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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je ne sais pas trop par quelle route il pourra se tirer des coquins qu'il a engagés pour servir l’État . Ce sont des gen

... On croirait que Voltaire décrit le gouvernement nommé par François Hollande et Manuel Vals , sans oublier celui de Fillon et Sarko et leurs comparses de l'UMP, Copé et quelques autres du même acabit . 

Servir l'Etat , il y a beaucoup de marge de progression pour tous .

Vous êtes priés d'arrêter vos singeries !

 

singe qui jette une pierre.jpg

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

Aux Délices 5 mai [1759]

Que j'écrive de la main de notre ami Jean-Louis 1 ou de la mienne, cela est égal, ma chère nièce, pourvu que j'écrive . Votre sœur n'a pas une santé bien brillante et n'est pas à beaucoup près si ingambe que moi . Je suis devenu plus grand cultivateur et plus grand architecte que jamais . J'élève des colonnades et j'ai des charrues vernies : il ne me manque que de tremper mon blé dans de l'eau de lavande . Vous irez sans doute bientôt à Hornoy . Vous m'y préparerez, s'il-vous-plait, les logis, car soyez très sure que j'y viendrai radoter avant qu'il soit deux ans .

Vous me conseillez en attendant de faire une tragédie parce que le théâtre est purgé de petits -maîtres . Moi , faire une tragédie après que le grand Jean-Jacques a écrit contre les spectacles ! Gardez-vous sur les yeux de votre tête de dire que je suis jamais homme à faire une tragédie . Non, je ne fais point de tragédie . Vous voudriez, n'est-il pas vrai, une tragédie d'un goût nouveau, pleine de fracas, d'action, de spectacle , bien neuve, bien intéressante, bien singulière, féconde en sentiments, en situations, des mœurs vraies,et cependant nouvelles sur la scène ? vous n'aurez rien de tout cela . Gardez vous de croire que je fasse une tragédie 2. Assez d'autres en feront et suppléeront par l'action théâtrale que je leur ai tant recommandée, au génie que je leur recommande encore plus .

Monsieur le conseiller du grand conseil 3, je vous suis très obligé d'avoir rompu avec moi votre silence pythagorique 4. Vous n'êtes pas l'écrivain le plus fécond de nos jours , mais quand vous vous y mettez, vous écrivez très joliment ; et vous avez par dessus Mme de Fontaine le mérite de l'orthographe . J'espère que dans l'année 1760 nous recevrons encore de vous un petit mot qui nous fera grand plaisir .

Monsieur le Vitruve d'Hornoy 5, je ne vous conseille pas de faire à votre château un aussi maudit escalier que vous en avez fait à celui de Tournay . Nous verrons comment vous aurez ajusté les appartements de votre aile . Je n'oublierai point les offres que vous me faites d'être quelquefois à Paris mon ambassadeur auprès des puissances nommées banquiers, notaires ou procureurs du parlement . Il faut que votre mousquetaire Daumart ait été blessé dans quelque bataille ; c'est le plus déterminé boiteux que nous ayons dans la province ; cependant il ne laisse pas de tuer en clopinant tous les renards et tous les cormorans 6 qu'il rencontre .

Monsieur le capitaine de cavalerie 7, vous avez fait un cornette qui est le plus malheureux cornette du pays : non seulement il n'a point de route, mais je ne sais pas trop par quelle route il pourra se tirer des coquins qu'il a engagés pour servir l’État . Ce sont des gens très belliqueux, car ils jettent des pierres à tous les passants , comme faisait mon singe Luc . On a beau les mettre en prison, ils finiront par assassiner leur cher cornette sur le grand chemin .

Luc m'écrit, du 13è avril 8, que cette campagne-ci sera plus meurtrière que les autres . Dieu veuille qu'il se trompe ! Je crois que nous ne nous trompons pas en nous flattant que M. de Silhouette fera dans son ministère des choses plus utiles aux hommes que Luc n'en fera de dangereuses .

Adieu, ma chère nièce ; les deux ermites vous embrassent de tout leur cœur .

