18/12/2021
Je n’ai plus qu’une demi-existence tout au plus
... C'est bien le pronostic que doivent envisager ceux qui ne sont pas encore vaccinés anti-Covid . Omicron & C° sont sans repos .
Où est Caen ?
« Au chevalier Pierre de Taulès, etc.
à l'hôtel de France
à Genève
Dimanche matin, 14è septembre 1766
Si j’existais, monsieur, vous savez que je passerais une partie de mes jours à faire ma cour à Son Excellence, et à tâcher de mériter votre amitié. Je n’ai plus qu’une demi-existence tout au plus. Vous, monsieur, qui avez un corps digne de votre âme, vous qui pouvez faire tout ce que vous voulez, je vous demande en grâce que vous vouliez dîner à Ferney le jour où vous serez le moins occupé. J’ai reçu une lettre charmante qui était, je crois, dans le paquet de monsieur l’ambassadeur 1.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
V. de tout mon cœur .
Le plus tôt que je pourrai avoir l’honneur de vous parler sera le mieux. »
1Certainement la lettre de Choiseul mentionnée dans le premier paragraphe de la lettre du même jour à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/17/soyez-sure-madame-que-vous-n-etes-pas-faite-seulement-pour-p-6355537.html
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17/12/2021
Soyez sûre, madame, que vous n’êtes pas faite seulement pour plaire
... Miss Diane Leyre, je n'en veux pour preuve que le déplacement spécial de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France pour vous rencontrer, vous avez un poids électoral que cette dernière ne peut négliger, la balle est dans votre camp . Par ailleurs, je ne peux que vous plaindre d'avoir dû passer/gâcher du temps à TPMP avec Cyril Hanouna, la vulgarité et insignifiance faites homme .
https://www.lavoixdunord.fr/1113065/article/2021-12-12/qu...
« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien
À Ferney, 14è septembre 1766
Je ne sais, madame, si j’écris au chasseur, ou au philosophe, ou à une jolie dame, ou au meilleur cœur du monde . Il me semble que vous êtes tout cela. J’ai reçu une lettre de vous qui m’attache à votre char autant que je l’étais dans votre apparition à Ferney ; et M. le duc de Choiseul a dû vous en faire tenir une de moi qui ne vaut pas la vôtre 1. Il a bien voulu m’en écrire une qui m’enchante. J’admire toujours comment il trouve du temps, et comme il est supérieur dans les affaires et dans les agréments.
J’ai voulu me consoler du malheur de vous avoir perdue. J’ai eu l’insolence de faire jouer sur mon petit théâtre Henri IV 2, le Roi et le Fermier 3 ; Rose et Colas 4, Annette et Lubin 5. J’ai reconnu dans cette pièce M. l’abbé de Voisenon : c’est la meilleure de toutes, à mon gré ; il n’y a que lui qui puisse avoir tant de grâces. Je ne m’attendais pas à voir tout ce que j’ai vu dans mes déserts.
L’amitié dont vous daignez m’honorer, madame, est ce qui me flatte davantage, et qui fait le charme de ma vieillesse et de ma retraite. Votre caractère est au-dessus de vos charmes ; je suis amoureux de votre âme, il ne m’appartient pas d’aller plus loin.
Je pris la liberté de vous remettre à votre départ de Ferney une petite requête pour M. de Saint-Florentin, en faveur d’une malheureuse famille huguenote. Le père a été vingt-trois ans aux galères 6 pour avoir donné à souper et à coucher à un prédicant ; la mère a été enfermée, les enfants réduits à mendier leur pain. On leur avait laissé le tiers du bien pour les nourrir ; ce tiers a été usurpé par le receveur des domaines. Il y a de terribles malheurs sur la terre, madame, pendant que ceux qu’on appelle heureux sont dévorés de passions ou d’ennui.
Si vous n’êtes pas assez forte (ce que je ne crois pas) pour toucher la pitié de M. de Saint-Florentin, j’ose vous demander en grâce de joindre M. le maréchal de Richelieu à vous. M. de Saint-Florentin est difficile à émouvoir sur les huguenots. Vous aurez fait une très-belle action si vous parvenez à rendre la vie à cette pauvre famille. Soyez sûre, madame, que vous n’êtes pas faite seulement pour plaire.
Agréez, madame, mon très sincère respect, et un attachement plus inaltérable que les plus grandes passions que vous ayez pu inspirer. »
1 De cette lettre de Choiseul, on ne connait que le fragment cité par V* dans sa lettre à Ribote-Charron du 24 septembre 1766 : « Le jugement des Calas n'est qu'un effet de la faiblesse humaine qui n'a fait souffrir qu'une famille ; mais la dragonnade de M. de Louvain a fait le malheur du siècle . »
