15/06/2023
Je ne puis attendre votre réponse que quinze jours . La situation cruelle où je suis ne me permet pas un plus long délai
... C'est dans l'esprit de Volodymyr Zelensky et il le fait savoir au reste du monde démocratique tant qu'il en reste : https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4041165-20230614-g...
« Au Conseil suprême de Montbéliard
Au château de Ferney par Genève 28è novembre 1767
Messieurs,
Je reçois la lettre dont vous m’honorez du 21 novembre . Vous me dites que M. Jeanmaire me destine dix mille francs . Ce n'est pas assez que cette somme me soit destinée, elle aurait dû être payée . Il doit ajouter à ces dix mille livres deux mille sept cents livres que Mgr le duc de Virtemberg avait ordonné qu'on me payât .
Plus neuf cents livres que j'ai déboursées pour assurer mes droits contre mes cocréanciers.
Plus deux mille livres que j'avais demandées pour acquitter des dettes pressantes . Le tout se monte à quinze mille six cents livres, pour article préliminaire .
Je demande quinze autres mille livres à la fin du mois de janvier prochain .
J’insiste pour tout le reste sur des délégations irrévocables, tant pour moi que pour mes neveux et nièces, lesquels ont des rentes viagères après moi sur les terres de Montbéliard, en vertu de contrats passés à Colmar entre Mgr le duc de Virtemberg et moi .
J'ai écrit en conformité à mon avocat à Besançon, qui a dû faire ces propositions aux vôtres .
J'écris aussi à Son Altesse Sérénissime . Je vous prie d'observer, messieurs, que les marchands de Lyon ne doivent point passer avant moi ; que M. Turckeim n'a eu aucun droit de s'emparer de la terre d'Hosteim qui m'est hypothéquée dès l'année 1753 ; que M. Dietrich a encore moins de droit de m'être préféré pour les cent cinquante mille mille 1 livres qu'il a prêtées depuis la date de mes hypothèques ; et que je suis incontestablement le premier créancier .
Vous savez combien les rentes viagères sont privilégiées . Un homme de soixante et quinze ans est excusable d’exiger la pension alimentaire qu'il s'est conservée . Je ne puis attendre votre réponse que quinze jours . La situation cruelle où je suis ne me permet pas un plus long délai .
J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois,
messieurs
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Lapsus calami pour ce deuxième mille .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
14/06/2023
il me semble que le Conseil cherche réellement le bien de l'État
... Ce que ne confirment pas les sondages en notre grognon pays :
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc...
https://www.publicsenat.fr/actualites/non-classe/barometr...
« A François-Louis-Claude Marin
Mon cher bienfaiteur de la littérature, je ne manquerai pas d'envoyer votre petit billet à son adresse sitôt que l'homme à qui vous écrivez sera revenu de Lausanne où il est pour quelques jours .
J'ai lu les Lettres sur Rabelais 1 et autres grands personnages. Ce petit ouvrage n'est pas assurément fait à Genève . Tout ce que j'en sais, c'est qu'il est imprimé à Bâle et non point chez Marc-Michel Rey comme le titre le porte. Il y a, en effet, des choses assez curieuses ; mais je voudrais que l'auteur ne fût point tombé quelquefois dans les défauts qu'il semble reprocher aux auteurs hardis dont il parle.
Parmi une grande quantité de livres nouveaux qui paraissent sur cette matière, il y en a un surtout dont on fait un très grand cas. Il est intitulé Le Militaire philosophe, et imprimé en effet chez Marc-Michel Rey 2, ce sont des lettres écrites au Père Malebranche, qui aurait été fort embarrassé d'y répondre.
On a débité en Hollande, cette année, plus de vingt ouvrages dans ce goût. Je sais que la fréronaille m'impute toutes ces nouveautés mais je m'enveloppe avec sécurité dans mon innocence et dans le Siècle de Louis XIV, que je fais réimprimer, augmenté de plus d'un tiers.
