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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

S'il ne sert que suivant l'argent que son maître lui donne, il fera une besogne bien médiocre

... Ce qui est l'avis de tous (ou presque ) les salariés .

Et on entre alors dans cette fameuse spirale de la médiocrité : "je ne suis pas payé autant que j'estime le mériter, donc je travaille moins", du coup le patron n'augmente personne "ils sont bien payés pour le peu qu'ils font", et le serpent se mord la queue ! ça fait mal !! Je suggère que la tête et la queue retrouvent leur place respective et vivent en bonne entente pour leur bien réciproque .

 

serpent mord sa queue.jpg

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG

à l'île Jard

à Strasbourg.
Aux Délices, 2 février [1759]
Comment va votre santé, madame? comment vous trouvez- vous du plus doux des hivers? N'êtes-vous pas étonnée qu'on ne prenne pas en Allemagne un si beau temps pour s'égorger ? Connaissez-vous milord Maréchal, ancien conjuré anglais, ancien réfugié en Espagne, aujourd'hui gouverneur ad honores 1 de la petite principauté de Neufchâtel ? Il passa hier par Genève pour aller, de la part du roi son maître prussien, allumer, s'il le peut, quelques flambeaux de la discorde dans l'Italie. S'il ne sert que suivant l'argent que son maître lui donne, il fera une besogne bien médiocre. Les nouvellistes du pays que j'habite, qui ont des correspondances dans toute l'Europe, disent toujours que la conspiration du Portugal 2 n'est que la suite des amours du roi et de la jalousie d'un homme du vieux temps, qui a trouvé mauvais d'être cocu. Vous voyez, mesdames, que, depuis Hélène, vous êtes la cause des plus grands événements; mais les jésuites vous disputent votre gloire. Ils se sont mêlés de cette affaire, qui ne les regardait pas. De quoi s'avisent-ils d'entrer dans la vengeance de la mort d'une femme ?3 Ils disent pour raison qu'ils étaient depuis longtemps en possession d'assassiner, et qu'ils n'ont pas voulu laisser perdre leurs privilèges. La mort prochaine du roi d'Espagne, les attentats contre les têtes couronnées, les amis du roi de Suède mourant par la main du bourreau 4, l'Allemagne nageant dans le sang, forment un tableau horrible. Cependant on ne songe à rien de tout cela dans Paris. On y est toujours aussi fou qu'auparavant, toujours se plaignant, toujours riant, toujours criant misère, et plongé dans le luxe ; et moi, madame, toujours vous aimant avec le plus [ten]d[r]e 5 respect . »

 

1 Honoraire .

3 Charrot écrit : « Je crois qu'il faut lire : « de l'amour d'une femme ». Il s'agit de la comtesse Ataïde d'Atougina qui passait pour avoir été la maîtresse du roi du Portugal et qui n'était pas morte . Le Précis du Siècle de Louis XV, chap. xxxviii » (  dans lequel V* écrit Atouguia)

5 Le papier de la lettre est déchiré .

 

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21/02/2014 | Lien permanent

Il serait bien beau à la philosophie de forcer l'ancienne magistrature à extirper ses atrocités, ou d'obtenir de la nouv

 Note rédigée le 13 août 2011 pour parution le 29 octobre 2010 .

 

eudamidas testament.jpg

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

Mon cher et grand philosophe, je vous ai légué d'Etallonde 1, comme je ne sais quel Grec 2 donna en mourant sa fille à marier à je ne sais quel autre Grec . Il s'agit de savoir si on peut obtenir en France la grâce d’un brave officier prussien accusé d'avoir chanté à l'age de seize ans une vieille chanson de corps de garde, et d'avoir récité l'Ode à Priape de Piron connu par cette seule ode à la cour, et récompensé par une pension du roi de 1500 livres sur la cassette 3. Certainement le poing coupé, la langue arrachée 4, la torture ordinaire et extraordinaire, la roue et le bûcher n'étaient pas en raison directe du crime .

 

J'avais supplié le roi de Prusse de vous envoyer ou un passeport pour d'Etallonde, dit Morival, ou une attestation de son général, qui servira de ce qu'elle pourra 5. Il me mande qu'il vous l'envoie 6, et peut-être avez-vous déjà reçu cette pancarte . Vous en ferez, après la Saint-martin, l'usage que votre bienfaisance et votre sagesse vous conseilleront ; rien ne presse . Ce jeune homme reste toujours chez moi, et Mme Denis le gardera si je meurs avant que son affaire soit consommée .

