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31/01/2016

Le bonhomme Corneille conduit par vous écrasera le monstre

... Puisqu'il en est un qui se réclame de Jean Racine, excusez du peu, pour écarter le poids des critiques, j'en appelle à Pierre Corneille et à Nicomède , tragédie pas si tragique que ça .

Synopsis archi-résumé  avec un happy end : 1651 :

Nicomède , victime de la haine de sa belle-mêre-par-ricochet Arsinoe , aidé d'un homme mystérieux Attale (qui n'est autre que son frère, demi-frère ) gagne le pouvoir et le coeur de Laodice ( sujet de l'amour des deux zigottos ) . La paix familiale ne parait cependant que très peu sincère . The end .

C'est transparent, Corneille était un visionnaire : Nicolas victime de la haine de Rachida ( NDLR : j'ai mis Rachida car je ne peux pas la souffrir, mais ce ne sont pas les femmes, politiques ou non, qui manquent à vouloir sa peau ) , aidé de Jacques Attali, son séide , gagne le pouvoir et le coeur de Carla (aimée de Raphael et Foutriquet ) . L'UMP accouche de Républicains, qui se font la gueule comme de bien entendu dans ces familles recomposées . Too bad !

 

"Et du haut d'un balcon, pour calmer la tempête,

Sur ses nouveaux sujets faisons voler sa tête."

 

 

«  A Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

A Ferney 31 janvier 1761

Il est, monsieur, de la plus grande importance de venger le nom de Corneille, et le public . Voici le certificat de Mme Denis 1, et la procuration du sieur L’Écluse 2. Ce chirurgien a droit de demander justice d'un outrage qui peut le décréditer dans l'exercice de sa profession . Je paierai bien volontiers tous les frais du procès . Cet infâme Fréron n'est pas digne de sentir vos beaux vers, qu'il sente la force de votre prose, et le bras de la justice . Le bonhomme Corneille conduit par vous écrasera le monstre . Je vous embrasse avec la plus tendre amitié, et la plus parfaite estime .

V. »

1 Ce certificat n'est pas conservé .

2 Ce document conservé dans la même collection privée que la lettre, est ainsi formulé : « Je soussigné chirurgien-dentiste de S.M . le roi de Pologne exerçant mon art en la ville de Genève où j'ai été […] mandé y demeurent depuis six mois avec la permission de Sa Majesté donne pouvoir à ( en blanc) de pour moi et en mon nom poursuivre réparation dommages et intérêts des outrages personnels à moi faits dans les lignes diffamatoires de la page 164 de l'Année littéraire du nommé Fréron . Fait à Genève ce trente et un janvier mil sept cent soixante et un . / Lécluse Dutilloy. » V* ne néglige rien pour faire punir Fréron . Voir aussi : http://gatinais.histoire.pagesperso-orange.fr/LEcluse.htm

ménager l'impatience des lecteurs français, qui d'ordinaire ne peut souffrir dans une ode que quinze ou vingt strophes tout au plus

... Les paroles s'envolent, les écrits restent, dit-on . Nous sommes arrivés au siècle de l'audio-visuel, que diable et l'on ne dissocie plus guère l'écrit de l'oral, le vu de l'entendu . Hommes politiques gagnés par la fièvre d'écrivaillons ( entretenue par la fièvre de bons revenus pour les éditeurs, directement ou par envoi d'ascenseur ) votre peine est aussi vaine que vos mensonges ont été gros . Qui est encore assez ballot pour se coltiner les états d'âme d'un orgueilleux profiteur . Hommes d'état, vous n'êtes plus des De Gaulle . Plutôt des "Que Dalle" !

