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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir c

...Par exemple  voyons Joachim Roncin, père de "Je suis Charlie ! " :

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/l-auteur-du-slogan-improvise-je-suis-charlie-raconte-dans-un-livre-le-voyage-en-absurdie-qui-a-suivi_6280449.html

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« A Marie-Louise Denis

3è mai 1768 1

Je comptais, ma chère nièce, vous envoyer des paquets par Des Franches et par Calas, qui sont tous deux partis trop tôt . La providence m'a envoyé M. le duc de Villa-Hermosa avec M. le marquis de Mora, gendre de cet adorable premier ministre d'Espagne qui a ouvert la porte à la vérité et qui a rogné les griffes de l'Inquisition . Mes ouvrages entrent aujourd'hui plus librement en Espagne qu'en France . La raison a fait des progrès rapides à Madrid et en Italie, mais le monstre à qui on porte tant de coups d'un bout à l'autre de l'Europe se débat dans son sang avec tant de fureur qu'il déchire encore ceux qui l'attaquent . Les jansénistes surtout sont devenus plus insolents et plus dangereux que les jésuites . J'ai toujours prévu que les loups succéderaient aux renards, et il ne faut aller à la chasse aux loups qu'avec les plus extrêmes précautions . J'attends de votre amitié que vous fermerez la bouche aux gens de lettres indiscrets qui me font l'auteur des brochures dont l'Europe est inondée . Vous savez que je n'en ai fait aucune, et que je ne dois pas être la victime de la calomnie .

Il y a trois fanatiques très dangereux dans la pays que j'habite, l’aumônier de la Résidence à Genève, le pauvre évêque d'Annecy, et le riche évêque de Saint-Claude 2. C'est avec ces trois loups qu'il faut que je hurle . Ferney est actuellement peuplé de plus de deux cents personnes ; ce sont des bœufs, et je suis leur bouvier, il faut que je sois à leur pâturage quand ils broutent leur herbe .

Vous savez que nous avons fait faire ensemble des prières pour la santé de la reine ; je les fais toujours continuer . On ne doit certainement reprocher à personne l’accomplissent des devoirs que tout le monde rempli . Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir choisi la moins dangereuse . Je m'en remets sur tout cela, encore une fois, à votre amitié et à votre sagesse ; et je me flatte que vous serez secondée par votre famille que j’embrasse de tout mon cœur .

Vous savez que M. Dupuits est ici avec MM. Rieu et Christin . Dîtes à l'enfant combien je l'aime ; j'ai reçu une lettre d’elle qui m'a fait beaucoup de plaisir par les sentiments et même par l'orthographe . »

1 Sur le manuscrit Mme Denis a changé le 3 de la date en 2 .

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03/01/2024 | Lien permanent

Jouissez, couple aimable

... Et comme Marie-José Pérec et Teddy Riner, allumez le feu de la concorde transmis par le centenaire Charles Costes

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https://www.lepoint.fr/sport/qui-est-charles-coste-l-athl...

 

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques-Elie de Beaumont et à

Anne-Louise Blanc-Mesnil Élie de Beaumont

14è janvier 1769

Jouissez, couple aimable ; je suis fâché seulement que votre terre soit près de Rouen, et non pas près de Lyon.

Mon ami Damilaville n'était pas né, à ce qu'on m'a dit, loin de votre terre ; je voudrais être votre vassal avec lui . Les gens qui pensent ont fait en lui une grande perte, il était le plus intrépide ennemi des persécuteurs .

Vous apprendrez sans doute avec satisfaction que tout commence à changer dans le parlement de Toulouse . Un homme assez considérable de ce pays-là 1 me mande que la moitié du parlement est déjà éclairée ; que toute la jeunesse pense comme vous et moi , qu'elle dit hautement qu'il faut faire amende honorable de l'arrêt contre les Calas . Je sonde ces bonne dispositions pour savoir si les Sirven peuvent en sûreté aller purger leur décret à Toulouse . Vous avez tellement éclairci cette abominable affaire 2 , qu'il me paraît impossible qu'ils n'obtiennent pas une entière justice, pourvu que le fanatisme ne s'en mêle pas .

Ce que vous m'écrivez sur la chute originale a été traité fort au long dans plusieurs livres nouveaux, et entre autres dans L'A.B.C. traduit de l’anglais de Huy . Vous savez qu'un Africain nommé Augustin est le premier qui ait levé cet étrange livre . Il n'en est pas dit un seul mot dans les Évangiles . Saint Paul n'en a parlé que fort obscurément . Il se passa près de quatre cents ans avant qu'on agitât cette question . Vous savez que Paris n'a pas été bâti en en un jour ; l'édifice dont vous parlez a été bâti en quinze siècles, aussi passe-t-il pour être fort irrégulier . Je crois que ni vous ni Mme de Canon n'habitez guère cette maison ridicule . J'irai bientôt trouver Damilaville dans la sienne, mais malheureusement, on ne peut ni s'écrire ni se parler dans le pays qu'il habite . En attendant , soyez sûrs que je vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie avec autant d'amitié que d'estime .

