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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les Russes sont si menteurs, Paris est si peu instruit

... Voltaire voit juste , y compris pour notre époque .

Rien de nouveau sous le soleil de Sotchi !

Rien de neuf sous le pont du même nom !

Les qualificatifs sont vrais et le restent . Nous ferons avec .

 Notre Gégé 2 par 2 en rajoute une couche, comme quoi il soigne son porte-monnaie d'abord, mais n'est pas encore tout à fait reconnaissant , ou plutôt est connaisseur de ceux qui l'accueillent : http://www.sudinfo.be/799996/article/fun/people/2013-09-04/gerard-depardieu-les-russes-peuvent-etre-fourbes-menteurs-inconstants-bavards-hy

Est-ce un reste de lucidité, ou un don de double vue made in vodka qui lui permet de nous éclairer ainsi ?

 En tout cas, c'est la première fois que je le vois du même avis que Voltaire, inconsciemment bien évidemment ! Tout n'est pas perdu , peut-être Gégé lira-t-il Voltaire ? ...

 russes menteurs 2 par 2.jpg

Beaufitude



« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Aux Délices 18 septembre [1758]

Les nouvelles d'Allemagne varient si fort, les Prussiens exagèrent tant et sont si gascons, les Russes sont si menteurs, Paris est si peu instruit que je ne crois rien, mon cher correspondant, et que je ne vous mande rien .

Thieriot me mande qu'il vous a adressé pour moi il y a quelques semaines un livre intitulé La France littéraire 1 et des manuscrits sur la Russie . Certainement si ce paquet vous était parvenu vous me l'auriez envoyé . Je crois qu'il y a inquisition et rapacité sur les envois de livres . Ceux-ci cependant ne sont pas dans le cas d'être volés par les inquisiteurs de la librairie . Je vous demande pardon de cette petite importunité .

Nous avons ici le bon M. de Fleurieu 2. J'ai eu l'honneur de boire hier à votre santé avec monsieur votre frère 3 . Je vous embrasse sans cérémonie selon ma louable coutume .

V. »

2 Jacques Annibal Claret de La Tourette de Fleurieu, éminent lyonnais, secrétaire de l'Académie de Lyon . Voir : http://s.claretdefleurieu.free.fr/Jacques%20Annibal.htm

 

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30/10/2013 | Lien permanent

Les effets publics se soutiendront sans doute puisque voilà un lieutenant de police à la tête de la marine

 ... De nos jours il serait miraculeux que les effets publics prennent de la valeur simplement parce que notre ministre de l'Intérieur (SuperFlic) hérite du portefeuille du ministère de la Marine ou de la pêche ; quel que soit le résultat des chaises musicales envisagé, il restera un teigneux . Je pense d'ailleurs que la Marine lui ferait sortir des boutons tant il est allergique à la fille du pape du FN .

 Marine_Nationale.jpg

Bon , comme Voltaire , je regarde ces modifications possibles ou supposées avec la même ironie . Si dans ces affaires nous ne perdons pas d'argent, ce sera déjà une belle chose .

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

8 octobre [novembre 1758]

Mon cher correspondant , ces annuités sont donc bonnes puisqu'on en paye les coupons . Ces billets de loterie ne sont donc pas mauvais puisqu'ils produisent des lots dont on délivre l'argent . Les effets publics se soutiendront sans doute puisque voilà un lieutenant de police 1 à la tête de la marine . Quand ils seront au pair, daignez avertir votre ami de Ferney .

Je crois bien que ce n'est pas vous qui avez fait les quatre vers pour le roi de Prusse . Ce n'est pas moi non plus . Il m'en envoya plus de deux cents l'année passée 2 , mais à présent s'il en fait cent ce sont des élégies .

Expliquons-nous sur les Rois 3, c'est-à-dire sur le paiement des Rois, et sur mes Pâques, c'est -à-dire sur le paiement de Pâques . J'entends que je vais tirer sur vous pour l'échéance des trois Rois, et pour l'échéance de Pâques . On entend à Lyon qu'on fait à Pâques le paiement des Rois, et à la Jean 4 , celui de Pâques ; et chez les vieux seigneurs de Ferney c'est tout le contraire . C'est donc pour la fin de décembre que je vais tirer et pour la fin de mars, et mes billets seront peut-être au porteur afin qu'il ne soit pas dit que j'ai acheté Ferney et payé avant de m'accommoder pour les lods avec le seigneur paramont 5 .

