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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

insérer à l’article Dieu un gros papier blanc sur lequel il y aurait ces mots : que la calomnie rougisse, et qu’elle se

... Dieu seul est assez fort pour cette entreprise , ou à défaut que passe la justice humaine (diablement plus concrète, même si ce n'est pas toujours efficace ).

La médisance sur Internet | Chappatte.com

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 février 1766 1

Mon cher frère, je n’ai pas encore pu lire Vingtième 2, et j’en suis bien fâché ; Vingtième me tient au cœur : les relieurs sont bien lents. Je vous envoie une lettre pour un M. d'Orville 3 que je n’avais pas l’honneur de connaître, mais à qui j’ai beaucoup d’obligations. C’est une bonne âme à qui Dieu a inspiré de me peindre au public en miniature. Lisez, je vous prie, la réponse que je lui fais : je voudrais que vous en prissiez une copie, et que vous la fissiez lire à Platon.

Ne pourrais-je point, par votre protection, avoir de Merlin une douzaine d’exemplaires de ce recueil ? je les lui payerais exactement. Il faut que je joue un tour honnête à ce malheureux archevêque d’Auch 4. Il n’y aurait qu’à mettre pour lui à la poste le premier tome de ce recueil, et insérer à l’article Dieu un gros papier blanc sur lequel il y aurait ces mots : que la calomnie rougisse, et qu’elle se repente. Faites-lui cette petite correction, je vous en supplie ; je lui en prépare d’autres, car je n’oublie rien.

J’ai grande impatience de savoir ce que vous pensez du mémoire d’Élie. Je vous réponds que je lui donnerai des ailes pour le faire voler dans l’Europe.

Est-il vrai que l’Encyclopédie est débitée dans tout Paris sans que personne murmure 5 ? Dieu soit loué ! On s’avise bien tard d’être juste.

Vous m’aviez promis de petits paquets par la diligence, adressés à MM. Lavergne et fils, banquiers à Lyon, avec lettre d’avis. Souvenez-vous de vos promesses, et ne laissez point mourir votre frère d’inanition. »

1 Dans une copie contemporaine de Darmstadt, il manque la première phrase . L'édition C.L. n'indique pas le destinataire .

2 Article de Damilaville dans l'Encyclopédie, qu'il a signé Boulanger . Voir https://fr.wikisource.org/wiki/Grand_dictionnaire_univers...)

5 On lit dans les Mémoires secrets de Bachaumont , au 29 mars 1766 : « Enfin l’Encyclopédie parait tout entière ; il y a dix nouveaux volumes. Par un arrangement bizarre, le libraire les a fait venir de Hollande aux environs de Paris, où ils sont imprimés, et c’est aux souscripteurs à les faire entrer ici à leurs risques, périls et fortune ; il est à présumer cependant que le gouvernement, sans vouloir prêter son autorité à cette publicité, ferme les yeux là-dessus, et que le tout se fait avec son consentement tacite. » Voir page 22 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6336835k/f26.item.texteImage

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31/05/2021 | Lien permanent

il y a du plaisir à se plaindre, et il y aura toujours des gens riches qui diront que le temps est dur

... C'est d'ailleurs parfois un moyen de les reconnaitre , tel l'ex-ministre Ferry, grande gueule, qui se trouve incommodé de n'avoir que 3000€ mensuels de retraite, ne pas pouvoir joindre les deux bouts avec de si modestes sommes et est soulagé d'avoir d'autres revenus, il est limite indigent : écoeurant ridicule !