V. »

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28/07/2024 | Lien permanent

vos rimes familières Immortalisent les beaux cus De ceux que vous avez vaincus, Ce sont des faveurs singulières.

...  - Parle à mon cul, j'ai la tête lourde !

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- Arrête de ruminer des idées noires ou c'est encore une histoire qui va finir par une boucherie !

 

« A FRÉDÉRIC II, roi de Prusse.
2 mai [1759.]

 


Héros du Nord, je savais bien
Que vous avez vu les derrières
Des guerriers du roi très-chrétien,
A qui vous taillez des croupières;
Mais que vos rimes familières
Immortalisent les beaux cus
De ceux que vous avez vaincus,
Ce sont des faveurs singulières.

Nos blancs-poudrés sont convaincus
De tout ce que vous savez faire;
Mais les ons, les its, et les us,
A présent ne vous touchent guère.

Mars, votre autre dieu tutélaire,
Brise la lyre de Phébus;
Horace, Lucrèce, et Pétrone,
Dans l'hiver sont vos courtisans;
Vos beaux printemps sont pour Bellone :
Vous vous amusez en tout temps.



Il n'y a rien de si plaisant, sire, que le congé 1 que vous avez donné, daté du 6 novembre 1757. Cependant il me semble que dans ce mois de novembre vous couriez à bride abattue à Breslau, et que c'est en courant que vous chantâtes nos derrières.
Le bel arrêt 2 du parlement de Paris sur le bon sens philosophique de d'Argens, et sur la Loi naturelle, pourrait bien aussi avoir sa part dans l'histoire des culs; mais c'est dans le divin chapitre des torche-culs de Gargantua 3. La besogne de ces Messieurs ne mérite guère qu'on en fasse un autre usage. On a traité à peu près ainsi, à la cour, les impertinentes remontrances que cette compagnie a faites, on ne pourra jamais leur reprocher la Philosophie du bon sens. On dit que Paris est plus fou que jamais, non pas de cette folie que le génie peut quelquefois permettre, mais de cette folie qui ressemble à la sottise. Je ne veux pas, sire, avoir celle d'abuser plus longtemps des moments de Votre Majesté; je volerais les Autrichiens, à qui vous les consacrez. Je prie Dieu toujours qu'il vous donne la paix, et que son règne nous advienne 4.
Car, en vérité, au milieu de tant de massacres, c'est le règne du diable; et les philosophes qui disent que tout est bien ne connaissent guère leur monde. Tout sera bien quand vous serez à Sans-Souci, et que vous direz :
Alors, cher Cinéas, victorieux, contents,
Nous pouvons rire à l'aise, et prendre du bon temps
5»


 

1 Il s'agit d'une pièce de vers du roi de Prusse intitulée Congé de l'armée des cercles et des tonneliers , « plaisanterie grivoise » envoyée par Frédéric à V* avec sa lettre du 11 avril à laquelle répond ici v* . Imprimée dans les Œuvres de Frédéric, cette pièce date de 1757 , on a reconnu dans les terminaisons citées dans ce vers des rimes scabreuses . Ce sont les Français que désigne « tonneliers », et le nom de tonneliers leur était donné, parce qu'ils avaient avec eux les troupes des cercles d'Allemagne. Le Congé est daté de Freybourg. (Beuchot.)Voir page 256 : http://books.google.fr/books?id=DnwHAAAAQAAJ&pg=PA256&lpg=PA256&dq=Cong%C3%A9+de+l%27arm%C3%A9e+des+cercles+et+des+tonneliers&source=bl&ots=emD848pQYS&sig=aRgKjH5VOno_yE3PcW0Tb0adEpA&hl=fr&sa=X&ei=16ScU_OsKKGW0AXfvIGIBw&ved=0CC8Q6AEwAw#v=onepage&q=Cong%C3%A9%20de%20l%27arm%C3%A9e%20des%20cercles%20et%20des%20tonneliers&f=false

 

2 Du 6 février 1759.

 

3Gargantua, XIII, Rabelais : http://mapage.noos.fr/crosin000v/Rabelais/Extraits_fr_Rab...

