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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il a une cabale pour lui dans le peuple, il finira par se faire pendre

... La voix d'une certaine partie du peuple français peut bien te porter aux nues Eric (Zemmour) ! Tu n'en es pas moins un sale individu , gibier de potence ( et ne me parlez pas ici de la présomption d'innocence ! ).

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8è décembre 1766

Vous avez bien fait de m'écrire, mes divins anges, car vous esquivez par là une nuée de corrections et de changements qui étaient déjà tout prêts . Mais puisque vous me mandez que rien ne presse, je corrigerai plus à loisir ce que j'ai fait si fort à la hâte .

Vous avez dû vous apercevoir que j'ai deviné plus d'une de vos critiques . J'ai prévenu aussi la censure judicieuse que vous faites de la précipitation d'Obéide à dire au cinquième acte : Je l'accepte, dès qu'on lui fait la proposition d'immoler son amant .

Je m'étais un peu égayé dans les imprécations ; j'avais fait là un petit portrait de Genève pour m'amuser , mais vous sentez bien que cette tirade n'est pas comme vous l'avez vue ; elle est plus courte et plus forte .

Mais aussi comme mes anges laissent à maman et à moi notre libre arbitre, nous nous avouons que nous condamnons, nous anathèmisons votre idée de développer dans les premiers actes la passion d'Obéide . Nous pensons que rien n'est si intéressant que de vouloir se cacher son amour à soi-même, dans ces circonstances délicates ; de la laisser entrevoir par des traits de feu qui échappent ; de combattre en effet sans dire , je combats ; d'aimer passionnément sans dire , j'aime ; et que rien n'est si froid que de commencer par tout avouer . Je n'ai lu la pièce à personne, mais je l'ai fait lire à de très bons acteurs qui sont dans notre confidence . Je les ai vu pleurer et frémir . Il se peut que l'aventure de l'ex-jésuite 1 ait un peu influé sur votre jugement, , et que vous avez tremblé que l'intérêt qui fait le succès des pièces au théâtre manquât dans celle-ci ; mais j'oserais bien répondre de l'intérêt le plus grand si cette tragédie était bien jouée .

Vous m'avouez enfin que vous n'avez d'acteurs que Lekain ; il ne faut donc point donner de pièces nouvelles . Le succès des représentations est toujours dans les acteurs. On prendra dorénavant le parti de faire imprimer ses pièces au lieu de les faire jouer, et le théâtre tombera absolument . Les talents périssent de tous côtés .

Gardez donc vos Scythes, mes divins anges, ne les montrez point, amusez-vous de Guillaume Tell, et d'un cœur en fricassée 2, faites comme vous pourrez .

Je dois vous dire ( car je ne dois rien avoir de caché pour vous ) que j'ai envoyé mes Scythes à M. le duc de Choiseul . J’ai été bien aise de lui faire ma cour et de réchauffer ses bontés .

Jean-Jacques veut revenir à Genève ; il a une cabale pour lui dans le peuple, il finira par se faire pendre 3.

Daignez, je vous en conjure, vous occuper à présent de mes pauvres Sirven . Vous aurez enfin cette semaine le factum de M. de Beaumont . Cette tragédie mérite toute votre bonté et toute votre protection .

Je vous demande en grâce de me mettre aux pieds de M. le duc de Praslin, et de vouloir bien faire souvenir de moi M. le marquis de Chauvelin à qui j'épargne une lettre inutile, et à qui je suis bien tendrement attaché .

Je vous demande pardon de tout le tracas que je vous ai donné pendant quinze jours . Je suis au bout de vos ailes pour le reste de ma vie . »

1 A savoir l'échec d'Octave .

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09/03/2022 | Lien permanent

Je monte à cheval dans mes rêves, et je vais le grand galop à Andrinople.

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Au galop !

