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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne sais quels faux rapports ont pu m’attirer tant d’aigreur de votre part

... Tel peut être le bilan de la popularité du président lors de son discours de voeux ce soir . Qu'il se rassure, il y a autant, ou peut-être plus de vérités que de fausses nouvelles pour étayer l'impopularité liée à sa fonction et sa manière d'agir . Même De Gaulle le héros s'est fait jeter, les Gaulois sont comme ça, illogiques et râleurs, trop cons pour être des gens : https://www.fluideglacial.com/bd/reuze/faut_pas_prendre_l...

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« A Jean-Pierre Biord

A Ferney 29è avril 1768

Monseigneur,

Votre seconde lettre 1 m’étonne encore plus que la première. Je ne sais quels faux rapports ont pu m’attirer tant d’aigreur de votre part. On soupçonne beaucoup un nommé Ancian, curé du village de Moëns qui eut un procès criminel au parlement de Dijon en 1761, procès dans lequel je lui rendis service, en portant les parties qui le poursuivaient à se contenter d’un dédommagement de quinze cents livres, et du paiement des frais 2.

On prétend que l’official de Gex se plaint de ce que les citoyens contre lesquels il plaide pour les dîmes se sont adressés à moi. Il est vrai qu’ils m’ont demandé mes bons offices ; mais je ne me suis point mêlé de cette affaire, attendu que l’Église étant mineure, il est malheureusement difficile d’accommoder un tel procès à l’amiable. J’ai transigé avec mon curé dans un cas à peu près semblable ; mais c’est en lui donnant beaucoup plus qu’il ne demandait : ainsi je ne puis le soupçonner de m’avoir calomnié auprès de vous.

Pour les autres procès entre mes voisins, je les ai tous assoupis : je ne vois donc pas que j’aie donné lieu à personne, dans le pays de Gex, de vous écrire contre moi . Je sais que tout Genève accuse l’aumônier du Résident 3, dont j’ignore le nom, d’écrire de tous côtés, de semer partout la calomnie ; mais à Dieu ne plaise que je lui impute de faire un métier si infâme, sans avoir les preuves les plus convaincantes ! Il vaut mieux mille fois se taire et souffrir, que de troubler la paix par des plaintes hasardées.

Mais en établissant cette paix précieuse dans mon voisinage, j’ai cru, depuis longtemps, devoir me la procurer à moi-même. Messieurs les syndics des États du pays, les curés de mes terres, un juge civil, un supérieur de maison religieuse, étant un jour chez moi, et étant indignés des calomnies qu’on croyait alors répandues par le curé Ancian, pour prix de l’avoir tiré des mains de la justice, me signèrent un certificat qui détruisait ces impostures 4. J’ai l’honneur , Monseigneur, de vous envoyer cette pièce authentique, conforme à l’original. J’en envoie une autre copie à M. le premier président du parlement de Bourgogne, et à monsieur le procureur général, afin de prévenir l’effet des manœuvres qui auraient pu surprendre votre candeur et votre équité. Vous verrez combien il est faux que les devoirs dont il est question n’aient été remplis que cette année. Vous serez indigné, sans doute, qu’on ait osé vous en imposer si grossièrement.

Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui ont osé ourdir cette trame odieuse. Je me borne à les empêcher de nuire, sans vouloir leur nuire jamais, et je vous réponds bien que la paix, qui est mon perpétuel objet, n’en sera point altérée dans mes terres.

Les bagatelles littéraires n’ont aucun rapport avec les devoirs du citoyen et du chrétien . Les belles-lettres ne sont qu’un amusement. La bienfaisance, la piété solide et non superstitieuse, l’amour du prochain, la résignation à Dieu, doivent être les principales occupations de tout homme qui pense sérieusement. Je tâche, autant que je puis, de remplir toutes ces obligations dans ma retraite, que je rends tous les jours plus profonde. Mais ma faiblesse répondant mal à mes efforts, je m’anéantis encore une fois, avec vous, devant la providence divine, sachant qu’on n’apporte devant Dieu que trois choses qui ne peuvent entrer dans son immensité, notre néant, nos fautes, et notre repentir.

Je me recommande à vos prières autant qu’à votre équité.

J’ai l’honneur d’être avec respect,

monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi très chrétien. ».

1 L'évêque avait répliqué le 26 Avril. (Georges .Avenel.)

Voir : https://voltairefoundation.wordpress.com/tag/jean-pierre-biord/

4 Certificat qu'on retrouve dans la lettre du 30 avril 1768 à Morénas .

« Copie authentique de l’attestation des états du pays de Gex, signée par le notaire Raffoz, le 28 avril 1765, contrôlée à Gex le même jour, signée LACHAUX.

