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04/03/2014

Mon impatience se recommande à l'indifférence de mon cher Gabriel

... Et mon portefeuille se recommande au ridicule des protestations de mon très, très, trop cher Jean-François Copé , dixit l'UMP .

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« A Gabriel Cramer

[9 février 1759 ?]

Mon impatience se recommande à l'indifférence de mon cher Gabriel . Je l'embrasse avec espérance, et patience . »

 

03/03/2014

Il est vrai qu'on peut ne se pas presser

... Pour remanier le gouvernement de notre France, pour faire savoir à Poutine qu'il faut se modérer, pour se faire des cheveux blancs [sic] , pour apporter son aide aux restos du coeur , mais alors n'arriverons-nous pas trop tard pour bien faire ?

 Attendre ne mène à rien

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« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet

à Genève

Aux Délices 9 février [1759]

Je viendrai, madame, dès que je pourrai recevoir la bénédiction de votre incomparable tante 1. Il est vrai qu'on peut ne se pas presser . La manière dont elle pense, dont elle sent, et dont elle s'exprime fait juger qu'elle jouira longtemps de sa jeunesse centenaire . Il ne lui manque que d'être enlevée comme Sara qui le fut à peu près à son âge . Nous avons dans mon petit ermitage une fille qui a aussi cent ans mais je ne ferai jamais de vers pour elle . Je veux en faire pour vous, ma chère et respectable voisine, quand vous aurez l'âge de votre tante . Ne m'oubliez pas quand vous écrirez à Gauffecourt . Je désespère du président 2, j'espère que dans un an nous pourrons marcher sans ses lisières . Baisez pour moi la main de l’incomparable . Mille très humbles obéissances à M. Gallatin .

V. »

1 Ou plutôt grand-tante, Alexandrine Lullin, née Fatio, à qui V* pour son centième anniversaire, dédia le quatrain « Nos grands-pères vous virent belle » : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-a-madame-lullin-120804824.html , née le 20 janvier 1659 elle mourut le 14 octobre 1761 .

 

Je vous regarderai, sire, comme le plus grand homme de l'Europe ; mais je n'ai besoin de rien que du souvenir de ce grand homme qui, au bout du compte,... m'a planté là

... Il est des vérités qu'on ne peut contenir et la franchise de Voltaire est ici bien loin de la prétendue flatterie dont on lui fait reproche couramment .

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« A Frédéric II, roi de PRUSSE
Aux Délices, près de Genève,

