03/09/2010
Est-il bien vrai qu'on ose vous persécuter dans le temps même que vous êtes comblé de gloire
Bien des arrivées au pouvoir sont ainsi :
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Et puis , on se croit paré pour l'hiver :
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On relativise :
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On y croit encore :
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Et ça finit comme ça , dans le meilleur des cas :
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Et plutôt comme ceci :
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« A Jean-François de La Harpe
3è septembre 1775
Je vous prie , mon cher ami, de me dire par la même voie dont on veut bien que je me serve, s'il est vrai qu'un de nos académiciens indignes [i] ait eu la lâcheté de vous dénoncer comme coupable, d'avoir extrait et embelli je ne sais quelle petite Diatribe [ii], toute à l'honneur d'un ministre qui fait déjà le bonheur de la France [iii], et qui mettra bientôt la dernière main à l'ouvrage de ce bonheur.
Est-il bien vrai qu'on ait ôté sa place à l'approbateur du Mercure ?[iv]
Est-il bien vrai qu'on ose vous persécuter dans le temps même que vous êtes comblé de gloire [v], et que vous faites la gloire de la nation ? Mettez-moi au fait, je vous prie, de toute l'infamie des Welches. Faites-moi parvenir le plus tôt que vous pourrez vos trois couronnes. Je meurs d'envie de vous lire, ne pouvant vous embrasser.
V. »
i L'avocat général Séguier.
ii La Harpe avait publié dans le Mercure d'août un compte-rendu et à cette occasion une partie de la Diatribe à l'auteur des Éphémérides (sur le commerce des blés) de V* cf. lettre à Moultou du 29 août . Le 7 septembre , le Parlement condamne le Mercure et le censeur Louvel. La Diatribe avait été condamnée le 19 août par le Conseil à la demande de l'Assemblée du clergé.
iii Turgot qui avait établi la liberté de commerce des grains.
iv Louvel fut remplacé par Sancy.
v La Harpe vient de remporter le prix de poésie et le prix d'éloquence de l'Académie française pour 1775, avec Conseils à un jeune poète et l'Éloge de Nicolas de Catinat, maréchal de France, et sa pièce Menzikoff devait être représentée à Fontainebleau devant la Cour en novembre.
05:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
Plus on est vieux et malade, plus il faut rire. La décrépitude est trop triste.
http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definitio...
http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/citations...
http://fr.wikisource.org/wiki/Trait%C3%A9_d%E2%80%99%C3%A...
Très documenté, remarquable : MESURES ANCIENNES :
http://www.genefourneau.com/mesures.html
"Nous autres qui connaissons le prix du blé,...", et mes attaches paysannes me permettent de voir de près ce qui revient aux petits producteurs : des clopinettes !
Rien à voir avec les céréaliers, les gros, ceux qui restent à la maison près de l'ordinateur, qui envoient des paperasses sans nombre pour toucher des subventions coquettes . Et ils se plaignent ! Les délais pour avoir le dernier Range Rover ou la Porsche Cayenne, c'est vrai, sont trop longs !
Sans rire, ils se mettent la tête sur le billot auprès des banques en faisant la course à la productivité, donc matériel énorme et hors de prix et traitements phytosanitaires et insecticides à tout-va ! Je ne les plains pas .Ils sont victimes de leurs excès, un jour viendra où ils comprendont . Peut-être !... Le fameux bon sens paysan qui est père d'un bon nombre de couillonnades n'est pas mort . Dommage ,dites-vous ?
Chantons encore :
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« A Suzanne Necker
3è septembre 1773, à Ferney
Madame
Je ne connais pas plus l'auteur modeste et couronné de l'Éloge de Colbert [i], que je ne connais l'auteur téméraire et honni des Fragments sur l'Inde [ii]. Je me doute seulement que le sage qui a remporté le prix de l'Académie, mériterait peut-être de succéder au grand homme qu'il a si bien loué. Son principal mérite à mes yeux jusqu'à présent , était d'avoir rendu justice au vôtre. Je ne connaissais pas ses grands talents, et la raison en est que je n'avais eu presque jamais l'honneur de le voir.