 

« A Ponce-Denis Écouchard Le Brun

Au château de Ferney, pays de Gex en Bourgogne

par Genève 30è janvier 1761

Permettez-moi, monsieur, d'être aussi en colère contre vous que je me sens pour vous d'estime et d'amitié . Vous auriez bien dû m’envoyer plus tôt la lettre insolente de ce coquin de Fréron depuis la page 145 jusqu'à la page 164 1. Je n’insisterai point ici sur les mauvaises critiques qu'il fait de votre ode . Parmi ses censures de mauvaise foi, il y en a quelques unes qui pourraient éblouir 2, et si vous réimprimez votre ode, je vous demande en grâce de consulter quelque ami d'un goût sévère, et surtout de ménager l'impatience des lecteurs français, qui d'ordinaire ne peut souffrir dans une ode que quinze ou vingt strophes tout au plus . Le sujet est si beau, et il y a dans votre ode des morceaux si touchants, que vous vous êtes vous-même imposé la nécessité de rendre votre ouvrage parfait . Un des grands moyens de le perfectionner, est de l'accourcir, et de sacrifier quelques expressions auxquelles l'oreille française n'est pas accoutumée ; je n'ai jamais fait un ouvrage de longue haleine, sans consulter mes amis . M. d'Argental m'a fait corriger plus de deux cents vers dans Tancrède ; et m'en a fait retrancher plus de cent ; et la pièce est encore très loin de mériter les bontés dont il l'a honorée .

Croyez-moi, monsieur, il faut que nos ouvrages appartiennent à nos amis et à nous .

Vir bonus ac prudens versus reprehendes inertes,

Culpabit duros ...etc.3

Je me sens vivement intéressé à votre gloire, et je crois qu'il vous sera très aisé de rendre toute votre ode digne de votre génie, de la noblesse d’âme qui vous l'a inspirée, et du sujet intéressant qui en est l'objet .

Vous me pardonnerez sans doute la liberté que je prends ; les soins que nous avons pris tous deux du grand nom de Corneille doivent nous lier à jamais . Je regarde jusqu'à présent comme un bienfait l'honneur et le plaisir que vous avez procurés à ma vieillesse . Mlle Corneille paraît mériter de plus tous les soins que vous avez pris d'elle . Ma nièce l'élève, et la traite comme sa fille . Mais plus le nom de Corneille est respectable, et plus vos soins, ceux de M. Titon, et ceux de ma nièce ont l'approbation de tous les honnêtes gens , plus l'outrage que Fréron ose faire à cette demoiselle et à vos bontés est punissable .

Monsieur le chancelier et M. de Malesherbes peuvent lui permettre de dire son avis à tort et à travers, sur des vers et de la prose ; mais ils ne doivent certainement pas souffrir qu'il insulte personnellement Mme Denis, Mlle Corneille et vous même , monsieur, qui nous avez procuré l'honneur que nous avons . Le nom de Lamoignon est respectable, mais celui de Corneille l'est aussi 4, et sans compter deux cents ans de noblesse qui sont dans la famille des Corneille, la France doit aimer assez ce nom pour demander le châtiment du coquin qui ose insulter la seule personne qui le porte .

Mme Denis est née demoiselle, et est veuve d'un gentilhomme mort au service du roi ; elle est estimée et considérée, toute sa famille est dans la magistrature et dans le service . Ces mots de Fréron, Mlle Corneille va tomber entre bonnes mains, méritent le carcan .

Le sieur L’Écluse qui n'avait certainement que faire à tout cela se trouve insulté dans la même page ; il est vrai qu'étant jeune il monta sur le théâtre, mais il y a plus de vingt cinq ans qu'il exerce avec honneur la profession de chirurgien-dentiste ; il est faux qu'il loge chez moi . Il y est venu il y a un an pour avoir soin des dents de ma nièce ; je le traite, dit-il, comme mon frère, et il insinue que je ne fais nulle différence entre une demoiselle de condition du nom de Corneille , et un acteur de la foire . J'ai reçu M. de L’Écluse avec amitié et avec la distinction que mérite un chirurgien habile, et un homme très estimable tel que lui . Il y a d'ailleurs quatre mois entiers qu'il n'est plus chez moi, et qu'il exerce sa profession à Genève, où il est très honorablement accueilli . J'enverrai, s'il le faut les témoignages des syndics de Genève qui certifieront tout ce que j'ai l'honneur de vous dire .

