Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

En vérité la plupart des hommes ressemblent aux moines, qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans le monde que ce

...

 

«  A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è mai 1763 , aux Délices,

Je reçois la lettre et le paquet du 14 de mai, de mes anges. Non vraiment ils ne sont point exterminateurs ; et je les rétablis dans leur titre naturel, et dans leur dignité d’anges sauveurs. Ils ont daigné prendre le seul parti convenable ; je les remercie également de leurs bontés et de leur peine. Il est vrai que vous en aurez beaucoup, mes divins anges, à empêcher que l’Europe ne trouve les querelles pour les billets de confession, et pour une supérieure de l’hôpital 1, extrêmement ridicules. On n’avait parlé de ces misères que pour faire voir combien les plus petites choses produisent quelquefois des événements terribles. Il y a loin d’un billet de confession à l’assassinat d’un roi, et cependant ces deux objets tiennent l’un à l’autre, grâce à la démence humaine. C’était ce qu’il fallait faire sentir dans une histoire qui n’est que celle de l’esprit humain, et, sans cela, on aurait abandonné au mépris et à l’oubli toutes ces petites tracasseries passagères qui ne sont faites que pour le recueil D ou le recueil E 2.

Je vous avoue que je suis un peu étonné des remarques que vous m’avez envoyées . L’auteur de ces remarques semble marquer un peu d’aigreur. Est-il possible qu’il puisse me reprocher de n’avoir pas nommé, dans plusieurs endroits, un conseiller auquel je suis très attaché, et dont je rapporte une belle action 3, quoique étrangère à mon sujet ? Aurait-il fallu que je le nommasse dans ce vaste tableau des affaires de l’Europe, lorsque je ne nomme pas M. le duc de Praslin, à qui nous devons la paix, et que je me contente de dire : deux sages crurent la paix nécessaire, la proposèrent, et la firent 4 ? En vérité la plupart des hommes ressemblent aux moines, qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans le monde que ce qui se passe dans leur couvent.

J’ai peine à concilier ce que dit l’auteur des remarques sur les billets de confession, en deux endroits différents. Au premier, il prétend qu’il n’est pas dans l’exacte vérité  qu’il fallait que ces billets fussent signés par des prêtres adhérant à la bulle, sans quoi point d’extrême-onction, point de viatique. » Et, au second endroit, il dit que « dans les remontrances du parlement on prouvait jusqu’à la démonstration combien il était absurde d’attacher la réception ou l’exclusion des sacrements à un billet de confession. »

Il dit donc précisément ce que j’ai dit, et ce qu’il me reproche d’avoir dit.

Je vois en général, et vous le voyez bien mieux que moi, qu’il règne dans les esprits un peu de chaleur et de fermentation. J’ai été de sang-froid quand j’ai fait cette histoire ; on est un peu animé quand on la critique. Mes anges conciliants ont pris un messo termine 5 dont, encore une fois, je ne peux trop les remercier. Si le parlement brûle le livre, ce sera donc vous qu’il brûlera ; je serais enchanté d’être incendié en si bonne compagnie.

Je tâcherai de servir M. le duc de Praslin dans sa Gazette littéraire 6, qu’il protège. S’il le veut, je ferai moi-même les extraits de tout ce qui paraîtra en Suisse, où l’on fait quelquefois d’assez bonnes choses ; on me gardera le secret ; mais probablement M. l’ambassadeur en Suisse, et M. le résident à Genève, seront plus instruits que je ne pourrai l’être, et mon travail ne serait qu’un double emploi.

Je vous ai dépêché, mes anges, par la poste, sous l'enveloppe de M. de Courteilles, deux exemplaires d'Olympie , dont l'un est pour M. de Thibouville . Mais comme vous m'écrivez sous l'enveloppe de M. de Chauvelin, et que messieurs de la poste m'ont retenu plusieurs paquets sans respecter les adresse, je vous écris aujourd’hui à votre adresse même, M. de Courteilles étant à la campagne ; ayez donc la bonté de me faire savoir comment je dois adresser mes lettres dorénavant .7

Il me semble que les yeux chez un de mes anges et chez moi ne sont pas notre fort . J’en ai vu de fort beaux à l’un des deux anges, et je vois que ceux-là ne perdent rien de leur vivacité.

Toujours à l’ombre de vos ailes.

V. 

N.B. – Je viens de dicter quelques extraits d’ouvrages nouveaux qui ne sont pas indifférents ; je les enverrai à M. de Montpéroux, notre résident, afin qu’il en ait le mérite, si la chose comporte le mot de mérite ; et quand on sera content de cet essai, je continuerai, supposé qu’il me reste au moins un œil. »

2 Il s'agit d'un recueil périodique publié sous le titre Recueil A (B, C, etc.) de 1745 à 1762 , chaque volume portant une marque différente, et fausse ( la première Fontenoy, la seconde Luxembourg, etc.) . Les éditeurs étaient Gabriel-Louis Calabre, Pérau et d'autres personnages . Prault en avait entretenu Voltaire dans une lettre du 1er décembre 1759 ; voir lettre du 7 janvier 1760 à Prault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/17/s-il-se-presente-quelque-occasion-de-vous-marquer-l-envie-ex-5536020.html

3L'abbé de Chauvelin ; voir le Précis du siècle de Louis XV, XXXVII (https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_37 ) ; sur l'auteur des remarques, voir lettre du 23 mai 1763 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-18.html

4Sous une forme ultérieurement amendée, ce passage se trouve dans le même ouvrage, chap. XXXV : « … le duc de Praslin, ministre alors des Affaires étrangères, fut assez habile et assez heureux pour conclure la paix, dont le duc de Choiseul, ministre de la Guerre, avait entamé les négociations. »

5Moyen terme .

6 La Gazette littéraire de l'Europe, qui paraissait chaque semaine, était publiée sous les auspices de Praslin et rédigée par François Arnaud et Jean-Baptiste-Antoine Suard ; le prospectus en fut distribué en juillet 1763, mais le premier numéro ne parut que le 7 mars 1764 . la publication dura trois ans .

7 Ce paragraphe , biffé sur la copie du manuscrit, manque dans toutes les éditions .

Lire la suite

15/05/2018 | Lien permanent

Tout le monde crie dans les rues de Paris, mangeons du jésuite, mangeons du jésuite . C'est dommage que ces paroles soie

... C'est moins grave à Paris qu'à Rome, au Vatican en particulier ! le pape François découpé en tranchettes style prosciutto di Parma, brrr !!

