16/12/2022
L'affaire est importante, elle mérite qu'on la discute ; pour cela il faut qu'on s'entende, et pour s'entendre il faut se voir
... Est-ce réellement pour le foot qu'Emmanuel Macron est allé au Qatar, ou n'est-ce pas un moyen de mettre un pied dans l'embrasure, se faire bien voir en félicitant les émirs pour leur organisation, et par ricochet, pendant qu'on y est, demander la fourniture de gaz à un prix raisonnable ? Il faut bien rentabiliser ce couteux voyage ; empreinte carbone ? mes fesses !

Une tête de ravi de la crèche !
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
Je viens de recevoir une lettre de M. Leriche, mon cher ami ; je lui fais réponse . Il faudrait absolument qu'il se donnât la peine de venir chez moi . On peut tirer de son manuscrit quelque chose de très utile et de très intéressant, mais il est essentiel de le refondre, sans quoi on ne fera rien de bien . L'affaire est importante, elle mérite qu'on la discute ; pour cela il faut qu'on s'entende, et pour s'entendre il faut se voir .
Je vous embrasse de tout mon cœur.
On fait actuellement une nouvelle édition des Scythes qu'on vous enverra .
A Ferney 25è mai [1767] »
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15/12/2022
j’avais un besoin extrême du succès de cet ouvrage
... Non pas le vote du budget de la France qui se règle à coups de 49.3, mais, selon notre président-supporter de foot (hélas ! ) le match France-Maroc : 2-0, inch Allah !

Hier soir j'ai passé une soirée formidable en regardant Manon des Sources, et aucun de ceux qui ont fait de même ne sont allés dans la rue pour semer le désordre et même la mort .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
25 Mai 1767 1
Je commence, mon cher ange, ma réplique à votre lettre du 14, par vous dire combien je suis étonné que vous ayez de la bile . C’est donc pour la première fois de votre vie. Il n’y a pourtant nulle bile dans votre lettre ; au contraire, vous m’y comblez de bontés, et vous compatissez à mes angoisses. C’est à moi qu’il appartient d’avoir de la bile ; je ne peux ni rester où je suis, ni m’en aller. Vous savez que j’ai donné la terre de Ferney à Mme Denis. J’ai arrangé mes affaires de famille de façon qu’il ne me reste que des rentes viagères qu’on me paie fort mal, et M. le duc de Virtemberg surtout me met, malgré toutes ses promesses, dans l’impuissance de faire une acquisition auprès de Lyon.
Mme Denis, qui est très commodément logée, se transplanterait avec beaucoup de peine. Tout notre pauvre petit pays est si effarouché, qu’il est impossible de trouver un fermier ; nous sommes donc forcés de rester dans cette terre ingrate.
Je vous avouerai, de plus, qu’il y a un certain ressort 2 que je n’aime pas . L’affaire d’Abbeville me tient au cœur, je n’oublie rien ; la Saint-Barthélemy me fait autant de peine que si elle était arrivée hier.
Il faut que je vous dise, à propos d’Abbeville, qu’un de ces infortunés jeunes gens qui méritait d’être six mois à Saint-Lazare, et qui a été condamné au plus horrible supplice pour une mièvreté 3, ayant, pour comble de malheur, un père très avare, a été obligé de se faire soldat chez le roi de Prusse. Il a beaucoup d’esprit ; il m’a écrit : j’ai représenté son état au roi de Prusse, qui, sur-le-champ, l’a fait officier. J’espère qu’il sera un jour à la tête des armées, et qu’il prendra Abbeville . Mais, en attendant, je ne crois pas que je doive me mettre dans le ressort ; mon cœur est trop plein, et je dis trop ce que je pense.
Après vous avoir ainsi rendu compte de mon âme et de ma situation, je dois vous parler de M. et de Mme de Beaumont, et de leur procès au conseil. Ils demandent que vous disiez un mot en leur faveur à M. le duc de Praslin et à M. le duc de Choiseul. Le défenseur des Calas et des Sirven mérite vos bontés, et n’a pas besoin de ma recommandation auprès de vous.