 « Nous soussignés certifions que M de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, seigneur de Ferney et Tournay, au pays de Gex, près de Genève, a non seulement rempli les devoirs de la religion catholique dans la paroisse de Ferney, où il réside, mais qu’il a fait bâtir et orner l’église à ses dépens ; qu’il a entretenu un maître d’école ; qu’il a défriché à ses frais les terres incultes de plusieurs habitants ; a mis ceux qui n’avaient point de charrue en état d’en avoir, leur a bâti des maisons, leur a concédé des terrains, et que Ferney est aujourd’hui plus peuplé du double qu’il ne l’était avant qu’il en prît possession ; qu’il n’a refusé ses secours à aucun des habitants du voisinage. Requis de rendre de témoignage, nous le donnons comme la plus exacte vérité. Signé : GROS, curé ; SAUVAGE DE VERNY, syndic de la noblesse ; FABRY, premier syndic général et subdélégué de l’intendance ; CHRISTIN, avocat ; DAVID, prieur des carmes ; ADAM, prêtre, et FOURNIER, curé. »

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31/12/2023 | Lien permanent

Ces marauds-là ont peut-être raison de crier contre la vérité et de sonner l'alarme quand leur ennemi est aux portes ; m

... Et une fois de plus , à la SNCF, les syndicats menés par des syndicalistes favorisés, forts en gueule, appellent à la grève et vont, pour continuer leur pantouflage, emmerder leurs concitoyens . Très aimablement je leur souhaite de subir prochainement ce qu'ils disent craindre de voir -hypothètiquement- arriver .

 Ces andouilles sont malheureusement les créateurs officiels du mouvement perpétuel, mouvement de grève évidemment . Ils n'en auront pas le prix Nobel, quelle injustice ! Non ?

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« A Louis-Elisabeth de La Vergne, comte de Tressan

A Lausanne, 13 février [1758]

Je reçois, monsieur, une réponse à la lettre que j'eus l'honneur de vous écrire hier 1. Votre bonté m'avait prévenu . Je ne savais pas que vous eussiez déjà reçu le fatras énorme dont vous voulez bien charger les tablettes de votre bibliothèque . Il y a là bien des inutilités ; mais si on se réduisait à l'utile, l'Encyclopédie même n'aurait pas tant de volumes . Il y a d'excellents articles et celui de Génie 2 n'est pas le moindre . Si vous étiez encore dans les Gardes, n'est-il pas vrai que vous auriez arrêté ce père Chapelain 3 qui prêche comme l'autre Chapelain faisait des vers et qui a l'insolence de condamner devant le roi un livre muni du sceau du roi ? Ces marauds-là ont peut-être raison de crier contre la vérité et de sonner l'alarme quand leur ennemi est aux portes ; mais on n'a pas raison de souffrir leurs impertinentes et punissables clameurs .

Voilà le temps où tous les philosophes devraient se réunir . Les fanatiques et les fripons forment de gros bataillons et les philosophes dispersés se laissent battre en détail ; on les égorge un à un et pendant qu'ils sont sous le couteau ils se brouillent ensemble et prêtent des armes à l'ennemi commun . D'Alembert fait bien de quitter et les autres font lâchement de continuer . Si vous avez du crédit sur Diderot et consorts, vous ferez une action de grand général de les engager à se joindre tous, à marcher serré, à demander justice et à ne reprendre l'ouvrage que quand ils auront obtenu ce qu'on leur doit : justice et liberté honnête . Il est infâme de travailler à un tel ouvrage comme on rame aux galères . Il me semble que les exhortations d'un homme comme vous doivent avoir du poids . C'est à vous de donner du cœur aux lâches .

Vous pensez comme il faut d'Iphigénie en Crimée mais ce n'est pas la première fois que les badauds de Paris se sont trompés et ce ne sera pas la dernière .

Vous persistez donc dans le goût de la physique . C'est un amusement pour toute la vie . Vous êtes vous fait un cabinet d'histoire naturelle ? Si vous avez commencé, vous ne finirez jamais . Pour moi j'y ai renoncé ; et en voici la raison : un jour en soufflant mon feu je me mis à songer pourquoi du bois faisait de la flamme ; personne ne me l'a pu dire et j'ai trouvé qu'il n'y a point d'expérience de physique qui approche de celle-là . J'ai planté des arbres et je veux mourir si je sais comment ils croissent . Vous avez eu la bonté de faire des enfants et vous ne savez pas comment . Je me le tiens pour dit, je renonce à être scrutateur . D'ailleurs je ne vois guère que charlatanisme ; et excepté les découvertes de Newton et de deux ou trois autres, tout est système absurde . L'histoire de Gargantua vaut mieux .

Ma physique est réduite à planter des pêchers à l'abri du vent du nord . C'est encore une belle invention que les poêles dans les antichambres ; j'ai eu des mouches dans mon cabinet tout l'hiver . Un bon cuisinier est encore un brave physicien ; cela est rare à Lausanne . Plût à Dieu que le mien pût vous servir de grosses truites et que je fusse assez heureux pour philosopher avec vous le long de mon beau lac de Lausanne à Genève !

