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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les mauvais auteurs ne poursuivent point une femme, ils font pour elle de plats madrigaux

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

A Berlin 22 août 1750

 

Je reçois votre lettre du huit, en sortant de Phaéton. C'est un peu Phaéton travesti [i]. Le roi a un poète italien nommé Villati à quatre cents écus de gage. Il lui donne des vers pour son argent, qui ne coûtent pas grand chose ni au poète ni au roi. Cet Orphée prend le matin un flacon d'eau de vie au lieu d'eau d'Hippocrène, et dès qu'il est un peu ivre les mauvais vers coulent de source. Je n'ai jamais rien vu de si plat dans une si belle salle. Cela ressemble à un temple de la Grèce et on y joue des ouvrages tartares . Pour la musique on dit qu'elle est bonne. Je ne m'y connais guère ; je n'ai jamais trop senti l'extrême mérite des doubles croches . Je sens seulement que la signora Astrua et i signori castrati ont de plus belles voix que vos actrices , et que les airs italiens ont plus de brillant que vos ponts-neufs [ii] que vous nommez ariettes. J'ai toujours comparé la musique française au jeu de dames et l'italienne au jeu des échecs. Le mérite de la difficulté surmontée est quelque chose. Votre dispute contre la musique italienne est comme la guerre de 1701. Vous êtes seuls contre toute l'Europe.

 

Mme la margrave de Bayreuth voudrait bien attirer Mme de Graffigny auprès d'elle, et je lui propose aussi le marquis d'Adhémar. Il n'y a point ici de place pour lui dans le militaire. Il faut de plus savoir bien l'allemand et c'est le moindre des obstacles. Je crois que pendant la paix il n'y a rien de mieux à faire qu'à se mettre à la cour de Bayreuth. La plupart des cours d'Allemagne sont actuellement comme celles des anciens paladins aux tournois près ; ce sont de vieux châteaux où l'on cherche l'amusement. Il y a là de belles filles d'honneur, de beaux bacheliers ; on y fait venir des jongleurs. Il y a dans Bayreuth opéra italien et comédie française avec une jolie bibliothèque dont la princesse fait un très bon usage. Je crois en vérité que ce sera un excellent marché dont ils me remercieront tous deux. Pour Mme la Péruvienne,[iii] elle est plus difficile à transplanter. La voilà établie à Paris avec une considération et des amis qu'on ne quitte guère à son âge. Je me fais là mon procès, mais, ma chère enfant, les mauvais auteurs ne poursuivent point une femme, ils font pour elle de plats madrigaux, mais ils feront éternellement la guerre à leur confrère l'auteur de La Henriade. Les inimitiés, les calomnies, les libelles de toute espèce, les persécutions sont la sûre récompense d'un pauvre homme assez malavisé pour faire des poèmes épiques et des tragédies. Je veux essayer si je trouverai plus de repos auprès d'un poète couronné qui a cent cinquante mille hommes, qu'avec les poètes des cafés de Paris. Je vais me coucher dans cette idée.[iv] »

 

iExemple de lettre réécrite en Alsace, à comparer par le ton à celle du 21 aux d'Argental ou à celui de la lettre du 28 où il parle aussi de Phaéton. C'est le ton de ses Mémoires où il parle aussi du poète italien et des opéras dont il fait les livrets.

ii Chansons populaires sur un air très connu.

iii Mme de Graffigny est auteur des Lettres d'une Péruvienne.

iv Ce qui n'est pas du tout le reflet des inquiétudes qu'on lit dans la lettre de la veille aux d'Argental. Il n'est pas question de l'établissement en Prusse de Mme Denis, alors que les d'Argental étaient invités à « la disposer ». Cette lettre ici devrait plutôt la décourager. Aucun rapport avec ces « tableaux admirables », ces « portraits flatteurs » que d'Argental reprocha à V* de faire à sa nièce dans les lettres authentiques de cette période. C'est sans conteste une lettre réécrite après l'avanie de Francfort.

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on dit que pour consoler les Welches de tous leurs malheurs, on leur a donné une comédie fort bonne qui a un très grand

... A mes yeux , grand guignol ! En ce jour, première épreuve du BAC : philosophie ! Enorme comédie mettant en scène des lycéens sous la direction d'enseignants de toute façon irresponsables . Que deviendrons ces ados attardés qui ont plus d'exemples de gréves et manifestations que de travail constructif ?

https://etudiant.lefigaro.fr/article/bac-2019-decouvrez-t...

Pour preuve ? https://www.lepoint.fr/education/bac-les-plus-belles-perl...

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« A Etienne-Noël Damilaville

16è mai 1764 aux Délices 1

Mon cher frère, on dit que pour consoler les Welches de tous leurs malheurs, on leur a donné une comédie fort bonne qui a un très grand succès 2; mais j'aimerais encore mieux quelque bon livre de philosophie qui écrasât pour jamais le fanatisme, et qui rendît les lettres respectables . Je mets toutes mes espérances dans l'Encyclopédie .

