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15/07/2023

Nos mœurs changent, Brutus; il faut changer nos lois

... Pas mieux ! Pas plus .

Citation Winston Churchill amour : Certains changent de convictions pour  l'amour de leur parti, moi,...

 

 

 

« A Charles-Godefroy de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon

23 décembre 1767 à Ferney

Monseigneur,

Je n'ai appris la perte cruelle que vous avez faite 1 que dans l'intervalle de ma première lettre 2 et celle dont Votre Altesse m'a honoré 3. Personne ne souhaite plus que moi que le sang des grands hommes et des hommes aimables ne tarisse point sur la terre. Je suis pénétré de votre douleur, et sûr de votre courage.

Je ne crains pas plus les malléonistes 4 que les jansénistes et les molinistes. Le siècle de Louis XIV était beaucoup plus éloquent que le nôtre, mais bien moins éclairé. Toutes les misérables disputes théologiques sont bafouées aujourd'hui par les honnêtes gens d'un bout de l'Europe à l'autre. La raison a fait plus de progrès en vingt années que le fanatisme n'en avait fait en quinze cents ans.

Nos mœurs changent, Brutus; il faut changer nos lois.5

Bossuet avait de la science et du génie . Il était le premier des déclamateurs, mais le dernier des philosophes, et je puis vous assurer qu'il n'était pas de bonne foi. Le quiétisme était une folie qui passa par la tête périgourdine de Fénelon, mais une folie pardonnable, une folie d'un cœur tendre, et qui devint même héroïque dans lui. Je ne vois dans la conduite du cardinal de Bouillon que celle d'une âme noble, qui fut intrépide dans l'amitié et dans la disgrâce. Je n'aime point Rome, mais j'ai déjà insinué mes sentiments dans les éditions précédentes du Siècle de Louis XIV. Je les développerai dans cette édition nouvelle 6, avec mon amour de la vérité, mon attachement pour votre maison, mon respect pour le trône, et mes ménagements pour l'Église.

Serai-je assez hardi, monseigneur, pour vous supplier de m'envoyer tout ce qui concerne l'impudent et ridicule interrogatoire fait à Mme la duchesse de Bouillon 7 par ce La Reynie l'âme damnée de Louvois ?8 Le temps de dire la vérité est venu. Soyez sûr de mon zèle et de la discrétion que je dois à votre confiance.

Je garderai le secret à M. Maigrot 9. Il paraît que ce M. Maigrot a arrangé quelques petites affaires entre Votre Altesse et moi indigne, il y a environ vingt-cinq ans. S'il est parent d'un certain évêque Maigrot 10, qui alla à la Chine combattre les jésuites, je l'en aime davantage.

Conservez-moi, monseigneur, vos bontés, qui me sont précieuses. Je suis attaché à Votre Altesse avec le plus tendre et le plus profond respect.

V. »

1 Son petit-fils Charles-Louis Godefroy, prince d'Auvergne est mort le 23 octobre 1767 .

3 La réponse du duc n'est pas connue .

4 Il faut lire mauléonistes ; ce sont des anti-protestants fanatisés par le meurtre de Gérard Roussel à Mauléon au XVIè siècle ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Roussel

et : https://journals.openedition.org/siecles/6876?lang=en#text

et : https://www.amazon.fr/G%C3%A9rard-Roussel-Ev%C3%AAque-dOloron-humaniste/dp/2846186456

6 L'édition de 1768.

7Marie-Anne Mancini, femme de Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon a été interrogée par La Reynie dans l'affaire de La Voisin, et exilée en 1680 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Mancini

et : https://www.herodote.net/22_fevrier_1680-evenement-16800222.php

8 La Reynie, lieutenant de police, était un des présidents de la « chambre ardente » ; voir Le Siècle de Louis XIV, chap. XXVI , page 458 : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle_de_Louis_XIV/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_26

9 Sur ce Maigrot, voir lettre suivante : 7111 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

14/07/2023

tout va au diable . J'y irai bientôt aussi

...

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Directeur des spectacles,

à Bordeaux

Il y a un mois, monsieur, que le vieux malade à qui vous avez écrit est au lit. Ainsi vous excuserez sa négligence ordinaire. Le petit divertissement qui avait été exécuté dans sa chaumière, au commencement de l'automne, était intitulé Charlot ou la Comtesse de Givry. On l'a imprimé depuis à Genève et à Paris mais ce sont des oiseaux de passage qu'on ne retrouve plus en hiver. La comédie de Paris est absolument tombée ; il n'y a plus de Lekain ni de Clairon, tout va au diable . J'y irai bientôt aussi ; en attendant, comptez que je suis, de tout mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.