On dit à Versailles la Saxe évacuée, on dit les Suédois à Berlin 6 et je n'en crois rien ni vous non plus .

Cours à l'incluse je vous en supplie.

Nous vous embrassons tous et toutes .

V. »

1 Berryer en sa qualité de lieutenant de police avait surtout songé à rendre service à Mme de Pompadour et en sera récompensé en obtenant le 1er novembre 1758 la charge de secrétaire d’État à la Marine . Il ne fit pas davantage preuve de compétence dans ce poste et devint aussi impopulaire que dans sa précédente fonction .

2 Voir lettre de Frédéric du 8 octobre 1757 : page 280 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f283.image

Il n’y a que 42 vers dont la conclusion est remarquable .

3 Échéance du jour des Rois, le 6 janvier , Épiphanie .

4 St Jean le 24 juin .

5 Voir lettre du 23 septembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/m...

6 Berlin était menacé à la fois par les Suédois et par les Autrichiens, mais ne fut occupée par aucune armée ennemie avant octobre 1760 .

 

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05/12/2013 | Lien permanent

Que m'importe comment Calvin avait l'âme ? La mienne est tranquille

... Et son avenir n'aura pas plus d'importance qu'un reflet sur une touche de mon clavier ou mon écran . 

 

reflet de l ame0592.png

 

 

« A monsieur le ministre Jacob VERNES

chez monsieur son père

à Genève

[vers le 15 mai 1757]

Je reçois mon cher ministre, une relation de la victoire du roi de Prusse 1. Elle vient par Shafouze, n'est point signée, et je ne sais à qui attribuer cette galanterie . Il n'est point encore question dans cette relation de l'entrée du roi de Prusse dans Prague .

Il faut être bien désœuvré pour faire attention à des mercures . J'ai lu cette lettre . Elle est toute défigurée et toute tronquée . C'est ainsi qu'on en use d'ordinaire avec mes pauvres ouvrages . Comment aurais-je pu écrire que j'ai fait imprimer ici dans mon Histoire que Calvin avait une âme atroce puisque cela ne se trouve point dans mon Histoire ?2 Que m'importe comment Calvin avait l'âme ? La mienne est tranquille, méprise ces sottises et je vous aime . Je vous prie de détromper vos amis . »

1 Le 6 mai 1757, le roi de Prusse gagne, en Bohème, à Ziscaberg, près de Prague, une bataille sur les Autrichiens, commandés par le maréchal comte de Brown , sous les ordres du prince Charles de Lorraine. Voir aussi : http://www.1789-1815.com/1757.htm

 

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31/10/2012 | Lien permanent

Nous sommes des esclaves qui voulons danser avec nos chaines





« A Louis Racine

Ce 14 mai [1736 ?] à Paris

J’ambitionne extrêmement votre amitié, Monsieur, et je respecte vos décisions. Mais je crois mériter que vous joigniez des raisons à l’autorité. Dites-moi, je vous en prie, si la rime est inventée pour flatter l’oreille ou pour réjouir les yeux. Dites-moi si lorsque abhorre rime avec encore, terre ne doit pas rimer avec père. Ne sommes-nous pas déjà assez esclaves en tout ? J’ai combattu moi-même pour les chaines que nous portons. Tous les étrangers qui méprisent notre rime dans les tragédies et dans les comédies m’ont exhorté à la bannir. J’ai toujours répondu que n’ayant pas dans notre langue pauvre et contrainte les mêmes avantages que les Italiens et les Anglais nous ne pouvions prendre les mêmes libertés. Je crois malheureusement la rime nécessaire à notre faible poésie. Mais je ne crois pas que les fers que nous portons doivent nous surcharger. Nous sommes des esclaves qui voulons danser avec nos chaines. Pourquoi donc les appesantir sans raison ?

Les Italiens et les Anglais se moquent de nous quand ils voient dans nos ouvrages sérieux des rimes trop recherchées. Cette puérilité et ce retour d’un tintement de syllabes n’est permis chez eux que dans le style burlesque qu’ils appellent en Italie sdruccioso, et en Angleterre drag dogrel [mots mal déchiffrés par le copiste].

Vous me dites qu’on a blâmé monsieur votre père d’avoir fait rimer j’allumai avec aimé. C’est apparemment dans ce vers :


Brûlé de plus de feux que je n’en allumai
[dans Andromaque, mais allumai rime avec consummé.]

