03/07/2012
" ... les hommes sont inconséquents, c'est qu'ils sont injustes. » Ces mots étaient une prophétie; supprimons-la
... Et coupons toutes les têtes qui dépassent !
"Les hommes, lorsqu'ils ne sont plus que l'ombre d'humains résonnent comme des cruches et raisonnent comme leurs pieds !" : paroles de pigeon voyageur .
En attendant le TGV, le 30/6/2012
« A M. THIERIOT.
Aux Délices, 30 avril [1756]
Je viens de lire la gazette, et, en conséquence, je vous prie, mon ancien ami, de faire corriger la note 1 sur Bayle, s'il en est temps. Je ne veux point me brouiller avec gens qui traitent si durement Pierre Bayle. Le parlement de Toulouse honora un peu plus sa mémoire; mais altri tempi, altre cure. L'auteur des Notes sur le Sermon de Lisbonne ne pouvait prévoir qu'on ferait une Saint-Barthélemy de Bayle, du pauvre jésuite Berruyer 2, de l'évêque de Troyes 3, et de je ne sais quelle Christiade 4. Il faut retrancher tout ce passage « Je crois devoir adoucir ici, etc. » (page 20), et mettre tout simplement: « Tout sceptique qu'est le philosophe Bayle il n'a jamais nié la Providence, etc. » et, à la fin de la note, il faut retrancher ces mots: « C'est que les hommes sont inconséquents, c'est qu'ils sont injustes. » Ces mots étaient une prophétie; supprimons-la. Les prophètes n'ont jamais eu beau jeu dans ce monde. Mettons à la place « C'est apparemment pour d'autres raisons qui n'intéressent point ces principes fondamentaux, mais qui regardent d'autres dogmes non moins respectables. » Je vous prie, mon ancien ami, de ne pas négliger cette besogne; elle est nécessaire. Il se trouve, par un malheureux hasard, que la note, telle qu'elle est, deviendrait la satire du discours d'un avocat
général 5 et d'un arrêt du parlement; on pourrait inquiéter le libraire, et savoir mauvais gré à l'éditeur le pauvre père Berruyer sera de mon avis. Tâchez donc, mon ancien ami, de raccommoder par votre prudence la sottise du hasard.
Je crois actuellement M. de Richelieu dans Port-Mahon, il n'est pas allé là par la cheminée 6.
Je vous embrasse de tout mon cœur. »
1 Voir la lettre du 3 mai à d'Argental . L'arrêt de la cour de parlement du 9 avril 1756, sur le réquisitoire d'Omer Joly de Fleury, condamnait à être supprimés ou lacérés et brulés, non le Dictionnaire de Bayle, mais son Analyse raisonnée (par le jésuite de Marsy), 1755, 4 vol. in-12 (auxquels Robinet en ajouta quatre en 1773); la Christiade, dont il est parlé tome XX, page 32; les première et seconde parties de l'Histoire du peuple de Dieu, par Berruyer.
2 Isaac-Joseph Berruyer ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac-Joseph_Berruyer
et : http://www.berruyer.fr/celebres/genealogie-3-3-isaac.html
4Voir page 195 : http://books.google.fr/books?id=Ke4Ta49QQToC&pg=PA195&lpg=PA195&dq=1.+arr%C3%AAt+de+la+cour+de+parlement+du+9+avril+1756&source=bl&ots=dRqFuR8QYP&sig=LDYGuaUap26krt-_1gzQwmSXITg&hl=fr&sa=X&ei=COvxT8_UHsKf0QXD49TMDQ&ved=0CDsQ6AEwAA#v=onepage&q=1.%20arr%C3%AAt%20de%20la%20cour%20de%20parlement%20du%209%20avril%201756&f=false
5 Omer Joly de Fleury .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Joly_de_Fleury
00:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/07/2012
Je ne suis pas le seul qui parie pour vous.
... Monsieur le président .
J'en connais d'autres, qui misent sur vous, dont une que j'ai fait attendre en plein soleil samedi (voir la preuve en image suivante), qui sont partie prenante .
Hassan II is alive !!
Note de dernière seconde, sur Antenne 2, le commentateur du résumé de l'étape se terminant à Tournai vient de ressusciter un mort , Hassan II, qui selon lui honore de sa présence l'arrivée du jour . Mort de rire, je suis, d'autant plus que Gérard Holz , emporté par un enthousiasme que je ne partage pas, attribue le titre de "roi du commentaire" au magnifique gaffeur . Je ne sais qui va remporter ce tour, mais la palme de l'autosatisfaction et de l'à-peu-près me semble difficile à enlever à ces deux bazus .Je crois que la boite à coïonneries est largement ouverte !
