de tomber aux parties casuelles . Votre idée de rendre les gens ridicules de père en fils est fort plaisante ; je la transmettrai à Formey quand je pourrai ; car je crois qu'il a des enfants ; pour moi je suis fort aise de n'en point avoir .
Votre très humble et obéissant serviteur
V. »
1 Sur l'identité du destinataire, voir lettre du 1er mars 1760 à Formey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/04/ajoutez-y-quelques-centaines-de-mille-pauvres-diables-de-mon-5571336.html
2 Par une anacoluthe assez extraordinaire, cette proposition complétive est complément de on me mande .
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29/08/2015
la punition est douce , s'il est coupable de toutes les choses dont on l'accuse
... Je vous laisse choisir votre victime .
Mis en ligne le 17/11/2020 pour le 29/8/2015
« A Etienne-Noël Damilaville
29 d'auguste 1760
Je réponds, monsieur, à votre lettre du 12 . Je vois avec plaisir l'intérêt que vous prenez à l'honneur des belles-lettres . Plus la place que vous occupez semblait devoir vous interdire le goût de la littérature, plus vous y avez de mérite . La publication de l'Histoire de Russie sous Pierre le Grand est une nouvelle prématurée . Vous me feriez plaisir, monsieur, de me dire quel est ce M. Do... dont vous n'achevez pas le nom : les Suisses comme moi ne sont pas au fait de l'histoire de Paris et n'entendent pas à demi-mot . Je n'ai point encore vu l'imprimé qui a pour titre Requête de Jérôme Carré aux Parisiens . Vous me feriez plaisir de me l'envoyer ; on dit qu'il est différent de celui qui courait en manuscrit . On m'a mandé qu'on jouait L’Écossaise à Lyon, à Bordeaux et à Marseille avec le même succès qu'à Paris . Je ne sais pas pourquoi le sieur Fréron s'est obstiné à se reconnaître dans le Frélon de M. Hume . Il est certain que ce n'est pas la faute de Jérôme Carré, qui n'est qu'un simple traducteur, et qui est l'innocence même . Il ignorait absolument qu'on eût jamais parlé d'envoyer le sieur Fréron aux galères . C'est le sieur Fréron lui-même qui a appris cette anecdote au public : il doit savoir ce qui en est .
En attendant il est exécuté sur tous les théâtres de France ; la punition est douce , s'il est coupable de toutes les choses dont on l'accuse . On m'a envoyé des mémoires sur sa vie 1, dont il y a, dit-on, plusieurs copies dans Paris . Il paraît par ces mémoires que cet homme appartient plus au Châtelet qu'au Parnasse . Au reste je ne l'ai jamais vu ; je n'ai lu que deux ou trois de ses misérables feuilles qu'on oublie à mesure qu'on les lit .
Je m'occupe bien plus agréablement de vos lettres et des sentiments que vous me témoignez que des sottises de ce gredin . Comptez, monsieur, sur la vive sensibilité de votre etc. »
1 Voir lettre du 20 août 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/16/continuez-a-combattre-en-faveur-du-bon-gout-et-du-sens-commu-6277712.html
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28/08/2015
mon vieux corps, mon vieux tronc a porté quelques fruits cette année, les uns doux, les autres amers, mais ma sève est passée . Je n'ai plus ni fruits ni feuilles
... C'est le temps de la taille (et des dernières mensualités de la gabelle ! ); reviendra le printemps et feuilles (bien placées ) et fleurs .
A propos de taille, ma tignasse de confiné prend des proportions hagridesques .
Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 28/8/2015
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
auguste 28è 1760 1
Mon cher ange, vous ne m'instruisez pas dans mes limbes de ce que vous faites dans votre ciel, pas un petit mot sur L’Écossaise, sur mon ami Fréron, sur mon cher Pompignan qu'on dit être chez M. d'Argenson aux Ormes avec le président Hénault qui va lui vendre sa charge de surintendant bel esprit de la reine, et qui pour pot de vin trouve son discours et son mémoire excellents .
