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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Avec cinq pains et trois poissons Il nourrira cinq mille hommes au désert ; Et, en ramassant les morceaux qui resteron

... Voila le genre de fables que des millions de crédules prennent pour argent comptant . Viva il papa, et tout le monde à table ! Ils savaient y faire en ce temps-là pour les picnics .

Bien vu le coup des poissons et du pain mais de nos jours ce ne sont pas douze paniers qui restent à distribuer, mais des millions de tonnes qui partent à la poubelle .  On produit cinq mille pains et trois mille poissons pour le bénéfice  d'une simple poignée d'humains , et cependant, il en est encore qui crèvent de faim . Que voulez-vous ma bonne dame, le temps des miracles est révolu .

Ite missa est .

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« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

au château de Dirac

par Angoulême

1° Le mot episcopos, évêque, ne renferme pas le mot hébreu, prêcheur, apôtre, envoyé à Jérusalem. Ce ne fut qu’à la fin du premier siècle et au commencement du second qu’on distingua les episcopois, les presbytérois, les pistois, les diacres, les catéchumènes et énergumènes.

2° Il n’est fait aucune mention, dans les Actes des Apôtres, du voyage de Simon Barjone à Rome. Justin est le premier qui ait imaginé la fable de Simon Barjone et de Simon le magicien à Rome 1.

3° Nulle primauté ne peut être dans Barjone, puisque Paul s’éleva contre lui sans en être repris par personne.

4° Il est clair que depuis les premiers siècles jusqu’aujourd’hui, l’Église grecque, beaucoup plus étendue que la nôtre, n’a jamais reconnu la primauté de Rome. Saint Cyprien dans ses Lettres aux évêques de Rome, ne le[s] appelle jamais que frères et compagnons.

5° Quant au Pentateuque, ces mots , au-delà du Jourdain 2 -- le Cananéen était alors en ce pays-là 3-- le lit de fer d’Og, roi de Bazan, est le même qui se trouve aujourd’hui en Rabbath 4 -- il appela tout ce pays Bazan, et le village de Jaïr, jusqu’aujourd’hui 5-- Abraham poursuivit ses ennemis jusqu’à Dan 6-- avant qu’aucun roi ait régné sur Israël 7.

Tous ces passages et beaucoup d’autres prouvent que Moïse n’est point l’auteur de ses livres, puisque Moïse n’avait pas passé le Jourdain, puisque le Cananéen était de son temps dans le pays, etc. Le grand Neuton et le savant Le Clerc ont démontré la vérité de ce sentiment.

6° Cette fausse citation, et il sera appelé nazaréen 8, n’est pas la seule, et, pendant deux siècles entiers, tout est plein de citations fausses et de livres apocryphes. On poussa l’impudence jusqu’à supposer des vers acrostiches de la sibylle Érythrée .

Avec cinq pains et trois poissons

Il nourrira cinq mille hommes au désert ;

Et, en ramassant les morceaux qui resteront,

Il remplira douze paniers 9.

Voilà une petite partie de ce qu’on peut répondre aux questions dont M. l’abbé veut bien honorer son serviteur et son ami. M. l’abbé ne peut rendre un plus grand service aux hommes qu’en favorisant la nouvelle édition du curé de But et d’Etrépigny en Champagne 10.

M. l’abbé devrait avoir reçu un sermon qui lui avait été adressé en droiture ; mais il y a trop de curieux dans le monde . Il faudra, quand il voudra écrire à son serviteur, qu’il fasse passer ses lettres par la couturière à laquelle on adresse cell[e]-ci.

On fait mille tendres compliments à monsieur l’abbé.

1er février [1764] »

1 Il en est question dans le Pot-pourri et dans le Dictionnaire philosophique .

2Deutéronome , I, 1

3Genèse, XII, 6

4Deutéronome, III, 2

5Deutéronome III, 13-14

6Genèse, XIV, 14

7Genèse, XXXVI, 31

8Juges, XIII, 5. La Vulgate porte erit enim Nazareus, ce qui signifie « il sera en effet de Nazarée [ou nazaréen] ».

9Voir les Oracula sybillina, publiés par Charles Alexandre , 1841 , d'après Lactance , Divinarum institutionum libri septem .

10Testament du curé Meslier .

