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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

j'ai affaire à des gens têtus, et me voilà, si parva licet componere magnis

... Ceci est un sous titre ou l'in petto du discours de notre président en Guyane . Drôle de département ! Le maximum d'embrouilles pour un minimum de densité de population !

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Guyane

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... et pas de raton laveur !

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 18 décembre 1762 1

Mon digne magistrat, mon philosophe humain, où êtes-vous ? Que faites-vous? est-ce le malin peuple de Dijon, ou le tranquille séjour de La Marche, ou le fracas de Paris qui vous possède ? Je suis bien malheureux que nous ne soyons si voisins que pour ne point nous voir . Faudra-t-il que je meure sans avoir encore la consolation de philosopher un peu avec vous ?

Il y a une terrible tracasserie à l'Académie de peinture de Paris au sujet de votre dessinateur . Je lui avais bien dit qu'il fallait que toutes les estampes fussent de la même dimension ; on ne veut point de cette bigarrure . On a soulevé des souscripteurs ; on prétend que les figures de M. de Vosges sont trop grandes ; qu'elles doivent être de la même proportion que celles de Paris . Enfin c'est un schisme ; vous sentez bien que je suis pour la tolérance . Je crois qu'il importe peu que les Attila, les Pertharite, les Pulchérie, les Suréna, les Agésilas, les Don Sanche d'Aragon, soient grands ou petits ; mais j'ai affaire à des gens têtus, et me voilà, si parva licet componere magnis 2, comme le roi entre les jansénistes et les molinistes .

Voilà une affaire plus importante que je confie à votre amitié et à vos bontés . Je suis sur le point de marier la nièce de ce Corneille dont je suis le commentateur, et je ne la marie pas avec la raison sans dot : outre ce que je lui ai déjà assuré, il faut lui donner vingt mille francs, et je n'ai presque point de bien libre . J'ai compté que ces vingt mille francs seraient hypothéqués sur la terre de La Marche . Vous deviendrez avec moi le bienfaiteur de Mlle Corneille ; vous me ferez donc un plaisir extrême, mon digne magistrat, de m'envoyer une procuration en blanc par laquelle vous donnerez commission et pouvoir de stipuler en votre nom la reconnaissance d'une somme de 20 mille livres à vous prêtée par moi, au pays de Gex, le 13 septembre 1761, portant intérêts de mille livres et hypothéquée sur la terre libre de La Marche .

C'est dommage qu'on ne puisse marier les filles sans passer par ces tristes formalités .

Hymen , qui marchait seul,

Mène à présent à sa suite un notaire .3

Rien ne s’éloigne plus de l'âge d'or que les contrats de mariage . Il me semble que si quelqu'un était fait pour ramener ce bel âge sur la terre, c'était vous . Je l'ai trouvé jusqu'à présent dans ma retraite, mais la mauvaise santé m'en ferait un siècle de fer sans un peu de philosophie . Votre amitié est un beaume plus souverain pour mes maux que tous les philosophes présents et passés . Quand pourrai-je vous dire chez vous combien je vous aime et à quel point je vous respecte ?

Voltaire. »

1 Manuscrit olographe passé à la vente Charaway, 21 janvier 1888 ; l'édition Moulin donne un fac-similé entre les pages 232et 233 limité à la date et à la fin depuis Je l'ai trouvée … Pour le mois, V* avait d'abord écrit nov.

2 S'il est permis de comparer les petites choses aux grandes ; Virgile, Géorgiques , IV, 176 .

3 L'Ermite, conte de La Fontaine, II, xv, 37-38 . Il semble que V* relise ces contes dont il va bientôt s'inspirer dans les Contes de Guillaume Vadé .

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27/10/2017 | Lien permanent

je vous supplie de m’avertir si jamais il passe quelque idée triste dans la tête de certaines personnes qui peuvent fair

... Tout juste mon pauvre ami !

