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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Ma foi il n'y a plus que l'Opéra-Comique qui soutienne la réputation de la France

... Ou presque !

 

« A Marie-Justine-Benoîte Favart 1

23è mars 1768 au château de Ferney 2

Vous ne sauriez croire, madame, combien, je vous suis obligé . Ce que vous avez bien voulu m'envoyer 3 est plein d'esprit et de grâces, et je crois toujours que le dernier ouvrage de M. Favart est le meilleur . Ma foi il n'y a plus que l'Opéra-Comique qui soutienne la réputation de la France . J'en suis fâché pour la vieille Melpomène, mais la jeune Thalie de l'hôtel de Bourgogne éclipse bien par ses agréments la vieille majesté de la reine du théâtre . Permettez-moi d'embrasser M. Favart . J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments que je dois à tous deux, madame, votre très humble et très obéissant serviteur 

Voltaire .

Pardonnez, madame, le papier s'est trouvé coupé 4. »

2 Édition Charles-Simon Favart : Mémoires et correspondance littéraires, dramatiques et anecdotiques, 1808 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8230x/f5.item ;

voir page 245 : https://books.google.fr/books?id=bq9AAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=voltaire&f=false

3 Mme Favart a dû envoyer Les Moissonneurs, de Favart et Voisenon, représentés le 27 janvier 1768 et publiés peu après ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5680863x

4 Ces mots sont écrits en bas dans la marge . La lettre ne comporte qu'un feuillet, et il était considéré comme plus courtois d'envoyer une double feuille, même si le second feuillet restait blanc .

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17/11/2023 | Lien permanent

Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit d

... L'Anglais, profiteur des siècles passés, n'a pas changé d'un iota , prêt à prendre, peu enclin à donner, accueillant sélectif toujours . Européen à la petite semaine . Qui peut lui jeter la pierre ? Nous Français ? Hélas surement pas à 100% . Et dire que miss Le Pen veut nous abaisser à ce niveau "diviser pour régner" qui a si bien réussi , commercialement parlant, à nos voisins, par le passé.

Photograph:Anti-immigrant sentiment and legislation were held up to ridicule in a 19th-century cartoon. Ethnic figures representing non-Asian groups are depicted building a wall to keep out Asians, as China itself becomes more open to foreign trade. The original caption reads, “The Anti-Chinese Wall: the American wall goes up as the Chinese original goes down.”

 http://kids.britannica.com/comptons/art-108700/Anti-immig...

 

 

« [Destinataire inconnu] 1

J'ai reçu, monsieur, avec autant de plaisir que de reconnaissance, vos essais de traduction de quelques poètes anglais 2 . L'ancienne dureté de leur langue semblait peu favorable à la poésie ; mais peu à peu elle s'est changée en force et en énergie  . Sa richesse et les différentes inversions qu'elle a adoptées, la rendait propre à tout exprimer .

D'ailleurs, les expressions vigoureuses de cette langue se sont considérablement accrues par la nature du gouvernement, qui permet aux Anglais de parler en public , et par la liberté de conscience, qui familiarise toutes les sectes avec le langage des écrivains sacrés, dont elles font une étude particulière . Aussi la poésie anglaise approche souvent de ce sublime oriental, qui paraît presque surnaturel aux autres peuples . Du temps de Cromwel toutes les harangues du parlement étaient pleines de termes tirés des écrivains hébreux .

La langue française n'ayant pas eu les mêmes secours, n’est pas aussi riche qu’elle pourrait l'être . De plus, nous avons abandonné une foule d'anciennes expressions fort énergiques ; et cette perte a un peu affaibli notre poésie . Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit de Nantes ils ont naturalisé plusieurs de nos compatriotes . Ils ont ainsi augmenté à nos dépens, et leur langue et leur population .

Mais moins le français offre de ressources , plus je suis reconnaissant à vos imitations de différents morceaux de quelques poésies anglaises . Elles me paraissent fidèles et bien versifiées . Vous ne vous en tiendrez pas probablement à ce premier essai ; et le public, ainsi que moi, vous aura des obligations.