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10/02/2019 | Lien permanent

Tout ce qui est un éternel sujet de dispute est d’une inutilité éternelle

... Entendez-vous bien, fanfarons (de tout sexe, all inclusive ) qui vous battez pour savoir qui sera désigné calife de vos ridicules partis politiques, diviseurs , démolisseurs, vains, petits !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

12 Mars 1766.

Je suis enchanté, madame, de me rencontrer avec vous ; ce n’est pas seulement par vanité, c’est parce qu’à mon avis lorsque deux personnes, qui ont le sens commun et qui sont de bonne foi, pensent de même sans s’être rien communiqué, il y a à parier qu’elles ont raison. Je m’occupais de votre idée lorsque j’ai reçu votre lettre 1 ; je me prouvais à moi-même que les notions sur lesquelles les hommes diffèrent si prodigieusement ne sont point nécessaires aux hommes, et qu’il est même impossible qu’elles nous soient nécessaires, par cette seule raison qu’elles nous sont cachées. Il a été indispensable que tous les pères et mères aimassent leurs enfants : aussi les aiment-ils . Il était nécessaire qu’il y eût quelques principes généraux de morale pour que la société pût subsister ; aussi ces principes sont-ils les mêmes chez toutes les nations policées. Tout ce qui est un éternel sujet de dispute est d’une inutilité éternelle. Ai-je bien pris votre idée, madame ? Il me semble qu’elle est consolante ; elle détruit toute superstition, elle rend l’âme tranquille ; ce n’est pas la tranquillité stupide d’un esprit qui n’a jamais pensé, c’est le repos philosophique d’une âme éclairée. Je ne suis point du tout étonné que vous aimiez la vie, toute malheureuse qu’elle est, et que vous n’aimiez point la mort. Presque tout le monde en est réduit là ; c’est un instinct qui était nécessaire au genre humain. Je suis persuadé que les animaux sont comme nous.

J’avoue donc avec vous, madame, que les connaissances auxquelles nous ne pouvons atteindre nous sont inutiles ; mais avouez aussi qu’il y a des recherches qui sont agréables ; elles exercent l’esprit. Les philosophes n’ont pas tant de tort d’examiner si, par leur seule raison, ils peuvent concevoir la création, si l’univers est éternel, si la pensée peut être jointe à la matière, comment il y a du mal dans le monde, et vingt autres petites bagatelles de cette espèce. Nous sommes tous curieux ; il n’y a personne qui ne voulût sonder un peu ces profondeurs, si on ne craignait pas la fatigue de l’application, et si on n’était pas distrait par les amusements et les affaires . Vous êtes précisément dans l’état où l’on fait des réflexions ; la perte des yeux sert au moins au recueillement de l’âme. Il me vient très souvent entre mes rideaux des idées qui s’enfuient au grand jour. Je mets à profit les temps où mes fluxions sur les yeux m’empêchent de lire ; je voudrais surtout passer ces temps avec vous.

J’ai lu la réponse du roi au parlement. Je m’imagine que je pense encore comme vous sur cette pièce ; elle m’a paru noblement pensée et noblement écrite ; et s’il ne s’agissait que du style, je dirais qu’il est fort au-dessus de celui des représentations, et surtout de celui de la plupart de nos auteurs.

Adieu, madame ; conservez au moins votre santé ; c’est là une chose nécessaire à tout âge et à tout état . La mienne n’est pas trop bonne ; mais il est nécessaire d’avoir patience. De toutes les vérités que je cherche, celle qui me paraît la plus sûre, c’est que vous avez une âme selon mon cœur, à laquelle je serai très tendrement attaché pour le peu de temps qui me reste. »

 

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24/06/2021 | Lien permanent

je ne peux pas assurer que je suis en vie

...puisque officiellement je suis mort " , c'est ce que peut se dire un mien neveu qui se trouve dans ce cas, comme un certain nombre de faux défunts qui vaquent pourtant bien à leurs occupations ; voir par exemple : https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/video-declare...

Ces walking deads ne font pas peur, au contraire ; seuls les rond-de-cuir ont le vrai pouvoir de vie et de mort sur nous, ces demi-dieux malfaisants .

 

 

« A George Keate

8è janvier 1768

Vous voulez, monsieur, que je vous écrive vivo et valeo 1. Je ne peux en conscience vous écrire ainsi, je mentirais . Je suis dans mon lit depuis trois mois, et je ne peux pas assurer que je suis en vie . Tout ce que je puis vous dire, c'est que ma dernière volonté est de vous aimer et de vous lire .