Voltaire commente le post scriptum de la Lettre du 11 avril 1759 de Frédéric II à V* : « DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Bolkenhayn, 11 avril 1759
Distinguez, je vous prie, les temps où les ouvrages ont été faits. Les Tristes d'Ovide et l'Art d'aimer ne sont pas contemporains. Mes élégies ont leur temps marqué par l'affreuse catastrophe qui laissera un trait enfoncé dans mon cœur, autant que mes yeux seront ouverts. Les autres pièces ont été faites dans des intervalles qui se trouvent toujours, quelque vive que soit la guerre. Je me sers de toutes mes armes contre mes ennemis; je suis comme le porc-épic qui, se hérissant, se défend de toutes ses pointes. Je n'assure pas que les miennes soient bonnes ; mais il faut faire usage de toutes ses facultés telles qu'elles sont, et porter des coups à ses adversaires les mieux assénés que l'on peut.
Il semble qu'on ait oublié dans cette guerre-ci ce que c'est que les bons procédés et la bienséance. Les nations les plus policées font la guerre en bêtes féroces. J'ai honte de l'humanité; j'en rougis pour le siècle. Avouons la vérité; les arts et la philosophie ne se répandent que sur le petit nombre; la grosse masse, le peuple, et le vulgaire de la noblesse, restent ce que la nature les a faits, c'est-à-dire de méchants animaux.
Quelque réputation que vous ayez, mon cher Voltaire, ne pensez pas que les housards autrichiens connaissent votre écriture. Je puis vous assurer qu'ils se connaissent mieux en eau-de-vie qu'en beaux vers et en célèbres auteurs.
Nous allons commencer dans peu une campagne qui sera pour le moins aussi rude que la précédente. Le prince Ferdinand épaule bien ma droite;Dieu sait quelle en sera l'issue. Mais de quoi je puis vous assurer positivement, c'est qu'on ne m'aura pas à bon marché, et que, si je succombe, il faudra que l'ennemi se fraye par un carnage affreux le chemin à ma destruction.
Adieu ; je vous souhaite tout ce qui me manque.
FÉDÉRIC.
N. B. On dit qu'on a brûlé à Paris votre poème de la Loi naturelle, la Philosophie du bon sens , et l'Esprit, ouvrage d'Helvétius. Admirez comme l'amour-propre se flatte; je tire une espèce de gloire que la même époque de la guerre que la France me fait devienne celle qu'on fait à Paris au bon sens. »

 

 

 

 

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14/06/2014 | Lien permanent

je souhaite un juste châtiment à ceux qui troublent le repos du monde

... Ils sont nombreux, mais je suis d'accord avec Voltaire qui demande un "juste" châtiment , celui-ci étant mérité . Je crains bien que tous les juges du monde ne suffisent pas .

Il faudra compter sur une justice divine, pour autant qu'elle existe !

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« A Gaspard le COMPASSEUR de CREQUY -MONTFORT, marquis de COURTIVRON

 Aux Délices le 12 juillet [1757]

 Monsieur, vous savez qu'il faut pardonner aux malades ils ne remplissent pas leurs devoirs comme ils voudraient . Il y a longtemps que je vous dois les plus sincères remerciements de votre lettre obligeante et instructive .1

 Je commence par vous prier de vouloir bien faire souvenir de moi M. le comte de Lauraguais 2, je ne savais pas qu'il fut aussi chimiste . Le sujet de ses deux mémoires est bien curieux . Non seulement il est physicien mais il est inventeur . On lui devra une opération nouvelle .

 A l'égard de Constantin je vous répondrai que si je ne m'étais pas imposé une autre tâche celle-là me plairait beaucoup , mais on serait obligé de dire des vérités bien hardies et de montrer la honte d'une révolution qu'on [a] consacrée par les plus révoltants éloges .

 Il est vrai que dans les États Généraux les députés de la noblesse mettaient un moment un genou en terre, il est vrai aussi que les usages ont toujours varié en France . Ce sont des fantômes que le pouvoir absolu a fait disparaître .

 Ce que vous me dîtes des chapitres de Bourgogne, de Lorraine et de Lyon fait voir que les usages de l'empire ont plus longtemps subsisté que ceux de la France . La Lorraine, la Comté et tout ce qui borde le Rhône était terre d'empire .

 À l'égard de la petite anecdote sur le premier président de Mesmes il est très vrai que l'abbé de Chaulieu le régala de ce petit couplet :3

 Juge qui te déplaces

 Courtisan berné,

 Des grands noms que tu lasses

 Jouet obstiné,

 Sur notre parnasse

 Le laurier d'Horace

 T'est donc destiné .

 Mais cela n'a rien de commun avec l'affaire de Rousseau 4 qui est un chaos d'iniquités et de misères, et l'opprobre de la littérature .

 Le dernier maréchal de Tessé 5 est en effet un terme impropre, c'est un anglicisme, the late marschall. J'étais anglais alors, je ne le suis plus depuis qu'ils assassinent nos officiers en Amérique 6 et qu'ils sont pirates sur mer, et je souhaite un juste châtiment à ceux qui troublent le repos du monde .

 Ce que je souhaite encore plus, monsieur, c'est la continuation de vos bontés pour votre très humble, etc . »

 1 Voir la lettre du 22 juillet 1755 à propos d'un précédent envoi scientifique : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/02/23/j...

 2 Louis-Léon-Félicité de Brancas, comte de Lauraguais, puis duc de Brancas, est âgé de 24 ans et s'intéresse à la chimie de la porcelaine ; il fut élu à l'Académie des Sciences le 19 mars 1758 comme « adjoint mécanicien » . Voir : http://books.google.fr/books?id=JCRCAAAAcAAJ&pg=PA402...