https://fr.news.yahoo.com/video/gala-video-taisez-claire-chazal-190424031.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAKRtgrB_wCLzGyd9rBV-0P4ErutekRd1WF8d2vL_Ncyr57vdiXnRPAUR4xarpVAAjGiVKl-ov7Unqgr3g_-o8FlXT2EL28Mn960ekUeXg1gxN45q6vImEvz_jhu2mKc_s0shBCIMT5Y2zXtv-lYSaSxbCUDHHYQpIm4Up4NtahbC

blague indécence – Blagues et Dessins

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 février 1766 1

Je viens de lire, mon cher ami, un morceau qui regarde la Population 2 ; j’en ai été encore plus frappé que des choses excellentes qui sont dans le Vingtième. C’est bien dommage qu’il y ait si peu de chose de vous dans une collection si utile au genre humain. Je ne connaissais pas tous vos grands talents ; je pensais que vos occupations journalières vous bornaient à aimer la vérité, et je ne savais pas que vous sussiez la dire avec tant de force et d’énergie. Vous n’employez les détails que pour faire sortir le fond, que vous rendez aussi lumineux qu’intéressant. Je veux bien du mal à la fortune, qui vous force d’examiner des comptes, quand vous voudriez donner tout votre temps à la philosophie. Dites-moi je vous prie, de qui sont les articles marqués sur le feuille ci-jointe . Il y en a un terrible contre les jésuites 3.

Je vous avoue que je n’ai pu m’empêcher de rire en voyant que l'on fait à la Suisse dans l'article Population 4 l’honneur de dire qu’elle est la contrée de l’Europe la plus peuplée. Les Suisses, au contraire, se plaignent de la dépopulation . Leurs académies donnent, pour sujet de leurs prix, d’en trouver la cause et le remède. Ils disent que c’est la France qui est le pays de l’Europe le plus peuplé à proportion. Vous voyez que chacun se plaint, et peut-être fort injustement. Le dénombrement du canton de Berne se monte à 375 000 âmes ; et quand toute la Suisse fit sa grande émigration, du temps de César, le tout se montait à 365 000. Mais il y a du plaisir à se plaindre, et il y aura toujours des gens riches qui diront que le temps est dur.

Vous ne me dites plus rien de Bigex : vous ne me parlez plus de ce que vous me destiniez pour le carême. Mandez-moi, je vous en prie, pourquoi vous n’avez pas à Paris ce que j’ai à Neuchâtel. J’ose me flatter qu’une telle rigueur ne peut pas durer. Embrassez pour moi tendrement Platon et Protagoras . Dites les choses les plus tendres à M. de Beaumont.

Ma santé est toujours fort chancelante . Je n’ai plus d’estomac : il me reste un cœur qui vous aimera jusqu’au dernier moment.

Vous avez sans doute les certificats pour Sirven et mon billet pour Briasson 5?Écr. l’inf. »

1 Copie contemporaine de Darmstadt B. est incomplète d'une partie du premier paragraphe (C'est bien dommage ...à la philosophie ) et des trois derniers mots ; l'édition de Kehl , suivie des autres, n'est pas tout à fait complète et datée du 26 .

3 Depuis Dites-moi, ce passage biffé sur la copie Beaumarchais-Kehl manque dans toutes les éditions .

4 Ces quatre mots sont absents sur la copie Beaumarchais qui auparavant remplace l'on fait par vous faites .

5 Autre phrase manquante sur la copie Beaumarchais et éditions suivantes .

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09/06/2021 | Lien permanent

il vous faudra un jour réprimer les bacheliers en fourrures, ainsi que les gens en bonnet à trois cornes

... Tout à fait exacte prédiction voltairienne !

 

« A Louis-René de Caradeuc de La Chalotais

Au château de Ferney

le 9 juin [1763]

Je n’ai point reçu, monsieur, l’imprimé dont vous daignez m’honorer, et qui m’avait tant plu en manuscrit 1. Il se pourra fort bien faire que je ne le reçoive pas, quelque contresigné qu’il puisse être, à moins qu’on ne l’adresse à M. Jeannel, intendant des postes, et maître absolu de tous les imprimés qu’on envoie, ou qu’on ne me dépêche le paquet par la diligence de Lyon, à l’adresse de M. Camp, banquier à Lyon. Il y a, depuis peu, une petite inquisition sur les livres ; on coupe les vivres à nos pauvres âmes tant que l’on peut. Je crois que nous en avons l’obligation à la lettre que M. Jean-Jacques Rousseau s’est avisé d’écrire à Christophe de Beaumont.

