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15/02/2014

Souviens-toi de moi et qu'un homme libre visite un homme libre

... C'est ce qu'aurait pu dire notre François à Barak .

 DSCF7837 homme libre.png

 

 

« Au comte Francesco ALGAROTTI.
Aux Délices, 27 janvier [1759].

Tout le peuple commentateur
Va fixer ses regards avides
Sur le grave compilateur
De l'Histoire des Néréides 1.


Mais si notre excellent auteur
Voulait publier sur nos belles
Des mémoires un peu fidèles,
Il plairait plus à son lecteur.

Près d'elles il est en faveur,
Et magna pars 2 de leur histoire ;
Mais c'est un modeste vainqueur
Qui ne parle point de sa gloire.

 
Il Pascali 3 è un traditore 4; ho niente ricevuto da sua parte. Mi accorgo bene che un furbo catolico libraio non ha la minima corrispondenza coi furbi libraj calvinisti ; pero i fratelli Cramer di Ginevra sono uomini onesti e di gardo ; ma il vostro Pascali è un bricone, ed io sono arrabbiato contro di lui.5
Si jamais, dans vos goguettes, vous vous remettez à voyager, n'oubliez pas de passer par les confins de Genève, où j'ai acquis de belles terres que je ne dois pas à Argaleone 6.

Vive memor nostri, and let a free man visit a free man.7
A jamais votre très-humble, et obéissant serviteur

Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, comte de Tournay . »

2 Une grande partie ; c'est un écho de Virgile, Enéide , II,6.

3 Pascali ou Pasquali, éditeur vénitien .

4 Kehl ajoute ici : come tutti i libraji .

5 Pascali est un traitre . Je n'ai rien reçu de sa part . Je vois bien qu'un libraire catholique fourbe n'a pas le moindre rapport avec des libraires calvinistes fourbes . Pourtant les frères Cramer de Genève sont des hommes honnêtes et de parole . Mais votre Pascali est un brigand, et je suis furieux contre lui .

6 Le roi de Prusse ainsi qu'on l'a vu dans la lettre du 2 septembre 1758 à Algarotti : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/14/temp-067c4a2d4104530d19a456670bd9ad3a-5195701.html

7 Souviens-toi de moi et qu'un homme libre visite un homme libre .

 

14/02/2014

Elle dépense un argent infini à courir, et à plaider . Si elle s'était tenue tranquille elle serait à présent plus riche que lui

... Mais de qui s'agit-il ?  Quel divorce ?

Serait-ce celui de Anne Heche ? Illustre inconnue de moi-même et de mon chat, que je n'ai pas eu beaucoup de mal à trouver pour illustrer les propos de Voltaire : http://www.staragora.com/news/le-divorce-de-anne-heche-lui-coute-bonbon/91493

 ruinée par un divorce.jpg

 

 NDLR - Ceci est ma deux mille et unième note mise en ligne , et je compte bien aller au delà du troisième millier en ce troisième millénaire après Jules César (J. C.) . Mais quelle malice m'a poussé à parler de divorce le jour de la Saint Valentin  ?

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

major des gardes du prince d'Orange

à Lausanne

Aux Délices 26 janvier [1759]

J'allais, monsieur, vous faire mon triste compliment lorsque j'ai reçu votre lettre . La première idée que j'ai eue a été la crainte que votre régiment ne reçut quelque contrecoup de ce triste événement 1. Mais vous me rassurez en me disant que M. le prince de Brunswik est à la tête de tout . Je désire passionnément qu'il ait autant de crédit que de bonne volonté et qu'on ne sacrifie pas les plus belles troupes de terre , à la marine . Je conçois qu'il n'y a pas moyen de vous prêter cet hiver à vos amusements . Oserai-je vous supplier de vouloir bien dans vos moments de loisir, m'instruire de votre sort ? Vous ne pouvez avoir cette condescendance que pour quelqu'un qui prenne un intérêt plus vif que moi à tout ce qui vous regarde . Vos singuliers talents et les agréments de votre esprit ne sont pas le seul mérite qui m'attache à vous . Vous devez aller à grand pas aux places que M. le général Constant 2 a si dignement remplies . J'espère que la mort de son Altesse Royale ne nuira point à votre avancement . J'ai peur que ces circonstances ne vous rappellent en Hollande . En ce cas je quitterais bien vite mes petits châteaux et mes ouvriers pour venir prendre congé de vous .