Je profite de la permission que vous me donnez de vous adresser une copie de l'errata que l'exacte et avisée veuve Duchesne a perdu si à propos. Je mets tout cela sous l'enveloppe de M. de Sartines , parce qu'il m'a paru que messieurs de la poste avaient eu quelques soupçons sur le contreseing de monsieur le vice-chancelier . Vous en jugerez par l’adresse que je vous renvoie . Elle a été taxée à la poste ; il est probable qu'elle a été ouverte .
Je pense que quand on contresigne pour monsieur le vice-chancelier, il faut un papier plus grand, et qui ait plus l'air ministre ; mais je peux me tromper .
Vous me demandez, mon cher monsieur, si je m'intéresse aux édits qui favorisent le commerce et les huguenots ; je crois être de tous les catholiques celui qui s'y intéresse le plus. Je vous serai très obligé de me les envoyer ; il me semble que le Conseil cherche réellement le bien de l'État ; on n'en peut pas dire autant de messieurs de Sorbonne !
Adieu, monsieur vous ne sauriez croire combien votre commerce m'enchante, il ranime ma vieillesse, et augmente les sentiments que je vous ai voués.
V.
27è novembre 1767. 3»
1 Sur celles-ci, voir lettre du 4 octobre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/12/ces-marauds-la-ne-valent-pas-la-plaisanterie-il-ne-faut-poin-6442855.html
2 A ce propos, voir lettre du 18 novembre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/14/il-fait-une-tres-grande-impression-dans-tous-les-pays-ou-l-o-6447589.html
3 L'édition de Kehl donne un texte corrrompu .
10:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous ne me parlez point des nouveaux édits en faveur des négociants et des artisans . Il me semble qu'ils font beaucoup d'honneur au ministère
... Aïe ! aïe ! aïe ! mon cher Voltaire, nous voilà bien embêtés . On touche ici à un sujet brûlant en notre XXIè siècle français , il y a plus de grognements que de ris, plus d'invectives que de compliments, l'habituel train-train de ceux qui sont contre tout changement et pour le moindre effort . Il est vrai que le ministère patauge et le commerce surnage à grand peine ( en s'offrant tout de même le luxe de quelques grèves et déprédations superflues ) .
Artisans, courage ! votre relève est improbable, menacée par la jeune génération des nez baissés qui n'ont que leurs pouces et leurs écouteurs pour outils . Consommateurs ! producteurs de vents, électroniques certes, mais inutiles , troupeaux à la merci d' "influenceurs.ceuses" , niais charlatans . Combien de places de travail ne sont pas occupées à ce jour ? question à 10€ pour ChatGPT-4 !: https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-emplois-...
« A Étienne- Noël Damilaville
27 novembre 1767 1
Je suppose pour ma consolation, mon cher ami, que les campagnes du maréchal de Luxembourg sont en chemin. Il faudra que j'arrête l'impression si elles ne viennent point, car nous en sommes aux batailles de Steinkerque, de Fleurus et de Nerwinde, l'éternel honneur des armées françaises. Il se pourrait que, le paquet étant trop gros, on l'eût laissé à la poste, ou qu'on l'eût ouvert.
Toutes les fois que vous aurez la bonté de m'envoyer quelque gros paquet, donnez-m'en avis par une lettre séparée.
Vous ne me parlez point des nouveaux édits en faveur des négociants et des artisans 2. Il me semble qu'ils font beaucoup d'honneur au ministère. C'est en quelque façon casser la révocation de l'édit de Nantes avec tous les ménagements possibles. Cette sage conduite me fait croire qu'en effet des ordres supérieurs ont empêché les sorboniqueurs d'écrire contre la tolérance. Tout cela me donne une bonne espérance de l'affaire de Sirven, quoiqu'elle languisse beaucoup.