Je ne suis point du tout étonné, monsieur, que le pédant, lourd, crasseux, et vain 2, soit fâché qu’un homme qui n’a pas l’honneur d’être pédant de l’université lui enseigne son métier. Vous avez chassé les jésuites, et vous avez bien fait, messieurs ; je vous en loue, je vous en remercie ; mais il vous faudra un jour réprimer les bacheliers en fourrures, ainsi que les gens en bonnet à trois cornes 3. La Fontaine a raison de dire :

Je ne connais de bête pire au monde

Que l’écolier, si ce n’est le pédant. 4

Dès que j’aurai votre excellent ouvrage, je le proposerai à un libraire, et j’aurai l’honneur de vous en donner avis.

Permettez-moi, monsieur, de vous dire que le sénat de Suède est un conseil de régence perpétuel. Vous savez mieux que moi que chaque gouvernement a sa forme différente, et que rien ne se ressemble dans ce monde. Je suis partisan de l’autorité des parlements, et j’aimerais passionnément celui de Paris si vous en étiez le procureur-général. Je voudrais surtout qu’il fût un peu plus philosophe ; il ne l’est point du tout, et cela me fâche. Mais vous me consolez autant que vous m’instruisez. Dieu nous donne bien des magistrats comme vous, afin que nous puissions nous flatter d’égaler les Anglais en quelque chose !

Agréez, monsieur, le très sincère respect d’un pauvre homme près de perdre les yeux, et qui veut les conserver pour vous lire.

Voltaire. »

2 Souvenir d'un vers de V* lui-même dans Les chevaux et les ânes, v. 65 : « Le lourd Crevier, pédant crasseux et vain. » (http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/facetie-les-chevaux-et-les-anes-ou-etrennes-aux-sots.html ); sur Crevier voir lettre du 6 décembre 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/07/est-ce-du-vieux-est-ce-du-nouveau-est-ce-du-bon-5883799.html

3 C'est-à-dire les docteurs en Sorbonne et les parlementaires .

4 Citation approximative de La Fontaine dans « L'écolier , le pédant et le maître d'un jardin » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/ecolpedant.htm

 

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08/06/2018 | Lien permanent

Quand on a abdiqué un trône, il faut être sage

... N'est-ce pas Fanfoué-l'écrivain de Tulle ?

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« A François Lacombe

[vers le 10 juin 1763]1

Je reçus, avant-hier, monsieur, par madame la duchesse , les Lettres secrètes de la reine Christine 2, dont vous avez bien voulu m’honorer. Je ne suis pas étonné de voir combien l’assassinat de Monaldeschi vous révolte. Vous faites bien de l’honneur aux autres États de dire qu’on aurait puni Christine partout ailleurs qu’en France. Elle l’eût été sans doute dans les pays où les lois règnent ; mais ces pays sont en petit nombre, et Christine eût été impunie à Rome, à Madrid, à Vienne. Je vous serais très obligé, monsieur, de vouloir bien me donner quelques éclaircissements sur l’authenticité de ces lettres 3. J’ai donné quelques lettres de Henri IV très curieuses 4, dans la nouvelle édition de l’essai sur l’Histoire générale. Je les tiens de M. le chevalier de La Motte, qui les a copiées à Andouin sur l’original. J’ignore si les lettres secrètes de Christine sont écrites en italien et traduites en français. Je vois avec peine dans ces lettres les termes de pompons et de calotins , mots que j’ai vu naître dans notre langue 5. Au reste, si ces lettres sont de Christine, elles font peu d’honneur à son jugement. Quand on a abdiqué un trône, il faut être sage ; mais, supposé qu’elle ait eu le malheur d’écrire avec un orgueil si imprudent, ce livre est toujours un monument précieux. Je vous en remercie, et je vous supplie d’éclaircir mes doutes.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois,

M.»

1 La date approximative est indiquée par le fait que V* répond à une lettre de Lacombe du 1er juin 1763, au verso de laquelle d'ailleurs figure la présente minute intitulée « répons ».