J'ai l'honneur d'être, etc., etc.

A Ferney, pays de Gex, 15 avril 1762 . »

1 D'après l'édition « Lettre inédite de M. de Voltaire à M. P..., qui lui avait envoyé différents fragments de poèmes anglais, traduits en vers français » (Bulletin polymathique du Museum d'instruction publique de Bordeaux, janvier 1816, XIV, 55-56 )

2 V* peut se référer ici au Recueil de poésies anglaises, mais celui-ci , anonyme parut à Paris en 1764 seulement . V* l'aurait-il reçu en manuscrit ? La date donnée est-elle la bonne ? L'initiale pose un autre problème . Si la lettre avait comporté le nom entier, l'éditeur l'aurait mis ; et pourquoi l'adresse n'aurait-elle porté qu'une initiale ?

 

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15/03/2017 | Lien permanent

les constipés doivent faire des vœux pour la paix

... Et les diarrhéiques pour la guerre ? D'où l'expression des belliqueux aux fondements douteux : la paix nous fait ch... ? Je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet peu ragoutant .

 Voir : http://eric.boutain.free.fr/eden/spip.php?article19&id_document=474

 

constipés.JPG

 

« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 20 mai [1759]

Selon les statuts de l'académie de Lésine je renvoie, mon cher correspondant, les bâtons de casse vides et moisis à monsieur l'apothicaire ; il faut que ce soit un digne homme et qu'il ait véritablement des enrailles, puisqu'il en agit si bien avec les miennes . Avouons que la guerre est un horrible fléau . Elle occasionne des banqueroutes de 1800 mille livres ; elle fait renchérir la casse au delà du double ; les constipés doivent faire des vœux pour la paix ; j'ai vu la casse autrefois à 16 sous la livre . C'était alors qu'il y avait plaisir à être malade . Je viens d'acheter une bonne jument de rencontre . Si jamais il vous en tombe une sous la main, mon cher monsieur, de 4 pieds 10 pouces jusqu'à 5 de hauteur, elle sera très bien reçue avec son équipage de chariot, elle pourrait même apporter avec elle une paire de harnais de volée avec sa bride . Elle pourrait même encore apporter une jolie selle, bride, bridon et pompons . Vous ne devineriez pas pour qui, c'est pour moi . Je veux monter à cheval . J'ai un petit cheval qui n'est guère plus gros qu'un âne, et qui servira à favoriser la circulation du sang du preneur de casse .

Tout cela n'est pas fort cher et notre académie n'aura point de reproche à me faire ; je pense qu'il est toujours bon d'avoir cent aunes de galon au moins , pour des habits de livrée ; je suis fort pour les provisions .

On murmure beaucoup d'une grande bataille, gagnée par le prince Henri 1 le 8 mai auprès de Culmback ; mais il faut toujours attendre de sacrement de confirmation .

Bonjour mon cher ami . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . J'apprends que notre pauvre Gauffecourt perd son affaire des sels .

Si sal evanuerit, in quo salietur ?2

V. »

1Le prince Henri était entré en Franconie le 5, et y avait remporté un succès mineur à Himmelskron le 11 ; la rencontre de Cummbach avait été une affaire de peu d’importance ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Prusse_%281726-1802%29

2 Évangile de Matthieu : « si le sel s'affadit, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ? » Gauffecourt avait une charge dans les gabelles, ou ferme du sel .

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04/07/2014 | Lien permanent

Heureusement il y a toujours d'honnêtes gens parmi les monstres, et des gens de goût parmi les sots

 ... Et pour vivre bien, agréablement, il est bon que les monstres et les sots restent minoritaires, ce dont on peut douter parfois quand on voit les "une" des journaux .

 Les honnêtes gens et gens de goût n'ont pas la vedette , ne sont pas vendeurs .