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D'un fabuleux guitariste, Manitas de Plata .

reves-cheval-plus-beau-flou-artistique_365166.jpg

 

 Et dédicace, spécialement pour Catherine  : http://www.deezer.com/listen-2639285

 

 

« A Catherine II

A Ferney 12è auguste 1773


 

       Madame,


 

      Que votre Majesté Impériale me laisse d'abord baiser votre lettre de Peterhof du 30 juin de votre chronologie grecque qui n'est pas meilleure que la nôtre. Mais de quelque manière que nous supputions les temps vous comptez vos jours par des victoires. Vous savez combien elles me sont chères. Il me semble que c'est moi qui ai passé le Danube. Je monte à cheval dans mes rêves, et je vais le grand galop à Andrinople. Je ne cesserai de vous dire qu'il me paraît bien étonnant, bien inconséquent, bien triste, bien mal de toute façon, que vos amis l'Impératrice reine et l'Empereur des Romains et le héros de Brandebourg [= Frédéric II], ne fassent pas le voyage de Constantinople avec vous. Ce serait un amusement de trois ou quatre mois tout au plus. Après quoi vous vous arrangeriez ensemble, comme vous vous êtes arrangés en Pologne [par son partage !].


 

Je demande bien pardon à Votre Majesté, mais cette partie de plaisir sur la Propontide me paraît si naturelle, si facile, si agréable, si convenable que je suis toujours stupéfait que les trois puissances aient manqué une si belle fête. Vous me direz, Madame, que je pourrai jouir de cette satisfaction avec le temps, mais permettez-moi de vous représenter que je suis très pressé, que je n'ai que deux jours à vivre, et que je veux absolument voir cette aventure avant de mourir. L'auguste Catherine ne peut-elle pas dire amicalement à l'auguste Marie-Thérèse : « Ma chère Marie, songez donc que les Turcs sont venus deux fois assiéger Vienne [ 1529 et 1683], songez que vous laissez passer la plus belle occasion qui se soit présentée depuis Ortogul ou Ortogrul, et que si on laisse respirer les ennemis du saint nom chrétien et de tous les beaux-arts, ces maudits Turcs deviendront peut-être plus formidables que jamais ? Le chevalier de Tott qui a beaucoup de génie, quoiqu'il ne soit pas ingénieur, fortifiera toutes leurs places sur la mer Égée et sur le Pont-Euxin [i1], quoique Moustapha et son grand vizir ignorent que ces deux petites mers se soient jamais appelées Pont-Euxin et mer Égée. Les janissaires et les Lévanti se disciplineront. Voilà notre ami Alibey mort, Moustapha va être maître absolu de ce beau pays de l'Égypte qui adorait autrefois les chats et qui ne connait point saint Jean Népomucène.


 

Profitons d'un moment favorable qui reste encore, Russes, Autrichiens, Prussiens, fondons sur ces ennemis de l'Église grecque et latine ; nous accorderons au roi de Prusse qui ne se soucie d'aucune Église une ou deux provinces de plus et allons souper à Constantinople. »



 

Certainement l'auguste Catherine fera un discours plus éloquent et plus pathétique, mais y a-t-il rien de plus raisonnable et de plus plausible? Cela ne vaut-il pas mieux que mes chars de Cyrus [proposés à Catherine, sans succès ; cf. lettre du 26 février 1769]? Hélas, l'idée de cette croisade ne réussira pas mieux que celle de mes chars ! vous ferez la paix, Madame, après avoir bien battu les Turcs. Vous aurez quelques avantages de plus, mais les Turcs continueront d'enfermer les femmes et d'être les amis des Welches [encore allusion à l'aide de la France aux Turcs], tout galants que sont ces welches.



 

Je ne suis donc qu'à moitié satisfait.



 

Mais ce n'est pas à moitié que je suis l'adorateur de Votre Majesté Impériale, c'est avec la fureur de l'enthousiasme, qu'elle pardonne ma rage à mon profond respect.



 

Le vieux malade de Ferney »



1iLe gouvernement Choiseul l'a envoyé avec des ingénieurs pour renforcer entre autres les fortifications de Constantinople ; cf. lettre du 20 décembre 1770 à Frédéric.

 

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Quel plaisir pour lui ! que de générosités adroites, qui ne coûtent rien et qui rendent beaucoup !

... Monsieur Gaudin maire de Marseille et votre conseil UMP !