Avez-vous reçu, mon cher frère, le second ballot que M. Gabriel Cramer vous avait destiné ? J'ai toujours sur le cœur la tracasserie qu'on m'a voulu faire avec lui . N'est-il pas bien singulier qu'un homme s'avise d’écrire de Paris à Genève , que je jette feu et flammes contre les Cramer, que je parle d'eux dans toutes mes lettres avec dureté et avec mépris ; que je veux faire saisir leur livre par les ordres de M. de Sartines ! Et pourquoi s'il vous plait tout ce fracas ? Parce que je n'ai pas voulu que mon nom figurât avec la famille Vadé , et que je me suis cru indigne de cet honneur . Quand j'ai vu mon nom j'ai dit que je ne voulait pas qu'il parût . Quand on l'a ôté j'ai été content , et voilà tout . Vous me feriez grand plaisir d'écrire à Gabriel qu'on l'a très mal informé ; que celui qui lui a mandé ces sottises n'est qu'un semeur de zizanie . Les Cramer m'ont assurément quelque obligation ; et celui qui voudrait leur persuader d'être ingrats ferait une action bien condamnable . Je crois avoir contribué un peu à leur fortune, je ne m'en repens point ; ils sont mes frères, ils sont philosophes, et les philosophes doivent être reconnaissants . C'est vous qui êtes le véritable frère , c'est avec vous que je voudrais célébrer les mystères sacrés de la raison, c'est dans votre sein que je dépose ma douleur de la dispersion des fidèles .

Adieu, soyons toujours unis en Platon, Cicéron, Marc-Antoine, Epictète, Julien Bayle, Shaffsterbury, Bolingbroke, etc . Etc.

Ecr l'inf. »

2 La Jeune Indienne, de Chamfort ; voir lettre de mars 1764 à Chamfort : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/19/notre-nation-n-a-de-gout-que-par-accident-6145031.html

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17/06/2019 | Lien permanent

Il dit que vous devez continuer le régime qu'il vous a prescrit . Pour moi, mon principal régime est la patience et la r

... Le président l'a dit, le premier ministre confirme . L'arrêt est tombé : couvre-feu !

Entendez-vous, jeunes et moins jeunes qui vous êtes permis de négliger les règles les plus basiques de prévention contre le covirus ? Que ceux qui se moquent de contaminer leurs concitoyens soient freinés dans leurs activités de loisir, ce n'est vraiment pas la mer à boire . N'oublions pas qu'il s'agit d'une maladie incapacitante , et mortelle trop souvent encore . Ceux qui crient qu'on les prive de libertés fondamentales sont comme ceux qui hurlaient contre l'obligation de mettre la ceinture en voiture : la liberté de mourir au volant, la liberté de devenir un invalide à charge, ô les belles libertés !

Mettre un masque et ne pas faire n'importe quoi , est-ce vraiment si difficile ? 

https://photos.lci.fr/images/613/344/carte-9-metropoles-e7bcfb-0@1x.jpeg

 

Qu'on se le dise !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

A Genève 22è juin 1765

J'ai reçu, mon cher ami, votre lettre pour le docteur Tronchin . Les autres ont été reçues en leur temps . M. Tronchin vous assure de son amitié et de son zèle . Il dit que vous devez continuer le régime qu'il vous a prescrit . Pour moi, mon principal régime est la patience et la résignation aux ordres immuables de la nature . J'ai assez vécu pour savoir qu'il y a bien peu de choses à regretter . S'il est possible que le soin que vous devez à votre santé vous conduise à Genève, et que j'aie le plaisir de vous embrasser et de vous ouvrir mon cœur, je croirai la fin de ma vie très heureuse . Je n'ai rien de nouveau touchant l’ordonnance du parlement de Toulouse . Il est à croire que les Sirven seront réduits à envoyer à M. de Beaumont une protestation contre le refus de délivrer cette ordonnance, et les pièces nécessaires . J'ai toujours même pensé que ce refus serait favorable à la cause des Sirven, et servirait à leur faire obtenir plus aisément une attribution de juges , puisqu'il constaterait la mauvaise volonté et l'injustice des tribunaux dont cette famille a tant besoin de se plaindre .

Je vous supplie d'embrasser tendrement pour moi l'homme supérieur 1 à qui le public rend justice, et à qui ceux qui disposent de ce qui lui est dû, l'ont rendue si peu . Je m'intéresse à lui, non seulement comme un homme qui fait honneur à la nation, mais comme à un homme que j'aime de tout mon cœur . Je suis persuadé qu'il n'attendra que peu de temps, et puisque la place n'est point donnée à d'autres, c'est une preuve qu'il l'aura, ou je suis bien trompé . On connait trop ce qu'il vaut, et les sacrifices généreux qu'il a faits .

Il est sûr que feu l'abbé Bazin a donné des ouvrages de métaphysique ; j'en ai vu des lambeaux cités, et je me flatte que Briasson qui m’a déterré des livres assez rares, me trouvera encore celui-là . Pour son œuvre posthume qui parait depuis quelque temps en Hollande, je ne crois pas qu'il y ait à présent un homme assez dépourvu de sens pour m'attribuer cet ouvrage qui ne peu avoir été fait que par un rabbin ou un bénédictin, et qui ne peut être lu que par le petit nombre d'hommes de cabinet qui aiment ces recherches épineuses .

Au reste, je n'entends rien à la manie qu'on a aujourd'hui de vouloir décrier les philosophes . Il me semble que les sottises et les inconséquences de Rousseau ne doivent point retomber sur les gens de lettres de France . Ceux que je connais sont les meilleurs sujets du roi, les plus pacifiques, les plus amis de l'ordre . En vérité les reproches qu'on leur fait ressemblent à ceux que le loup faisait à l'agneau . Que cette injustice passagère ne vous empêche pas d’aimer les lettres . Adieu, mon cher ami .