Je ne sais pas si quelque abbé Pellegrin ou quelque misérable puriste s’est donné l’attention ridicule de rechercher s’il y avait un i grec ; ce que je sais, c’est que le vers et non la rime est très répréhensible. Le feu du cœur d’un amant comparé à l’embrasement de Troie est un concetto digne du Marino [Giovanni Battista Marino (1569-1625) connu en France sous le nom de Cavalier Marin ; cette « pointe» se trouve déjà dans La Troade de Sallebray et dans le roman d‘Héliodore Théogène et Chariclée]. Il eût mieux valu faire rimer hallebarde avec miséricorde.

Vous m’allez répondre qu’il faut penser juste et rimer de même et que c’est ainsi que vous et votre illustre père en usez presque toujours. Illa debuit facere et ista non omittere,[il aurait fallu faire cela et ne pas oublier ceci] et je vous répondrai toujours qu’il faut rimer uniquement pour les oreilles, et que si on rimait  pour les yeux paon oiseau rimerait avec mouton. Pauvres barbares que nous sommes qui du mot augustus avons fait le mois d’août, qu’on prononce ou, à quoi le ferons nous rimer ? Il y a cent autres exemples. C’est cette malheureuse contrainte qui fait dire à toute l’Europe que nous n’avons point de poètes, car le langage du théâtre où les Français ont excellé n’est point la véritable poésie, et les épîtres de Despréaux sont de la raison rimée sans imagination et sans beaucoup d’esprit et de grâces. Quelle profusion d’images chez les Anglais et chez les Italiens ! Mais ils sont libres, ils font de leur langue tout ce qu’ils veulent. Ô liberté, il n’y a point de biens sans toi en aucun sens. Pardon de tant de bavarderie. Je vous estime et je vous aime pour toute ma vie.

Voltaire. »

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14/05/2010 | Lien permanent

je n'ai point encore cette éducation de l'homme le plus mal élevé qui soit au monde . Je l'aurai incessamment

... Ou pas ! Être mal élevé me semble demander un travail de tous les instants, une volonté sans faille, ou alors simplement mettre en application les délirantes directives de Jean-Jacques Rousseau et son Emile , et ce n'est pas mon professeur de philosophie  Osiris Cecconi qui dira le contraire ( il nous avait mis en garde , à juste titre mille fois, contre l'absurdité de la pédagogie rousseauiste qui mène à l'échec ).

 Un  exemple très parlant de mal élévée : Marine Le Pen, qui, comme Rousseau, aime les fleurs et la nature .

 Résultat de recherche d'images pour "marine le pen et son père humour"

 Encore un qui se prend pour Jésus Christ !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 juin [1762] 1

Mon cher frère, je n'ai point encore cette éducation de l'homme le plus mal élevé qui soit au monde 2. Je l'aurai incessamment . Je sais, en attendant, que l'auteur est un monstre d'insolence et d'ingratitude . Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui .

Permettez que je vous adresse un exemplaire d'une brochure plus abominable 3 que tous les livres de Jean-J. Rousseau ; elle est pour M. le marquis d'Argence . Ce n'est pas le prétendu marquis d'Argens, compilateur fort plat des Lettres juives 4, qui est à Berlin, c'est le marquis d'Argence, maréchal de camp, en son château, près d'Angoulême . C'est un homme très instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage : il est prodigieusement rare, et, Dieu merci, il ne fera nul mal .

On ne veut donc pas imprimer l’Éloge de Crébillon ? J'étais curieux de le voir .

Je crois frère Thieriot en chemin ; je voudrais bien que vous puissiez en faire autant . Vale . »

1 Il existe une copie du XIXè siècle au dos de laquelle figure une note autographe de V* ainsi conçue : « Le baron de Pellemberg officier aux gardes wallones fils du baron d'Hovorst Pellemberg général major au service de l'impératrice reine » . On retrouvera le second de ces Pellemberg dans la correspondance une dizaine d'années plus tard . Il existe aussi une copie Beaumarchais-Kehl, et une édition Cayrol .

2 L'Emile de JJ Rousseau qui venait de paraître .

 

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20/04/2017 | Lien permanent

C'est un fripon artificieux et insolent , qui leur attirera quelques affaires

... Diable ! ne s'agirait-il pas exactement de mister Ni-Ni-Nicolas Sarkozy, au sein de cette UMP qu'il rêve de débaptiser , ce qui ne l'empêchera pas d'être aussi mal famé en président de n'importe quoi qu'en chefaillon d'UMP . Je lui rappelle -car je ne lui veux que du bien, évidemment- que ça porte malheur de rebaptiser un navire , surtout quand il est déja en mauvais état ;  et quoique la peinture soit refaite aux deux tiers depuis peu , on n'a jamais vu la peinture remplacer une coque en bon état .

