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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J’y passe ma vie entre le travail et le plaisir

Est-ce ainsi qu'on écrit encore à sa maitresse au XXIème siècle ?

Non ! Un SMS du style : "mdr je kif grave les NL  prépare la couette, j'arrive avant les grands froids. Slt au cocu ; A+ ".

Je ne maitrise pas encore assez cette langue étrangère pour garantir un texte complet . Je vais tenter l'opération, promis , ça doit valoir son pesant de cacahuètes . Mais pas ce soir, je suis à la bourre . Vite j'enregistre pour que la lettre du 7 soit en ligne .

 

 

 Petit rajout du 8 : http://www.dailymotion.com/video/xq85_jacques-brel-amster...

pour vous mettre dans l'ambiance portuaire ...

 

 

 

« A Marguerite-Madeleine du Moutier, marquise de Bernières

 

 

                   Votre lettre a mis un nouvel agrément dans la vie que je mène à La Haye [Sa liaison avec la Marquise de Bernières n’est pas rompue, mais il fait le voyage en Hollande avec une jeune veuve Mme de Ruppelmonde]. De tous les plaisirs du monde, je n’en connais point de plus flatteur que de pouvoir compter sur l’amitié d’une dame aussi estimable que vous. Je resterai encore quelques jours à La Haye pour y prendre toutes les mesures nécessaires sur l’impression de mon poème [Faute de privilège en France, par le veto de Fleury, précepteur de Louis XV, qui lui reproche d’avoir loué l’amiral de Coligny et la reine Élisabeth d’Angleterre. A la Haye, il conclut un marché avec le libraire Le Viers, lance une souscription qui est annoncée dans La Gazette de Hollande à partir du 6 octobre, mais finalement, cette édition ne verra pas le jour. Il tient à ce qu’on donne l’édition de la Henriade comme le but de son voyage ; le 2 il disait à Thiriot : « … je vous prie de répandre que j’ai été en Hollande pour prendre des mesures sur l’impression de mon poème et point du tout pour y voir M. Rousseau (Jean-Baptiste, exilé). »] . Et je partirai lorsque les beaux jours finiront, il n’y a rien de plus agréable que La Haye quand le soleil daigne s’y montrer. On ne  voit ici que des prairies, des canaux, et des arbres verts ; c’est un  paradis terrestre depuis La Haye à Amsterdam ; j’ai vu avec respect cette ville qui est le magasin de l’univers. Il y avait plus de mille vaisseaux dans le port. De cinq cent mille hommes qui habitent Amsterdam, il n’y en a pas un d’oisif, pas un pauvre, pas un petit-maître, pas un homme insolent. Nous rencontrâmes le Pensionnaire [premier ministre] à pied sans laquais au milieu de la populace. On ne voit là personne qui ait de cour à faire, on ne  se met point en haie pour voir passer un prince, on ne connait que le travail et la modestie. Il y a à La Haye plus de magnificence et plus de société par le concours des ambassadeurs. J’y passe ma vie entre le travail et le plaisir et je vis ainsi à la hollandaise et à la française. Nous avons ici un opéra détestable mais en revanche je vois des ministres calvinistes, des arminiens, des sociniens, des anabaptistes qui parlent tous à merveille et qui en vérité ont tous raison. Je m’accoutume tout à fait à me passer de Paris, mais non pas à me passer de vous. Je vous réitère encore mon engagement de venir vous trouver à La Rivière si vous y êtes encore au mois de novembre. N’y restez pas pour moi mais souffrez seulement que je vous y tienne compagnie si votre goût vous fixe à la campagne pour quelque temps. Permettez –moi de présenter mes respects à M. de Bernières et à tout ce qui est chez vous .Je suis toujours avec un dévouement très respectueux votre très humble et obéissant serviteur Volt.

 

                            A La Haye ce 7 octobre 1722. »

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je suis plus sensible à votre amitié qu'aux vains applaudissements de quelques connaisseurs obscurs, qui pourront dire d

... Voltaire, ami exemplaire, vit encore à mes yeux  dans la personne de Mam'zelle Wagnière qui lui est fidèle . Tout aussi fidèle en amitié, qualité terriblement aimablement touchante qui met/remet de l'espoir au coeur .