Il est vrai qu'ils ont peu d'intérêt pour ces lecteurs assidus , quotidiens, qui se jettent d'abord sur la page des annonces nécrologiques , puis sur les faits divers/chiens écrasés de leur canton, l'horoscope, le programme télé, les nouvelles (mauvaises) du monde , et enfin pour les plus érudits les pages du foot.

 

le sommeildela raisonengendredesmonstres.jpg

http://photograffeurs.over-blog.net/article-conscience-sans-connaissances-n-est-que-ruine-de-l-homme-72155724.html

 

 

« A M. THIERIOT.

Le 19 décembre [1756]

On m'a enfin envoyé de Paris une de ces abominables éditions de la Pucelle. Ceux qui m'avaient mandé, mon ancien ami, que La Beaumelle et d'Arnaud avaient fabriqué cette œuvre d'iniquité, se sont trompés, du moins à l'égard de d'Arnaud. Il n'est pas possible qu'un homme qui sait faire des vers ait pu en griffonner de si plats et de si ridicules. Je ne parle point des horreurs dont cette rapsodie est farcie elles font frémir l'honnêteté comme le bon sens, je ne sais rien de si scandaleux ni de si punissable. On dit qu'on a découvert que La Beaumelle en était l'auteur, et qu'on l'a transféré de la Bastille pour le mettre à Vincennes dans un cachot mais c'est un bruit populaire qui me paraît sans fondement. Tout ce que je sais, c'est qu'un tel éditeur mérite mieux. Voilà assurément une manœuvre bien criminelle. Les hommes sont trop méchants. Heureusement il y a toujours d'honnêtes gens parmi les monstres, et des gens de goût parmi les sots. Quiconque aura de l'honneur et de l'esprit me plaindra qu'on se soit servi de mon nom pour débiter ces détestables misères. Si vous savez quelque chose sur ce sujet aussi triste qu'impertinent, faites-moi l'amitié de m'en instruire.
Mandez-moi surtout si vous avez votre diamant 1. Je m'intéresse beaucoup plus à vos avantages qu'à ces ordures, dont je vous parle avec autant de dégoût que d'indignation.
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. »

 

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11/09/2012 | Lien permanent

J'ai l'honneur de vous donner avis que je change d'avis tout comme un autre

... Mais tout de même moins vite qu'un membre de l'UMP qui veut être le mieux placé lors de la distribution des prix après l'élection -(NB -totalement sans importance)- du nouveau président de ce parti . C'est mon avis et sur ce point je n'en changerai pas .

 Allez ! tournez manège

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 A première vue, la chasse est ouverte, il a du plomb dans l'aile : pauvre coq ! Un candidat UMP trop connu partage et le plomb et deux lettres avec lui ; j'ai hâte de le voir tomber du haut de ses ergots (son ego va en prendre un bon coup ).

 

 

 

«  A Charlotte-Sophie von ALTENBURG, comtesse BENTINCK

A Monrion ; 8 avril [1757]

Il y a tantôt huit mois, madame, que vous me chargeâtes de vous chercher une maison dans le voisinage de Lausanne . Je vous en trouve une mais vous pouvez avoir changé huit fois d'avis depuis ce temps-là . Ce n'est qu'une fois par mois et vous m'avouerez que ce n'est pas trop . Mais ce qui est trop, c'est huit mois de silence . Vous m'écrivez par boutade et je vous suis attaché continûment . C'est un mauvais marché que j'ai fait avec vous mais je le tiendrai . J'ai l'honneur de vous donner avis que je change d'avis tout comme un autre . Je quitte cette maison de Monrion près de Lausanne pour en prendre une beaucoup plus belle dans Lausanne même . Cette très vilaine ville m'a plu beaucoup parce qu'il y a bonne compagnie, bien de l'esprit, bien des talents . Nous y avions joué comédie, tragédie, pièces nouvelles ; on venait à nous de vingt lieues à la ronde . Me voici Lausannois pour les hivers . Voulez-vous , madame, oui ou non, une fois pour toutes ma maison de Monrion ? Le propriétaire pourra vous la laisser pour environ cent trente écus d'Allemagne par an . Il y a quatorze fenêtres de face, trois chambres entièrement meublées, commodes, table de marbre, cinq cheminées, cinq beaux poêles, belle cuisine, écurie pour huit chevaux, remise pour deux carrosses, vastes galetas, greniers, grande cave, jardin, verger, avenue, promenade . Vous pourriez y venir coucher le premier octobre, mais il faut que le bail soit fait pour le 1er juin . En voulez-vous, n'en voulez-vous pas , madame ? Plusieurs locataires s'offrent . J'ai demandé la préférence pour vous, et je vous demande une réponse prompte et décisive . Si vous ne m'écrivez pas par le premier courrier après réception de ma lettre je tiens le marché rompu . Je serai désespéré d'être privé de l'espérance de vous avoir pour voisine et je croirai fermement que vous n'êtes pas si philosophe que moi . Je me suis fait Suisse, que n'êtes vous Suissesse ! Ah madame la liberté vaut mieux que des procès !1