 3 En citant ces vers dans son Histoire des membres de l'Académie française (éloge de Jean-Antoine de Mesmes : voir aussi page 2 : http://www.bibliotheque-institutdefrance.fr/archives/prec...

), d'Alembert les attribue à Jean-Baptiste Rousseau .

 4 Jean-Baptiste Rousseau : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Rousseau

 5 V* cite le maréchal de Tessé dans son Siècle de Louis XIV, mais on n'y trouve pas l'expression incriminée, elle doit remonter à un texte bien antérieur .

 6 Allusion possible à l'affaire dans laquelle fut tué Joseph Coulon de Jumonville surpris sans déclaration de guerre par Washington ; voir aussi lettre du 4 juin à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/05/j...

 

 

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20/11/2012 | Lien permanent

M. d'Argenson m'a assuré, foi de ministre, que ma lettre était venue trop tard, et moi, foi de philosophe, je n'en crois

 

 

 

 

« A M. de Brenles

 

A Prangins, le 27 janvier [1755]

 

Un voyage que j'ai fait à Genève, monsieur, dans un temps très rude, a achevé de me tuer . Je suis dans mon lit depuis trois jours, il faudrait qu'il y eût sur votre lac de petits vaisseaux i pour transporter les malades ; mais puisque vous n'avez point de vaisseaux sur votre mer, il faut que M. de Giez ii me fasse au moins avoir des chevaux et un cocher pour venir vous voir . Il est bien difficile de trouver un tombeau dans ce pays-ci . Il n'y a dans Monrion iii ni jardin pour l'été, ni cheminée, ni poêle pour l'hiver . On me propose auprès de Genève des maisons délicieuses iv. J'aimerais mieux une chaumière près de vous ; mais j'ai avec moi une Parisienne qui n'a pas encore renoncé, comme moi, à toutes les vanités du monde . Il lui faut de jolies maisons et de beaux jardins . Heureusement on est toujours dans votre voisinage, quand on est sur le bord du lac . Je ne suis encore déterminé à rien qu'à vous aimer et à vous voir ; j'attends des chevaux pour venir vous le dire . Je présente mes respects à Mme de Brenles et à tous vos amis .

 

Mme Goll v me mande qu'elle ne sait pas encore quand elle pourra quitter Colmar : ainsi, au lieu d'avoir une amie auprès de moi, je me trouverai réduit à prendre une femme de charge , car il en faudra une pour la conduite d'une maison où il se trouvera, malgré ma philosophie, huit ou neuf domestiques .

 

Notre ami Dupont vi n'a pas réussi . M. d'Argenson m'a assuré, foi de ministre, que ma lettre était venue trop tard, et moi, foi de philosophe, je n'en crois rien .

 

Foi de philosophe encore, je voudrais être auprès de vous . Messieurs de Genève me pressent ; le conseil m'octroie toute permission, mais je ne tiens les affaires faites que quand elles sont signées, et toutes les conditions remplies . Mandez-moi ce que c'est que la solitude dont vous me parlez . Voilà bien de la peine pour avoir un tombeau . Je suis actuellement trop malade pour aller ; si vous vous portez bien, venez à Prangins ; venez voir un homme qui pense en tout comme vous , et qui vous aime . Vous trouverez toujours à Prangins de quoi loger . Mme de Brenles n'y serait pas si a son aise ; il faut être bien bon et bien robuste pour venir à la campagne dans cette saison .

 

Je vous embrasse .

 

 

V. »


 

iIl n'y alors que de petites barques malcommodes ; de nos jours une flotte affrétée par la Compagnie Générale de Navigation assure de multiples services : http://www.cgn.ch/

 

ii Jeune suisse, banquier de V* qui mourra dix mois plus tard ;

voir lettres du 26 septembre 1755 à M. Bertrand: page 472 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f475.image....

page 473 à de Brenles : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f476.image....

et 24 octobre 1755 à de Brenles : page 487 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f490.image....

et lettre du 7 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/04/j...

 

iii Maison qu'il loue, sise près de Lausanne ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/04/j...

 

iv Entre autres les futures « Délices »

 

v Son ex- logeuse à Colmar, dont le mari vient de mourir le mois précédent .

 

vi Sébastien Dupont, avocat à Colmar qui briguait une place de prévôt à Munster avec l'appui de son ami V* qui fit appel à ses relations pour appuyer sa demande ; sans succès .

Voir lettres précédentes à Dupont : 3 janvier 1755 et 7 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/03/d...

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/05/j...

et au président Hénault du 3 janvier 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/01/j...

 

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13/11/2011 | Lien permanent

Un homme sage et instruit est fort au dessus de cinquante mille fous enrégimentés.

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Brussel-Manneke1.jpg

Et tel ce petit bonhomme, que Volti a sans doute vu, je compisse tous ces aigre-pisseux (comme disait Rabelais), qui mettent le bordel (pardonnez moi cette comparaison, Mesdames ! ) en France actuellement. Ils sont en tout cas la preuve que l'enseignement a failli car ils sont incapables de faire une simple opération d'arithmétique . Le problème a des données simples : combien de temps doit-on travailler pour que les retraités en cours puissent être payés ? combien de temps doit-on travailler pour que les actifs puissent raisonnablement assurer la retraite des inactifs ?