 

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« A M. Charles-Augustin FERRIOL, comte d'ARGENTAL
Conseiller d'honneur du parlement à Paris

rue de la Sourdière à Paris
A Lausanne, 22 janvier [1758]
J'ai reçu votre lettre du 13, mon cher et respectable ami, mais rien de M. de Choiseul 1. J'ai présumé, par ce que vous me dites, qu'il s'agissait d'obtenir un congé pour monsieur son fils 2 blessé et prisonnier. Je doute fort que le roi de Prusse voulût, à ma chétive recommandation, s'écarter des idées qu'il s'est prescrites, et je suis d'autant moins à portée de lui demander une pareille grâce pour M. de Choiseul, que je lui écrivis 3, il y a huit jours, en faveur d'un Genevois qui est dans le même cas, et qui probablement restera estropié à Mersbourg.
Mais le roi de Prusse a une sœur qui doit avoir quelque crédit auprès de lui, et à qui je puis tout demander. Je lui ai écrit de la manière la plus pressante 4, et je lui ai recommandé M. le marquis de Choiseul comme je le dois. Ne doutez pas qu'elle n'en écrive au roi son frère il ne doit lui rien refuser. Je crois que le roi de Prusse peut s'amuser actuellement à faire des grâces; il n'y a pas moyen de se battre avec six pieds de neige; aussi Schweidnitz n'est pas pris 5 mais j'ai toujours grand'peur que M. de Richelieu ne se trouve entre les Hanovriens et les Prussiens. On se moque de tout cela dans votre Paris, et pourvu que les rentes de l'Hôtel de Ville soient payées, et qu'on ait quelques spectacles, on se soucie fort peu que les armées périssent. La chose peut pourtant devenir sérieuse, et vos sybarites peuvent un jour gémir.
Pour moi, mon cher ange, qui ne m'occupe que des siècles passés, je ne crois pas devoir cette année m'exposer au refus de la médaille 6. Qui diable a imaginé cette médaille? On ne l'aurait pas donnée à l'auteur de Britannicus, qui n'eut que cinq représentations, et on l'aurait donnée à l'auteur de Régulus 7! Fi donc! il n'y a de médailles que celles que la postérité donne. Il faut un ami comme vous pour le temps présent, et de beaux vers pour l'avenir; mais je suis plus sensible à votre amitié qu'aux vains applaudissements de quelques connaisseurs obscurs, qui pourront dire dans cent ans Vraiment ce drôle-là avait quelques talents.

Mille respects à Mme d'Argental et à tout ange. 

V.»

1 Le comte de Choiseul, nommé ambassadeur de France à Vienne . http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Gabriel_de_Choiseul-Praslin

2 Renaud- César-Louis, connu sous le titre de vicomte de Choiseul, avait été nommé guidon de gendarmerie en mars 1749, à l'âge de quinze ans. http://fr.wikipedia.org/wiki/Renaud_C%C3%A9sar_de_Choiseul-Praslin

3 Cette lettre manque .

4  Lettre non retrouvée .

5   La nouvelle de la prise de cette ville avait couru à Paris et d'Alembert en avait fait état dans sa lettre du 11 janvier 1758 à V* ; fausse nouvelle . Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/007

6   Louis XV venait d'ordonner que les auteurs dont les pièces auraient eu un grand succès au théâtre, pour la première fois lui seraient présentés; pour la seconde, auraient une médaille; pour la troisième, obtiendraient une pension. La médaille portant l'inscription « Prix de l'art dramatique » signée Duvivier et J.-G. Raettius était apparemment frappée .

7   Cette tragédie de Pradon eut vingt-sept représentations de suite lors de sa création en 1688 . http://books.google.fr/books?id=KVZJAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

 

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27/03/2013 | Lien permanent

M. Damilaville me mande qu'il y a quelque brèche à votre rotondité

... Et comme n'a pas osé le dire ce cher Damilaville (militant honteux ), vous avez tout d'un monument historique en ruines M. Hollande .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot, chez M.

Baron, médecin

rue Couture-Sainte Catherine

à Paris

Ferney 22 avril 1761 1

Mon ancien ami, je vous croyais opulent, ou du moins arrondi . M. Damilaville me mande qu'il y a quelque brèche à votre rotondité . Voici une idée qui m'est venue . Un magistrat de Dijon, jeune et de beaucoup d'esprit, a fait une comédie très singulière, et ne voudrait pour rien [au]2 monde être connu . Son idée est de la faire jouer , et de partager les honoraires entre celui qui se chargera du délit, et un secrétaire très affectionné , vieux serviteur de la maison . Ils auront aussi le profit de l'édition . Voyez si vous pouvez vous charger de cette besogne . Je crois que ce n'est pas une mauvaise affaire . L'auteur exige un profond secret ; êtes-vous en état de faire lire cette comédie au tripot, sans vous commettre, et sans commettre personne ? Je remplis la mission dont l’amitié me charge . Mandez-moi votre résolution .