Recevez mes respects, mes regrets et mon attachement .

V. »

1 Allusion aux procès sans fin qu'elle a avec son ancien mari . Elle vit en ce temps là à Vienne . Elle fera un séjour aux Délices en 1758 . Voir note IV , lettre à Polier de Bottens du 28 février 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/12/08/si-je-ne-peux-vous-entendre-a-l-eglise-je-vous-entendrai-a-t.html

 

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21/10/2012 | Lien permanent

Sainte Barbe priez pour Voltaire

J'ai un vieux parent qui a servi le roi cinquante-deux ans. Il s'est retiré dans la Haute Alsace, où il a une petite terre qu'il cultive dans le diocèse de Porentru. Il voulut un jour faire donner un dernier labour à son champ; la saison avançait, l'ouvrage pressait,  ses valets refusèrent le service, et dirent pour raison que c'était la fête de la ste Barbe, la sainte la plus fêtée à Porentru.

"Eh! mes amis , leur dit mon parent, vous avez été à la messe en l'honneur de Barbe, vous avez rendu à Barbe ce qui lui appartient; rendez moi ce que vous me devez : cultivez mon champ, au lieu d'aller au cabaret. Ste Barbe ordonne-t-elle qu'on s'enivre pour lui faire honneur, et que je manque de blé cette année ?"

Me maitre-valet lui dit :" Monsieur, vous voyez bien que je serai damné si je travaillais dans un si saint jour. Ste Barbe est la plus grande sainte du paradis ; elle grava le signe de la croix sur une colonne de marbre avec le bout du doigt, et du même signe, elle fit tomber toutes les dents d'un chien qui lui avait mordu les fesses : je ne travaillerai pas le jour de la ste Barbe ."

Mon parent envoya chercher des laboureurs luthériens, et son champ fut cultivé. L'évêque de Porentru l'excommunia. Mon parent en appela comme d'abus ; le procès n'est pas encore jugé. Personne assurément n'est plus persuadé que mon parent qu'il faut honorer les saints ; mais il prétend aussi qu'il faut cultiver la terre .

Je suppose en France environ cinq millions d'ouvriers, soit manoeuvres, soit artisans, qui gagnent chacun, l'un portant l'autre, vingt sous par jour, et qu'on force saintement à ne rien gagner pendant trente jours de l'année, indépendemment des dimanches : cela fait cent cinquante millions de moins dans la circulation, et cent cinquante millions de moins en main-d'oeuvre. Quelle prodigieuse supériorité ne doivent point avoir sur nous les royaumes voisins qui n'ont ni la Ste Barbe, ni l'évêque de Porentru ! On répondrait à cette objection que les cabarets ouverts les saints jours de fête, produisent beaucoup aux fermes générales. Mon parent en convenait ; mais il prétendait que c'est un léger dédommagement ; et que d'ailleurs, si on peut travailler après la messe, on peut aller au cabaret après le travail. Il soutient que cette affaire est purement de police, et point du tout épiscopale ; il soutient qu'il vaut mieux labourer que de s'enivrer. J'ai bien peur qu'il ne perde son procès .