Par contre à Paris, on descend déjà en flammes le nouveau gouvernement, en paroles tirées de cervelles détestables .

 

candide sfar.jpg

Restons optimistes !

 

 

« A Jacob Vernes

[février/mars 1759]

All that is, is right 1. Voilà deux rois assassinés en deux ans 2, la moitié de l'Allemagne dévastée, quatre cent mille hommes massacrés, etc. etc. etc. Quelques curieux disent que les révérends pères de la compagnie de Jésus-Christ ont empoisonné le roi d'Espagne 3, et prétendent en avoir des preuves, ipsi viderint 4. Tout le monde crie dans les rues de Paris, mangeons du jésuite, mangeons du jésuite . C'est dommage que ces paroles soient tirées d'un livre détestable 5 qui semble supposer le péché originel et le chute de l'homme, que vous niez vous autres damnés de sociniens qui niez aussi la chute d'Adam, la divinité du verbe, la procession du Saint Esprit et l'enfer . Nous sommes un peu brouillés pour les odes . Cependant ma rapsodie sera à vos ordres, mais il faudra venir diner quelque jour avec nous, car tout soi-disant prêtre que vous êtes, et tout orthodoxe que je suis, je vous aime de tout mon cœur . Gratias ago du journaliste anglais, c'est un bon vivant . »

1 Tout ce qui est est bien .

3 Ferdinand VI mourra de mélancolie pathologique le 10 août 1759 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_VI_d%27Espagne

4 Eux-mêmes l'ont vu, disent-ils ; Psaumes, CVII, 24 : http://bible.catholique.org/psaumes/8803-psaume-107

Lire la suite

03/04/2014 | Lien permanent

il y a une maladie que vous ne guérirez jamais ; c'est la malice des hommes

...Résultat de recherche d'images pour "la malice des hommes"

https://bibliotheques.caenlamer.fr/Default/search.aspx?SC...

Messieurs les maris consolez-vous de la malice des femmes ...

Sermon en faveur des cocus. |

 

 

« Au professeur Théodore Tronchin

à Genève

21 juillet [1764] 1

Mon cher Esculape il y a une maladie que vous ne guérirez jamais ; c'est la malice des hommes . On a imprimé je ne sais quelle traduction d'une pièce anglaise très peu orthodoxe sous mon nom et sous celui de Genève . Un certain parti que vous connaissez en a fait venir deux ou trois exemplaires pour soulever les esprits contre moi . Dès que j'en ai été averti j'ai dénoncé moi-même au Conseil cette impertinence calomnieuse . Je vous prie de le dire à vos amis afin que les ennemis soient confondus .

Vous avez beau dire que je me porte bien . Soyez très sûr que je me meurs de faiblesse, et peut-être de chagrin . On ne peut être gai quand on est affligé . Tout ce qu'on peut faire c'est de le cacher . Mais je ne cache rien . Je fais gloire surtout de ma tendre amitié pour vous 2.

Je vous supplie de m'éclairer d'un petit mot, chez M. Souchay . Les âmes ont besoin de vous comme les pauvres corps . »

1 L'édition Tronchin B. pense que la lettre se réfère à L'Ecossaise ; Delattre la replace en 1764 . La pièce dont il est question est manifestement Saül, d'où la date .

2 Arrivé ici en fin de page, V* ajoute t.s.v.p.

Lire la suite

13/09/2019 | Lien permanent

j’ai jeté par terre toute l’église pour répondre aux plaintes d’en avoir abattu la moitié

 

duel+arc++lance.jpg

J'ai beau être d'un naturel pacifique (si! je vous l'assure) , hier, pour les beaux reflets d'une médaille, j'ai, les armes à la main accepté deux duels. Comme nous n'allons pas jusqu'à la mort du concurrent au tir à l'arc, je n'ai été que blessé au premier duel et pour compenser j'ai occis ( d'un point durement gagné) mon deuxième adversaire; je dois avouer que celui-ci, je l'ai dans mon colimateur depuis quelque temps . 

Autosatisfaction ? oui ! Et pourquoi pas ? Petit plaisir égoïste ? yes !

C'est la petite récompense de milliers de flèches décochées à l'entrainement et la compensation de cette éternelle insatisfaction d'être imparfait -je ne parle ici que de mon imperfection en temps qu'archer, car pour le reste, vous n'en doutez pas, j'espère, ma perfection est inaltérable ! (N'importe quoi !! ce James, direz-vous, ne va plus pouvoir mettre ni chaussures ni chapeau ? Eclair de lucidité, sauvé,il me reste des godasses de clown et un grand bonnet de nuit ... )chaussure_clown.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

           Mes divins anges, lisez mes remontrances avec attention et bénignité.

 

 

           Considérez d’abord que le plan d’un cerveau n’a pas six pouces de large, et que j’ai pour cent toises au moins de tribulations. Le loisir fut certainement le père des muses ; les affaires en sont les ennemies, et l’embarras les tue. On peut bien, à la vérité, faire une tragédie, une comédie, ou deux ou trois chants d’un poème, dans une semaine d’hiver ; mais vous m’avouerez que cela est impossible dans le temps de la fenaison et de la moisson, des défrichements, et des dessèchements [dont un marais près du château de Ferney], et quand à ces travaux de campagne il se joint des procès, le tripot de Thémis l’emporte sur celui de Melpomène.Je vous ai caché une partie de mes douleurs ; mais enfin, il faut que vous sachiez que j’ai la guerre contre le clergé. Je bâtis une église assez jolie, dont le frontispice est d’une pierre aussi chère que le marbre. EgliseFerney_01.jpgJe fonde une école, et pour prix de mes bienfaits, un curé d’un village voisin [le curé d’Ornex, promoteur de l’évêque d’Annecy, équivalant à un procureur du roi dans les cours ecclésiastiques]qui se dit promoteur, et un autre curé qui se dit official [le curé de Gex, official = juge ecclésiastique nommé par l’évêque ; V* ne reconnaissant pas ces droits, son avocat J.-M. Arnoult l’en détrompa le 15 juin], m’ont intenté un procès criminel pour un pied et demi de cimetière, et pour deux côtelettes de mouton qu’on a prises pour des os des morts déterrés.