Recevez les tendres respects du vieux Suisse

Voltaire . »

2 Article de Saint Lambert .

3 Que V* nomme parfois Garasse-Chapelain ; Charles-Jean-Baptiste Le Chapelain, jésuite, né à Rouen en 1710, mort en 1779. Ses Sermons, dont un contre l'Encyclopédie , parurent en 1767, six volumes in-12. (Beuchot.)

 

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12/06/2013 | Lien permanent

je suis un bavard qui dit ce qu'il aurait dû faire, et qui n'a rien fait qui vaille

... Mais comment mon cher Volti pouvez-vous me décrire si bien , enfin presque . Je ne pense absolument pas que cette phrase puisse s'appliquer à votre attitude . It's a joke !

 Comme dit R2D2 : Réfléchir avant d'agir

 

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« A M. d'ALEMBERT.

Aux Délices, 9 octobre [1756].

Nous avons été sur le point, mon cher philosophe universel, de savoir, Mme de Fontaine et moi, ce que devient l'âme quand son confrère est passé. Nous espérons rester encore quelque temps dans notre ignorance. Toutes nos petites Délices vous font les plus tendres compliments. Les ridicules de Con flans et l'aventure de Pirna 1 feront une assez bonne figure un jour dans l'histoire mais ce n'est pas là mon affaire, Dieu m'en préserve ! Je suis assez embarrassé du passé sans me mêler encore du présent. Si vous avez quelques articles de l'Encyclopédie à me donner, ayez la bonté de vous y prendre un peu à l'avance. Un malade n'est pas toujours le maître de ses moments. Je tâcherai de vous servir mieux que je n'ai fait. Je suis bien mécontent de l'article Histoire 2. J'avais envie de faire voir quel est le style convenable à une histoire générale, celui que demande une histoire particulière, celui que des mémoires exigent. J'aurais voulu faire voir combien Thoiras l'emporte sur Daniel, et Clarendon sur le cardinal de Retz. Il eût été utile de montrer qu'il n'est pas permis à un compilateur des mémoires des autres de s'exprimer comme un contemporain , que celui qui ne donne les faits que de la seconde main n'a pas le droit de s'exprimer comme celui qui rapporte ce qu'il a vu et ce qu'il a fait; que c'est un ridicule, et non une beauté, de vouloir peindre avec toutes leurs nuances les portraits des gens qu'on n'a point connus; enfin il y avait cent choses utiles à dire, qu'on n'a point dites encore; mais j'étais pressé et j'étais malade, j'étais accablé de cette maudite
Histoire générale que vous connaissez. Je vous demande pardon de vous avoir si mal servi. S'il était temps, je pourrais vous donner quelque chose de mieux; mais, ne pouvant répondre d'un jour de santé, je ne peux répondre d'un jour de travail. Je ne connais point le Dictionnaire 3; je n'ai point souscrit. Je courais le monde quand vous avez commencé je l'achèterai quand il sera fini. Mais je fais réflexion qu'alors je serai mort ainsi je vous prie de proposer à Briasson 4 de m'envoyer les volumes imprimés je lui donnerai une lettre de change sur mon notaire.
Ce qu'on m'a dit des articles de la théologie et de la métaphysique me serre le cœur. Il est bien cruel d'imprimer le contraire de ce qu'on pense.
Je suis encore fâché qu'on fasse des dissertations, qu'on donne des opinions particulières pour des vérités reconnues 5. Je voudrais partout la définition et l'origine du mot, avec des exemples.
Pardon, je suis un bavard qui dit ce qu'il aurait dû faire, et qui n'a rien fait qui vaille. Si on met votre nom dans un dictionnaire, il faudra vous définir le plus aimable des hommes. C'est ainsi que pense le Suisse V. »

1 Pirna, ville longtemps bloquée par les Prussiens, se rendit à discrétion à la fin de la campagne de 1756.

 2 Qu'il a pourtant déjà plusieurs fois remanié .

 3 C'est aussi le point de départ d'une collaboration accrue à l'écriture d'articles , six tomes sont déjà édités .

 5 Allusion aux Mémoires compilés par La Beaumelle.

 

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22/08/2012 | Lien permanent

Hué et persécuté je serais tombé malade et on m'aurait demandé un billet de confession. J'ai pris le parti de renoncer à

 

 

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, comte de Choiseul, duc de Praslin

 

A Potsdam 5 septembre [1752]

 

Vos bontés constantes me sont bien plus précieuses, Monsieur, que l'enthousiasme passager d'un public [i] presque toujours égaré qui condamne à tort et à travers, juge de tout et n'examine rien, dresse des statues et les brise pour vous en casser la tête. C'est à vous plaire que je mets ma gloire.

 

Je n'aime de signal [ii] que celui auquel je reviendrai voir mes amis. A l'égard de celui de Lisois [iii], je pense qu'à la reprise on pourrait hasarder ce qu'il a été très prudent de ne pas risquer aux premières représentations.