Quant à Hassan II, il ne lui reste plus, après une bonne douche, qu'à se recoucher dans son cercueil pour récupérer , l'étape de demain ne sera pas facile . Le verra t'on à Boulogne ?
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève, avril [1756]
Prenez Port-Mahon, mon héros; c'est mon affaire. Vous savez qu'un fou d'Anglais parie vingt contre un, à bureau ouvert dans Londres, qu'on vous mènera prisonnier en Angleterre avant quatre mois. J'envoie commission à Londres de déposer vingt guinées contre cet extravagant, et j'espère bien gagner quatre cents livres sterling 1, avec quoi je donnerai un beau feu de joie le jour que j'apprendrai que vous avez fait la garnison de Saint- Philippe prisonnière de guerre. Je ne suis pas le seul qui parie pour vous. Vous vengerez la France, et vous enrichirez plus d'un Français. Je me flatte que, malgré la fatigue et les chaleurs, la gloire vous donne de la santé, à vous et à M. le duc de Fronsac.
Vous avez auprès de vous toute votre famille. Permettez-moi de souhaiter que vous buviez tous à la glace dans ce maudit fort de Saint-Philippe, couronnés de lauriers comme des Romains triomphant des Carthaginois.
Je n'ose pas vous supplier d'ordonner à un de vos secrétaires de m'envoyer les bulletins mais, si vous pouvez me faire cette faveur, vous ne pouvez assurément en honorer personne plus intéressé à vos succès.
Permettez que les deux Suisses vous présentent leur tendre respect. »
19:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/06/2012
Il se passe toujours des scènes sanglantes en Asie, tant en Perse que dans l'Indoustan
... Eh ! mon pauvre Voltaire, ça dure encore !
On ne peut pas dire Otros tiempos, Otros hombres :
http://www.deezer.com/music/track/15043941
Alors , Machine gun , à tout va !
http://www.deezer.com/music/track/4180407
http://www.raremaps.com/gallery/detail/27429/Indoustan_ou...
« A madame la duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, près de Genève, 26 avril [1756]
Madame, je me doutais bien de quel avis serait Votre Altesse sérénissime. Le plaisant de l'affaire, c'est qu'à Paris, quand on a vu l'ouvrage adressé à une princesse, on a cru que cette princesse était une sœur de.1 et on l'a imprimé avec son nom. Je n'ai eu qu'à me taire, et je laisse les prêtres et les philosophes se battre.
Les Français et les Anglais doivent se battre, à présent, un peu plus sérieusement. M. de Richelieu attaque à présent le Port-Mahon, et la flotte anglaise n'a pas encore paru pour le défendre. Si elle n'arrive que pour être témoin de la prise, l'Angleterre perdra son crédit dans l'Europe.
Il est toujours très-confirmé, par les lettres que je reçois de Buenos-Ayres, que les jésuites font, de leur côté, très-respectueusement la guerre au roi d'Espagne, et qu'ils empêchent les peuples du Paraguai de lui obéir.
Les mêmes lettres m'apprennent les détails inouïs de la destruction de Quito, au Pérou. C'est bien pis qu'à Lisbonne, la terre y a tremblé pendant trois mois. Le Tout est bien est un peu dérangé en Amérique, en Europe et en Afrique. Il se passe toujours des scènes sanglantes en Asie, tant en Perse que dans l'Indoustan. Jugez, madame, s'il est doux de vivre à Gotha. On dit, à Genève, que Votre Altesse sérénissime pourrait bien y envoyer le prince son second fils, pour y faire quelque temps ses études. Que ne suis-je assez heureux pour que cette nouvelle soit vraie ou plutôt, que ne puis-je, dès à présent, venir faire la cour à la mère, et mettre à ses pieds un cœur qui sera toujours pénétré pour elle et pour toute son auguste famille du plus profond respect et du plus inviolable attachement . »
16:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
à toutes les questions que vous me faites, commençons par le moins intéressant, et le plus aisé
... Je suis toujours Gessien , bienheureux d'être proche du château de Voltaire, qui grouille de monde ces jours-ci, pour cause de préparation de la Fête à Voltaire, laquelle fête , cette année me déplait souverainement car on va honorer ce dadais méchant : JJ Rousseau .
Au milieu de tout ce chambardement, le géant roupille, et je peux vous assurer qu'il n'ouvrira pas un oeil pour voir l'arrivée du JJR
«De M. le duc de la VALLIÈRE
A Versailles, ce 22 avril 1756.