 

Le roi de Prusse m'a dit qu'il charge son ministre de recommander d'Etallonde au garde des Sceaux . Mme la duchesse d'Anville a déjà disposé M. de Miromesnil 7 à être favorable à d'Etallonde . Nous avons dans l'ancien parlement et dans le nouveau des hommes sages et justes , qui m'ont donné parole de faire réparer autant qu'il sera en eux l'arrêt des cannibales, qui d'un trait de plume ont assassiné La Barre en personne, et d'Etallonde en peinture 8, arrêt qui par parenthèse ne passa que de deux voix 9.

 

Il reste à voir s'il faut ou qu'il fasse juger son procès, ou qu'il demande des lettres honteuses de grâce . Je suis absolument pour la révision, parce que j'ai vu les charges . Une grâce n'est que l'aveu d'un crime . Il serait bien beau à la philosophie de forcer l'ancienne magistrature à extirper ses atrocités, ou d'obtenir de la nouvelle troupe une réparation solennelle des infamies punissables de l’autre tripot . Ce problème des deux corps est aussi digne d'être résolu par vous que le problème des trois corps .

 

Nous en parlerons dans quelque temps . Je recommande aux deux Bertrands 10 cette bonne œuvre ; Raton mourant n'est plus bon à rien.

 

Ne voyez-vous pas quelquefois M. d'Argental ? Il connait cette affaire, il a un grand zèle .

 

Tout cela n'est pas trop académique, mais cela est humain et digne de vous . Ce n'est plus Damilaville minor dont je vous parle, j'espère qu'il ne vous importunera plus 11.

 

Adieu, digne homme .

 

V. 

 

N.B.- Un fils du comte de Romanzof vient de faire des vers français dont quelques-uns sont encore plus étonnants que ceux du comte de Chowalof . C'est un dialogue entre Dieu et le Révérend Père Hayer, auteur du Journal chrétien . Dieu lui recommande la tolérance, Hayer lui répond :

 

Ciel ! que viens-je d'entendre , ah ! ah ! je le vois bien,

Que vous-même, Seigneur, vous ne valez plus rien .

 

Tout n'est pas de cette force .

 

29 d'octobre [1774]»

 

 

 

1 Le 28 septembre, V* a écrit à d'Alembert et à Condorcet : «  … je vous confie une affaire plus intéressante, et je la mets sous votre protection ... » ; voir page 375 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f380.image.r=.langFR

3 Ce n'est pas pour cette ode que Piron composa dans sa jeunesse qu'il reçut une pension de mille livres , mais pour le dédommager d'avoir été exclu de l'Académie française à la demande de Boyer, ancien évêque de Mirepoix (l' « âne de Mirepoix » comme disait V*).

Ode à Priape (NDLR : ode au langage cru, appréciée par Fontenelle entre autres) : page 9 : http://books.google.fr/books?id=wQ0_AAAAcAAJ&pg=PA9&a...

4 La condamnation fut adoucie , on se contenta de le décapiter et de brûler le corps .

5 D'Etallonde est entré dans l'armée prussienne, où il a pris le nom de Morival .

6 Le 8 octobre, Frédéric II avait répondu à V* qui lui avait demandé un témoignage qu'il ne pouvait intervenir personnellement, qu’il pouvait seulement « envoyer le témoignage du général à M. d'Alembert » et faire « écrire à mon ministre à Paris qu'il dise un mot en faveur du jeune homme au nouveau chancelier ». Le 20 octobre, il écrit qu'il envoie à d'Alembert un « attestat » du commandant de Wesel.

Voir page 378 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f383.image.r=.langFR

et page 382 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f387.image.r=.langFR

7 Successeur de Maupéou .

8 D'Etallonde qui avait réussi à fuir ne fut que brûlé en effigie .

10 D’Alembert et Condorcet.

11 V* avait demandé à d'Alembert et à Condorcet d'obtenir un poste pour le frère de Damilaville qui s'était plaint d'être persécuté à cause des opinions philosophiques de son frère .

 

 

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29/10/2010 | Lien permanent

il y a tant de fous dans le parti contraire qu’il faut bien qu’il y en ait chez nous

...Tous partis confondus doivent en être conscients à moins qu'ils aient assez de fous pour le nier mordicus .