Le résultat de la lettre insolente de Fréron est que vous m'avez envoyé une fille de qualité, pour être élevée par un danseur de corde . C’est outrager aussi M. Titon, Mlle de Villegenon, madame votre femme, et tous ceux qui se sont intéressés à l'éducation de Mlle Corneille . Je ne doute pas que si vous présentez les choses sous ce point de vue à Mgr le prince de Conti, il ne trouve que Fréron mérite punition . On devrait en parler aux ministres, et je crois même que c'est une affaire du ressort du lieutenant-criminel 5; jamais rien n'a été plus marqué au coin du libelle diffamatoire, que ces quatre lignes de la page 164 . Vous pourriez, monsieur, engager son père à signer un pouvoir à un procureur . Ma nièce, M. de L’Écluse et moi, nous pourrions intervenir au procès 6. Je vous supplie, monsieur, de m'instruire au plus tôt de ce que vous aurez fait, et de me dire ce qu'on me conseille de faire . Nous allons d'ailleurs envoyer nos plaintes à monsieur le chancelier . Voici copie de la lettre de Mme Denis .7

Je vous présente mes respects .

V.

N.B. – Il faut mettre la page 164 entre les mains de mon procureur, nommé Pinon de Coudray, rue de Bièvre, et attaquer Fréron à la Tournelle, c'est le droit de la noblesse 8. »

2 V* doit convenir à contrecœur que la critique de Fréron n'est pas totalement infondée .

3 Un homme sage et prudent critiquera les vers faibles, blâmera les vers durs … etc. ; Horace, Art poétique, 445-446 .

4 V* a d'abord dicté davantage, rayé .

5 C'était depuis le 7 décembre 1759, Jean-Charles-Pierre Lenoir qui occupait cette situation ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles-Pierre_Lenoir

6 V* avait ajouté : vous êtes sur les lieux, vous pourrez voir si cela est convenable ; ces mots ont été ensuite biffés et tout ce qui suit est écrit dans la marge extérieure .

8 V* n'hésite pas à profiter de ses privilèges nobiliaires ou de ceux de Mlle Corneille ; du reste, si les privilèges du clergé seront attaqués dans L'Homme aux quarante écus, notamment ( voir :http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-a... ) , ceux de la noblesse reteront soigneusement préservés .

prêcher la morale à coups de bâton, selon ces paroles : Contrains-les d'entrer

... De ces deux célèbres techniques pour faire avancer les ânes que nous sommes, la carotte et le bâton, il semblerait que nos législateurs soient furieusement à cours de carottes et terriblement bien fournis en bâtons ; il n'est vraiment pas sûr que taper sur la couenne des citoyens les attendrissent, au contraire , me semble-t-il . Nos inénarrables ronds-de cuir se font fort de polir les dits bâtons qu'ils ne manquent pas de ferrer contre tous ceux qui ne sont pas de leur digne et intouchable  profession .

Si seules les menaces étaient efficaces, ça se saurait !

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Au château de Ferney, 30 janvier 1761

Il ne s'agit plus ici, monsieur, de Charles Baudy, et de quatre moules de bois 1 ; il est question du bien public, de la vengeance du sang répandu, de la ruine d'un homme que vous protégez, du crime d'un curé qui est le fléau de la province, et du sacrilège joint à l'assassinat . Le procureur de cet infortuné de Croze est à Dijon ; Girod qui conduit l'affaire, n'entend point du tout la procédure criminelle . Le curé de Moens emploie le sacré, le profane, le ciel et la terre pour accabler l'innocence que vous protégez . Il est inouï qu'un homme, convaincu d'avoir été chercher lui-même, à une demi-lieue de chez lui les assassins dans un cabaret, de les avoir armés, d'avoir frappé le premier, d'avoir encouragé les autres à frapper, n'ait été qu'assigné pour être ouï, tandis que ses complices, cent fois moins coupables, ont été décrétés de prise de corps .