Voir l'infiniment regrettable débauche de violence en Israël-Palestine . Les humains sont assez méchants, et franchement cons, pour tuer leurs concitoyens et voisins , véritables virus cinglés dont on ne connait toujours pas de vaccin .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27è Janvier 1766 1

Comme mes anges m’ont paru avoir envie de lire quelques-unes des lettres de MM. Covelle et Baudinet 2, je vous en envoie une que j’ai retrouvée . Je m’imagine, peut-être mal à propos, qu’elle vous amusera. Je suis un franc provincial qui croit qu’on peut s’occuper à Paris de ce qui se passe dans son village. Vous ne serez point surpris que M. Baudinet, qui demeure à Neuchâtel, ait donné quelques louanges adroites à son souverain. Vous saurez, de plus, que ce souverain lui écrit souvent, et que M. Baudinet, qui peut-être n’est pas trop dans les bonnes grâces de la prêtraille, doit se ménager des retraites et des appuis à tout hasard. Le prince qui lui écrit lui mandait 3 que depuis quelques années, il s’est fait une prodigieuse révolution dans les esprits en Allemagne et que l’on commence même à penser en Bohême et en Autriche, ce qui ne s’était jamais vu. Les esprits s’éclairent de jour en jour depuis Moscou jusqu’en Suisse.

Vous voyez que la philosophie n’est pas une chose si dangereuse, puisque tant de souverains la protègent sous main, ou l’accueillent à bras ouverts. Je vous assure qu’on rirait bien, dans l’étendue de deux ou trois mille lieues où notre langue a pénétré, si on savait qu’il n’est pas permis de dire en France que sainte Geneviève ne se mêle pas de nos affaires. On aurait bien raison alors de penser que les Welches arrivent toujours les derniers. Il faudra bien pourtant qu’ils arrivent à la fin, car l’opinion gouverne le monde, et les philosophes, à la longue, gouvernent l’opinion des hommes.

Il est vrai qu’il y a un certain ordre de personnes auxquelles on donne une éducation bien funeste ; il est vrai qu’on combattra la raison autant qu’on a combattu les découvertes de Newton et l’inoculation de la petite-vérole , mais tôt ou tard il faut que la raison l’emporte. En attendant, mes divins anges, je vous supplie de m’avertir si jamais il passe quelque idée triste dans la tête de certaines personnes qui peuvent faire du mal. Je connais des gens qui ne manqueraient pas de prendre leur parti sur-le-champ.

J’ai grande impatience que vous entreteniez notre docteur Tronchin. Dites-moi donc, je vous en prie, qui vous enverrez à votre place à Genève. Quel qu’il puisse être, Dieu m’est témoin combien je vous regretterai. On dit que c’est M. le chevalier de Beauteville 4 . On ne pouvait, en ne vous nommant pas, faire un meilleur choix . Étant d’ailleurs ambassadeur en Suisse, il est presque sur les lieux, et doit connaître parfaitement le tripot de Genève.

Respect et tendresse. 

V.»

1 Le même jour, Diderot écrit à Sophie Volland : « Mais à propos des bizarreries d'artistes, en voici une qui peint toute la vie de Voltaire et qui lui fait un honneur infini dans mon esprit . On lui fait lire une page effroyable que Rousseau, le citoyen de Genève,venait d’écrire contre lui . Il entre en fureur, il se déchaîne ; il l'appelle infâme ; il écume de rage ; il veut faire assommer ce malheureux-là . « Cependant, lui dit un homme de la compagnie, je sais de bonne part qu'il doit venir vous demander un asile, et cela aujourd'hui, demain, après-demain peut-être . Que lui ferez-vous ? – Ce que je lui ferai, dit de Voltaire en grinçant les dents : ce que je lui ferai ? Je le prendrai par la main, je le mènerai dans ma chambre, et je lui dirai : 'Tiens, voila mon lit , c'est le meilleur de la maison, couche-toi là, couches-y pour le reste de ta vie, et sois heureux ' »

2 La XIVè lettre des Questions sur les miracles .

4Pierre de Buisson, chevalier de Beauteville : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/032424/2002-04-25/

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16/05/2021 | Lien permanent

Je sais seulement que le public doit être servi de préférence à tout

...