400 000 euros pour David Guetta , quelle magnifique contribution à la culture ! Quel magnifique mépris pour les contribuables !

Quel égo surdimensionné !

Quelle connerie !!

On voit bien que ça ne sort pas de votre poche .

 http://www.lepoint.fr/culture/marseille-le-ruineux-concert-de-david-guetta-09-02-2013-1625765_3.php

 

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« A M. Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

[2 décembre 1757].

Ne pourriez-vous point, mon cher ange, faire tenir à M. l. de B. 1 la lettre que je vous écris?2 Vous me feriez grand plaisir. Serait-il possible qu'on eût imaginé que je m'intéresse au roi de Prusse ? J'en suis pardieu bien loin. Il n'y a mortel au monde qui fasse plus de vœux pour le succès des mesures présentes. J'ai goûté la vengeance de consoler un roi qui m'avait maltraité; il n'a tenu qu'à M. de Soubise que je le consolasse davantage. Si on s'était emparé des hauteurs que le diligent Prussien garnit d'artillerie et de cavalerie, tout était fini. Le général Marschall entrait de son côté dans le Brandebourg. Nous voilà renvoyés bien loin, avec une honte qui n'est pas courte. Figurez-vous que, le soir de la bataille, le roi de Prusse, soupant dans un château voisin chez une bonne dame, prit tous ses vieux draps pour faire des bandages à nos blessés. Quel plaisir pour lui ! que de générosités adroites, qui ne coûtent rien et qui rendent beaucoup ! et que de bons mots, et que de plaisanteries Cependant je le tiens perdu si on veut le perdre et se bien conduire. Mais qu'en reviendra-t-il à la France ? de rendre l'Autriche plus puissante que du temps de Ferdinand II, et de se ruiner pour l'agrandir ? Le cas est embarrassant. Point de Fanime quand on nous bat et qu'on se moque de nous . Attendons des hivers plus agréables.

 

Si je savais le nom de votre protégé j'en écrirais à Lemoine 3 , le farceur de Dijon 4.

 

Bonsoir, mon divin ange.

 

V.

 

Les Cramer font tout ce que Bret 5 veut mais un des Cramer est en Portugal et l'autre est un grand flandrin qui fait l'amour . J'écrirai à M. d'Outremont et je vous remercie de la correspondance . Mais je doute qu'on puisse avoir rien de mieux qu'un tonneau d'archives qu'on m'envoie .

Nota bene que ce que j'ai confié à M. l. de B. prouve que le roi de Prusse était perdu si on s'était bien conduit. Ce n'est pas là chercher à déplaire à Marie-Thérèse, et ce que j'ai mandé méritait un mot de réponse vague, un mot d'amitié.6 »

1L'abbé Bernis .

3 Lemoyne « entrepreneur d'une troupe de comédiens » : voir lettre du 9 août 1757 au seigneur d'Hermenches, David-Louis Constant de Rebecque .

4 Cette phrase est omise dans l'édition de Kehl .

5 Le Bret : voir lettre du 15 juin 1757 à Alexis-Jean Le Bret : « Je ne puis trop vous marquer monsieur, ma reconnaissance de l'honneur que vous me faites et mon estime pour votre projet : je ne doute pas que vous ne rendiez un grand service aux lettres en mettant Bayle à la portée de tous les lecteurs et en appuyant sa philosophie de toutes les découvertes qu'on à faites depuis lui etc. »

C'est Frédéric II qui publia un Extrait du dictionnaire historique et critique de Bayle, et Le Bret soupçonna le roi d'avoir pillé ses manuscrits .

6Il manque sans doute une ligne de texte sur le manuscrit .