2 Lettres secrètes de Christine, rein de Suède, aux personnages illustres de son siècle, par François Lacombe, 1761 : https://books.google.fr/books?id=nsYTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Les doutes de V* sont de bon sens : les lettres de Christine sont apocryphes et écrites par Lacombe qui l'avoue à V* en lui répondant .

4 Voir lettre du 25 juin 1762 à La Motte-Geffrard ( datée du 26 dans l'édition suivante : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-... ) avec note : « Voici deux lettres de M. de Voltaire à M. le ch[evalier] de La Mothe, major du rég[imen]t de Bresse . Celui-ci a fait présent de quarante lettres écrites de la propre main d'Henri IV à Corisande d'Andouin, connue sous le nom de comtesse de Guiche [ou plutôt, de Gramont] . », et voir l'Essai sur les mœurs CLXXIV : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Chapitre_174

5 Calotin est en effet attesté seulement en 1717 au sens de « membre du régiment de la Calote » et ne prend le sens de « clérical » qu'en 1780 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_de_la_Calotte

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09/06/2018 | Lien permanent

Qu’il vive autant que son ouvrage!

... Qui donc ?

Mais Donald Trump bien entendu . Vous allez en conclure que ses jours sont comptés, et que son oeuvre touche à sa fin, heureusement : mais alors qui nous fera rire ou grimacer à la lecture de ses tweets ubuesques, tel un de dernière heure sur les manifestations de nos "gilets'jaunes " : https://www.parismatch.com/Actu/International/Donald-Trum...

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Bonne question d'actualité à l'heure où la Russie et l'Ukraine en viennent aux mains (sales) : http://www.leparisien.fr/international/loi-martiale-en-uk...

 

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

A Ferney, le 4 décembre [1763] 1

Mon cher et respectable confrère, celui qui vous grave n’entend pas mal ses intérêts : il est bien sûr que son burin deviendra célèbre sous la protection de votre plume. Je vous demande en grâce que, si on met au bas de votre portrait ce petit vers

Qu’il vive autant que son ouvrage! 2 

on ajoute : Par Voltaire et par le public.

Il est bien triste que madame du Deffand ne puisse voir votre estampe.

La lumière est pour elle à jamais éclipsée ;

Mais vous vous entendez tous deux.

L’imagination, le feu de la pensée,

Valent peut-être mieux

Que deux yeux.

Je me défais des miens, et j’en suis plus tranquille ;

J’en ai moins de distractions.

Lorsque le cœur calmé renonce aux passions,

Deux yeux sont un meuble inutile.

Cela n’est pas tout à fait vrai, mais il faut tâcher de se le persuader. Mon espèce d’aveuglement est tout à fait drôle : une ophtalmie abominable m’ôte entièrement la vue quand il y a de la neige sur la terre, et je recommence quelquefois de voir honnêtement quand le temps se met au beau. Je vous prie, monsieur, vous qui avez de bons yeux (et cela doit s’entendre de plus d’une manière), de lire ce petit mémoire historique ; vous y trouverez des choses curieuses.

J’ai envoyé à madame du Deffand un conte à dormir debout, qui est d’un goût un peu différent. Les aveugles s’amusent comme ils peuvent.

Tout le Corneille est imprimé ; il y en a douze tomes. La Bérénice de Racine est à côté de celle de Corneille, avec des remarques ; l’Héraclius espagnol est au-devant de l’Héraclius français ; la conspiration de Brutus et de Cassius contre César, de ce fou de Shakespeare, est après le Cinna de Corneille, et traduite vers pour vers et mot pour mot : cela est à faire mourir de rire.

Adieu, monsieur ; conservez vos bontés au vieux de la montagne. »

1 Manuscrit passé à la vente Dentu en 1887 .

2 Le portrait de Hénault gravé par Claude-Antoine Littret de Montigny porte en épigraphe la formule « Qu'il vive autant que son ouvrage ! » tirée d'une lettre en vers de V* à Hénault : épître LXV du 1er septembre 1744 ; https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_65#cite_note-1

Voir aussi : https://data.bnf.fr/14960367/claude_antoine_littret_de_montigny/

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27/11/2018 | Lien permanent

Un homme qui aime autant que lui la comédie mérite assurément de grandes attentions

... Je pense que de nos jours Voltaire inclurait les femmes dans ses attentions . Hommes et femmes humoristes font notre joie, qu'on les laisse en paix et ne censure que les quelques racistes et haineux qui ne réjouissent que des malfaisants de leur acabit .