M. de Bentinck est-il du conseil de tutelle ? Il paraît qu'il n'est pas de celui de sa femme . Elle dépense un argent infini à courir, et à plaider . Si elle s'était tenue tranquille elle serait à présent plus riche que lui . Toute ma famille vous présente ses obéissances . Je prie madame d'Hermenches et toutes vos dames de vouloir bien agréer mon profond respect . 

V.

Me voici velours à trois couleurs, français, genevois et suisse . On en est infiniment plus libre et c'est à quoi j'ai toujours visé .»

1 Peut-être la mort d'Anne d'Angleterre, princesse d'Orange, survenue le 12 janvier et dont il est question plus loin .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_Hanovre

2 Père de David-Louis : Samuel, baron de CONSTANT de REBECQUE, lieutenant-général, né le 26 novembre 1676 à Lausanne, mort le 6 janvier 1756 à Lausanne .

 

La prochaine fois que j'enverrai des chevaux en Bresse, j'en désignerai un pour vous

... Rossinante ? ou  Pégase ?

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« A Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer

[Ferney, 25 janvier 1759]

[Demande s'il serait possible d'établir un haras à Ferney] 1

1 Cette lettre n'est connue que par la réponse que fit d'Argenson le 31 janvier 1759 ; il y dit : « … j'ai reçu avec sensibilité la lettre que vous m'avez écrite de votre château de Ferney », or V* était à Tournay le 25, apparemment en route pour se rendre à Ferney ( voir en tête de la lettre à la duchesse de Saxe Gotha du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/13/ah-comme-ce-monde-est-fait-mais-vous-l-ornez-madame-et-je-ne-5297734.html ). Dans la même lettre, d'Argenson, agréant la demande de V* lui écrit notamment : « La prochaine fois que j'enverrai des chevaux en Bresse, j'en désignerai un pour vous. »

 ; voir : page 21 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f33.image.r=klinglin

 

 

13/02/2014

Ah! comme ce monde est fait ! Mais vous l'ornez, madame, et je ne peux en dire de mal

... Dédicace à Mam'zelle Wagnière .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Tournay route de Genève

25 janvier [1759]

Madame, je reçois à point nommé la lettre très-aimable, très- ingénieuse, très-édifiante dont Votre Altesse sérénissime m'honore, du 16 janvier. Il est bien clair que vous n'avez rien de mieux à faire que de vous résigner. Le roi de Prusse et ses ennemis n'en usent pas d'une manière si philosophe et si chrétienne .
Voici en tout cas un des plus beaux et des plus doux hivers possibles; je crains bien qu'on n'en abuse pour désoler quelque pauvre province. Le système de Leibnitz peut être consolant 1; mais celui des princes chrétiens, révérence parler, ne l'est guère. Il fait un aussi beau temps dans l'enceinte de nos Alpes que dans vos plaines de Thuringe, et nous ne craignons ni pandours, ni housards, ni troupes réglées ni déréglées 2. Voici un vrai temps pour venir vous faire sa cour. Les visites que Votre Altesse sérénissime peut recevoir des majors impériaux, ou français, ou autrichiens, ou prussiens 3, ne seraient certainement pas des hommages aussi purs, aussi sincères que les miens.
Je viens de recevoir une visite un peu extraordinaire du Genevois La Bat, baron suisse. Il s'est plaint à moi, madame, que votre ministre n'a pas daigné lui écrire ; il dit qu'il attend en vain une réponse depuis le commencement de décembre ; il dit qu'il a donné son argent longtemps auparavant, et qu'on n'en a pas seulement accusé la réception. Il prétend, en bon Suisse, en bon Genevois, s'en prendre à moi. J'ose conjurer Votre Altesse sérénissime de vouloir bien lui faire écrire d'une manière satisfaisante, et que votre pauvre serviteur ne soit plus exposé à ses menaces.
Il me semble qu'il y a un grand refroidissement entre la cour de France et celle du Palatin, et quelques autres encore. Mais quand la rage d'exterminer des hommes se refroidira-t-elle?
Jamais si petit sujet n'a ensanglanté la terre et les mers. Passe encore quand on combattait pour Hélène; mais le Canada et la Silésie ne méritent pas que tout le monde s'égorge.
On prétend que les jésuites sont les auteurs de la conspiration du Portugal; autre scène d'horreurs. Ah! comme ce monde est fait ! Mais vous l'ornez, madame, et je ne peux en dire de mal.
Agréez le profond et tendre respect de V. »