 

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09/02/2013 | Lien permanent

elle est toute à l'honneur des dames,... Il est juste de prendre la défense de la plus jolie partie du genre humain, que

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

4 juillet [1767]

Vous serez peut-être aussi affligé que moi, mon cher ami, de ne recevoir qu'un maudit livre de prose 1 au lieu des vers scythes que vous attendiez. Ce n'est pas que vous ne soyez bientôt muni de vos vers scythes, mais enfin ils devaient arriver les premiers, puisque vous les aviez ordonnés, et il est triste de ne recevoir que la prose du neveu de l'abbé Bazin quand on attend des couplets de tragédie. Bazin minor vous a adressé sa petite drôlerie 2 par M. Marin, elle est toute à l'honneur des dames, et même des petits garçons, que les ennemis de l'abbé Bazin ont si indignement accusés. Il est juste de prendre la défense de la plus jolie partie du genre humain, que des pédants ont cruellement attaquée. A l'égard de la défense juridique des Sirven, j'ai bien peur qu'elle ne soit pas admise. Le procureur général de Toulouse 3 est à Paris, il réclame vivement les droits de son corps, et ce droit est celui de juger les Sirven, et probablement de les condamner. De plus, on me mande que les protestants ont excité une émeute vers la Saintonge, qu'ils ont poursuivi trois curés, qu'ils en ont tué un, qu'on a envoyé des troupes contre eux, qu'on a tué six-vingts hommes. Je veux croire que tout cela est fort exagéré; mais il faut bien qu'il se soit passé quelque chose de funeste; et vous m'avouerez que ces circonstances ne sont pas favorables pour obtenir contre les lois du royaume une nouvelle attribution de juges en faveur d'une famille huguenote. Pour comble de disgrâce, le huguenot La Beaumelle, beau-frère du jeune huguenot Lavaysse, s'est rendu coupable d'une nouvelle horreur.

J'ai découvert enfin que c'était lui qui m'avait fait adresser quatre-vingt-quatorze lettres anonymes le compte est net, et le fait est rare. J'en ai reçu enfin une quatre-vingt-quinzième qui m'a mis hors de doute. Il y a d'étranges pervers dans le monde.

L'ami Damilaville ira sans doute chez vous pour consulter l'oracle. Il est fâché, aussi bien que moi, du procès de M. de Beaumont. C'est une chose douloureuse que M. de Beaumont, dans ce procès, paraisse en quelque façon comme délateur des protestants, après avoir été leur défenseur qu'il demande la confiscation du bien d'un protestant, et qu'il réclame des lois rigoureuses contre lesquelles il s'est élevé lui-même. Il est vrai qu'il redemande le bien des ancêtres de sa femme mais malheureusement les apparences sont odieuses, il a des ennemis, ces ennemis se déchaînent tout cela fait au pauvre Sirven un tort irréparable.

Pour me consoler, M. de Chabanon achève aujourd'hui sa tragédie ; mais M. de La Harpe n'est pas si avancé; il s'en faut beaucoup. Deux tragédies à la fois, sorties des cavernes du mont Jura, auraient été pour moi une chose bien douce. Je vous assure que j'ai besoin d'être réconforté. Je ne peux plus rien faire par moi-même pour le tripot; j'ai besoin de jeunes gens qui prennent ma place pour vous plaire.

Je me mets aux pieds de Mme d'Argental; je me recommande aux bontés de M. de Thibouville. J'espère que les satrapes Nalrisp et Elochivis 4 ne seront pas regardés à Fontainebleau comme des satrapes de mauvais goût quand ils protégeront des Scythes. Agréez, mon divin ange, les tendres sentiments de tout ce qui habite Ferney, et surtout mon culte de dulie. « 

1La Défense de mon oncle

2Expression du Bourgeois gentilhomme, acte I, scène 2

4Praslin et Choiseul .

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19/01/2023 | Lien permanent

moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse

Dimanche, 18h20, je raccompagne « ma » dernière visiteuse des journées du patrimoine 2009. Elle a le sourire, c’est pour moi le meilleur merci .

Je retrouve dans notre petite boutique du château de Volti les membres de l’équipe qui ont accueilli ce jour 999 visiteurs ( oui, je sais, ce chiffre donne un peu un côté Télé Achat, mais il est réel ; total sur deux jours : 1375 ! pas mal !! ).

J’ai les pieds usés jusqu’aux genoux et la gorge comme celle d’une grenouille qui a trop croassé .

