22/04/2017
il fallait que je prisse la liberté de vous adresser la réponse
... à vous ô sondeurs d'opinions de toutes sortes, y compris celle du redoutable NSPP* !
Il fallait ! il fallait ! vous en avez de bonnes avec vos questions ! vous vous contenterez du résultat des urnes qui ne laissera plus de doute , lui .
* Ne Se Pro-nonce Pas (même s'il s'é-nonce, apostolique ).
« Au prince Dimitri Mikhaïlovitch Golitsuin 1
[4 juin 1762 ?]
Monsieur,
Ayant reçu une lettre de M. de Shouvalow , chambellan et lieutenant général de Sa Majesté impériale, j'ai été instruit en même temps qu'il fallait que je prisse la liberté de vous adresser la réponse . Je suis persuadé monsieur que le nom de M. de Shouvalow sera mon excuse auprès de vous et que vous vous chargerez avec plaisir du soin de lui faire tenir cette lettre . Oserais-je vous supplier, monsieur, de vouloir bien m'en accuser la réception et le départ ? Je vous aurais beaucoup d'obligation .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,
monsieur,
votre . »
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21/04/2017
Plût à Dieu que je puisse voir l’architecte dont je ne suis que le maçon !
... Mon architecte est Voltaire, mais comme il dit si bien "s'il plait à Dieu", j'aimerais bien vivre jusqu'à poser la dernière pierre du monument de sa correspondance , et alors "ite missa est" .
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
4 juin 1762, aux Délices 1
Monsieur, j’ai reçu par M. le prince de Gallitzin la lettre du 19/30 Avril, dont vous m’honorez. J’avais déjà eu l’honneur de vous mander plusieurs fois que M. de Soltikof était parti pour l’Angleterre, qu’il avait écrit à Votre Excellence, et que je n’avais aucune de ses nouvelles.
Je viens d’apprendre dans le moment que la sœur de l’hôte chez qui il demeurait à Genève a reçu des lettres de lui, datées de Hambourg, il y a environ deux mois. Il lui mandait qu’il allait s’embarquer pour la Russie. Il faut qu’il n’ait demeuré que très peu de temps en Angleterre, et qu’il se soit hâté de revenir auprès de vous. Je suppose qu’à présent il est à Pétersbourg. Vous le trouverez instruit dans presque toutes les langues de l’Europe, et je suis persuadé encore que votre excellence n’aura pas perdu le fruit de ses bienfaits.
Il n’en est pas de même de M. de Puskin : on prétend qu’il est en prison à Paris pour ses dettes. Je ne regrette point les deux mille ducats qu’il m’apportait ; mais je regrette infiniment les médailles 2 qui faisaient une suite complète, et qui servaient à l’histoire de Pierre-le-Grand. Je garde la lettre pour M. de Soltikoff, afin de la lui envoyer , en cas qu'il ne soit pas en Russie, et que je puisse découvrir sa demeure . Mais je me flatte qu'il fait à présent sa cour à Votre Excellence, qu'il profite de vos bontés et de vos conseils ; et j'aurai l'honneur de vous renvoyer la lettre, au premier ordre que je recevrai de vous .
Vus avez dû recevoir plusieurs lettres de moi, monsieur, par M. de Czernichef, plénipotentiaire à Vienne, mais comme vous ne m'en avez jamais accusé la réception , je vous écris par duplicata . Une copie passera par Vienne, et l'autre par la poste ordinaire . Votre Excellence peut m'adresser les paquets qu'il me destine, par un banquier de Pétersbourg, correspondant du banquier Duval, citoyen de Genève . Je crois même que ce correspondant demeurant à Pétersbourg, s'appelle aussi Duval 3, et c'est le propre frère du Genevois .
Je vous réitère, monsieur, les assurances de l’envie extrême que j’ai de finir l’Histoire de Pierre-le-Grand à votre satisfaction. Tout malade que je suis, tout surchargé du fardeau des commentaires sur Pierre Corneille, je me livrerai à Pierre-le-Grand. Plût à Dieu que je puisse voir l’architecte dont je ne suis que le maçon !
Je serai toute ma vie, avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres,
monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 On connait une copie contemporaine signée avec en-tête « p[ou]r duplicata » qui est donc bien le duplicata mentionné dans la lettre . Le passage Je garde la lettre […] frère du Genevois manque dans toutes les éditions .