Je vais répondre avec le plus grand plaisir du monde, mon cher Voltaire, à toutes les questions que vous me faites, commençons par le moins intéressant, et le plus aisé. J'habite toujours Montrouge; je suis comme Proserpine, juste la moitié de ma vie à Versailles, l'autre moitié dans ma retraite délicieuse à tous égards; jamais un moment à Paris; je ne vais plus à Champs; il m'est impossible, à la vie que je mène, d'en jouir, et je le regarde précisément comme une maîtresse qui serait allée s'établir au nouveau monde. Il se pourrait quelquefois qu'il m'en revint des images agréables, mais je ne m'en croirais pas moins dans le cas d'en prendre une autre. Quant à l'abbé de Voisenon, hélas dans ce moment-ci c'est une brebis égarée; l'Amour me l'a ravi. Plus épris qu'un jeune écolier, il ne quitte plus l'objet de sa tendresse, et je crains d'autant plus pour sa santé que je ne crois point du tout qu'elle soit d'accord ni avec son ardeur ni avec son bonheur. Deux accès d'asthme ne me l'ont point encore ramené; il touche au troisième, et je le reverrai mauvais moment, comme vous voyez, pour lui proposer ce que je désire; et puis, à tout seigneur tout honneur 1.
Passons au plus intéressant. Un rayon de la grâce a éclairé, mais sans ivresse 2; quelques changements médiocres en sont le seul témoignage. On ne va plus au spectacle, on a fait maigre trois jours de la semaine, pendant tout le carême, mais sous la condition qu'on n'en serait point incommodée. Les moments qu'on peut donner à la lecture sont vraisemblablement employés à de bons livres; au reste, la même vie, les mêmes amis, et je me flatte d'être du nombre; aussi aimable qu'on a jamais été, et plus de crédit que jamais. Voilà la position où l'on est, et qui fait qu'on voudrait des psaumes de votre façon. L'on vous connait, on vous a admiré, et l'on veut vous lire encore; mais l'on est bien aise de vous prescrire l'objet de ses lectures. Ainsi, je vous le répète, il faut que vous nous donniez une heure par jour, et bientôt vous verrez que vous aurez satisfait et à nos désirs, et à votre réputation. Je vous le dis encore, et en vérité sans fadeur, de tout temps vous avez été destiné à faire cet ouvrage. Vous vous le devez, et à nous aussi, et c'est une marque d'attention à laquelle le bon prophète sera très-sensible; je le serai aussi très-sincèrement à cette preuve d'amitié de votre part, et j'en attends incessamment les heureux essais .
A l'égard de l'opéra prussien (Mérope), de la fin de la Pucelle que vous m'avez promise, et des autres choses que vous me faites espérer, envoyez- les à Genève, à M. Vasserot de Châteauvieux 3, il me les enverra par le premier ballot qu'il m'adressera. Je vous demande deux exemplaires de vos deux poèmes avec les notes 4, l'un pour Mme de Pompadour, l'autre pour moi. Envoyez-les-moi par la poste avec une première enveloppe à mon nom, et par-dessus une autre à M. de Malesherbes, premier président de la cour des aides. Il est accoutumé à en recevoir beaucoup pour moi. Vous feriez bien d'y joindre un ou deux psaumes, je vous en remercie d'avance 5 »
1. On peut conjecturer de ce que dit ici le duc de La Vallière que Voltaire, en éludant la demande qu'on lui faisait touchant des psaumes, aurait engagé le duc à s'adresser à l'abbé de Voisenon, qu'on appelait l'évêque de Montrouge, pour remplir un thème qui était plus de sa compétence que de celle d'un laïque.
2 Il s'agit ici de Mme de Pompadour.
3 Jean Vasserot de Chateauvieux, avocat, fils de Jean Vasserot (noble français protestant exilé en Hollande où il avait fait fortune ), possède le domaine de Dardagny uni à Châteauvieux et Confignon, proche de Genève, depuis 1731 .
5 Voltaire ne fit point de psaumes. Voir tome IX, page 481 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411325t/f483.image
et ci-après la lettre à Thieriot du 11 juin 1759, citée dans : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/07/i...
01:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/06/2012
si les Anglais ont été assez malavisés pour ne pas prendre de justes mesures, ils auront la réputation d'avoir été de bons pirates et de très-mauvais politiques.