 

 

Ci-dessous lettre dont j'ai fait une première mise en ligne le 16/7/2009 avec  mise à jour des notes aujourd'hui 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

Mon grand philosophe, et pour dire encore plus, mon aimable philosophe, vous ne pouvez me dire Simon dors-tu ? [le 9 juillet d’Alembert écrit : « je dirais …comme défunt le Christ à défunt Simon Pierre : Simon, dormis ? Il y a un siècle que je n’ai entendu parler de vous . »] ni Tu dors Brutus [référence à La Mort de César]; car assurément je ne me suis pas endormi, demandez plutôt à l’Inf…

Comment avez-vous pu imaginer que je fusse fâché que vous soyez de mon avis ?[d’Alembert a écrit : « Votre long silence m’a fait craindre un moment que vous ne fussiez mécontent de la liberté avec laquelle je vous ai dit mon avis sur le Corneille ,… vous auriez du multiplier les croquignoles et les références. »] Non, sans doute je n’ai pas été assez sévère sur les vaines déclamations, sur les raisonnements d’amour, sur le ton bourgeois qui avilit le ton sublime, sur la froideur des intrigues ; mais j’étais si ennuyé de tout cela que je n’ai songé qu’à m’en débarrasser au plus vite.

Il se pourrait très bien faire que saint Crépin [sans doute l’Électeur palatin, duc des Deux-Ponts ; d’Alembert avait écrit : « …quand le roi de Prusse me demanda si, retournant en France, je m’arrêterais dans toutes ces petites cours borgnes (celles de « tous ces petits principaux d’Allemagne), je lui répondis que non, parce que « quand on vient voir Dieu, on ne se soucie guère de voir St Crespin ». Le mot est assez caractéristique du prestige qu'exerce alors encore la force victorieuse sur les intellectuels du temps alors même que Frédéric II vient d’humilier la France tout au long de la Guerre de Sept Ans .] prît à ses gages maître Aliboron ; il m’a su mauvais gré de ce que j’avais une fluxion sur les yeux qui m’empêchait d’aller chez lui. L’impératrice de Russie est plus honnête ; elle vous écrit des lettres charmantes, quoique vous ne soyez point allé la voir. C’est bien dommage qu’on ne puisse imprimer sa lettre, elle servirait à votre pays de modèle et de reproche.

Je souhaite de tout mon cœur qu’il reste des jésuites en France [d’Alembert avait écrit : « Voilà déjà des parlements qui concluent à garder les jésuites ; j’ai bien peur que ce ne sois enterrer le feu sous la cendre. » La compagnie de Jésus sera dissoute en novembre 1764 par édit du roi.]; tant qu’il y en aura, les jansénistes et eux s’égorgeront : les moutons, comme vous savez, respirent un peu quand les loups et les renards se déchirent. Le testament de Meslier devrait être dans la poche de tous les honnêtes gens. Un bon prêtre, plein de candeur, qui demande pardon à Dieu de s’être trompé, doit éclairer ceux qui se trompent.