2 Voir lettre du 1er août 1758 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/27/s-enrichir-par-l-agriculture-il-a-fallu-que-le-gouvernement.html
3 Louis-David Duval [1727-1788] était établi à Saint Saint-Pétersbourg depuis 1754 . son correspondant à Genève était l'un de ses frères, Gédéon [1716-1787] ou David [1711-1791]. Voir : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=louis+david&n=duval&oc=2
et : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=gedeon&n=duval&oc=1
et : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=david&n=duval&oc=8
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Pardonnez à un pauvre malade, s'il ne vous dit pas avec plus d'étendue combien il vous estime
... Si peu !
Déclaration valable pour neuf des onze candidats à la présidence .
Pauvre malade ! C'est effectivement avec un mental très atteint que se termine bientôt pour moi cette période électorale (en attendant les législatives), mental atteint et c'est peu dire après tant de bourrage de crâne, de demi-vérités, de vrais mensonges, de quelques idées qui tiennent la route, de combats stériles et simulés .
Pauvres malades ! ainsi sont ces quelques-uns qui prennent leurs vessies pour des lanternes éclairant le monde et qui crient haut et fort "je serai au deuxième tour" ; on connait le déni de grossesse, le déni de fourvoiement existe aussi, tout comme l'égo surdimensionné .
« Au comte Filipo Mazzuchelli
à Brescia
Lombardia
Aux Délices, par Genève 4è juin 1762 1
J'étais très malade, monsieur, lorsque je reçus l'honneur de votre lettre et votre dissertation ; je suis encore dans un état bien douloureux ; il m'empêche de vous répondre de ma main, mais il ne m'empêche pas de sentir tout votre mérite , j'y suis aussi sensible qu'au plaisir que m'a fait votre ouvrage . Pardonnez à un pauvre malade, s'il ne vous dit pas avec plus d'étendue combien il vous estime . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi . »
1 L'édition Grace Franck « Voltaire to Mazzuchelli », 1942, donne par erreur pour destinataire le comte Giovanni Maria Mazzuchelli . Voir : https://books.google.fr/books?id=2wUyAQAAMAAJ&pg=PA464&lpg=PA464&dq=comte+Filipo+Mazzuchelli&source=bl&ots=oB4Sdb4kbW&sig=-l1yjtjqnmHqHNgNn4IQmzi0sLY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwirlqbYwa7TAhVBuRQKHXRBBcoQ6AEIOTAD#v=onepage&q=comte%20Filipo%20Mazzuchelli&f=false
et : http://www.treccani.it/enciclopedia/filippo-mazzuchelli_(Dizionario-Biografico)/
V* répond ici à une lettre du 28 mars 1762 .
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20/04/2017
je n'ai point encore cette éducation de l'homme le plus mal élevé qui soit au monde . Je l'aurai incessamment
... Ou pas ! Être mal élevé me semble demander un travail de tous les instants, une volonté sans faille, ou alors simplement mettre en application les délirantes directives de Jean-Jacques Rousseau et son Emile , et ce n'est pas mon professeur de philosophie Osiris Cecconi qui dira le contraire ( il nous avait mis en garde , à juste titre mille fois, contre l'absurdité de la pédagogie rousseauiste qui mène à l'échec ).
Un exemple très parlant de mal élévée : Marine Le Pen, qui, comme Rousseau, aime les fleurs et la nature .
Encore un qui se prend pour Jésus Christ !
« A Etienne-Noël Damilaville
4 juin [1762] 1
Mon cher frère, je n'ai point encore cette éducation de l'homme le plus mal élevé qui soit au monde 2. Je l'aurai incessamment . Je sais, en attendant, que l'auteur est un monstre d'insolence et d'ingratitude . Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui .
Permettez que je vous adresse un exemplaire d'une brochure plus abominable 3 que tous les livres de Jean-J. Rousseau ; elle est pour M. le marquis d'Argence . Ce n'est pas le prétendu marquis d'Argens, compilateur fort plat des Lettres juives 4, qui est à Berlin, c'est le marquis d'Argence, maréchal de camp, en son château, près d'Angoulême . C'est un homme très instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage : il est prodigieusement rare, et, Dieu merci, il ne fera nul mal .
