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18/09/2015

Encore une fois je n'aime point la guerre, mais quand on est obligé de la faire, il ne faut pas se battre mollement

... Ne pas pinailler, rentrer dans le lard de l'adversaire, c'est franc, après on discute . Assez de "on risque de choquer" brandi par des mollassons dès qu'on veut se moquer d'extrêmistes qui mériteraient même pire . Vive Charlie Hebdo et Le Canard Enchaîné .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 18/9/2015

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

ancien conseiller du parlement de Rouen

rue Saint Pierre

à Paris

et s'il n'y est pas, renvoyez

à Rouen à sa terre de

Launay

22è septembre 1760

Mon ancien ami, il est bien doux que mes fruits d'hiver soient encore de votre goût, mais il est triste que nous ne les mangions pas ensemble . Vous voyez bien que ma table n’est pas toujours chargée de poires d'angoisse pour les Trublet, les Chaumeix, les Fréron, et les Lefranc de Pompignan . Je n'aime pas trop la guerre . Je n'ai attaqué personne en ma vie . Mais l'insolence de ceux qui osent persécuter la raison était trop forte . Si on n'avait pas couvert Lefranc d'opprobre, l'usage de déclamer contre les philosophes dans les discours de réception à l'Académie allait passer en loi, et nous allions passer par les armes toutes les années . Encore une fois je n'aime point la guerre, mais quand on est obligé de la faire, il ne faut pas se battre mollement . Comptez que cela n'a rien dérobé ni à mes occupations, ni à mes plaisirs ni à ma gaieté . Je n'en fais pas moins bâtir un très joli château et une petite église . Je joue même quelquefois le bonhomme de père avec Mme Denis . Je joue passablement, et Mme Denis divinement . M. le duc de Villars qui est chez moi et qui s'entend à merveille au théâtre est enchanté . Dieu m'a donné à un quart de lieue des Délices un château dont j'ai changé la grande salle en tripot de comédie . On peut y aller à pied . On y soupe ; le lendemain on va à Ferney qui est une terre belle et bonne ; et dans aucune de ces terres on n'entend point parler d'intendant, on est libre, on ne doit au roi que son cœur . Des philosophes viennent nous y voir de cent lieues ; mais vous mettez votre philosophie à n'y point venir . Vous y verriez qu'à soixante et sept ans avec une faible santé, on peut être mille fois plus heureux qu'à trente et vous rendriez ce bonheur parfait . Je ne sais si l'abbé du Resnel est aussi content de la vie que moi . Comment va sa santé ? Mais surtout donnez-nous des nouvelles de la vôtre, et songez qu'il y a dans un petit pays riant et libre deux cœurs qui sont à vous pour jamais .

V. »

17/09/2015

Tant qu'il y aura dans mon corps je ne sais quoi qu'on appelle mon âme, [battant ?] dans mon chétif corps 2, je planterai des arbres, et je ferai rouler la presse, et même quand je serai damné, vous aurez de quoi glaner

... Et il tint parole ce sacré bonhomme!

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 17/9/2015

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 17 septembre 1760] 1

Je ne crois pas qu'ils soit convenable d'imprimer actuellement des Tancrède pour Paris .

Comme j'ai fait présent du privilège de l'édition parisienne à la Clairon et à Lekain, leur libraire serait en droit de crier ; je pense donc qu'il faut n'en tirer que le nombre d'exemplaires que monsieur Cramer peut débiter en Suisse, en Allemagne et dans la province .

Lorsqu’on aura débité le 18è volume on en donnera un dix neuvième au bout de six mois, ce 19è contiendra Tancrède, Fanime et deux autres pièces avec quelque petits chapitres assez intéressants .

Voilà mon cher ami quelle est ma sage résolution . Vous pourrez d'ailleurs réimprimer l'Histoire générale quand il vous plaira, en attendant le 2è volume du Czar qui ne tardera pas à être entre vos mains dès que j'aurai reçu mes instructions . Tant qu'il y aura dans mon corps je ne sais quoi qu'on appelle mon âme, [battant ?] dans mon chétif corps 2, je planterai des arbres, et je ferai rouler la presse, et même quand je serai damné, vous aurez de quoi glaner .

Je ne crois point du tout les exagérations qu'on débite à Genève sur Luc et le cunctateur, j'attends le boiteux 3.

Gardez-vous bien de mettre mon nom au 18è volume et envoyez-moi deux exemplaires des dernières feuilles pour compléter les 2 exemplaires que j'ai ; plus 3 exemplaires complets .

Vale.

V. »

1 Date proposée d'après la référence à l'impression de Tancrède et au « cunctateur » (Daun étant ainsi nommé à cause de ses temporisations .

2 Ces cinq mots ont été fortement biffés sur l'original, et le premier est hypothétique ; peut-on lire bandant ?

3 L'expression attendre le boiteux ( attendre la confirmation d'une nouvelle pour y croire, selon le Dictionnaire comique de Leroux) a été vue dans la lettre du 4 mai 1757 à J-R Tronchin . Cunctateur = temporisateur .