J’ai ouï parler de ce petit abominable Dictionnaire [un exemplaire du Dictionnaire philosophique demandé par d’Alembert : « On m'a parlé […] d'un dictionnaire où beaucoup d'honnêtes fripons ont rudement sur les oreilles . […] Si vous en connaissez l'auteur, vous devriez bien lui dire de m'en faire tenir un par quelque voie sûre . Il peut être persuadé que j'en ferai bon usage. »]; c’est un ouvrage de Satan. Il est tout fait pour vous, quoique vous n’en ayez que faire. Soyez sûr que, si je peux le déterrer, vous en aurez votre provision. Heureusement, je n’ai nulle part à ce vilain ouvrage, j’en serais bien fâché ; je suis l’innocence même, et vous me rendrez bien justice dans l’occasion. Il faut que les frères s’aident les uns les autres. Votre petit écervelé de Jean-Jacques n’a fait qu’une bonne chose en sa vie, c’est son Vicaire savoyard, et ce vicaire l’a rendu malheureux pour le reste de ses jours. Le pauvre diable est pétri d’orgueil, d’envie, d’inconséquences, de contradictions et de misère. Il imprime que je suis le plus violent et le plus adroit de ses persécuteurs [référence à lettre de Rousseau à Duchesne du 28 mai et publiée « Lettre de M. Rousseau de Genève à M. X*** à Paris (1764) ; V* demandera si c’est à Duclos que cette lettre a été adressée]; il faudrait que je fusse aussi méchant qu’il est fou pour le persécuter. Il me prend donc pour maitre Omer ! Il s’imagine que je me suis vengé parce qu’il m’a offensé. Vous savez comme il m’écrivit, dans un de ses accès de folie, que je corrompais les mœurs de sa chère république, en donnant quelquefois des spectacles à Ferney qui est en France [17 juin 1760 : « vous avez perdu Genève pour le prix de l’asile que vous y avez reçu. » A cette époque le théâtre se donne encore à Tournay. Le 29 septembre, il écrit à Mme de Fontaine : « Le théâtre de Tournay sera désormais à Ferney. J’y vais construire une salle de spectacle… »]. Sa chère république donna depuis un décret de prise de corps contre sa personne ; mais comme je n’ai pas l’honneur d’être procureur général de la parvulissime [= la plus petite, sous entendu république, terme plus correct que le petitissime employé dans la lettre du 16 décembre 1762 à d'Argental], il me semble qu’il ne devrait pas s’en prendre à moi. J’ai peur, physiquement parlant, pour sa cervelle ; cela n’est pas trop à l’honneur de la philosophie ; mais il y a tant de fous dans le parti contraire qu’il faut bien qu’il y en ait chez nous. Voici une folie plus atroce. J’ai reçu une lettre anonyme de Toulouse, dans laquelle on soutient que tous les Calas étaient coupables, et qu’on ne peut se reprocher que de n’avoir pas roué la famille entière. Je crois que s’ils me tenaient, ils pourraient bien me faire payer pour les Calas. J’ai eu bon nez de toute façon de choisir mon camp sur la frontière ; mais il est triste d’être éloigné de vous, je le sens tous les jours ; Mme Denis partage mes regrets. Si vous êtes amoureux, restez à Paris ; si vous ne l’êtes pas, ayez le courage de venir nous voir, ce serait une action digne de vous.

Mme Denis et moi vous embrassons le plus tendrement du monde.

Voltaire

16 de juillet 1764. »

 

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03/09/2019 | Lien permanent

c'est la 52è ou 53è personne de la cour exilée ou emprisonnée sous le règne de Louis le Bien-Aimé

... Le Bien-Aimé n'est évidemment pas un Bien-Aimant . Alors, comparativement,  combien peuvent s'attendre à être félicités sous la houlette d'Emmanuel le Détesté, lequel vient , visiblement très ému, de décider que tout sera fait pour la reconstruction de Notre-Dame .

Au passage, je suis émerveillé par le talent de nos anciens qui ont été capables avec leurs faibles moyens mécaniques et un immense savoir faire, de bâtir une si résistante structure , alors que dans notre temps on a des ponts qui s'effondrent en moins d'un demi-siècle, édifiés par des entrepreneurs négligents sans scrupules .

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Allez, tout le monde au boulot !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 15 mars 1764] 1

J’envoie pâture à monsieur Gabriel ; il fera sans doute faire un nouveau feuillet pour le lettre A, dans laquelle il se trouve un demi-vers pour un vers entier avec d'autres fautes .

Nous ne pouvons parvenir à nous faire envoyer le mandement de Christophe et celui de Caveyrac . Je crois qu'on intercepte tous les imprimés qu'on envoie par la poste . Il n'est pas encore avéré qu'il 2 ait exilé le duc de La Vauguyon, mais s'il l'est, c'est la 52è ou 53è personne de la cour exilée ou emprisonnée sous le règne de Louis le Bien-Aimé. »

1 L'édition Gagnebin place la lettre en décembre 1763 ; mais il est clair que les brochures dont il est ici question sont celles mentionnées dans les lettres du 11 mars 1764 à d'Argental et celle du 11 mars 1764 à Damilaville ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/06/si-elle-est-sage-elle-est-perdue-si-elle-est-maligne-elle-est-odieuse.html

et http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/06/m-le-premier-president-de-dijon-avait-envoye-f-mon-adverse-partie.html

Voir aussi l'allusion au duc de La Vauguyon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/13/tout-ce-que-je-souhaite-a-vos-neveux-a-vos-fils-a-vos-petits-fils-c-est-qu.html

2 Il semble que cet il représente par anticipation Louis le Bien-Aimé qu'on voit plus loin .

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16/04/2019 | Lien permanent

Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades

... Ce cher Voltaire préfère donc la compagnie des miss plutôt que celle des pensionnaires d'EHPAD, c'est bon pour le moral, et je l'approuve .