1 La lettre de la duchesse commence par un long développement sur l'optimisme qui lui « plait mieux parce qu'il console le plus », pour conclure : « Je m'aperçois mais trop tard, monsieur, que je suis tombée dans le piège que je voulais éviter […] je ne voulais que vous dire mes consolations […] Je n'ai pas eu l'honneur de connaître personnellement la margrave de Bayreuth mais je la regrette parce que tout le monde la loue, et parce qu'il me paraît , monsieur, que vous êtes sensible à sa perte . »

2 Lettre de la duchesse :« Nous sommes entourés de nouveau des troupes de l'Empire mais nous ignorons encore le but de ces marches : nous voyons bien que tout chemine vers Erfurth et par conséquent vers la Saxe électorale […] cette visite […] nous attirera peut-être encore celle des Prussiens et le théâtre de la guerre dans nos contrées . Le temps doux qu'il fait ici est un phénomène singulier dans cette saison et pour notre climat : depuis trente ans que je suis mariée et que je me trouve dans la Thuringe je n'ai rien vu de pareil . Je ne fais presque pas chauffer mes chambres, et nous n'avons eu presque point de neige ni de vent du nord ; tout ceci a favorisé et inspiré l'envie à nos braves guerriers, je pense, à venir s'établir chez nous. »

3 Sur le manuscrit, V* avait d'abord écrit encore « autrichiens ».

 

12/02/2014

après avoir racheté par des succès mineurs sa défaite

... Nick aux dents longues et tics en pagaille espère encore se voir propulsé à la tête d'un état qu'il a bien mal mené . Qu'il savoure les applaudissements et les courbettes de ses fans, il finira aussi bêtement que les 2B3 , roi du play back , champion des singeries (dans ce domaine , les 2B3 ne sont pas concernés ). Quand je pense à quoi il sert et combien il nous coûte, j'enrage !

 Sarko_singerie.jpg

 

 

Additif 1 à la note 1 (mise à jour ) de la lettre du 20 janvier 1759 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/20/faites-presenter-la-requete-au-venerable-foutu-conseil-il-la.html

1 Cette phrase est caractéristique des sentiments qu'avait conservés V* à propos de l'affaire de Francfort et qui devaient finalement lui inspirer Les Lettres d'Amabed .

Il faut savoir que Charles de Rohan , prince de Soubise, après avoir racheté par des succès mineurs sa défaite de Rossbach, nommé maréchal de France le 19 octobre 1758, s'était emparé par ruse de Francfort-sur-le Main le 2 janvier 1759 , quoique ce fût une ville impériale théoriquement libre ( mais en fait inféodée à Frédéric II) . C'est vers cette époque que se place l'épisode raconté par Collini dans les termes suivants :

« En 1759, pendant la guerre de Sept ans, il [Voltaire] m'écrivit à Strasbourg où j'étais alors, pour me faire savoir que le prince de Soubise qui commandait l'armée française en Allemagne, dirigeait sa marche sur Francfort et qu'il fallait saisir le moment où ce général occuperait la ville pour lui présenter dans un mémoire le détail exact de cette affaire et lui demander sa protection pour obtenir du magistrat la punition des coupables et la restitution de ce qu'on m'avait volé . Je fis le mémoire et le lui envoyai pour avoir son avis ; il n'en fût pas satisfait et m'adressa , courrier par courrier, un autre mémoire de sa façon, et en même temps la minute d'une lettre qu'il désirait que j'écrivisse au prince de Soubise […] Je ne fis aucun usage des pièces qu'il m'avait envoyées, et je renonçai à toutes poursuites . »

L'abandon de l'affaire par Collini peut s'expliquer par le retour de Soubise en France, où il devait être nommé ministre d’État le 18 février 1759 .