V. »

1 D'Alembert ; voir lettre du 24 juin 1765 .

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16/10/2020 | Lien permanent

Je pense que le petit morceau ci-joint est moins mauvais que celui auquel je le substitue, et voici mes raisons

slava palunin.jpg 

J'ai vu, il y a environ deux ans, l'Orphelin de la Chine, et spontanément , au sortir du spectacle, j'avais dit, à qui voulait bien l'entendre, que cette pièce m'avait semblé trop longue, diluée, redondante . Je n'ai su qu'après que Volti ne la voulut d'abord qu'en trois actes, et qu'il eut la faiblesse de faire plaisir aux d'Argental et alliés en ajoutant deux actes, avec bien de la peine ; la vivacité d'esprit de ce génial auteur ne luit alors plus que par quelques scènes et répliques . Dommage …

slava s snow schow.jpg

De nos jours, il est parfois heureux de pouvoir regarder la TV ! et profiter d'un spectacle au langage international, puisque sans paroles , ou presque ; humour, poésie, rêve, délire sont présents et je me suis régalé (comme ils disent dans le midi ) . C'est le Slava's Snowshow , que je vous recommande : http://www.tv-replay.fr/player/19-02-12/slava-s-snowshow-arte-9216151.html

slavas snow schow trio.jpg

 

«  A monsieur le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 18 juillet [1755]

Vous devez, mon cher ange, avoir reçu et avoir jugé notre Orphelin1. Je n'étais point du tout content de la première façon, je ne le suis guère de la seconde. Je pense que le petit morceau ci-joint est moins mauvais que celui auquel je le substitue, et voici mes raisons. Le sujet de la pièce est l'Orphelin, plus on en parle, mieux l'unité s'en trouve. La scène m'en parait mieux filée, et les sentiments plus forts. Il me semble que c'était un très- grand défaut que Zamti et Idamé eussent des choses si embarrassantes à se dire, et ne se parlassent point.
Plus la proposition du divorce est délicate, plus le spectateur désire un éclaircissement entre la femme et le mari. Cet éclaircissement produit une action et un nœud, cette scène prépare celle du poignard, au cinquième acte. Si Zamti et Idamé ne s'étaient point vus au quatrième acte, ils ne feraient nul effet au cinquième: on oublie les gens qu'on a perdus de vue. Le parterre n'est pas comme vous, mon cher ange; il ne fait nul cas des absents. Zamti, ne reparaissant qu'à la fin seulement, pour donner à Gengis occasion de faire une belle action, serait très- insipide il en résulterait du froid sur la scène du poignard, et ce froid la rendrait ridicule. Toutes ces raisons me font croire que la fin du quatrième acte est incomparablement moins mauvaise qu'elle n'était, et je crois la troisième façon préférable à la seconde, parce que cette troisième est plus approfondie. Après ce petit plaidoyer, je me soumets à votre arrêt. Vous êtes le maître de l'ouvrage, du temps, et de la façon dont on le donnera. C'est vous qui avez commandé cinq actes, ils vous appartiennent. Notre ami Lekain doit avoir un habit. Il faudra aussi que Lambert ait le privilège, pour les injures que nous lui avons dites, Mme Denis et moi, et pour l'avoir appelé si souvent paresseux. Thieriot-Trompette me mande que M. Bouret ne lui a point encore fait remettre son paquet. Il soupçonne que les commis en prennent préalablement copie.
J'en bénis Dieu, et je souhaite qu'il y ait beaucoup de ces copies moins malhonnêtes que l'original défiguré et tronqué qui court le monde. Je suis toujours réduit à la maxime qu'un petit mal vaut mieux qu'un grand. A propos de nouveaux maux, pourriez-vous me dire si un certain livre édifiant contre les Buffon, Pope, Diderot, moi indigne, et ejusdem farinae homines, a un grand succès, et s'il y a quelques profits à faire ? Il serait
bien doux de pouvoir se convertir sur cette lecture, et de devoir son salut à l'auteur. Adieu, mon cher et respectable ami, je vous dois ma consolation en ce monde.
Je dois vous mander que M. de Paulmy et M. de La Valette, intendant de Bourgogne, ont pleuré tous deux à notre Orphelin. M. de Paulmy n'a pas mal lu le quatrième acte. Nous le jouerons dans ma cabane des Délices, nous y bâtissons un petit théâtre de marionnettes. Genève aura la comédie, malgré Calvin. J'ai envoyé à M. le maréchal de Richelieu, par M. de Paulmy, quinze chants honnêtes de ce grave poème épique. Je lui ai promis que vous lui communiqueriez l'Orphelin. Voilà un compte très-exact des affaires de la province. Donnez-nous vos ordres, et aimez-nous.
M. le maréchal de Richelieu nous apprend le bruit cruel qui court que je fais imprimer à Genève cet ouvrage, qu'on vend manuscrit à Paris à tout le monde, et que je le gâte. Il n'y a rien de plus faux, ni de plus dangereux, ni de plus funeste pour moi, qu'un pareil bruit. »

 

1 L'Orphelin de la Chine , vu au XXIè siècle : http://www.chinatoday.com.cn/lachine/2004/0402/08.htm

 

 

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ce que des malavisés m’ont imputé si injustement.

