09/11/2013
Soyez heureuse, souvenez-vous-en bien, n'y manquez pas
Voilà des voeux que je fais miens à l'égard de Mam'zelle Wagnière qui le mérite bien , plutôt dix fois qu'une .
Epanouie for ever
« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck
Aux Délices 3 octobre [1758]
L'oncle et les nièces sont à vos pieds, madame. Nous vous regrettons à chaque instant . Notre consolation est de parler de vous . Nous nous intéresserons toute notre vie à tous les évènements de la vôtre . Si j'avais un peu de santé et moins d'affaires, je viendrais vous faire ma cour avant que vous quittiez votre taudis de Montriond . Mme la marquise de Gentil vient habiter aujourd'hui cette petite chambre où vous avez si peu dormi, mais, madame, qui vous remplacera jamais ?
Ne croyez point du tout que la cour de France ait signifié à vos Autrichiens son impuissance et son abandon . Nous sommes fiers et fidèles, ce qu'on vous mande n'est ni vrai ni même vraisemblable . Nous pouvons être battus ; mais on ne manquera pas à Marie-Thérèse 1.
La révolution de Suède est bien plus probable, mais heureusement elle ne se confirme pas . Il n'y a rien de vrai que mon tendre et respectueux attachement pour vous .
V.
Si vous voulez cacheter cette lettre incluse avec une tête, vous la ferez mettre à la poste où et quand il vous plaira . Je vous demande bien pardon .
Adieu, madame, adieu, vous me rendez les yeux humides .
Soyez heureuse, souvenez-vous-en bien, n'y manquez pas . »
1 A savoir que la France restera fidèle à ses engagements envers la cour d'Autriche . Le jour même où V* écrivait cette lettre, la comtesse Bentinck écrivait de son côté de Montriond à Haller : « M. de Voltaire me paraît persuadé que la guerre en général durera encore cinq ou six bonnes années. »
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C'est à vous à vous accorder pour l'intérêt, pour votre commission, et pour son remboursement avec l'emprunteur
...En un mot comme en cent : demerden Sie sich !
High hopes !
Pour faire suite à la lettre précédente .
http://www.youtube.com/watch?v=BGBM5vWiBLo
« To M. Durade de l'Aloi
to the antigallican and Switzzerland coffee house / behind Roial exchange / London
Près de Genève 4 octobre 1758 1
Vous pouvez, monsieur, vous adresser en toute sureté à la personne qui vous fera parvenir cette lettre pour le prêt de trente mille livres sterling, ou pour la somme que cette personne vous indiquera . C'est à vous à vous accorder pour l'intérêt, pour votre commission, et pour son remboursement avec l'emprunteur . Vous ne sauriez trouver en Europe un emploi plus sûr, ni faire une affaire plus convenable . Je serai très aise de vous avoir procuré cette négociation . J'ai l'honneur d'être parfaitement ,
monsieur ,
votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 Lettre rattachée à celle adressée à Beckers en date du 3 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/09/c...
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08/11/2013
Ce n'est pas dans le moment présent qu'un Français doit se promettre de réussir dans tout ce qu'il entreprend mais nous avons tous beaucoup de bonne volonté, chacun dans notre espèce
... Hélas la bonne volonté ne suffit pas, au contraire même l'enfer étant selon les dernières rumeurs pavé de bonnes intentions . Notre chef de l'Etat, notre chef de gouvernement sont encore au stade des promesses qui lassent .
AA dit Standard and Poors ! Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent, ils sont discrédités depuis des années par leurs notations irréalistes et favorables de pays en réalité au bord de la faillite . Toutes les lettres de l'alphabet ne suffiront pas à décrire le ridicule état de l'économie mondiale qui ne prône que la croissance .