Je compte vous envoyer le recueil que vous voulez bien demander 2 . Dites-moi à quel correspondant de Hollande vous ordonnez que je l'adresse .

Je n'ai point reçu de lettre de Bruxelles 3. Le commerce a été interrompu pendant plus de six mois entre Genève et le pays que j'habite ; nous avons eu des troupes, et il y a eu beaucoup d'infidélités dans les Postes .

Il n'y a point eu de vrai trouble à Genève, mais seulement beaucoup de mauvaise volonté et beaucoup de brochures fort ennuyeuses . D'ailleurs tout a été tranquille . Les deux partis opposés ont plaidé devant leurs juges ; les magistrats ont gagné leur cause, mais les Représentants n'ont point acquiescé au jugement 4 . On cherche des moyens de conciliation .

Envoyez-nous vite, monsieur, le poème que vous nous promettez 5 pour nous consoler de l'ennui des tracasseries de Genève . Ne doutez pas de l'estime infinie et de l'attachement sincère avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

V.

A Ferney par Genève 8è janvier 1768. »

1 Je vis et je me porte bien .

2 Dans un post scriptum d'une lettre à V* du 22 décembre 1767, Keate écrit à V* : « Je voudrais savoir si MM. Cramer ont imprimé en temps réguliers les ouvrages que vous avez écrits, depuis que les dix-sept volumes étaient donnés . »

3 Keate a écrit à V* de Bruxelles le 10 août 1767 ; sa lettre est conservée et publiée . Il annonce en particulier qu'il a vu à Saint-Omer sa tragédie des Scythes « bien représentée ».

5 Dans une lettre du 22 décembre 1767, Keate annonce l'envoi de son poème Ferney, an Epistle to M. de Voltaire, 1768 . : https://books.google.fr/books?id=oz1WAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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03/08/2023 | Lien permanent

De bon vin vaudrait pourtant mieux au milieu des neiges

vin.jpg« De bon vin vaudrait pourtant mieux au milieu des neiges qui commencent à m’ennuyer beaucoup. » : je suis tout à fait d’accord avec Volti* ce matin après être resté coincé derrière un gros bahut qui patinait, puis avoir trainé dans un longue file menée par un conducteur de 4x4 ( VW pour ne rien cacher, -vous savez bien que je suis pour la paix des ménages !) qui craignait sans doute pour l’intégrité de sa bête à soucis aussi peu fiable qu’une savonnette sur une toile cirée ! neige.jpgDonc neige sur tout ce qui bouge et ne bouge pas, et ce qui devrait bouger. Vive la neige et le bon vin, avec une préférence avouée pour celui-ci ! Lot de consolation : jolies photos à prendre dès que ça va se calmer .

 

Deuxième lettre voltairienne d’un 9 février.

 

 

« A Jean-Robert Tronchin, à Lyon

 

             La triste lettre est partie [lettre écrite par le cardinal de Tencin sur instructions de Bernis, adressée à la margravine de Bayreuth, mettant fin aux négociations et devant passer par les mains de Voltaire], mon cher correspondant. Si on osait, on vous dirait qu’il est à craindre que la France ne fasse la guerre en dupe, et qu’elle ne perde beaucoup d’argent et beaucoup d’hommes, pour ne rien gagner du tout, et pour aguerrir et agrandir ses ennemis naturels . Peut-être eut-il mieux valu bâtir des vaisseaux et envoyer dix mille hommes prendre les possessions anglaises. Le gain aurait au moins dédommagé de la dépense.

 

             En vérité sans les commerçants qui sont occupés sans cesse à réparer les pertes que fait le gouvernement, il y a longtemps que la France serait ruinée. Vous ne me saurez pas mauvais gré de cette petite réflexion.

 

             Je vous supplie de présenter mes respects et mes regrets à son Excellence [cardinal du Tencin].

 

             Quand vous serez à Paris je m’adresserai à M. Camp pour le temporel, et je m’adresserai toujours à vous pour tout ce qui dépend de l’amitié. Ce n’est pas, par parenthèse, que je ne compte aussi beaucoup sur l’amitié de M. Camp.

 

             Voilà un plaisant envoi, que des habits de théâtre ! [demandés par Mme Denis à Lekain] .Mais il faut contenter Mme Denis. C’est bien le moins que je lui doive. De bon vin vaudrait pourtant mieux au milieu des neiges qui commencent à m’ennuyer beaucoup.