Il faut que je vous dise que frère Menoux , jésuite, m'a envoyé une mauvaise déclamation de sa façon intitulée L’incrédulité combattue par le simple bon sens . Il a mis cet ouvrage sous le nom du roi Stanislas pour lui donner du crédit , il me l'a adressé de la part de ce monarque, et voici la réponse que j'ai faite au monarque . Voyez si elle est sage, respectueuse et adroite . Vous pourriez peut-être en amuser M. le duc de Choiseul en qualité de Lorrain .
On me mande, mon divin ange,que vous allez faire jouer ce Tancrède qui est déjà presque aussi connu que L’Écossaise . On vient de me faire apercevoir qu'il manque une rime à ce Tancrède . Plût à Dieu que ce fût la seule chose qui lui manquât . C'est au troisième acte dans le rôle d'Orbassan :
Quel est ton nom, ton rang ? ce simple bouclier
Semble nous annoncer peu de marque de gloire.
Il manque la rime à bouclier , et la voici :
Je veux bien avec toi descendre à me commettre
Et daigner te punir d'oser me défier.
Quel est ton nom, ton rang, ce simple bouclier
Semble nous annoncer peu de marque de gloire .
Mon cher ange, mon vieux corps, mon vieux tronc a porté quelques fruits cette année, les uns doux, les autres amers, mais ma sève est passée . Je n'ai plus ni fruits ni feuilles . Il faut obéir à la nature, et ne la pas gourmander . Les sots et les fanatiques auront bon temps cet automne et l'hiver prochain . Mais gare le printemps .
Est-il vrai que Gaussin se retire, qu'elle fait comme moi, qu'elle va en Berry être dame de château et que de plus elle est mariée ?2 Je suis bien aise qu'il y ait des châteaux pour les talents pourvu que ce ne soient pas les châteaux de Vincennes et de la Bastille .
Une lettre venue de Prague annonce changement de fortune, et défaite entière de Laudon 3. Il faut toujours en fait de nouvelles attendre le sacrement de la confirmation . Mais si la chose est vraie, je pense comme vous, la paix, la paix . Oui, mais voudra-t-on bien nous la donner ?
En attendant amusez-vous avec Tancrède, mais qu'il ne soit pas sifflé ! On joue L’Écossaise dans toutes les provinces . Il serait triste de déchoir et de faire ce petit plaisir à Fréron et à Pompignan . Savez-vous bien mon cher ange, que Tancrède est une affaire capitale ?
Mille tendres respects aux anges .
V. »
1 Le passage concernant les corrections de Tancrède (On vient de me faire apercevoir … Mon cher ange) est biffé sur la copie du manuscrit et omis dans les éditions .
2 Elle avait épousé en mai 1759 Marie-François Taolaïgo, danseur de l'Opéra qui possédait une propriété dans le Berry à Labzenay ; mais elle ne se retira qu'en 1763 et mourut en 1767 .
3 Frédéric II lui avait infligé une sérieuse défaite près de Liegnitz le 15 août 1760 .
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27/08/2015
Ce n'est pas un bon moyen de faire connaître un ouvrage que d'en dire du mal
... Peut-être de ton temps ami Voltaire ; on voit bien que tu ne connais pas les réseaux sociaux, extraordinaire entreprise de démolition, qui encense des conneries monumentales et débine des propos sensés . It's a mess !
Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 27/8/2015
« A Pierre Rousseau
à Bouillon
par Sedan
27è août 1760 1
La personne à qui monsieur Rousseau a écrit touchant le petit ouvrage de Mlle Vadé, servira monsieur Rousseau dans toutes les occasions ; mais cette personne ne lui a point envoyé cette petite pièce dont elle était en possession, dans l'intention de porter le moindre préjudice à Mlle Vadé ; il paraît au contraire que cette demoiselle devait s'attendre à quelques remerciements, attendu qu'elle a pris vivement le parti du Journal encyclopédique contre L’Année littéraire, ou anti-littérature .
Ce n'est pas un bon moyen de faire connaître un ouvrage que d'en dire du mal ; et le petit ouvrage envoyé était très connu, et on en a déjà fait trois éditions . Le mieux eût été de ne jamais prévenir le jugement du public, de ne le point choquer, et de ne point sacrifier son jugement et son intérêt à la crainte qu'on peut avoir de quelques misérables qui n'ont aucun crédit .