Je n'ai point encore de réponse de M. Chardon. Votre affaire m'intéresse davantage. J'ai pris la liberté d'écrire, comme je vous l'avais mandé, et je fais présenter ma lettre par un homme à portée de la faire réussir. Cependant je me défie toujours de la cour.
Bonsoir, mon cher ami; mandez-moi des nouvelles de votre affaire et de votre santé. »
1 L'édition de Kehl amalgame le troisième paragraphe de la présente à celle du 4 décembre 1767 .
2 Ces nouveaux édits pourraient être dans l’Édit du roi concernant les arts et métiers, enregistré le 19 juin 1767 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8617977n.image
Voir lettre du 18 décembre 1767 à Pomaret : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1767-partie-59.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/06/2023
Ces archives des lois, ce vaste amas d'écrits, Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris. Si l'erreur les dicta cette erreur m'est utile ; Elle occupe ce peuple et le rend plus docile.
... Credo d'un Poutine, Xi Jinping, Erdogan and Co !
« A Mme Nicolas-Bonaventure Duchesne
Corrections essentielles à faire dans l'édition des pièces de théâtre.
Tome Ier
Page 28, vers dernier . Pour la dernière fois le sort guida vos pas , corrigez : Pour la dernière fois le Ciel guida vos pas .
Page 29, vers 27 . D'une commune voix Thèbes, corr. : D'une commune voix Thèbe.
P. 31, vers 4, mettez un point et une virgule après Je rapporte sa cendre ;
P.31, vers 10 . Tu me verras point, corr. : Tu ne me verras point .
P. 71, mettez un point et une virgule après le 23è vers .
P. 258, vers 21 . De ce conseil de Roi, corr. De ce conseil de Rois.
P. 259, mettez un point après le second vers .
(Toutes ces fautes et celles que le réviseur apercevra peuvent être indiquées .)
P. 282., après de vers Un cœur tel que le sien méritait d'être à vous, on a oublié ;
Titus
Non, c'en est fait , Titus ne sera point l'époux .
Messala
Pourquoi ? Quel vain scrupule à vos désirs s'oppose ?
Titus
Abominables lois que la cruelle impose, etc .
Tome II
Page 192, lignes 26 et 28 . Salcede , corr. : Jaurigni.
P. 226, vers Ier : on fait entrer, corr : ont fait entrer .
Tome III
P. 193, vers 15, attiré dans un piège, corr. : attiré dans le piège .
P. 235, après ce vers : D'où vient qu'à ses bienfaits vous n’avez point recours ? Mettez :
Oreste
Je chéris la vengeance et je hais l'infamie,
Ma main d'un ennemi n'a point vendu la vie.
Des intérêts secrets, seigneur, m’avaient conduit,
Cet âme les connut, il en fut seul instruit.
Sans implorer des rois je venge ma querelle.
etc.
Page 237, après ce vers : C'est m'acquitter vers vous bien moins que la punir,mettez :
Si de Priam jadis la race malheureuse
Traîna chez ses vainqueurs une chaîne honteuse
Le sang d'Agamemnon peut servir à son tour .
Clytemnestre
Qui moi ! Je souffrirais...
Ègiste
Eh ! Madame, en ce jour
Défendez-vous encor ce sang que je déteste ?
N'épargnez point Électre ayant proscrit Oreste.
(à Oreste )
Vous … laissez cette cendre à mon juste courroux, etc.
P. 273, vers 9è : ah ! Grands dieux ! Corrigez , ah ! Barbare !
P. 274, après mon fils … j'expie de ta main, mettez ainsi :
Je me meurs .
Électre
Ciel !
Iphise
Ô crime !
Électre
Ô destin ! Ô mon frère !
J'entends les derniers cris de ma mourante mère.
etc.