J'ai demandé un almanach où l'on trouve les patriarches grecs . J'en ai besoin, non pas que je prenne un vif intérêt à l'église grecque, mais en qualité de pédant .

On m'a promis un livre contre l'excommunication des comédiens 3. L'auteur doit me l'envoyer .

Du Molard m'a demandé une trève de la part de l'abbé Trublet, il dit qu'il ne compilera plus . Je donne donc l'absolution à l'archidiacre mon confrère . »

1 Date complétée par Thiriot .

2 V* a écrit par erreur autre pour au . Pour le « jeune magistrat », voir lettre du 29 mars 1761 à Mme Belot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/16/ce-que-vous-refuserez-si-la-proposition-offense-votre-honneu-5774879.html

 

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01/04/2016 | Lien permanent

Si j’ai fait une sottise avec Guy Duchesne, Dieu fit du repentir la vertu des rimeurs

... "Si j'ai fait une sottise avec mon épouse, Dieu fit du repentir la vertu des profiteurs ." - François Fillon .

-- Allez, mon petit, dites trois fois  "boules puantes" et autant que vous le pouvez "ma femme est une assistante parlementaire sans prix, mais non pas impayable !", et allez en paix, ce n'est pas demain la veille que vous serez mis en examen et vous ne pouvez pas l'ignorer avec tous les avocats qui vous entourent, hypocrite .

Je pense que Pénélope devait  jouer au PSG, elle est habituée aux salaires exorbitants pour des activités ludiques . La Revue des Deux Mondes en sait quelque chose .

 Voir : http://www.lalibre.be/actu/international/bernard-pivot-co...

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Combien touchait le chien ?

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

6 février [1762] , Délices

 

Mes anges grondeurs doivent à présent avoir examiné et jugé mon délit. On a écrit à Guy Duchesne, qui demeure pourtant au Temple du Goût 1, et on l’a traité comme si sa demeure était dans la maison de maître Gonin 2. En effet, il avait attrapé la pièce du souffleur, moyennant quelques écus et quelques bouteilles, et encore une fois, je me trompe fort, ou ma lettre n’était qu’un compliment.

Ou je me trompe encore, ou Zulime produira peu à Lekain et à mademoiselle Clairon ; et je ne crois pas qu’ils trouvent un libraire qui leur en donne plus de 800 livres, attendu que c’est un ouvrage déjà livré à l’impression, et rapetassé au théâtre.

Si M. Picardin ou Picardet a fait le Droit du Seigneur, ou l’Ecueil du Sage, j’ai fait Cassandre, moi, et ce sont cinq tableaux pour le salon 3.

Coup de théâtre du mariage, 1er tableau.

Statira reconnue et reconnaissant sa fille, 2è tableau.

Le grand-prêtre, mettant les holà, Statira levant son voile, et pétrifiant Cassandre , 3è tableau.

Statira mourante, sa fille à ses pieds, et Cassandre effaré , 4è tableau.

Le bûcher, 5è tableau.

 

Le tout avec des notes instructives au bas des pages, sur les personnages, sur les initiés, sur les sacrés mystères, sur la prière d’Orphée : Etre unique, éternel 4, sur l’usage où les dames étaient alors de se brûler. Voilà de quoi faire une jolie édition avec estampes.

Mes divins anges doivent se tenir pour dit que je suis tiré au sec, qu’il ne me reste pas une goutte de sang dans la veine poétique, pas un esprit animal.

Pourquoi ne pas donner cinq ou six représentations de Cassandre à la mi-carême ? et reprendre après Pâques ? On pourrait me rouvrir la veine pendant la quinzaine où le théâtre est fermé. Je laisse le tout à la discrétion de mes anges.

On a commencé l’édition de Pierre ; c’est une rude et appesantissante besogne d’être commentateur et éditeur . Cela ne m’arrivera plus.

Vous n’êtes pas assez fâchés de la mort de mon impératrice.

Si j’ai fait une sottise avec Guy Duchesne, Dieu fit du repentir la vertu des rimeurs 5.