 

Ce n'est point le héros du Nord qui m'empêche à présent de venir vous faire ma cour. C'est Louis XIV. Une nouvelle édition qu'on ne peut faire que sous mes yeux m'occupera encore six semaines pour le moins. J'ai eu de bons matériaux que je mets en oeuvre [iv]. J'ai tiré de mon absence tout le parti que je pouvais. Je suis assez comme qui vous savez. Mon royaume n'est pas de ce monde. Si j'étais resté à Paris, on aurait sifflé Rome [v] et Le Duc de Foix, la Sorbonne eût condamné Le Siècle de Louis XIV, on m'aurait déféré au procureur général pour avoir dit que le parlement fit force sottises du temps de la Fronde. Hué et persécuté je serais tombé malade et on m'aurait demandé un billet de confession. J'ai pris le parti de renoncer à tous ces agréments, de me contenter des bontés d'un grand Roi, de la société d'un grand homme, et de la plus grande liberté dont on puisse jouir dans la plus petite retraite du monde. Pendant ce temps là j'ai donné le temps à ceux qui me persécutaient à Paris de consumer leur mauvaise volonté devenue impuissante. Il y a des temps où il faut qu'un pauvre diable d'homme de lettres qui a le malheur d'avoir de la réputation succombe ou s'enfuie.

 

Si jamais ma mauvaise santé, qui me rendra bientôt inutile au roi de Prusse, me forçait de revenir m'établir en France, j'aimerais bien mieux y jouer un rôle d'un malade ignoré que d'un homme de lettres connu. Vos bontés et celles de vos amis y feraient ma principale consolation. Je me flatte que votre santé est rétablie. Pour moi je suis devenu bien vieux. Mon imagination et moi nous sommes décrépis. Il n'en est pas ainsi du sentiment. Celui qui m'attache à vous et à vos amis n'a rien perdu de sa force. Il est aussi vif qu'inviolable.

 

J'envoie une nouvelle fournée de Rome sauvée. Je ne sais si à la reprise la gravité romaine plaira à la galanterie parisienne [vi].

 

Mille tendre respects.

 

V. »

i Succès d'Amélie ou le duc de Foix le 17 août à la Comédie française.

ii Allusion au coup de canon que l'on entend dans Adélaïde du Guesclin et dont il n'est plus question dans Amélie ou le duc de Foix.

iii Le personnage de Lisois remplace dans Amélie celui de Coucy qui figurait dans Adélaïde.

iv Cf. lettre à Thibouville du 15 avril 1752.

v Rome sauvée créée à la Comédie française le 24 février 1752, jouée onze fois à Paris en 1752.

vi La pièce sera reprise à Fontainebleau le 30 octobre 1752.

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05/09/2010 | Lien permanent

Milliard, j’ai dit milliard ? Comme c’est le bazar !

 

Citation toute chaude, sortie du four à fadaises, dans le domaine " je parle et je me comprends, tant pis si vous n’arrivez pas à suivre mes pensées élevées, bandes de nazes !" - : « On ne peut pas continuer à sortir des milliards qui finiront par nous coûter cher » dixit M. de Villepin ce matin sur France Inter .

Plus tristounet pour ceux qui crèvent de faim ou de maladie,  «  les USA ont dépensé plus de cent milliards de dollars pour la guerre d’Irak en pure perte » dixit un journaliste de RSR ce même matin.

Commencer la journée en entendant parler de milliards d’euros ou de dollars voués à l’inutile ou au désastre et la destruction m’incite à sonder le fond de mon porte-monnaie pour voir si quelques miettes de ces pactoles ne s’y trouveraient pas . Et devinez quoi ? Rien, nada, nichts, que pouic, que dalle ! J’ai du louper le jour de distribution, trop occupé à travailler pour pouvoir me trouver sous la bonne goulotte .

Riez, dansez banquiers ! Comme toujours on ne prête qu’aux riches, aux pauvres malheureux qui risquaient sans cela de gagner un peu moins qu’espéré .

Plaignons aussi les firmes automobiles qui voient leurs ventes en chute libre : depuis quand la voiture, d’un prix déraisonnable, fait elle partie des objets à renouveler sans cesse ? Quoi d’étonnant ? Quoique détonant !

Je me consolerai ce soir en partageant un repas dit de Noël (et oui, camarades syndiqués, surfeurs du Net et bloggers impénitents) avec l’équipe du château de Voltaire.

 

Deux lettres non datées de notre SDF adressées à une femme qui défraya un peu la chronique au XVIIIème  siècle .

 

 « A Charlotte –Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

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 On fait courir ici la lettre de Koenig ; elle fait autant de bruit qu’Akakia et peut avoir des suites aussi affreuses. La personne à qui vous l’avez confiée a montré la pièce à Maupertuis. Il n’y a pas un moment à perdre. Il faut en retirer tous les exemplaires ou je suis perdu.

V.