Un maître ...

https://www.topito.com/top-meilleures-citations-guy-bedos...

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Vous savez, mon très cher résident, que la place de M. Camp 1 ne convient mieux à personne qu'à M. Rieu, qui est né Français, qui a servi le roi longtemps dans les îles, qui vous a été utile pour les passeports, et qui vous est attaché. Je suis bien persuadé que vous le protégerez auprès de monsieur le contrôleur général, et que vous écrirez fortement en sa faveur . Vous pouvez même engager M. le duc de Choiseul à dire un mot pour lui. Un homme qui aime autant que lui la comédie mérite assurément de grandes attentions.

Je viens de recevoir une lettre de M. le duc de Choiseul à faire mourir de rire. Je ne manquerai pas de saisir cette occasion pour joindre ma très humble requête aux recommandations que je vous demande. On a toujours grande envie de faire une ville à Versoix mais avec quoi la nourrira-t-on?

Si vous saviez à peu près le montant des dettes de ce petit polisson de Gallien de Salmorans, vous me feriez plaisir de m'en donner part.

On dit que la reine n'est pas bien 2 . En savez-vous des nouvelles ? Quand aurons-nous l'honneur de vous voir? On ne peut vous être plus tendrement attaché que

V.

13è janvier 1768 à Ferney. »





Lettre de Hennin du même jour :

« A Genève, le 13 janvier 1768.

Ce que vous désirez, monsieur, est fait. J'ai demandé la place vacante faiblement pour moi et mes successeurs, et fortement pour M. Rieu, comme je pourrais vous le prouver en vous envoyant l'extrait de ma dépêche. Je me suis contenté de dire à monsieur le duc qu'il avait été question de réunir cette place à la résidence, mais que peut-être il y trouverait des inconvénients. J'ai mis M le chevalier de Jaucourt en jeu pour M. Rieu, dont j'ai fait valoir les services, et la résolution de s'établir à Versoy. Voici, monsieur, les deux seuls mémoires des dettes de Galien. Je l'ai forcé à payer toutes les autres, à la vérité à mes dépens, mais je n'y veux plus penser. 11 m'avait dit qu'il allait à Paris, et je l'ai annoncé à monsieur le maréchal. Depuis il m'apprend qu'il va d'abord en Dauphiné. Je crois qu'il ne pirouette que pour tomber à l'hôpital.

On ne me dit rien de la santé de la reine, sinon qu'il n'y a aucun mieux.

Dès que les chemins seront libres, je vous assure bien, monsieur, que vous me verrez, et souvent. Genève m'ennuie à un point dont vous n'avez pas d'idée. Quelles gens!

Vous connaissez le tendre attachement que je vous ai voué. »

1 L'édition originale précise : « La place de commissaire des sels du Valais. »

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08/08/2023 | Lien permanent

Il faut que j'implore votre esprit conciliant contre l'esprit de tracasserie

... Qui dit ceci Emmanuel Macron ou Elisabeth Borne ? Les paris sont ouverts .

 

 

« A Suzanne Necker

Au château de Ferney par Genève 28è décembre 1767

Madame,

Il faut que j'implore votre esprit conciliant contre l'esprit de tracasserie . Ce n'est pas des tracasseries de Genève que je parle . On a beau vouloir m'y fourrer, je n'y ai jamais pris part que pour en rire avec la belle Catherine Ferbot, digne objet des amours inconstants de Robert Covelle 1. Il s'agit d'une autre tracasserie que le tendre amour me fait de Paris au mont Jura, à l'âge de soixante-quatorze ans, temps auquel on a peu de chose à démêler avec ce monsieur.