Mille tendres respects aux anges. »

2 Les « tours de maître Gonin » désignaient , proverbialement, les différents moyens d'attraper les nigauds . Voir  : Les tours de maître Gonin, 1713 , de Laurent Bordelon ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Bordelon

); voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1054406n

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1054410j

3 Allusion aux « salons » dont Diderot rendait compte ; V* veut dire que sa pièce fournit aux peintres et aux graveurs les sujets de tableaux tels que ceux de Greuze, qui charmaient Diderot .

4 Olympie, I, 4 .

5 Adapté d'Olympie, II, 2 .

 

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28/01/2017 | Lien permanent

Les hommes rentrent en eux-mêmes dans les grands événements qui font la douleur publique, et laissent pour quelques jour

... Est-ce le cas suite au décès du prince Philip ? Only god knows ! Je pense que la réouverture des pubs, et la joie correspondante, a séché les larmes en mouillant les gosiers : Bottoms up!, Down the hatch!

CHEERS!!! #Winequote FOLLOW ME for a daily dose of vino fun! Cheers!!!  #WineWednesday | Wine quotes, Drinking quotes, Wine jokes

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28è décembre 1765

Mon cher frère, je me flatte que le triste événement de la mort de M. le Dauphin 1 arrêtera pour quelque temps la guerre des rochets 2 et des robes noires, qu’on ne parlera plus de bulle, quand il ne s’agit que de malheureux De profundis. Les hommes rentrent en eux-mêmes dans les grands événements qui font la douleur publique, et laissent pour quelques jours leurs vains débats et leurs folles querelles. Jean-Jacques Rousseau n’est bon qu’à être oublié ; il sera comme Ramponeau 3, qui a eu un moment de vogue à la Courtille, à cela près que Ramponeau a eu cent fois moins de vanité et d’orgueil que le petit polisson de Genève.

Vous aurez incessamment M. Tronchin à Paris, ainsi vous n’aurez plus de mal de gorge ; pour moi, je serai réduit à être mon médecin moi-même ; ma sobriété me tiendra lieu de Tronchin.

Il y a un Traité des Superstitions 4 qui paraît depuis peu : s’il en vaut la peine, je vous supplie de me l’envoyer. J’espère recevoir dans un mois le gros ballot que Briasson a déjà fait partir ; j’en commencerai la lecture comme celle des livres hébreux, par la fin, et vous savez pourquoi 5.

J’attends aussi des étrennes de vous, et de M. Fréret, et de Bigex. M. Boursier prétend toujours qu’il vous a écrit.

N.B. – A propos, voici ce que j’ai toujours oublié de vous dire pour l’affaire des Sirven. Il me paraît nécessaire que M. de Beaumont rappelle, dans son exorde, la dernière aventure d’un citoyen de Montpellier qui, dans le temps qu’il pleurait la mort de son fils, fut accusé de l’avoir tué, vit descendre chez lui la justice avec le plus terrible appareil, s’évanouit, et fut sur le point de mourir.

Ce dernier exemple, joint à l’aventure éternellement mémorable des Calas, fera voir quels horribles préjugés règnent dans les esprits des Wisigoths. Cela peut non seulement fournir de beaux traits d’éloquence, mais encore disposer favorablement le Conseil. »

1 Le 20 décembre 1765 .

3 Chansonnier qui eût son heure de gloire sous les ombrages de La Courtille ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ramponneau_(croque-mitaine)

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Courtille

4 Essai sur les erreurs et les superstitions, 1765, de Jean-Louis de Castilhon et dont le Catalogue de Ferney mentionne deux éditions de l'ouvrage .Voir : https://books.google.fr/books?id=D4JYAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

5 L'article « Vingtième » rédigé par Damilaville, suivant l’ordre alphabétique se trouve vers la fin . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_No%C3%ABl_Damilaville

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18/04/2021 | Lien permanent

Voyez si je me trompe

... Suivons l'argumentaire d'Emmanuel Macron, qui , certains l'oublient, est un chef d'Etat et doit certains égards à un autre chef d'Etat fut-ce le Pape . Qu'ont dit les bas de plafond de gauche lors de la participation à des cérémonies autrement plus désagréables accueillant des sommités fort peu démocratiques , mais à caresser dans le sens du poil pour raisons financières et un semblant de paix ?

https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/pape-francois/v...

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Viva il Papa ! Viva Emmanuel !