P. 275, vers 10 : ah ! Ne m'approchez pas, corr. : Cessez, n'approchez pas .
P. 276, dernier vers . Et des crimes des dieux, corr. : Et du crime des dieux.
Tome IV
P. 72, vers 5è . Que tes mânes sanglants, corr . : que tes membres sanglants.
P. 195, après les prodiges des arts consacrés pour les temps, mettez :
Respectez-les : il sont le prix de mon courage .
Qu'on cesse de livrer aux flammes, au pillage,
Ces archives des lois, ce vaste amas d'écrits,
Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris.
Si l'erreur les dicta cette erreur m'est utile ;
Elle occupe ce peuple et le rend plus docile.
Octar, je vous destine à porter mes drapeaux.
Etc.
P.212, après , c'en est assez, volez, mettez la scène VI telle qu'elle est dans toutes les éditions des frères Cramer, laquelle scène finit le IIIè acte. Cette scène commence par ces vers :
Octar
Quels ordres donnez-vous
Sur cet enfant des rois qu'on dérobe à vos coups?
Rétablissez aussi à la page 230 la scène II telle qu'elle est dans l'édition des frères Cramer .
Ne manquez pas d'imprimer Adélaïde Du Guesclin au lieu du Duc de Foix, puisque la tragédie du Duc de Foix n'était autre chose que celle d’Adélaïde Du Guesclin, à quelques vers près, le public l'a redemandée sous son véritable nom, et que c'est Adélaïde Du Guesclin que l'on représente et non pas Le Duc de Foix .
Voici ce qu'il faut observer dans l'édition de L’Écossaise.
1° Dans l’avertissement, toutes les fois qu'on trouvera ce mot f... avec des points poursuivants, il faut mettre frelon pour éviter les allusions trop licencieuses .
2° à la page 18 aux lignes 12,13,14, etc., la f... de f... mon m..., il faudra mettre : la femme de Frelon … mon mari, etc., sans quoi on n'entendrait rien.
P. 25 de la préface, ligne 21, malheur à celui qui y tâche, mettez : malheur à celui qui tâche, et le mot tâche en lettres italiques.
P. 50, scène VII, corrigez cette scène ainsi .
Lady Alton ( ayant traversé avec colère le théâtre et prenant Fabrice par le bras ) : Suivez-moi, il faut que je vous parle .
Fabrice : A moi, madame ?
Lady Alton : Bon , bon, on tue tous les jours des gens qu'on ne connaît pas . Vous me tuez, vous dis-je .
Fabrice : Je vous tue ?
Lady Alton : Oui, suivez-moi , malheureux !
Fabrice : Quelle diablesse de femme !
Page 52, commencez ainsi la scène du IId acte.
Lindane : Eh ! Qui peut frapper ainsi , et que vois-je ?
Lady Alton : Connaissez-vous les grandes passions, mademoiselle ?
Lindane : Hélas ! Madame, voilà une étrange question.
Lady Alton : Connaissez-vous l'amour véritable ? Non pas l’amour insipide, l’amour langoureux, mais cet amour-là qui fait qu'on vous voit empoisonner sa rivale, tuer son amant, et se jeter ensuite par la fenêtre ?
Lindane : Mais c'est la rage dont vous me parlez là .
Lady Alton : Sachez que je n'aime pas autrement, que je suis jalouse, vindicative, furieuse, implacable .
Lindane : Tant pis pour vous , madame .
Lady Alton : Répondez-moi ; milord Murrai n'est-il pas venu ici quelquefois ?
(etc., comme dans l'imprimé .)
Tancrède
Page 151 , après des vers :
C'est lui qui découvrit dans une couse utile
Que Tancrède en secret a revu la Sicile .
Ôtez ces deux vers ridicules :
Mais craignant de lui nuire en cherchant à me voir,
Il crut que m'avertir était son seul devoir .
Ces deux vers ridicules ne sont pas assurément de moi ; il faut mettre comme dans l'édition des Cramer :
C'est lui qui découvrit par une course utile
Que Tancrède en secret a revu la Sicile.