AAAA+++ Ah ! laissez-moi rire encore un peu , avant que tout ça nous mène dans le mur
We dont need now teachers like this
http://www.youtube.com/watch?v=xpxd3pZAVHI
http://www.youtube.com/watch?v=0ISBnBkivjk
« Au baron Heinrich Anton von Beckers 1
Aux Délices près de Genève 3 octobre 1758
Monsieur, l'agent de change pour qui vous trouverez l'incluse 2 dans ce paquet m'a promis en partant de Genève pour Londres de faire trouver jusqu'à 50 mille livres sterling s'il le faut . C'est à Votre Excellence à juger si elle veut se servir de cette voie, vous verrez son adresse et vous pourrez vous en servir, et lui faire écrire si vous le jugez à propos . J'ignore si cet homme a autant de crédit qu'on veut me le faire croire . Je ne réponds que de mon zèle pour votre adorable maître à qui je voudrais assurément prouver mon zèle par des services plus considérables . Je suis bien loin de répondre du succès . Ce n'est pas dans le moment présent qu'un Français doit se promettre de réussir dans tout ce qu'il entreprend mais nous avons tous beaucoup de bonne volonté, chacun dans notre espèce .
Les relations que donnent les Russes de la bataille de Zondorf me font trembler sur la vérité des mémoires qu'on m'envoie de Pétersbourg concernant la vie de Pierre le Grand . Je ne sais plus que croire dans ce monde . La révolution de Suède me parait aussi fort douteuse . Je ne peux vous assurer autre chose sinon que je serai toute ma vie, de Votre cour et de Votre Excellence
Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 Voir aussi lettre du 4 mai 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/28/ma-principale-vue-est-d-assurer-huit-mille-livres-de-rente-a.html
et du 12 janvier 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/18/je-vous-supplie-de-vouloir-bien-me-mander-si-c-est-votre-com.html
2 Lettre « To M. Durade de l'Aloi
to the antigallican and Switzzerland coffee house / behind Roial exchange / London
Près de Genève 4 octobre 1758
Vous pouvez, monsieur, vous adresser en toute sureté à la personne qui vous fera parvenir cette lettre pour le prêt de trente mille livres sterling, ou pour la somme que cette personne vous indiquera . C'est à vous à vous accorder pour l'intérêt, pour votre commission, et pour son remboursement avec l'emprunteur . Vous ne sauriez trouver en Europe un emploi plus sûr, ni faire une affaire plus convenable . Je serai très aise de vous avoir procuré cette négociation . J'ai l'honneur d'être parfaitement /monsieur/ votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
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07/11/2013
Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ?
... Non !
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.
Aux Délices, 2 octobre [1758]
Vos nouvelles de Choisy, madame, ne sont pas les plus fidèles. On a imaginé à la cour de bien fausses consolations. Il est bien triste d'être réduit à feindre des victoires. Les combats du 26 et du 27 sont bons à mettre dans les Mille et une Nuits. Il est très-certain que les Russes n'ont point paru après leur défaite du 25 1, et il est bien clair que le roi de Prusse les a mis hors d'état de lui nuire de longtemps, puisqu'il est allé paisiblement secourir son frère et faire reculer l'armée autrichienne 2. Croiriez-vous que j'ai reçu deux lettres de lui depuis sa victoire ?3 Je vous assure que son style est celui d'un vainqueur. Je doute fort qu'on ait tué trois mille hommes aux Anglais, auprès de Saint-Malo; mais j'avoue que je le souhaite. Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ? La paix n'est pas assurément prête à se faire. A combien Strasbourg est-il taxé ? Pour nous, nous ne connaissons ni guerre, ni impôts. Nos Suisses sont sages et heureux. J'ai bien la mine de ne les pas quitter, quoique la terre de Craon soit bien tentante. Adieu, madame; je vous présente mes respects, à vous et à votre amie, et vous suis attaché pour ma vie.
V.»