 

             Mme Denis ne vous souhaite pas encore un heureux voyage, car elle ne sait pas que vous irez à Paris. Vous m’avez enjoint de ne le dire à personne . Adieu mon très cher correspondant.

 

             Voltaire

             A Lausanne, 9 février 1758. »

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12/02/2009 | Lien permanent

lequel est plus plaisant de savoir ce qui est fait , ou tout ce qui se fera

... Pour tout électeur, les deux sont importants, bien davantage que pour les candidats qui se fichent de ce qui se fera sans eux ou avec eux, et qui descendent en flammes les réalisations de leurs concurrents .

Pour moi le présent et le futur le plus proche sont plus plaisants, le futur lointain est trop aléatoire ; le présent est neuf chaque seconde, quel qu'il soit, bon ou mauvais ; soyons nous-mêmes, ici et maintenant .

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ça mord ! et on se retrouve tantôt coté canne tantôt côté hameçon ! that's life !

 Pêcher, se souvenir des bons moments, en créer de nouveaux ; pécher sans souci d'une vie dite éternelle et d'un enfer de parc d'attractions .

 

 

 

« A [destinataire inconnu]

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève 30 juillet 1761

Dans une petite transmigration, monsieur, d'une maison à l'autre, la lettre dont vous m'honorâtes en date du 1er juin , s'était égarée . Mme du Perron 1 m'ayant appris à qui je devais cette lettre, j'ai été fort honteux , j'ai cherché longtemps et j'ai enfin trouvé . Mais ce que je ne trouverai pas, c'est la solution de votre problème . Quand on demanda à Panurge lequel il aimait le mieux d'avoir le nez aussi long que la vue, ou la vue aussi longue que le nez, il répondit qu'il aimait mieux boire 2.

Vous me demandez lequel 3 est plus plaisant de savoir ce qui est fait , ou tout ce qui se fera : c'est une question à faire aux prophètes ; ces messieurs qui connaissaient l'avenir si parfaitement étaient sans doute instruits également du passé . Il faut être inspiré de Dieu pour savoir bien parfaitement son prétérit, son futur , et même son présent ; notre espèce est fort curieuse et fort ignorante . Celui qui saurait l'avenir saurait probablement de fort sottes , et de fort tristes choses ; et entre autres l'heure de sa mort, ce qui n'est pas extrêmement plaisant à contempler . J'aime mieux au fond de la boîte de Pandore, l'espérance que la science, et je suis de l'avis d’Horace :

Prudens futuri temporis exitum calliginosa noctae premit Deus 4.

Ce que je sais le mieux, c'est que j'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois

monsieur. »

1 Soeur de Mme du Bocage .

2 Le passage n'a pu être retrouvé .

3 s'il est tremplacé par lequel sur le manuscrit .

4 Horace, Odes, III, xxix, 29-30 ; Dans sa prévoyance, Dieu enveloppe d'une nuit ténébreuse l'issue où aboutit l'avenir .

 

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01/07/2016 | Lien permanent

ma fortune est, comme ma réputation, un petit objet qui excite beaucoup d'envie

 Ma fortune est à venir (ticket de loto ! ) et ma réputation , petit objet qui n'excite pas l'envie, du moins à ma connaissance, est,  je l'espère, encore bonne .

reputationFortune.jpg

 D'où ce que Je Veux :

http://www.youtube.com/watch?v=mXcoqH-CpYQ

 

 

 

« A M. de Brenles

 

 

 

A Prangins, 9 février [1755]

 

 

 