Je me suis arrangé avec la république de Genève pour avoir une belle terrasse de trente toises de long . Cela n'est pas bien intéressant, mais c'est un grand embellissement à nos Délices où je voudrais bien vous revoir . »

1Wagnière , secrétaire de V* .

2 En réalité V* travaillait bien à Tancrède . Voir la lettre de Mme Denis à Cideville du 8 juin 1759 , note dans la lettre du 27 mars 1759 à de Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/15/sa-petulance-augmente-avec-l-age-il-n-a-rien-gagne-sur-ses-d-5369822.html

4 Le silence passe traditionnellement pour avoir été une des règles de la communauté des pythagoriciens . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_pythagoricienne

5 Fils de Mme de Fontaine , il aurait accompagné sa mère au début de 1759 chez V*, il était dans sa dix-septième année, et c'était son premier voyage aux Délices, Tournay et Ferney .

6 Les cormorans ont été si bien chassés qu'il n'en survit plus que dans les environs de Versoix, ce sont des nuisibles aux yeux des pècheurs .

7 Le marquis de Florian .

8 Sur la copie Beaumarchais-Kehl, l'éditeur a corrigé la date du 13 en 11 qui est exacte .

 

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18/06/2014 | Lien permanent

Un carré de papier me suffirait contre toutes les messes du pays, et contre le concile de Latran

... Dans le même temps, voici ce que font un trop grand nombre de fonctionnaires avec le dit carré de  papier . Attention aux ampoules du bout des doigts  ! On travaille alors pour la mollesse du pays .

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« A Niklaus Friedrich Steiger, baron de Montricher 1

d'Aubonne

membre du Conseil souverain, etc.

à Berne

Aux Délices route de Genève

9 janvier [1759]

Ah monsieur que ce Bollingbroke est prolixe ! Si ces sept volumes étaient réduits à un seul, il convertirait l'Europe . Dum flueret lutulentus, erat quod tollere velles .2 Ce qu'on a écrit de mieux sur ces matières, n'a pas été imprimé . Il y a un ouvrage de Mme du Châtelet contre tous ces faquins-là 3, qui est écrit comme les Lettres provinciales . Je vous remercie, monsieur, de toutes vos bontés et surtout d'avoir bien voulu me fournir les paroles sacramentales de Louis XIV contre les prêtres qui veulent usurper canoniquement les dîmes inféodées par Berne . J'en ferai tout l'usage qu'en doit faire, a fine to priests and lover of makind 4.

Vos complaisances me rendent insupportable, mais vous me pardonnerez . Priests must be confounded 5. Auriez-vous dans vos archives de Berne quelque inféodation concernant Ferney ou Fernex ? Je suis à couvert dans Tournay, mon artillerie est en bon état . Mais dans Ferney la poudre me manque . Un carré de papier me suffirait contre toutes les messes du pays, et contre le concile de Latran . Je veux vous devoir ma victoire ; mais pour Dieu, monsieur, ayez donc pour agréable de me dire ce que je vous dois . M. de Brenles 6 croit m'avoir envoyé le compte dans une lettre et je ne l'ai point trouvée . Recevez la tendre et respectueuse reconnaissance d’un homme moitié suisse moitié français, et qui n'est pas qu'à demi

votre très humble et très obéissant serviteur

V... »

2Il allait comme un fleuve bourbeux, où il y avait des choses qu'on eût voulu recueillir . Horace, Satires, I, iv, ii .

4Ennemi des prêtres et ami du genre humain .

5Il faut confondre les prêtres .

6V* a d'abord écrit Bertrand, puis l'a rayé .

 

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30/01/2014 | Lien permanent

On l'obligerait à se défaire de sa charge si cette infamie était publique

... Ah ! qu'il est agréable d'être dans la cour des gouvernants quand on doit faire face à des juges qui dépendent de vous ô M. Dupont Moretti !