 

 

           On m’a voulu excommunier pour avoir voulu déranger une croix de bois [placée vis-à-vis le portail de l’église qu’il  fait bâtir et qui « en déroberait aux yeux toute l’architecture » ; V* est accusé de l’avoir qualifiée de « potence » terme qu’il dit être utilisé par les charpentiers, donc il se serait exprimé en « bon architecte »] , et pour avoir abattu insolemment une partie d’une grange qu’on appelait paroisse.

 

 

           Comme j’aime passionnément à être le maître, j’ai jeté par terre toute l’église pour répondre aux plaintes d’en avoir abattu la moitié. J’ai pris les cloches, l’autel, les confessionnaux, les fonts baptismaux ; j’ai envoyé mes paroissiens entendre la messe à une lieue.

 

 

           Le lieutenant criminel, le procureur du roi sont venus instrumenter, j’ai envoyé promener tout le monde. Je leur ai signifié qu’ils étaient des ânes, comme de fait ils le sont ; j’avais pris mes mesures de façon que M. le procureur général du parlement de Dijon [Louis Quarré de Quintin] leur a confirmé cette vérité. Je suis à présent sur le point d’avoir l’honneur d’appeler comme d’abus, et ce ne sera pas maître Le Dains [auteur du réquisitoire contre le livre de Huerne qui protestait contre l’excommunication de comédiens] qui sera mon avocat. Je crois que je ferai mourir de douleur mon évêque [Deschamps de Chaumont]  s’il ne meurt pas auparavant de gras fondu.

 

 

           Vous noterez, s’il vous plait, qu’en même temps je m’adresse au pape en droiture [Clément XIII], ma destinée est de bafouer Rome, et de la faire servir à mes petites volontés. L’aventure de Mahomet [dédié à Benoit XIV en 1742, qui en fera la louange] m’encourage ; je fais donc une belle requête au Saint-Père, je demande des reliques pour mon église , un domaine absolu sur mon cimetière, une indulgence in articulo mortis, et pendant ma vie une belle bulle pour moi tout seul, portant permission de cultiver la terre les jours de fêtes sans être damné [« après la sainte messe » écrit-il ; « dans ce climat un jour de travail perdu détruit souvent toute l’espérance d’une année » et les paysans qui ne travaillent pas « passent le temps dans la débauche et dans les rixes »]. Mon évêque est un sot qui n’a pas voulu donner au malheureux petit pays de Gex la permission que je demande, et cette abominable coutume de s’enivrer en l’honneur de saints, au lieu de labourer, subsiste encore dans bien des diocèses ; le roi devrait, je ne dis pas permettre les travaux champêtres ces jours là, mais les ordonner. C’est un reste de notre ancienne barbarie, de laisser cette grande partie de l’économie de l’État entre les mains des prêtres.

 

 

           M. de Courteilles vient de faire une belle action, en faisant rendre un arrêt du conseil pour les dessèchements des marais. Il devrait bien en rendre un  qui ordonnât aux sujets du roi de faire croître du blé le jour de saint Simon et de saint Jude, tout comme un autre jour. Nous sommes la fable et la risée des nations étrangères, sur terre et sur mer, les paysans des cantons de Berne, mes voisins, se moquent de moi qui  ne puis labourer mon champ que trois fois, tandis qu’ils le labourent quatre ; je rougis de m’adresser à l’évêque de Rome et non pas à un ministre de France, pour faire  le bien de l’État.

 

 

           Si ma supplique au pape, et ma lettre au cardinal Passionnei sont prêtes au départ de la poste, je les mettrai sous les ailes de mes anges qui auraient la bonté de faire passer mon paquet à M. le duc de Choiseul ; car je veux qu’il en rie et qu’il m’appuie. Cette négociation sera plus aisée à terminer honorablement que celle de la paix [Choiseul depuis la fin 1760 fait mener des négociations secrètes de paix entre Angleterre et France avec l’aide de l’Espagne].

 

 

           Je passe du tripot de l’Église à celui de la comédie. Je croyais que frère Damilaville et frère Thiriot s’étaient adressés à mes anges, pour cette pièce qu’on prétend être d’après Jodelle [Le Droit du Seigneur], et qui est certainement d’un académicien de Dijon [V* est académicien de Dijon]; ils ont été si discrets qu’ils n’ont pas jusqu’à présent osé vous en parler. Il faudra pourtant qu’ils s’adressent à vous et que vous les protégiez très discrètement sous main, sans vous cacher visiblement.

 

 

       Je ne saurais finir de dicter cette longue lettre sans vous dire à quel point je suis révolté de l’insolence absurde et avilissante avec laquelle on affecte encore de ne plus distinguer le théâtre de la Foire, du théâtre de Corneille, et Gilles, de Baron. Cela jette un opprobre odieux sur le seul art qui puisse mettre la France au dessus des autres nations, sur un art que j’ai cultivé toute ma vie aux dépens de ma fortune et de mon avancement. Cela doit redoubler l’horreur de tout homme pour la superstition et la pédanterie ; j’aimerais mieux voir les Français imbéciles et barbares comme ils l’ont été douze cents ans, que de les voir à demi éclairés. Mon aversion pour Paris est un peu fondée sur ce dégoût. Je me souviens avec horreur qu’il n’y a pas une de mes tragédies qui ne m’ait suscité les plus violents chagrins ; il fallait tout l’empire que vous avez sur moi, pour me faire rentrer dans cette détestable carrière. Je n’ai jamais mis mon nom à rien, parce que mettre son nom à la tête d’un ouvrage est ridicule, et on s’obstine à mettre mon nom à tout, c’est encore une de mes peines.

 

 

           J’ajouterai que je hais si furieusement maître Omer [Omer Joly de Fleury qui a fait suspendre l’Encyclopédie, condamner le Poême sur la Loi naturelle par le parlement,…]que je ne veux pas me trouver dans la même ville où ce crapaud noir croasse. Voilà mon cœur ouvert à mes anges ; il est peut-être un peu rongé de quelques gouttes de fiel, mais vos bontés y versent mille douceurs.