23è décembre 1767, à Ferney. »



13/07/2023

Vous vous plaignez pendant que vous me rendez seul à plaindre

... Du président à Pap Ndiaye : encore une fois Emmanuel Macron doit soutenir un ministre qui dérape, au risque de déplaire : https://www.lefigaro.fr/politique/elisabeth-borne-recadre...

Pap Ndiaye critique CNews, Emmanuel Macron défend sa liberté d'expression  sans valider son propos

Dur dur de jouer solidaire quand on est président de bras cassés !

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

21 [décembre 1767] 1

Le sieur Raffo 2 , notaire , a copié chez vous exactement les prétendus pouvoirs que vous êtes imaginé avoir été donnés par moi pour dépouiller Monpitan de sa carrière, et pour le faire punir comme usurpateur . Ces prétendus pouvoirs sont des lettres dont la plupart même ne sont pas signées, et ne sont pas écrites de ma main . Elles disent que ni Grenier ni Monpitan qui exploite la carrière ne doivent point passer par les chemins défendus . Or le petit chemin de Genève était défendu alors par ordre du roi . Ces lettres écrites à M. Cramer énoncent donc positivement que Monpitan a droit d'exploiter sa carrière . M. Cramer se plaint qu'après avoir tiré la pierre Monpitan gâte le chemin . Je donne donc à M. Cramer tout pouvoir d’empêcher Monpitan d'endommager ce chemin . Je ne lui ai jamais donné pouvoir d'agir en mon nom . Il n'y a pas un mot dans mes lettres qui fasse seulement soupçonner que Monpitan ne doit pas tirer sa pierre .

Vous vous plaignez pendant que vous me rendez seul à plaindre, pendant que vous me rendez la fable de mes vassaux et que vous me couvrez de confusion … Je ne puis lui ôter son bien ; cela est absurde et inique . Cependant, sans me consulter, sans m'écrire, vous le faites assigner comme usurpateur, comme voleur ( car c'est la même chose ) , vous le faites condamner à mon insu par le juge de ma terre qui est en Franche-Comté . Je n'apprends ce procès que par le cri public et par l'assignation qu'on me donne . Tous les habitants sont soulevés ; tous disent que j'ai plaidé contre ma signature et que j’ai fait condamner injustement un de mes vassaux . Voilà le précipice où vous m'avez jeté, pour avoir agi en mon nom sans aucun ordre de moi . Il est inouï qu'on ait jamais fait un procès d'un autre sans ordre exprès . Le parlement de Dijon punirait sévèrement cette prévarication . Vous ne devez pas perdre un moment pour engager M. Cramer à terminer cette affaire si désagréable pour lui et pour moi . Il faut que vous engagiez le sieur Dulcis à suspendre jusqu'à ce que tout soit apaisé . Il est clair que vous avez poursuivi sans un ordre ; il est clair que vous avez exposé précisément le contraire de ce qui est dans mes lettres à M. Cramer, puisque j'y dis expressément que Monpitan exploite la carrière . Il est clair que vous avez fait condamner Monpitan comme usurpateur sans m'en dire un seul mot . Vous êtes en faute envers moi et envers la justice . Prenez l'accommodement entre M. Cramer et Monpitan, et arrêtez la poursuite du sieur Dulcis . »

1 Édition Vézinet A. (limitée au premier paragraphe ) et Vézinet .

2 Le mot est écrit Rafot dans la lettre du 25 décembre 1767 au duc de Wurtemberg .

On dit que ces jésuites ont emmené avec eux deux cents petits garçons et deux cents chèvres

... Honni soit qui mal y pense ; bien entendu . On n'en pense pas moins . Prenez ça dans les dents ! Voltaire se moque et incendie les jésuites, c'est du passé, mais de nos jours ce sont les terroristes islamistes de Boko Haram , fléau sanguinaire, enleveurs d'enfants, pillards , qui agissent ainsi en réalité : à rayer de la surface de la terre sans pitié .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

Mon cher ami, vous me faites aimer le péché originel. Saint Augustin en était fou, mais celui qui inventa la fable de Pandore avait plus d'esprit que saint Augustin, et était beaucoup plus raisonnable. Il ne damne point les enfants de notre mère Pandore, il se contente de leur donner la fièvre, la goutte, la gravelle par héritage. J'aime Pandore, vous dis-je, puisque vous l'aimez. Tout malade et tout héritier de Pandore que je suis, j'ai passé une journée entière à rapetasser l'opéra dont vous avez la bonté de vous charger. J'envoie le manuscrit, qui est assez gros, à M. de La Borde 1 en le priant de vous le remettre. Je lui pardonne l'infidélité qu'il m'a faite pour Amphion 2 . Cet Amphion était à coup sûr sorti de la boîte; il lui reste l'espérance très légitime de faire un excellent opéra avec votre secours.