 

 

« A Marie-Louise Denis

6è avril 1768 1

Je reçois, ma chère nièce, les deux procurations, et je réponds tout malade et tout faible que je suis à votre lettre du 1er avril . J'avais à cette date même envoyé à M . Damilaville un gros paquet concernant vos affaires . Il était adressé à M. et Mme d'Hornoy . Il y avait une lettre de huit pages pour vous avec une autre pour M. de Laleu . Je lui ai adressé depuis un nouveau paquet dans lequel il y avait une lettre pour le baron de Thun 2, ministre du duc de Virtemberg . Cette lettre était pour le convaincre et vous aussi que le bruit qu'il fait courir que son maître m'a payé est très faux . Car quoique l'on ait pris des arrangements pour me payer à l'avenir en commençant au mois de juillet prochain, cependant on n'a pas seulement liquidé le compte de ce qui m'est dû jusqu'à présent . Cette lettre à M. de Thun devait vous faire voir qu'on vous rompe, et que je ne vous trompe jamais . J'ai aussi envoyé à M. d'Hornoy un mémoire qui regarde M. de Brosses, et je vous demandais un papier que ce P. de Brosses prétend vous avoir fait remettre il y a plusieurs années par M. Fargès 3. Ce papier est très important . De Brosses prétend qu'il contient un désistement formel d'une clause infâme qu'il avait glissée dans son contrat, clause par laquelle tous mes effets sans exception devaient lui appartenir, clause subreptice et punissable par les lois . On l'obligerait à se défaire de sa charge si cette infamie était publique . Je me plaignais que vous m'eussiez fait si longtemps un mystère du désistement qu'il prétend vous avoir donné ; et je me plains encore . Je priais dans toutes mes lettres M. d'Hornoy d'arranger mes revenus avec M. de Laleu, et de presser un procureur nommé Pinon du Coudray de vous faire payer une somme assez considérable qui doit rentrer au mois où nous sommes . Tous ces paquets ne contenaient que des arrangements pour vous faire toucher exactement votre pension de vingt mille livres indépendamment de M. de Richelieu et de la succession de la princesse de Guise . Vous auriez vu que je n'étais occupé que de vos intérêts et que je rendais à toute ma famille un compte exact de ma situation .

La lettre de huit pages que je vous ai écrite vous marquait à la vérité ma juste douleur sur l'humeur cruelle que vous eûtes avec moi plusieurs jours de suite, et à table . J'en étais ulcéré, et ma plaie saigne encore, mais le triste état où vous m'avez mis ne m'empêchera jamais de rendre ce que je dois à une si longue et si intime amitié . Il vous échappe quelquefois des traits qui percent le cœur et malheureusement vous me portez dans votre lettre du 25 mars un coup mortel qui n'est point un mouvement d’humeur, et qui n'est que trop réfléchi : je veux quand je verrai le duc de Choiseul pouvoir lui dire que je vous dois tout . Sentez-vous bien ce qu'un tel discours a d'outrageant pour un homme qui assurément ne va pas avec vous, et n'ira jamais au-delà de ses devoirs pour plaire à d'autres qu'à vous seule ? Vous ne doutez pas de l'effet qu'un tel sentiment de votre part a dû faire sur mon cœur profondément blessé . Il est à croire que nous ne nous reverrons jamais, et que je mourrai loin de vous dans la retraite où je vais m'ensevelir . Mais assurément je ne justifierai pas les défiances outrageantes dont vous avez fait rougir mon amitié . Vous m'avez mis au désespoir sans pouvoir affaiblir mes sentiments .

La tracasserie entre Maron et Adam doit vous paraître aussi frivole et aussi méprisable qu'à moi . Maron est sensible : elle s’était imaginée très mal à propos qu'Adam insultait à son départ . Adam est un imbécile étourdi qui s'est cru accusé . Il n'a nulle mesure dans l'esprit mais il a le cœur très bon et il ne m’a jamais parlé de vous qu'avec attendrissement . Il faut oublier ces sujets chimériques de chagrin et même les sujets trop précis à ma douleur . Songez à mon âge, à ma faiblesse, à mes maladies, pardonnons-nous l'un et l'autre . Les paquets de d'Hornoy vous seront renvoyés . Vous y verrez encore une fois combien j'ai été blessé, combien je vous aime et à quel point j'ai porté mes désirs de vous rendre heureuse . Il ne faut pas que l'humeur gâte ce que l'amitié fait sentir de consolation . »