Potsdam , Décembre 1752 »

 

 

On sent le pain grillé mon cher touche à tout !

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

 

Il n’est pas question de retirer l’exemplaire des mains du prince Henri [frère de Frédéric II]. Cela n’est pas possible, mais le prince Eugène de Virtemberg peut au nom de son frère [Louis-Eugène prince de Wurtemberg] le conjurer de ne le montrer à personne, et de n’en donner aucune copie. Vous pouvez retirer les copies que vous avez données. Je vous le demande à genoux. Le roi ne veut qu’un prétexte. Il a pris celui-là. Vous sentez bien que Maupertuis n’est pas dans son cœur la raison de cette persécution horrible. J’ai vu hier M. le chevalier de La Touche. Tachez de le voir et lui bien mettre dans la tête l’opprobre de tout ce procédé. Si vous croyez que Mme Marschall [fille de Podewils, amie de la comtesse] puisse engager son père à adoucir le roi en général, ce sera beaucoup.

V.

Potsdam, fin décembre 1752 »

 

« Calimero » (pourquoi tout le monde me persécute ?) fait appel aux femmes pour sa défense . Il sait bien leur pouvoir, il connait aussi son succès auprès d’elles. Heureux persécuté !!

 

Si vous voulez en savoir plus sur la comtesse salvatrice, et croyez -moi elle vaut le détour voir :

 

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://image.evene.fr/img/livres/g/2020662108.jpg&imgrefurl=http://www.evene.fr/livres/livre/hella-s-haasse-madame-bentinck-l-indiscrete-21588.php&usg=__cGB25dRwx3w010hTW_rlhm8ri50=&h=180&w=115&sz=12&hl=fr&start=5&tbnid=_XPCXo9blEwlOM:&tbnh=101&tbnw=65&prev=/images%3Fq%3Dcomtesse%2Bbentinck%26gbv%3D2%26hl%3Dfr

 http://www.amazon.fr/Voltaire-grande-amie-Correspondance-...

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18/12/2008 | Lien permanent

Cette friponnerie est digne d'un libraire normand

... Honni soit qui pense à notre premier ministre ! il n'est pas libraire pour autant que je sache, en tout cas pas encore  . Auteur de The Runaways, Dans l'ombre , et L'heure de vérité, il me semble  avoir plus de mérite que Fanfoué-de-Tulle qui nous a donné ses élucubrations de vaincu  donneur de leçons ,  les Français ayant un goût déplorable pour être à l'écoute de ce piteux "ex" à répétition .

Voir : https://www.lemonde.fr/politique/article/2017/05/16/edoua...

 et : http://ilibrairie.fr/normandie/

 

 

« A Henri Rieu, etc.

chez M. Orneca

à Amsterdam

11è octobre 1763 1

Mon très cher Corsaire, mademoiselle votre sœur 2 doit vous avoir envoyé la copie de ce que M. le duc de Choiseul a bien voulu m'écrire sur votre compte 3. Vous êtes bien recommandé au gouverneur de la Guadeloupe 4. Partez quand vous voudrez, mais revenez vite .

Je vous avais envoyé un gros paquet, que Mlle Rieu a confié à M. Desmarches d'Antremont qui l'a laissé à Francfort . Il faut au moins qu'on sache en quelles mains il l'a laissé, afin qu'il vous soit rendu à votre retour .

Maître Besogne de Rouen 5 est un fripon comme la plupart de ses confrères . La tragédie anglaise de Saül et de David lui était tombée entre les mains, et cela n'est pas bien étonnant . On en avait fait à Paris trop de copies à la main . Le scélérat l'a imprimée, il ne s'est pas contenté d'y mettre mon nom tout au long, vous m'apprenez que ce Besogne a eu l'impudence d’écrire à Amsterdam que je lui avais envoyé le manuscrit . Cette friponnerie est digne d'un libraire normand .

Je crois que les tragédies espagnoles, dont vous me parlez, ont été faites d'après Le Cid de Corneille . Quoi qu'il en soit, vous me feriez un extrême plaisir de me les envoyer . Je les ferai copier , et je traduirai ce qui en vaudra la peine .

Je vous garderai fidèlement votre manuscrit que je vous rendrai quand j'aurai le bonheur de vous posséder à Ferney .

Adieu, mon cher ami, je vous embrasse sans compliment . »

1 La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue .

3 La lettre de Choisuel du 20 septembre 1763 est conservée ; il annonce qu'il recommande Rieu à Burlamaqui [Bourlamaque], gouverneur de la Guadeloupe . Voir : http://faculty.marianopolis.edu/c.belanger/quebechistory/encyclopedia/Francois-CharlesdeBourlamaque.html

4 Rieu avait épousé Marie-Jeanne Guichard à la Guadeloupe et y avait eu trois enfants . Un nnouveau gouverneur y avait été nommé lorsque l'île, par le traité de Paris était revenue à la France .