Il est beaucoup plus étrange que le curé de Moens ait obtenu une attestation de vie et mœurs du conseil de la ville de Gex, malgré la réclamation du notaire-conseiller Vuaillet, au fils duquel ce même curé de Moens donna un soufflet en public, l'an 1758, soufflet pour lequel il essuya un procès criminel dont une minute est au greffe, et qu'il accommoda pour cent écus .

J'ai entre les mains les dépositions des cinq personnes qu'il a rouées de coups ; il est essentiel que les preuves de tous ces excès soient jointes au procès, pour contrebalancer , ou plutôt pour anéantir l'indigne certificat que cet insolent curé a arraché à la complaisance des conseillers de Gex . Le sieur Girod ne veut pas comprendre de quelle importance est cette réquisition, et combien elle sert à détruire les défenses du curé qui prétend n'être sorti de chez lui à dix heures du soir, et n'avoir armé cinq hommes de bâtons ferrés que dans une sainte intention, que pour empêcher le scandale .

Un avocat de Paris, que j'ai fait venir, est d'une opinion bien différente du sieur Girod ; il prétend que cette réquisition est d'une nécessité indispensable . Vous savez sans doute à présent, monsieur, que le sacrilège est joint à l'assassinat . Le jésuite Jean Fessy, aumônier du résident à Genève, a osé refuser l'absolution à la fille de Croze, jusqu'à ce que la soeur eût trahi le sang de son frère, et le père le sang de son fils .

Mon avocat assure que, dans des cas pareils, on exige le serment de la fille et le serment du confesseur . Ces deux serments, quand ils sont contradictoires, ne décident rien ; mais les juges voient aisément de quel côté est le parjure . Il est même à croire que Fessy ne se parjurera pas ; car je sais qu'il est persuadé par le curé de Moens, et qu'il croit qu'il ne s'était rendu le 18 décembre au logis où soupait de Croze, que pour prêcher la morale à coups de bâton, selon ces paroles : Contrains-les d'entrer 2.

Il est donc indispensable que le jésuite Fessy soit mis en cause ; et pour ne vous point fatiguer, monsieur, je vous prie de renvoyer ma lettre à M. Girod, avec une simple apostille de votre main, ou dictée par vous .

Tous les gentilshommes du pays sont dans l'indignation la plus violente mais aucun ne secourt de Croze ; je suis son seul appui ; je lui prête de l'argent comme j'en ai prêté à MM. de Crassy, gentilshommes au service du roi, pour rentrer dans leur bien usurpé par les jésuites ; mais je serai obligé d'abandonner de Croze, s'il n'a pas de courage, et s'il ne fait pas toutes les poursuites que doit faire un père qui a son fils à venger d'un monstre .

Au reste, monsieur, vous ne pouvez mieux placer votre protection et votre pitié que dans cette affaire, qui crie vengeance à Dieu et aux hommes .

J'ai l'honneur d'être, avec le plus respectueux attachement

monsieur,

votre très humble etc .

Voltaire. »

30/01/2016

Un petit singe, ignorant indocile, Au sourcil noir, au long et noir habit, Plus noir encore et de cœur et d'esprit, Répand sur moi ses phrases et sa bile.

... Disent , -in petto-, Juppé, -à haute voix-, NKM, -mezzo voce- , Fillon.

L'identité du petit singe ne laissant aucun doute, j'en partage volontiers l'attribution avec vous . Comment est-ce Dieu possible d'avoir publié un auteur [à ce qu'il dit !] aussi  nul et aussi approximatif dans la relation du passé qu'il est minable dans les projets d'avenir .

