04/12/2011
Vous m'avez établi concierge pendant ma vie
http://www.nicolasancion.com/index.html
« A M. le conseiller François TRONCHIN i.
18 février [1755]
Nous avons donc fait, monsieur, un marché dont tout le monde est content . La chose est assez rare; mais elle n'est pas difficile avec les personnes de votre nom. Je ne crois pas d'ailleurs que, dans le triste état de ma santé, on puisse trouver mauvais que je m'approche du meilleur médecin de l'Europe ii comme des plus honnêtes gens.
Vous m'avez établi concierge pendant ma vie iii. Je tâcherai de ne point dégrader votre maison; mais j'ai peur que le Rhône ne lui fasse tort, et qu'il ne soit un plus mauvais voisin que je ne suis un bon concierge. »
i François Tronchin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Tronchin
V* a acheté la propriété des Délices grace à François Tronchin , vendeur, et à Jean-Robert Tronchin, prête-nom, qui cèdera cette propriété à son frère lorque V* y renoncera en 1765.
iii Cette acquisition de St Jean avait revêtu la forme d'un location à vie, cessant à la mort de V*.
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03/12/2011
L'acquisition auprès de Genève coûte très-cher; le tout me reviendra à cent mille francs de France
Ce fut cher en 1755, c'est hors de prix actuellement pour se loger , non seulement sur le terrritoire hélvétique, mais dans la zone française proche de la frontière .
Rien de changé entre le XVIIIè et le XXIè siècle ; il ne fait pas bon vivre auprès d'un peuple de banquiers , et dans une zone d'influence d'organisations internationales (ONU, BIT, CRI, ILO, OMS, CERN, ...) qui donnent des salaires immoraux à leurs fonctionnaires ; la plupart, comme on dit, se font des "couilles en or", et , oui mesdames, vous aussi !
Les propriétaires se gavent ; ceux qui "travaillent sur France " comme on dit, rament .
Et ce n'est pas un changement de locataire l'Elysée qui va changer quoi que ce soit !
« A M. de Brenles.
A Prangins, 18 février [1755]
Voici, mon cher monsieur, ce tome troisième dont vous me faites l'honneur de me parler; je vous envoie un exemplaire tel qu'il a été imprimé. J'y joins un autre exemplaire tel, à peu près, qu'il paraitra dans l'édition complète de l'Histoire générale. Je vous prie de donner à M. Polier i le volume relié, et de garder l'autre comme un manuscrit et une esquisse que mon amitié vous présente. Je mets dans le paquet une traduction de quelques poésies de M. Haller ii, que M. Polier avait bien voulu me prêter; pardonnez-moi cette liberté.
Croyez-moi donc à la fin, monsieur, et soyez très-sûr que, si le goût d'une Parisienne iii m'a fait acquérir la jolie maison et le beau jardin des Délices, et si ma mauvaise santé me rapproche de Genève pour être à portée du docteur Tronchin, je prends Monrion uniquement pour me rapprocher de vous. Monrion sera le séjour de la simplicité, de la philosophie et de l'amitié. L'acquisition auprès de Genève coûte très-cher; le tout me reviendra à cent mille francs de France avant que je puisse en jouir à mon aise. Je serai logé là aussi bien qu'un grand négociant de Genève, et je serai à Monrion comme un philosophe de Lausanne. Je vous jure encore une fois que je n'y vais que pour vous, et pour le petit nombre de personnes qui pensent comme vous. Si Mme Goll iv avait pu quitter Colmar assez tôt, j'aurais pris le domaine, et elle y aurait trouvé l'utile et l'agréable mais je me contenterai de la maison et des dépendances, et je regarde la chose comme faite. Ma détestable santé est le seul obstacle qui m'empêche de venir signer, sous vos yeux, un marché que vous seul m'avez fait faire. Nous présentons, ma nièce et moi, nos obéissances très-humbles à Mme de Brenles.
V. »
iAntoine-Noé de Polier de Bottens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d... . Par la suite, pour l'Encyclopédie , il écrira un article Liturgie, qui sera amendé par V*, et Messie, de même .
ii Albrecht von Haller : savant physiologiste, et poète bernois de langue allemande, qui aura des relations tendues avec V* ; Haller plein de réservessur les idées et écritsde V* : « Je ne lui ai jamais cédé d'un pas sur ce qui affecte la religion, les moeurs et la patrie . »
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30/11/2011
Tout le pays où je suis s'est empressé à me donner les marques les plus touchantes de bonne volonté
« A M. le président De RUFFEY i
A Prangins, au pays de Vaud, 16 février 1755.