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06/10/2018 | Lien permanent

Que de magistrats, que d'hommes en place seraient heureux de penser comme vous ! ou plutôt que la France serait heureuse

... Aurait pu dire aujourd'hui  le président sénégalais Macky Sall à Emmanuel Macron

http://www.lepoint.fr/politique/apres-la-tunisie-macron-a...

Au Sénégal, Macron s'engage pour l'éducation et l'environnement

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 février 1763 1

Je reçois un gros paquet de mon cher frère avec sa belle et bonne lettre du 20 février, le tout étant enveloppé dans du papier destiné aux opérations du vingtième .

Je suis toujours émerveillé que mon frère enseveli dans ces occupations désagréables, ait eu du temps de reste pour les belles-lettres et pour la philosophie . Vous étiez fait assurément pour des emplois supérieurs . Que de magistrats, que d'hommes en place seraient heureux de penser comme vous ! ou plutôt que la France serait heureuse !

J'avais depuis longtemps l'énorme compte du procureur général de Provence . J'ai une bibliothèque entière des livres faits depuis trois ans contre les jésuites . Dans quelque temps on ne se souviendra plus de tous ces livres, et on dira seulement, il y eut des jésuites .

Je vais écrire à Cramer de Genève pour avoir mon Histoire du Languedoc 2 dont je vous remercie infiniment . J'espère y trouver de quoi détester le fanatisme .

Je vois par la lettre de mon frère qu'il faudra encore quelques cartons à l’Histoire générale . Rien n'est si difficile à dire aux hommes que la vérité .

On a oublié, ce me semble, dans les petites plaisanteries que mérite Simon Lefranc, la guerre éternelle qu'il a jurée aux incrédules dans le village de Pompignan . Remercions bien Dieu de l'excès de son ridicule ; je vous réponds que si ce petit président des aides de province n’était pas le plus important des hommes, il serait le plus dangereux .

Je suis honteux de demander toujours des livres et de vous fatiguer de mes importunités . Je crois que j'aurai bientôt une bibliothèque aussi nombreuse que celle du marquis de Pompignan 3. Je m’enhardissais un peu dans mes demandes indiscrètes, parce que je croyais que mon frère Thieriot était toujours au fait de la librairie ; qu'il se faisait un plaisir de chercher des livres ; mais puisqu'il abandonne tout et que je retrouve dans monsieur Damilaville un nouveau frère aussi actif qu'indulgent, voici une petite note que je viens de tirer sur le catalogue de Saillant .

J'embrasse tendrement mon frère et mes frères .

Écrasez l'infâme .

 

Gabriel Cramer de Genève m'apprend dans ce moment qu'il a reçu depuis un mois l'Histoire du Languedoc , sans lettre d'avis, et sans savoir pour qui elle était . Je prie mon frère de vouloir bien donner 4 à M. Blin de Sainmore et d'envoyer le billet à Duchesne . J'abuse terriblement des bontés de mon frère . »

1 L'édition de Kehl fond cette lettre avec deux autres, celle du 2 mars 1763 et celle du 11 mars . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-9.html

et : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-10.html

3 Le Discours cité dans la lettre du 9 février 1763 à d'Argental indique sur le témoignage d'un « ministre célèbre » que Lefranc de Pompignan possède une bibliothèque savante et nombreuse . Il est clair que V* était en train d'écrire le Lettre de M. de l’Écluse . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/10/22/il-n-est-pas-mal-de-couper-une-tete-de-l-hydre-de-la-calomni-5991549.html

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5624263f/f2.image

4 Quelques mots doivent manquer ici ; il s'agit de la lettre du même jour à Blin de Sainmore : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/02/02/cela-est-bien-honnete-et-je-serais-trop-condamnable-si-j-en-6022930.html

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02/02/2018 | Lien permanent

être sage. C'est un mal qui prend à mon âge, Quand le ressort des passions,..., Quand les belles tentations Ne soutienne

... Et je crois qu'à coup sûr, ce mal ne m'atteint pas encore . La ... machine n'a pas besoin de soutien divin !

La sainteté n'est pas mon lot

tentations de saint antoine dali.jpg

 Et saint Antoine me parait bien mal inspiré .

 

 

 

« A M. DESMAHIS 11

Aux Délices, 24 juillet [1756]

Mon cher élève 22, qui valez mieux que moi, le grand Tronchin vous a donc tiré d'affaire. Il a fait revenir de plus loin une de mes nièces 33 qui est actuellement dans mon ermitage, où je voudrais bien vous tenir; mais les vieux oncles sont un peu plus difficiles à traiter.
S'il ne m'a pas encore donné la santé, il m'a donné un grand plaisir en m'apportant votre jolie Épitre, et voici ma triste réponse

 


Vous ne comptez pas trente hivers,
Les grâces sont votre partage
Elles ont dicté vos beaux vers.
Mais je ne sais par quel travers
Vous vous proposez d'
être sage.
C'est un mal qui prend à mon âge,
Quand le ressort des passions,
Quand de l'Amour la main divine,
Quand les belles tentations
Ne soutiennent plus la machine.