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

A Ferney 6 février 1768

J'allais vous écrire, monsieur, lorsque M. Dupuits, mon cher gendre adoptif, m'apporte le beau présent dont vous m'honorez 1. Je dis toujours qu'il vive autant que sa gloire 2.

Comme je travaille à une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, j'ai été obligé d'examiner d'assez près l'ordre chronologique des ministres . Je trouve que le maréchal-duc de La Meilleraye 3 fut surintendant des Finances en 1648 pendant l'exil de Particelli dit Emeri 4, que votre imprimeur a orthographié Perticelli .

Voyez si je me trompe, et si vous avez le temps encore de faire un carton .

Voyez encore si dans la même page 575 vous ne pourriez pas placer Abel Servien surintendant conjointement avec Foucquet .

Il me paraît aussi absolument nécessaire de ne pas omettre que le marquis de La Vieuville 5 fut créé surintendant et duc et pair en 1651 . Je pense qu’en serrant un peu vous pourriez aisément réformer ces bagatelles . Il ne s'agirait que d'un seul feuillet .

Je ne prendrais pas la liberté de vous faire cette prière à l'occasion d'un autre règne que celui de Louis XIV, mais ce règne est si beau et si grand en tout genre, il est tellement devenu l'époque de la gloire de la nation par la foule des grands homme qui l'ont illustré, qu'on ne peut ce me semble négliger aucun des hommes qui ont eu part à l'administration . Le maréchal de La Meilleraye d'ailleurs était un homme dans le goût du duc de Sully, un peu brutal, mais vrai juste, économe . Il lui manqua un Henri IV . Il n'avait qu'un Mazarin .

Votre ouvrage sera un des beaux monuments de ce grand siècle, car vous êtes né sous Louis XIV . On vous continuera un jour, on vous imitera, mais on ne vous ressemblera pas .

Il y a plus de six mois que je n'ai écrit à Mme Du Deffand, mais je n'ai pas eu un moment à moi . Les maladies et les travaux m'accablent . Ce n'est point vous qui avez quatre-vingt ans, c'est moi . Mais j'aime encore les belles-lettres comme si je n'en avais que vingt-cinq. Elles font le charme des derniers jours de ma vie . Je présente toujours requête à la nature pour qu'elle prolonge vos jours, qu'elle adoucisse l'état de Mme Du Deffand, et qu'elle la dédommage s'il se peut de ce qu'elle lui a ôté . Mon gendre me donne dans l'instant une lettre d'elle . La poste va partir . Je ne lui écrirai que lundi, mais je lui serai tendrement attaché comme à vous jusqu'au dernier moment de ma vie .

V. »

1 L'édition de Paris , 1768, du Nouvel abrégé chronologique : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56063559

2 Réminiscence approximative d'un vers de V* lui-même, dans une lettre en vers mêlée de prose à Hénault ; le vers exact était : Qu'il vive autant que son ouvrage . Lettre du 4 décembre 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/27/qu-il-vive-autant-que-son-ouvrage.html

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16/09/2023 | Lien permanent

La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité

... Choses abondantes dans le monde des politicards .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

30 septembre 1767

Je ne comprends pas, mon cher ange, ni votre lettre ni vous. J'ai suivi de point en point la distribution que Lekain m'avait indiquée comme, par exemple, de donner Alzire à Mlle Durancy, et Zaïre à Mlle Dubois, etc.

Comme je ne connais les talents ni de l'une ni de l'autre, je m'en suis tenu uniquement à la décision de Lekain, que j'ai confirmée deux fois.

Mlle Dubois m'a écrit en dernier lieu une lettre lamentable, à laquelle j'ai répondu par une lettre polie. Je lui ai marqué que j'avais partagé les rôles de mes médiocres ouvrages entre elle et Mlle Durancy; que si elles n'étaient pas contentes, il ne tiendrait qu'à elles de s'arranger ensemble comme elles voudraient. Voilà le précis de ma lettre , vous ne l'avez pas vue sans doute . Si vous l'aviez vue, vous ne me feriez pas les reproches que vous me faites.

M. de Richelieu m'en fait, de son côté, de beaucoup plus vifs, s'il est possible. Il est de fort mauvaise humeur. Voilà, entre nous, la seule récompense d'avoir soutenu le théâtre pendant près de cinquante années, et d'avoir fait des largesses de mes ouvrages depuis environ quinze ans .