Voici d'abord la lettre d'accompagnement pour Soubise, préparée par V* : « A Son Altesse monseigneur le prince de Soubise, maréchal de France .

Monseigneur, permettez qu'un sujet de Sa majesté impériale dont votre altesse défend la cause implore votre protection dans la plus juste demande contre le brigandage le plus horrible . Peut-être un mot de votre bouche peut obliger le Conseil de Francfort à me rendre justice, peut-être son attachement à nos ennemis, sa haine contre la France et contre tous les bons sujets de Sa Majesté impériale lui feront soutenir les iniquités du nommé Shmitt qui se dit conseiller du roi de Prusse .Mais je suis dans la nécessité d'implorer votre protection pour obtenir une sentence prompte, favorable ou injuste, afin que je puisse me pourvoir au Conseil Aulique . C'est cette sentence expéditive que je demande par la protection de Votre Altesse . Elle est faite pour secourir les opprimés .

Permettez que je mette à vos pieds ma requête au Conseil de Francfort.

Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, de Votre Altesse Sérénissime . »

Ci-dessous le texte du mémoire proposé, corrigé et complété de la main de Voltaire : « Requête du sieur Cosimo Collini, citoyen de Florence , contre le sieur Shmitt, marchand de Francfort, en réparation de violence et de vol ;

Au Vénérable Magistrat de la ville de Francfort-sur-le-Main : Le sieur Cosimo Collini expose qu'au mois de juin de l'année 1753, passant par Francfort pour ses affaires particulières en la compagnie d'un gentilhomme ordinaire de la chambre de Sa Majesté Très Chrétienne, fut surpris d'être arrêté par des soldats le 20è du mois de juin sans aucune formalité, et conduit dans la maison de Shmitt, lequel fouilla dans ses poches et lui prit tout l'argent qu'il avait sur lui, avec une cassette, dans laquelle il y avait cent cinquante quatre louis d'or neufs de France ; quarante six carolins, vingt-quatre pistoles d'Espagne ; un petit diamant de la valeur d'environ cinq cents florins, et une tabatière valant à peu près cent florins ; que le dit Shmitt ne fit aucun inventaire des effets de cette cassette, qu'il la rendit au bout de trois jours dans la prison où il avait fait conduire le sieur Collini, lequel en ouvrant la cassette la trouva presque vide .

Que le sieur Collini n'en put porter plainte juridique sur-le-champ parce qu'il était en prison à l'auberge nommée la Corne de Bouc, gardé par quatre soldats la baïonnette au bout du fusil, sans avoir jamais pu savoir par quelle raison , et par quelle autorité le marchand Shmitt exerçait cette violence inouïe.

Que dès qu'il fut en liberté il protesta juridiquement chez Boehem, notaire impérial qui doit avoir encor la minute de sa protestation .

Que depuis, on lui fit entendre que ledit Shmitt était protégé par un grand prince ; mais qu'enfin ayant été mieux informé il sait que ce grand prince est très éloigné de protéger les attentas et les vols de ce Shmitt .

Qu'il demande justice et qu'il l'attend avec d'autant plus de confiance que ce Shmitt est déjà connu depuis longtemps par ses brigandages et qu'il a été condamné à soixante mille florins d'amende, pour fausse monnaie par la commission impériale, à la tête de laquelle était Son Excellence M. le maréchal de Bretlach.

Si les personnes en la compagnie desquelles était le sieur Cosimo Collini furent volées comme lui, et ont différé d'en demander justice, sur des raisons qu'il ignore, il ne peut différer plus longtemps ayant été réduit à la plus extrême pauvreté par la vol dont il demande la restitution, et par le temps qu'une détention aussi injuste et aussi criminelle lui fit perdre . Il demande la restitution de tous ses effets et une indemnité de vingt mille écus de l'empire, pour les violences exercées contre lui, sans aucune formalité, et sans aucun prétexte .