You know what ? I 'm happy !

L'auteur du beau blog :

http://www.monsieurdevoltaire.com/

est venu au château de Volti . J'en suis encore ému et il me semble que je le suis plus encore après deux jours .

Je recommande à cet auteur de méditer ceci : (NDLR : au lieu de quatre heures, peut-on transiger pour quatre heures et demi ? ; )) :

relations-administration.jpg

 

 

 

Merci à Volti qui est un homme maître "es relations" et qui est même est capable d'en favoriser encore alors que ses cendres reposent au Panthéon.

 

Revenons à mon menteur préféré jouant au chat et à la souris avec la censure .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

 

                            Vous savez, je crois, mon cher frère, ce que c’est que ce Dictionnaire philosophique que des malavisés m’ont imputé si injustement. C’est un ouvrage qui me parait bien fort. Je l’ai fait acheter à Genève, il n’y en avait alors que deux exemplaires. Le consistoire des prêtres pédants sociniens l’a déféré aux magistrats. Alors les libraires en ont fait venir beaucoup. Les magistrats l’ont lu avec édification, et les prêtres ont été tout étonnés de voir que ce qui eût été brûlé il y a trente ans est aujourd’hui très bien reçu de tout le monde [Montpéroux, résident de France à Genève écrira au duc de Praslin le 26 septembre : « … la bourgeoisie a marqué (ici) tant d’indignation contre cet ouvrage que le Conseil n’a pu se dispenser de le condamner hier comme … un impie…, destructif de la révélation, avec très expresse défense à tous libraires … d’en imprimer, vendre ou distribuer à peine d’être poursuivis extraordinairement… En conséquence de ce jugement, le Dictionnaire fut lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice devant la porte de l’Hôtel de ville. » . V* écrira à ce propos à d’Argental le 5 novembre : «  La sottise qu’on a faite à Genève n’a été qu’un sacrifice au parti de Jean-Jacques qui a toujours crié qu’il fallait brûler l’Évangile puisqu’on avait brûlé Émile. »]. Il me parait qu’on est beaucoup plus avancé à Genève qu’à Paris. Votre parlement n’est pas encore philosophe. Je voudrais bien avoir les factums des capucins [Il y avait conflit au couvent des capucins de Paris entre les frères définiteurs et les frères quêteurs ; ceux-ci avaient fait paraitre un mémoire plein de détails scandaleux.]. Mais pourquoi faut-il qu’il y ait des capucins ? Courage, le royaume de Dieu n’et pas loin ; les esprits s’éclairent d’un bout de l’Europe à l’autre. Quel dommage encore une fois que ceux qui pensent de la même manière ne soient pas tous frères ! que ne suis-je à Paris ! que ne puis-je mourir dans les bras de véritables frères !  Intérim écr[asez] l’Inf[âme].

 

 

                            Voltaire

                            24è septembre 1764. »

 

J'ai suffisamment le coeur en fête pour ne plus m'intéresser à la vie politique, juste un peu à la vie sociale et même plus à la météo ( ce qui est un exploit pour un bon frenchy comme moi ! )....

http://www.youtube.com/watch?v=__gl5UC_21I&NR=1

Yes I need !!

 

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j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun

... Très souvent !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet

15è septembre 1763

Mes anges, je me crois un petit prophète. Je me souviens que lorsqu’on m’envoya la nouvelle édition du Dictionnaire de l’Académie, je prédis que le libraire ferait banqueroute. Je ne me suis pas trompé, et malheureusement cette banqueroute retombe sur la famille Corneille. M. Duclos, qui avait beaucoup d’estime pour la veuve Brunet, décorée du malheureux titre de libraire de l’Académie, voulut que le principal bureau des souscriptions fût chez elle. Elle a reçu pour sept ou huit mille francs d’argent comptant, après quoi elle a fait la gambarouta 1. Voilà le sort de la plupart des entreprises de ce monde.

Je vous réitère que je n'ai aucune nouvelle de la Gazette littéraire, à laquelle vous vous intéressez . J'ai reçu un petit paquet de livres anglais, que probablement M. le duc de Praslin a eu la bonté de m'envoyer ; et j'ignore s'ils viennent de Hollande ou d’Angleterre . Ce sont des ouvrages dont on a déjà parlé dans tous les journaux depuis plus d'un mois . Encore une fois, j'attends que M. Arnaud me donne des instructions bien précises ; j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun .2 

Si vous me permettez, mes anges, de vous parler de mon procès sacerdotal, je vous dirai que messieurs de Berne et de Genève sont intéressés comme nous dans cette affaire, qu’ils y interviennent, et que ce fut même sur la requête de messieurs de Berne que le conseil des dépêches se réserva à lui seul la connaissance de cette affaire, par un arrêt du 25 Juin 1756 . Que c’est contre cet arrêt authentique et contradictoire que le curé de Ferney a obtenu un arrêt par défaut qui nous renvoie au parlement de Dijon. Nous revenons aujourd’hui contre cet arrêt, et nous soutenons que c’est principalement à M. le duc de Praslin à juger cette cause, qui est plutôt une affaire d’État qu’un procès. Il s’agit uniquement de l’exécution du traité d’Arau, et de toutes les garanties renouvelées par tous nos rois depuis Charles IX. Le parlement de Dijon n’admet ni ces traités ni ces garanties ; mais le roi les maintient, et il a promis que ces sortes d’affaires ne seraient jamais jugées qu’en son Conseil.