On m'a envoyé de Paris des vers bien faits sur M. Dorat et sa maîtresse 2. On m'a envoyé aussi une réponse de Dorat très bien faite . Mais ce qui est assurément très mal fait, c'est de m'imputer les vers contre les amours et la poésie de M. Dorat. Je jure, par votre sagesse et par votre bonté, madame, que je n'ai jamais su que M. Dorat eût une nouvelle maîtresse. Je leur souhaite à tous deux beaucoup de plaisir et de constance. Mais il me paraît qu'il y a de l'absurdité à me faire auteur d'un petit madrigal qui tend visiblement à brouiller l'amant et la maîtresse, chose que j'ai regardée toute ma vie comme une méchante action.

Je sais que M. Dorat vient chez vous quelquefois . Je vous prie de lui dire, pour la décharge de ma conscience, que je suis innocent, et qu'il faudrait être un innocent pour me soupçonner . C'est apparemment le sieur Coger, ou quelque licencié de Sorbonne, qui a débité cette abominable calomnie dans le Prima mensis 3. En un mot, je m'en lave les mains. Je ne veux point qu'on me calomnie, et je vous prends pour ma caution. Que celui qui a fait l'épigramme la garde; je ne prends jamais le bien d'autrui.

J'apprends, dans le moment, que la demoiselle qui est l'objet de l'épigramme est une demoiselle de l'Opéra. Je ne sais si elle est danseuse ou chanteuse; j'ai beaucoup de respect pour ces deux talents, et il ne me viendra jamais en pensée de troubler son ménage. On dit qu'elle a beaucoup d'esprit; je la révère encore plus. Mais, madame, si l'esprit, les grandes connaissances, et la bonté du cœur, méritent les plus grands hommages, vous ne pouvez douter de ceux que je vous rends, et des sentiments respectueux avec lesquels je serai toute ma vie,

madame

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Voir La Guerre civile de Genève . Catherine Ferbot était connue aussi dans l’univers par son amour pour l’argent. Voyez, à la fin du IIIè chant de la Guerre civile de Genève (tome IX), comment elle fut miraculeusement ressuscitée par un Anglais hérétique. (Clogenson.)

3 La même expression qui signifie « le premier [jour] du mois » apparaît dans la Seconde anecdote sur Bélisaire et dans la Prophétie de la Sorbonne . Il s'agit apparemment d'une réunion mensuelle de la Sorbonne, qui avait lieu le premier jour et était chargée d'examiner les ouvrages nouveaux . Voir la note 4 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/179

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21/07/2023 | Lien permanent

Vraiment cela n’allait pas mal ; j’étais en train. Je me disais : Il y a là des choses qui plairont ... Mais ô mes anges

... Et de ce fait je suis à la bourre pour mettre cette note en ligne . Scusi !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7è novembre 1766

Vraiment cela n’allait pas mal ; j’étais en train. Je me disais : Il y a là des choses qui plairont à mes anges ; cette idée me soutenait. Mais ô mes anges ! les tracasseries viennent en foule : elles tarissent la source qui commençait à couler. On me conteste la turpitude de notre ami Jean-Jacques. On soutient que Jean-Jacques était secrétaire d’ambassade à Venise, et qu’il avait seul le secret du ministère. M. le chevalier de Taulès m’a apporté les originaux des lettres de Jean-Jacques, où il n’est question que de coups de bâton, et point du tout de politique. Il est avéré que ce grand homme, loin d’avoir le secret de la cour, était copiste chez M. le comte de Montaigu, à deux cents livres de gages. Monsieur l’ambassadeur et M. le chevalier de Taulès sont d’avis qu’on imprime ces lettres pour les joindre à l’éducation d’Émile, dès qu’Émile sera reçu maître menuisier, et qu’il aura épousé la fille du bourreau 1.