 

casseroles.jpg

 

 

« A Élie Bertrand

premier pasteur de l’Église française

à Berne

2è avril 1760 aux Délices

Pardon, mon cher monsieur, de n'avoir pas répondu comme je le devais à la lettre que vous m'avez écrite touchant mon cabinet . Je compte aller chez Son Altesse Électorale Palatine à la fin de mai, ce sera là ma meilleur réponse 1 . L'étude qui est ici ma plus grande occupation m'a absorbé depuis un mois ; je me suis enterré dans mon imagination , [je r]essusciterai 2 pour vous aller voir à Berne , ce sera pour moi un grand plaisir d'y faire ma cour à M. et Mme de Freüdenrich, et de revoir encore cette ville où l'on a eu tant de bontés pour moi .

Il est vrai qu'on négocie beaucoup ; mais il n'est pas moins vrai qu'on arme davantage ; si nous avons la paix à la fin de cette année, l'olive sera sanglante 3. Messieurs de Lausanne ont grand tort de garder ce Grasset chez eux . C'est un fripon artificieux et insolent , qui leur attirera quelques affaires . Je vous embrasse .

Ve. »

1 V* pensait à des fossiles et des « curiosités naturelles » pour le cabinet de l'Electeur palatin ; voir lettre du 14 mars 1760 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/14/mes-curiosites-sont-des-charrues-et-des-semoirs-mais-il-faut-5582857.html . Mais le voyage n'eût pas lieu .

2 Le papier du manuscrit a été arraché par le cachet .

3 Dans La Henriade, IX, 76 et ailleurs (lettre du 22 janvier 1760 à la comtesse Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/25/ce-n-est-qu-avec-des-lauriers-que-vous-aurez-de-bonnes-olive-5543672.html , lettre du 23 avril 1760 à Chennevières : page 359 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f373.texte.r=3485

V* associe les olives à la conclusion de la paix et aux lauriers ; pour l'emploi du mot olive seul, voir la lettre du 19 juin 1760 à Jean-Robert Tronchin : « Toutes les armées ont pris de l'opium, puisse l'olive venir à son tour . »

 

 

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03/04/2015 | Lien permanent

Défendez-moi du spadassin, je me charge de l'écorcheur

... L'un et l'autre vont sentir ce qu'est le pouvoir d'une plume .

 

« Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[vers septembre 1760] 1

Monsieur le duc, je ne sais ce que mes oreilles ont fait à MM. de Pompignan, l'un mes les écorche depuis longtemps, l'autre veut me les couper . Défendez-moi du spadassin, je me charge de l'écorcheur ; j'ai besoin de mes oreilles pour entendre tout ce que la renommée dit de vous . »

1 Copie par Wyatt, secrétaire de Mme du Deffand, envoyée à Walpole ; c'est le texte suivi .

Il existe aussi trois éditions qui ont toutes un texte différend . La première est celle des Lettres curieuses, qui donne le texte suivant :

« Je ne sais , monsieur le duc, ce que j'ai fait à MM. Le Franc ; l'un m'écorche tous les jours les oreilles ; l'autre menace de me les couper , je me charge du rimailleur, je vous abandonne le spadassin ; car j'ai besoin de mes oreilles pour entendre tout ce que la renommée publie de vous . »

La seconde est celle de Kehl :

« J'ignore ce que mes oreilles ont pu faire aux Pompignan . L'un mes les fatigue par ses mandements, l'autre me les écorche par ses vers, et le troisième me menace de les couper . Je vous prie de me garantir du spadassin ; je me charge des deux écrivains . Si quelque chose, monseigneur , me faisait regretter la perte de mes deux oreilles, ce serait de ne pas entendre tout le bien que l'on dit de vous à Paris . »

La troisième est constituée par les Mémoires d'un voyageur qui se repose , 1806, de Louis Dutens, à qui la lettre de V* avait été montrée à Chanteloup par la duchesse de Choiseul :

« Je ne sais pas ce que j'ai fait aux frères de Pompignan ; l'un m'écorche les oreilles, et l'autre veut me les couper . Protégez moi, monseigneur, contre l'assassin, je me charge de l'écorcheur , car j'ai besoin de mes oreille pour entendre le bruit de votre renommée , etc. »