C'est lui par qui le ciel veut changer mes destins.
Ma lettre par tes soins remise aux mains d’un Maure.
Etc., comme dans l'imprimé .
P. 207, après ce vers : Ce peuple ivre de joie, et volant après lui, ôtez ce détestable vers qu'on a inséré fort mal à propos :
Veut qu'il prenne le rang où sa vertu l'appelle ,
et mettez comme dans l'édition des Cramer :
Ce peuple ivre de joie, et volant après lui
Le nomme son héros, sa gloire, son appui ;
Parle même du trône où sa vertu l'appelle .
etc., comme dans l'imprimé .
P. 209.
Voyant tomber leur chef les Maures furieux
L'ont accablé de traits dans leur rage cruelle.
Ôtez ces deux vers qui ne peuvent avoir été faits que par le laquais de l'abbé Pellegrin, et conformez-vous à l'édition des Cramer.
P. 210.
J'aurais voulu cruelle en m'exposant pour vous
Vous avoir conservé la gloire avec la vie .
Il y a malheureusement dans l'édition des Cramer
Vous avoir conservé et la gloire et la vie .
C'est une faute qu'ils ont corrigée depuis et qu'il ne faut pas imiter . Laisser votre vers tel qu'il est .
P. 212.
Son nom et ses malheurs répandis dans ces lieux, etc.
D'un trop juste remords qui pourrait nous défendre.
Eh ! Comment expier notre zèle inhumain ? etc.
Suivez l'édition des Cramer, mettez :
Il a voulu mourir, mais il meut en héros.
De ce sang précieux versé pour la patrie
Nos secours empressés ont suspendu les flots .
Cette âme qu'enflammait un courage intrépide
Semble encor s'arrêter pour voir Aménaïde ;
Il la nomme ; les pleurs coulent de tous les yeux
Et d'un juste remords je ne puis me défendre.
Aménaïde
Barbares ! Laissez là vos remords odieux.
Tancrède, cher amant trop cruel et trop tendre.
(etc. , comme dans l'imprimé )
Souvenez-vous surtout de conformer la dernière scène à celle qui est imprimée par les Cramer . Vous en ferez autant pour Olympie, soit dans le corps de la pièce, soit dans les remarques . Mais songez bien à une faute essentielle qui se trouve dans votre édition, ainsi que dans celle des Cramer ; c'est dans l'acte II, scène Ière de Zulime, page 237 :
Lorsque vous serez roi, jugez et décidez.
Dans la comédie de Socrate, à la scène VIII du Ier acte, page 375, ligne 13, Nous devons commencer vous et moi par le faire, cela ne forme aucun sens ; il y a dans l'édition des Cramer : Nous devons donc commencer vous et moi par le faire empoisonner .
Si vous imprimez Les Scythes il faut vous conformer entièrement à l'édition de Lyon qui est la seule correcte.
M. Marin ayant eu la bonté de me mander que Mme la veuve Duchesne avait égaré l'errata nécessaire que je lui avais envoyé pour l’impression des tragédies 1 et qu'elle en demandait une copie, je la lui ai envoyée, et la prie de choisir un réviseur intelligent qui corrige exactement toutes les fautes .
Voltaire.
26 novembre [1767] 2»
1 Duchesne a édité en 1764 les Oeuvres de théâtre de M. de Voltaire, 1763-1764, en cinq volumes . La veuve Duchesne réimprime une nouvelle édition en six volumes, le sixième avec des œuvres inédites . V* a demandé à Thieriot de se charger des corrections ; celui-ci, prétextant « ses affaires et sa santé » refusa dans une lettre du 27 août 1767 .