N'ayant d'ailleurs aucune autre chose à alléguer pour le présent ; et demandant au Vénérable Conseil une justice d'autant plus prompte qu'elle a été plus tardive . »

Le même dossier comporte un autre mémoire de la main de Collini ; c'est suivant toute apparence le document préparé par Collini et que V* n'avait pas approuvé . Citons seulement le passage concernant Mme Denis : « On nous y emprisonna dans des chambres séparées et on nous mit à chacun quatre soldats au-dedans de la chambre . Les horreurs qu'on commit envers Mme Denis, nièce de M. de Voltaire, qui était venue de Paris à Francfort au devant de son oncle, font frémir . »

 

Que dites-vous des jésuites ? Ne seront-ils pas décimés dans l'Europe ?

... Si fait, si fait !

Ils sont heureusement moins nombreux, ils sont heureusement moins rapaces, ils sont heureusement moins bornés .

Ce qui vaut pour les jésuites devrait aussi valoir pour toutes les autres sections/sectes des autres religions, on s'en trouverait mieux, plus en paix . Combien de siècles va-t-il falloir encore pour ça ?

 

 

 

« A François Tronchin

conseiller d’État

[vers le 20 janvier 1759]

Pignatelli et compagnie volent Chenau 1, mais ils vous tuent, mon cher ami, . On dit que l'excès du travail vous a rendu malade . Nous nous intéressons à votre santé autant que nous admirons vos travaux qui l'ont altérée . Que dites-vous des jésuites ? Ne seront-ils pas décimés dans l'Europe ?"

 

Quoi vous avez trois beaux-frères prêtres et tous trois honnêtes gens ! Vous êtes un homme unique

... La fin du XIXè siècle et la première moitié du XXè ont été de grands pourvoyeurs de curés et bonnes-soeurs, et ma famille en a compté quelques uns, honnêtes gens s'il en fût . Tout ça pour qu'en quatre générations la religion perde son rôle de guide faute d'avoir des représentants respectables . En restera-t-il encore assez ?

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 Sur les trois , l'un ne l'est plus officiellement (célibataire )

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

[vers le 20 janvier 1759]1

assesseur baillival

à Lausanne

agréable colère,

Digne ressentiment à votre ami bien doux .2

Je suis enchanté mon cher ami de savoir que tous vos beaux-frères sont dignes de l’être . Quoi vous avez trois beaux-frères prêtres et tous trois honnêtes gens ! Vous êtes un homme unique . Le prêtre qui m'avait dit que le catéchiste de Vevay ne savait pas son catéchisme, est tombé là dans une grande erreur, mais il n'est pas coupable de malice . Errare humanum est perseverare diabolicum aut sacerdotale 3. On m'a mandé aussi qu'il y avait une cabale sacerdotale contre notre mai Polier, et qu'on avait pris pour le mortifier la main de l'auteur du libelle . Il paraît qu'à Lausanne l'oisiveté est un peu la mère du vice . Je ne parle pas des laïques ; les gens du monde sont honnêtes gens . Nota bene que parmi eux je ne compte point les libraires .

Oui, les Anglais sont des bavards . Leurs livres sont trop longs, Bollingbroke, Shaftersbury, auraient éclairé le genre humain s'ils n'avaient pas noyé la vérité dans des livres qui lassent la patience des gens les mieux intentionnés . Cependant, il y a beaucoup de profit à faire avec eux .

Après tout, mon cher ami, ils ne nous disent que ce que nous savons, et encore n'osent-ils pas écrire aussi librement que nous parlons vous et moi quand j'ai le bonheur de jouir de votre entretien . Je vous regrette beaucoup cet hiver . Je suis homme à venir faire un tour à Lausanne pour vous embrasser . Mille tendres respects à votre she philosopher 4.

V. »

1 Il semblerait que cette lettre soit une réponse à celle de Clavel de Brenles après qu'il ait répondu à le lettre du 9 janvier de V*.

2 D'après le Cid, I, viii, de Corneille .

3 Se tromper est humain, persévérer dans l'erreur est diabolique ou digne d'un prêtre .

4 Philosophe en jupon .