 Les chiffres ont la tête dure et le naturel raleur des Welches n'y peut rien.

Semeurs de soukh de ce jour, finies les vacances dans la rue ! Vous êtes la risée des pays qui en profitent pour piquer vos parts de travail . Vous allez faire une belle promotion de nouveaux chomeurs .

Dites-moi alors quel sera le syndicat, quel sera le dirigeant syndical qui mettra la main au porte-monnaie pour vous assister de ses deniers ?

 

 

 

« A César de Missy

at Mr Nocholson's

the third door beyond Dufour's court up to Carneby market, London

 

J'ai fait , Monsieur, un petit voyage qui m'a empêché de répondre plus tôt à l'honneur de votre lettre. Je viens d'apprendre dans le moment qu'on a imprimé Mahomet à Paris sous le nom de Bruxelles. On me mande que cette édition est non seulement incorrecte, mais qu'elle est faite sur une copie informe qui m'a été dérobée.

 

Me voilà dans la nécessité d'en faire imprimer la véritable copie. Je serai charmé, Monsieur, de vous l'envoyer, si vous le trouvez bon [i]. Mais n'ayant plus ici l'édition de Genève de mes œuvres [ii] je ne pourrai vous la faire tenir que quand je serai de retour à Paris. Je vous demande bien pardon de ce contretemps. Je n'ai jamais reçu ni le Votton ni le Pancirole dont vous me parlez [iii], mais j'ai enfin trouvé un Pancirole à Amsterdam . C'est un livre qui ne méritait pas la peine que je me suis donnée de le chercher. Au reste, Monsieur, le seul mémoire détaillé que j'aie à donner au libraire dont vous voulez bien me parler, c'est qu'il imprime correctement et Mahomet et mes autres ouvrages. Je voudrais bien être, Monsieur,à portée de vous remercier à Londres de vive-voix et de jouir d'un entretien où je trouverais l'agréable et l'utile. Je vous prie de vouloir bien recommander aux libraires qui vendent l'Histoire universelle [iv] d'envoyer les feuilles depuis la captivité de Babylone jusqu'à la dernière, à M. Jean de Clèves, banquier à Bruxelles, qui en paiera le prix. Je suis dans un pays où on ne parle que de cavalerie et de fourrages. Tout cela est bien peu philosophe. Un homme sage et instruit est fort au dessus de cinquante mille fous enrégimentés. Aussi vous préféré-je à eux. Comptez, Monsieur, sur mon véritable attachement.

 

A Bruxelles 20 octobre 1742. »

i Le 20 septembre, Missy a proposé de faire imprimer Mahomet à Londres par un imprimeur qu'il connait.

http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_de_Missy

http://en.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_de_Missy

 

ii Chez Bousquet, 1742, à Genève, Œuvres mêlées de M. de Voltaire en 5 volumes.

 « VIII. Ce fut Marie-Jacques Barrois, libraire à Paris, qui donna l’édition des Oeuvres mêlées de M. de Voltaire, Genève, Bousquet, 1742, cinq volumes in-12, dont les frontispices sont gravés. »

 

iii Missy, le 20 septembre dit les lui avoir envoyés à sa demande . Il doit s'agir des Reflections on ancient and modern learning de William Woton, 1694, et des Rerum mirabilium ... libri duo, 1599-1602 , de Guido Panciroli.

 Woton:http://books.google.fr/books?id=WCBdAAAAMAAJ&printsec...

Panciroli : http://www.minrec.org/libdetail.asp?id=1083

iv Histoire universelle anglaise, traduite, en cours de publication, 45 volumes, 1742-1792.

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20/10/2010 | Lien permanent

ce sont mes mains qui ont travaillé

Loué soit  Dieu, Dieu est Bach, et Glenn Gould est son prophète.

http://www.youtube.com/watch?v=wyOf_L4cNHc&NR=1

 

Bonheur ! et comment ne pas se réjouir d’avoir deux oreilles et un petit plus entre les deux !

Allez, je ne peux résister , fermez les yeux, battez la mesure (pas votre chat !), dansez tendrement et redemandez-en !

http://www.youtube.com/watch?v=buq-p8vSCLQ&feature=re...

 

 

 

 

 GARGANTUA MME.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

 

 

                            Madame Gargantua, [le 11 septembre il expliquera à Mme Denis : «…  pour qu’elle eût le premier bas de soie qu’on ait fait dans le pays de Gex, et pour que son mari qui fait bientôt bâtir sa ville de Versoix vît qu’on peut établir des manufacturiers dans sa colonie… j’avais demandé à Mme de Choiseul, qu’on dit posséder le plus joli et le plus petit pied du monde, un de ses souliers pour prendre juste ma mesure. Elle m’a envoyé un soulier de treize pieds de long. Je l’ai appelée Mme Gargantua ( et je lui ai envoyé des bas pour les enfants de Mme Gigogne.) »]

 

                            Pardon de la liberté grande, mais comme j’ai appris que monseigneur votre époux forme une colonie dans les neiges de mon voisinage [Versoix], j’ai cru devoir vous monter à tous deux ce que notre climat qui passe pour celui de la Sibérie sept mois de l’année peut produire d’utile.