Trop tôt vous vous désespérez;
Croyez-moi, la raison sévère
Qui trompe vos sens égarés
N'est qu'une attaque passagère.
Vous êtes jeune et fait pour plaire;
Soyez sûr que vous guérirez.
Je vous en dirais davantage
Contre ce mal de la raison,
Que je hais d'un si bon courage;
Mais je médite un gros ouvrage
Pour le vainqueur de Port-Mahon.

 

Je veux peindre à ma nation
Ce jour d'éternelle mémoire.
Je dirai, moi qui sais l'histoire,
Qu'un géant, nommé Géryon,4
Fut pris autrefois par Alcide
Dans la même ile, au même lieu
Où notre brillant Richelieu
A vaincu l'Anglais intrépide.
Je dirai qu'ainsi que Paphos
Minorque à Vénus fut soumise;
Vous voyez bien que mon héros
Avait doublé droit à la prise.
Je suis prophète quelquefois;
Malgré l'envie et la critique,
J'ai prédit ses heureux exploits;
Et l'on prétend que je lui dois
Encore une ode pindarique.
Mais les odes ont peu d'appas
Pour les guerriers et pour moi-même,
Et je conçois qu'il ne faut pas
Ennuyer les héros qu'on aime.

 

 
Je conçois aussi qu'il ne faut pas ennuyer ses amis. Je finis au plus vite, en vous assurant que je vous aime de tout mon cœur.
VOLT »

11 Joseph-François-Édouard de Corsembleu Desmahis, né à Sully-sur-Loire en 1722, est mort le 25 février 1761. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Fran%C3%A7ois-%C3%89douard_de_Corsembleu

et : http://books.google.fr/books?id=Uck5AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

33 Marie-Elisabeth de Fontaine, qui a été gravement malade, soeur de Marie-Louise Denis compagne de V*.

4 Géryon était, d'après la légende, roi d'Erythria ; l'identification de cette île avec Minorque n'est peut-être qu'un jeu poétique.

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22/07/2012 | Lien permanent

On juge plus à son aise quand il n’y a point de ratures, point d’écriture différente, point de renvois, point de petits

... Les députés, sénateurs, ministres et président feraient bien de s'en inspirer avant de dégoiser leurs projets de lois et avalanches irréalistes d'amendements tous plus idiots les uns que les autres [les amendements, quoiqu' on puisse aussi le dire des législateurs eux-mêmes !].

Voyez ce qui se trame de A comme Abattage des animaux de boucherie immédiatement suivi de Abrogation de la loi portant réforme des retraites  , rapprochement qui peut  inquiéter les futurs retraités,  à Z comme :  Zones à faibles émissions mobilité     en passant par  I comme Importation de trophées de chasse ...

Plus fort que les contes des Mille et une nuits .

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Je suis d'accord sans réserve, bonne décision

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5 septembre 1768 1

Je tiens ma parole à mes anges. Je reçus leur paquet hier, et j’en fais partir un autre aujourd’hui. On juge plus à son aise quand il n’y a point de ratures, point d’écriture différente, point de renvois, point de petits brimborions à rajuster, et qui dispersent toutes les idées. J’ai appris enfin le véritable secret de la chose ; c’est que cette facétie est de feu M. Desmahis 2, jeune homme qui promettait beaucoup, et qui est mort à Paris de la poitrine, au service des dames. Il faisait des vers naturels et faciles, précisément comme ceux des Guèbres, et il était fort pour les tragédies bourgeoises. Celle-ci est à la fois bourgeoise et impériale. Enfin Desmahis est l’auteur de la pièce ; il est mort, il ne nous dédira pas.

Le possédé, ayant été exorcisé par vous, a beaucoup adouci son humeur sur les prêtres. L’empereur en faisait une satire qui n’aurait jamais passé. Il s’explique à présent d’une façon qui serait très fort de mise en chancellerie. Je commence à croire que la pièce peut passer, surtout si elle est de Desmahis ; en ce cas, la chose sera tout à fait plaisante.

Il y a une insipide comédie sans sel ni sauce, qui s'appelle, je crois Le Philosophe sans le savoir 3. Si Les Guèbres sont joués de même, ils feront un beau fracas, il y a des attitudes pour tout le monde . À genoux, mes enfants 4 doit faire un grand effet, et la déclaration de César 5 n’est pas de paille.

Melpomène avait besoin d’un habit neuf ; celui-ci n’est pas de la friperie.

Que cela vous amuse, mon cher ange, c’est là mon grand but : vous êtes tous deux mon parterre et mes loges.

V. »

1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre et celle du 15 septembre 1768 ; plaçant le tout le 15 septembre 1768 . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1768/Lettre_7335

2 Joseph-François-Edouard de Corsembleu Desmajis, né en 1722, mort le 25 février 1761 . ses oauvres ont été recueillies en 1762 en un volume in-12 . Bien enendu, il n'a rien à voir avec Les Guèbres que V* tente de mettre sur son compte .