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 http://www.dailymotion.com/video/xcexcm_le-politique-desc...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève 30è janvier 1761 1

Adorables anges, je demande grâce pour ce beau mot : s'il y sert Dieu c'est qu'il est exilé 2, car vous savez que d'ordinaire disgrâce engendre dévotion . Oui mort-D[...] je sers Dieu, car j'ai en horreur les jésuites et les jansénistes , car j'aime ma patrie, car je vais à la messe tous les dimanches, car j'établis des écoles, car je bâtis des églises, car je vais établir un hôpital, car il n'y a plus de pauvres chez moi, en dépit des commis des gabelles . Oui, je sers Dieu, je crois en Dieu et je veux qu'on le sache .

Vous n'êtes pas content du portrait du petit singe ? Eh bien en voici un autre :

 

Un petit singe, ignorant indocile,

Au sourcil noir, au long et noir habit,

Plus noir encore et de cœur et d'esprit,

Répand sur moi ses phrases et sa bile.

En grimaçant le monstre s'applaudit

D'être à la fois et Tersite et Zoïle.

Mais grâce au ciel il est un roi puissant,

Sage , éclairé etc.3

 

Le singe se reconnaitra s'il veut, je ne peux faire mieux pour quant à présent ; je n'ai que trois gardes ; si j'en avais davantage, je vous réponds que tous ces drôles s'en trouveraient mal . Il faut verser son sang pour servir ses amis, et pour se venger de ses ennemis, sans quoi on n'est pas digne d'être homme . Je mourrai en bravant tous ces ennemis du sens commun . S'ils ont le pouvoir (ce que je ne crois pas ) de me persécuter dans l'enceinte de quatre-vingt lieues de montagnes qui touchent au ciel, j'ai , Dieu merci, quarante-cinq mille livres de rente dans les pays étrangers ; et j'abandonnerai volontiers ce qui me reste en France pour aller mépriser ailleurs à mon aise, d'un souverain mépris, des bourgeois insolents 4, dont le roi est aussi mécontent que moi .

Pardonnez, mes divins anges à cet enthousiasme ; il est d'un cœur né sensible, et qui ne sait point haïr ne sait point aimer .

Venons à présent au tripot, et changeons de style .

Vous vous plaignez de n'avoir point Fanime . Quoi ! vous voulez donner tout de suite deux vieillards radoteurs qui grondent leurs filles ? N'avez-vous pas de honte ? Ne sentez-vous pas quelle prodigieuse différence il y a entre la fin de Tancrède et la fin de Fanime ? Attendez, vous dis-je, attendez Pâques fleuries . Je vous remercie bien humblement, bien tendrement, de toutes vos bontés charmantes, et de votre tasse pour la muse limonadière 5, et de la feuille de ce coquin de Fréron 6. Savez-vous bien que c'est là un libelle diffamatoire, personnel, et punissable ? Quoi ! il dira impunément que Mlle Corneille est élevée par un danseur de corde dans un bordel ! Quoi ! il empêchera une jeune personne qui a deux cents ans de noblesse, et qui porte le nom de Corneille, de se marier ! Quoi ! il outragera ma nièce qui seule prend soin de l'éducation de cette demoiselle ! Quoi ! il insultera le sieur L’Écluse, bourgeois de Paris, chirurgien-dentiste très estimé, qui, à la vérité, a fait une faute il y a trente ans, mais qui a une conduite très estimable, qui connait à peine Mlle Corneille, et qui depuis plus de quatre mois n'a mis le pied chez nous ! Il est à Genève où il exerce sa profession avec honneur, en attendant qu'il retourne en France où il est seigneur de paroisse . Mme Denis en écrit à monsieur le chancelier 7. Je vous prie d'en parler à M. le duc de Choiseul, à qui nous écrirons aussi . Il faut que mon procureur le poursuive criminellement au nom du père de Mlle Corneille ; c'est ce que je mande à M. Le Brun ; je vous supplie d'envoyer chercher le bonhomme, il a de l'honneur, il n'a qu'à signer un ordre au procureur . Je paierai bien volontiers tous les frais . Ce n'est pas vengeance ceci, ce n'est pas mauvaise humeur, c'est justice . Je ne veux point finir ma lettre par des idées tristes . Je vois d'ici Mlle Clairon enchanter tous les cœurs, et si les sifflets sont pour moi, les battements de mains sont pour elle . Je m'appelle Pancrace 8 mais je ne veux de ma vie gratter la porte d'aucun cabinet ; j'aimerais mieux gratter la terre . Mon seul malheur dans ce monde c'est de n'être pas dans votre cabinet pour manger avec vous du parmesan, pour boire, car j'aime à boire (comme vous savez) . Puissent les yeux de monsieur d'Argental ne pleurer qu'aux tragédies . Les miens pleurent d'une absence qu'un parti si triste, mais sagement pris, rend éternelle .