Les circonstances à propos desquelles V* écrivit cette lettre sont précisées par Mme du Deffand, dans une lettre à Walpole du 7 janvier 1767 : « Elle n'est pas nouvelle, mais elle l'a été pour moi, car ce n'est que d'avant-hier que j'en ai connaissance . Il l'écrivit sur ce qu'il apprit qu'un capitaine, frère de M. Pompignan, était à Genève, et disait qu'il lui donnerait des coups de bâtons et lui couperait les oreilles »

La première édition ne date pas cette lettre ; la seconde la place avec une autre à Choiseul ( en fait plus tardive) en avril 1763, suivie par les éditions modernes ; une lettre de Formey à Algarotti du 17 septembre 1760 relate l'incident d'où la date ici proposée .

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15/09/2015 | Lien permanent

Si cependant on prévoyait quelque obstacle, vous n'aurez qu'à m'envoyer une nouvelle note pour le ministre

... M. Blanquer , d'ici le 11 mai, on n'a pas fini d'avoir ordres et contre-ordres .

Et puis quelle est cette idée détestable de confiner nos anciens ad vitam eternam, eux qui, au contraire d'être les plus fragiles, prouvent, selon moi, qu'ils sont les plus résistants puisqu'ils sont ceux qui ont survécu au plus grand nombre de désagréments . Me trompè-je ? Et à partir de quel âge est-on le plus débile ?

Remettre en liberté d'abord les plus indisciplinés de nos concitoyens , les gamins, sous la houlette de profs dépassés et angoissés , est-ce bien raisonnable et logique ?

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

Il faut, monsieur, que le passeport ait été signé avant qu'on eût reçu les deux semonces que j'ai faites selon vos désirs, car voici ce qu'on me mande du 24 janvier . On vous a envoyé votre passeport pour le vieux malade . M. le duc de Praslin ne ferait pas plus de difficulté d'en accorder un à son prêtre de fils, mais il prétend que celui du père servira . Si cependant on prévoyait quelque obstacle, vous n'aurez qu'à m'envoyer une nouvelle note pour le ministre du saint évangile, et vous serez expédié à la réception de votre lettre .

Ainsi, mon cher philosophe, toutes vos terreurs paniques seront dissipées . Je suppose que Mme la duchesse d'Anville ayant reçu votre lettre, a déjà agi en conséquence . Si elle ne l'avait pas fait vous savez que je suis à vos ordres , j'écrirai sur-le-champ , de la manière que vous me prescrirez . Monsieur votre père n'est-il pas citoyen ou bourgeois de Genève ? Citoyen ou bourgeois n'est-ce pas la même chose en France ? Vous ne voulez pas probablement qu'on mettre le titre de Français réfugié sur le passeport ? Encore une fois, si Mme la duchesse d'Anville n’était point à Paris, ayez la bonté de m'envoyer le modèle précis suivant lequel ce passeport doit être conçu, et vous serez servi avec la plus grande exactitude .

Il est vrai, mon cher philosophe, que je rends les Délices , l'état de mes affaires ne me permet pas de les garder . J'ai essuyé quelque petite tribulation dans la fortune, et il ne m'appartient pas d'avoir autant de maisons que le soleil . Quand aurai-je donc le plaisir de vous revoir dans celle que j’habite encore ? Je vous embrasse très tendrement et très philosophiquement .

V.

28è janvier [1765] au soir . »

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15/04/2020 | Lien permanent

avouons franchement que nous sommes des demi-barbares

... Est-ce un demi-mal ? Limitons-nous ainsi les dégâts ? Nous sommes sur le fil du rasoir avant de nous retrouver barbares tout de bon (ou plutôt tout de mal ) .

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On en connait pourtant le vaccin .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è mai 1764 1

Mon cher frère, abuserai-je encore de vos bontés jusqu’à vous prier de vouloir bien faire donner à Briasson le papier ci-joint ?2 S’il n’est pas du nombre des libraires qui ont le privilège de Corneille, il les connaît du moins, et il peut leur faire parvenir cette déclaration de ma part, en cas qu’elle soit approuvée par vous et par mes anges. Elle peut toujours servir à différer l’exécution de l’entreprise très hasardée des libraires 3; c’est servir, autant que je le peux, la famille Corneille. L’auteur de Cinna m’est cher, malgré Théodore, Pertharite, Agésilas et Suréna, comme j’aime les belles-lettres, malgré l’horrible abus qu’on en fait.