Les vaillantes Charilla, Eilise, Babeth et l’accueillant et aimable Wahid connaissent aussi une saine (depuis quand une fatigue est-elle saine ? et jusqu’à quand ? ) grosse fatigue : rêves de bain, douches, dodo sous la couette .

Un repas en commun est envisagé : « là, tout de suite ? » ; non , remis à une date proche ; récupérer d’abord.

 

Moi, ce jour, j’ai l’arme absolue contre le blues du château vide : l’offrir à une amie (le chateau, pas le blues ! quoique ... ).

 Dans quelques heures elle sera là . Yes !!

Welcome Mamzelle Wagnière !!

http://www.youtube.com/watch?v=oUCRqZbQRI0&feature=player_embedded

 

 

 

«  A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher et respectable ami, vous m’écrivez des lettres qui percent l’âme et qui l’éclairent. Vous dites tout ce qu’un sage peut dire sur les rois, mais je maintiens mon roi une espèce de sage. Il n’est pas un d’Argental, mais après vous, il est tout ce que j’ai de plus aimable. Pourquoi donc, me dira-t-on quittez-vous M. d’Argental pour lui ? Ah ! mon cher ami, ce n’est pas vous que je quitte, ce sont les petites cabales, et les grandes haines, les calomnies, les injustices, tout ce qui persécute un homme de lettres dans sa patrie. Je la regrette sans doute cette patrie, et je la reverrai bientôt. Vous me la ferez toujours aimer, et d’ailleurs je me regarderai toujours comme le sujet et comme le domestique du roi. Si j’étais bon Français à Paris à plus forte raison le suis-je dans les pays étrangers. Comptez que j’ai bien prévenu vos conseils, et que jamais je n’ai mieux mérité votre amitié, mais je suis un peu comme Chiampot la perruque. Vous ne savez peut-être pas son histoire. C’était un homme qui quitta Paris parce que les petits garçons couraient après lui. Il alla à Lyon par la diligence, et en descendant, il fut salué d’une huée de polissons. Voilà à peu près mon cas : d’Arnaud fait ici des chansons pour les filles, et on imprime dans les gazettes : Chansons de l’illustre  Voltaire pour l’auguste princesse Amélie.[ce poème qui commence par « Je viens abjurer mon erreur / Aux pieds de l’Amour même. » lui fut attribué par la Spernesche Zeitung de Berlin le 15 septembre]. Un chambellan de la princesse de Bayreuth, bon catholique, ayant la fièvre, et le transport au cerveau, croit demander un lavement, on lui apporte le viatique et l’extrême-onction, il prend le prêtre pour un apothicaire, tourne le cul, et de rire. Une façon de secrétaire que j’ai amené avec moi, espèce de rimailleur, fait des vers de cette aventure, et on imprime : Vers de l’illustre Voltaire sur le cul d’un chambellan de Bayreuth et sur son extrême-onction.[ sont-ils de Tinois ? publiés en septembre, selon Droysen ]  . Ainsi je porte glorieusement les péchés de d’Arnaud et de Tinois, mais malheureusement j’ai peur que les mauvais vers de Tinois portés par la beauté du sujet ne parviennent à Paris, et ne causent du scandale. J’ai grondé vivement le poète et je vous prie, si cette sottise parvient dans le pays natal de ces fadaises, de détruire la calomnie, car quoique les vers aient l’air à peu près faits par un laquais, il y a d’honnêtes gens qui pourraient bien me les imputer, et cela n’est pas juste. Il faut que chacun jouisse de son bien. Franchement il y aurait de la cruauté à m’imputer ces vers scandaleux, à moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse dans ce pays ci. Protestez-donc je vous en prie dans le grand livre de Mme Doublet [les Nouvelles à la main, élaborées dans le salon de Mme Doublet, avec Bachaumont comme habitué ] contre les impertinents qui m’attribueraient cette impertinence.

 

 

                            Je vous écris un peu moins sérieusement qu’à mon ordinaire, c’est que je suis plus gai. Je vous reverrai bientôt, et je compte passer ma vie entre Frédéric, le modèle des rois, et vous, le modèle des hommes. On est à Paris en trois semaines, et on travaille chemin faisant, on ne perd point son temps. Qu’est-ce que trois semaines dans une année ? Rien n’est plus sain que d’aller. Vous m’allez dire que c’est une chimère. Non, croyez tout d’un homme qui vous a sacrifié le pape [en venant en France plutôt qu’en Italie comme il l’envisageait souvent ].