On ne veut donc pas imprimer l’Éloge de Crébillon ? J'étais curieux de le voir .
Je crois frère Thieriot en chemin ; je voudrais bien que vous puissiez en faire autant . Vale . »
1 Il existe une copie du XIXè siècle au dos de laquelle figure une note autographe de V* ainsi conçue : « Le baron de Pellemberg officier aux gardes wallones fils du baron d'Hovorst Pellemberg général major au service de l'impératrice reine » . On retrouvera le second de ces Pellemberg dans la correspondance une dizaine d'années plus tard . Il existe aussi une copie Beaumarchais-Kehl, et une édition Cayrol .
2 L'Emile de JJ Rousseau qui venait de paraître .
3 Le Citoyen de Montmartre ; voir lettre du 8 février 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/30/que-socrate-platon-lucrece-epictete-marc-antonin-julien-bayl-5904903.html
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cher et grand acteur, je vous fais mon compliment
... C'est bien d'être au courant des techniques de communication modernes, M. Mélenchon, c'est bien d'user/abuser(?) du don d'ubiquité offert par l'holographie, mais je vous l'avoue, ça me défrise quand même un tantinet de vous voir jouer les divas, les coqs de basse-cour en un one-man-show répétitif avec un scénario bancal ; c'est bien de savoir déclamer, encore faut-il aussi savoir compter et ne pas se tromper d'adversaire . Il risque de n'y avoir pas de rappel quand le rideau de dimanche soir sera tombé .
« A Henri-Louis Lekain
Mon cher et grand acteur, je vous fais mon compliment sur le succès de Zelmire 1. Je vous prie de dire à l'auteur combien j'avais été content de son Titus 2, et à quel point je suis charmé que le public ait rendu plus de justice à sa seconde pièce . J'espère que Zelmire durera assez longtemps pour que vous ne soyez pas obligés de donner Cassandre . Nous nous en amuserons encore quelquefois sur mon théâtre de Ferney, avant de la livrer au public .
Je crois qu'on ne doit imprimer Zulime que quand on l'aura reprise, et qu'il ne faut pas la reprendre si tôt . Il n'en est pas de même du Droit du seigneur . Je crois que s'il est bien joué il pourra procurer quelque avantage à vos camarades ; je m'intéresserai toujours à eux, et particulièrement à vous, pour qui j'aurai toujours autant d'amitié que d'estime .
V.
2è juin 1762, aux Délices . »
1 Voir lettre du 28 mai 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/16/je-m-interesserai-toujours-au-succes-de-la-scene-francaise-m-5933379.html
2 Voir lettre du 19 mai 1759 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/05/07/donnons-la-piece-incognito-jouissons-une-fois-de-ce-plaisir.html
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19/04/2017
l'arrêt peut n'être point injuste , voilà pourquoi il est très important de ne point accuser les juges
... N'est-ce pas Marine Le Pen ? N'est-ce pas Fanfoué Fillon ? Vous êtes assez aisés pour vous offrir de merveilleux avocats et assez grandes gueules pour crier au charron . J'aimerais que vous vous comportiez en citoyens, mais c'est sans doute trop vous demander , liberté-égalité-fraternité très peu pour vous, dur-dur de se comporter en justiciable commun quand on a si peu de bonne foi et si peu d'éléments à décharge .
Y a-t-il eu trêve dans les fraudes ?
Non ! alors ...
« A Henri Cathala
[mai-juin 1762] 1
J'envoie à monsieur Cathala la requête au roi que je viens de composer . Elle suffit s'il est vrai que la veuve Calas, son fils et Lavaysse et le malheureux père ne se sont point quittés depuis ce souper funeste . Ce fait seul dit tout . Il ne faut entrer dans aucun détail . Il ne faut que toucher le roi . Ce mémoire peut faire verser des larmes et effrayer les lecteurs . Si Mme Calas ose le signer, elle est innocente, et elle et son mari et Pierre et Lavaysse 2. Sinon ils sont tous coupables .
Monsieur Cathala peut envoyer ce mémoire par la poste à M. Damilaville, premier commis du vingtième . Ne cachetez point le mémoire . Avertissez-le seulement de la demeure de la personne à laquelle il faut le rendre .