Bandes dessinées - Les Vieux Fourneaux - Tome 4 La Magicienne - DARGAUD

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

[vers le 15 octobre 1766] 1

Si j'avais votre jeunesse et vos grâces, par ma foi je ferais tout comme vous . Je préfèrerais de grandes filles belles et bien faites à de vieux malades . Quand elles vous donneront un moment de relâche, venez voir votre oncle à Ferney . Notre hôpital est triste, mais cet hôpital vous aime .

Souvenez-vous que vous m'avez promis de me montrer quelque chose de votre façon . Vous savez combien tout ce que vous faites m'est précieux . Adieu, cher ami, réjouissez-vous .

V. »

1 Manuscrit olographe daté 1777 de main d'éditeur ; mais voir autres lettres à Chabanon de cette période .

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14/01/2022 | Lien permanent

celle qui juge si bien de tout sera toujours mal servie

... C'est ce qui attend la ministre Oudéa Castéra , elle a oublié qu'on ne plaisante pas avec la sensibilité et la fierté des enseignants ; en quelques mots (mensongers dans ce cas personnel ) elle a mis le feu aux poudres ; ça n'augure rien de bon pour elle , les profs ont déjà trop de motifs de colère ( justifiés et non justifiés ), et un esprit de corps remarquable, y rajouter des âneries montre une énorme incompétence . Comme s'ils n'avaient pas assez de motifs de grèves ! 

Sans titre.jpg

https://blogs.mediapart.fr/fredgrimaud/blog/140124/le-pro...

 

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

Ferney 27 mai 1768

Votre vieux bibliothécaire, madame, vous sert bien mal, et quelque livre qu'on puisse vous envoyer, celle qui juge si bien de tout sera toujours mal servie . Dès qu'il paraîtra dans les pays étrangers quelque nouveauté qui semblera mériter un peu de vos regards, je ne manquerai pas de me la procurer pour vous la faire parvenir .

J’ai mérité si peu vos bontés que c'est un peu en tremblant que je vous demande une grâce . J'aurais quelque besoin, madame, de la protection de M. le cardinal de Choiseul 1 dans une affaire pour laquelle je prends un vif intérêt ; elle ne me regarde qu’indirectement, mais l’amitié me la rend personnelle . Oserais-je prendre la liberté de vous demander, madame, une lettre de recommandation en ma faveur pour Son Éminence 2 ? La signature de M. le duc de Choiseul est inutile après la vôtre ; mais elle ne gâterait rien ; et comme il s'agit d'une affaire, cela ferait voir que vous êtes autorisée de votre mari à me protéger, ce qui est valable en droit civil et en droit canon . Si je pousse trop loin la liberté, refusez-moi tout net .

Votre protégé Dupuits chante avec moi vos louanges du soir au matin . Je le soupçonne pourtant d'un peu d'ingratitude, car il parle vingt fois de votre mérite contre une où il s'étend sur vos bienfaits . Je vois que votre destinée est de vous attirer plus d’adorations de de reconnaissance . Pour moi, madame, je suis avec les deux sentiments et un profond respect, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Claude-Antoine-Cleriardus de Choiseul-Beaupré : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Cl%C3%A9riade_de_Choiseul-Beaupr%C3%A9

Sur l'affaire, voir lettre du 31 mai 1768 à Mme Denis :  « Toutes les fadaises qu'on débite sous mon nom pour les mieux vendre font un effet cruel. Les évêques de Saint-Claude et d'Annecy ont crié et il fallait leur fermer la bouche.. Le cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon, s'est plaint […]. »

2 Cette lettre fut effectivement envoyée mais ne nous est pas parvenue.

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17/01/2024 | Lien permanent

Tous ces drôles-là ne valent pas la peine qu'on en parle, à moins qu'ils ne soient bien ridicules, comme sont chez nous

...