Voir : https://data.bnf.fr/12779741/joseph-francois-edouard_corsembleu_desmahis/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Fran%C3%A7ois-%C3%89douard_de_Corsembleu

3 La phrase a été, on s'en doute supprimée dans l'édition de Kehl . Sur la pièce de Sedaine, voir lettre du 22 novembre 1765 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/18/je-ne-sais-si-les-spectacles-ont-cesse-a-paris-dans-la-crise-6304229.html

4 Les Guèbres, ac. V, sc. 5, vers 1533 : https://theatre-classique.fr/pages/pdf/VOLTAIRE_GUEBRES.pdf

5 Ibid., ac. V, sc. 6 , voir en particulier vers 1605-1610 : Qu'ils jouissent en paix de leurs droits, de leurs biens ; Qu'ils adorent leur dieu, mais sans blesser les miens : Que chacun dans sa loi cherche en paix la lumière ; Mais la loi de l'État est toujours la première. Je pense en citoyen, j'agis en empereur : Je hais le fanatique et le persécuteur.

La litote n'est pas de paille vient de l'expression homme de paille, bonhomme de paille, signifiant mannequin, épouvantail à moineaux .

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25/03/2024 | Lien permanent

Il faudrait que les ouvrages utiles n’appartinssent à personne

Note rédigée le 11 août 2011 pour parution le 2 novembre 2010 .

 

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Folon, magnifique poète de l'image .


 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

2è novembre 1764

 

Mon cher frère, comptez que je ne me suis pas alarmé mal à propos sur ce Portatif qu'on m'imputait, et qu'il a été nécessaire de prendre à la cour des précautions 1 qui ont coûté beaucoup à ma philosophie 2. Le mal vient de ce que des frères zélés m'ont nommé d'abord . Il faudrait que les ouvrages utiles n’appartinssent à personne . On doute encore de l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ . Qu'importe l'auteur d'un livre pourvu qu'il fasse du bien aux bonnes âmes ? Je ne sais pourquoi frère Protagoras 3 ne m'écrit point ; je n'en compte pas moins sur son zèle fraternel . Hélas ! si les philosophes s'entendaient, ils deviendraient tout doucement les précepteurs du genre humain .

 

Avez-vous entendu parler de la nouvelle édition du Testament du cardinal de Richelieu ?4 On croit m'avoir démontré que ce Testament est authentique ; mais je me sens de la pâte des hérésiarques 5, je n'ai jamais été plus ferme dans mon opinion, et vous entendrez bientôt parler de moi 6; cela vous amusera ; je m'en rapporterai entièrement à votre jugement . Mais surtout, mon cher frère, écr l'Inf. »


1 Voir lettres précédentes : à Damilaville : du 19 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/18/j...

à d'Alembert du 19 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/16/a-l-age-de-soixante-et-onze-ans-malade-et-presque-aveugle-je.html

aux d'Argental : du 3 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/alcibiade-faisait-couper-la-queue-a-son-chien-pour-empecher.html

On lui avait dit qu'on avait parlé du Dictionnaire philosophique comme d'un livre dangereux au roi, qui faisait faire une enquête, que l'abbé d'Estrées l'avait dénoncé au procureur général ; le résident Montpéroux avait signalé au duc de Praslin l'indignation des Genevois et la condamnation du livre à Genève .

2 V* a en particulier écrit une lettre de reniement à Mme d'Argental pour que son mari qui est à Fontainebleau en fasse usage à la cour ;

page 85 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f90.image.r=.langFR

Il a fait demander par d'Argental, l'intervention du duc de Praslin . Ayant appris que le roi consulterait sans doute le président Hénault, il a écrit à celui-ci le 20 octobre, alors que -à la grande indignation de Mme du Deffand-, il ne lui avait pas envoyé de condoléances à la mort de son ami d'Argenson ;

page 89 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f90.image.r=.langFR

Il a aussi fait appel à la solidarité des Académiciens en écrivant à Duclos le 20 octobre et aussi ce 2 novembre .

Page 90 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f95.highres

et page 94 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f95.highres

3 D’Alembert .

4 Maximes d’État ou Testament politique d'Armand du Plessis, cardinal-duc de Richelieu , 1764, qui contient un essai de Foncemagne sur l'authenticité du document .

http://www.archive.org/stream/maximesdtatout01richuoft#page/n7/mode/2up

5Hérésiarque = Auteur d'une hérésie. Chef ou l'un des chefs d'une secte hérétique. Luther et Calvin sont des hérésiarques.

6 Il publie les Doutes nouveaux sur le testament attribué au cardinal de Richelieu, en date de 1765, mais réellement de 1764 .http://www.voltaire-integral.com/Html/25/16_Doutes_nouveaux.html

 

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02/11/2010 | Lien permanent

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