 

 

                            Ce sont mes vers à soie qui m’ont donné de quoi faire ces bas, ce sont mes mains qui ont travaillé à les fabriquer chez moi avec les fils de Calas ; ce sont les premiers bas qu’on ait faits dans le pays.

 

 

                            Daignez les mettre, Madame, une seule fois, montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez, et si on n’avoue pas que ma soie est plus forte et plus belle que celle de Provence et d’Italie, je renonce au métier. Donnez-les ensuite à une de vos femmes, ils lui dureront un an.

 

 

 

                            Il faut donc que monseigneur votre époux soit bien persuadé qu’il n’y a point de pays si disgracié de la nature qu’on ne puisse en tirer parti.

 

 

Je me mets à vos pieds, j’ai sur eux des desseins ;

Je les prie humblement de m’accorder la joie

De les avoir logés dans ces mailles de soie

Qu’au milieu des frimas, je formai de mes mains.

         Si La Fontaine a dit : Déchaussons ce que j’aime [dans La  Courtisane amoureuse],

J’ose prendre un plus noble soin ;

Mais il vaudrait bien mieux, j’en juge par moi-même,

Vous contempler de près que vous chausser de loin.

 

 

                            Vous verrez, Madame Gargantua, que j’ai pris tout juste la mesure de votre soulier. Je ne suis fait pour contempler ni vos yeux ni vos pieds mais je suis tout fier de vous présenter de la soie de mon cru.

 

 

                            Si jamais il arrive un temps de disette, je vous enverrai dans un cornet de papier du blé que je sème et vous verrez si je ne suis pas un bon agriculteur digne de votre protection.

 

 

                            On dit que vous avez reçu parfaitement un petit médecin de notre colonie [Coste, que V* avait envoyé à Choiseul en avril fut très bien accueilli : on l’invita et on lui fit donner de gros appointements.], mais un laboureur est bien plus utile qu’un médecin. Je ne suis plus typographe [il se disait le typographe Guillemet dans ses lettres antérieures], je me donne entièrement à l’agriculture depuis le poème des Saisons de M. de Saint Lambert. Cependant s’il restait quelque chose de bien philosophique qui puisse vous amuser, je serai toujours à vos ordres.

 

 

                            Agréez, Madame, le profond respect de votre ancien colporteur, laboureur et manufacturier

Guillemet.

                           

Ferney, 4 septembre 1769. »

 

 

Gigogne : ref : http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definitio...

 

Et comme je viens d'avoir de bonnes nouvelles de Mamzelle Wagnière , j'ai  une joie à faire partager : http://www.youtube.com/watch?v=BywaOxQna6E&feature=fvw

 

 

 

 

 

                           

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Je crois pourtant notre noise apaisée . Je voudrais en pouvoir dire autant des états et du parlement

... à savoir, d'abord Nicolas Sarkozy qui rumine dans son coin et me soutient du bout des lèvres (visiblement ça le gonfle d'avoir été mis au coin ). Merci à vous M. Juppé de faire un petit bout de chemin avec moi, tel Simon de Cyrène , me soulageant un peu du fardeau de cette croix de campagne électorale . 

Signé : Fanfoué Fillon, le bon larron [NDLR - Ecrasons une larme de crocodile, Pâques c'est le retour des cloches, pas des casseroles . ]

http://www.lepoint.fr/presidentielle/presidentielle-alain-juppe-va-s-afficher-aux-cotes-de-francois-fillon-14-04-2017-2119826_3121.php?M_BT=443989616563&m_i=ehGfDLed_sPLPbSAf0xUeFOLcCpYR7u5q5e99T4clTiESZfBVeAvfZ6X1%2ByJ_rOah03Ki_nz_GXPMs0RVjDW4rqemVV0ex#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20170415

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Manque de bol Fanfoué, on est en république !

 

 

« A monsieur le président Germain-Gilles-Richard de

Ruffey

à Paris

Comme on se flatte toujours, monsieur, j'espère manger de vos navets . Je les fais planter dans une terre aussi sèche que le devient mon imagination . La maladie détruit toutes les facultés à mon âge ; et je vous réponds bien que je ne ferai plus de tragédie en six jours .

Je vous remercie bien sincèrement de vos graines, et de vos règlements académiques . Que n'ai-je la force de faire le voyage ! que ne puis-je assister à vos séances avec le président fétiche !1 Il est vrai qu'il ne serait pas mon fétiche, mais il pourrait bien être mon serpent, et surtout serpent gardien des trésors . Je crois pourtant notre noise apaisée 2. Je voudrais en pouvoir dire autant des états et du parlement .