Je lui sais bien bon gré d'avoir un peu prêché les économistes et les athées. Il y a sous le gouvernement de Dieu du bien et du mal, comme il y en avait en France sous l'administration de Jean-Baptiste ; mais cela n'empêche pas qu'on ne doive adorer Dieu, et estimer beaucoup Jean-Baptiste Colbert [iii].
Nous autres qui connaissons le prix du blé, et qui le payons encore trente francs le setier, après la récolte la plus abondante , nous savons que Jean-Baptiste était très avisé de tenir continuellement la main à l'exportation, et nous ne l'appelons point un esprit mercantile comme messieurs les économistes l'ont nommé.
Quand à feu la Compagnie des Indes [iv], je vois, Madame, que je me suis mépris. Nous avons quelques Genevois et moi, envoyé un vaisseau à Bengale [v]. Vous me faites trembler pour notre entreprise. Mais dans les derniers temps de la Compagnie, on ne tremblait pas, on pleurait. Pour moi, je rirai encore si les cinquante-neuf personnes qui sont sur notre vaisseau mangent tout notre argent et se moquent de nous, comme il y a très grande apparence. Plus on est vieux et malade, plus il faut rire. La décrépitude est trop triste.
Nous présentons, Mme Denis et moi, nos très humbles respects à monsieur et à madame Necker, et c'est du fond de notre cœur.
V. »
i Jacques Necker : Eloge de Jean-Baptiste Colbert, discours qui a remporté le prix de l'Académie française ne 1773 ,1773.
ii Voltaire ; cf. lettre à Marin du 12 juin 1773.
iii A Mme du Deffand, le 1er novembre : « ... c'était un ouvrage qu'on ne pouuvait faire qu'avec de l'arithmétique . Aussi est-ce un excellent banquier qui a remporté le prix. J'avoue que je ne saurais souffrir qu'un homme qui a porté un habit de drap de Vanrobais ou de velours de Lyon, qui a des bas de soie à ses jambes, un diamant à son doigt, et une montre à répétition dans sa poche, dise du mal de Jean-Baptiste Colbert à qui on doit tout cela. La mode est aujourd'hui de mépriser Colbert et Louis XIV . Cette mode passera ... »
http://telematinduweb.skynetblogs.be/archive/2008/01/28/l...
05:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
je baise mille fois vos beaux tétons et vos belles fesses...Voilà de plaisants discours, ... pour un malade !
"Je ne songe qu'à profiter du peu de temps qui me reste pour travailler et pour vous aimer"
... Belle déclaration d'amour !
Volti connait le démon de midi, -Marie-Louise, pour ne rien vous cacher-, et lui rend hommage sans fard et sans hypocrisie, quoique en toute discrétion aux yeux du monde .
« A Mme Denis
A Strasbourg 3 septembre [1753]
Je reçois, ma chère enfant, votre lettre du 27 août qui m'est probablement renvoyée par M. Gayot. Je vous prie dorénavant de m'écrire sous le couvert de M. Defresnay, directeur général des postes, ou sous le nom de M. Darsin [i]. Les lettres me seront rendues sur-le-champ, soit sous le nom de Darsin soit sous l'enveloppe de M. Defresnay. M. Gayot est à Plombières. Je ne doute pas que vous ne lui ayez écrit pour le remercier de tous ses soins. J'ai toujours votre boîte [ii]. J'attends une occasion. Je suis à la campagne. Je n'ai point osé aller au gouvernement [iii] sans billet. J'attends celui de M. Bernard que vous m'avez promis. Venons à nos affaires. Vous ne me parlez point de votre santé. Elle est donc bonne. C'est là ma première affaire et je ne suis malheureux qu'à moitié.
Mon cœur est pénétré de tout ce que vous faites. Je n'ai point dans mes tragédies d'héroïne comme vous. Moi, ne vous point aimer ! Mon enfant, je vous adorerai jusqu'au tombeau. Je vous aime tant que je n'irai point dans ce château où il y a un tiers qui vous aime aussi [iv]; je deviens jaloux à mesure que je m'affaiblis, ma chère enfant. Je voudrais être le seul qui eût le bonheur de vous foutre, et je voudrais à présent n'avoir jamais eu que vos faveurs, et n'avoir déchargé qu'avec vous . Je bande en vous écrivant, et je baise mille fois vos beaux tétons et vos belles fesses. Eh! Bien, direz-vous que je ne vous aime pas ! Pagnon [v] serait bien étonné s'il lisait cela. Voilà de plaisants discours, dirait-il pour un malade ! Mais c'est un malade à qui vous rendez la vie par-ci par-là.