2 La Partie de chasse de Henri IV, par Collé.
3 Opéra-comique de Sedaine et musique de Monsigny, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 22 novembre 1762. Voir : https://data.bnf.fr/fr/39684538/le_roi_et_le_fermier_spectacle_1807/
4 Opéra-comique, des mêmes auteurs, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 8 mars 1764. Voir : https://data.bnf.fr/fr/42383889/rose_et_colas_spectacle_1764/
5 Opéra-comique de M. et Mme Favart et Martini, et de Lourdet de Santerre, et non de Voisenon comme le croit V* ,joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 15 février 1762. Musique de Blaise . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1165221g.image
6 Jean-Pierre Espinas, condamné aux galères en 1740 y est resté jusqu'en 1765 . Voir : https://www.jstor.org/stable/24283196
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moi, j’en suis très édifié
... De quoi ? de la lecture de l'oeuvre de Voltaire mise en ligne par Mam'zelle Wagnière : http://www.monsieurdevoltaire.com/
« A Nancey
14è septembre 1766 1
Saint François d’Assise, monsieur, serait bien étonné de voir un de ses enfants qui fait de si bons vers français, et moi, j’en suis très édifié ; il vous mettrait en pénitence, et je vous donnerais ma bénédiction. Vous êtes dans la ville de l’esprit et des talents, vous y trouverez tous les encouragements possibles. Je ne puis applaudir que de loin à vos travaux littéraires . J’en serais l’heureux témoin si mon âge et mes maladies me permettaient d’aller à Dijon. Agréez mes remerciements, et les sentiments d’estime avec lesquels j’ai l’honneur d’être,
monsieur,
votr. »
1 En tête de manuscrit Wagnière a porté : « A M. Nancey cordelier à Dijon ».
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16/12/2021
mille tendres respects à monsieur l'Ambassadeur
... Je n'en connais qu'un :
Avec des amis, sans chichis
« A Pierre-Michel Hennin
J'ai l'honneur de vous renvoyer, monsieur, le tome que vous avez eu la bonté de me prêter . Je le remets à l'un des comédiens .
Bon voyage à M. de Taulès, et mille tendres respects à monsieur l'Ambassadeur .
Si vous avez quelque chose de positif sur le voyage de Mme de Brionne des Pyrénées aux Alpes, daignez en informer le plus attaché de vos serviteurs .
Samedi [13 septembre 1766 ?]
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15/12/2021
les sages qui ont pris leur parti n’apprendront rien de nouveau ; mais les jeunes gens, flottants et indécis, apprennent tous les jours
... J'ose l'espérer aussi . Mais parfois le doute m'habite .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
13 septembre 1766
J’ai toujours oublié de demander à mes anges s’ils avaient reçu une visite de M. Fabry, maire de la superbe ville de Gex, syndic de nos puissants États, subdélégué de Mgr l’intendant, et sollicitant les suprêmes honneurs de la chevalerie de Saint-Michel. Je lui avais donné un petit chiffon de billet 1 pour vous, à son départ de Gex pour Paris, et j’ai lieu de croire qu’il ne vous l’a point rendu. Je vous supplie, mes divins anges, de vouloir bien m’en instruire.
Il doit vous être parvenu un petit paquet sous l’enveloppe de M. de Courteilles. Il contient un commentaire 2 du livre italien Des Délits et des Peines . Ce commentaire est fait par un avocat de Besançon, ami intime comme moi de l’humanité. J’ai fourni peu de chose à cet ouvrage, presque rien ; l’auteur l’avoue hautement, et en fait gloire, et se soucie d’ailleurs fort peu qu’il soit bien ou mal reçu à Paris, pourvu qu’il réussisse parmi ses confrères de Franche-Comté, qui commencent à penser. Les provinces se forment ; et si l’infâme obstination du parlement visigoth de Toulouse contre les Calas fait encore subsister le fanatisme en Languedoc, l’humanité et la philosophie gagnent ailleurs beaucoup de terrain.
Je ne sais si je me trompe, mais l’affaire des Sirven me paraît très importante. Ce second exemple d’horreur doit achever de décréditer la superstition. Il faut bien que tôt ou tard les hommes ouvrent les yeux. Je sais que les sages qui ont pris leur parti n’apprendront rien de nouveau ; mais les jeunes gens, flottants et indécis, apprennent tous les jours, et je vous assure que la moisson est grande 3 d’un bout de l’Europe à l’autre. Pour moi, je suis trop vieux et trop malade pour me mêler d’écrire . Je reste chez moi tranquille. C’est en vain que des bruits vagues et sans fondement m’imputent le Dictionnaire philosophique, livre, après tout, qui n’enseigne que la vertu. On ne pourra jamais me convaincre d’y avoir part. Je serai toujours en droit de désavouer tous les ouvrages qu’on m’attribue ; et ceux que j’ai faits sont d’un bon citoyen. J’ai soutenu le théâtre de France pendant plus de quarante années ; j’ai fait le seul poème épique tolérable qu’on ait dans la nation. L’Histoire du Siècle de Louis XIV n’est pas d’un mauvais compatriote. Si on veut me pendre pour cela, j’avertis Messieurs qu’ils n’y réussiront pas, et que je vivrai toujours, en dépit d’eux, plus agréablement qu’eux. Mais, pour persécuter un homme légalement, il faut du moins quelques preuves commencées, et je défie qu’on ait contre moi la preuve la plus légère. Je m’oublie moi-même à présent pour ne songer qu’aux Sirven ; le plaisir de les servir me console. Je n’étais point instruit de la manière dont il fallait s’y prendre pour demander un rapporteur ; je croyais qu’on le nommait dans le conseil du roi . C’est la faute de M. de Beaumont de ne m’avoir pas instruit. J’écris à Mme la duchesse d’Anville 4, qui est actuellement à Liancourt, pour la supplier de demander M. Chardon à monsieur le vice-chancelier. M. de Beaumont insiste sur M. Chardon. Pour moi, j’avoue que tout rapporteur m’est indifférent. Je trouve la cause des Sirven si claire, la sentence si absurde, et toutes les circonstances de cette affaire si horribles, que je ne crois pas qu’il y eût un seul homme au conseil qui balançât un moment.