 

« A Henri-Louis Lekain

30 novembre [1767]

Mon cher ami, voici le temps où vous m'avez promis de reprendre Les Scythes . On me mande que votre santé est raffermie, et je vous somme de votre parole 1. Il faut faire jouer Obéide par celle qui en est le plus capable ; je ne connais aucune actrice; ce n'est point à moi d'employer des talents dont je ne puis juger. Je sais seulement que le public doit être servi de préférence à tout. On dit que votre théâtre est désert : c'est à vous de le rétablir ; mais on est actuellement dans la décadence des arts. Plus je vous aime, plus je gémis sur la misère où nous sommes.

V. »

1 Répondant à une lettre de V* du même jour, inconnue, le duc de Duras écrit à V* le 9 décembre : « Je n'aurai pas besoin de donner des ordres pour faire reprendre Les Scythes . Les comédiens entendent trop bien leurs intérêts pour ne pas le désirer, mais je crois qu'il faut attendre le retour de la santé d'un comédien que la vérole et les indigestions mettent hors d'état de jouer de quelque temps . Il est fâcheux que ces deux maladies se prennent avec autant de facilité. » Le comédien est précisément Lekain .

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17/06/2023 | Lien permanent

nous ne savons rien, c'est à vous à nous faire savoir quelque chose

... Voir Canal + et Le Grand journal : http://www.canalplus.fr/c-divertissement/c-le-grand-journal/pid5411-le-grand-journal.html?vid=1217547

 nousnesavonsrien.jpg

 Tarte aux pommes en vue ? ou alors paires de tartes à n'en plus finir ?

 

 

« A François de Chennevières

18 février 1760

Je vous remercie de vos bontés, mon cher monsieur, et j'en abuse ; c'est le train ordinaire . Les Délices vous font mille compliments ; nous ne savons rien, c'est à vous à nous faire savoir quelque chose . Un des officiers du régiment de Piémont, qu'on a je crois condamné, m'a écrit, mais comme j'ignore s'il a été roué ou non, je ne peux lui faire réponse sans être instruit . Dites-moi seulement s'il y en a eu de condamnés à cette petite correction . Je voudrais bien avoir des lettres des officiers de marine à M. de Berryer 1. J'ai bien celle du ministre, mais il faudrait tâcher d'avoir toute la correspondance . Nous sommes curieux, mais nous vous sommes encore plus attachés .

V. D. et B.2 »

1 Sur Berryer nommé ministre de la marine , voir lettre du 8 octobre 1759 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/27/j-aime-bien-mieux-que-le-conseil-mette-le-peu-d-argent-qu-il-5476992.html

2 Initiales pour Voltaire, Denis et Bazincourt .

Pour cette dernière, voir lettre du 5 janvier 1760 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/11/il-me-semble-que-le-temps-present-n-est-pas-celui-d-ecrire-m-5531528.html

 

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18/02/2015 | Lien permanent

le citoyen tolérant qui a mis cette affaire en train sera assez payé de ses peines , s'il réussit, comme il l'espère, à

...

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 Les paroles s'envolent ... pourvu que quelques uns les retiennent, et les appliquent .

 

 

« A Jean Ribote-Charron etc.

à Montauban

2 janvier 1763

Le benêt qui allait prier sur la tombe de Marc-Antoine 1 n'est pas le seul fou de Toulouse ; mais ceux qui ont poursuivi la mort de Jean, sont des fous bien dangereux . Ceux qui disent que la veuve ne réussira jamais se trompent fort . Ceux qui se fâchent contre un citoyen qui a pris le parti de l'innocence, ne sont pas au bout . Les jeux floraux et la Basoche peuvent amuser , mais il faut s'en tenir là, et ne pas faire rouer un homme de bien .