 

 

 

« Au comte Boris Michaïlovitch SOLTIKOF 1
[juin 1759] 2
J'abuse des bontés de M. de Soltikof. Je le supplie de me mander comment on écrit le nom des sectaires appelés dans mes Mémoires Kalkonistky, ou Ratzoniski, ou Ralkoniky, ou Roskolchiqui 3.
Qui sont donc ces gens-là, dont le nom me fait donner au diable !
Et les worsko-jésuites, ou vlorsko-jésuites, qui sont-ils? Je n'y entends rien. Tous ces drôles-là ne valent pas la peine qu'on en parle, à moins qu'ils ne soient bien ridicules, comme sont chez nous tous nos fanatiques. »

1 Soltikof, neveu du feld-maréchal de ce nom, était sans doute un des quatre jeunes Russes dont il est question dans la lettre de Voltaire du 19 août 1757 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/01/cet-ouvrage-que-j-entreprends-qui-convient-a-mon-age-a-mon-g.html

et du 14 mars 1759  à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/24/je-ne-perdrai-cette-ambition-qu-avec-la-vie-5354876.html

Il est nommé Boris de Soltikof dans une lettre du 25 septembre 1762, à Schouvalow.

2 Soltikof est arrivé à Genève fin mai 1759

3 La réponse de Soltikof ne pouvait guère éclairer V*, mais il annonçait en même temps qu'il en dirait davantage en venant le lendemain « goûter chez [lui] la soupe »

Extrait de la réponse de M. de Soltikof : « Les sectaires en Russie s'appellent Roskolniki ou Rcskolstchiki, nom qui a sa dérivation du verbe russe « roskoloti » qui veut dire fendre. Il y a quantité de ces sectes en Russie, dont chacune a ses folies particulières, et qui se distinguent par divers noms. Peut-être « que ceux dont vous faites mention sous le nom de worsko-jésuites sont une de « ces sectes. » (Note communiquée par Decroix.)

 

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03/08/2014 | Lien permanent

Je n'ai pas le temps d'attendre, et j'ai bien la mine de mourir avant d'avoir obtenu de quoi vivre

... Combien de millions d'humains, "les migrants"  comme on dit, en sont réduits à faire ce constat quand ils décident de s'exiler .

Tous migrants ! - 60 dessins de presse de Benjamin Stora - Grand Format -  Livre - Decitre

 

 

 

 

« A Sébastien Dupont Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

Mon cher ami, j'écris quand je peux, et les lettres arrivent aussi quand elles peuvent . La vôtre du 7 novembre m'apprend qu'il y a encore un usurier qui me coupe l'herbe sous le pied . Je ne sais si cet usurier est juif ou chrétien . Vous me ferez plaisir de m'apprendre son nom. Le royaume des cieux est souvent comparé à l'usure dans saint Matthieu 1, dont le premier métier était d'être usurier.

Je vois que le sieur Jeanmaire s'est toujours moqué de moi, et ne m'a jamais dit un mot de vérité. J'ai écrit à la chambre des finances de Montbéliard 2. Je lui ai fait proposer de me payer moitié comptant, et de me donner pour le reste des délégations irrévocables sur des fermiers ou régisseurs, bien acceptées, bien autorisées, et bien légalisées . Je n'ai pas le temps d'attendre, et j'ai bien la mine de mourir avant d'avoir obtenu de quoi vivre.

J'ai fort à cœur que votre baron banquier n'ait rang et séance qu'après moi au conseil souverain de Colmar, pour l'article des dettes. Quand il s'agira d'une diète de l'Empire, il peut passer devant moi tant qu'il voudra.

Si l'indigente chambre des finances de monseigneur ne me fait pas une réponse catégorique, j'enverrai certaine grosse en vertu de laquelle Simon Magius instrumentera vigoureusement inte[re] a patitur justus 3.

Adieu, mon cher ami on ne peut vous aimer ni vous regretter plus sincèrement que l'ermite de Ferney.

V.

17è novembre 1767 .»

1 Évangile selon Matthieu chapitre XXV, 14-30 : https://matthieu.retraitedanslaville.org/les-talents

3 Entre temps le juste pâtit .

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10/06/2023 | Lien permanent

Il n'y a qu'un homme de qualité appelé aux premières fonctions qui puise traiter ainsi ce qui regarde le bien public ...

... Ami Voltaire, je fais des voeux pour que ce jugement corresponde à notre actualité politique française et que Emmanuel Macron et Edouard Philippe oeuvrent pour le "bien public" à temps complet . L'avenir en sera juge très bientôt .

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A suivre ...