Je viens enfin aux Scythes . Ils avancent la fin de mes jours ; ils me tuent comme Indatire et Obéide. Le procédé des comédiens a été pour moi le coup de pied de l’âne . Il faut dix ans pour ressusciter quand on est mort d’un pareil coup, témoin Oreste, témoin Adélaïde du Guesclin, témoin Sémiramis ; j’avais un besoin extrême du succès de cet ouvrage ; j’ai été contredit en tout, et je finis ma carrière par essuyer l’affront et l’injustice inouïe qu’on me fait avec ingratitude. Cela n’empêchera pas que Lekain ne touche le petit honoraire qu’on lui a promis ; il peut y compter : on le portera chez lui au mois de juin.
Je demande à présent en grâce, à mes anges et à M. de Thibouville, de lire le petit mémoire ci-joint. »
1 L'édition de Kehl omet la dernière phrase .
2 Le ressort du parlement de Paris, qui s’étendait sur la plus grande partie de la France, d’Aurillac à Boulogne, et de La Rochelle à Mézières. (Beuchot.)
3 Le mot mièvreté, déjà rare au XVIIIè siècle, ne se confond pas avec mièvrerie, quoique celui-ci s’applique ordinairement à l'époque classique à une « gentillesse malicieuse » . Mièvreté désigne un acte malicieux, une mauvaise plaisanterie ; voir Dancourt, Les Bourgeoises à la mode, Ac. III, sc. 3 : « […] c'est un enfant gâté qui fait quelquefois de petites mièvretés. » ; https://theatre-classique.fr/pages/pdf/DANCOURT_BOURGEOISESALAMODE.pdf
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14/12/2022
Les amis doivent passer devant les étrangers
... Et la France avant le Maroc !
« A Anne-Louise Dumesnil-Morin Élie de Beaumont
et à
Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
24è mai 1767 , à Ferney 1
Vous croyez bien, madame, que je ne perds pas un moment à exécuter vos ordres . J'écris aux personnes à qui vous m'ordonnez d'écrire . Je ne suis pas peut-être trop en droit de prendre cette liberté, mais la cause me paraît si bonne, et je suis si attaché, madame, à M. de Beaumont et à vous que les ministres ne trouveront point ma hardiesse déplacée . Je ne crains que celui qui a fait obtenir des lettres patentes à votre adverse partie . Je ne sais s'il sera comme César qui trouvait très bon qu'on appelât de lui-même à lui-même .
Votre affaire m'intéresse si vivement que j'abandonne celle des Sirven jusqu'à la Pentecôte . Les amis doivent passer devant les étrangers . D'ailleurs, les Sirven sont tellement justifiés aux yeux de l'Europe par l'éloquent mémoire de M. de Beaumont qu'ils peuvent aisément attendre quelques semaines .
Agréez, madame, mes tendres respects, et vous , généreux protecteur des droits de l'humanité et légitime défenseur des droits de votre femme, vous qui plaidez pour votre maison comme Cicéron, j'espère que vous gagnerez votre cause comme lui . Envoyez-moi, s'il-vous-plait, votre mémoire à deux colonnes par M. Damilaville . Je vous embrasse bien tendrement.
Je vais écrire aussi à M. d'Argental ; mais en vérité vous n'avez pas besoin qu'on sollicite en votre faveur .
V. »
1 Original chez Mme Jean de Mézerac, château de Canon .
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13/12/2022
tout ce qu’elle fait n’est que pour avoir la gloire d’établir la tolérance
... Anne Hidalgo pour les piétons contre les motorisés ? Marine Le Pen pour les migrants ? Eva Kaili pour les Qataris corrupteurs ?
« A Etienne-Noël Damilaville
23 Mai 1767 1
Nous avons reçu, monsieur, le beau discours 2 de M. l’abbé Chauvelin. Je l’ai communiqué à M. de Voltaire, qui en a pensé comme vous. Il est un peu malade actuellement. C’est apparemment de la fatigue qu’il a eue de faire jouer chez lui les Scythes, et d’y représenter lui-même un vieillard. Je n’ai jamais vu de meilleurs acteurs. Tous les rôles ont été parfaitement exécutés, et la pièce a fait verser bien des larmes. Vous n’aurez jamais de pareils acteurs à la comédie de Paris.