ce [9] février 1759. 1
Il y a longtemps que je vous dis que vous êtes l'homme le plus extraordinaire qui ait jamais été. Avoir l'Europe sur les bras, et faire les vers que Votre Majesté m'envoie, est assurément une chose unique. Moi, que j'en fasse après les vôtres ! Vous vous moquez d'un pauvre vieillard. Il n'y a qu'un frère et qu'un héros capable d'un tel ouvrage ; je ne suis ni l'un ni l'autre. Vous en savez trop pour ne pas savoir que tout sentiment est fade en comparaison de l'enthousiasme de la nature. La place où l'on est ans ce monde ajoute encore beaucoup au sublime, et quand le cœur s'exprime dans un homme de votre rang, il faut être fou pour oser parler après lui. N'insultez point, s'il vous plaît, à la misère de l'imagination paralytique d'un homme de soixante et cinq ans, environné des neiges des Alpes, et devenu plus froid qu'elles. Tout ce qu'il y aurait à faire pour l'édification du genre humain, ce serait de faire imprimer les tendres et sublimes vers qui seront à jamais le plus beau mausolée que vous puissiez élever à votre digne sœur; mais je me donnerai bien de garde d'en lâcher seulement une copie sans la permission expresse de Votre Majesté. Vos victoires, votre célérité à la façon de César, vos ressources de génie dans des temps de malheur, vous feront sans doute un nom immortel ; mais croyez que cet ouvrage du cœur, ces vers admirables qu'aucun autre homme2 ne pourrait faire, ajouteront à votre gloire personnelle autant pour le moins qu'une bataille. Si Votre Majesté dit: « J'ordonne », j'obéirai ; mais je protesterai contre mon ridicule. Encore un mot, sire, sur ce sujet. Une ode régulière, dans ma maudite langue, exige trois mois d'un travail assidu pour être passable.
A l'égard des brimborions 3, dont j'avais parlé, je les aurais surtout demandés si quatre ou cinq cent mille hommes prévalaient contre vous ; si vous étiez seul, réduit à votre courage et à votre supériorité sur les autres hommes ; mais si vous continuez à être la terreur de trois ou quatre nations, à nettoyer en deux mois trois ou quatre provinces d'ennemis, d'être le plus puissant prince de l'Europe par vous-même, alors ce serait à Votre Majesté à me les offrir. Je me suis fait un tombeau entre les Alpes et le mont Jura ; j'y ai deux seigneuries considérables, qui sont, aux yeux d'un roi, des taupinières. Je n'ai nulle envie de briller aux yeux de mes paysans ; mon cœur seul demandait ces marques de votre souvenir, et les méritait . Je vous regarderai, sire, comme le plus grand homme de l'Europe ; mais je n'ai besoin de rien que du souvenir de ce grand homme qui, au bout du compte, m'a arraché à ma patrie, à ma famille, à mes emplois, à mes charges, à ma fortune, et qui m'a planté là.
J'attends la mort tout doucement. Tracassez bien, sire, votre illustre, et glorieuse, et malheureuse vie, et puissiez-vous enfin goûter le repos, qui est le seul but de tous les hommes, et qui sera mieux employé par un philosophe tel que vous que par aucun de ceux qui croient l'être !
Pour mon respect, Votre Majesté ne s'en soucie guère ; mais il est sans bornes. 

Ce fou de Néaulme jadis libraire à Berlin a imprimé dit-on , force lettres sous mon nom 4. Je ne sais ce que c'est . Dieu le bénisse .»

1 Le manuscrit olographe était autrefois dans les archives Stabenrath, au château de Bruquedalle (Seine Maritime), ayant été donné au général de Stabenrath en 1812 par le prince Auguste-Ferdinand , voir Der Freimüthige , oder berlinische Zeitung für gebildete, unbefangene Leser, Berlin, 8 mars 1803, qui data la lettre du 29 février (voir aussi : Une lettre inédite de Voltaire à Frédéric II, Revue belge de philosophie et d'histoire, F. Snieders . Snieders donne la date du 9 février, confirmée par le fait que cette lettre répond à celle du 23 janvier de Frédéric[voir page 18 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f30.image.r=prusse] et que Frédéric répondra le 2 mars 1759

2 A ce sujet, Frédéric répondra le 2 mars : « J'en viens à l'article qui semble vous toucher le plus, et je vous donne toute assurance de ne plus songer au passé, et de vous satisfaire ; mais laissez auparavant mourir en paix un homme que vous avez cruellement persécuté et qui selon toutes apparences n'a plus que peu de jours à vivre . » Cet homme est Maupertuis qui mourra le 27 juillet à Bâle .

3 La clé et la croix de chambellan que V* avait dû rendre à son départ de Berlin ; cette allusion prouve que ce que nous possédons de la correspondance entre ces deux hommes comporte de nombreuses lacunes ; voir lettre à d'Argental du 6 avril1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/05/est-ce-l-infame-amour-propre-dont-on-ne-se-defait-jamais-bie.html

4 Voir lettre du 12 mars 1759 de Frédéric II ; page 59 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f71.image.r=prusse

 

02/03/2014

Quiconque s'est emparé d'un coffre sans formalité, l'a gardé chez lui et l'a rendu sans formalité, est tenu de restituer les effets, s'ils sont répétés

... No comment !