Que de peines, monsieur, pour avoir ce tombeau que je cherche ! Je vois bien que la maison de M. d'Hervart est trop considérable pour moi ; j'ai très peu de bien libre, j'ai perdu le tiers de mes rentes à Paris, et ma fortune est, comme ma réputation, un petit objet qui excite beaucoup d'envie . Si je peux parvenir à posséder très précairement Saint Jean l'été, et Monrion l'hiver, ou bien Prélaz, je me tiendrai heureux . Je n'aurai besoin l'hiver que de vous et de bons poêles . Être chaudement avec un ami, c'est tout ce qu'il faut . Je redoute le monde, et les derniers jours de ma vie doivent être consacrés à la solitude et à l'amitié . Je vous avertis d'avance que mon commerce a besoin de la plus grande indulgence . Des souffrances presque continuelles me réduisent à des assujettissements bien désagréables dans la société . Cette pauvre âme , ce sixième sens dépendant des cinq autres, se ressent de la décadence de la machine . Vous verrez un arbre qui a produit quelque fruits, et dont les branches sont desséchées . Votre philosophie n'en sera point rebutée ; elle connait la misère humaine . Je vous jure que , si j'acquiers les beaux jardins de Saint Jean, c'est pour ma nièce i; et si je peux avoir Monrion, c'est pour vous . Il sera assez singulier que ce soient les environs de la sévère Genève qui soient voluptueux, et que la simplicité philosophique soit le partage des environs de Lausanne . Je vous serai très obligé si vous voulez toujours entretenir M. de Giez dans la disposition de me louer sa maison et le jardin de Monrion, ou du moins ce qui passe pour être le jardin ; je suis encore en l'air sur tout cela . Il y a de grandes difficultés sur l'acquisition de Saint Jean . Le propriétaire de Monrion est un peu épineux . Si la maison de Prélaz est plus logeable pour l'hiver, si l'on peut s’en accommoder avec moi, ce sera le meilleur parti ; mais il faut commencer par voir le local, et il n'y a que M. Panchaud au monde qui prétende que je doive acheter Monrion sans l'avoir vu.

 

Enfin, mon cher monsieur, je prie Dieu qu'il m'accorde le bonheur d'être votre voisin . Je vous embrasse .

 

Mille respects à Mme de Brenles.

 

J'apprends dans le moment que le marché de Saint Jean est entièrement conclu, mais est très cher, mais très agréable et commode . Il est plaisant que je sois propriétaire d'une terre précisément dans le pays où il ne m'est pas permis d'en avoir ii.

 

Cette affaire m'encourage à finir celle de Monrion, si je peux . Il faut donner la préférence à Monrion sur Prélaz, si Prélaz n'est pas meublé ; mais encore une fois, je veux absolument une solitude auprès de vous . C'est vous qui m'avez débauché , comptez que j'aime plus la tête du lac que la queue .

 

J'appelle Saint Jean Les Délices iii, et la maison ne portera ce nom que quand j'aurai l'honneur de vous y recevoir . Les Délices seront pour l'été, Monrion pour l'hiver, et pour vous toutes les saisons . Je ne voulais qu'un tombeau, j'en aurai deux .

 

Te teneam moriens, deficiente manu . Tibulle »iv

 

 

 

i Marie-Louise Denis, une de ses nièces, sa compagne depuis 1750 .

ii Sur la république de Genève, il n'est pas permis à un catholique étranger d'acheter un bien immobilier . V* tournera la difficulté grâce aux Tronchin et un contrat de location particulier .

iii Première mention de ce nom dans la correspondance de V*.

iv Te tenir en mourant d'une main défaillante .

 

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20/11/2011 | Lien permanent

vous ne pouvez pas souffrir cette familiarité plate ..., cette façon misérable de réciter des vers comme on lit la gazet

... Paroles d'auteur, metteur en scène, acteur qui sait de quoi il s'agit .

 

Mis en ligne le 17/11/2020 pour le 1/9/2015

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental, Envoyé

de Parme etc.