Je ne suis pas si content de l'imbécile abbé Godin [vi] que de vous . A qui en veut-il ? pourquoi plutôt dans un endroit que dans un autre ? Le plat homme ! Les deux grelots [vii] de Frémont [viii] me plaisent beaucoup, ils feront d'ailleurs enrager Lemeri et Le Sec [ix].
En attendant voici ce que je vais faire . J'ai achevé à peu près mon histoire de l'empire [x]. Je tâcherai de la faire imprimer à Strasbourg. J'y aurai pour la perfectionner un secours que je n'aurais point ailleurs. M. Sheffling [xi], le meilleur professeur d'histoire, est à Strasbourg. Il est mon ami, il me vient voir tous les jours dans mon ermitage. Il m'aidera. Je suis bien loin de me promener dans l'Alsace et dans la Lorraine. Je ne songe qu'à profiter du peu de temps qui me reste pour travailler et pour vous aimer. Un moment perdu me parait un siècle. Dieu merci je n'ai rendu aucune visite pas même à l'intendant. Il est venu souvent chez moi. Je renvoie mon monde sans façon en qualité de malade. Travailler et penser à vous, voila ma vie. Au nom de notre amitié, ma chère enfant, peignez-moi à tout le monde comme mourant, vous ne mentirez guère, car je ne vis que quand votre idée me ressuscite.
Envoyez-moi, je vous prie la malle aux papiers par le premier roulier à l'adresse de M. Defresnay et ne manquez pas d'y mettre toutes mes lettres. J'ai une besogne en tête que vous m'avez conseillée, qui est nécessaire, et que je veux faire en forme de lettres. Je tâcherai de rendre la chose sage, agréable, plaisante ; et quoique mesurée je vous promets qu'elle couvrira d'opprobre dans la postérité ceux qui vous ont fait traîner par des soldats [xii] et qui prétendent à la gloire parce qu'ils ont été heureux. Je rappellerai dans ces lettres beaucoup de faits qui seront d'ailleurs attestés par les originaux qui sont dans mes papiers [xiii]. Soyez sûre que ce recueil sera un jour plus intéressant que celui de Rousseau [xiv]. Je vous remettrai le tout fidèlement et vous le garderez comme mon testament, après quoi je mourrai content. Pourriez-vous mettre dans le coffre six assiettes et six couverts d'argent , cela peut servir quoique je ne sois pas un homme à tenir table sans vous, comme vous le faites si gaiement. Je ne soupe plus, vous ne dînez plus. Vola la plus grande de mes afflictions.
Je vous avoue que j'ai été bien affligé que vous ayez envoyé à Francfort la révocation de votre procuration [xv]. Elle est arrivée précisément dans le temps qu'on allait rendre l'argent. Votre résiliation a tout gâté. On s'est prévalu de l'apparence de notre mésintelligence. C'est cent louis de perdu à la suite de beaucoup d'autres. Vous vous êtes trop pressée de croire vos pauvres Parisiens qui croient connaître l'Allemagne. C'est moi qui la connais. J'ai eu plusieurs conférences tête à tête avec l'Électeur palatin. Je vous réponds que j'étais mieux à Mayence, à Manheim, à Gotha que partout ailleurs. Je vous dirais d'autres choses qui vous émerveilleraient, mais je ne veux songer à présent qu'à vous, à mon histoire de l'empire, à ces lettres, et Dieu sait si après je ne ferai pas une tragédie. J'ai un sujet admirable [xvi], et le diable me bat. Laissez-moi faire et que je vive.
Ce fou de Maupertuis n'a donc pas imprimé l'apologie de ses géants et de l'art d'exalter son âme ?[xvii] Ce fou devient un sot . L'amour-propre et l'eau-de-vie l'ont abruti. Adieu, aimez-moi pour que je vive, mais parlez toujours de moi comme d'un mourant . Ce coquin de Cernin [xviii] écrivait à sa sœur : Il fait le malade à Francfort, et sa nièce fait semblant de le secourir en l'épuisant. Je vous recommande Du Billon [xix] dans vos moments de loisir.