Qui est l'auteur de ce texte que l'on peut facilement mettre au goût du jour ?

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10/10/2008 | Lien permanent

je suis comme la bonne vieille qui disait « Il est vrai que je les ai mis tous deux au lit; mais je ne me mêle de rien

... Avec Sarko dans le rôle de la vieille et Henri Guaino et Jean-François Copé qui dans le même lit tirent la couverture et fricotent . S'ils font des enfants, noyez-les sans remord, cette race ne doit pas perdurer .

 Le fait que 63% des Français estiment que Sarko le vibrion a encore un destin politique n'est pour moi que le reflet de leur désir masochiste d'en prendre encore plein la g... 

Laissez-moi rire

 

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à LYON
Lausanne, 17 janvier [1758].
Malgré les housards d'Hildbourghausen, voici encore une lettre 1, et les mesures sont prises pour que ce petit commerce de galanterie ne soit pas interrompu. S'il y a du mal, je m'en lave les mains je suis comme la bonne vieille qui disait « Il est vrai que je les ai mis tous deux au lit; mais je ne me mêle de rien. »
L'évêque de Breslau s'est enfui en Moravie et a abandonné son troupeau. L'impératrice 2 court les processions, et fait des neuvaines pour son carnaval. Le roi de Prusse a fait mettre en prison un certain Kiou ou Kieu 3, général d'infanterie, le lendemain qu'il a été nommé général.
La personne respectable 4 à qui mon cher correspondant donnera l'incluse apprendra peut-être une autre nouvelle en lisant cette lettre, c'est qu'on désire la paix très-sincèrement. La paix et la Silésie sont deux bonnes choses. Le roi de Prusse en a déjà une, et qui sait si Son Éminence ne pourrait pas parvenir à donner l'autre ? Ses conseils ne doivent-ils pas être écoutés ? N'est-il pas à portée de les donner ? Et n'en a-t-on pas un besoin qui deviendra tous les jours plus grand ? Pour moi, j'espère en sa prudence et en ses lumières.
On dit en Allemagne que si le roi de Prusse envoie quinze mille hommes du côté de Cassel, l'armée française, délabrée, pourra se trouver en presse entre messieurs de Prusse et messieurs de Hanovre. Franchement, il serait bien humiliant d'être frotté deux fois par le marquis 5.
En vérité, il serait digne de Son Éminence de prévenir tous les désastres mais je dois me borner à faire des souhaits, et m'en tenir au rôle de la bonne vieille.
J'ai pourtant une chose assez grave à dire, et sur laquelle Son Éminence peut compter c'est que le roi de Prusse n'aime point du tout les Anglais, et se soucie fort peu de Hanovre. Je serais fâché que Son Excellence se souciât aussi peu de remédier à nos fautes . Je suis persuadé qu'il peut faire beaucoup de bien et qu'il peut empêcher qu'on se conduise par dépit et par pique .

Que sont devenus cependant ces tapis de Turquie pris aux Anglais et vendus à Marseille ? S'ils étaient à bon marché je serais charmé de fouler aux pieds les richesses anglaises .

Adieu mon cher ami . L'oncle et la nièce vous embrassent de toutes leurs forces .

V. »

1 Cette lettre de Frédéric II transmise par Wilhelmine avec sa lettre du 2 janvier ne nous est pas parvenue .

2 Marie-Thérèse d'Autriche .

3 Le lieutenant général baron Friedrich Wilhelm Kyau fut mis en prison avec deux autres généraux pour la façon dont ils avaient capitulé à Breslau en novembre 1757 .

4 Le cardinal de Tencin .

5 Frédéric II est marquis de Brandebourg et Voltaire s'en moque .

 

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24/03/2013 | Lien permanent

ne nous présentons que dans les temps de disette, ne nous prodiguons point, il faut qu'on nous désire un peu

... Je crois ici entendre, non pas Voltaire  qui préfère laisser les concurrents s'essoufler, mais toutes les femmes qui savent ce que sont les hommes . Et elles ont raison , au moins sur ce point , hélas !