 

                            Nous jouâmes avant-hier Rome sauvée. Le roi était encore en Silésie. Nous avions une compagnie choisie Nous jouâmes pour nous réjouir. Il y a ici un ambassadeur anglais [sir Charles Hanbury Williams ] qui sait par cœur les Catilinaires. Ce n’est pas mylord Tirconel [envoyé de France, d’origine irlandaise], c’est l’envoyé d’Angleterre. Il m’a fait de très beaux vers anglais sur Rome sauvée. Il dit que c’est mon meilleur ouvrage. C’est une vraie pièce pour des ministres. Mme la chancelière en est fort contente [femme de Cocceji]. Nos Daguessau aiment ici la comédie, en réformant les lois. Adieu, je suis un bavard, je vous aime de tout mon cœur.

 

 

                            Voltaire

                            A Berlin ce 21 septembre 1750. »

 

 

Adieu, je suis un bavard : à voir et vérifier, pour celà : Rendez-vous : http://www.youtube.com/watch?v=i7zwp_-CAA4&feature=re...

À pied, à cheval ou en voiture , j’y serai ... Ne retenez que : Aux marches du palais...

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21/09/2009 | Lien permanent

Les hommes s'attachent plus aux vérités qu'ils croient avoir découvertes qu'à celles qu'on leur a enseignées

... Il serait bon que ceci inspire la pédagogie au sein de nos écoles, pour autant que les vérités soient objectives et fiables . Il serait bon également qu'on sache inciter à travailler autrement qu'en faisant des grèves à répétition, qui sont une autre forme de bourrage de crânes stérile !

 

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http://www.educ-revues.fr/ARGOS/AffichageDocument.aspx?id...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville 30 novembre 1762

Mon frère, j'ai aussi prouvé par les faits 1, et espère que ces faits rapportés avec fidélité dans l'Essai sur l'histoire générale, feront plus d'impression sur les esprits que les détestables sophismes du maquereau d'Houtteville de l'Académie française . Ces faits font deviner au lecteur bien des vérités qu'on n'oserait lui dire . Les hommes s'attachent plus aux vérités qu'ils croient avoir découvertes qu'à celles qu'on leur a enseignées . Cette seconde édition pourra faire du bien ; elle est augmentée de plus d'un tiers, et elle est des deux tiers plus hardie . Je vous l'enverrai dès qu'elle sera finie .

Voici en attendant un petit article de la lettre M 2 d'un dictionnaire que j'avais fait pour mon usage . Je le soumets au grand frère Diderot . Ne pourrai-je point avoir quelque article manuscrit du Dictionnaire encyclopédique ? Nardi parvus onyx eliciat cadum 3.

Je fus bien indigné des articles Âme 4, et Enfer 5 du premier volume ; et c'est cet article Âme, cet article sottement théologique qu'un Omer accuse de matérialisme . Que ces absurdités me mettent en colère ! Mais , patience ; il faut que la raison soit paisible .

Frère Thieriot m'avait promis de me faire avoir les dialogues de cet imbécile saint Grégoire le Grand 6; c'est un monument de bêtise que je veux avoir dans ma bibliothèque . Thieriot m'abandonne .

J'embrasse mes frères . Renvoyez-moi M quand les frères l'auront lu . »

1 Allusion au titre de l'ouvrage de l'abbé d'Houtteville ; voir lettre du 28 novembre 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/10/07/il-est-difficile-de-guerir-de-loin-quand-on-estropie-de-pres-5987116.html

2 Il s'agit de ce qui va devenir la seconde partie de l'article « Moïse » du Dictionnaire philosophique . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Mo%C3%AFse#cite_ref-1

3 Que d'un petit onyx plein de nard il fasse sortir une jarre ; d'après Horace, Odes , IV, xii, 17, dont le texte porte eliciet .