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« A Cosimo Alessandro Collini

gouverneur

de monsieur le comte de Bauer

à Strasbourg

Je viens d'écrire la lettre la plus pressante et faire votre panégyrique à Mgr l’Électeur palatin .1

Si cela réussit, vous serez encor plus à portée de vous faire rendre justice à Francfort . J'ai consulté beaucoup de gens de loi . Quiconque s'est emparé d'un coffre sans formalité, l'a gardé chez lui et l'a rendu sans formalité, est tenu de restituer les effets, s'ils sont répétés 2. C'est la décision commune, et c'est votre cas . On prétend qu'il n'y a nulle difficulté . Si je pouvais quitter mes ouvriers, j’irais à Francfort avec vous . Je vous embrasse .

V.

9 février [1759] »

1 V* est toujours à la recherche d'une place pour son ancien secrétaire . Le 5 janvier 1759 c'est Mme Denis qui écrit à Collini : « […] mon oncle […] me dit qu'il a écrit plusieurs fois, qu'il ne se lassera point . Mais jusqu'à présent il n'y a point de place vacante chez l'Electeur [ …] . J'avais proposé à mon oncle d'essayer chez Mme de Gotha . Si la guerre finissait peut-être cela deviendrait-il praticable . »

2 Terme juridique pour réclamés .

 

01/03/2014

il n'y a rien d'inouï . Il y a seulement des choses un peu rares

... Comme les poissons volants !

 

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« A Jacques-Bernard Chauvelin

Vous pardonnerez, monsieur, à un ignorant cette seconde requête . Je pourrais dire qu'il est inouï qu'on demande le centième denier d'une chose qui ne le doit pas , avant même qu'on soit en possession . Mais il n'y a rien d'inouï . Il y a seulement des choses un peu rares . Je mets de ce nombre votre équité et les bontés dont vous avez toujours honoré le vieux Suisse V... qui vous sera toujours attaché avec un tendre respect .

Aux Délices route de Genève 9 février [1759] »1

1 Chauvelin a noté sur le manuscrit : « Bourgogne » et « à M. Vincent communiquer et m'en parler ». Les premières éditions fusionnent cette lettre avec celle du 15 février 1759 .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/18/abusant-d-autant-plus-de-son-emploi-5325318.html

 

28/02/2014

Il me semble que l'hiver passé nous menions une vie plus douce

... Il me semble aussi, mais ma mémoire est incertaine et tend à éliminer les choses désagréables, je suis donc un piètre témoin, terriblement partial .

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« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

Major des gardes de M. le

prince d'Orange

à Lausanne

A Ferney 8 février [1759]

Vous risquez toujours votre vie en Suisse, monsieur . On vous a coupé des artères chez moi 1, vous deviez naturellement vous attendre à un coup de fusil de la part du fou Watteville2 , et son pauvre gouverneur , qui sûrement n'a pas une si belle femme, a payé pour vous . Cette aventure horrible nous a fait frémir . Il me semble que l'hiver passé nous menions une vie plus douce . Vous m'avez reproché mon velours de trois couleurs, avouez que la couleur de Lausanne est un peu rembrunie . Au lieu de venir applaudir à vos talents, et de jouir de vos charmants spectacles, un précepteur de M. Constant devenu ministre fait des libelles ; des associés de scandale impriment des impertinences ; un Grasset voleur public à Genève et chassé de sa ville les imprime . Le conseil de Berne fait des perquisitions . Rien de tout cela ne se passe dans mes châteaux, la paix, le travail, l'abondance y habitent . Il ne m'y manque que votre société délicieuse . J'en jouirai sûrement avant votre départ . J'espère que monsieur Constant me conservera toujours les mêmes sentiments et que Madame d'Hermenches et ces dames me conserveront toujours les mêmes bontés .