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« A M. Charles-Augustin FERRIOL, comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 5 octobre [1757]
Voilà qui est plaisant, mon cher ange! M. Darget m'envoie un manuscrit 1 que le roi de Prusse fit rédiger pour moi, il y a près de vingt ans 2, et dont j'ai déjà fait usage dans les dernières éditions de Charles XII. Je ne lui en suis pas moins obligé. Il me promet quelques autres anecdotes que je ne connais pas. C'est donc vous qui vous mettez à favoriser l'histoire, et qui faites des infidélités au tripot ? Je vous renouvelle la prière que je vous ai faite par ma précédente et cette prière est d'attendre. Laissons Iphigénie en Crimée 3 reparaître avec tous ses avantages; ne nous présentons que dans les temps de disette, ne nous prodiguons point, il faut qu'on nous désire un peu. Eh bien ! ce M. de Gotter 4 est-il à Paris, comme on le dit? Personne ne m'en parle, et je suis bien curieux. Je voudrais vous écrire quatre pages, et je finis parce que la poste part. Nous faisons ici des mariages 5; nous rendons service, Mme Denis et moi, à notre petit pays roman, et nous allons jouer en trois actes la Femme qui a raison.6
Mille tendres respects. »

2 Voir les lettres du 10 et du 19 novembre 1737 de Frédéric à Voltaire ; il y est question d'une histoire manuscrite du czar. Voir : lettres 32 et 33 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-avec-frederic-de-prusse---partie-9-66491692.html

3 Iphigénie en Tauride, dont la reprise eut lieu, à la Comédie française, dans la première quinzaine de décembre 1757.

5 Mariage de Charlotte Pictet et David-Louis Constant de Rebecque d'Hermenches : voir lettre du 4 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/01/il-faut-ne-s-occuper-que-des-agrements-d-une-societe-telle-q.html

6 Comédie de Voltaire; voir page 571 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411320x/f573.image

 

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02/01/2013 | Lien permanent

ceux qui m'ont paru les moins fatigués d'eux-mêmes sont ceux qui vivent dans la retraite

... "Le curé de Camaret * a acheté un âne,

Le curé de Camaret a acheté un âne,

Un âne républicain

Qui se tape tous les scrutins ..."

* Très très saint père Nicolas Sarkozy point fatigué de lui-même .

 

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Quel exploit, quel cerveau génial, quelle créativité !

Ah ! vraiment très original comme dénomination "Les Républicains" !

Quelle couillonnade , oui !

Je suppose qu'on va mettre au pilon des tonnes de papier à en tête payé par les gogos affiliés et , effet qui me plait davantage, faire travailler des infographistes et imprimeurs , ce qui est un minuscule effort contre le chômage quand même .

Note : A ceux qui me feront remarquer que l'âne est le symbole des démocrates aux USA, l'éléphant étant républicain, je répondrai qu'un UMP qui se dit républicain n'est pas moins étrange .

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, comte de Choiseul

Au château de Tournay, par Genève

pays de Gex, 21 avril 1760

Je prends la liberté, monsieur, de recourir à vos bontés . Votre Excellence verra de quoi il s'agit dans ma lettre à votre secrétaire 1. Il peut aisément me dire si le paquet a été remis ou non à M. de Keizerling . Je vous demande pardon et à lui aussi de mon importunité . J'aurais souhaité que le chemin de Vienne eût pu tourner du côté de Genève comme le chemin d Turin ; vous m'auriez fait le même honneur que M. de Chauvelin . J'ai du moins la consolation de parler souvent de vous et même de me flatter que Votre Excellence ne m'a pas entièrement oublié . Je ne sais si les œuvres du philosophe de sans Souci sont parvenues à Vienne, et si on a été bien content des injures que le philosophe y dit de ses ennemis . Il fait une autre édition dans laquelle les injures sont supprimées . Quand les philosophes cessent d'être cyniques, il est probable qu'ils veulent vivre en paix .