Pourriez-vous avoir la bonté, mon cher monsieur, 3 le mémoire du parlement, et celui pour lequel votre pauvre parent 4 est en pénitence ? Je le trouve bien bon de n'avoir pas voyagé, et de s'être laissé embastiller ; il me semble qu'il a pris là un bien mauvais parti . Tout ce qui se passe dans ce monde me fait bénir ma retraite ; elle serait plus heureuse si je pouvais vous y posséder . L'état où je suis ne me permettra pas vraisemblablement la consolation de vous voir à La Marche .

Tenez, voilà une gazette de Londres, vous pouvez la montrer, et même à l'abbé de Citeaux, pourvu que vous ne disiez point de qui vous la tenez, de peur que je ne sois excommunié, et que je meure déconfès 5.

Je vous embrasse tendrement, et vous regrette toujours .

V.

26è mai 1762 aux Délices. »

3 Wagnière a oublié d'écrire quelque chose comme « de m'envoyer » .

4 M. Philibert Joly de Bévy, conseiller puis président du parlement de Dijon . Sa brochure Le parlement outragé est un ouvrage rare . Voir : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc828613/cd0e73

et page 202 : https://books.google.fr/books?id=FHM9AAAAYAAJ&pg=PA20...

5 Sans confession .

 

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15/04/2017 | Lien permanent

La posterita ne dira ciò che vorrà / La postérité en dira ce qu'elle voudra

... La solidarité envers la Grèce, demandée par François Hollande, confirmée devant un représentant de la Colombie,   et par  bien des pays de la CEE, fait partie de ces engagements dont on reparlera, immanquablement .

On verra également, -en parlant de la Colombie,- ce qu'il adviendra de la Miss Univers 2015 , autre -petite, toute petite- histoire ... Notre président François alias Rain Man appréciera l'abri de ce parapluie sans doute

parapluie colombien.png

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 23 janvier 1760.

J'ai laissé passer les fêtes de la nativité del divino Bambino 1, et sa circoncision. Je n'ai point voulu interrompre mon héros dans la foule des occupations graves ou gaies qu'il a pu avoir à Paris et à Versailles ; mais je ne suis pas homme à laisser passer le mois de janvier sans renouveler mes hommages à celui qui sera toujours mon héros. Je ne sais pas si, en 1760, son pays aura beaucoup de lauriers et beaucoup d'argent; mais je sais bien que la statue de Gênes 2 subsiste, que la signature du fils 3 du roi d'Angleterre, forcé à mettre bas les armes, subsiste encore ; et que les bastions du roc de Port-Mahon rendent un témoignage immortel. J'avoue que je ne conçois guère comment on laisse inutile le seul homme qui ait rendu de vrais services. Je devrais pourtant le concevoir très-bien, car je ne vois que de ces exemples, (moi historiographe), dans les histoires que je lis et que je compile. Je dis à présent un petit mot de ce siècle, de ce pauvre siècle, de ce siècle des billets de confession, des querelles pour un hôpital 4, des refus d'un parlement de rendre justice, des assemblées des chambres pour condamner un dictionnaire 5 qu'on n'a pas lu ; de ce beau siècle où, en trois ans de temps, l'État a été ruiné quand nos armées devaient vivre aux dépens de l'Allemagne, etc.
J'aurai du moins le plaisir d'avoir eu raison quand je vous ai regardé comme un homme aussi supérieur qu'aimable. Je crois, à l'âge de soixante et six ans, voir les choses comme elles sont.
Je les dirai comme je les vois. La posterita ne dira ciò che vorrà.6
Je m'imagine que vous devez être l'ami de M. le duc de Choiseul. Je n'en sais rien, mais je le crois, parce qu'il me paraît avoir quelque chose de votre caractère. Il pense noblement, il rend service sans balancer, il aime le plaisir, il a beaucoup d'esprit, et la hauteur qui s'accorde avec les grâces. Il me semble que c'est l'homme de votre pays le plus fait pour vous.
Il s'est passé bien des choses tristes, extravagantes, comiques, depuis que je n'ai eu l'honneur de vous faire ma cour; mais c'est à peu près l'histoire de tous les temps : c'est la même pièce qui se joue sur tous les théâtres, avec quelques changements de noms. Quoi qu'il en soit, votre rôle est beau. Conservez-moi vos bontés, monseigneur, et soyez persuadé que si j'avais en main la trompette de la Renommée, ce serait pour vous que je l'emboucherais. Je vous souhaite la continuation de votre gaieté. Jouissez de votre gloire, et riez des sottises d'autrui.

Mille respects. 

V.»