Il n'y a qu'à mettre sur un carré de papier
-
Damilaville est prié d'envoyer ce mémoire à …
Encore une fois tout dépend de cette grande vérité . La compagnie est-elle demeurée ensemble dans la même chambre depuis le souper ou non ?
J'ajoute à mon billet, que je crois les Calas innocents, et que les juges ont jugé selon les lois . Calas avait menacé son fils, ce fils est trouvé mort chez le père, des chirurgiens déposent qu'il n'a pu se pendre, l'arrêt peut n'être point injuste , voilà pourquoi il est très important de ne point accuser les juges . »
1 D'après le manuscrit olographe, sauf le dernier paragraphe, daté « 1762, fin » et « vers le 24 janvier 1763 » d'une autre main. L'édition Lettres inédites de 1863 la date d'avril ou mai 1762 . Le mémorandum dont parle ici V* ne fut pas composé ; voir lettre du 15 juin 1762 à Damilaville qui permet de dater ici avec une certaine précision .
Le duc de Villars écrit à V* le 26 mai 1762 : « Puisque vous souhaitez, monsieur, que je vous parle de la condamnation de Calas qui a fait tant de bruit je vous dirai ce que j'en sais de bonne part, en vous priant de ne point le répéter . Il n'est que trop vrai que cet homme qui avait déjà beaucoup maltraité le plus jeune de ses enfants, parce qu'il s'était fait catholique, a fait périr l'ainé par le même principe de fanatisme ; les mémoires qui ont été faits pour lui et ses complices ont fait naître dans les esprits des doutes là-dessus, mais ils sont entièrement contraires à la procédure, et c'est sur elle seule que ce malheureux a été jugé ; tout le monde le croit maintenant coupable, les protestants même qui sont à Toulouse n'osent plus en douter […] mais s’il était coupable, les autres l'étaient aussi ? Oui, sans doute, pourquoi donc n'ont-ils pas tous été condamnés à mort ? C'est que leurs juges trop indulgents, à ce qu'on dit, n'ont voulu punir que celui contre qui les preuves étaient directes et dans la crainte même qu'il ne parlât à la question plus qu'ils ne voulaient, ils eurent la précaution de la lui faire donner le plus légèrement qu'il fut possible . Je puis vous assurer que parmi eux il n'y avait point de fanatique, que le rapporteur est très éclairé et très sage et que si les conclusions des gens du roi avaient été suivies, les autres prévenus seraient également morts dans les supplices […] »
V* a noté sur le manuscrit « étrange lettre du duc de Villars qui croit les Calas coupables. »
2 François-Alexandre Gaubert de Lavaysse, hôte des Calas le soir du drame, dont le témoignage était loin d'être aussi décisif que le souhaitait V* . Voir lettre du 4 août 1762 à Lavaysse : « Les personnes qui protègent à Paris la famille Calas sont très étonnés que le sieur Gaubert Lavaysse ne fasse pas cause commune avec elles .[...]Monsieur Lavaysse en élevant la voix n'a rien à craindre .[...] »
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18/04/2017
il est nécessaire que nous fassions notre compte, afin que nous puissions voir comment nous sommes ensemble, et quels arrangements nous prendrons
... On dirait bien un fragment de conversation pré-électorale, du style Hamon-Mélenchon, ou Poutou-Arthaud, toute autre convention d'entente de la part des autres candidats me semblant improbable, sinon impossible (mais que ne ferait-on pas quand on a l'ambition de gouverner un pays ! ).
Grincements de dents ... gauche en panne contre gauche spectacle
Sourires sympathiques, des convictions mais pas de détestations entre eux .
« A François Guillet , baron de Monthoux
à Annemasse
recommandée à M. Mirabaud
Monsieur,
Ma mauvaise santé ne me permets plus les détails du ménage . Mme Denis , à qui je donne Ferney et les Délices veut bien avoir la bonté de s'en charger . Si vous avez celle de lui envoyer de l'avoine, elle vous la paiera argent comptant . Mais au préalable, il est nécessaire que nous fassions notre compte, afin que nous puissions voir comment nous sommes ensemble, et quels arrangements nous prendrons . Je vous prie, monsieur, de vouloir bien venir aux Délices, ou d'y envoyer un homme chargé de votre procuration .
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux,
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .
Aux Délices 31è mai 1762»
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