L'affaire de la Calas sera jugée ce mois-ci , et il y a grande apparence que les juges penseront comme tout Paris, et le citoyen tolérant qui a mis cette affaire en train sera assez payé de ses peines , s'il réussit, comme il l'espère, à faire rendre justice .

On ne manquera pas d'envoyer à Montauban les volumes qu'on demande, mais ils ne pourront être prêts que dans un an .

Jean-Jacques est un grand fou d'avoir écrit contre les philosophes tandis qu'il prétendait l'être ; ce pauvre original est bien malheureux . »

1 Marc-Antoine Calas fut considéré par certains comme un martyr de la foi ; voir Observations pour le sieur Jean Calas, 1762, de La Salle ; voir page 66 : https://books.google.fr/books?id=1TIHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

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12/11/2017 | Lien permanent

il y a de grands hommes qui se consolent de la perte de leur fils en gouvernant l’État

... Et il est plus courant encore de trouver de petits cocus avides des mêmes consolations , dois-je citer des noms ou vous laisser ce soin ?

Suivez mon regard, vous verrez au moins deux spécimens dans l'histoire récente , si je ne me trompe , et l'un d'eux est si petit (bien qu'ayant un ego surdimensionné) qu'il n'est pour une fois pas visible (ce qu'il corrigera par un remarquable jeux de coudes peu après ).

 Les-chefs-d-Etat-defilent-a-Paris.jpg

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches, colonel

etc.

à La Haye

5è avril 1760

Permettez, monsieur , que je me borne à dicter mes remerciements ; je suis si faible,que ma main se refuse à tout ce que mon attachement pour vous m'inspire depuis longtemps ; le cœur n'y perd rien, mais le corps s'affaiblit tous les jours, il m' aurait fallu un climat aussi doux que votre société est charmante ; vos bises me tuent, je ne respire que quand j'ai bien chaud ; j'ai eu l'honneur de voir ici M. le marquis de Gentil, et madame votre sœur ; monsieur votre frère 1 est revenu à sa maison de campagne qui est charmante ; ce petit pays-ci s'embellit tous les jours ; chacun s'empresse de bâtir de jolies maisons , et de planter des jardins agréables ; on joue la comédie, il n'y manque que vous , monsieur , et sans cette maudite bise qui me désole j'aimerais bien ce petit paradis terrestre . Nous avons ici Lécluze,2 qui était le meilleur acteur de l'Opéra-comique ; on a assassiné son fils à Bâle . Cela n'empêche pas le père de donner tous les jours à table des espèces de parades à mourir de rire . Le goût de son métier l'emporte sur la tendresse paternelle ; il y a de grands hommes qui se consolent de la perte de leur fils en gouvernant l’État ; Lécluze se console par des chansons . Il représente la nation, elle rit de ses pertes ; nous n'avons plus ni vaisseau, ni vaisselle mais on joue à Paris une comédie nouvelle tous les huit jours .

Je suis fort aise que ce M. de Saint-Germain 3 dont vous me parlez fasse du bien à la France ; elle en a très grand besoin , mais je doute que cet empirique réussisse mieux que nos médecins ordinaires . Il y a grande apparence qu'on versera encore beaucoup de sang inutilement cette campagne , et qu’il faudra ensuite remettre les épées dans le fourreau, en laissant tout son argent à ceux qui ont tenu la plume et la bourse .

Vous m'avouerez que le philosophe de Sans Souci n'a pas mal pris son temps pour donner son Art de la guerre ; mais aussi vous m'avouerez qu'il n'appartenait guère qu'à lui de faire cet ouvrage . Que dites-vous de l’Épître au maréchal Keith ? Il croit tuer si bien son monde qu'il pense qu'il n'en reste rien .