Je sais peu de nouvelles de littérature. J’ai ouï parler seulement d’un livre 3 de feu M. Boulanger, et d’un autre de milord Bolingbroke 4, dont on vient de donner en Hollande une édition magnifique. On parle aussi d’un petit livre espagnol dont l’auteur s’appelle, je crois, Zapata. On en a fait une nouvelle traduction à Amsterdam.
On calomnie l’impératrice de Russie, quand on dit qu’elle ne favorise les dissidents de Pologne que pour se mettre en possession de quelques provinces de cette république. Elle a juré qu’elle ne voulait pas un pouce de terre, et que tout ce qu’elle fait n’est que pour avoir la gloire d’établir la tolérance 5.
Le roi de Prusse a soumis à l’arbitrage de Berne toutes ses prétentions contre les Neuchâtelois. Pour nos affaires de Genève, elles sont toujours dans le même état ; mais le pays de Gex est celui qui en souffre davantage. On disait que M. de Voltaire allait passer tout ce temps orageux auprès de Lyon, mais je ne le crois pas. Il est dans sa soixante-quatorzième année, et trop infirme pour se transplanter.
J’ai l’honneur, d’être monsieur, bien sincèrement, avec toute ma famille, votre très humble et très obéissant serviteur.
Boursier. »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. qui omet dans la formule les mots bien sincèrement ; édition Correspondance littéraire .
2 Prononcé au parlement le 29 Avril, sur l’expulsion des jésuites d’Espagne. (G.Avenel.)
Henri-Philippe Chauvelin : Discours d'un de messieurs de grand-chambre au parlement, toutes les chambres assemblées, du mercredi 29 avril 1767 : . Cette harangue , qui traite de l'expulsion des jésuite d'Espagne, contribua à sceller leur destin en France . Voir : https://data.bnf.fr/fr/see_all_activities/10673856/page1
3 Le Christianisme dévoilé. (G.A.)
Sur cet ouvrage, voir lettre du 23 avril 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/25/il-faut-que-vous-connaissiez-ce-monstre-6368229.html
4 Nouvelle édition de l’Examen important. (G.A.)
Voir lettre du 26 juin 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/20/il-examine-d-abord-de-sang-froid-ensuite-il-argumente-avec-f-6338632.html
5Une fois encore un curieux ton de propagande qu'on reproche à V* ; voir lettre du 18 mai 1767 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/08/m-6416081.html
11:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2022
Ah qu'on a de peine dans ce monde !
... Dédicace à Mam'zelle Wagnière, votre conte préféré : Zadig ou La Destinée : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Je supplie mes anges de permettre que je leur adresse ma réponse à M. de Belloy . Ils trouveront dans ce petit paquet un détail concernant la troupe de Ferney . Soyez sûrs qu'on ne joue parfaitement le tragique que chez nous .
Souffrez que je vous dise encore qu'un monologue surtout aurait tout gâté . Quelle idée, juste Dieu, que d'annoncer tout d'un coup tout ce qu'on doit se cacher, ce qu'on se flatte même d’avoir entièrement oublié et qu'on doit avoir oublié en effet ! Quel horreur ! Un monologue en pareille occasion ! Jamais Mme de La Harpe ne l'aurait dit ; elle est trop honnête pour aller dire à l'écho qu'elle aime un homme marié qui a voulu la déshonorer et qui a persécuté son père . Fi ! vous dis-je , défaites-vous à jamais de cette exécrable idée . Ah qu'on a de peine dans ce monde ! Je vous assure que je ne me console guère . Je suis un vert vieillard, mais je suis bien affligé .
Mes anges, je me mets au bout de vos ailes.
21è mai [1767]. »
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des mains étrangères De ces débats ont profité
... Et le pénible Ciotti , grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf, remporte une maigre victoire , président d'une bande de branquignols (qui --elle-- ne fait rire personne ). Il est vrai que la paye est bonne .