Je crois qu'il est de la plus grande importance que vous fassiez envoyer au roi de Prusse par milord Maréchal la lettre où je traite comme il faut l'impertinent auteur de la satire contre le roi de Prusse [xx]. Voici des vers qu'on m'envoie [xxi], ils méritent d'être connus. Adieu ma chère enfant.
V.
Ne dîtes à personne que je vais faire imprimer une histoire d'Allemagne. »
i Darsin ou d'Arcin, encore un des pseudonymes de V*.
ii Sa tabatière.
iii A la résidence du gouverneur ; il avait demandé à Mme Denis le 17 août de « parler à Bernard (= Pierre-Joseph Bernard, dit Gentil-Bernard), et de voir si M. le maréchal de Coigny voudrait permettre qu'(il) loge(ât) à Strasbourg dans son hôtel »
iv Chez Cideville, en Normandie ; le 22, lettre explicite : « Vous renoncez donc à la Normandie. Votre état (=grossesse) l'exige et les sentiments de Cideville l'auraient exigé. »
Par contre, le 11 novembre à Cideville : « On dit que votre campagne est charmante, mais vous en faites le plus grand agrément. Je ne me console pas de n'y pouvoir aller. »
v Pseudonyme de Franz Varrentrapp, imprimeur à Francfort ? Ou Paignon, parent de Mme Denis ?
vi Est-ce Louis XV, comme il le désignait dans d'autres lettres.
vii Terme utilisé par V* pour désigner des distinctions .
viii D'Argenson.
ix Frédéric et Maupertuis.
x Annales de l'Empire.
xi Johann Daniel Schoepflin.
xii A Francfort ; cf. lettres du 20 juin et 8 juillet 1753.
xiii Il s'agit de réécrire les lettres adressées de Prusse à sa nièce et en faire un recueil vengeur à publier après sa mort (comme prévu aussi pour ses Mémoires) ; il reviendra à plusieurs reprises sur ce projet, réclamant à chaque fois les papiers qu'elle hésite à envoyer. Cf. lettre du 20 décembre.
xiv Jean-Baptiste Rousseau : Lettres sur différents sujets ; cf. lettre à Mme Denis du 12 août 1749.
xv 25 juillet.
xvi L'Orphelin de la Chine ; il lui reprochera d'avoir « parlé des Chinois » le 18 septembre.
xvii Dans la Diatribe du Docteur Akakia : Maupertuis a « imaginé de connaître la nature de l'âme par le moyen de l'opium et en disséquant des têtes de géants ... » ; « avec de l'opium et des rêves, il modifie l'âme » ; « il espère qu'un peu plus de chaleur et d'exaltation dans l'imagination pourra servir à montrer l'avenir... »
xviii Frédéric, qui écrivait en réalité à sa sœur Wilhelmine le 7 juillet : « J'ai vu la lettre de Voltaire et de la Denis ... Vous ne sauriez croire ... jusqu'à quel point ces gens jouent la comédie ; toutes ces convulsions, ces maladies, ces désespoirs, tout cela n'est qu'un jeu... »
xix Est-ce encore Frédéric comme dans d'autres lettres ?
xx V* attribue cette satire à La Beaumelle : Idée de la personne, de la manière de vivre et de la Cour du Roi de Prusse, juin 1752 ; elle vient d'être publiée suivie de deux textes authentiques de V* qui craint donc qu'on ne croie « que tout est de lui » (lettre du 27 août 1753), d'où urgence à fustiger l'auteur de la satire et faire transmettre ce mot à Frédéric.
xxi Vers envoyés par Sébastien Dupont à V* en août 1753.
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02/09/2010
Celui qui vous amusera le plus en quelque genre que ce soit aura toujours raison avec vous
Ce n'est pas à soixante-seize ans que Volti va se laisser impressionner par une femme, fût-elle la marquise du Deffand à la langue acérée. Il la connait comme sa poche .
Mais, Le chat a toujours raison !: http://www.deezer.com/listen-3040151
http://www.deezer.com/listen-2161737
Et sans transition, revenons à l'actualité politique française , qui me semble se répéter depuis des siècles .