Je ne me plains pas qu'on m'ôte une pension que j'avais, dans le temps  qu'on en donne une à Arlequin 1 . Je ne me plains pas du peu d'égard que M. de Richelieu me témoigne sur des choses plus essentielles; je ne me plains pas d'avoir sur les bras un régiment, sans qu'on me sache le moindre gré de ce que j'ai fait pour lui ; je ne me plains que de vous, mon cher ange, parce que plus on aime, plus on est blessé.

Il est plaisant que, presque dans le même temps, je reçoive des plaintes de M. de Richelieu et de vous. Il y a sûrement une étoile sur ceux qui cultivent les lettres, et cette étoile n'est pas bénigne. Les tracasseries viennent me chercher dans mes déserts ; que serait-ce si j'étais à Paris? Heureusement notre théâtre de Ferney n'éprouve point de ces orages . Plus les talents de nos acteurs sont admirables, plus l'union règne parmi eux . La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité. Je dois me renfermer dans les plaisirs purs et tranquilles que mes maladies cruelles me laissent encore goûter quelquefois. Je me flatte que celui qui a le plus contribué à ces consolations ne les mêlera pas d'amertume, et qu'une tracasserie entre deux comédiennes ne troublera pas le repos d'un homme de votre considération et de votre âge, et n'empoisonnera pas les derniers jours qui me restent à vivre.

Vous ne m'avez point parlé de Mme de Grosley; vous croyez qu'il n'y a que les spectacles qui me touchent. Vous ne savez pas qu'ils sont mon plus léger souci, qu'ils ne servent qu'à remplir le vide de mes moments inutiles, et que je préfère infiniment votre amitié à la vaine et ridicule gloire des belles-lettres, qui périssent dans ce malheureux siècle. 

V.»

1 Beuchot pense qu'Arlequin désigne Bergier , à cause du commencement de la lettre du 22 janvier 1768 à Morellet ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-4.html

Cette interprétation est fausse ; « Arlequin » est l’acteur Carlin de la Comédie-Italienne, reçu en 1741, et qui vient d'atteindre cinquante-quatre ans ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Antonio_Bertinazzi

et : https://essentiels.bnf.fr/fr/article/f9ec084f-fc33-4bf8-a44c-bd47b98d5156-comedie-italienne-18e-siecle

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08/05/2023 | Lien permanent

Il trouve très bon qu'elle consulte le cousin qui est un peu brutal à la vérité, mais qui comme vous dites à de l'argent

... Le "cousin" se trouve être Poutine, et "il" le trop célèbre Jean-Marie père de "elle" , la Marine FN que la démocratique Russie  trouve bon de financer, la marine nationale , elle, lui ayant fait faux bond (NB - la France peut s'enorgueillir d'avoir un Mistral qui dépasse les 100 km/h dans la vallée du Rhône et deux Mistral supposés popofs qui servent de pièges à moules dans l'estuaire de la Loire ) .

Je fais des voeux pour que l'on joue le coup de l'Emprunt russe, -de triste mémoire pour mes grands parents,- cette fois ci aux dépens du prêteur soviétique .

 

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 Cousin "un peu" brutal : quelle famille !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Genève 11 mars [1760]

Ma chère et honorée Demoiselle,

J'ai d'abord l'honneur de vous dire que notre famille a reçu une lettre de Mlle Cidefre 1. Son futur n'est point du tout content d'elle . Il trouve très bon qu'elle consulte le cousin qui est un peu brutal à la vérité, mais qui comme vous dites à de l'argent et une bonne tête . Mais nous trouvons très mauvais qu'une fille qui monte en graine et qui a besoin d'être mariée fasse tant la difficile quand on lui veut assurer un très bon douaire . Ma belle Demoiselle vous êtes un grand esprit, vous avez lu les fables de La Fontaine, souvenez-vous de la fable du héron qui refusa de manger une carpe à son déjeuner, et puis une tanche, et une perche et qui finit par être trop heureux de manger un colimaçon !2