2 Manuscrit olographe, corrections par Wagnière . L'année est fixée notamment par la date de la lettre du 12 septembre 1767 à Mme Duchesne : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/25/je-tacherai-de-tout-reparer-6440058.html
10:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
Si elle daigne me les confier, j'en ferai usage avec le zèle que j'ai pour sa maison, sans la compromettre, et en conciliant les devoirs d'un historien avec ceux d'un sujet
... Je suppose que c'est la réflexion du commentateur prudent qui réunit les pièces montrables ( très rares ! ) concernant la vie peu honorable du sieur Berlusconi , que seuls quelques tiffosi* vont pleurer . Sauvé de la prison grâce à sa fortune et à sa cour de malfaiteurs de son acabit , ce furoncle est enfin crevé .
*Tiffosi = ventilateurs !
Ecoeurant bonhomme !
« A Charles-Godefroy de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon
Au château de Ferney par Genève 25è novembre 1767
Monseigneur, les bontés dont Votre Altesse m'a toujours honoré m'enhardissent à vous faire une prière. On fait actuellement une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. J'ai toujours pensé que la cause de la persécution soufferte par M. le cardinal de Bouillon 1 lui était très honorable. Il défendit généreusement l'archevêque de Cambrai contre des ennemis acharnés, qui voulaient le perdre pour des billevesées mystiques. Je trouve la lettre qu'il écrivit à Louis XIV, en quittant la France, non-seulement très noble, mais très justifiable, puisqu'il était né lorsque son père était souverain de droit et de fait.
Je présume que Votre Altesse a des lettres de M. le cardinal de Bouillon sur cette affaire . Si elle daigne me les confier, j'en ferai usage avec le zèle que j'ai pour sa maison, sans la compromettre, et en conciliant les devoirs d'un historien avec ceux d'un sujet.
Si vous m'accordez, monseigneur, la grâce que je vous demande, vous pourrez aisément me faire tenir le paquet contresigné par M. le prince de Soubise ou par quelque autre. Je joindrai ma reconnaissance à l'ancien attachement et au profond respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monseigneur,
de Votre Altesse,
le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Voir Chapitre XXXVIII du Siècle de Louis XIV , pages 68-71 , etc. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AVoltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/78
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/06/2023
si je ne craignais pas que la dernière aventure de monsieur le chancelier ne vous eût dégoûté
... j'oserais vous faire l'éloge de feu Silvio Berlusconi . Mais bon, je ne l' aurais jamais laissé entrer chez moi . Il y a quelque chose de pourri chez cet homme , et son état présent va le confirmer pour l'éternité . Ciao cavaliere !
C'est confirmé ! Carton rouge ...
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
[23 novembre 1767 ?]
[...]
J'aurais encore la témérité de vous supplier de recommander un mémoire d'un de mes amis intimes , à M. le contrôleur général, si je ne craignais pas que la dernière aventure de monsieur le chancelier ne vous eût dégoûté . Mais si vous m'en donnez la permission, j'aurai l'honneur de vous envoyer le mémoire ; c'est pour une chose très juste, et il ne s'agit que de lui faire tenir sa promesse [...]1 »
1 V* cite ce passage dans une lettre du 27 janvier 1768 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-5.html
Il dit qu'il l'a écrite plus de deux mois avant . Ce doit donc être celle à laquelle il se réfère dans sa lettre du 23 novembre à Damilaville : « Je prendrai aussi … » ; voir http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/12/vous-savez-bien-que-sur-un-mot-de-vous-il-n-y-a-rien-que-je-6447269.html
11:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir....mais sachez qu'il est à présent très rare qu'un ministre demande des emplois à d'autres ministres
... Oh ! avec des "mais" on perd le sens communautaire des membres du gouvernement . Rendez-vous au prochain remaniement !
« A Etienne-Noël Damilaville
23 novembre [1767]
Vous n'aviez pas besoin, mon cher ami, de la lettre de M. d'Alembert pour m'exciter. Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir.