Rue de la Sourdière

à Paris

1er septembre 1760

La charité étant une vertu angélique, un pauvre malade compte sur celle de ses divins anges ; vous croyez bien que ce n'est pas par mauvaise volonté que je n'ai pas fait à Tancrède et à sa chère Aménaïde tout ce que je voudrais leur faire ; mes anges n'imaginent pas quel est le fardeau d'un homme très faible, et un peu vieux qui a quatre campagnes à gouverner à la fois, qui s'avise de faire bâtir un château et une église, qui ne peut suffire à une correspondance forcée, qui pour l'achever de peindre se trouve assez embarrassé avec l'empire de toutes les Russies . Il est fort doux d'être occupé, mais il est dur d'être surchargé, le corps en souffre . Tancrède aussi ; j'implore la clémence de Mme Scaliger ; je n'en peux plus . Des vers et moi, ne peuvent se rencontrer ensemble d'ici à plus de trois mois ; n’exigez rien de moi, mes divins anges, car je ne ferais que des sottises ; il me reste à peine assez de tête pour vous dire que s'il y a dans Tancrède la simplicité , la noblesse, l'intérêt, la nouveauté que vous y trouvez, cette pièce pourra être aussi bien reçue que L’Écossaise . Mlle Clairon pleure et fait pleurer, dites-vous ; que demandez-vous de plus ? Il se trouvera quelques raisonneurs qui après avoir pleuré , diront à souper, que le courrier qui portait la lettre d'Aménaïde au camp des Maures devrait avoir parlé avant de mourir ; d'autres répondront qu'il devait se taire ; on demandera s'il y a assez de raisons pour condamner Aménaïde ; les gens de bonne volonté diront qu'il n'y en a que trop, que son courrier allait au camp des Maures, que Solamir avait osé la demander en mariage dans Syracuse, que Solamir l'avait aimée à Constantinople ; il est encore très naturel et même indispensable que Tancrède la croie coupable, puisque son père même avoue à Tancrède, qu'il n'est que trop sûr du crime de sa fille ; toute l'intrigue est donc de la plus grande vraisemblance, et ce serait une chose bien inutile et bien déplacée, de faire parler un postillon qui ne doit point parler . Il me semble que quand on a pour soi la vraisemblance et l'intérêt, on peut risquer de jouer à ce jeu dangereux de cinq actes contre quinze cents personnes . Permettez moi de vous dire , mon cher ange, qu'il faut que Lekain mette beaucoup de passion dans son rôle ; cette passion doit être noble je l'avoue, mais il faut que le désespoir perce toujours à travers de cette noblesse .

Je souhaite que Brisard joue le bonhomme comme j'ai eu l'honneur de le jouer ; croyez que ma nièce et moi, nous faisons pleurer les gens quand nous voulons .

Que vous me faites plaisir de me dire que vous ne pouvez pas souffrir cette familiarité plate que le bonhomme Sarrazin prenait quelquefois pour le naturel, cette façon misérable de réciter des vers comme on lit la gazette . J'aimerais je crois encore mieux, l'ampoulé que je n'aime point .

Au reste, vous savez bien que vous êtes le maître absolu de vos bienfaits, ainsi que de la pièce et de l'auteur . Je vous ai envoyé par le dernier ordinaire, mon édifiante lettre au roi Stanislas ; je chercherai ces dialogues 1 que vous voulez voir ; j'en ferai faire une copie ; tout est à vos ordres, comme de raison ; permettez-moi de vous remercier encore d'avoir vengé le public en donnant L’Écossaise ; vous avez décrédité ce malheureux Fréron dans Paris et dans les provinces , et il était nécessaire qu'il fût décrédité . Donnez la bataille de Tancrède quand il vous plaira, vous êtes un excellent général ; si M. Daun avait conduit ses troupes, comme vous conduisez les vôtres, le roi de Prusse ne lui aurait pas dérobé tant de marches . Adieu mon divin ange, en voilà beaucoup pour un malingre qui n'en peut plus, mais qui adore ses anges .

V. »

1 Dialogues chrétiens ou préservatif contre l'Encyclopédie, 1760, de Voltaire . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9613536t.texteImage

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01/09/2015 | Lien permanent

Gardez d’être réduit au hasard dangereux Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux

... Que faire ? Comment vaincre le hasard, dangereux de surcroit ?

La citation du jour... | Le chat geluck, Chat humour, Humour

SGDG !

 

 

« A Henri-Louis Lekain

29è novembre 1765 à Ferney

Mon cher grand acteur, j’ai reçu votre Adélaïde. Je m’imagine que la maladie de M. le Dauphin et les tracasseries de Bretagne ne permettent pas qu’on donne une grande attention aux vers bons ou mauvais. J’ai peur que cette année-ci ne soit pas l’année de votre plus grosse recette ; mais si Mlle Clairon ne donne pas sa démission, vous pourrez encore vous tirer d’affaire. M. de La Harpe me mande que vous avez donné la préférence à Stockholm sur Tolède1. Je ne doute pas qu’il n’y ait dans sa pièce autant d’intérêt que dans celle de Piron2, avec de plus beaux vers.

Quant à la pauvre Adélaïde, elle ne me paraît pas si heureuse à la lecture qu’à la représentation. Je vois bien que vos talents l’avaient embellie. L’édition a beaucoup de fautes qui ne sont point corrigées dans l’errata. Il me tombe sous la main un vers que je n’entends point du tout, c’est à la page 30 :

Gardez d’être réduit au hasard dangereux
Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux3.