Ma chère et honorée Demoiselle, je n'ai d'autre intérêt à ce mariage que le bien des deux parties . Si votre parenté est capricieuse j'en suis bien fâché pour elle . Nous connaissons tout son mérite mais il ne faut pas la gâter . Nous pensions que vous étiez en commerce de lettres avec elle , et que vous pouviez lui faire entendre raison, car nous savons qu'avec tous vos charmes et toutes les grâces de votre esprit, vous avez un très bon cœur et que vous êtes conciliante . Que vous êtes heureuse , Mademoiselle ! vous avez vu tous les talents de l'auguste maison de Saxe Gotha se déployer 3! quel plaisir pour leur adorable mère ! et pour madame la grande maîtresse des cœurs . Monseigneur et madame son auguste épouse ont-ils bien pleuré de joie ? J'en aurais pleuré aussi, moi qui vous parle, si j'avais pu me transporter dans votre charmante cour . Mais j'ai été obligé de rester dans mon village, car les travaux de la campagne, Mademoiselle, doivent marcher les premiers, et vous sentez bien qu'il faut avoir du blé avant d'avoir du plaisir . Nos troupeaux se portent assez bien . Nous lisons les soirs avant de nous coucher . Nous voudrions bien pouvoir vous envoyer les vers moraux qu'on attribue à Sa Majesté le roi de Prusse, mais on les a fait saisir en France et nous n'en aurons pas sitôt un exemplaire .

Le roi d'Espagne chasse les jésuites du Paraguay . C'est du moins une consolation . Le frère Saci, jésuite marchand banquier, a perdu à Paris un gros procès pour une lettre de change de dix mille écus . Cela fait beaucoup de bruit dans l'église de Dieu . Nos chers ministres de Suisse ne perdront jamais tant d'argent .

On paye en France environ le cinquième de son bien pour faire la guerre en Allemagne . Prions Dieu, ma chère Demoiselle . Je suis avec toute ma famille bien humblement votre très humble et obéissant serviteur .

Jacques Lamentier 4

Nous vous prions de vouloir bien Mademoiselle faire rendre ce poulet à la future . »

1 Anagramme de Fédéric, signature du roi de Prusse ; voir la lettre du 24 février 1760 de Frédéric II : page 314 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f328.texte.r=roi%20de%20prusse

ainsi la suite de la lettre est claire ; voir la lettre du 21 mars 1760 à la duchesse  .

4 Comparer avec la lettre du 15 février 1760 à la duchesse , signée Sutamier, si elle est bien lue : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/14/mademoiselle-je-vous-fais-ces-lignes-pour-vous-remercier-de-l-air-gracieux.html

 

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14/03/2015 | Lien permanent

... est non-seulement un outrage fait à la vérité défigurée en plusieurs endroits, mais un manque de respect à notre nat

... Et il est juste, monsieur le futur ex-président de la France, qu'au vu des pièces disponibles, vous soyez interrogé et jugé comme le commun des mortels .

S, comme ça trompe !

Enormémént !!

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« A messieurs de l'ACADÉMIE FRANÇAISE.

Le 21 décembre [1755]

Messieurs, daignez recevoir mes très-humbles remerciements de la sensibilité publique 1 que vous avez témoignée sur le vol et la publication odieuse de mes manuscrits, et permettez-moi d'ajouter que cet abus, introduit depuis quelques années dans la librairie, doit vous intéresser personnellement; vos ouvrages, qui excitent plus d'empressement que les miens, ne seront pas exempts d'une pareille rapacité.
L'Histoire prétendue de la Guerre de 1741, qui parait sous mon nom, est non-seulement un outrage fait à la vérité défigurée en plusieurs endroits, mais un manque de respect à notre nation, dont la gloire qu'elle a acquise dans cette guerre méritait une histoire imprimée avec plus de soin. Mon véritable ouvrage, composé à Versailles sur les mémoires des ministres et des généraux, est, depuis plusieurs années, entre les mains de M. le comte d'Argenson, et n'en est pas sorti. Ce ministre sait à quel point l'histoire que j'ai écrite diffère de celle qu'on m'attribue. La mienne finit au traité d'Aix-la-Chapelle 2, et celle qu'on débite sous mon nom ne va que jusqu'à la bataille de Fontenoy 3. C'est un tissu informe de quelques-unes de mes minutes dérobées et imprimées par des hommes également ignorants. Les interpolations, les omissions, les méprises, les mensonges, y sont sans nombre. L'éditeur ne sait seulement pas le nom des personnes et des pays dont il parle, et, pour remplir les vides du manuscrit, il a copié, presque mot à mot, près de trente pages du Siècle de Louis XIV. Je ne puis mieux comparer cet avorton qu'à cette Histoire universelle que Jean Néaulme imprima sous mon nom il y a quelques années. Je sais que tous les gens de lettres de Paris ont marqué leur juste indignation de ces procédés. Je sais avec quel mépris et avec quelle horreur on a vu les notes dont un éditeur 4 a défiguré le Siècle de Louis XIV. Je dois m'adresser à vous, messieurs, dans ces occasions, avec d'autant plus de confiance que je n'ai travaillé, comme vous, que pour la gloire de ma patrie, et qu'elle serait flétrie par ces éditions indignes, si elle pouvait l'être.
Je ne vous parle point, messieurs, de je ne sais quel poëme entièrement défiguré 5, qui paraît aussi depuis peu. Ces œuvres de ténèbres ne méritent pas d'être relevées, et ce serait abuser des bontés dont vous m'honorez; je vous en demande la continuation.