Mlle Dubois m'a joué d'un tour d'adresse; mais si elle est aussi belle qu'on le dit, et si elle a les tétons et le cul plus durs que Mlle Durancy, je lui pardonne; mais je n'aime point qu'on m'impute d'avoir célébré les amours et le style de M. Dorat, attendu que je ne connais ni sa maîtresse, ni les vers qu'il a faits pour elle 3. Cette accusation est fort injuste mais les gens de bien seront toujours persécutés.

Père Adam est tout ébouriffé qu'on ait chassé les jésuites de Naples, la baïonnette au bout du fusil ; il n'en a pas l'appétit moins dévorant. On dit que ces jésuites ont emmené avec eux deux cents petits garçons et deux cents chèvres ; c'est de la provision jusqu'à Rome. Il ne serait pas mal qu'on envoyât chaque jésuite dans le fond de la mer, avec un janséniste au cou.

Mme Denis mangera demain vos huîtres, je pourrai bien en manger aussi, pourvu qu'on les grille. Je trouve qu'il y a je ne sais quoi de barbare à manger un aussi joli petit animal tout cru. Si messieurs de Sorbonne mangent des huîtres, je les tiens anthropophages.

Je vous recommande, mon cher confrère en Apollon, L'Empire romain et Pandore. Nous vous aimons tous comme vous méritez d'être aimé.

V.

21è décembre 1767. »

1 La lettre à M. de La Borde qui devait accompagner cet envoi manque.

3 On attribuait à Voltaire une épigramme contre Dorat, commençant par ce vers

Bon Dieu que cet auteur est triste en sa gaîté.

Cette épigramme est imprimée dans plusieurs recueils, et, entre autres, page 53 du tome II de la Correspondance littéraire de La Harpe, qui m'a dit en être l'auteur, et qui l'avoue au reste dans sa note, page 63 du même volume. (Beuchot )

12/07/2023

je n'apprends que par la voix publique que vous avez rendu une sentence . Cela me met dans un très grand embarras

... C'est un fait, être condamné parce que parent d'un délinquant, casseur, émeutier, pillard, hors-la-loi, ça défrise un tantinet , mais il faut bien tenter de redresser la barre , le plus tôt possible . Voir par exemple : https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/violences-degrad...

Émeutes: faut-il renforcer les sanctions contre les parents de mineurs  délinquants?

 

 

 

« A Charles-Fréderic-Gabriel Christin fils

Avocat en Parlement

à Saint-Claude

Mon cher ami, je vous prie d'abord de vous informer si des délégations m'étant données sur des terres en Franche-Comté et en Alsace, appartenantes à M. le duc de Virtemberg, je serais obligé de payer les deux vingtièmes, les contrats ayant été stipulés en Risdalers .

Balleidier a intenté en mon nom un procès à un habitant de Chambéry sans m'en avertir, sans en avoir d'ordre ; et je n'apprends que par la voix publique que vous avez rendu une sentence . Cela me met dans un très grand embarras . Nous parlerons une autre fois philosophie .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

21è décembre [1767]. 1»

1 Wagnière a porté au bas de la page : « J'ai remis sur le champ la lettre de Fantet au patron. »

Tout est arrangé pour la carrière et pour les feuilles

... Du moins on le croit et le fait croire : https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/union-euro...

Besoins des plantes | Parlons sciences

Pour mémoire ! Lequel va manquer le premier ?

 

 

« A Gabriel Cramer

[Vers le 20 décembre 1767] 1

Tout est arrangé pour la carrière et pour les feuilles .

Nulle omission à la page 73.

M. Christin est juge de Tournay et arrangera la carrière comme vous voudrez si Monpitan ne se met pas à la raison. »

ite potius adementes et vendentes / Allez plutôt achetant et vendant 

... Ô période doublement bénie -par les vendeurs et les acheteurs- des soldes estivales !

Les soldes pour tous ! | Olivero, dessin de presse

 

 

 

« A Gabriel Cramer

Vous ne sauriez croire quel plaisir vous me faites, mon cher ami, en me procurant quelques exemplaires de cette édition de Lyon. Non seulement cela me délivre de trois ou quatre affamés qui me demandent continuellement ce cette pâture et à qui je ne peux pas dire comme dans l'évangile ite potius adementes et vendentes 1 : mais encore cela pourra servir à prévenir les méchancetés de ceux qui voudraient faire de la peine aux gens sur les éditions précédentes .

Le vieux malade vous embrasse tendrement .

20è décembre [1767]. »

1 Allez plutôt achetant et vendant ; réminiscence de deux passages de l'évangile de Matthieu, XXI, 12 et XXV, 9 : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthieu%2021%3A12-13&version=LSG;BDS

et https://saintebible.com/matthew/25-9.htm