Cela n’est ni français pour la construction, ni intelligible pour le sens. J’ai fait beaucoup de mauvais vers en ma vie ; mais, Dieu merci, je n’ai pas à me reprocher celui-là ; il est plat et barbare. Voilà où mène la malheureuse coutume de couper et d’étriquer des tirades. Quoique je sois bien vieux, je ne laisse pas d’avoir un peu de goût, et même un peu d’amour-propre, et je suis fâché d’être si ridicule. Je vois bien qu’il n’y a plus de remède. Je vous prie, pour me consoler, de me mander comment vont les spectacles, les plaisirs ou l’ennui de Paris, et de ne plus mettre Comédie française en contre-seing sur vos lettres . Il est fort indifférent pour la poste que vos lettres viennent de la Comédie française ou de la Comédie italienne 4 . Ce qui n’est pas indifférent, c’est votre amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.

Je reçois votre lettre du 23 5. Je ne crains pas que le temple6 vous fasse grand tort, si Gustave Vasa est beau et bien joué. »

1 Dans le Gustave Vasa de La harpe la scène est à Stockholm, et dans le Dom Pèdre de Voltaire elle est à Tolède ; voir lettre du 16 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/14/vous-avez-regarde-ma-liberte-ma-foi-comme-un-bien-de-conquet-6303360.html

2 Gustave Vasa, une des meilleures tragédies de Piron , jouée en 1733 .

3 V* revient sur ces deux vers dans la Préface de l'édition de 1768 de son Théâtre : https://fr.wikisource.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_(Voltaire)/Avertissement#2

4 V* ne manifeste pas la même équanimité pour la Comédie-italienne lorsqu'elle tire ses succès des pièces de Marivaux, et à l'occasion des parodies de ses propres œuvres . Voir notamment le Pot pourri pour connaître précisément son attitude à l'égard des troupes de théâtre à cette époque . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri

et http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-pot-pourri.html

 

5 On ne la connait pas .

6 La mauvaise édition d’Adélaïde du Guesclin donnée par Duchesne, qui avait pour enseigne au temple du Goût. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5781021c.texteImage

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24/03/2021 | Lien permanent

Tout cela est peut-être une belle chimère mais on pourrait en faire une réalité.

... L'entente réelle de la majorité des chefs d'Etats pour le bien de tous est plus loin que le jour où les poules auront des dents .

Le roi/dieu  dollar a encore gagné au G20 en Inde, le consensus s'est facilement fait sur des affectations de dépenses mais a balayé sous le tapis les choses qui fâchent comme l'agression de l'Ukraine par Poutine, et stupidement envisagé un changement de nom pour l'Inde ( je propose Dalits's Jail ) pays encore infiniment loin de la vraie démocratie , ami des des gros voisins russes et chinois et avec un oeil gourmand sur l'Afrique . Bande de faux jetons !

Président Macron que dis-tu de cette couleuvre que tu vas encore avaler ? Sale boulot que chef d'Etat ; avec ces obligations diplomatiques, on en prend plein la figure !

https://www.europe1.fr/international/ce-quil-faut-retenir-du-sommet-du-g20-en-inde-4202801

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« A Etienne-Noël Damilaville

3 février [1768]

Mon cher ami, je reçois votre consolante lettre du 27 janvier. J'écris à M. le duc de Choiseul et à M. le duc de Praslin. Vous croyez bien que je n'oublie pas M. Chardon.

Mais ne réussirez-vous que dans les affaires des autres, et ne vous rendra-t-on point justice quand vous la faites rendre ? Vous ne me parlez que de Sirven, et vous ne me dites rien de vous. Il ne faudra pas manquer de faire répéter aux échos le jugement du procès des Sirven quand il sera rendu. Je vous avoue que je voudrais bien avoir le discours de M. Chardon, mais je n'ose le lui demander.

Je lui avais fourni une bonne pièce que, sans doute, il aura bien fait valoir. C'est une apologie de l'abominable arrêt de Toulouse contre les Calas . Cette apologie insulte les maîtres des requêtes qui cassèrent l'arrêt ; elle est faite par un conseiller du Parlement. On ne pouvait mieux nous servir. Ces gens-là ont amassé des charbons ardents sur leur tête.