Une autre fois je vous parlerai du Droit du Seigneur, je ne peux vous parler aujourd'hui que des justes droits que vous avez sur mon âme .

Je suis malingre, j'ai dicté et peut-être avec mauvaise humeur . Excusez un vieillard vert .

V. »

 

1 L'édition de Kehl déforme cette lettre en y mêlant des fragments de la lettre du 28 janvier aux mêmes et en supprimant le passage sur Fréron et Mlle Corneille .

2 C'était à l'origine le dernier vers de l’Épître à Daphné .

3 Le texte finalement adopté pour le portrait de Omer Joly de Fleury dans l’Épître à Daphné est sensiblement différent de celui-ci : « Un petit singe, à face de Thersite,/ Au sourcil noir, à l’œil noir, au teint gris, / Bel esprit faux qui hait les bons esprits, / Fou sérieux que le bon sens irrite, / Écho des sots, trompette des pervers, / En prose dure insulte les beaux vers, / Poursuit le sage, et noircit le mérite. » ; http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/VOLTAIRE_EPITREDAPHNE.htm

4 Voir lettre du 16 décembre 1760 aux d'Argental .

6 Voir encore lettre du 14 janvier 1761 .

7 Lettre à Lamoignon, qui a certainement été rédigée par V* : « Ferney , 30 janvier [1761] / Monseigneur, je me joins au cri de la nation contre un homme qui la déshonore . Un nommé Fréron insulte toutes les familles ; il m'outrage personnellement, moi, Mlle Corneille, alliée de tout ce qu'il y a de plus grand en France, et portant un nom plus respectable que ses alliances . Je suis la veuve d'un gentilhomme mort au service du roi ; je prends soin de la vieillesse de mon oncle, qui a l'honneur d'être connu de vous . J'ai recueilli chez moi la petite-nièce du grand Corneille, et je me suis fait un honneur de présider à son éducation . Ce n'est pas au nommé Fréron, dont on tolère les impertinentes feuilles , sur des points de littérature, à oser entrer dans le secret des familles, à insulter la noblesse, et à noircir publiquement , de couleurs abominables, une bonne action qu'il est fait pour ignorer . Sa page 164 est un libelle diffamatoire ; nous en demandons justice, moi, Mlle Corneille, mon oncle, et un autre citoyen, tous également outragés . Si cette insolence n'était pas réprimée, il n'y aurait plus de familles en sûreté . J'ai l'honneur »   etc.

8 Ce mot est pris ici au sens de chicaneur, querelleur ; V* l'utilise encore plus péjorativement dans l’Épître à Daphné, 47 .

29/01/2016

tout est perdu dans l’Église de Dieu si les curés ne sont pas maintenus dans le droit de donner des coups de bâton à qui leur plait

... Autre temps, autres moeurs ; ouf ! les curés n'ont plus la main aussi lourde .

Mais quelques autres -imams-  tiennent à appliquer quelques sévices inconcevables au nom de la tradition . Je leur souhaite d'être un jour du mauvais côté du fouet . Islamophobe, moi ? et qui peut le dire ?