 

 

           Encore un mot ; cela ne finira pas de si tôt. Permettez que je vous adresse ma réponse à une lettre de M. de Nivernais [qui a souscrit à l’édition de la critique de V* sur Corneille]. L’embarras d’avoir les noms des souscripteurs pour les œuvres de l’excommunié et infâme Pierre Corneille [encore allusion au réquisitoire du batonnier Daims], ne sera pas une de nos moindres difficultés ; il y en a à tout. Ce monde-ci n’est qu’un fagot d’épines.

 

 

           Vous n’aurez pas aujourd’hui ma lettre au pape, mes divins anges. On ne peut pas tout faire.

 

 

           Je vous conjure d’accabler de louanges M. de Courteilles pour la bonne action qu’il a faite de me rendre un arrêt qui desséchera nos vilains marais.

 

 

           Voilà une lettre qui doit terriblement vous ennuyer. Mais j’ai voulu vous dire tout.

 

 

           Mme Denis et la pupille [Marie-Françoise Corneille] se joignent à moi.

 

 

           V.

           21 juin 1761. »

 

 

Petit lien sur "stance sur le retanchement des festes en 1666" : http://www.textesrares.com/poesie/b6_245.htm

 

Lire la suite

22/06/2009 | Lien permanent

j'édifie plus que je ne détruis ( je parle d'édifice et non d'édification), et je plante plus que je n'arrache

...

Union libre ...

 DSCF2166 j édifie.png

 

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Aux Délices, 10 décembre 1758 1

J'ai l'honneur, monsieur d'être à vos ordres demain matin à Tournay ; je vous offrirai des œufs et du fromage de Ferney ; j'espère que nous reviendrons coucher à l'ermitage des Délices .

Ne soyez en peine ni de votre château ni de votre forêt ; j'édifie plus que je ne détruis ( je parle d'édifice et non d'édification), et je plante plus que je n'arrache . Mais vous savez qu'un Suisse ne peut être gêné . M. Tronchin s'est bien trouvé de m'avoir laissé la bride sur le cou . Il y a un article qu'il faudra expliquer, c'est celui des troupeaux qui vous resteront à ma mort . Vaches et moutons avec le chien, oui ; mais bœufs et chevaux , non 2. La raison est que j'aurai probablement un haras à Tournay et que les bœufs qui exploiteront la terre seront ceux de Ferney, qui sont au nombre de seize . Je deviens patriarche . Si vous vous fiez à moi, vous y gagnerez , si vous vous défiez, vous y perdrez . Mais vous ne perdrez jamais les sentiments qui m'attachent à vous .

V. »

1 Réponse à la lettre du 27 novembre de de Brosses : « De M. le président de BROSSES

A Montfalcon, le 27 novembre [1758].

Comme notre droit féodal, monsieur, est tant soit peu barbaresque, il ne se déduit pas si bien que la jurisprudence papinienne des principes de la droite raison éternelle et universelle, surtout dans les points où les premières pierres, n'étant pas posées bien droit, les conséquences gauchissent de plus en plus quand le cas devient anomal et singulier comme celui-ci. Il n'y a rien de prévu par la loi pour les ventes à vie, chose très inconnue autrefois et dont l'usage ne s'est introduit que depuis fort peu de temps. La règle générale de notre pays savoyard est que les lods sont dus ex translalione dominii per emptionena. L'usage pour les ventes à réachat, auxquelles les ventes à vie pourraient s'équiparer, est que le lod est dû de la première vente, et non du retrait, parce que, disent les docteurs, est resolulio et distractus, potius quam contractus. Concluez de là que les princes, à qui vous êtes las de faire des libéralités, ne manqueront pas de prétexte pour vous demander, et que vous aurez à leur répondre que vous n'avez rien à leur offrir, puisque ce n'est qu'une vente d'usufruit, où il manque translalio dominii et proprietatis; que, dans le réachat ordinaire, l'aliénation est certaine et le retour incertain, car il n'est que faculté et peut n'avoir jamais lieu, au lieu qu'il est certain et de nécessité dans la vente viagère. Mais à quoi bon laisser matière à contestation ? Il ne faut jamais avoir d'affaire où l'on soit défendeur, c'est le mauvais rôle. Pourquoi ne vous en pas tenir au plan projeté d'un bail apparent suivi d'une vente réelle ? Ne serez-vous pas parfaitement le maître chez vous et sans embarras, quand, deux jours après le bail à ferme, nous passerons un acte de vente où il sera rescindé du consentement de toutes les parties et converti en vente viagère? N'ayez pas peur pour votre acquisition. Je vous puis assurer que vous ne risquez rien. D'ailleurs il ne me serait pas possible d'adopter aucune formule publique qui pût mettre en risque les franchises de ma terre, qui se perdraient par aliénation à un Français; et vous avez à ceci le même intérêt que moi.

Or sus, tant sur cet article-ci que sur beaucoup d'autres, on s'égosille à parler de loin, et l'on ne termine rien. Il faut faire en sorte de nous voir. Nous en dirons plus en une demi-heure qu'en cent pages. J'attends ici, sur la fin de la semaine, un ecclésiastique de mes amis, fort honnête évêque [Courtois de Quincy ; voir page 373 : http://books.google.fr/books?id=oXUTAAAAQAAJ&pg=PA373&lpg=PA373&dq=Courtois+de+Quincy&source=bl&ots=9gDMQYHqj8&sig=qTc5AojWHF9a8aIHFwbOsNe54Bk&hl=fr&sa=X&ei=NTG6Uo7LMaev0QWzxoCIDg&ved=0CE8Q6AEwBw#v=onepage&q=Courtois%20de%20Quincy&f=false

et page 165 : http://books.google.fr/books?id=DD-JW9LnpDEC&pg=PA165&lpg=PA165&dq=Courtois+de+Quincy&source=bl&ots=u6nIbtCbnI&sig=kdSvNsHTEbldT7cMQ6pTBdwcql0&hl=fr&sa=X&ei=NTG6Uo7LMaev0QWzxoCIDg&ved=0CDYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Courtois%20de%20Quincy&f=false]. Voulez-vous que j'aille avec lui jusqu'à Belley ? Voulez-vous avoir la bonté d'y venir passer 24 heures ? Nous en ferons l'île de la Conférence; et je m'assure qu'en un moment nous aurons tout réglé et terminé de fort bonne grâce beaucoup mieux probablement que nous ne ferions sur la place même, dans un pays, soit dit entre nous, de grand bavardage. Je serai à Belley au milieu de la semaine prochaine, vers le mardi. Faites-moi l'honneur de m'y écrire sans aucun retard un petit mot à l'évêché pour m'apprendre votre résolution. Vous ne doutez pas de l'empressement extrême que j'aurais de vous voir, de vous embrasser, de finir avec vous une affaire qui nous mettrait encore plus en liaison. De votre côté, vous ne serez pas fâché de faire connaissance avec un voisin homme d'esprit et de beaucoup de mérite . A demain donc les affaires, disait le roi Antigone. Mais. tous les jours de ma vie, elle vous est entièrement dévouée par tous les sentiments imaginables d'estime et d'attachement.