6 A cette date, le seul texte récent de cet ouvrage est la traduction française anonyme [de Louis Bulteau] parue sous le titre Dialogues de Saint Grégoire le Grand, 1689 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Bulteau

et : http://remacle.org/bloodwolf/eglise/gregoiregrand/dialogues1.htm

 

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10/10/2017 | Lien permanent

lisez cette lettre, riez, et aimez-moi

 ... Si vous voulez bien !

Poilez-vous !

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« A Théodore Tronchin

A Lausanne 23 [février 1758]

Homme habile qui avez fait tout ce que je désirais, et qui ne m'avez pas seulement envoyé la belle pancarte 1, lisez cette lettre, riez, et aimez-moi . Je ris aussi, mais tout bas . Ce monde est une plaisante comédie . Nous nous amusons beaucoup à Lausanne, nous avons de bons spectacles et de grands soupers . Mais nous vous regrettons . Renvoyez-moi la lettre du premier pasteur de Berne 2 . Tout le monde est ici de son avis et tout le monde est fort aise .

Comment vont les nerfs de la philosophe 3? Il n'est pas vrai qu'on ait massacré juridiquement 4 l'abbé de Prades, les généraux Kiou 5, Katt etc. etc., 22 officiers et des moines Je reçois très souvent des lettres de toute la famille du roi de Prusse et de M. l'abbé de Bernis 6. Je suis de tous bons accords, bien avec tout le monde, et je veux être bien avec vos prêtres . Dîtes- leur que je suis fort content car de par Dieu et de par le diable je le suis , et je vous aime de tout mon cœur . 

V.»

1 La profession de foi des ministres du culte.

2 Non retrouvée .

3 Mme d'Epinay .

4 Expression qui rappelle celle du chapitre II de Candide : »On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment , ou de recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle. »

5 Sur Kyau, voir lettre du 17 janvier à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/24/je-suis-comme-la-bonne-vieille-qui-disait-il-est-vrai-que-je.html

Le lieutenant-général Hans Friedrich von Katte était un des officiers arrêté en même temps que lui .

6 Dans sa lettre du 25 février 1758 à d'Argental, V* parle de trois lettres, une seule, celle du 1er février 1758 nous est parvenue .

 

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20/06/2013 | Lien permanent

Il faut que je m'accoutume aux naufrages

... Dit Arnaud Montebourg, in petto, après sa piètre prestation face aux ouvriers . Et il ajouta "Sais-je encore nager quand je n'ai plus pied ?" , avant de réaliser qu'il porte un gilet de sauvetage nommé "C'est la faute à la crise" , gilet qu'il porte depuis 2010, la preuve : http://www.davidmourey.com/article-arnaud-montebourg-presente-l-ouvrage-crise-naufrage-des-economistes-53167725.html .

 

naufrage pour montebourg.jpg


 

 

 

“A M. Jean-Robert TRONCHIN.

Monrion, 5 février [1757].

Mon cher correspondant, encore un gros vaisseau de pris . Je tremble pour notre compagnie des Indes .
Il me paraît assez sûr que l'Espagne va se déclarer 1. Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre très-tendre. L'impératrice de Russie veut que j'aille à Pétersbourg. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices.
Il faut que je m'accoutume aux naufrages. Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux de Cadix qui périssent; une barque que j'envoyais de Monrion aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac. Cela ne m'empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre ce rôle me convient. On joue tous les jours la comédie à Lausanne ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin.
Je suis bien fâché de la mort du marquis d'Argenson 2, ex-ministre philosophe. Il y avait cinquante ans que je l'aimais.

Me premettrez-vous de vous adresser les lettres ci-jointes pour épargner une partie du port à de pauvres diables ?

Les Pictet sont enchantés de Lyon et ils ont raison .

Il me revient qu'on a brûlé à Glats les magasins du roi de Prusse . C'est une perte difficile à réparer . Il y a disette de grains en Germanie .