"Il y a actuellement entre les souverains chrétiens une cordialité qui ne se trouve pas entre les ministres"
Que je traduis par ... exactement la même chose ! Souverains sont les présidents des différents états, chrétiens quand ça les arrange (chanoine Sarko), cordiaux comme des larrons en foire (pouvoir et fric sont reconnus bons ), maîtres de ministres qui se détestent (- Qui va gicler ? -Lui/Elle ! mais pas moi, je suis le/la meilleur(e) !).
http://www.deezer.com/listen-2161743
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand
2è septembre 1770
Je vous envoie, Madame, par votre grand-maman [i] la petite drôlerie en faveur de la divinité contre le volume énorme du Système de la nature [ii], que sûrement vous n'avez pas lu. Car la matière a beau être intéressante ; je vous connais, vous ne voulez vous ennuyer pour rien au monde ; et ce terrible livre est trop plein de longueurs et de répétitions pour que vous pussiez en soutenir la lecture. Le goût chez vous marche avant tout. Celui qui vous amusera le plus en quelque genre que ce soit aura toujours raison avec vous . Si je ne vous amuse pas, du moins je ne vous ennuierai guère. Car je réponds en vingt pages à deux gros volumes.
Je me flatte que votre grand-maman s'est enfin réconciliée avec Catherine seconde ; tant de sang ottoman doit effacer celui d'un ivrogne qui l'aurait mise dans un couvent [iii] . Et après tout ma Catau vaut beaucoup mieux que Moustapha . Avouez, Madame, que dans le fond du cœur vous êtes pour elle. Des lettres de Venise disent que la canaille musulmane a tué l'ambassadeur de France et presque toute sa suite, que l'ambassadeur d'Angleterre s'est sauvé déguisé en matelot [iv] et que Moustapha a donné une garde de mille janissaires au baile de Venise ; je veux ne point croire ces étranges nouvelles. Mais si malheureusement elles étaient vraies, votre grand-maman elle-même ferait des vœux pour que Catherine fût couronnée à Constantinople.
Le Roi de Prusse est allé en Moravie rendre à l'Empereur [v] sa visite familière. Il y a actuellement entre les souverains chrétiens une cordialité qui ne se trouve pas entre les ministres.[vi]
Voilà, Madame, tout ce que sait un vieux solitaire qui voit avec horreur les jours s'accourcir et l'hiver s'approcher. Conservez votre santé, votre gaieté, votre imagination et votre bonté, pour votre très vieux et très malingre serviteur, qui vous est bien tendrement attaché pour le reste de ses jours. »
i La duchesse de Choiseul qui a quarante ans de moins .
ii Dieu, réponse au Système de la nature ; le Système de la nature ou les lois du monde physique et du monde moral présenté explicitement comme étant de M. Mirabeau était en fait du baron d'Holbach ; cf. lettre à Cramer du 5 juin 1770.
iii Son mari Pierre III qu'on lui reprochait d'avoir fait tuer.
iv Ces nouvelles , fausses, concernaient François-Emmanuel Guignard, comte de Saint-Priest, et John Murray.
v Joseph II (fils de Marie-Thérèse) dont Frédéric fait un grand éloge.
vi Ministres des cultes.
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Moustapha d'hier, Moustapha de nos jours, toujours les mêmes guignols escrocs :
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Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse, vous êtes la chiasse du genre humain
" Le petit nombre des prédestinés qui ont du goût n'influe point sur la multitude "
http://www.deezer.com/listen-6857846
Et pour mon père, homme de goût, en souvenir de lui : http://www.deezer.com/listen-509890
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
2 septembre 1767
Nous nous apprêtons à célébrer la convalescence [i] ; il y aura comédie nouvelle [ii], souper de quatre-vingts couverts ; c'est bien pis que chez M. de Pompignan [iii]; et puis, nous aurons bal et fusées.