Vous me mettez en colère contre l'ennemi qui a suscité ce maudit Chouet pour semer de l'ivraie dans mon champ admirable, où il n'a jamais crû du blé que pour les élus. L'ivrogne qu'il est n'a donc pas assez de s'enivrer de mon vin, il veut encore s'enivrer de mon blé. »

Voir la correspondance V*/de Brosses : http://books.google.fr/books?id=C6bPerPXMYsC&pg=PA42&lpg=PA42&dq=je+plante+j%27%C3%A9difie&source=bl&ots=bISYG82VCj&sig=KdkHj3lJOygqbCSg84A-MIVyYoc&hl=fr&sa=X&ei=UTO6UtL-M82d0wWJpYDQAQ&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=je%20plante%20j%27%C3%A9difie&f=false

2 Le lendemain, 11 décembre 1758 ; V* signera le contrat suivant avec de Brosses : « BAIL A VIE DE LA TERRE DE TOURNAY

L'an mil sept cent cinquante-huit, et le onze décembre après midi, par devant le notaire royal au bailliage de Gex, soussigné; et en présence des témoins ci-après nommés, fut présent haut et puissant seigneur messire Charles de Brosses, baron de Montfalcon, président à mortier au parlement de Bourgogne, demeurant à Dijon, lequel a par ces présentes remis à titre de bail à vie, avec promesses de faire jouir, à commencer le vingt-deuxième février prochain, à messire François-Marie Arouet de Voltaire, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, demeurant aux Délices-sur -Saint-Jean, ici présent et acceptant : assavoir le château, terre et seigneurie de Tournay, granges, écuries, prés, terres, vignes hautes et basses, bois, la forêt, droits seigneuriaux honorifiques, la dime en dépendant, les censives et droits seigneuriaux dus et relevant du château de Tournay, auquel effet le terrier dudit Tournay lui sera remis ledit jour pour les exiger; pour être par lui rendu à l'expiration de sa jouissance, le troupeau de vaches tel qu'il a été remis au fermier actuel, pour en rendre pareil nombre et valeur suivant l'estimation qui en sera faite par experts; tous les meubles et effets d'agriculture et futailles; comme encore tous les meubles meublants qui sont dans le château; toutes lesquelles choses seront remises ledit jour vingt-deux février prochain audit sieur preneur, qui s'en chargera sur un état et inventaire à double, dans lequel sera spécifiée la quantité de foin et de paille qui se trouveront dans les granges, et aussi la quantité de terres ensemencées, pour être rendu par ledit sieur preneur à la fin de sa jouissance au même état, auquel temps tous les meubles et effets qui se trouveront dans lesdits bâtiments sans exception appartiendront audit seigneur de Brosses en propriété.

M. de Voltaire aura la faculté de faire dans les bâtiments et fonds les changements qui lui conviendront, au moyen de quoi il restera chargé de toutes réparations, tant dans lesdits bâtiments que dans les fonds, et de rendre le tout en bon état. M. de Voltaire aura la pleine jouissance de la forêt de Tournay, et des bois qui SONT SUR PIED et non vendus, de laquelle il usera en bon père de famille sans la détruire; c'est-à-dire en y laissant par chaque pose, l'une portant l'autre, soixante arbres de ceux qui sont sur pied, et elle sera mise en défense pour croître en taillis.

Ce bail fait moyennant la somme de trente-cinq mille livres, qui ont été payées présentement par ledit sieur preneur, en lettres de change sur Lyon, payables la moitié en payement des Saints, et l'autre moitié en payement des Rois, dont ledit seigneur de Brosses tient quitte ledit sieur preneur. Et en outre M. de Voltaire promet et s'oblige de faire dans lesdits bâtiments, granges, fossés, jardins, écuries, en constructions, grosses réparations et améliorations de toute espèce, avenues, chemins, haies autres que celles d'entretien ordinaire, pendant le cours de sa jouissance, soit pour l'utilité, soit pour l'agrément, jusques à concurrence de la somme de douze mille livres, comme faisant ladite somme partie du prix du présent bail, suivant la reconnaissance et estimation par experts, relativement aux livres de dépense dudit sieur preneur, et ledit emploi des douze mille livres ne sera point exigible si ledit sieur preneur venait à décéder dans les trois premières années, et sans répétition néanmoins de ce qui se trouvera fait. Ledit seigneur de Brosses s'engage à ne faire couper aucun arbre dans ladite forêt, à la réserve de huit chênes vendus à un tonnelier de Genève, qui sont encore sur pied, et ce à compter de ce jour.

Le revenu annuel de ladite terre ayant été estimé être de la somme de trois mille cinq cents livres. Tout ce que dessus ainsi convenu entre lesdites parties, qui ont promis l'exécuter respectivement, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, obligation de biens.

Fait, lu et prononcé au château de Ferney, en présence de Bernard et Jacques Brillon frères, laboureurs, demeurant audit Ferney, témoins qui ont signé avec les parties, et moi dit notaire.

Signé sur la minute BROSSES, DE VOLTAIRE, Jacques Brillon, Bernard Brillon, et Girod, notaire.

Contrôlé à Gex, le quinzième décembre 1758 reçu quatre-vingt-six livres huit sols. Signé: Rods.

Par expédition audit seigneur de Brosses,

GIROD »

Après le décès de V* :

« Marc Duval, conseiller du roi, lieutenant général au bailliage de Gex, certifions que M. Girod, qui a reçu, expédié et signé l'acte ci-devant, est notaire royal en ce bailliage, et que foi doit y être ajoutée en jugement et dehors. En témoin, nous avons donné les présentes sous le sceau de ce bailliage, de nous signées à Gex, en notre hôtel, ce six juin mil sept cent soixante-dix-huit.