1 La bataille de Zorndorf; voir lettre du 16 septembre 1758 à Darget : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/28/vous-avez-ete-aussi-indigne-que-moi-de-cet-abus-que-les-jour.html
2 V* a eu des nouvelles précises de la bataille de Zorndorf dans sa lettre du 16 septembre 1758 : « […] elle est rapportée si différemment par les gazettiers de Vienne et de Berlin . Les premiers avouent que les Russes ont été battus le 25 d'août mais que le lendemain […] avaient regagné le terrain et que de toute l'armée prussienne il n'y avait été de sauvés que huit mille hommes et quelques escadrons de cavalerie . Les Berlinoises vous couvrent le champ de bataille de vingt mille Russes tous restés sur le carreau, cent trois canons que les Prussiens veulent avoir pris, 27 étendards, toute la caisse militaire, toutes les munitions, deux mille prisonniers, enfin c'est selon ceux-ci une victoire complète . […] Les trois jours suivants les Russes ont brûlé plus de dix villages et ont commis selon les gazettes de Berlin des cruautés incroyables . »
3 Aucune de ces deux lettres ne nous est parvenue . V* fait allusion à l'une d'elles dans sa lettre du 26 septembre 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/05/je-trouve-que-c-est-un-grand-effet-de-votre-sagesse-de-ne-po.html
Et à sa réponse dans la lettre du 27 septembre 1758 à la margravine de Bayreuth, sœur de Frédéric II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/06/il-faut-vivre-tout-le-reste-n-est-rien-5214859.html
On sait aussi que Frédéric II avait envoyé sa lettre du 1er septembre 1758 par le canal de sa sœur .
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06/11/2013
Il faut vivre, tout le reste n'est rien
... Dieu vous entende mon cher Volti , et vous exauce afin que ce reste soit sans conséquence !
Oserai-je vous rappeler que vous dîtes "le superflu, chose très nécessaire " ? Ce qui doit donner, après division, un reste non négligeable, non ? Bon à prendre aussi, oui ?
Je serai heureux si ce reste est, comme disait Raymond Devos, "trois fois rien, car trois fois rien c'est déjà quelque chose " et je saurai m'en contenter .
http://www.youtube.com/watch?v=Td4pqnCCo0M
http://www.youtube.com/watch?v=eAxFoVGh6I4
«A Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de BAIREUTH
Aux Délices, 27 septembre [1758]. 1
Madame, si ce billet trouvait Votre Altesse royale dans un moment de santé et de loisir, je la supplierais de faire envoyer au grand homme son frère 2 cette réponse du Suisse 3; mais mon soin le plus pressé est de la supplier d'envoyer à Tronchin 4 un détail de sa maladie.
Vous n'avez jamais eu, madame, tant de raisons d'aimer la vie, vous ne savez pas comment cette vie est chère à tous ceux qui ont eu le bonheur d'approcher de Votre Altesse royale, comptez que, s'il est quelqu'un sur la terre capable de vous donner du soulagement et de prolonger des jours si précieux, c'est Tronchin. Au nom de tous les êtres pensants, madame, ne négligez pas de le consulter, et s'il était nécessaire qu'il se rendît auprès de votre personne, ou si, ne pouvant pas y venir, il jugeait que vous pouvez entreprendre le voyage, il n'y aurait pas un moment à perdre. Il faut vivre, tout le reste n'est rien. Je suis pénétré de douleur et d'inquiétude, ces sentiments l'emportent encore sur le profond respect et le tendre attachement du vieux frère ermite suisse.
Voltaire.
J'espère que monseigneur sera de mon avis. »
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05/11/2013
Je trouve que c'est un grand effet de votre sagesse de ne point chercher à vous charger de dettes
... Et il est bien évident que cette félicitation ne s'adresse pas à la France actuelle, et surtout pas à son gouvernement .
Non plus qu'aux trublions imbéciles qui cassent à tout va du matériel , ce qui ne fera que gonfler les impôts ( de fer contre les im-pots de terre), car en bout de course tout se paye, qui que ce soit qui doive mettre la main au porte-monnaie .
Pour tout dire , ça me gonfle d'avoir à payer pour des con...ies de voyous syndiqués ou non . Manifestants, continuez à scier la branche sur laquelle vous êtes assis, vous allez vous casser la gueule , je vous le prédis . Qu'avez vous à râler contre une écotaxe qu'on voit déjà appliquée dans d'autres pays ?
http://www.slate.fr/story/75087/pays-endette-mauvaise-dette-cherche-bonne-dette
/
Vous pouvez remplacer les bidons par des bonnets rouges, ça sonnera toujours creux !