Je suis avec un très-profond respect, etc. »



 

1 Voir la lettre de Voltaire à l'Académie française de novembre 1755 25/3/2012 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/25/lorsque-des-hommes-comme-vous-elevent-leurs-voix-pour-reprou.html

, et la réponse de M. Duclos : « DE M. DUCLOS, en qualité de secrétaire perpétuel de l'Académie Française
L'Académie est très-sensible aux chagrins que vous causent les éditions fautives et défigurées dont vous vous plaignez; c'est un malheur attaché à la célébrité. Ce qui doit vous consoler, monsieur, c'est de savoir que les lecteurs capables de sentir le mérite de vos écrits ne vous attribueront jamais les ouvrages que l'ignorance et la malice vous imputent, et que tous les honnêtes gens partagent votre peine. En vous rendant compte des sentiments de l'Académie, je vous prie d'être persuadé, etc.
DUCLOS, secrétaire. »

 

 

 

4 La Beaumelle.

 

5 La Pucelle d'Orléans dont circulent d'innombrables éditions frelatées .

 

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29/04/2012 | Lien permanent

et au bout de sept ou huit ans de guerre on sera de sept ou huit cent millions plus pauvre qu'auparavant

... Et si on parlait plutôt de milliards de dollars, il ne serait même pas besoin d'attendre six ou sept ans pour voir dégringoler la trésorerie d'un  pays qui entretient une armée, et qui la fait opérer comme le font les USA  . Voir : http://www.i24news.tv/fr/actu/economie/finance/130827-etats-unis-le-plafond-de-la-dette-sera-atteint-mi-octobre

D'un autre côté ce sont de formidables marchands d'armes, ce qui permet de couvrir une partie des frais, vous diront les parfaits économistes au grand coeur .

Alors, notre France surendettée peut-elle s'offrir le même luxe ? Oui ? Non ? Peut-être ? Niet !!

 

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« A Jean-Robert Tronchin

23 juin [1759]

Je suis un peu malingre aujourd'hui, mon cher correspondant, mais je peux encore dicter que la dame du Coudray est insupportable 1. Elle date de Rouen, elle demande une lettre de change pour Rouen, la lettre de change arrive ; point de Mme du Coudray . Ce n'est pas votre faute , ni la mienne ; il faut attendre que cette dame donne de ses nouvelles, ou que la dame Eustache, la marchande de toile, écrive ; nous n’avons rien à nous reprocher et son argent est tout prêt .

Voilà je crois l'ancien mémoire que vous redemandez . Hier, me portant moins mal, j'écrivis au ministre de Son Altesse électorale palatine et lui dis que pour n'avoir jamais de difficultés il fallait que vous eussiez la bonté de me payer dorénavant, et qu’il y consentit ; nous verrons ce que le Silhouette de Manheim répondra .

Est-il vrai que l'on va payer 4 livres par marc de sa vaisselle ?2 Cette taxe ne fera pas fleurir la profession d'orfèvre . Voilà une sorte de guerre dans laquelle il n'y a rien absolument à gagner, quelque chose qui arrive, et beaucoup à perdre . Je ne connais que les Tartares qui aient jamais eu raison de faire la guerre, c'était pour avoir de bon vin et de belles filles . Nous pourrons prendre Madras, nous perdrons le Canada, et au bout de sept ou huit ans de guerre on sera de sept ou huit cent millions plus pauvre qu'auparavant . Je suis aussi plus pauvre , mais j'ai du foin, du blé, du vin, des chevaux, des moutons, et quand je me porterai bien je monterai ma grasse ânesse avec la jolie selle que j'attends de vos bontés .

Je vous embrasse mon cher ami .

V. »

2 Une taxe de ce genre fut en effet instituée ultérieurement .

 

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09/08/2014 | Lien permanent

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