Au reste, le procès n’est pas directement intenté à madame Denis et à moi ; il l’est à Berne, à Genève, au colonel de Budé, au colonel Pictet ; s’ils perdent, nous perdons ; s’ils gagnent, nous gagnons ; nous ne venons qu’après eux, comme ayant acheté d’eux la terre aux mêmes conditions que Berne l’avait vendue au seizième siècle, et que les ducs de Savoie l’avaient inféodée au quatorzième.

Nous supplions Octave, Pompée, et Fulvie , d’intercéder pour nous auprès de M. le duc de Praslin. Il est bien vrai qu’ils ne sont pas aussi honnêtes gens que lui : aussi je compte beaucoup plus sur la protection de mes anges que sur celles de ces personnages.

Vous devez avoir reçu mes roués ; j’y ai mis tout mon savoir-faire, qui est bien peu de choses ; mais enfin, puisque j’ai fait tout ce que j’ai pu et tout ce que vous avez voulu, qu’avez-vous à me dire ?

Respect et tendresse. »

1  Plaisanterie pour banqueroute .

2Tout ce paragraphe, biffé sur le copie Beaumarchais, manque dans les éditions .

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11/09/2018 | Lien permanent

Vos Genevois sont malades d’une indigestion de bonheur, ils sont trop à leur aise pour être tranquilles, et, n’ayant auc

... Tant entre eux qu'avec les voisins français, la traversée du lac par dessus ou par dessous alimente les discussions de comptoir depuis 1898 , avec piqures de rappel au gré des projets d'architectes et élus visionnaires :

https://www.20min.ch/fr/story/la-france-voisine-se-moque-...

Traversée du lac: des questions anciennes toujours d'actualité - Le Courrier

Y-a pas le feu au laaac !

https://www.letemps.ch/suisse/traversee-rade-geneve-une-o...

 

 

« A Paul-Claude Moultou

Vous m’avez écrit, mon cher philosophe, d’un climat doux et tempéré, d’un beau pays où tout le monde danse. Je vous réponds de la Sibérie, du milieu des neiges et du voisinage d’une ville triste où tout le monde est de mauvaise humeur. Vos Genevois sont malades d’une indigestion de bonheur, ils sont trop à leur aise pour être tranquilles, et, n’ayant aucun sujet de se quereller, ils en ont imaginé de ridicules ; depuis la Secchia rapita 1 et le Lutrin, il n’y eut jamais pareille guerre ; il est vrai aussi que la guerre est fort paisible ; on ne s’est escrimé que par des brochures, et s’il y a des morts dans la bataille, ce sont ceux qui meurent d’ennui en lisant cet amas énorme de fadaises.

Le conseil a vite envoyé chercher les médiateurs comme si le feu était aux quatre coins de Genève. Je crois voir les rats et les grenouilles prier Jupiter d’envoyer Hercule pour arranger leurs différends 2. La prêtraille de Jehan Chauvin3 ne joue pas le premier rôle dans cette comédie.

J’ai une affaire plus sérieuse à mon gré sur les bras . Notre Élie de Beaumont, défenseur des Calas, vient de faire en faveur des Sirven un mémoire qui me paraît digne de lui. J’espère que l’innocence triomphera une seconde fois, et que l’Europe désormais ne reprochera plus à la France des accusations continuelles de parricide. Cette démence, qui n’a que trop régné en Languedoc, est plus atroce, plus dangereuse, que celle qui fait fermenter aujourd’hui les têtes genevoises. Il y a dans le monde un monstre abominable qui a produit le malheur des Calas et des Sirven après avoir répandu ses poisons dans le monde pendant plus de seize cents ans ; c'est ce monstre qu'il faut écraser . Il est vrai que ce dragon est né d'une mère respectable, mais il déchire sa mère, et il faut le percer jusque sur son sein . 4

Je pense comme vous qu’il serait plus aisé d’accommoder les Genevois que d’engager le doux Caveyrac à être tolérant 5; rien ne serait si aisé que d’arranger les petits différends de Genève , en rendant les médiateurs arbitres suprêmes des cas graves et rares où le peuple se plaindrait d’une violation formelle des lois. Ces médiateurs à perpétuité seraient l’ambassadeur de France en Suisse, et les premiers magistrats de Berne et de Zurich ; ce n’est précisément que ce qui est porté dans l’accommodement de 1738, puisque les médiateurs se sont rendus garants de la tranquillité de Genève ; il est vrai que les médiateurs riront un peu de voir qu’une querelle d’auteur est l’origine de tout ce vacarme. Ce n’est pas ici : quidquid delirant reges plectuntur Achivi 6. C’est : quidquid delirant Achivi reges rident 7. Je vous donne un ïambe pour un hexamètre. J’espère, tout vieux et tout malade que je suis, vous embrasser au printemps, sinon je vous demanderai des De profundis. Adieu, mon très cher et très aimable philosophe.

V.