 

 

« Au marquis Cesare Bonesana Beccaria

[vers juin-juillet 1762] 1

Monsieur,

J'aurais dû vous remercier plus tôt, mais je n'ai pas voulu vous faire un vain compliment ; j'ai voulu connaître toute l'étendue du bienfait, et vous rendre mes très humbles actions de grâce en connaissance de cause . Ce n'est donc qu'après avoir lu votre livre 2 avec la plus grande attention que j'ai l'honneur de vous dire qu'on n'a jamais écrit rien de plus vrai, de plus sage et de plus clair . Il n'y a qu'un homme de qualité appelé aux premières fonctions qui puise traiter ainsi ce qui regarde le bien public . C'est ce qui est arrivé en Espagne au seul Don Ustariz 3, en France au duc de Sully, en Angleterre à plusieurs membres du parlement .

Ce que vous dites monsieur de l'intérêt de l'argent comprend toute cette question en peu de mots . L'interesse e sempre in ragione diretta dalle ricerche e inversa dalle offerte 4. Les théologiens qui ont tant embarrassé cette matière auraient mieux fait de ne point parler de ce qu'ils n'entendaient pas . Je vois par votre livre que le Milanais prend une face nouvelle . Il ne faut qu'un ministre 5 pour changer tout un pays . Vous avez chez vous un grand homme digne d'être secondé par vous . Je gémis que mon grand âge et mes maladies ne me permettent pas de vous admirer de plus près .

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus respectueuse,

Mons. »

1 L'édition Cayrol donne cette lettre sans destinataire et la place en 1758 . L'identification du destinataire est due à Georges Avenel (édition Moland) qui date de mars-avril 1762 ; mais cependant il faut tenir compte de la date de l'ouvrage de Beccaria que V* avait dû « remercier plus tôt ».

2 Del disordine e de' rimedii delle monete nello stato di Milano, 1762 : https://it.wikipedia.org/wiki/Del_disordine_e_de%27_rimedi_delle_monete_nello_stato_di_Milano_nel_1762

3 Geronimo de Ustariz, Theorica y practica de comercio y de marina, 1742 : http://www.memoriachilena.cl/602/w3-article-9310.html

4 L'intérêt est toujours en raison directe de la demande et en raison inverse de l'offre .

5 Karl Josef , comte de Firmian, gouverneur de Milan : https://en.wikipedia.org/wiki/Karl_Joseph_von_Firmian

 

 

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20/05/2017 | Lien permanent

Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui

...  Urbi et orbi !

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle, Capitaine au

régiment du roi, etc.

à Montpellier

A Ferney, 18è auguste 1767

Je doute beaucoup, monsieur, que le sieur La Beaumelle soit allé à Paris faire des siennes, car je sais qu'il avait ordre de rester où il est; et M. de Gudanes, commandant du pays de Foix, l'a menacé, de la part du roi, des châtiments les plus sévères. C'est ce que M. le comte de Saint-Florentin m'a fait l'honneur de me mander. Ce La Beaumelle est un étrange homme. Je l'avais tiré, à Berlin, de la misère. Une veuve, plus charitable que moi, l'a mis à son aise en l'épousant. Cette veuve est malheureusement la fille de M. de Lavaysse, célèbre avocat de Toulouse, dont le fils fut mis aux fers avec les Calas, et dont je pris le parti si hautement et avec tant de chaleur. Il est très triste pour moi que le gendre d'un homme que j'estime et que j'ai servi soit si criminel et si méprisable. Mais, si d'une main on soutient les innocents opprimés, on doit, de l'autre, écraser les calomniateurs. Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui pense avec fermeté.

Je vois qu'il y a encore bien de la fermentation dans les esprits en Languedoc. Il me paraît qu'il y en a davantage en Guyenne. Vous savez que les protestants y sont accusés d'avoir voulu assassiner un curé, qu'il y a du monde en prison, et que l'affaire n'est pas encore éclaircie. M. le maréchal de Richelieu, à qui j'en ai écrit 1, me mande que c'est une affaire fort embarrassée et fort embarrassante 2. La philosophie perce bien difficilement chez les huguenots et chez les papistes.

Nous avons ici plus de légions que César n'en avait quand il chassa Pompée de Rome; mais, Dieu merci, elles ne font que du bien dans notre petit pays de Gex. Vous avez, dans ce pays inconnu, un homme qui vous sera attaché jusqu'au dernier moment de sa vie avec la plus respectueuse tendresse.

V. »

2 Lettre conservée Besterman, D 14327 .

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