... Oui, celà est ! N'est il pas ?*
Mister Cameron, vous devez mettre le nez dans votre caca , et bien vous laver avant de faire la leçon au reste de l'Europe .
http://www.20minutes.fr/monde/953301-scandale-ecoutes-cam...
* En VO : Yes, it is ! Is n't it ?
« A M. Joseph PARIS-DUVERNEY 1
Aux Délices, le 26 avril [1756]
Il y a un mois, monsieur, que je devais vous renouveler mes remerciements, car il y a un mois que je jouis du plaisir de voir s'épanouir sous mes fenêtres les belles fleurs que vous eûtes la bonté de m'envoyer l'an passé. Je fais d'autant plus de cas des plaisirs de cette espèce que malheureusement je n'en ai plus guère d'autres. Pour vous, monsieur, vous jouissez d'un bonheur plus précieux, de la santé, de la considération, et de la gloire que vous avez acquise. Ce sont là de belles fleurs qui valent mieux que des jacinthes, des renoncules, et des tulipes.
Je crois que ni vous ni moi ne serons fâchés d'apprendre la prise de Minorque par M. le maréchal de Richelieu. Vous vous êtes toujours intéressé à sa gloire, comme je l'ai vu prendre à cœur tout ce qui vous regardait. S'il venge la France des pirateries anglaises, il lui faudra une nouvelle statue à Port-Mahon et si les Anglais ont été assez malavisés pour ne pas prendre de justes mesures, ils auront la réputation d'avoir été de bons pirates et de très-mauvais politiques.
Adieu, monsieur conservez-moi un souvenir qui me sera toujours infiniment précieux. Vous voulez bien que je présente ici mes très-humbles obéissances à monsieur votre frère 2. Je le crois à présent à Brunoy, comme vous à Plaisance 3, n'ayant plus l'un et l'autre que des occupations douces qui exercent l'esprit sans le fatiguer. Vivez l'un et l'autre plus que le cardinal de Fleury, avec le plaisir et la gloire d'avoir fait plus de bien à vos amis que jamais ce ministre n'en a fait aux siens, supposé qu'il en ait eu. »
1 Joseph Pâris-Duverney, le troisième des quatre frères Pâris, créateur de l'École militaire, dont il fut intendant; mort le 17 juillet 1770.
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_P%C3%A2ris
et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_P%C3%A2ris_Duverney
2 Jean Paris de Montmartel. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_P%C3%A2ris_de_Monmartel
16:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/06/2012
Je fais bien plus de cas d'un être pensant que de Saint-Pierre de Rome; et ce n'est pas trop la peine, à mon âge, d'aller dans un pays où il faut demander la permission de penser à un dominicain.
... Ou à un ayatollah ! Dieu (nous mêmes) nous garde de ces maîtres à penser, ou plutôt ces castrateurs terrorisés terrorisants !
Voir ce site:
http://kassataya.com/libre-expression/la-folle-panique-de-lambassade-de-mauritanie-a-dakar
« A M. Charles BORDES 1
Aux Délices, avril [1756]
Soyez bien sûr, monsieur, que votre lettre me fait plus de plaisir que tout ce que vous auriez pu m'envoyer d'Italie, soit opéra, soit agnus Dei. Nous sommes très-fâchés, Mme Denis et moi, que vous n'ayez pas pu prendre votre route par Genève. Après avoir vu des palais et des cascades, et après avoir entendu des Miserere à quatre chœurs, vous auriez vu, dans une retraite paisible, deux espèces de philosophes pénétrés de votre mérite. J'ai eu longtemps un extrême désir de faire le voyage dont vous revenez mais à présent je n'ai plus d'autre passion que celle de rester tranquille chez moi, et d'y pouvoir recevoir des hommes comme vous. Je fais bien plus de cas d'un être pensant que de Saint-Pierre de Rome; et ce n'est pas trop la peine, à mon âge, d'aller dans un pays où il faut demander la permission de penser à un dominicain.
M. l'abbé Pernetti 2 m'a mandé qu'il fallait deux vers pour l'inscription de votre salle de spectacle 3, et qu'il ne fallait que deux vers. La langue française, qui, par malheur, est très-ingrate pour le style lapidaire, rend cette besogne assez malaisée. Quatre vers en ce genre sont plus aisés à faire que deux. Cependant je vous prie de dire à M. l'abbé Pernetti que j'essayerai de lui obéir et de lui plaire. J'ai encore heureusement du temps devant moi on dit que votre salle ne sera prête que pour l'automne. Je me flatte qu'avant ce temps-là il faudra faire des inscriptions pour la statue de M. le maréchal de Richelieu, à Minorque 4.