Ferney 4è février 1766. »

1 La Secchia rapita est un poème d'Alessandro Tassoni paru la première fois à Paris en 1622 ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k852292v/f10.item

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Seau_enlev%C3%A9

Voir lettre du 7 juillet 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/07/06/ayant-sous-son-nez-80-mille-autrichiens-et-100-mille-russes-5732407.html

3 Calvin .

4 Ce passage depuis Il y a dans le monde , a été biffé sur le manuscrit et supprimé dans toutes les éditions .

5 L’abbé J. de Novi de Caveyrac, né à Nîmes en 1713, mort en 1782, auteur d’une Dissertation sur la tolérance des protestants en France et d’une Apologie de Louis XIV et de son conseil. Auteur d'une Apologie de la St Barthélémy, il figure à ce titre en bonne place parmi les « méchants ».du tableau le « Triomphe de Voltaire » visible à Ferney (à ne pas manquer ).

6 Quand les rois font des folies, ce sont les Achéens qui souffrent ; Horace, Épîtres, I, ii, 14 . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89pitres_(Horace,_Leconte_de_Lisle)/I/2

et : https://www.espace-horace.org/etud/courbaud/courbaud_3_02.htm

7 Quand les Achéens font des folies, ce sont les rois qui rient .

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25/05/2021 | Lien permanent

je veux que vous soyez heureuse de toutes les façons et de tous les côtés

... Mam'zelle Wagnière, et Voltaire, en toute modestie, se joint à moi pour ces voeux .

DSCF6943 fais moi un signe ou deux.png

Un signe des temps, un cygne d'étang, insigne détente .

 

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

à l'Île Jard

à Strasbourg

Aux Délices 7 mai [1759]

Il faut que vous me pardonniez , madame, j'écris très peu parce que je n'ai pas un moment à moi ; je me défais tous les jours de mes correspondances de Paris, je ne voudrais conserver que la vôtre ; je ne connais plus que vous et la retraite ; je m'intéresse plus à la pension de votre fils qu'à la guerre et aux finances ; je veux que vous soyez heureuse de toutes les façons et de tous les côtés ; on aurait beau, d'ailleurs , tout bouleverser je n'en prendrai point d'alarme ; j'ai su faire à peu près comme vous . J'ai des terres libres, je veux y vivre et y mourir . Il est vrai que je m'y prends un peu tard pour bâtir et pour planter, mais la vraie jouissance est dans le travail , la culture est un aussi grand plaisir que la récolte . Il vaut mieux ensemencer ses terres que de les ensanglanter comme on fait en Allemagne 1 . Le docteur Pangloss est un grand nigaud avec son tout est bien ; je crois que les choses ne vont bien que pour ceux qui restent chez eux ou pour M. de Zeutmandel 2, et pour sa grasse et riche chanoinesse, qui épouse un très aimable mari . Tout sera bien longtemps pour vous, madame, puisque vous avez le courage de conserver votre régime, ce n'est pas une petite vertu ; et votre vertu sera récompensée . Je ne vous mande aucune nouvelle , je n'en sais que des siècles passés . Si vous en savez du siècle présent ne m'oubliez pas, mais songez toujours que celles qui vous regardent me sont les plus chères et que je vous suis attaché avec le plus tendre respect .

V. »

1 Cette phrase manque dans les éditions précédentes .

2 Le baron von Zuckmantel, frère de Mme de Brumath, amie de Mme de Lutzelbourg .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/fr:Ch%C3%A2teau%20d%27Osthoffen?uselang=en

Voir aussi page 18 : http://c18.net/18img/cl8-specimen.pdf

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22/06/2014 | Lien permanent

cette Pucelle pour qui on m’a tant fait trembler

 

 

 

 

elephant indes.jpg
Cette illustration a deux rapports ce jour, l'un avec la lettre de Volti, l'autre plus proche avec un éléphant PS qui se fait jeter par sa direction : Georges Frèche.
De l'éléphant il a l'intelligence et la mémoire .
Malheureusement, comme celui qui orne cette note, il est décoré comme un sapin de Noël, aime ça,  et ose dire avec des trémolos dans la voix et des larmes de crocodile : "quand on me dit qu'on m' aime, je suis le maître du monde ! " . Personnellement , je suis d'accord quand c'est un proche qui vous le dit, mais quand ce sont quelques électeurs , je pense immédiatement à Di Caprio à la proue du Titanic et je dis "arrête ton film avant de couler !! ".
Il y a moins d'un an ce grand sentimental avait des paroles plus proches de sa pensée réelle et , à sa décharge, il a le mérite de dire haut et clair ce que pensent bien d'autres élus.
J'étais montpelliérain à l'époque où il est arrivé au pouvoir municipal et il n'avait pas tardé à montrer son sens de la dépense et du tape-à-l'oeil avec les deniers publics .
Ma grand-mère disait que "le nom des fous est écrit partout", ce qui me permet d'affirmer que Frèche est cinglé car tout ce qui est bâti à Montpellier porte la sacro-sainte plaque "bâti, Georges Frèche étant maire- député - président du conseil régional" et tutti quanti .Sera-t-il plus modeste pour sa pierre tombale ?
Je laisse à votre réflexion ce qui suit : http://www.youtube.com/watch?v=t55CC7U82nc
Electeurs -arbitres du Languedoc-Roussillon la balle est dans votre camp ! Il est temps de sortir le carton rouge !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Prangins 6 février [1755]

 

                            Mon cher ange, puisque Dieu vous bénit au point de vous faire aimer toujours le spectacle à la folie, je m’occupe à vous servir dans votre passion. Je vous enverrai les cinq actes de nos Chinois[f1]  ; vous aurez ici les trois autres, et vous jugerez entre ces deux façons ; pour moi je pense que la pièce en cinq actes étant la même pour tout l’essentiel que la pièce en trois, le grand danger est que les trois actes soient étranglés, et les cinq trop allongés ; et je cours le risque de tomber, soit en allant trop vite soit en marchant trop doucement. Vous en jugerez quand vous aurez sous les yeux les deux pièces de comparaison.