Je conçois bien que la publication de la honte de Jean-Jacques pourrait servir à ramener à la raison le parti qu’il a encore dans Genève, et refroidirait des têtes qu’il enflamme, et qui s’opposent à la médiation. Mais, comme ces lettres sont tirées du dépôt des Affaires étrangères, je n’ose rien faire sans le consentement de M. le duc de Praslin et de M. le duc de Choiseul. Je remets cette affaire, mes divins anges, comme toutes les autres, à votre prudence et à vos bontés. Il me paraît essentiel que le ministère de France soit lavé de l’opprobre qui rejaillirait sur lui d’avoir employé Jean-Jacques , c’est trop que des d’Éons et des Vergys. La manière insultante dont ce malheureux Rousseau a parlé, dans plusieurs endroits, de la cour de France 2 exige qu’on démasque ce charlatan, aussi méchant qu’absurde. Nous verrons si Mme la duchesse de Luxembourg 3 et Mme de Boufflers le soutiendront encore. On me mande qu’il est en horreur à tous les honnêtes gens, mais je sais qu’il a encore des partisans.

Dites-moi, je vous en prie, des nouvelles de Mlle Durancy. On est toujours fou d’Olympie à Genève, ou la joue tous les jours, le bûcher tourne la tête , il y avait beaucoup moins de monde au bûcher de Servet, quand vingt-cinq faquins le firent brûler.

Je me mets au bout de vos ailes.

V.»

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09/02/2022 | Lien permanent

c’est là la véritable politique d’un homme d’État, de faire craindre un meurtre qu’il n’aurait pas même intention de com

... Ou comment dégommer Rachida Dati, promue on ne sait pourquoi, en la mettant sous le feu des projecteurs, soupçonnée de corruption passive . M. Attal, vous vous marchez sur le sac ( Vuitton, bien entendu ) si c'est involontaire, et bravo si c'est le but de la manoeuvre .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres

rue du Doyenné Saint-Louis du Louvre

à Paris

18è mai 1768 à Ferney

Il n’y a pas de milieu, mon cher ami, vous le savez, vous le voyez, vous en convenez ; il faut que l’amour domine ou qu’il soit exclu. Tous les dieux sont jaloux, et surtout celui-là. C’est bien lui qui demande un culte sans partage. Vous pouvez faire d’Eudoxie une tragédie vigoureuse et sublime, en vous contentant honnêtement de peindre la veuve d’un empereur assassiné, une fille qui voit mourir son père, une mère qui tremble pour son fils. Encore une fois, cela est beau, cela est grand, et ceux qui aiment la vénérable Antiquité vous en sauront beaucoup de gré. Mais vous êtes amoureux, mon cher ami, et vous voulez que votre héroïne le soit : vous avez dit : Faciamus Eudoxiam ad imaginem nostram 1. De tendres cœurs vous ont encouragé, vous avez voulu mêler l’amour au plus grand et au plus terrible intérêt. Sancho Pança vous dirait qu’on ne peut pas ménager la chèvre et le chou.

Si vous voulez absolument de l’amour, changez donc une grande partie de la pièce ; mais alors je vous avertis que vous retomberez dans le commun des martyrs, que vous vous privez de tous les beaux détails, de tous les grands tableaux que votre ouvrage comportait.

Je penserai toujours que vous pouvez faire un rôle admirable de l’ambassadeur ; il peut et il doit faire trembler Eudoxie pour son fils ; c’est là la véritable politique d’un homme d’État, de faire craindre un meurtre qu’il n’aurait pas même intention de commettre. Je ne vois pas trop quel intérêt aurait ce Genséric de conserver le fils de Valentinien  mais il a certainement un très grand intérêt de déterminer Eudoxie à se joindre à lui, par la crainte qu’il doit lui inspirer pour la vie de son fils. Rien n’est si naturel, et surtout dans un barbare tel que Genséric : l’histoire en fournit cent exemples. Je ne me souviens plus quelle était la femme qui défendait sa ville contre des assiégeants qui étaient déjà sur la brèche et qui lui montraient son fils prisonnier, prêt à périr si elle ne se rendait pas ; elle troussa bravement sa cotte : « Voilà, dit-elle, qui en fera d’autres. »

Je vous demande en grâce de me faire tenir vos Commentaires sur Pindare 2 quand ils seront imprimés.