M. d'ArgentaI beaucoup plus philosophe et qui ne dit d'injures à personne est toujours passionné pour le tripot , il veut toujours que moi qui ne suis plus que jardinier je sois encore tragédier 2. Mais je suis bien las de me tuer pour le public . Il vient un temps où il faut vivre pour soi, et où ce qu'on appelle affaires et plaisirs n'est plus qu'un songe . Je n'ai connu jusqu'à présent aucun homme heureux, et ceux qui m'ont paru les moins fatigués d'eux-mêmes sont ceux qui vivent dans la retraite .

Je n'entends parler de nos pertes sur mer et sur terre, de l'anéantissement de nos finances, etc. etc. etc. , que comme on entend de loin les vagues de la mer . Ma retraite cependant ne me rend point insensible, elle me laisse surtout le même dévouement, le même attachement et le respect avec lequel je serai toute ma vie , de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur .

La marmotte du Mont Jura

ou le Suisse V. »

1 Cette lettre ne nous est pas connue . mais vu le rapport de Dufresnoy, directeur des postes à Strasbourg, cité dans la lettre du 22 avril 1760 à Schouvalov, il s'agit de l'exemplaire de l'Histoire [...] de Pierre le Grand, dont V* craint la contrefaçon . Voir page 358 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f372.texte.r=3485

2 Invention plaisante de V* sur le modèle de jardinier d'une part et fablier de La Fontaine d'autre part .

 

 

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17/04/2015 | Lien permanent

fureurs de femme, fureurs mêlées de tendresse, rage contre les chevaliers, emportements contre son père

... Ce pourrait être, poétiquement/théâtralement parlant, le rapport des réactions de Marine Le Pen dans l'actualité récente ; Front National et Mouvement Bleu Marine nous offrent un spectacle de grand Guignol, comparable à celui de la guéguerre des cheffaiilons  de L'UMP . Dans les deux cas, les acteurs ne méritent que sifflets et jets de tomates et oeufs pourris .

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 Hargne chez nos politicards , sales gueules

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
Un Gasparini 1, mon divin ange, doit demander ou avoir demandé votre protection pour débuter, pour être reçu, ou pour être souffert à l'essai. Il est bon dans les rôles à manteau, dans certains rôles de père ; et je vous assure qu'il fit mourir de rire dans le rôle de M. Duru 2, quoi qu'en dise le grand Fréron mon ami.
Je reçois vingt lettres de connus, d'inconnus, qui tous s'adressent à moi pour que je sois le réparateur des torts, pour que je venge le public de l'infamie du théâtre. Je m'en garderai bien ; je n'ai que trop fait le don Quichotte. Que les intéressés pourvoient à leurs affaires.
Je vous accable de lettres, pardon ; mais, puisque m'y voilà, vous saurez que j'ai relu Tancrède; elle finissait languissamment.
Que dites-vous des fureurs d'Oreste ? déclamation, et puis c'est tout. Mais fureurs de femme, fureurs mêlées de tendresse, rage contre les chevaliers, emportements contre son père, larmes sur le corps de son amant, évanouissement, retour à la vie, transports, désespoir aux yeux de ceux qui ont fait ses malheurs : si cela n'est pas théâtral, si cela n'est pas déchirant, je suis un grand sot.
Patience ; la Chevalerie a quelque chose de bien neuf, en dépit de l'envie, et Mme Scaliger sera contente ; et je baise le bout de vos ailes plus que jamais. Ainsi fait Clairon-Denis.

 

V.

 

16 mai [1760] »

 

 

 

1 Gasparini débuta, à la Comédie française le 8 juin 1760, par le rôle d'Ésope dans Ésope à la Foire d'Edmé Boursault, . puis joua quelques autres rôles, mais ne fut point admis. On ne le connait pas plus .

 

 

 

 

 

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14/05/2015 | Lien permanent

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