J'envoyai par le dernier ordinaire un Ingénu par M. le duc de Praslin pour amuser la convalescente et vous aurez, mes anges, pour votre hiver des tragédies de MM. de Chabanon et de La Harpe [iv]. Cela n'est pas trop mal pour des habitants du mont Jura, mais en vérité vous autres Welches, vous êtes des habitants de Montmartre. Je vous assure que Guillaume Tell et les Illinois [v] sont aux Danchet et aux Pellegrin ce que les Pellegrin et les Danchet sont à Racine ; je ne crois pas qu'il y ait une ville de province dans laquelle on pût achever la représentation de ces parades qui ont été applaudies à Paris. Cela met en colère les âmes bien nées. Cette barbarie avancera ma mort. Le fond des Velches sera toujours sot et grossier . Le petit nombre des prédestinés qui ont du goût n'influe point sur la multitude ; la décadence est arrivée à son dernier [sic !] période .
Vivez donc, mes anges, pour vous opposer à ce torrent de bêtises de tant d'espèces qui inondent la nation. Je ne connais depuis vingt ans aucun livre supportable, excepté ceux que l'on brûle, ou dont on persécute les auteurs. Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse, vous êtes la chiasse du genre humain. Vous ne méritez pas d'avoir eu parmi vous de grands hommes qui ont porté votre langue jusqu'à Moscou. C'est bien la peine d'avoir tant d'académies pour devenir barbares ! Ma juste indignation, mes anges, est égale à la tendresse respectueuse que j'ai pour vous, et qui fait la consolation de mes vieux jours.
Tout Ferney se réjouit de la convalescence.
V. »
i De la comtesse d'Argental.
ii Le 4 sera joué Charlot ou la Comtesse de Givry, ainsi que La femme qui a raison.
iii Allusion au banquet de vingt-six couverts offert par Pompignan en 1763 et dont V* parle dans la Lettre à M. de l'Ecluse et dans la Relation du voyage de M. le marquis de Pompignan.
iv Ils travaillent alors chez V*.

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Si quid novisti rectius istis candidus imperti (Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part clairement)
« J'ai goûté la vengeance de le consoler »
Vengeance, toi qui inspire beaucoup plus que la consolation, tu viens, semble-t-il, plus vivement que la consolation . Ah ! faibles humains que nous sommes !
Les douceurs de la vengeance :
http://www.deezer.com/listen-968446
http://www.deezer.com/listen-5104504
http://www.deezer.com/listen-3736373
Consoler son ancien tourmenteur, délice de connaisseur en vengeance, être du bon côté de la vie, -cette fois-ci,- comme ça fait du bien ! Ah ! que je t'approuve, Volti, et que cette formule me plait ! Ah ! qu'elle me console des conn... quotidiennes !
http://www.deezer.com/listen-4153561
http://www.deezer.com/listen-6200931
http://www.deezer.com/listen-961191
« A François Tronchin
conseiller d'État à Genève.
Au Chêne à Lausanne 2 septembre [1757]
Premièrement mille obéissances, mille tendres compliments à tout Tronchin de tout sexe et de tout âge.
Ensuite je vous dirai que dans une lettre de Vienne du 24 août nous lisons ces paroles : Nous recevons la confirmation d'une glorieuse victoire remportée par le colonel Janus à Landshut en Silésie avec cinq ou six bataillons contre huit mille Prussiens commandés par deux généraux. La perte de l'ennemi passe trois mille hommes, tandis que la nôtre , ce qui est peu croyable, mais ce qui est très vrai, n'est que de dix-sept morts, et de quatre-vingt-un blessés [i]. Cette nouvelle a besoin dans mon église d'un nouveau sacrement de confirmation.
Or, mes amis, ouvrez les yeux et les oreilles. Le roi de Prusse m'écrit qu'il ne doute pas que je ne me sois intéressé à ses succès et à ses malheurs, et qu'il lui reste de vendre cher sa vie etc.[ii] La margrave de Bareith m'écrit une lettre lamentable [iii], et je suis actuellement à consoler l'un et l'autre [iv]. Je ne hais pas ces petites révolutions [v]; elles amusent et elles exercent; elles affermissent la philosophie.
Mme Denis vous embrasse. Elle s'occupe à faire une maison très agréable de la maison du Chêne . Nous espérons vous y posséder quelque jour. Nous y avons déjà mangé des gélinottes.