1 Voir aussi : Voltaire et Madame Denis (Paris Sorbonne) : https://www.fabula.org/actualites/114175/voltaire-et-madame-denis.html

et : Voltaire, Œuvres complètes, tome 65 C, Œuvres de 1768, I, éd. David Adams, Alain Sandrier et al. Oxford, Voltaire Foundation, 2017 : https://journals.openedition.org/rhr/9232

2 Aucune de ces trois lettres ne nous est parvenue .

3 La considération de Charles de Brosses pour Mme Denis, ainsi que l'existence de relations directes entre elle et lui, sans passer par V*, sont attestées par une lettre du premier à François de Fargès de Polizy au plus fort des démêlés avec V* du 10 novembre 1761 ; il n'y est pourtant pas fait état de cette renonciation .

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04/12/2023 | Lien permanent

je ne veux être ni son délateur ni son complice





« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Conseiller au parlement
Rue de l’Ecureuil à Rouen

Votre protégé J*** [Jore] m’a perdu. Il n’y avait pas  encore un mois qu’il m’avait juré que rien ne paraitrait, qu’il ne ferait jamais rien que mon consentement. Je lui avais prêté quinze cents francs dans cette espérance. Cependant à peine suis-je à quatre-vingts lieues de Paris [à Montjeu où il assistait au mariage du duc de Richelieu avec Mlle de Guise] que j’apprends qu’on débite publiquement une édition de cet ouvrage avec mon nom à la tête, et avec la lettre sur Pascal [édition Jore : Lettres philosophiques par M. de V… (adresse Amsterdam, chez E. Lucas, au Livre d‘or). Jore a gardé tout l‘hiver les 2500 exemplaires imprimés ; l‘édition anglaise en français est sortie fin mars et le libraire Josse à qui V* a confié un exemplaire, a fait et répandu une contrefaçon ce qui fait que Jore craignant la concurrence débite ses exemplaires en avril]. J’écris à Paris, je fais chercher mon homme, point de nouvelles. Enfin il vient chez moi et parle à Demoulin, mais d’une façon à se faire croire coupable. Dans cet intervalle on me mande que si je ne veux pas être perdu, il faut remettre sur le champ l’édition à M. Rouillé. Que faire dans cette circonstance? irai-je être le délateur de quelqu’un ? et puis-je remettre un dépôt que je n’ai pas ? Je prends le parti d’écrire à J*** le 2 mai, que je ne veux être ni son délateur ni son complice [au lieutenant de police René Hérault, V* écrit le 6 mai : « je n‘ai nulle part à l‘édition. Daignez vous servir de toute votre autorité avec Jore, avec Bauche, avec la Pissot, avec quiconque est soupçonné. »], que s’il veut se sauver et moi aussi, il faut qu’il remette entre les mains de Demoulin ce qu’il pourra trouver d’exemplaires, et apaiser au plus vite le garde des Sceaux par ce sacrifice. Cependant il part une lettre de cachet le 4 mai [Jore est embastillé, y reste 14 jours seulement, mais est destitué de sa maitrise d‘imprimeur et de libraire. Une lettre de cachet est lancée contre V* ; le 3 mai, ordre de l‘arrêter, ordre répété le 8 mai ; quand la maréchaussée arrive à Montjeu, V* est parti pour le château de Cirey chez la marquise du Châtelet], je suis obligé de me cacher, et de fuir, je tombe malade en chemin. Voilà mon état, voici le remède.

Le remède est dans votre amitié. Vous pouvez engager la femme de J*** à sacrifier 500 exemplaires. Ils ont assez gagné sur le reste supposé que ce soit eux qui aient vendu l’édition. Ne pourriez-vous point alors écrire en droiture à M. Rouillé [ministre responsable de la Librairie], lui dire qu’étant de vos amis depuis longtemps, je vous ai prié de faire chercher à Rouen l’édition de ces lettres, que vous avez engagé ceux qui en étaient chargés à la remettre etc., ou bien voudriez-vous faire écrire le PP? [premier président du parlement de Rouen] Il s’en ferait honneur, et il ferait voir son  zèle pour l’inquisition littéraire qu’on établit. Soit que ce fût vous, soit que ce fût le premier président, je crois que cela me ferait grand bien, si le garde des Sceaux pouvait savoir par ce canal et par une lettre écrite à M. Rouillé que j’ai écrit à Rouen le 2 mai pour faire chercher l’édition à quelque prix que ce pût être.