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse DE SAXE-GOTHA
Aux Délices, 26 septembre [1758]
Madame, par la lettre du 16, dont Votre Altesse sérénissime m'honore 1, je vois qu'elle est très-contente du baron 2, qui ne lui a pas encore fait toucher sa somme au bout de trois mois. De là je conclus que Votre Altesse sérénissime est très-indulgente, et mon baron un grand lanternier. Je ne l'ai point vu, il est dans sa superbe baronnie, sur le bord du lac Morat, moi sur le lac de Genève et je m'aperçois que la vie est courte, et les affaires longues. Non-seulement elle est courte, cette vie, mais le peu de moments qu'elle dure est bien malheureux. Le canon gronde de tous côtés autour de vos États. Je trouve que c'est un grand effet de votre sagesse de ne point chercher à vous charger de dettes. Dans ces temps de calamités, il vaut mieux certainement se retrancher que s'endetter.
Il me paraissait bien naturel que la branche de Gotha fut tutrice de la branche de Weimar 3 mais dans les troubles qui vous entourent, c'est là une de vos moindres peines.
La nouvelle victoire du roi de Prusse auprès de Custrin 4 n'est contestée, ce me semble, que par écrit. Il paraît bien clair que les Russes ont été battus, puisqu'ils ne paraissent point. S'ils étaient vainqueurs, ils seraient dans Berlin, et le roi de Prusse ne serait pas dans Dresde. Je ne vois jusqu'ici que du carnage, et les choses sont à peu près au même point où elles étaient au commencement de la guerre. Six armées ravagent l'Allemagne c'est là tout le fruit qu'on en a tiré. La guerre de Trente ans fut infiniment moins meurtrière. Dieu veuille que celle-ci n'égale pas l'autre en durée, comme elle la surpasse en destructions La grande maîtresse des cœurs n'est-elle pas bien désolée ? Ne gémit-elle pas sur ce pauvre genre humain ? Il me semble que je serais un peu consolé si j'avais l'honneur de jouir comme elle, madame, de votre conversation. Ne vous attendez-vous pas tous les jours à quelque événement sanglant vers Dresde et vers la Lippe? Le roi de Prusse me mande, au milieu de ses combats et de ses marches, que je suis trop heureux dans ma retraite paisible, il a bien raison , je le plains au milieu de sa gloire, et je vous plains, madame, d'être si près des champs d'honneur. Je présente mes profonds respects à monseigneur le duc, je fais toujours mille vœux pour la prospérité de toute votre maison. Vous savez, madame, avec quel tendre respect ce vieux Suisse est attaché à Votre Altesse sérénissime. »
1 Voir note de la lettre du 6 septembre 1758 à la duchesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/il-faut-esperer-qu-une-paix-devenue-necessaire-a-tout-le-mon.html
3 Voir lettre du 6 septembre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/il-faut-esperer-qu-une-paix-devenue-necessaire-a-tout-le-mon.html
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04/11/2013
Tout amoureux que je suis de ma liberté, cette maîtresse ne m'a pas assez tourné la tête pour me faire renoncer à ma patrie
... La fortune est une maîtresse bien plus puissante et agissante car elle fait renoncer, sans barguigner, à toute nation un peu gourmande fiscalement .
La patrie se limite alors à un numéro de compte bien garni qui est loin d'éveiller tout sentiment d'affection désintéressée , ce que je conçois fort bien, n'étant pas plus, moi-même, amoureux de ma banque . Sans doute le montant de ma fortune est-il trop modeste (j'ai assez d'encre dans mon stylo pour en noter le montant d'un seul coup !) pour me tourmenter à savoir comment l'augmenter par des placements mirifiques . On ne dira jamais assez la beauté du métier de fiscaliste , grand prêtre d'une religion universelle au dieu i/unique : l'argent . Où est la liberté de l'aliéné au portefeuille ? Je ne m'appesantis pas sur son sort, car j'ai plus de peine en me demandant où est la liberté du pauvre .
Autres aliénations
Où est la liberté ?