Je me flatte que la tracasserie de Servet [vi] est anéantie, du moins elle l'est par mon silence. Je ne songe qu'à vivre et à mourir tranquille soit au Chêne soit aux Délices pourvu que ce soit auprès de vous
Si quid novisti rectius istis
candidus imperti [vii]... et vale.
V. »
i Dans les nouvelles de Vienne datées d'août, parues dans le Mercure d'octobre, on décrira une victoire remportée à Landshut par le colonel Janus et donnera les mêmes chiffres que V* pour les pertes. Le Nouvelliste suisse et le Journal encyclopédique d'août signalent aussi l'occupation de Landshut.
ii Le 12 août, il semble que Frédéric lui ait écrit : « Je vous remercie de la part que vous prenez à mes succès et à mes malheurs. J'ai à peu près toute l'Europe contre moi, il ne me reste qu'à vendre cher ma vie et la liberté de ma patrie... »
iii Le 19 août.
iv Le 29 août à d'Alembert : « J'aurais été attendri si je n'avais songé à l'aventure de ma nièce et à ses quatre baïonnettes (à Francfort) ; à Constant d'Hermenches le 12 septembre : « J'ai été attendri de sa lettre et je me suis souvenu que je l'avais aimé » ; mais à d'autres, comme à la comtesse Bentinck le 2 novembre ou à Dupont le 5 novembre : « J'ai goûté la vengeance de le consoler » ; cf. lettre de « consolation » adressée à Frédéric le 15 octobre.
v C'est son refrain, il trouve la situation « curieuse », « singulière », « extraordinaire ».
vi C'est-à-dire la polémique à propos de « l'âme atroce » de Calvin et du « meurtre de Servet » dont V* a parlé dans l'Essai sur les mœurs et dans la lettre du 26 mars à Thiriot, publiée dans le Mercure de mai ; cf. lettre à Thiriot du 20 mai et lettre à Le Fort du 6 septembre.
vii Si tu sais quelque projet plus judicieux que ceux-là, fais m'en part clairement.
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01/09/2010
Ce monarque est comme le soleil qui luit également pour les colombes et pour les vipères
http://www.deezer.com/listen-5971819 : que disent-elles ?
http://www.deezer.com/listen-3092126
http://www.deezer.com/listen-2750094
J'adore certaines chansons rétro :
http://www.deezer.com/listen-1126332
Et fidèle à Bach, sans qui le monde ne serait que ce qu'il est : http://www.deezer.com/listen-1239806
Colombes et vipères pour Volti, Bégonias et Vipères, pour vous : http://www.deezer.com/listen-3845044
(oui, un peu, beaucoup sopo ! ce n'est pas sans me rappeler une femme de président ... chanteuse ! un petit clic de plus va vous réveiller ...)
http://www.deezer.com/listen-263432
Réveillés ?
Alors, progressons !
Et dans la lignée de Volti qui ne craignit pas de se moquer des religions et de leurs pontifes, Jean Ferrat , homme et poète humoriste , à écouter attentivement en se réjouissant : http://www.deezer.com/listen-2748560 , il y a le ton, il y a du sens, il y a de l'engagement ; " le monde sera beau" comme il dit dans une autre chanson, à condition que des hommes tels que lui et Volti soient plus nombreux.
« A François Duvergé de Saint-Étienne
Aux Délices 1er septembre [1760]
Tout malade que je suis, Monsieur, je suis très honteux de ne répondre qu'en prose et si tard à vos très jolis vers [1]. Je félicite le roi de Pologne d'avoir toujours près de lui un gentilhomme qui pense comme vous. Cela fait presque pardonner la protection qu'il a prodiguée à un malheureux tel que Fréron [2]. Ce monarque est comme le soleil qui luit également pour les colombes et pour les vipères.
Lorsque j'ai demandé, Monsieur, votre adresse à Mme la marquise des Ayvelles [3], je me flattais de vous faire de plus longs remerciements ; ma mauvaise santé ne me permet pas une plus longue lettre, mais elle ne dérobe rien aux sentiments d'estime et de reconnaissance avec lesquels j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Epître sur la comédie de l'Ecossaise, qui sera imprimée dans le Mercure d'octobre 1760.
2 Stanislas, roi de Pologne, était le parrain du fils de Fréron.
3 Marie-Béatrice du Châtelet.
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