Il me semble que la maison de Brunsvick n'a jamais joué un si grand rôle dans le monde ; elle a des frères de tous les côtés 4. Adieu monsieur, il y a dans ce petit coin du monde un campagnard qui vous sera tendrement attaché toute sa vie . Votre très humble et très obéissant serviteur

V. de tout mon cœur. »

1 Samuel .

3 Le fameux aventurier qui se faisait passer pour le comte de Saint-Germain , il dut quitter la France en juin 1760 . on ne doit pas le confondre avec le général du même nom qui devint plus tard ministre .

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Comte_de_Saint-Germain

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Louis_de_Saint-Germain

4 Parmi la nombreuse progéniture de Ferdinand-Albert, duc de Brunswick-Wolfenbüttel, figuraient Charles, marié à Philippine de Prusse ; Antoine-Ulric époux d'Anna Leopoldovna et père d'Ivan VI ; Elisabeth-Christine, femme de Frédéric II de Prusse ; Louise-Amélie, mariée à Auguste-Guillaume de Prusse ; et Ferdinand, général au service des Alliés .

 

 

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04/04/2015 | Lien permanent

Le premier service est, ce me semble, d’ôter l’ivraie et les chardons de la terre qu’on cultive

... Serait-ce le motif qui guide Marion Maréchal qui se trouve une vocation d'enseignante, de maître à penser, de modèle officiel ?

Si jamais vous voulez vous inscrire à l'ISSEP, je vous souhaite bien du plaisir, personnellement je ne suis pas sûr de me trouver bien instruit dans la PISSE : la nièce de Marine semble aussi douée que sa tante pour trouver des noms ridiculisables .  

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[23 mai 1763] 1

Pour le coup, c’est au premier commis d. vmes 2 que j’écris. Je vous prie, mon cher frère, de me dire si on paie les trois vingtièmes pour l’année 1763. On me les demande pour la partie de mes terres qui n’est pas franche ; car ce que j’ai acquis pour m’arrondir est sujet aux charges de l’État. C’est peu de chose, et il est très juste de payer des taxes nécessaires ; mais on devait donc avertir dans l’édit que le 3è vingtième supprimé se paierait cette année.

A présent, mon cher frère, je parle aux philosophes . Le cœur me saigne toujours de les voir dispersés et peu unis . Ils ne font pas tout le bien qu’ils pourraient faire . Ils pourraient, s’ils s’entendaient, faire triompher la raison. Le premier service est, ce me semble, d’ôter l’ivraie et les chardons de la terre qu’on cultive, et c’est à quoi le Jean Meslier me paraît bien propre. Ce bon homme, qui ne prétend à rien, et qui avertit les hommes en mourant, est un merveilleux apôtre. Ne puis-je vous envoyer quelques Meslier par M. de Courteilles, dont les paquets ne sont jamais ouverts ?

On dit que la Mort de Socrate est froide 3. Je m’y attendais, mais j’en suis bien fâché. La philosophie n’est pas faite pour le théâtre, à moins qu’un intérêt très grand et des passions très vives ne soutiennent la pièce.

Que fait Thieriot ? que font tous les frères ?

Écrasez l'infâme . 

Faites-moi l’amitié, je vous prie, de faire parvenir l’incluse à M. Marmontel. »

1 L'édition Lettres inédites date , justement, la lettre de fin mai 1763 . On peut préciser grâce à la mention de l' « incluse » à Marmontel . Il est vrai qu'il y a une autre lettre à Damilaville du même jour, mais la difficulté n'est pas dirimante car V* écrit alors très souvent à Damilaville ; et en outre il a une raison particulière d'écrire cette seconde lettre .

2 Des vingtièmes .

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24/05/2018 | Lien permanent

On ne doit pas couvrir son cul de diamants

«  A Nicolas-Claude Thiriot

chez M. de La Popelinière.

 

 

6 Xbre 1738

 

Mon très cher ami, mitonnez-moi le manipulateur [le physicien-chimiste qui doit venir à Cirey], vous aurez dans peu notre décision.