DUVAL »

 

 

 

Lire la suite

24/12/2013 | Lien permanent

à l'âge de soixante-et-onze ans, malade et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente

 

 

http://www.deezer.com/fr/#music/thetonkuenstler-ensemble-...

http://www.deezer.com/listen-3459671

Dédié à Ludovic, un de mes fils : http://www.deezer.com/listen-1888387

http://www.deezer.com/listen-730566

 

 

 

«A Jean Le Rond d'Alembert

 

19 octobre [1764]

 

Non, vous ne brairez point, mon cher et grand philosophe, mais vous frapperez rudement les Welches qui braient [i]. Je vous défie d'être plus indigné que moi de la maligne insolence de ces malheureux qui, dans leurs Lettres sur l'Encyclopédie [ii], vous ont attaqué si mal à propos , si indignement et si mal. Je voudrais bien savoir le nom de ces ennemis du sens commun et de la probité. Ils sont assez lâches pour réimprimer , à la fin de leur livre, les arrêts du Conseil contre l'Encyclopédie [iii]. Par là, ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution ; et, s'ils étaient les maîtres, il est sûr qu'ils verseraient le sang des philosophes sur les échafauds.

 

Vous souvenez-vous en quels termes s'exprima Omer dans son réquisitoire [iv]? On l'aurait pris pour l'avocat général de Dioclétien et de Galerius : on n'a jamais joint autant de violence à autant de sottise. Il prétendait que , s'il n'y avait pas de venin dans certains articles de l'Encyclopédie, il y en aurait certainement dans les articles qui n'étaient pas encore faits. Les renvois indiquaient visiblement les impiétés des derniers volumes ; au mot Arithmétique, voyez Fraction ; au mot Astre la religion chrétienne serait renversée : voilà la logique d'Omer.

 

Votre intérêt , celui de la vérité, celui de vos frères ne demande-t-il pas que vous mettiez dans tout leur jour ces turpitudes, et que vous fassiez rougir notre siècle en l'éclairant?

 

Il vous serait bien aisé de faire quelque bon ouvrage sur des points de philosophie , intéressants par eux-mêmes, qui n'auraient point l'air d'être une apologie ; car vous êtes au-dessus d'une apologie. Vous exposeriez au public l'infamie de ces persécuteurs ; vous ne mettriez point votre nom, mais ils sentiraient votre main, et ils ne s'en relèveraient pas [v]. Permettez-moi de vous parler encore de ce Dictionnaire portatif ; je sais bien qu'il y en a peu d'exemplaires à Paris, et qu'ils ne sont guère qu'entre les mains des adeptes . J'ai empêché jusqu'ici qu'il n'en entrât davantage, et qu'on ne le réimprimât à Rouen [vi]; mais je ne pourrai pas l'empêcher toujours. On le réimprime en Hollande. Vous me demandez pourquoi je m'inquiète tant sur un livre auquel je n'ai aucune part [vii]. C'est qu'on me l'attribue ; c'est que, par ordre du roi, le procureur général prépare actuellement un réquisitoire [viii]; c'est qu'à l'âge de soixante-et-onze ans, malade et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente ; c'est qu'enfin je ne veux pas mourir martyr d'un livre que je n'ai pas fait. J'ai la preuve en main que M. Polier, premier pasteur de Lausanne, est l'auteur de l'article Messie ; ainsi c'est la pure vérité que ce livre est de plusieurs mains [ix], et que c'est un recueil fait par un libraire ignorant.

 

Par quelle cruauté a-t-on fait courir sous mon nom, dans Paris, quelques lignes de cet ouvrage ? Enfin, mon cher maître, je vous remercie tendrement d'élever votre belle voix contre celle des méchants. Je vous avertis que je serai très fâché de mourir sans vous revoir.

 

N.B.- Un abbé d'Estrées, jadis confrère de Fréron, a donné un Portatif au procureur général.[x]


i D'Alembert promettait à la fin de sa lettre du 10 octobre de crier que le Dictionnaire philosophique n'est pas de V* : « ... soyez tranquille, comptez que je vais braire comme un âne, mais à condition que vous ne me reprocherez pas d'avoir pris des précautions pour empêcher les ânes de braire après moi. »

 

ii Lettres sur l'Encyclopédie, pour servir de supplément aux sept volumes de ce dictionnaire, de l'abbé Jean Saas, 1764

http://www.jstor.org/pss/382002

http://books.google.be/books?id=jot8gc-j8AwC&pg=PA289...

 

V* tente de lier son sort à celui des encyclopédistes ; le 29 septembre à Damilaville : « Rien ne serait plus dangereux pour l'Encyclopédie que l'imputation d'un Dictionnaire philosophique à un homme qui a travaillé quelquefois pour l'Encyclopédie même. Cela réveillerai la fureur des Chaumeix, et le Journal chrétien ferait beau bruit. Je me flatte que Protagoras me défendra vivement contre la calomnie » ; le 19 octobre : « Les Encyclopédistes doivent sentir qu'on ira du Portatif à eux. »

http://c18.net/dp/dp.php?no=627

 

iii Arrêts de janvier et février 1759.

iv Réquisitoire du 23 janvier 1759 d'Omer Joly de Fleury devant le parlement.

Page 89 :

http://books.google.be/books?id=areMCQS9AGMC&pg=PA89&...

 

 

v Le 12 octobre, V* lui demande de « fournir un ou deux articles pour la nouvelle édition du Dictionnaire philosophique. »

vi Chez Besongne.

Chercher « besongne » dans :

http://www.gedhs.ulg.ac.be/ebibliotheque/articles/droixhe...