Je remets tout cela à votre prudence et à votre tendre amitié. Votre esprit et votre cœur sont faits pour ajouter au bonheur de ma vie quand je suis heureux et pour être ma consolation dans mes traverses.

A présent que je vais être tranquille dans une retraite ignorée de tout le monde [Cirey], nous nous enverrons surement des Samson [opéra écrit par V* à l’automne 1733 à la demande de Rameau et qui ne sera pas représenté] et des pièces fugitives en quantité. Laissez faire, vous ne manquerez de rien, vous aurez des vers. J’embrasse tendrement mon ami Formont et notre cher du Bourgtroude [Du Bourg Théroulde, président à mortier à Rouen]. Adieu, mon aimable ami, adieu.

Écrivez-moi sous l’enveloppe de l’abbé Moussinot, cloître Saint Merri.

Ce 8 mai [1734] »

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08/05/2010 | Lien permanent

il ne m'est pas permis comme à vous de vilipender ma pauvre patrie, et de dire du mal des Français et de leurs alliés

 ... Mon cher Obama (que ma petite mère s'obstine à nommer Groupama !) , officiellement vous dites du bien de la France, mais tout aussi officiellement vous financez allègrement des services de renseignements de barbouzes aux yeux en trous de serrures . Si c'est ainsi que vous considèrez vos alliés, quel traitement réservez-vous à vos adversaires ?

Sachez-le, je déteste qu'on lise par dessus mon épaule !

 Et qu'on me guette partrout

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« A monsieur de ministre Jacob Vernes

chez monsieur son père

à Genève

5 mars [1758] à Lausanne

Mon cher confrère vous n'ignorez pas que votre ode au roi de Prusse 1 a été imprimée . Mais vous ignorez peut-être qu'elle l'a été sous mon nom . Ce que vous savez certainement c'est qu'il ne m'est pas permis comme à vous de vilipender ma pauvre patrie, et de dire du mal des Français et de leurs alliés pour dire du bien du roi de Prusse . Vous sentez quels reproches j'aurais à essuyer et à me faire si je me laissais accuser plus longtemps d’avoir écrit contre mon roi qui m'a comblé de bienfaits et qui m'a laissé mes pensions et ma place de gentilhomme ordinaire de sa chambre malgré le parti que j'ai pris de vivre ailleurs que chez lui . Vous n'aurez d'ailleurs qu'à gagner en vous avouant l'auteur de cet ouvrage . Votre amour-propre y trouvera son compte aussi bien que votre équité . Je comptais venir hier aux Délices . Ma santé ne l'a pas permis . Je me flatte de venir vous embrasser dans huit jours . Je suis sans jardinier . C'est une triste situation quand on a un grand jardin à former et à réformer . Mes compliments à l'hébreu 2 . Quand monsieur votre frère 3 viendra nous lui jouerons la comédie .

V. »

3 Pierre Vernes (1724-1788) ; Vernes avait eu deux autres frères, Paul et Antoine qui étaient morts, le premier en bas âge, le second à dix-neuf ans . http://gw.geneanet.org/tvagerrer?lang=fr;p=pierre;n=vernes

 

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01/07/2013 | Lien permanent

Les rois savent très peu de gré aux gens qui les louent et ne pardonnent jamais à ceux qui les blâment

 ... Les présidents de bas étage ont le même défaut, et un certain Nicolas Bruni-Sarkozy en est un affreux exemple, comme on peut le voir par sa réaction envers le Conseil constitutionnel, en général, et Jean-Louis Debré en particulier .

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NDLR - Toute ressemblance avec un ex candidat battu n'est pas fortuite, mais ma confiance va plutôt vers ce chien que vers l'humain aux dents qui rayent le parquet .