 

                            Comme on imprimait en Hollande les 4 épitres [les Discours sur l’Homme], je  viens de les envoyer corrigées, très corrigées, surtout la première et mon cher T. est à la place d’Hermotime [dans le premier Discours V* s’adressait à « Hermotime »].

 

                            Vous me faites tourner la tête de me dire qu’il ne faut point de tours familiers. Ah ! mon ami, ce sont les  ressorts de ce style. Quelque ton sublime qu’on prenne, si on ne mêle pas quelques repos à ces écarts on est perdu. L’uniformité de sublime dégoûte. On ne doit pas couvrir son cul de diamants comme sa tête. Mon cher ami, sans variété jamais de beauté. Etre toujours admirable c’est ennuyer. Qu’on me critique, mais qu’on me lise. Passons du grave au doux, du plaisant au sévère [citation de Boileau, Art poétique]. Gare que le père Voltaire ne soit père Savonarole. Eh ! pour Dieu communiquez vite à M. d’Argental l’épitre sur la nature du plaisir, et envoyez-moi les 8 ou 10 vers que j’ai perdus après

C’est à la douleur même,

Que je connais d’un Dieu la justice suprême.

 

                            Envoyez S’Gravesende chez l’abbé [Thiriot doit envoyer chez l’abbé Moussinot les Philosophiae neutonnianae institutiones in usus academicos de S’Gravesende]. Il ne faut jamais attendre d’occasion pour un bon livre. L’abbé le mettra au coche sur-le-champ.

 

                            Il me faut le Borehave français [Institutiones et experimenta chemiae (Parisiis 1724) ? Non traduites en français. Ce sont ses traités de médecine qui seront traduits en 1739], je le crois traduit. Il y a une infinité de drogues dont je ne sais pas le nom en latin.

 

                            Ai-je souscrit pour le livre de M. Brémond ? [Il a demandé le 21 juillet à Moussinot de souscrire pour cette traduction des Transactions philosophiques] Aurai-je quelque chose sur les marées par quelque tête anglaise ?

 

                            Je crois que je verrai demain Wallis [John Wallis, traités de mathématique] et l’Algarotti français [Neutonianismo per le dame traduit en français par Duperron de Castera (Paris 1738)]. J’avais proposé à M. Algarotti que la traduction se fit sous mes yeux. Je vous réponds qu’il eût été content de mon zèle. Demandez si M. l’abbé Franquini lui a donné le Neuton que je lui ai adressé.

 

                            Je ne sache pas qu’on ait imprimé rien de mes lettres à Maffei, mais ce que j’ai écrit soit à lui soit à d’autres sur l’abbé Desfont. a beaucoup couru. Si on m’avait cru on aurait plus étendu, plus poli, et plus aiguisé cette critique [Le Préservatif ou Critique des Observations sur les écrits modernes. Desfontaines répondra par la Voltairomanie datée du 13 décembre]. Il était sans doute nécessaire de réprimer  l’insolente absurdité avec laquelle ce gazetier attaque tout ce qu’il n’entend point, mais je ne peux être partout et je ne peux tout faire.

 

                            Au reste je ne crois pas que vous balanciez entre votre ami, et un homme qui vous a traité avec le mépris le plus insultant dans le Dictionnaire néologique, dans un ouvrage souvent imprimé, ce qui redouble l’outrage. Il ne m’a jamais ni écrit ni parlé de vous que pour nous brouiller. Jamais il n’a employé sur votre compte un terme honnête .Si vous aviez la faiblesse honteuse de vous mettre entre un tel scélérat et votre ami, vous trahiriez également ma tendresse et votre honneur. Il y a des occasions où il faut de la fermeté. C’est s’avilir de ménager un coquin [Thiriot revint effectivement sur les accusations portées contre Desfontaines le 16 août 1726 : « Ce scélérat d’abbé Desfont…  dit que vous ne lui avez jamais parlé de moi qu’en termes outrageants… Il avait fait contre vous un ouvrage satirique  dans le temps de Bicêtre que je lui fis jeter au feu et c’est lui qui a fait une édition du poème de La Ligue dans lequel il a inséré des vers satiriques de sa façon ».]. Il a trouvé en moi un homme qui le fera repentir jusqu’au dernier moment de sa vie. J’ai de quoi le perdre. Vous pouvez l’en assurer. Adieu, je suis fâché que la colère finisse une lettre dictée par l’amitié.