 

                            Mais ce n’est pas tout. Vous aurez encore quelque autre chose à quoi vous ne vous attendez pas . J’y joindrai aussi les quatre derniers chants de cette Pucelle[f2]   pour qui on m’a tant fait trembler.

 

                            Je voudrais qu’on pût retirer des mains de Mlle du Thil[f3]   ce 9è Chant de l’âne qui est intolérable ; on lui donnerait cinq chants pour un. Elle y gagnerait puisqu’elle aime à posséder mes manuscrits, et je serais délivré de la crainte de voir paraître à sa mort l’ouvrage défiguré. Ne pourriez-vous pas lui proposer ce marché quand je vous aurai fait tenir les derniers chants ?  Vous voyez que je ne suis pas médiocrement occupé dans ma retraite. Cette Histoire prétendue universelle est encore un fardeau qu’on m’a imposé. Il faut la rendre digne du public éclairé. Cette histoire telle qu’on l’a imprimée n’est qu’une nouvelle calomnie contre moi[f4]  . C’est un tissu de sottises publiées par l’ignorance, et par l’avidité. On m’a mutilé, et je veux paraître avec tous mes membres.

 

                            Une apoplexie a puni Royer d’avoir défiguré mes vers[f5]  , mais c’est çà moi à présent d’avoir soin de ma prose.

 

                            Mais que direz-vous, mon cher et respectable ami, de ce Lambert qui prive Mme Denis de ses hardes, et moi de mes livres ! Il a la hardiesse de m’écrire qu’enfin il a remis le 16 janvier au carrosse de Besançon à l’adresse de M. Fleur mon ballot avec une lettre d’avis et M. Fleur me mande du 29 janvier au soir qu’il n’a reçu ni lettre ni ballot. Ce misérable m’a trompé sur le 16 janvier comme sur le 16 décembre[f6]  . Pour Dieu ayez encore la bonté de le faire au moins rougir quand vous irez à ce théâtre allobroge où l’on a cru jouer Le Triumvirat[f7]  . Nos Suisses parlent français plus purement que Cicéron et Octave.

 

                            Je vous supplie en cas que Lambert réimprime Le Siècle de Louis XIV de lui bien recommander de retrancher le petit concile[f8]   ; j’ai promis à M. le cardinal votre oncle de faire toujours supprimer cette épithète de petit ; quoique la plupart des écrivains ecclésiastiques donnent ce nom aux conciles provinciaux je voudrais donner à M. le cardinal de Tencin une marque plus forte de mon respect pour sa personne, et de mon attachement pour sa famille . Adieu, il y a deux solitaires dans les Alpes qui vous aiment bien tendrement.

 

                            Je reçois votre lettre du 30 janvier. Ce qu’on dit de Berlin est exagéré[f9]  . Mais en quoi on se trompe fort c’est dans l’idée qu’on a que j’en serais mieux reçu à Paris. Pour moi, je ne songe qu’à la Chine, et un peu aux côtes de Coromandel. Car si Dupleix est roi je suis presque ruiné[f10]  . Le Gange et le fleuve jaune m’occupent sur les bords du Léman où je me meurs.

 

                            Toute adresse est bonne, tout va.

 

 

 

 

 

 


 [f1]L’Orphelin de la Chine

 [f2]Départ du paquet le 2 avril

 [f3]Elle avait été la dame de compagnie de Mme du Châtelet. L’affaire va se compliquer et V* va mettre en cause Darget, Frédéric, le libraire Grasset.

 [f4]Allusion à l’édition « pirate » de Néaulme et aux ennuis consécutifs.

 [f5]L’opéra de Pandore que Royer a fait remanier par Sireuil.

 [f6]Le 2 janvier il a écrit à Lambert : « Comme il m’en couterait beaucoup de racheter les in-folio et les in-quarto dont vous aviez eu la bonté de vous charger, je vous prie de les faire reporter chez Mme Denis ainsi que tous nos autres livres que nous ferons venir par les rouliers. »

 [f7]La tragédie de Crébillon créée le 23 décembre 1754, puis jouée à la Comédie française 4 fois en 1754 et 6 fois en 1755.

 [f8]Il s’agit du concile d’Embrun qu’avait présidé le cardinal de Tencin. Le 20 novembre 1754, V* écrivait à d’Argental : « Je vous avouerai que je n’ai pas trouvé dans M.  le cardinal de Tencin les bontés que j’espérais de votre oncle. »

 [f9]Le 29 janvier, il écrit à la duchesse de Saxe-Gotha qu’il ne se laisserait pas « ramener » et qu’il ne retournerait pas en Prusse malgré ce qu’on lui écrivait.