 

vii Le 10 octobre, d'Alembert : « Vous me paraissez ... bien alarmé pour peu de chose ... quelle preuve a-t-on que vous soyez l'auteur ...? » Le duc de Choiseul, non dupe, lui écrira d'être tranquille.

viii Le 12, à d'Alembert : « On en a déjà parlé au roi comme d'un livre dangereux, et le roi en a parlé sur ce ton au président Hénault. » Cf. lettre à d'Argental du 20 octobre.

ix Toujours le 12, à d'Alembert : « L'article Apocalypse est tout entier M. Abauzit ... Messie est tout entier de M. Polier, premier pasteur de Lausanne . Il envoya ce morceau avec plusieurs autres à Briasson, qui doit avoir encore l'original. Il était destiné à l'Encyclopédie. Enfer est en partie de l'évêque de Glocester Warburton... » ; ce même jour, à Damilaville : « ... l'original est entre mes mains et on en avait envoyé une copie ... aux libraires de l'Encyclopédie. »

http://www.voltaire-integral.com/Html/20/messie.htm...

http://www.voltaire-integral.com/Html/18/enfer.htm

http://www.voltaire-integral.com/Html/17/apocalypse.htm...

 

 

x « autrefois associé avec Fréron » ; sur d'Estrées, cf. lettre du 19 octobre à Damilaville et celle du 20 à d'Argental.

Lire la suite

18/10/2010 | Lien permanent

mon cher camarade, je peux vous répondre que vous ne serez jamais soupçonné d'une infidélité, à moins que ce ne soit ave

... Mon cher Wolinski !

On se fait un sang d'encre ...

 lestes-promptes-au-badinage-les-femmes-de-wolinski-sont-toujours-court-vetues-voire-carrement-nues-1.jpg

 

« A Étienne DARGET 1
Aux Délices, 7 janvier 1760 2
Mes pauvres yeux sont les très-humbles serviteurs des vôtres, mon cher et mon ancien camarade des bords de la Sprée; je commence à perdre les joies de ce monde, comme disait cet aveugle à Mme de Longueville, qui le prenait pour un châtré; je commence à croire que la poésie n'a jamais fait que du mal, puisque celles dont vous me parlez vous ont attiré de si énormes tracasseries ; mais je vous jure que vous n'auriez rien à craindre quand même on imprimerait à Paris ce qui a déjà été imprimé ailleurs; je n'ai jamais entendu parler d'une Mme d'Artigny 3. Il vint chez moi, il y a environ deux mois, un prétendu marquis en... il , qui prétendait avoir des compliments à me faire du roi de Prusse ; ce marquis, étant à pied et n'ayant nulle lettre de recommandation, ne parvint pas jusqu'à moi. Il dit qu'il avait des choses importantes à me communiquer. Pour réponse, je lui fis donner une pistole, et je n'en ai pas entendu parler depuis. Il est difficile que ce marquis ait transcrit sous l'abbé de Prades le livre des poëshies du roi mon maître 4; attendu que le roi mon maître m'a mandé qu'il avait fourré, il y a deux ans, l'abbé de Prades à la citadelle de Magdebourg 5. En tout cas, mon cher camarade, je peux vous répondre que vous ne serez jamais soupçonné d'une infidélité, à moins que ce ne soit avec quelques damoiselles.
Le philosophe de Sans-Souci n'est pas sans souci ; cependant il m'envoie toujours des cargaisons de vers avant de donner bataille, et après l'avoir donnée ; et avant Maxen, et pendant Maxen, et après Maxen; et dans ces vers il y a toujours de l'esprit, et un fond de génie. Je suis toujours honteux d'être plus heureux que lui, et, révérence parler, je ne troquerais pas le château que j'ai fait bâtir à Ferney contre celui de Sans-Souci ; la liberté et la plus belle vue du monde sont deux choses qu'on ne rencontre pas dans tous les châteaux des rois. J'aurais bien voulu que vous fussiez venu dans nos tranquilles retraites avec Mme de Bazincour 6: elle aurait été charmée d'avoir un tel écuyer, et je vous aurais bien fait les honneurs de mon petit royaume de Catai. Je visais toujours à une retraite agréable, lorsque nous étions dans la ville des géants ; mais je n'osais en espérer une aussi charmante. J'ai avec moi un homme de lettres qui s'est fait ermite dans mon abbaye 7, la sœur Bazincourt, la prieure Denis, un neveu qui a pris l'habit ; bonne compagnie vient dîner, souper et coucher dans le monastère. Si vous étiez homme à y venir passer quelque temps en retraite nous dirions notre office très- gaiement. Je ne sais si vous savez que le véritable roi mon maître, le roi très-bien aimé de moi chétif, a daigné, par un beau brevet, rendre mes terres que j'ai en France, sur la frontière, entièrement franches et libres ; c'est un droit qu'elles avaient autrefois, et que Sa Majesté a daigné renouveler en ma faveur, de sorte que mes monastères sont obligés de prier Dieu pour lui, ce que nous faisons très-ardemment. C'est une grâce que je dois à M. le duc de Choiseul, et à Mme la marquise de Pompadour. Par ma foi, cela vaut mieux que d'être chambellan. Ne m'oubliez pas auprès de M. Duverney, je vous en supplie, et dites-lui que je lui serai attaché jusqu'à la mort : car, tout moine que je suis, je ne suis pas ingrat.
Ihr treue Diener, georsam Diener 8, qui ne mourra pas entre deux capucins 9.
Voltaire »

 

1 Darget, Claude-Étienne (1712-1778), conseiller privé et secrétaire de Frédéric II . Voir page 377 la lettre de Choiseul au directeur de la librairie  : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-208006&I=380&M=tdm

 

2 Dans l'édition de Baie, d'où elle est tirée, cette lettre est datée du 7 janvier 1759. Or la franchise des terres de Voltaire ne lui fut accordée qu'en mai 1759 (voyez lettre du 3 juin 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/21/ma-modestie-m-a-perdu-je-n-ai-pas-eu-la-temerite-de-parler-d-5414546.html ) ; ce ne fut qu'en juillet 1759 que Maupertuis mourut entre deux capucins . Enfin le combat de Maxen est du 20 novembre 1759.

 

3 Darget avait reçu une lettre signée « d'Artigni », apparemment d'une main féminine, l'avertissant que les œuvres de Frédéric II étaient en cours d’impression à Paris ; voir « Frédéric II poète et la censure française » de V. Lemoine et A. Lichtenberger, Revue de Paris du 15 janvier 1901 .

