Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/11/2009

Jamais de paix avec un sot méchant

http://www.youtube.com/watch?v=as59Id4eHhc&NR=1

 

 

 

Autres temps, autres racailles !

« A Jean-François de La Harpe

 

30è novembre 1772, à Ferney

 

                            Il n’y a que vous, mon cher successeur, qui ayez su écrire au nom d’Horace [en réponse à l’Epître à Horace de V*, La Harpe a écrit une Réponse d’Horace à M. de V***]. Heureusement vous ne lui avez pas refusé votre plume comme il refusa la sienne à Auguste. Vous avez mis dans sa lettre la politesse, les grâces, l’urbanité de son siècle. Boileau n’a pas été si bien servi que lui [Clément que V* compare à Fréron et Desfontaines avait écrit une réponse de Boileau (Boileau à M . de Voltaire, 1772) en réponse à l’Epître à Boileau de V*]; de quoi s’avisait-il aussi de prendre  son secrétaire dans les charniers Saint-Innocent ?  Je vous remercie des galanteries que vous me dites tout indigne que j’en suis, et je vous remercie encore plus d’avoir si bien saisi l’esprit de la cour d’Auguste. Ce n’est pas tout à fait le ton d’aujourd’hui. Notre racaille d’auteurs est bien grossière et bien insolente, il faut lui apprendre à vivre. J’avais voulu autrefois ménager ces messieurs, mais je vis bientôt qu’il n’y avait d’autre parti à prendre que celui de se moquer d’eux. Ce sont les enfants de la médiocrité et de l’envie. On ne peut ni les éclairer ni les adoucir ; il faut brûler leur vilain visage avec le flambeau de la vérité. Jamais de paix avec un sot méchant. Pour peu qu’on soit honnête ils prétendent qu’on les craint.

 

                                      Vous donnez quelquefois dans le Mercure des leçons qui étaient bien nécessaires notre siècle de barbouilleurs. Continuez, vous rendez un vrai service à la nation.

 

                            Je vous embrasse plus que jamais ; Mme Denis a été bien malade d’une furieuse dysenterie. Elle vous fait ses compliments.

                           

                            Voltaire. »

bout_sarko racaille.jpg

je suis l’homme aux inadvertances

inadvertance 1.jpg
Bizarre inadvertance ?
Pas tant que ça souvent !
Demain, par inadvertance, oublier de dire son amour pour celle qui vous est chère ?
Par inadvertance ! Oublier de lui dire combien elle compte pour vous ?
Inadvertance ?
Allons, un homme averti en vaut deux , alors plus d'inadvertance en amour, s'il-vous-plait !
Votre (ma) vie en dépends ...

Volti a des inadvertances bien excusables quand on connait sa puissance de travail et l'attention qu'il porte à tous ceux qu'il aime (et aussi à ceux qu'il déteste, il faut bien l'avouer !).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

envoyé de Parme

Rue de la Sourdière à Paris

et

à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            29 novembre 1760.

 

Telle est dans nos Etats la loi de l’hyménée.

C’est la religion lâchement profanée,

C’est la patrie enfin que nous devons venger.

L’infidèle en nos murs appelle l’étranger etc.[Tancrède ]

 

                            Il faut avouer, mes divins anges, que je suis l’homme aux inadvertances. On change  un vers et on oublie d’envoyer les corrections devenues nécessaires aux vers suivants ; et on fatigue ses anges horriblement. On ne sait plus où l’on est. Il faut recopier la pièce, tous les rôles, c’est la toile de Pénélope. Je suis à vos genoux, je vous demande pardon, je meurs de honte. Il y a plus de cent vers corrigés dans cette maudite chevalerie. Tout cela est épars dans mes lettres. Si vous pouvez attendre, je crois que le meilleur parti est de vous envoyer la pièce bien recopiée .Vous êtes les maîtres de tout. Mais en cas que vous fassiez imprimer, je vous demande toujours en  grâce de m’envoyer les feuilles.

 

                            J’apprends que messieurs les dévots, et messieurs de Pompignan se sont beaucoup remués sur la nouvelle que j’étais chez Laleu à Paris. J’apprends que les dévotes sont fâchées de voir une Corneille aller dans la terre de réprobation, et qu’elles veulent me l’enlever [entre autres, la princesse de Conti, la présidente de Molé, fille du fameux Samuel Molard ]. A la bonne heure : elles lui feront sans doute un sort plus brillant, un établissement plus solide dans ce monde-ci et dans l’autre, mais je n’aurai rien à me reprocher. Nous verrons qui l’emportera de cette cabale ou de vous. Vous devez savoir que tout cela a été traité pour et contre au lever du roi. Chacun a dit son mot. Voilà de grandes affaires, mais Pondicheri est plus important [Pondichéry capitulera le 18 janvier 1761].

 

                            Que dites-vous de la Didon de M. Lefranc de Pompignan suivie du Fat puni ? [ on devait jouer le 10 novembre Didon ( de Lefranc de Pompignan) et Le fat puni (de Pont-de-Veyle). Le public s’esclaffa, suivant les plaisanteries de V*, rapprocha le titre et l’auteur, et on décida de donner une autre pièce que le Fat puni . Didon fut en fait jouée le 8 novembre ] on est bien drôle à Paris.

 

                            Mille tendres respects.

 

                            V.