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Rions avec Jeremy Ferrari et grâces soient rendues à son talent et aux religions : https://www.youtube.com/watch?v=PFl3mvD5MAw

à ne manquer sous aucun prétexte !

Hallelujah bordel !

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Monsieur, M . de Ruffey a pris le département d'Apollon, et vous de Bacchus avec moi ; je ne m’étais adressé à M. de Ruffey pour substituer des tonneaux de vin à l'Hippocrène, que parce que vous paraissiez m'abandonner tout à fait 1. Si Tancrède et Pierre vous ont amusé, monsieur, reprenez donc vos nobles fonctions, je me livre à vous pour toute ma vie ; je fais de meilleur vin dans la terre de Tournay, que M. le président de Brosses ne l'imagine ; mais il ne vaut pas le vôtre . Daignez, donc, monsieur, m'envoyer tous les ans deux tonneaux , l'un de vin d'ordinaire, l'autre de nectar qui me fasse longtemps jouir de la terre de Tournay, sans trop déplaire au président . Je les aimerais assez en doubles futailles, le vin se conserve sur sa lie, et s'abonnit .

Le curé de Moens aurait dû mettre un peu d'eau dans son vin ; je ne sais quelle prérogative les pasteurs du pays de Gex croient avoir de donner des coups de bâtons à leurs ouailles .

J'interrogeai hier un paysan qui avait reçu il y a quelques années cent coups de bâton du même curé, à la porte de l'église . Il me dit que c'était l'usage . J'avoue, monsieur, que chaque pays a ses cérémonies . Mais railleries à part, la nouvelle aventure de ce prêtre est très grave 2 et très punissable ; c'est un assassinat prémédité dans toutes les formes . J'ai vu le fils de de Croze à la mort pendant quinze jours ; le curé lui-même alla à une demi-lieue de chez lui à dix heures du soir, armer les assassins . C'est un homme qui fait trembler tout le pays ; il est malheureusement l’intime ami du substitut de monsieur le procureur général, et c'est probablement à cette tendre amitié qu'il doit l'indulgence sont il abuse ; il n'a été assigné que pour être ouï, tandis que ses complices ont été décrétés de prise de corps . Il remue tout le clergé, il court à Annecy remontrer à l'évêque que tout est perdu dans l’Église de Dieu si les curés ne sont pas maintenus dans le droit de donner des coups de bâton à qui leur plait .

Mais voici quelque chose d'un peu plus grave, et de plus ecclésiastique . Une sœur du sieur de Croze, assassiné par le curé de Moens, voyant son frère en danger de mort, s'est avisée de faire une neuvaine, et c'est à cela sans doute qu'on doit la guérison de ce pauvre garçon (qu'il faudra pourtant faire trépaner peut-être dans quelque temps ) . Une neuvaine ne vaut rien si on ne se confesse, et si l'on ne communie ; elle se confessa donc, mais à qui ? à un jésuite nommé Jean Fessy 3, ami du curé de Moens ; Jean Fessy lui dit qu'elle était damnée si elle n'abandonnait pas la cause de son frère, et si elle ne forçait pas son père à se désister de toute poursuite contre le curé, et à trahir le sang de son fils . Il lui refusa l'absolution 4. La pauvre fille effrayée, et toute en larmes vint apprendre cette nouvelle au père ; elle fit serment devant moi que rien n’était plus véritable . Jugez quel effet cette scène fait dans Genève et dans toute la Suisse .
Je vous supplie de vouloir bien me mander, monsieur,si le père n'est pas en droit de faire jurer sa fille en justice, et si le jésuite Jean Fessy ne doit pas subir interrogatoire ; il me semble qu'on en usa ainsi dans l'affaire du bienheureux Girard et de La Cadière ; celle-ci est plus affreuse, parce que l'assassinat y est joint au sacrilège . Ce qu'on appelle la justice de Gex, mériterait bien que la véritable justice de Bourgogne daignât la diriger ; et en vérité, on aurait besoin que quelques conseillers du parlement , vinssent mettre fin au brigandage qui règne dans cette malheureuse petite province .