Il me vient une idée : seriez-vous homme à échanger la place que vous devez avoir à Paris contre une place au pays de Gex 1 qui n'exigerait aucun soin ? Je crois que cette place vaut environ quatre mille livres de revenu. En ce cas, il faudrait que celui qui aurait à Paris votre emploi vous fit une pension considérable, et que cette pension vous fût assignée sur l'emploi même, et non sur le titulaire, comme on a une pension sur un bénéfice. Vous seriez maître de votre temps, et de vous livrer à votre belle passion pour l'étude. Je ne vous parle point du bonheur que j'aurais de vous voir chez moi.

Tout cela est peut-être une belle chimère mais on pourrait en faire une réalité.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde. »

1  Sur cette place, voir lettre du 13 janvier 1768 à Hennin , disant qu'il a demandé le poste pour Rieu, et une autre lettre du même Hennin , d'où il ressort que la réponse de Choiseul sur cette « commission des sels du Valais » n'est pas satisfaisante .

Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/07/un-homme-qui-aime-autant-que-lui-la-comedie-merite-assuremen-6455805.html

et lettre de Hennin : « De M. Hennin

A Genève, le 1er février 1768.

Je reçois dans le moment, monsieur, la réponse de M. le duc de Choiseul sur la commission des sels du Valais; elle n'est pas satisfaisante. La voici mot pour mot: « Depuis, etc. »

Je suis très fâché de cette décision, à laquelle cependant j'avais lieu de m'attendre.

Que dites-vous des gentillesses de nos représentants? Je voudrais bien qu'on se hâtât de songer à Versoy. C'est le plus sûr moyen de mortifier des gens qu'on ne veut pas écraser.

J'aurai l'honneur, monsieur, de vous voir demain, à moins de quelque incident que je ne prévois pas. « 

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10/09/2023 | Lien permanent

Je ne suis pas embarrassé de la substance, mais je voudrais être instruit des détails

... Caro Aquilino Morelle ! et le plus tôt sera le mieux . Le titre de médecin vous va comme un gant à une moule , comme la vérité à Cahuzac .

 http://www.europe1.fr/Politique/Qui-est-vraiment-Aquilino-Morelle-2096491/#

 http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualite/politique/accuse-de-conflit-d-interets-le-dr-aquilino-morelle-annonce-sa-demission-de-cons?ku=#utm_source=lequotidiendumedecin&utm_medium=email&utm_campaign=news_derniere_heure_qdm

 

details_fil_rouge.jpg

 http://talec.fr/portfolio/fil-rouge/details_fil_rouge/

« A Gabriel Cramer

[vers le 10 mars 1759]1

Grasset jure à M. Haller que vous faites des calomniateurs, c'est son mot, que loin de vous avoir volés, vous lui reteniez injustement son dû, que vous fûtes forcés de le payer en 1754 et qu'il a votre quittance .

J'ai besoin de savoir ce que je dois répondre au docteur bailli . Je ne suis pas embarrassé de la substance, mais je voudrais être instruit des détails .

Il s'est vendu six mille Candide 2. Avez-vous eu la bonté de faire part de la lettre de Berne à M. de Châteauvieux ?

V.

Avez-vous écrit à Neuchâtel ? Vale caro 3. »

1 Cette lettre est importante pour l'histoire de Candide et pose des problèmes en apportant certains renseignements . On peut la dater en observant que, apparemment, c'est la réponse de Gabriel Cramer qui fournit à V* les éléments de sa lettre au « docteur bailli » von Haller (lettre du 13 mars 1759 : )

2 Ce sont sans doute les exemplaires provenant de l'édition de Paris, sinon ce serait Cramer qui en parlerait . Si 6000 exemplaires ont été vendus vers le 6 ou 7 mars, il faut que Candide ait paru à Paris à la fin janvier ou début février , dans le même temps que l'édition de Genève . D'autre part , la première mention que fait Thieriot de Candide date , à ce qu'on sait, du 23 février 1759 seulement : « Ô carissime Candide … On s'arrache votre ouvrage des mains . Il tient le cœur gai au point de faire rire à bouche ouverte ceux qui ne rient que du bout des dents . »[voir lettre du 25 février 1759 à Gabriel et Philibert Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/01/il-y-a-des-gens-assez-impertinents-pour-m-imputer-cet-ouvrag-5337761.html ]

3 Salut cher ami . V* appelle souvent Gabriel Cramer caro Gabriele ; c'est ici semble-t-il qu'on trouve pour la première fois cette formule .

 

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18/04/2014 | Lien permanent

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