1 Le petit Jésus Christ .Circoncis 8 jours après sa naissance, soit le 1er janvier , selon le Nouveau Testament .

2 Voir la lettre du 28 mars 1756 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/06/16/vraiment-vous-avez-bien-autre-chose-a-faire-qu-a-lire-mes-re.html . «  Il est venu à mon ermitage des Délices des anglais qui ont vu votre statue à Gènes et qui disent qu'elle est belle et ressemblante . »

3 Le duc de Cumberland, fils de George II. Richelieu, en septembre 1757 l'avait forcé à capituler à Closter-Sewern . Voir la convention de reddition de Klosterzeven, le 10 septembre 1757, qui, on l'a vu, n'a pas été honorée par les Anglais . Voir dans : http://www.histoireeurope.fr/RechercheLocution.php?Locutions=Louis+Fran%E7ois+Armand+de+Vignerot+du+Plessis

5 L’Encyclopédie .

6 La postérité en dira ce qu'elle voudra .

 

 

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27/01/2015 | Lien permanent

il songera très sérieusement à tout ce que vous lui faites l’honneur de lui dire ; il est aussi docile à vos avis que se

... Gérald Darmanin correspond-il à ces qualificatifs face au président Macron ?

- Non !

- C'est bien ce qu'il me semblait .

https://www.bfmtv.com/police-justice/evacuation-de-migran...

Gérald Darmanin. Le couloir de Bercy | Les Echos

HI ! happy tax payer

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

28 Juillet 1765.

Nous avons été confondus, mes divins anges, de votre lettre du 18 Juillet. Le paquet que le jeune homme vous avait envoyé 1 était adressé à M. le duc de Praslin ; il contenait l’ouvrage de ce pauvre petit novice. J’y avais joint une grande lettre que je vous écrivais, avec un mémoire pour M. de Calonne, accompagné de l’original de l’inféodation des dîmes de Ferney et de la preuve que ces dîmes ont toujours appartenu aux seigneurs. Tout cela formait un paquet considérable, et on croyait que le nom de M. le duc de Praslin serait respecté. S’il n’avait été question que de l’ouvrage du jeune homme, on n’aurait pas manqué de l’envoyer tout ouvert, ce paquet seul pouvant être pour lui comme pour vous ; mais on avait, par discrétion, adressé le tout à votre nom, pour ne pas abuser de celui de M. de Praslin, jusqu’au point de le charger de mes mémoires pour le rapporteur des dîmes de Genève et des miennes. Nous n’avions abusé que de vos bontés . Ce sont nos précautions qui ont occasionné l’ouverture du paquet et probablement aussi l’ouverture d’un autre que je vous adressai huit jours après 2. Ce dernier contenait des pièces  essentielles sur le procès des Sirven, que vous voulez bien protéger . Elles étaient pour M. Élie de Beaumont, qui vous fait quelquefois sa cour. Je ne doutais pas encore une fois que ces deux paquets à l’adresse de M. le duc de Praslin ne fussent en sûreté.

Je crains aujourd’hui que ceux de M. de Calonne ne soient perdus aussi bien que ceux de M. de Beaumont.

J’ose vous supplier de m’informer de ce que ces paquets vous ont coûté . J’espère qu’on vous rendra votre déboursé. Je suis à vos pieds, et je rougis de tous les embarras que je vous cause ; mais les papiers pour MM. de Calonne et de Beaumont sont si essentiels, que je ne balance pas à vous supplier de vous faire informer s’ils ont été reçus. Il se peut que les commis de la poste aient décacheté la première enveloppe, et qu’ils aient envoyé les paquets à leurs adresses respectives ; il se peut aussi qu’ils ne l’aient pas fait, et que tout soit perdu ; en ce cas, j’en serais pour mes dîmes, et Sirven pour son bien et pour sa roue. Pardonnez à mon inquiétude et agréez la confiance que j’ai en vos bontés.

Cette aventure m’afflige d’autant plus qu’on m’apprend l’affaire désagréable que Beaumont essuie d’une grande partie de ses prétendus confrères, et je ne sais encore comment il s’en est tiré.

On me dit dans ce moment que l’infant est mort de la petite-vérole naturelle 3, après avoir sauvé son fils par l’artificielle. Je me flatte que cette mort funeste ne changera rien à votre état, et que vous serez ministre du fils comme du père. Je suis si affligé, et d’ailleurs si malade et si faible, que je n’ai pas le courage de vous parler de votre jeune homme. J’avais une cinquantaine de corrections à vous faire tenir de sa part ; ce sera pour une autre occasion. Vous pouvez compter qu’il songera très sérieusement à tout ce que vous lui faites l’honneur de lui dire ; il est aussi docile à vos avis que sensible à vos bontés.

Nous avons ce soir mademoiselle Clairon. J’aurai bien d’autres choses à vous communiquer mais vous savez qu’on est privé de la consolation d’ouvrir son cœur.

Respect et tendresse.

V. »

3 Philippe, duc de Parme, gendre de Louis XV, mort le 18 juillet 1765 ; lui succède Ferdinand de Parme .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Ier_de_Parme

et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Ier_(duc_de_Parme)

D'Argental est ambassadeur de France à Parme .

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26/11/2020 | Lien permanent

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