Il paraît que vous détestez les cabales infâmes

... Eh bien ! vous n'avez pas fini de souffrir si vous consultez régulièrement les âneries parues sur les réseaux sociaux, recueils de détestables avis et mises au pilori , lâchement envoyés anonymement .

Fake news et tutti quanti ,"Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark ! ", "« Something is rotten in the state of Denmark » comme disait Marcellus, à ceci près que maintenant c'est le monde entier qui sent mauvais .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 17/9/2015

Fake news : le nom est neuf, l'usage déjà ancien : https://www.histoire-en-citations.fr/citations/les-fake-n...

 

 

« A Claude-Joseph Clos

A Ferney , le 17 septembre 1760 1

Les sentiments que vous avez la bonté de me témoigner, monsieur, me font grand plaisir ; ils partent d'un cœur pénétré qui aime les arts véritablement, et qui pardonne à mes défauts en faveur de ces arts que j'ai toujours cultivés . Ils ont fait la consolation de ma vie ; ils en font plus que jamais le charme , puisqu'ils m'attirent des témoignages si vrais de votre sensibilité . Il paraît que vous détestez les cabales infâmes des Fréron ; on ne peut aimer les lettres sans haïr ceux qui les déshonorent . Je suis très flatté d'être estimé d'un homme qui m'inspire de l'estime . C'est avec ce sentiment que j'ai l'honneur d'être, monsieur,votre , etc. »

1 Claude-Joseph Clos (1736-1812), ancien magistrat, lieutenant civil de la Prévôté de l’Hôtel, intime du marquis de Villette et proche correspondant et ami de Voltaire . Clos avait inséré le manuscrit de cette lettre dans le volume LXIII de sa série d'exemplaires de l'édition de Kehl vendu à Paris le 14 novembre 1812 , acquis par Treutel probablement pour le comte de La Bédoyère . Voir : https://www.gazette-drouot.com/lots/6975052

16/09/2015

tout ce qui peut servir à rendre la nation plus gaie, est toujours fort bon

... 2020 : Ne reste disponible pour s'égayer que la radio, la presse écrite et ce qu'on peut glaner sur le Net . Pour le reste : tintin balpeau la ridondaine ! La France arrête de faire la gueule (même sous le masque ça se voit ! ). Rosine Bachelot va faire rouvrir les théâtres, cinémas et cabarets ; si, si , je vous le dis, ou alors on m'a vraiment raconté des bobards .

Tentez le coup : http://youhumourpro.com/liste-humoristes

 

Mis en ligne le 18/11/2020 pour le 16/9/2015

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

16 septembre 1760

Ce cher Rigolet, monsieur, ne s'attendait pas à la bonté que vous avez eue de recommander son commerce à M. le lieutenant de police de Lyon . Si la ville n'avait d'autres manufactures que celle des Rigolet, elle ne serait pas, je crois, si florissante ; permettez que je vous affuble encore de cette petite lettre de remerciements pour M. de Seynas 1.

Notre commerce de mer est encore plus chétif que celui de Rigolet ; si les choses vont ainsi il ne nous restera pas dans un an un vaisseau marchand ni un vaisseau de guerre ; j'ai pourtant reçu une lettre de change de 111 livres de Cadix, mais Dieu me pardonne, je crois que je l'ai brûlée, attendu sa légèreté . Ainsi je ne vous l'enverrai pas, il en faudra une autre .

Les Russes passent pour avoir battu une arrière-garde du prince Henri 2, les Autrichiens pourraient bien avoir bientôt Schweidnitz et Leipsik,3 et peut-être encore mieux . Vous savez que monseigneur le dauphin se désennuie, tout ce qui peut servir à rendre la nation plus gaie, est toujours fort bon .

Bonsoir mon cher ami, je vous embrasse .

V. »

2 Le prince Henri avait passé l'Oder pour garder Breslau contre les entreprises de Soltikof ; aucune rencontre d'importance majeure n'avait eu lieu, mais seulement une action secondaire comme le rapporte Waddington, IV, 80-82 .

3 Les Autrichiens ne prirent Leipzig et Schweidnitz qu'un an plus tard .

Nous manquons de laboureurs au pays de Gex, je fais bien plus de cas d'un bon valet de charrue que d'un colporteur de mauvais livres . Il serait fort bon que les R. et quelques autres encore travaillassent à la terre

... Je serais assez heureux de voir ce que ferait notre ministre de l'agriculture avec une bêche ou une trayeuse .