Adieu, monsieur; conservez-moi une amitié dont je sens vivement tout le prix. »
2 Nous ne connaissons jusqu'à présent aucune lettre de Voltaire à Jacques Pernetti, antérieure à celle du 22 auguste 1760. (CL.) Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pernetti
4 Allusion au fait qu'on a déjà fait statufier le duc de Richelieu à Gênes suite à ses actions défensives et victorieuses , et V* est intimement persuadé que son « héros » va être vainqueur contre les Anglais en Méditerranée .
16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les Français sont accoutumés à sacrifier de tout leur cœur quelque chose de plus à leurs princes
... Sauf une -trop- modeste augmentation salariale !
Quant à sacrifier son superflu, encore faut-il en avoir ! Pour nos "princes" dirigeants ou patrons, encore faut-il qu'ils le méritent !
Mais on peut essayer ceci : "Matignon gèle 1 milliard d'euros de crédits dès juillet. La taxe sur les transactions financières est doublée, à 0,2 %." : http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/020...
Il est courant, aux échecs, de pratiquer des sacrifices pour sauvegarder les princes que sont la Reine et le Roi, le gain de la partie étant la récompense. Lorsqu'il s'agit d'humains, le rôle de pion sacrifié perd beaucoup de son attrait, l'instinct de survie étant fort et les princes étant de surcroit les seuls bénéficiaires .
« A M. Théodore TRONCHIN
médecin. 1
Aux Délices, 18 avril [1756]
Depuis que vous m'avez quitté,
Je retombe dans ma souffrance
Mais je m'immole avec gaité,
Quand vous assurez la santé
Aux petits-fils des rois de France.
Votre absence, mon cher Esculape, ne me coûte que la perte d'une santé faible et inutile au monde. Les Français sont accoutumés à sacrifier de tout leur cœur quelque chose de plus à leurs princes. Monseigneur le duc d'Orléans et vous, vous serez tous deux bénis dans la postérité.
Il est des préjugés utiles,
11 en est de bien dangereux
Il fallait, pour triompher d'eux,
Un père, un héros courageux,
Secondé de vos mains habiles.
Autrefois à ma nation
J'osai parler dans mon jeune âge
De cette inoculation 2
Dont, grâce à vous, on fait usage.
On la traita de vision;
On la reçut avec outrage,
Tout ainsi que l'attraction 3.
J'étais un trop faible interprète
De ce vrai qu'on prit pour erreur,
Et je n'ai jamais eu l'honneur
De passer chez moi pour prophète.
Comment recevoir, disait-on,
Des vérités de l'Angleterre
Peut-il se trouver rien de bon
Chez des gens qui nous font la guerre ?
Français, il fallait consulter
Ces Anglais qu'il vous faut combattre
Rougit-on de les imiter,
Quand on a si bien su les battre?
Egalement à tous les yeux
Le dieu du jour doit sa carrière;
La vérité doit sa lumière
A tous les temps, à tous les lieux.
Recevons sa clarté chérie,
Et, sans songer quelle est la main
Qui la présente au genre humain,
Que l'univers soit sa patrie.
Une vieille duchesse anglaise aima mieux autrefois mourir de la fièvre que de guérir avec le quinquina, parce qu'on appelait alors ce remède la poudre des jésuites. Beaucoup de dames jansénistes seraient très-fâchées d'avoir un médecin moliniste. Mais, Dieu merci, messieurs vos confrères n'entrent guère dans ces querelles. Ils guérissent et tuent indifféremment les gens de toute secte.
On dit que vous prendrez votre chemin par Lunéville. Faites vivre cent ans le bienfaiteur 4 de ce pays-là, et revenez ensuite dans le vôtre. Imitez Hippocrate, qui préféra sa patrie à la cour des rois.
Vos deux enfants me sont venus voir aujourd'hui; je les ai reçus comme les fils d'un grand homme. Mille compliments à M. de Labat, si vous avez le temps de lui parler.
Je vous embrasse tendrement. »
1 Théodore Tronchin, fils d'un riche banquier de Genève, y naquit en 1709, fut élève de Boerhaave, et devint lui-même un célèbre médecin. Il est mort à Paris le 30 novembre 1781.
2 Lettre XI sur l'insertion de la petite vérole , 1727, page 111 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113389/f121.image.r=.langFR
3 Lettre XV, histoire de l'attraction , page 132 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113389/f142.image.r=.langFR
11:36 | Lien permanent | Commentaires (2)