 [f10]Le 11 février, il écrit à J.-R ; Tronchin, son banquier : « Je crains toujours qu’il n’ait pris envie à cette dame Dupleix qui est toujours montée sur un éléphant de monter sur le trône. Notre Compagnie des Indes se trouverait mal de cette équipée. ». On se plaignait des dépenses occasionnées par les conquêtes de Dupleix qui de mandait des renforts ; il fut rappelé ; son successeur, Godeheu, venait de signer un traité  avec les Anglais défavorable pour la  Compagnie française le 26 décembre 1754.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fran%C3%A7ois_Dupleix

 

http://www.indiablognote.com/article-34189247.html

 

 

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06/02/2010 | Lien permanent

Plût à Dieu que vous y goûtassiez les douceurs les plus nécessaires d'une entière indépendance, et que vous pussiez vous

... "pussiez" et "noble amour" m'ont fait rire car instinctivement j'ai eu à l'esprit "pucier" qui n'est pas le lieu d'amours toujours nobles, mais plutôt majoritairement des amours roturières . Voltaire ne m'en voudra pas , mon goût pour Frédéric Dard et San Antonio est tout à fait compatible , argot et français du XVIIIè vivent en parfaite harmonie dans une langue vivante . 

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« A Claude-Adrien Helvétius

Par Paris 11 mai 1761 1

Je suppose mon cher philosophe que vous jouissez à présent des douceurs de la retraite à la campagne . Plût à Dieu que vous y goûtassiez les douceurs les plus nécessaires d'une entière indépendance, et que vous pussiez vous livrer à ce noble amour de la vérité sans craindre ses indignes ennemis . Elle est donc plus persécutée que jamais . Voilà un pauvre bavard 2 rayé du tableau des bavards , et la consultation de Mlle Clairon incendiée . Une pauvre fille demande à être chrétienne, et on ne veut pas qu'elle le soit . Eh messieurs les inquisiteurs accordez-vous donc . Vous condamnez ceux que vous soupçonnez de n'être pas chrétiens, vous brûlez les requêtes des filles qui veulent communier . On ne sait plus comment faire avec vous . Les jansénistes, les convulsionnaires gouvernent donc Paris ! C'est bien pis que le règne des jésuites . Il y avait des accommodements avec le ciel du temps qu'ils avaient du crédit , mais les jansénistes sont impitoyables . Est-ce que la proposition honnête et modeste d’étrangler le dernier jésuite avec les boyaux du dernier janséniste ne pourrait amener les choses à quelque conciliation ?

Je suis bien consolé de voir Saurin de l'Académie . Si Lefranc de Pompignan avait eu dans notre troupe l'autorité qu'il y prétendait j'aurais prié qu'on me rayât du tableau comme on a exclu Huerne de la matricule des avocats .

Je trouve que notre philosophe Saurin a parlé bien ferme . Il y a même un trait qui semble vous regarder et désigner vos persécuteurs 3. Cela est d'une âme vigoureuse, Saurin a du courage dans l'amitié ; et Omer ne le fait pas trembler ; il me revient que cet Omer est fort méprisé de tous les gens qui pensent . Le nombre est petit je l'avoue, mais il sera toujours respectable . C'est ce petit nombre qui fait le public . Le reste est vulgaire . Travaillez donc pour ce petit public sans vous exposer à la démence du grand nombre .

On n'a point su quel est l'auteur de l'Oracle des fidèles 4; il n’y a a point de réponse à ce livre . Je tiens toujours qu'il doit avoir fait un grand effet sur ceux qui l'ont lu avec attention . Il manque à cet ouvrage de l'agrément et de l'éloquence . Ce sont là vos armes , daignez vous en servir . Le Nil, disait-on, cachait sa tête, et répandait ses eaux bienfaisantes ; faites-en autant . Vous jouirez en paix et en secret de votre triomphe . Hélas vous seriez de notre Académie avec M. Saurin sans le malheureux conseil qu'on vous donna de demander un privilège 5. Je ne m'en consolerai jamais . Enfin mon cher philosophe, si vous n'êtes pas mon confrère dans une compagnie qui avait besoin de vous soyez mon confrère dans le petit nombre des élus qui marchent sur le serpent et sur le basilic . Je vous recommande l’infâme . Adieu, l'amitié est la consolation de ceux qui se trouvent accablés par les sots et par les méchants . »

 

1 V* répond à une lettre de mars-avril, répondant elle-même à celle de mars 1761, disant notamment : « Je vais mettre vos leçons en pratique ; j'envoie paître les ragots de Paris, et je pars pour la campagne, où je mènerai paître des moutons qui sont à moi . C'est à Lumigny, une terre que j'ai près de Rosay-en-Brie, où je me retire cette année [...] »

3 Discours prononcés à l'Académie française, le lundi 13 avril MDCCLXI à la réception de M. Saurin, 1761 ; dans son discours de réception Saurin défendait la littérature contre ceux qui lui reprochaient de contribuer à la corruption des mœurs . Voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-bernard-joseph-saurin

4 Voir lettre du 8 décembre 1760 à Thieriot : « Votre ouvrage théologico-judéico-rabinico-philosophique est peut-être fort bon mais j'aimerais autant qu'on n'eût pas mis le titre de Berne, et à M. l'oracle des philosophes pour faire croire que c'est moi qui suis le rabin . Heureusement on ne m'y reconnaitra pas . »

et voir lettre du 7 ou 8 mai 1761 à d’Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/15/ce-n-est-pas-assez-de-montrer-qu-on-a-plus-d-esprit-que-les-5788704.html

5 Pour De l'esprit .

 

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18/04/2016 | Lien permanent

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