 

Mis en ligne le 18/11/2020 pour le 16/9/2015

 

 

« A Christophle de Laffrusse de Seynas

16 septembre 1760

Je ressens vivement vos bontés monsieur, vous rendez un très grand service à notre petit canton paisible, en le préservant des guerres littéraire ou antilittéraires . Cette partie du commerce de la librairie ne doit point en effet entrer dans les paiements de Lyon et de Genève ; toutes ces pauvretés sont essentiellement réservées à la bonne ville de Paris , où l'on n'a autre chose à faire qu'à se moquer de tout : Rigolet doit nous laisser en repos : on lui a renvoyé deux ballots de bêtises qu'il avait envoyés à Genève , et la messagerie en a donné son reçu ; Rigolet est très coupable, il ne l'est que parce qu'il est gueux : mais il faut qu'il tâche de gagner son pain à un métier plus honnête . Je suis persuadé monsieur qu'après avoir été averti et réprimandé par vous, il ne s'avisera plus de nous troubler par des impertinentes nouvelles . Nous manquons de laboureurs au pays de Gex, je fais bien plus de cas d'un bon valet de charrue que d'un colporteur de mauvais livres . Il serait fort bon que les R.1 et quelques autres encore travaillassent à la terre . Cette petite affaire ne m'a pas été tout à fait désagréable, elle m'a procuré une de vos lettres, et m'a valu vos bontés . Je vous remercie de tout mon cœur etc. »

1Certains éditeurs proposent les rois ? Personnellement je pense les Rigolet .

Une maison n'eût-elle que soixante et dix pieds de face fait honneur à son maçon quand elle est bâtie avec goût . Sans goût il n'y a rien

... Un peu d'autosatisfaction mon cher Voltaire-maçon !

 

Mis en ligne le 18/11/2020 pour le 16/9/2015

 

 

« A François de Chennevières

Aux Délices 16 septembre [1760] 1

Mon cher confrère, si je n'étais pas aux Délices, j'aurais voulu être à Maisons, c'est vous qui faites admirablement bien les honneurs de ma chambre . Vos vers sont charmants . J'ai ouï dire que M. de Soyecourt est digne de son beau château et de vos vers aimables . J'ai bâti un petit Maisons, mais non pas une petite maison . J'ai fait en miniature à Ferney à peu près ce que Maisons est en grand . Une maison n'eût-elle que soixante et dix pieds de face fait honneur à son maçon quand elle est bâtie avec goût . Sans goût il n'y a rien . Nous jouons demain Alzire à Tournay et puis Tancrède et puis Mahomet et puis Les Ensorcelés 2; nous avons des spectateurs qui ont fait plus de cent lieues pour venir nous voir, entre autres M. le duc de Villars . Tout cela loge aux Délices, sans que personne soit gêné . N'est-il pas vrai que vous viendriez aussi si vous pouviez ? Je tiens Mme Denis infiniment supérieure à Gaussin et presque égale à Clairon . Mlle de Bazincourt est une très bonne confidente, cependant vous ne viendrez pas . Je vous embrasse etc . »

1 La copie par Boissy d'Anglas place la lettre en 1762 , et Cayrol en 1761 ; Georges d'Avenel a le mérite de la remettre à sa place véritable .

2 Les Ensorcelés ou Jeannot et Jeannette, de Favart : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96340967.texteImage

15/09/2015

Il faut aller à Versailles , il faut être au lever des patronnes et au coucher des patrons

... Et venir, selon l'heure , à scooter avec croissants, ou en voiture officielle avec champagne . Ciao Julie, ciao Fanfoué !

 

« A Théodore Tronchin

[vers septembre 1760]

Mon cher Esculape est toujours bienfaisant . C'est son essence . Je suis sensiblement touché de ce qu'il fait . Je lui représente seulement qu'il n'est point du tout décent qu'on sorte de chez moi sur une espérance qui après tout peut n'être pas remplie , et qu'on soit dans le cas de me reprocher d'avoir renvoyé une personne à qui on doit des égards, pour la laisser solliciter du pain à Paris .

Si monsieur Tronchin veut écrire pour Mme de Muy, et lui demander ses bons offices auprès de M. l'évêque d'Orléans pour en obtenir une pension sur les économats, qui vaque rarement et qu'on donne plus rarement encore à des catholiques, si monsieur Tronchin dis-je a la bonté de solliciter cette grâce, Mlle Bazincourt sera au nombre des personnes qu'il a favorisées et à qui il a fait du bien . Pour moi je ne peux absolument entrer dans cette affaire, ce n'est point à moi à l'engager à partir . Je ne veux pas encore une fois m'exposer au reproche de lui avoir fait quitter le certain pour l'incertain . Si elle va à Paris elle n'aura pas de quoi courir pour solliciter . Il faut aller à Versailles , il faut être au lever des patronnes et au coucher des patrons .

Elle n'est pas assez riche pour aller demander de l'argent à Paris . Six mois en fiacres seulement , mangeraient les pensions qu'elle espère . En un mot, j’admire la bonté de mon cher Esculape . Mais je me lave les mains du bien qu'on veut faire à Mlle Bazincourt, et je ne lui dirai même pas un mot de tout cela 1. Mais je dis à mon cher Tronch[in] qu'il est adorable .

V. »

1 Tronchin réussit dans son entreprise et Mlle Bazincourt retourna à Paris en novembre 1760, voir letttre du 12 novembre 1760 à Chennevières . On n'entendra plus parler d'elle en relation avec V* .