A l’égard de la musique d’opéra, mon cher ami, il faut du génie et des acteurs ; ce sont deux choses peu communes. Ne doutez pas que je ne fasse pour le péché originel tout ce que vous croirez convenable. Notre aimable musicien 3 peut m’envoyer tous les canevas qu’il voudra, je les remplirai comme je pourrai, bien persuadé que le pauvre diable de poète doit être l’esclave du musicien comme du public.

Je vous remercie tendrement de votre acharnement pour Pandore, mais ayez-en cent fois plus pour Eudoxie ; ne l’oubliez que deux mois pour la reprendre avec fureur ; soyez terrible et sublime autant que vous êtes aimable.

Je vous envoie une fadaise 4 à l’adresse que vous m’indiquez. Je vous envoie cette lettre en droiture, afin que vous soyez averti 5. »

1 Adapté de la Genèse, I, 26 ; Faisons Eudoxie à notre image .

2 Discours sur Pindare et sur la poésie lyrique, avec la traduction de quelques odes, 1769 . (Georges .Avenel.)

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96333217/texteBrut

3 La Borde

4 Probablement La Guerre civile de Genève .

5 On trouve dans le Dictionnaire philosophique, à l’article ANA, et sous l’adresse de Damilaville, une lettre adressée à Thieriot le 7 Mai 1768. (G.A.)

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13/01/2024 | Lien permanent

il n’y a point aujourd’hui d’inquisiteurs en France qui fassent brûler les peintres qui les dessinent

... Et vive Charlie ! couverture ancienne mais l'actualité des trublions parlementaires est raccord :

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Fondamentalement lâches, les gueulards n'osent pas affronter ouvertement Charlie .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

21 novembre 1768

Il vaut mieux servir tout à la fois que plat à plat . Ainsi j’envoie à mon divin ange les Guèbres tout entiers, sous le couvert de M. le duc de Praslin. Il m’a paru impossible d’adoucir les traits contre messieurs de Pluton. Si ce sont en effet des prêtres païens, des prêtres des enfers, on ne peut trop les rendre odieux . Si les malintentionnés s’obstinent à traiter cela d’allégories, rien ne les en empêchera, quelque tour que l’on prenne.

Je sens bien que mon nom est plus à craindre que la pièce même. Ce serait mon nom qui ferait naître toutes les allusions ; il porte toujours malheur à la sacro-sainte. Il est constant que la chose en elle-même est non-seulement de la plus grande innocence, mais de la meilleure morale. Si les allusions qu’on peut faire devaient empêcher les pièces d’être jouées, il n’y en aurait aucune qu’on pût représenter. Le possédé a pris son parti . Si on ne peut avoir une approbation, il s’en passera très bien ; il fera imprimer la facétie, qui déplaira beaucoup aux persécuteurs, mais qui plaira infiniment aux persécutés.

Et, après tout, comme il n’y a point aujourd’hui d’inquisiteurs en France qui fassent brûler les peintres qui les dessinent, je ne vois pas qu’il y ait plus de danger à imprimer cette pièce que celle du Royaume en interdit 1, ou de l’Honnête Criminel 2.

Je vous demande en grâce, mon cher ange, de lire l’article « Lally »3  au quatrième volume du Siècle. Je suis convaincu qu’il était aussi innocent que le brutal, et que rien n’est aussi injuste que la justice.

L’abbé de Chauvelin, cette fois-ci, ne doit pas être mécontent . Au reste, il est bien difficile de contenter tout le monde et son père 4.

Respect et tendresse.

V. »

1 Lothaire et Valrade, ou le Royaume mis en interdit, tragédie en cinq actes et en vers (par Gudin de la Brenellerie), 1767, in-8°, publié en 1768 à Amsterdam, mais jamais joué ; voir lettre de mai 1768 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/10/en-attendant-on-le-prie-d-envoyer-les-quatre-volumes-des-nou-6479620.html

3 Au chapitre XXXIV du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_34

4 La Fontaine, « Le meunier , son fils et l'âne » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/meunfils.htm

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04/06/2024 | Lien permanent

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