 

4 Allusion au fameux recueil réclamé par Schmid (ce « faquin de Schmitt » dit V* dans la lettre suivante ) à V* lors du passage et l’arrestation à Francfort . Sa publication en 1759 pose des problèmes bibliographiques complexes . Il existe au moins une douzaine d'éditions des poèmes de Frédéric II datées de 1760, les unes « Au donjon du Château », à Potzdam, Berlin, Francfort, Neuchâtel, avec pour titre Œuvres du philosophe de Sans Souci ; les autres sous le titre de Poésies diverses, à Berlin (3 éditions différentes) , Glogau, Paris, Lyon, Amsterdam ; et la liste st probablement incomplète . Dans une lettre du 18 février 1760 à Thieriot V* laisse entendre qu'il ne connait qu'une édition de Lyon . Elle fut publiée par Jean-Marie Bruyamment ( voie lettre du 16 février 1760 à Ami Camp) qui en avait probablement acheté le manuscrit à Hyacinthe de Bonneville : l'un et l'autre furent mis en prison à Pierre-Encise le 6 février . La meilleur étude sur ce problème est de loin celle de Moriz Türk, « Voltaire und die Veröffenlichung des Gedichte Friedrichs des Grossen », Forschungen zur brandenburgischen und preussischen Geschichte, XIII, I, 49-73 , 1900 .

 

5 V* l'avait appris par une lettre de Thieriot du 27 décembre 1759 ; Thieriot, qui parlait d'ailleurs de Shandau (Spandau ?) et non de Magdebourg avait pu être informé par Darget .

 

 

 

8 Votre fidèle et obéissant serviteur, dans un allemand approximatif ; il faut lire Ihr treuer, gehorsamer Diener

 

 

Lire la suite

15/01/2015 | Lien permanent

Je vous embrasse, et vous prie de me mettre aux pieds de Leurs Altesses Électorales

... Il se peut qu'un jour les électeurs soient considérés comme des princes par les candidats à la présidence de leurs partis tant l'abstention est importante régulièrement . Wauquiez  ne fait pas l'unanimité, et heureusement, et si c'est lui que choisit la Droite (qui penche vers l'extrême Droite) , je lui vois un avenir déglingué ; voir : http://www.20minutes.fr/dossier/laurent_wauquiez

 Image associée

Va voter !

 

« A Cosimo Alessandro Collini

Ferney, 11 janvier [1763]1

Voici enfin Olympie, telle que j'ai pu la faire après bien des soins . Elle n'était encore digne ni de S. A. E. , ni de l'impression quand je vous l'envoyai . Je souhaite mon cher Collini que l'édition par vous projetée 2 vous procure quelque avantage . Les remarques à la fin de l'ouvrage sont assez curieuses .

Je vous embrasse, et vous prie de me mettre aux pieds de Leurs Altesses Électorales .

V. »

1 Date complétée par Collini sur l'original .

Lire la suite

27/11/2017 | Lien permanent

Je donnai, monsieur, ces jours passés, à ma nièce, un petit mémorandum , pour la faire souvenir de vous demander une pet

... "Fermez-la et cassez-vous !!!" dixit Marine ut Eric .

 

« Au chevalier Pierre de Taulès

A Ferney, 3 novembre [1766] 1

Je donnai, monsieur, ces jours passés, à ma nièce, un petit mémorandum 2, pour la faire souvenir de vous demander une petite grâce dont j'avais besoin . Il s'agissait de vérifier une date ; au lieu de vous prier de vouloir bien lui dire la date, qu'elle aurait pu oublier, elle vous laissa mon petit billet . Je ne voulais que savoir précisément la date des lettres de Venise que vous avez entre les mains . C'est vous qui aviez eu la bonté de m'en procurer une copie ; je l'ai prêtée et on ne me l’a pas encore rendue . Au moins Mme Denis vous a dit combien je vous suis attaché ; quoique vous ayez eu la cruauté de m'écrire que vous étiez avec respect, j'ai la justice moi d'être , avec respect et malgré cela avec sincérité, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V.

Voulez-vous mieux, monsieur, avoir la bonté de me mettre aux pieds de Son Excellence ? M. Thomas ne sera-t-il pas de l'Académie ? »

1 Dans l'édition Taulès, cette lettre est imprimée par erreur après celle du 6 .

Lire la suite

03/02/2022 | Lien permanent

Je donne d'assez bon vin de Beaujolais à mes convives de Genève mais je bois en cachette le vin de Bourgogne

... Ce qui n'est que justice car les Genevois produisent un vin style décap'four et le moindre beaujolais leur semble un nectar . Le bourgogne est fort bon pour notre malicieux Volti, et trop bon pour des palais helvétiques dénaturés .

Bon , en toute vérité, de nos jours il existe quelques bons vins suisses, chers . La Suisse ne fait pas que drainer les fortunes de tous points du monde, elle importe aussi en grande quantité des vins français, grand bien lui fasse .

Tchin tchin !

Sanntéée gaaaillaard !

bourgogne.png

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel LE BAULT

 

conseiller du parlement de Dijon

 

Aux Délices 12 octobre [1757]

 

 

 

Plus je vieillis, monsieur, plus je sens le prix de vos bontés . Votre bon vin me devient nécessaire . Je donne d'assez bon vin de Beaujolais à mes convives de Genève mais je bois en cachette le vin de Bourgogne . Je passe mon hiver à Lausanne où j'userai du même régime . Je voudrais bien séparer en deux vos bienfaits moitié pour Lausanne moitié pour Genève . Ne pourriez-vous pas à votre loisir m'envoyer , ou deux petites pièces à mon commissionnaire de Nyon , ou des paniers de bouteilles ? Comme je ne suis pas absolument pressé vous aurez tout le temps de vous déterminer . Mon commissionnaire de Nyon s'appelle Mme Scanavin, ce qui originairement voulait dire sac à vin .

 

Quant à mon expérience de physique d'avoir de belles vignes dans mon vilain terrain, je fais arracher actuellement mes ceps hérétiques pour recevoir vos catholiques . Vous savez que ce n'est qu’un essai et un amusement . Je vous remercie monsieur de daigner vous y prêter . Tout ce que je souhaite c'est que vous veniez quelque jour boire du vin que vous aurez fait naitre dans ma petite retraite .

 

Ma nièce et moi vous présentons nos respects à Mme Le Bault et j'ai l'honneur d'être avec les mêmes sentiments

 

Monsieur

 

votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire. »

 

Lire la suite

06/01/2013 | Lien permanent

Page : 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270