J'ai l'honneur d'être avec tout le respect possible

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Au château de Ferney pays de Gex

29è janvier 1761 »

3 Plus exactement Joseph Fessy, supérieur de la communauté des jésuites d'Ornex .

4 Cette phrase a été ajoutée entre les lignes sur le manuscrit .

28/01/2016

voyez comme on trouve des jésuites partout, mais aussi ils me trouvent

... Et pas seulement des jésuites ! Voltaire aurait applaudi ce film , et aurait même été producteur à fonds perdus pour faire éclater la terrible vérité ; messieurs les US preachers vous ne pouvez vraiment pas vous dire des modèles, sinon des modèles de faux jetons :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559464&a...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

Mon divin ange et ma divine ange, amusez-vous de cet imprimé, et voyez comme on trouve des jésuites partout, mais aussi ils me trouvent . Je leur ai ôté la vigne de Naboth 2. Il leur en coûte 24 mille livres . Cela apprendra à Berthier qu'il y a des gens qu'on doit ménager . Il s'agit à présent de poursuivre un sacrilège . Je serai aussi terrible dans le spirituel que dans le temporel .

On doit vous envoyer un petit paquet contenant procès-verbal de prétraille . J'ai pris la liberté de mander à mon avocat au conseil nommé Mariette de vous adresser ces papiers qui me sont très nécessaires . Je vous supplie quand vous les aurez reçus de daigner me les faire parvenir par M. de Courteilles .

Eh bien joue-t-on Tancrède ou Le Père de Famille ?

Et Oreste, Oreste, l'abandonnerez-vous 3? Ah cela vaut mieux que Fanime .

V. 

28 janvier [1761]»

1 L'édition de Kehl joint le début de cette lettre à celle du 30 janvier 1761 aux mêmes .

3 Oreste fut repris le 8 juillet 1761 .

 

27/01/2016

ma mauvaise santé me force d'être court quand l'amitié voudrait me rendre long

... Et ça se soigne !

Sortie du contexte, que ne ferait-on pas dire à une phrase, qui prend un air canaille ; et ne me dites pas que vous n'y avez pas aussi pensé, bande de malotrous  .

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Revenons à plus de tendresse .

 

« A Jean-François Marmontel

Au château de Ferney 27 janvier 1761

Après avoir tant applaudi en vers à l'Académie 1, il faut que vous y soyez applaudi en prose , mon cher ami, dans un beau discours de réception . Vous fûtes d'abord mon disciple . Vous êtes devenu mon maître ; il faut que vous soyez mon confrère . Il me semble que cette place vous est due à plus d'un égard . Ce sera une récompense du mérite et une consolation de l'injustice que vous avez essuyée . Je ne regretterai Paris que le jour où je voudrais vous entendre et vous répondre . Je partagerai du moins tous vos succès du fond de mes retraites . Si ma plume pouvait suivre mon cœur, je vous en dirais davantage, mais ma mauvaise santé me force d'être court quand l'amitié voudrait me rendre long . Nous avons ici M. de Chimène votre confrère en poésie . Il me paraît n'avoir nulle envie d'être le Rodrigue de la Chimène que nous possédons . Sous le nom du père de Chimène mes respects à votre voisine 2 . »

2 Mlle Clairon, qui avait été sa maîtresse et restait son amie . Voir les Mémoires d'un père, de Marmontel, 1827, I, 141-... : http://archive.org/stream/mmoiresdemarmont26531gut/pg26531.txt

 

P-S. Alors que les taxis se mobilisent -comme disent les journaleux- pour immobiliser leurs concitoyens qui n'ont pas le loisir de travailler selon leur goût et selon des horaires librement choisis, Mme Taubira quitte un gouvernement qui est assez couillon pour se passer d'elle ; à ce rythme, j'en connais un qui se fera démissionner d'office l'an prochain, avec réaction en chaîne  .