 

« A Jacob Vernes

ministre

chez monsieur son père

à Genève

12 mars [1758]

Mon cher confrère en Apollon et en unité de … 1 vous me dites bien qu'on avait imprimé votre ode il y a longtemps mais vous ne me dites point qu'on sait à Genève qu'elle est de vous, qu'on sait que vous l'avez envoyée au roi de Prusse, qu'on sait que vous attendez réponse . Êtes-vous instruit que cette ode ayant été imprimées à Ratisbonne sous mon nom en gros caractères, on a mis en prison l'imprimeur, et que le comte de Pergen 2, ministre de l'empereur en a fait saisir les exemplaires à Francfort ? Il y a dans cet ouvrage des hiatus et des manques de mesure qui sont probablement des fautes d'impression . Mais en fait de vers français l'oreille allemande n'est pas fine, et ces messieurs de Ratisbonne et de Francfort font quelquefois des querelles d'Allemand . Les rois savent très peu de gré aux gens qui les louent et ne pardonnent jamais à ceux qui les blâment .

J'ai vu monsieur votre frère, il a eu des billets que j'aurais voulu vous donner .

V. »

1 C'est-à-dire « antitrinitaire comme moi ».

2 Le comte Johann Baptist Anton von Pergen était intervenu dans l'affaire de Francfort en faveur de V* ; voir lettre du 20 juillet 1753 à Fichard, bourgmestre de Francfort ; voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome1.djvu/117

et voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Johann_Anton_von_Pergen

 

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13/07/2013 | Lien permanent

cela me fait oublier tout le reste

... Je me suis régalé en voyant les documentaires sur Georges Brassens, cet anar au grand coeur qui reste inégalé à ce jour , de qui rien n'est à jeter.

Vous adorerez ceci , je l'espère, comme moi :" La rose, la bouteille et la poignée de main " : https://www.youtube.com/watch?v=PPyOpUd99k8

Georges Brassens : La Rose, La Bouteille Et La Poignée De Main. - YouTube

... Et je repris ma route ... pour chanter La religieuse : https://www.youtube.com/watch?v=ClmhkzrmV8A

etc. en se tapant le cul par terre ...

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

26 juillet 1766

Mon ancien ami, voici de quoi animer votre correspondance avec Frédéric ; il vaut mieux que cette relation lui vienne par vous que par moi.

J’ai été très touché qu’il ait envoyé cinq cents livres 1 aux Sirven, à ma seule prière, et qu’il ait fait passer ce petit bienfait par mes mains ; cela me fait oublier tout le reste.

Vous frémirez en lisant la relation que je vous envoie 2. Ne dites ni n’écrivez que cette relation vient de M. de Florian et de moi. »

1 Voir lettre du 25 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/22/les-grandes-choses-sont-souvent-plus-faciles-qu-on-ne-pense.html

Louis Moland dans l'édition Garnier de 1877 donne cette note : « Voltaire a dit aussi cinq cents livres, dans la lettre à Damilaville, du 25 juillet 1766 ( 6430  ) ; mais dans sa lettre du 31 juillet 1766 à Thieriot ( 6440 ), il avoue que ce n’est pas cinq cents francs, mais cent écus d’Allemagne, qu’a envoyés Frédéric. »

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24/10/2021 | Lien permanent

Vous me dites que la foudre va tomber

...

 

« A Jacques Lacombe

Je reçois, monsieur, par la poste votre paquet et votre lettre mais pour le ballot qui est à Lyon je ne le recevrai probablement de six mois . Je vous renvoie trois ou quatre pages de votre exemplaire en vous suppliant très instamment de faire les cartons nécessaires indiqués dans ces pages . Ces cartons sont indispensables si on veut représenter la pièce après Pâques . Il n'est pas juste qu'en vous donnant tant de peine il vous en coûte encore six cents livres pour le présent que je voulais faire  à M. Lekain . Je me charge de lui faire donner cent écus par mon banquier, et je vous prie de l'en prévenir en lui donnant les cent autres écus . C'est un arrangement auquel je vous prie de tout mon cœur de vous prêter . Si vous faites un profit honnête sur votre édition vous me ferez plaisir de donner pour environ deux cents francs de livres classiques à un jeune homme dont je prends soin .

Si vous faites une seconde édition je vous fournirai cinq ou six fois plus de changements que je ne vous en envoie aujourd'hui .