Les deux Suisses vous embrassent bien tendrement ”

1 Certitude déçue car l'espagne ne rentrera en conflit contre l'Angleterre que le 2 janvier 1762, suite au Troisième Pacte de Famille signé avec le France le 15 août 1761. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Wall

2 Ami depuis les années de collège à Louis Le Grand . Mort le 26 janvier :Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson

 

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28/09/2012 | Lien permanent

Mes compliments à toute votre famille et à votre frère l'arabe . Allah, illah, allah

 ... Yallah ! comme disait soeur Emmanuelle .

 

 

 

« A monsieur le ministre Jacob Vernes

chez monsieur son père à Genève

A Lausanne 3 janvier [1758]

Je suis prêt mon cher monsieur de rendre tous les services qui dépendront de moi au sujet de l’affaire dont vous me parlez et si on a quelque confiance en moi on ne s'en repentira pas . Deux choses sont préalablement nécessaires, c'est que vous soyez bien instruit de ce qu'on veut faire, et que je le sois aussi , afin que ni vous ni moi ne soyons exposés à une fausse démarche . Les voies de conciliation sont toujours les meilleures . Il y a des guerres dans lesquelles il est clair qu'il n’y a rien à gagner pour personne . Il est démontré qu'alors il faut la paix .

Cela n'est pas si bien démontré pour les puissances qui désolent aujourd'hui le monde . Si votre ode 1 est bonne comme je le crois ce sera le seul bien que cette affreuse guerre aura produit . Je vous prie de me l'envoyer . Je me flatte que j'aimerai votre ouvrage autant que j'aime son auteur . Si vous avez quelque nouvelle intéressante n'oubliez pas celui dont vous êtes l'ami et le prêtre

Le Vieux Suisse V.

Pax in terra hominibus bonae voluntatis 2 comme dit notre Vulgate .

Mes compliments à toute votre famille et à votre frère l'arabe 3. Allah, illah, allah. »

1 Vernes devait publier au troisième trimestre 1758 des Fragments d'une ode sur la guerre », dans le « Choix littéraire », périodique qu'il dirigeait . En fait ce poème est de Bordes .

2 Saint Luc : paix sur la terre aux hommes de bonne volonté .

 

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08/03/2013 | Lien permanent

Le clergé va nous aider un peu

... Que Dieu nous exauce et lui donne un  sérieux coup de main !

Mais quel clergé ? et comment ? qui va-t-il aider ?  mystère ; ça me fait penser à tous ces joueurs qui sont tous également persuadés avoir plus de chance que leur voisin de gagner au loto un vendredi 13 , ce qui, statistiquement remet tout le monde sur le même plan évidemment .

 Clergé sunnite, chiite, protestant, bouddiste, catholique, juif , and so on, puisses-tu cesser de mentir aux malheureux humains en parlant au nom d'un dieu dont on n'a pas idée , ce serait vraiment, vraiment enfin  aider à la paix du monde . 

 jossot-le-clerge-1902.jpg

 Un des clergés et ses ouailles/oyes .

 

 

« A Ami Camp

Aux Délices 14 mars 1760

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien donner au sieur Poncet 5000 livres tournois pour parfait paiement des prés qu'il m'a vendus . Je voudrais avoir tout mis en prés plutôt qu'en billets de loteries et annuités . Je suis devenu sage trop tard . Je crois la France ruinée et je compte plus sur la pauvreté générale que sur la paix . Le clergé va nous aider un peu . Mais tant que les Anglais nous feront la guerre sur mer, et le prince Ferdinand sur terre, nous perdrons honneur et argent .

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien faire les plus tendres compliments de ma part à M. Tronchin et de lui dire que je lui épargne mes inutiles lettres, et que je respecte les affaires dont il doit être occupé .

Quand les effets publics seront un peu remontés, supposé qu'ils remontent, je le prierai de me défaire des miens .

Vous connaissez monsieur tous mes sentiments pour vous .

V.

N.B.- Le libraire de Paris Briasson 1 m'envoie souvent des livres et en tire le paiement sur vous avant qu'ils me soient parvenus . Cela n'est guère dans l'ordre . Je vous prie, monsieur, de vouloir bien payer ses traites quand j'aurai accusé réception . »

 

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15/03/2015 | Lien permanent

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