Je vous avais déjà prévenu en écrivant la lettre la plus forte à Mme de Sauvigny. Je prendrai aussi, n'en doutez pas, le parti d'implorer la protection de M. le duc de Choiseul; mais sachez qu'il est à présent très rare qu'un ministre demande des emplois à d'autres ministres. Il n'y a pas longtemps que j'obtins de M. le duc de Choiseul qu'il parlât à monsieur le vice-chancelier en faveur d'un ancien officier 1 à qui nous avons donné la sœur de M. Dupuits en mariage. Cet officier, retiré du service avec la croix de Saint-Louis et une pension, avait été forcé, par des arrangements de famille, à prendre une charge de maître des comptes à Dôle : il demandait la vétérance avant le temps prescrit ; croiriez-vous bien que monsieur le vice-chancelier refusa net M. de Choiseul, et lui envoya un beau mémoire pour motiver ses refus ? Vous jugez bien que, depuis ce temps-là, le ministre n'est pas trop disposé à des choses qui ne dépendent pas de lui. Soyez sûr que je n'aurai réponse de trois mois.
Il y a environ ce temps-là que j'en attends une de lui sur une affaire qui me regarde. Il m'a fait dire, par le commandant de notre petite province, qu'il n'avait pas le temps d'écrire, qu'il était accablé d'affaires . Voilà où j'en suis.
Il me paraît de dernière importance d'apaiser M. de Sauvigny . Il faut l'entourer de tous côtés . M. de Montigny, trésorier de France, de l'Académie des sciences, est très à portée de lui parler avec vigueur. N'avez-vous point quelque ami auprès de M. d'Ormesson ? Heureusement la place qui vous est promise n'est point encore vacante; on aura tout le temps de faire valoir vos droits si bien établis.
La tracasserie qu'on vous fait est inouïe. Je me souviens d'un petit dévot, nommé Leleu, qui avait deux crucifix sur sa table : il débuta par me dire qu'il ne voulait pas transiger avec moi, parce que j'étais un impie, et il finit par me voler vingt mille francs 2. Il s'en faut beaucoup, mon cher ami, que les scènes du Tartuffe soient outrées : la nature des dévots va beaucoup plus loin que le pinceau de Molière.
J'aurai, dans le courant du mois de décembre, une occasion très favorable de prier monsieur le contrôleur général de vous rendre justice. Je ne saurais m'imaginer qu'on pût manquer à sa parole sur un prétexte aussi ridicule. Cela ressemblerait trop au marquis d'O 3, qui prétendait que le prince Eugène et Marlborough ne nous avaient battus que parce que le duc de Vendôme n'allait pas assez souvent à la messe.
Je vous prie de ne pas oublier le maréchal de Luxembourg , qui n'allait pas plus à la messe que le duc de Vendôme. Je suis obligé d'arrêter l'édition du Siècle de Louis XIV, jusqu'à ce que j'aie vu ces campagnes du maréchal, où l'on m'a dit qu'il y a des choses fort instructives.
Le petit livre du Militaire philosophe vaut assurément mieux que toutes les campagnes. Il est très estimé en Europe de tous les gens éclairés. J'ai bien de la peine à croire qu'un militaire en soit l'auteur. Nous ne sommes pas comme les anciens Romains, qui étaient à la fois guerriers, jurisconsultes et philosophes.
Vous ne me parlez plus de votre cou, pour moi, je vous écris de mon lit, dont mes maux me permettent rarement de sortir. On ne peut s'intéresser à vos affaires, ni vous embrasser plus tendrement que je le fais. »
1Sur ce personnage « maître des comptes », voir lettre du 12 janvier 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/13/a08b9872249f3498a157c9a3d00303ee.html
2 V* raconte cette même histoire dans la préface du Dépositaire , 1769
3 Le marquis de Villiers d'O a épousé Marianne Lavergne de Guilleragues, fille de Guilleragues, auteur des Lettres portugaises, et ambassadeur à Constantininople, attaché au duc d'Orléans .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_portugaises
11:03 | Lien permanent | Commentaires (0)