À l'égard de M. Coqueley, s'il a approuvé les infamies de Fréon au sujet des Calas, il est très coupable et je ne lui pardonnerai de ma vie , fût-il le frère du chancelier . Il m'importe peu qu'il soit parent du procureur général . Ce magistrat a dû lui dire qu'un avocat se déshonore en étant le receleur de Cartouche . Si M. Coqueley n'est pas coupable, j'ai tort et je lui demande pardon, et je fais un transport légal de cet opprobre au misérable, quel qu'il puisse être, qui se déshonore assez pour être l'approbation d'un Fréron .

Vous me dites que la foudre va tomber . C'est apparemment sur Fréron . M. le comte d'Argental m'a fait plaisir en m’apprenant combien vous méprisez ce coquin 1. Je ne savais pas que vous le connussiez .

Je compte sur votre amitié et vous pouvez être bien sûr de la mienne .

V.

13 avril [1767]. »

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09/10/2022 | Lien permanent

On soupçonne, dis-je, ce petit maraud avoir été l'auteur de la tracasserie

... Qui ? Encore le détestable et minable Eric Zemmour : non seulement on le soupçonne mais on le condamne à juste titre pour diffamation : https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/07/eric-ze...

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https://ladecroissance.xyz/2021/10/27/de-quoi-zemmour-est...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

25 juin 1768 1

Le révérend père Voltaire donne sa très sainte bénédiction à ses anges , et leur envoie le paquet ci-joint qui pourrait les faire pouffer de rire si les calomnies qui vont aux oreilles du roi n'étaient pas toujours sérieuses . On soupçonne fort un certain abbé d'Estrées 2 , ci-devant barbouilleur de papier, devenu espion, prieur auprès de  Ferney et n'étant pas encore cardinal , quoiqu'il se soit dit ici neveu du cardinal d'Estrées . On soupçonne, dis-je, ce petit maraud avoir été l'auteur de la tracasserie .

Le prédicateur demande à ses anges [s']il est convenable que Mme Denis aille gronder M. le comte de Saint-Florentin respectueusement et tendrement, et lui dire qu'avant d'écrire des pouilles au nom du roi, il n'est pas mal auparavant de s'informer si le fait est vrai . En cas que mes anges jugent la démarche convenable, je me mets à l'ombre de leurs ailes, et je les supplie d'en parler à Mme Denis le plus tôt qu'ils pourront . Je leur demande pardon d'une lettre si courte . »

1 Original qui se trouvait dans les papiers des Denis dans le château d'Hornoy.

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07/02/2024 | Lien permanent

il ne faut pas qu'un archevêque fasse d'un mandement un libelle diffamatoire

... Entendez-vous M. Jean-Pierre Kutwa, archevêque d'Abidjan ? Vous semblez vous croire au-dessus du pape , debout sur les freins, ce n'est pas très fraternel pour vos frères et soeurs homosexuels et divorcés ; ce n'est pas bien d'entretenir la défiance comme le fait un gouvernement qui n'ose pas même citer le terme "d'homosexuels" : https://information.tv5monde.com/afrique/benediction-des-... 

Voir par ailleurs ce qu'en dit le cardinal Fernandez   : http://www.belgicatho.be/archive/2023/12/23/selon-le-cardinal-fernandez-la-benediction-des-couples-de-me-6476990.html

Beau temps pour les coupeurs de cheveux en quatre !

Pas encore de gaypride dans la crêche !

 

 

 

« A Charles Bordes

20è avril 1768

On envoie une Guerre au cher correspondant . L'archevêque d'Auch 1 ne sera pas content, mais aussi il ne faut pas qu'un archevêque fasse d'un mandement un libelle diffamatoire 2. S'il y a quelque nouvelle le correspondant est supplié d'en faire part . »

1 Jean-François de Chatillard de Montillet-Grenaud : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_de_Monti... . V* fait allusion à lui de façon ironique dans les notes et dans l'épilogue de la Guerre civile de Genève dont il envoie un exemplaire à Bordes ; voir pages 61 et suiv. : https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=Gy8HAAAAQAAJ&q=chatillard#v=onepage&q=montillet&f=false

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23/12/2023 | Lien permanent

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