« A Pierre-Laurent Buirette de Belloy
J’ai eu la hardiesse, monsieur, de me faire acteur dans ma soixante et quatorzième année. Des jeunes gens et des jeunes femmes ont corrompu ma vieillesse. Je n’ai pas soutenu la fatigue aussi bien qu’eux, et j’en ai été malade ; c’est ce qui a retardé un peu les tendres et sincères remerciements que vous doit un cœur pénétré de votre mérite et de la beauté de votre âme. Nous voilà, ce me semble, parvenus à imiter les Grecs, chez qui les auteurs jouaient eux-mêmes leurs pièce. M. de Chabanon et M. de La Harpe récitent des vers aussi bien qu’ils en font, et Mme de La Harpe a un talent dont je n’ai encore vu le modèle que dans mademoiselle Clairon. Enfin, par un concours singulier, la perfection de la déclamation s’est trouvée dans nos déserts . Mais ce qui fait plus d'honneur encore à la littérature, c’est l’exemple que vous donnez ; c’est l’amitié que vous me témoignez du sein de vos triomphes ; ce sont vos beaux vers 1 qui viennent au secours de ma muse languissante.
Les neuf muses sont sœurs, et les beaux-arts sont frères.
Quelque peu de malignité
A dérangé parfois cette fraternité ;
La famille en souffrit, et des mains étrangères
De ces débats ont profité.
C’est dans son union qu’est son grand avantage ;
Alors elle en impose aux pédants, aux bigots ;
Elle devient l’effroi des sots,
La lumière du siècle et le soutien du sage.
Elle ne flatte point les riches et les grands :
Ceux qui dédaignaient son encens
Se font honneur de son suffrage,
Et les rois sont ses courtisans.
J’ai grande opinion du chevalier Bayard 2. C’est un beau sujet. Je ne suis que le poète de l’Amérique et de la Chine, et vous êtes celui des Français Recevez, monsieur, les témoignages les plus vrais de ma sensible reconnaissance.
A Ferney, ce 21 Mai [1767].3»
1 Sur la première représentation des Scythes. (G.Avenel) .Voir lettre du 19avril 1767 à de Belloy . : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/21/ou-est-le-temps-que-je-n-avais-que-soixante-dix-ans-je-vous-assure-que-je-j.html
2 Gaston et Bayard, tragédie qui fut jouée la première fois à la cour de Versailles en février 1770, puis à Paris le 24 avril 1771 : https://books.google.fr/books?id=Keimg5heXCkC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
3 Copie contemporaine ; édition « Seconde lettre de M. de Voltaire à M ; de Belloy », Mercure de France, juin 1767, avec ce commentaire : « M. de Belloy ayant remercié M. de Voltaire de la lettre obligeante que nous avons rapportée, a reçu cette nouvelle réponse, dont nous nous reprocherions de priver nos lecteurs. »
00:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/12/2022
Il était impossible de travailler plus heureusement à votre justification et à votre gloire
... MM. Ciotti et Retailleau, que vous êtes jolis, que vous me semblez beaux,etc., etc. et pitoyablement vains et creux dans votre chasse au hochet de président du LR : https://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/pr...

« A Jean-François Marmontel
de l'Académie française
[vers le 20 mai 1767] 1
Mon cher ami, mon cher confrère, je viens de lire l'indiculum ridiculum . Vous devez aller remercier le Sorbonne en cérémonie . Elle a rassemblé les pensées d'un grand écrivain et d'un grand citoyen . Elle démontre au roi que vous êtes un sujet fidèle, et à l’Église que vous êtes un homme très religieux . Il était impossible de travailler plus heureusement à votre justification et à votre gloire .
Votre ancien ami qui vous embrasse.
V. »
1 Pour la date, le 12 mai 1767, d'Alembert écrit à V* que l'Indiculum lui a été adressé (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-45.html
) ; le 16, V* ne l'a manifestement pas encore reçu (voir lettre du 16 mai 1767 à Marmontel ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/05/il-ne-s-agit-plus-ici-de-plaisanter-il-faut-ecraser-ces-sots-6415489.html
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