Petit aparté : j'ai revu avec plaisir Un singe en hiver, et , ô merveille et surprise sur prise, devinez qui j'ai vu en buste dans le pensionnat de jeunes filles que l'on mêne en bon ordre à la messe ? Voltaire ! Je dis bravo à l'accessoiriste qui volontairement ou non rend hommage à l'anticlérical philosophe , à moins que ce ne soit un trait d'humour du réalisateur . Si quelqu'un peut m'en dire plus sur cet élément de mise en scène , d'avance merci .
A ceux qui me diront que je vois Voltaire partout, je répondrai "Oui ! mais pas assez encore "
à SURATE.
Aux Délices, près de Genève, le 25 septembre [1758]
Je suis très flatté, monsieur, que vous ayez bien voulu, au fond de l'Asie, vous souvenir d'un ancien camarade 2. Vous me faites trop d'honneur de me qualifier de bourgeois de Genève. Tout amoureux que je suis de ma liberté, cette maîtresse ne m'a pas assez tourné la tête pour me faire renoncer à ma patrie. D'ailleurs, il faut être huguenot pour être citoyen de Genève, et ce n'est pas un si beau titre pour qu'on doive y sacrifier sa religion. 3 Cela est bon pour Henri IV, quand il s'agit du royaume de France 4, et peut-être pour un électeur de Saxe, quand il veut être roi de Pologne mais il n'est pas permis aux particuliers d'imiter les rois.
Il est vrai qu'étant fort malade je me suis mis entre les mains du plus grand médecin de l'Europe, M. Tronchin, qui réside à Genève, je lui dois la vie. J'ai acheté dans son voisinage, moitié sur le territoire de France, moitié sur celui de Genève, un domaine assez agréable, dans le plus bel aspect de la nature. J'y loge ma famille, j'y reçois mes amis, j'y vis dans l'abondance et dans la liberté. J'imagine que vous en faites à peu près autant à Surate du moins je le souhaite.
Vous auriez bien dû, en m'écrivant de si loin, m'apprendre si vous êtes content de votre sort, si vous avez une nombreuse famille, si votre santé est toujours ferme. Nous sommes à peu près du même âge, et nous ne devons plus songer l'un et l'autre qu'à passer doucement le reste de nos jours. Le climat où je suis n'est pas si beau que celui de Surate, les bords de l'Inde doivent être plus fertiles que ceux du lac Léman. Vous devez avoir des ananas, et je n'ai que des pêches; mais il faut que chacun fasse son propre bonheur dans le climat où le ciel l'a placé.
Adieu, mon ancien camarade je vous souhaite des jours longs et heureux, et suis, de tout mon cœur, votre, etc. »
1 Maurice Pilavoine, membre du conseil de compagnie des Indes, avait appris à « balbutier du latin » avec Voltaire. Il était probablement né à Surate, mais, en 1758, il habitait Pondichéry. (Clogenson .)Voir lettre du 23 avril 1760 à Pilavoine, page 264 : http://books.google.fr/books?id=KcNCAAAAYAAJ&pg=PA265&lpg=PA265&dq=maurice+pilavoine+1758&source=bl&ots=DdkzKWQFIu&sig=ni9Xz230wiOhd3YO0TBJczfsqYI&hl=fr&sa=X&ei=0Kh3UqqZLYHK0QWksYGwAg&ved=0CDgQ6AEwAw#v=onepage&q=maurice%20pilavoine%201758&f=false
2 La lettre de Pilavoine du 15 février 1758 est conservée . Elle évoque le temps de l'adolescence et des études à la suite de la venue du chevalier Baudouin de Soupir aux Indes ; Pilavoine pris de court par le départ d'un vaisseau pour l'Europe, laisse à Soupire le soin de parler de lui à V* à son retour . Voir lettre du 5 mai 1758 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/13/temp-730764030724aa25304863c3dc168051-5140487.html
3 Depuis « cela est bon ... », ce passage de manuscrit est d'une écriture différente ; il a été supprimé, puis restitué .
21:24 | Lien permanent | Commentaires (1)