Il faut vous dire encore que le parlement de Toulouse persiste à condamner la mémoire de Calas. Il a préféré l’intérêt de son indigne amour-propre à l’honneur d’avouer sa faute et de la réparer. Comment voudrait-on que les Sirven, condamnés comme les Calas, allassent se remettre entre les mains de pareils juges ? La famille s’exposerait à être rouée. Nous comptons sur le suffrage de mes divins anges, sur leur protection, sur leur éloquence, sur le zèle de leurs belles âmes . Je ne saurais leur exprimer mon respect et ma tendresse.
V. »
1 Voir lettre du 4 juillet 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/27/il-soupire-apres-ce-rare-bonheur-6340179.html
2 Commentaire sur le livre des délits et des peines, de Beccaria . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Commentaire_sur_Des_D%C3%A9lits_et_des_Peines/%C3%89dition_Garnier
3 Souvenir de l'évangile de Matthieu , IX, 37 : https://www.aelf.org/bible/Mt/9
et de Luc , X, 2 : https://saintebible.com/luke/10-2.htm
4 Cette lettre manque .
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14/12/2021
En changeant seulement trois ou quatre mots, et à l'aide d'une petite phrase interpolée, on y outrage cruellement
... La vérité est furieusement bafouée dans le domaine gigantesque du Web : les fake news vibrionnent sans repos ; voir par ex . : https://factuel.afp.com/http%253A%252F%252Fdoc.afp.com%25...
Redoutablement vrai !
« A Etienne-Noël Damilaville
12 septembre 1766
Je me flatte , mon cher ami, de recevoir aujourd'hui ou demain quelques éclaircissements de vous sur le procès de Sirven . Mme la duchesse d'Anville , qui daigne s'intéresser à cette affaire, m'a mandé que plusieurs personnes ne croyaient pas que M. Chaudon convînt pour rapporteur ; c'est à M. de Beaumont de dire ce qu'il en pense et ce qu'il en sait . Je ne ferai rien que sur ses ordres .
Il est bien cruel qu'une affaire si importante ait traîné si longtemps . J’ai intéressé des têtes couronnées à protéger les Sirven ; mais nous n'avons pas encore beaucoup d'appui en France . La pitié s'y épuise trop vite. J'espère que vous et M. de Beaumont, vous échaufferez les cœurs .
Comme les lettres falsifiées dont je vous ai parlé se répandent beaucoup dans les pays étrangers, je crois qu'il est bon de mettre un frein à ce nouveau genre de calomnie et de méchanceté . Il y a une lettre de M. Déodati 1 que je crois maître de langue à Paris . Le crime de faux y est plus dangereux que dans les autres lettres . En changeant seulement trois ou quatre mots, et à l'aide d'une petite phrase interpolée, on y outrage cruellement un des principaux membres du conseil d’État . Cette horreur peut être d'une grande conséquence et faire tort aux Sirven . Je ne sais point la demeure de ce M. Déodati qui m'avait envoyé son livre De l’excellence de la langue italienne . Thieriot n'est point homme à nous aider dans cette affaire ; tout le monde est à la campagne , je ne sais à qui m'adresser . La retraite a ses charmes, mais elle a aussi de cruels inconvénients ; elle nous éloigne de nos amis , et fait avorter toutes les affaires .
Je fais jouer Henri IV 2 demain sur mon petit théâtre pour ma consolation . M'entretenir avec vous vous en serait une plus grande . »
1 Voir notes de la lettre du 9 septembre 1766 à Déodati : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/10/vous-ne-refuserez-pas-sans-doute-de-rendre-gloire-a-la-verit-6354212.html
2 La partie de chasse de Henri IV ; voir lettre du 17 avril 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html
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13/12/2021
Que de fautes !
... A qui la faute ?
Les petits Français ne lisent plus, écoutent avec ferveur des rappeurs, comptent aveuglément sur le correcteur orthographique de Words et sont fondamentalement fainéants tout comme leurs professeurs qui sont loin d'être des candidats dignes de l'Académie Française .
https://www.leparisien.fr/societe/orthographe-florilege-d...
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 septembre 1766]1
Vous êtes un vrai Caro , vous relisez . Que de fautes ! Grand Dieu ! Venez-vous ce soir à Henri IV ? »
1 L'édition Crowley suggère la date de 1756 ; mais les références à la représentation de Henri IV dans les lettres du 12 septembre 1766 à Damilaville et du 14 septembre 1766 à Damilaville permettent de corriger la datation .
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