Il est vrai, monsieur, que j'ai loué pour quelque temps une des plus jolies campagnes du monde auprès de Genève. Je ne sais si j'en aurais pu trouver une aussi agréable auprès de Rome. Mais je n'ai choisi cette campagne qu'en qualité de malade, et parce qu'elle m'approche du médecin ii en qui Mme Denis dit que je dois avoir confiance. Cette maison est sur le chemin des bains d'Aix en Savoie, où l'on veut me conduire. J'aimerais bien mieux aller à Dijon, jouir de votre amitié et être témoin de tous les avantages que M. de La Marche iii procure à la ville et aux lettres. Si ma santé peut devenir tolérable, je vous assure que je viendrai à Dijon passer une partie de l'hiver. Je suis tendrement attaché à M. de La Marche depuis mon enfance iv, ce serait une grande consolation pour moi de le voir encore avant de mourir; mais je crains bien de n'avoir plus la force de faire des voyages. Je vous dois, monsieur, les bontés de Mme la baronne de Donop v; elle m'a fait déjà l'honneur de m'écrire pour m'offrir ses bons offices. Tout le pays où je suis s'est empressé à me donner les marques les plus touchantes de bonne volonté, mes maladies m'empêchent d'en profiter, mais elles me laissent un cœur bien sensible aux attentions dont vous m'honorez.
Je vous prie de vouloir bien présenter mes respects à M. le premier président de La Marche. J'ai l'honneur d'être, avec toute la reconnaissance possible et avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux, monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur.
V. »
i Le président Germain-Gilles-Richard de Ruffey : président de la Chambre des Comptes de Bourgogne, fondateur d'une société littéraire à Dijon , qui deviendra académie, dont en 1761, V* deviendra membre . Il enverra des poèmes, des rosiers, des graines, du vin à V* qui lui demandera son aide dans ses démêlés avec le curé Ancian et le président de Brosses . http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Germain_Richard_de_Ruffey
ii Théodore Tronchin .http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Tronchin
iiiClaude-Philippe Fyot de La Marche , ami au collège Louis-le-Grand de V*, et ami de de Ruffey, devenu premier président du parlement de Bourgogne .
iv Voir lettre du 7 août 1711 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/l...
v Ce n'est pas Mme Donop que V* avait connue à Berlin, mais Françoise Turrettini, veuve de David Vasserot, baron de Viney, qui avait épousé en secondes noces le baron August Moritz vonDonop, ministre des Affaires étrangères de Hesse-Cassel .
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28/11/2011
Si on se torchait le derrière avec eux, on aurait des hémorroïdes
Cette verte affirmation vaut pour tout écrit d'extrêmistes, de menteurs patentés, de sauveurs du monde richement logés pour blablater du meilleur moyen de ralentir le réchauffement climatique tout en revenant à leurs réels intérêts : le fric , à donner, à recevoir . Gigantesque partie de poker menteur . Belle entente de ceux qui veulent rafler le pot .
Etant d'un naturel délicat, je n'achèterai pas les journaux pour en faire l'usage sus-mentionné par crainte des conséquences funestes sur mon anatomie .
Cependant, il est plusieurs manières de soigner les hémorroïdes, soit dit sans vous offenser .
- Soft !
- A l'usure !!
- A l'espagnole !
Olé !!!
Ci-après, Voltaire s'en prend, avec un sens du raccourci que j'adore ( Adorer : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph... ), aux vers de la pièce d'un auteur qui, circonstance aggravante, non content de mal écrire, est soutenu par la marquise de Pompadour .
A Prangins, le 13 février [1755]
Nous aurons donc Amalazonte ii, monsieur ; nous l'attendons avec l'impatience de l'amitié qui nous attache à vous. L'âme de Royer iii ne sera pas placée dans l'autre monde à côté des Vinci et des Pergolèze. Celle de l'auteur du Triumvirat iv pourrait bien aller trouver Chapelain v. Quels diables de vers, que de dureté et de barbarismes . Si on se torchait le derrière avec eux, on aurait des hémorroïdes, comme dit Rabelais vi! Est-il possible qu'on soit tombé si vite du siècle de Louis XIV dans le siècle des Ostrogoths? Me voilà en Suisse, et presque tout ce qu'on m'envoie de Paris me paraît fait dans les Treize-Cantons. Le malade et la garde-malade vous embrassent tendrement. Pardonnez à un moribond qui n'écrit guère de sa main. »
i Augustin -Louis de Ximenes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Louis_de_Xim%C3%A9n%C3%A8s
ii Amalazonte, tragédie représentes le 30 mai 1754 à la Comédie Française .http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=nyp.33433081895116
iii Royer, musicien-compositeur qui a mis en musique un opéra d''après une pièce de V* et dont ce dernier s'est plaint en voyant son texte défiguré par M. de Sireuil, librettiste ; Royer est décédé il y a peu de temps .
iv Crébillon, auteur de Le Triumvirat, ou la Mort de Cicéron , 1754, pièce que déteste V* . Crébillon bénéficie de l'appui de la marquise de Pompadour .
vi Pantagruel : « Panurge assure que s'étant torché le cul avec un feuillet des décrétales appelées clémentines, il en eut des hémorroïdes longues d'un demi-pied ».
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