La permission qu’on a donnée à Fréron de les déshonorer deux fois par mois, la secrète envie de gens en place qui prétendaient à l’éloquence, ont été des coups mortels ; et la littérature est devenue un champ de bataille, dans lequel le pédant en robe noire a écrasé le philosophe, et où l’araignée de l’Année littéraire a sucé son sang. Le pis de tout cela, c’est la dispersion des fidèles : c’est là le grand objet de vos gémissements et des miens. S’ils avaient pu se rassembler, c’eût été la plus belle époque de l’histoire du genre humain. Les stoïciens, les académiciens, les épicuriens, formaient des sociétés considérables. Le sénat de Rome, partagé entre ces trois sectes, n’en était pas moins le maître de la terre connue, et on ne peut rassembler six philosophes dans le misérable pays des Welches . En ce cas, renonçons de bonne grâce à la petite supériorité que nous prétendons dans la littérature, et avouons franchement que nous sommes des demi-barbares.

Orate fratres, et écr. l’inf . »

1 L'édition de Kehl suite à la copie contemporaine Darmstadt B mêle des versions abrégées de cette lettre et de celle du 5 mai 1764 en une seule lettre datée du 5 mai 1764 ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-15.html

2 Il n'est pas connu .

3 Impression séparée des Commentaires .

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01/06/2019 | Lien permanent

Plus on retranche en prose, en vers, en tout genre excepté en finance, moins on fait de sottises

...

 

« A Henri-Louis Lekain

[vers le 13 août 1764]1

Mon cher grand acteur, le petit ex-jésuite auteur de ce malheureux drame m'en est venu trouver . Il faut encourager la jeunesse . Je l'ai engagé à retravailler son ouvrage, et il doit vous être remis . Je doute fort que malgré tous ses soins vous trouviez un libraire qui veuille l'imprimer . Il n'y a que les succès qui enhardissent les libraires . Je crois que votre intérêt serait de rejouer la pièce, sans annoncer de corrections, mais en distribuant de nouveaux rôles . Il se pourrait que cette pièce bien représentée plût au moins à quelques amateurs . Je sais que le sujet n'en est pas fort touchant . Je sais même que l'opéra-comique où l'on joue les contes de La Fontaine et où il n'est question que de tétons, de baisers, et de jouissance, inspire beaucoup de froideur pour tout spectacle sérieux, mais il y a un petit nombre de gens qui aiment les sujets tirés de l'histoire romaine, et si ce petit nombre est content, vous tirerez alors quelque parti de l'impression . L'auteur m'a conjuré de vous engager à ne point demander de privilège . Il vous prie encore de supprimer ce titre emphatique de Partage du monde,2 titre qui promet trop, qui ne tient rien, et qui n'est pas le sujet de la pièce . Il prétend que vous pourriez obtenir un ordre des premiers gentilshommes de la chambre pour jouer sa pièce à Fontainebleau . C'est une vraie pièce de ministres . Vous en donneriez quelques représentations à Paris . Cela demanderait peu de travail . Voyez ce que vous pouvez faire, mandez-moi vos idées, afin que je les communique au jeune auteur . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .

N.B. – Si vous voulez absolument imprimer l'ouvrage du petit défroqué, je pense qu'il faudra changer ses a en o . Il a voulu suivre mon orthographe, cela lui ferait tort, on le prendrait pour mon disciple.

N.B. – Si vous prenez ce stérile parti d'imprimer sans jouer, si vous jouez sans imprimer, si vous gardez le manuscrit du prêtre sans imprimer ni jouer ; en un mot quelque chose que vous fassiez, il vous prie de retrancher au 4è acte scène 3 tout ce qui est entre ces deux vers ;

Elle coutera cher ; elle sera fatale

.................................................

Adieu que mon épouse en apprenant mon sort 3.

Plus on retranche en prose, en vers, en tout genre excepté en finance, moins on fait de sottises . »

1 L'édition de Kehl , après plusieurs tentatives pour dater le manuscrit, retient d'abord la date du 30 juin 1764, pour préférer celle de la fin de juillet lors de l'impression . La lettre peut avoir été écrite le même jour que celle destinée à la comtesse d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/10/12/j-ai-achete-assez-cher-la-liberte-tranquille-dans-laquelle-je-finis-mes-jou.html

2 Ce sous-titre fut effectivement supprimé .

3 Les vers intermédiaires furent supprimés, et les deux vers cités furent modifiés .

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14/10/2019 | Lien permanent

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