 

                            M. des Alleurs, M. de Formont, M. Dubos ; M. Clément, quelles nouvelles ? Il faut absolument un autre portait en bague à la place de celui qui a été brûlé [reproduction sur bague du portrait fait par La Tour]. Je suis fâché de l’incident. N’est-ce point quelque dévot qui aura fait cette action ? Eh ! morbleu qu’on brûle le portrait de Rousseau. Depuis qu’il fait des sermons, il mérite mieux que jamais d’être brûlé. Mais moi ? et brûler ce qui devait être au doigt d’Emilie ? Cela est bien dur. Vale.

 

                            Voltaire. »

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07/12/2009 | Lien permanent

La plupart des autres mensonges qu’il avance sont punissables. Il n’y a pas une page de son libelle qui ne soit une impo

... De toute évidence on peut dire cela de Trump et ses déclarations puantes : https://www.20minutes.fr/monde/4106073-20240817-president...

 

 

 

« Bigex [et Voltaire] à Voltaire

7 Février 1769.1

[Lettre entièrement relative au jésuite Nonnotte . Bigex auteur prétendu de la lettre , commence par énumérer les bienfaits de Voltaire ]

Tandis que vous prenez les soins généreux de défricher des terres incultes, de bâtir des églises, d’établir des écoles de charité ; tandis que vous vengez l’innocence opprimée, et que vous établissez la petite-fille du grand Corneille, vous n’avez pas sans doute eu le loisir de jeter des yeux attentifs sur le libelle du nommé Nonnotte. Je viens d’y découvrir des ignorances aussi étranges que sa fureur et sa mauvaise foi sont punissables.

[Bigex cite de prétendues erreurs relevées dans l'avant propos d'un ouvrage de Nonnotte sur les religions de l'Inde [ ?] Nonnotte croit que le sanscrit est ] le plus ancien livre du monde, livre que jamais personne n'a vu ni connu […] ].

Voici comme il parle, page 4 de son avant-propos. Il vous donne pour le plus ancien livre du monde le Hanscrit, livre que jamais personne n’a vu ni connu, qui n’a jamais existé que dans son imagination, etc. Vous voyez, monsieur, que cet imbécile prend la langue des Bracmanes pour un livre des Bracmanes. Vous savez, et je l’ai appris de vous, que ce Hanscrit est encore aujourd’hui la langue sacrée des brames ; qu’on étudie encore dans le Malabar et sur le Gange ce Hanscrit, comme nous apprenons le latin qu’on ne parle plus. Vous savez que les caractères du Hanscrit n’ont aucun rapport avec les caractères correspondants des autres langues ; ce qui prouve assez que les anciens Indiens n’ont rien pris d’aucun peuple.

C’est dans cette langue sacrée que sont écrits le Védam, l’Ezourvédam, le Cormovédam, et les livres du Shasta, qui sont fort antérieurs au Védam. L’ignorant calomniateur dit en vain que ces livres ne sont connus de personne : vous avez envoyé à la Bibliothèque du roi un manuscrit contenant la traduction de l’Ezourvédam ; et le savant M. Holdwell, qui a demeuré si longtemps à Bénarès, a traduit des morceaux considérables du Shasta.