Si monsieur Rousseau est mécontent de l’endroit où il a transporté son île flottante de Délos 2, on lui offre un château ou une maison isolée , à l'abri de tous les flots ; il y trouvera toutes sortes de secours, et de l'indépendance . Il pourra y transporter sa manufacture, et il ferait encore mieux de se servir de la manufacture d'un négociant accrédité, dans le voisinage, qui est tout prêt . Il pourrait tirer de très grands avantages de ce parti, et n'aurait jamais rien à craindre ; il faudrait seulement qu'il vint sous un autre nom, qu'il n'en parlât à personne, et que la marque de sa marchandise ne portât le nom d'aucune ville ; il se ferait adresser les paquets de ses correspondants à Lyon . »
1 L'édition Moland ajoute la dernière phrase d'après une copie communiquée par Ferdinand Brunetière .
2 Le Journal encyclopédique fut publié successivement à Liège, Bruxelles, et en dernier lieu à Bouillon .
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24/08/2015
Bon voyage, du plaisir, de l'argent et la paix
... Et bonne santé par dessus tout ! Je crois que rien n'est oublié .
Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 24/8/2015
« A Jean-Robert Tronchin
Chez M. Tronchin Conseiller d’État
à Genève
Mon nez remercie monsieur Tronchin, mon cœur aussi .
Ma bourse est vide . S'il peut m'envoyer 500 livres dans une quinzaine, ce sera pour le courant, je tirerai sur lui les grosses parties à mesure, ou sur M. Cathala .
Bon voyage, du plaisir, de l'argent et la paix .
Très humble obéissant serviteur .
V.
[24 août 1760] 1»
1 Manuscrit daté par Tronchin .
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23/08/2015
il est bien ridicule qu'un primat des Gaules ne soit pas le maître d'avoir du plaisir . Autrefois les évêques allaient aux spectacles
... Philippe Barbarin, que n'avez-vous chassé et dénoncé les brebis galeuses de votre diocèse . Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre, c'est bien peu chrétien, Jésus lui, au moins, a su sortir le fouet et s'en servir pour faire le ménage dans le temple . Honte à vous .
Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 23/8/2015
« A Jacques Pernetti
22è août 1760
Nos conventicules de Satan,1 proscrits par Jean-Jacques et par Gresset, ne recommenceront, mon cher ami, que quand M. le duc de Villars sera arrivé ; je voudrais que votre archevêque 2 pût y assister comme vous, je crois qu'il ne serait pas mécontent de Mme Denis ; il est bien ridicule qu'un primat des Gaules ne soit pas le maître d'avoir du plaisir . Autrefois les évêques allaient aux spectacles ; ce sont ces faquins de calvinistes et de jansénistes qui n'étant pas faits pour les plaisirs honnêtes, en ont privé ceux qui sont faits pour les goûter . Les pontifes d'Athènes et de Rome étaient juges des pièces tragiques, et sûrement n'en étaient pas meilleurs juges que votre adorable archevêque . Je suis très fâché de n'être pas de son diocèse , j’irais le conjurer à deux genoux de venir bénir l'église que j'ai l'honneur de faire bâtir . Je vous offre, mon cher abbé, un autel et un théâtre, tous les deux sont à votre service . Je vous demande en grâce de me dire, si ce que vous me mandâtes le 18 août du parlement de Besançon est encore vrai le 23 août . Est-il possible que ce parlement joue sérieusement la farce du médecin malgré lui ? Et qu'il dise à la classe du parlement de Paris, De quoi vous mêlez-vous ? Je veux qu'on me batte 3. Si la chose est ainsi, il n'y a rien eu de si plaisant du temps de la fronde ; et si le ministère a trouvé le secret de donner ce ridicule aux parlements, le ministère est plus habile qu'eux . Je vous embrasse de tout mon cœur, vous et vos amis . »
1 Les représentations théâtrales données, en l’occurrence à Lyon .
2 Antoine de Malvin de Montazet, archevêque de Lyon .
3 D'après Le Médecin malgré lui, de Molière, acte I, sc. 2 .
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