Que dites-vous du roi de Prusse qui m'envoie deux cents vers sur la mort de sa sœur ?3 »

2 Charles-Emmanuel-François de Watteville (ou Wattenwyl ) avait tué à coups de fusil son tuteur et un domestique ; voir page 388-392 : La vie lausannoise au XVIIIè siècle d'après Jean-Henri Polier de Vernand, lieutenant baillival : http://books.google.fr/books?id=8rzPEVTo8_cC&pg=PA618&lpg=PA618&dq=Charles-Emmanuel-Fran%C3%A7ois+de+Watteville+%28ou+Wattenwyl&source=bl&ots=Jn85WnlJR6&sig=YiNuhl1H6S5D9fdqA71WJ24KtbE&hl=fr&sa=X&ei=4ZEQU5OGE4iV7Abn7oEY&ved=0CC4Q6AEwAA#v=onepage&q=Charles-Emmanuel-Fran%C3%A7ois%20de%20Watteville%20%28ou%20Wattenwyl&f=false

3 Frédéric II écrivait de Breslau à V* le 23 janvier 17459 : « Je vous envoie des vers faits dans un camp [Rodewitz, le 12 octobre 1758], et que je lui [Wilhelmine , morte le 14 octobre 1758] envoyai un mois avant cette cruelle catastrophe qui nous en prive pour jamais . » Voir Œuvres de Frédéric le Grand ; Épître à ma sœur de Bayreuth : page 101-107  : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/12/101/page/

 

27/02/2014

je ne m'embarrasse guère des sottises qu'on fait dans les pays où je ne suis pas

... Celles de mon pays suffisent amplement à meubler les journaux télévisés que j'évite autant que possible de regarder .

La radio suffit à mon bonheur [sic] de citoyen informé qui fait tout pour ne pas être désinformé par la boîte à image qui tend à nous pourvoir en prémâché et prédigéré . Il y a longtemps que que je n'ai plus besoin de bouillie ni petit pot et que je sais trier ce qui m'intéresse .

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 Babel , début de la sottise , mère des frontières, des étrangers et de leurs coïonneries

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de BRENLES.
Ferney, 8 février 1759.
Mon cher ami, nos lettres se sont croisées. Moi, renoncer à Lausanne, parce qu'un fripon genevois, M. G*** 1, présenté au pape, a mérité le carcan ! Moi, renoncer à vous, qui m'avez fait Suisse ! Je ne suis pas capable d'une telle inconstance; je serais surtout très-ingrat, si je prenais pour vous quitter le temps où l'on m'accable de bontés. Je méprise si souverainement toutes ces misères que je n'ai jamais lu le Mercure suisse où l'on avait fourré tant de rapsodies sur Calvin, Servet, et moi. Mais qu'on fasse un beau recueil 2 en forme, à Lausanne, sous mon nom ; mais que, dans ce recueil, il y ait des choses dangereuses sur la religion et sur le roi de Prusse, c'est un attentat qu'il faut réprimer; et j'aurai toute ma vie la plus profonde reconnaissance pour le gouvernement de Berne, qui a daigné m'honorer d'une si prompte justice, et pour vous en vérité, mon cher ami, qui m'avez marqué dans cette petite affaire une affection si courageuse. Je vous supplie de présenter mes très-humbles remerciements à monsieur le bailli ; je ne doute pas qu'il n'ait étouffé jusqu'aux moindres traces de la friponnerie de ce Grasset. Ce misérable était destiné à me faire du mal. C'est par lui seul que le prétendu poème de la Pucelle parut dans le monde, rempli de platitudes et d'horreurs. Chassé de Genève pour avoir volé, il a trouvé grâce devant le pape et devant Bousquet, et l'on me dit que Bousquet avait enfin reconnu le caractère du maraud. J'espère revoir bientôt votre ville purgée de ce monstre, et y retrouver les charmes de votre société. Soyez sûr que mes petits ermitages, appelés châteaux, n'auront point la préférence sur la ville de Lausanne, à qui je dois mes jours les plus heureux.
Je ne sais ce que c'est que ces prétendues Lettres imprimées par ce fou de Néaulme 3; mais je ne m'embarrasse guère des sottises qu'on fait dans les pays où je ne suis pas. J'étais fâché d'être honni dans la ville de Lausanne, où j'aime à vivre, et à vivre avec vous.

Vale4.

V. » 

2 La Guerre littéraire, etc

3 Ouvrage non identifié .

4 Porte toi bien .