C’est avec la même impudence que cet effronté menteur cite, à la page 5, une prétendue lettre de M. l’abbé Velly, et votre réponse. Jamais vous n’avez reçu de lettre de M. l’abbé Velly, jamais vous ne lui avez écrit. La plupart des autres mensonges qu’il avance sont punissables. Il n’y a pas une page de son libelle qui ne soit une imposture. [Voltaire a barré plusieurs lignes et ajouté ce qui suit . ]

Il attaque impudemment plus de vingt hommes de lettres estimés. Il ose censurer le gouvernement, qui, depuis 1725, s’est fait un devoir de laisser la valeur numéraire des monnaies invariable. Il mérite sans doute d’être puni pour avoir écrit sans permission un pareil libelle  mais tous vos amis vous conseillent d’abandonner ce malheureux à sa honte. Tous les citoyens distingués qu’il a outragés avec la même fureur l’ont méprisé. Son livre est totalement ignoré à Paris ; le nom de ce malheureux ne peut être connu que par vous 2; il n’est pas digne que vous le tiriez de sa fange.

J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse vénération, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Bigex. »

1 Lettre connue par la minute de la main de Bigex et signée par lui, avec des corrections autographes de V*, décrite par le catalogue Charavay, décembre 1971 . L'original se compose de deux pages et demie format in-quarto . Ce document est destiné à la lutte contre Nonnotte, auteur des Erreurs de Voltaire . Il a sa place dans la correspondance dans la mesure où, comme la lettre du 10 septembre 1769 à Cramer, il a été inspiré ou dicté par V*, dont Bigex n'est que le paravent .

C'est un cas exceptionnel de lettre de V* « à lui-même » – N.B. Le texte complet de cette lettre et d'autres documents ont été mis à jour ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/08/satire-lettre-anonyme-ecrite-a-m-de-voltaire-partie-3.html

2 Le catalogue donne que de par vous . On pourrait aussi lire : ne peut être connu de vous ...

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18/08/2024 | Lien permanent

des gens accrédités, qui étant dans le secret seront intéressé à prévenir le public si favorablement, que les méchants n

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 15/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[15 décembre 1763]

Si nous avions, mon cher ami, pris seulement la précaution de faire tenir une Tolérance à M. Marin, par M. d'Argental, votre Tolérance serait à Paris depuis longtemps ; et je vois au succès qu'elle a, et à l'approbation des ministres , que si vous en aviez tiré quatre mille exemplaires, vous n'en auriez pas tiré assez . Cet ouvrage n'est point d'ailleurs, un oiseau de passage, il paraît être de toutes les saisons . J'ai écrit à M. d'Alembert de donner quelques coups d'éperon au cheval qui a rué contre vous à Lyon . Je pense en ce cas, que vous ne feriez pas mal d'en tirer sur-le-champ mille exemplaires, que vous enverriez par Lyon tout droit à Paris . Vous pourriez employer un plus petit caractère, tel que celui de la Lettre du quakre . Il y aurait de plus quelques corrections à faire, ce qui ne serait pas indifférent pour le débit . Le saint prêtre qui a fait cet ouvrage, ne songe qu'à vous être utile . Mandez-moi vos résolutions, afin que je me mette au travail . J'espère avoir aujourd'hui les douze exemplaires que j'ai demandés ; je ne les envoie qu'à des personnes sûres qui ne les laisseront pas parvenir à des libraires, et il est bon qu'on en fasse tenir à des gens accrédités, qui étant dans le secret seront intéressé à prévenir le public si favorablement, que les méchants n'osent lever la tête .

Si vous avez encore quelques quakres, je vous prie de les ajouter à votre paquet . Madame votre femme s'est engagée à nous obtenir par Mylord Monsstuart , la souscription de Mylord Bute 1. Vous devez avoir celle de Mylord Holdernesse . Toute notre famille fait mille tendres amitiés à la vôtre . »

1 Le nom de John Stuart, lord Mountstuart (qui deviendra marquis de Bute ) , et celui de Robert d'Arcy, quatrième comte d'Holderness, apparaissent effectivement dans la liste des souscriptions, mais non celui de John Stuart, troisième comte de Bute, le père de Mountstuart .

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