13/07/2022
vos bontés ne me sont parvenues que par les cascades de la dragonnade
...
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville
À Ferney, 20 février 1767 1
Monseigneur,
J’ai reçu les deux lettres dont vous m’avez honoré, avec un passeport général, mais non pas dans leur temps, parce que vos bontés ne me sont parvenues que par les cascades de la dragonnade.
Je vous ai envoyé le discours 2 de M. de La Harpe, qui a remporté le prix à l’Académie. La justice qu’il vous a rendue a beaucoup contribué à lui faire remporter ce prix. Son ouvrage a été applaudi de tout le public.
Je ne sais si on vous a envoyé le mémoire ci-joint : permettez-moi la liberté de vous le présenter ; comptez qu’il est exact et fidèle. Il sera bien difficile de vivre dorénavant dans le pays de Gex sans votre protection. Je vous la demande aussi pour les Scythes ; ]e les ai retravaillés suivant les judicieuses remarques que vous avez daigné faire. Je n’en ai fait imprimer que quelques exemplaires, pour épargner la peine des copistes ; l’édition ne paraîtra à Paris que quand vous en serez content.
Je serais bien flatté si vous pouviez honorer la première représentation de votre présence. J’ai bien des querelles avec M. d’Argental pour les Scythes, sur le cinquième acte ; mais je m’en rapporte à vous.
Je suis pénétré de vos bontés, elles font ma consolation dans mes misères. M. le chevalier de Jaucourt ne m’a vu qu’aveugle et malade. J’étais mort, si je [ne]3 m’étais pas égayé aux dépens de Jean-Jacques, de la demoiselle Levasseur, et de Catherine 4.
Je me mets à vos pieds avec la plus tendre reconnaissance et le plus profond respect.
Votre pauvre marmotte »
1 L'original porte la mention « M. de Bournonville ».
2 La Harpe :Discours des malheurs de la guerre et des avantages de la paix, qui obtint en effet le prix de l’Académie française en janvier 1767.
3 Cette négation est omise dans l'original .
4 Catherine Ferbot, qui joue un rôle dans le poème de la Guerre civile de Genève ; voir https://www.google.fr/books/edition/La_guerre_civile_de_Geneve_ou_Les_amours/Gy8HAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&printsec=frontcover
et aussi les Questions sur les miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/416
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12/07/2022
Ce que vous m’avez envoyé, Monsieur, m’a mortellement ennuyé [e]. Voilà tout ce que je peux vous en dire ; je n’aime pas les phrases
... De Mme Borne, première ministre au superflu Mélenchon : https://www.francetvinfo.fr/politique/parlement-francais/...
« A Louis-Bruno de Boisgelin, comte de Cucé 1
20è février 1767 2
Ce que vous m’avez envoyé, Monsieur, m’a mortellement ennuyé. Voilà tout ce que je peux vous en dire ; je n’aime pas les phrases. Vous avez un frère 3 qui m’a accoutumé au bon .
On m'a parlé d'un homme de Nancy qu'on dit fourré à la Bastille sur la dénonciation d'un jésuite . Il s'appelle, je crois, Le Clerc . Il avait la protection de Mme la marquise de Boufflers, votre belle-mère 4, si on ne m'a pas trompé . En ce cas, je présume que vous daignerez agir tous deux en sa faveur . Rien ne rafraîchit le sang comme de secourir des malheureux .
J'étais impotent et aveugle quand Mme de Boufflers a passé par Lyon . Je suis encore à peu près dans le même état, je ne vaux rien des pieds jusqu'à la tête ; et à l'égard de ma pauvre âme, elle est extrêmement sensible à votre souvenir et à vos bontés dont je vous demande la continuation avec la sensibilité la plus respectueuse .
V. »
2 L'édition de Kehl supprime la date et place la lettre au milieu de mars, suivie par les autres éditeurs
3 Jean-de-Dieu Raymond de Boisgelin, futur cardinal ; voir : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-de-dieu-raymond-boisgelin-de-cuce
et https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Dieu-Raymond_de_Boisgelin_de_Cuc%C3%A9
4 Il a épousé Marie -Catherine -Stanislas -Louise-Julie de Boufflers : https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&n=de+boisgelin+de+cuce&oc=0&p=louis+bruno
et : https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&p=m+catherine&n=de+boufflers
et https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&p=m+francoise&n=de+beauvau+craon
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11/07/2022
J’espère qu’il ne m’arrivera plus ce qui m’arriva
... avec UBER " dit Emmanuel Macron , qui vient de se faire coincer, ou quand business is business : https://www.bfmtv.com/economie/tout-comprendre-uber-files-les-methodes-brutales-de-l-entreprise-et-ses-liens-avec-macron-reveles_AN-202207110024.html
« A Henri-Louis Lekain
17 février 1767
Mon cher ami, si vous n’avez pas le dernier exemplaire des Scythes, que j’ai envoyé pour vous à M. d’Argental, j’en adresse un à M. Marin pour vous le remettre. Je me flatte qu’il aura cette bonté ; et si la multiplicité de ses affaires l’empêche de vous le rendre aussitôt que je le voudrais, je vous prie de le lui demander.
J’espère qu’il ne m’arrivera plus ce qui m’arriva dans Tancrède, où Mlle Clairon faillit à faire tomber la pièce, en y insérant ou en y faisant insérer des vers ridicules, tels que ceux-ci :
Voyant tomber leur chef, les Maures furieux
L’ont accablé de traits, dans leur rage cruelle. 1
Je sais bien qu’au théâtre on ne se soucie guère du style ; mais le théâtre devient barbare, et ce n’est pas à moi de fomenter la barbarie.
L’exemplaire que j’envoie est chargé de notes pour l’intelligence des rôles ; mais il n’y en a point pour Athamare, parce que vous le jouez : c’est à vous, au reste, à disposer de ces rôles ; je vous prie de faire mes très-tendres compliments à Mlle Durancy, et de dire à M. Molé combien je m’intéresse à son rétablissement.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
V. »
1 Voir lettre du 28 octobre 1760 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4316
et 25 novembre 1760 au même : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome41.djvu/82
et lettre du 19 décembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/18/les-affaires-de-geneve-ne-laissent-pas-de-m-embarrasser-j-y-6372102.html
et lettre à Richelieu du 18 septembre 1769 .
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10/07/2022
C’est un chef-d’œuvre de raison, d’éloquence, et de sentiment
... Pour tout dire ce n'est ni le coran, ni l'ancien testament, ni la thora, ni la bhagavad gita, etc., ni aucun des livres qui fondent des religions et arment tant de mains animés par des cervelles abruties . La peste soit de l'infâme !
Reste valable Le Traité sur la Tolérance .
« A Etienne-Noël Damilaville
17 février 1767 1
Sur votre lettre, mon cher ami, qui nous a paru un peu équivoque, nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de faire signer le mémoire par les Sirven, et de l’envoyer à M. de Courteilles, pour le rendre à M. de Beaumont. Nous avons jugé, Mme Denis et moi, que c’était le seul moyen de faire paraître cet excellent ouvrage tel qu’il est, signé par les intéressés. J’estime trop M. de Beaumont pour croire qu’il veuille rien changer à un mémoire si touchant et si victorieux. C’est un chef-d’œuvre de raison, d’éloquence, et de sentiment. Faites l’impossible pour qu’il paraisse tel que je le renvoie. Je mande à M. de Courteilles qu’il peut vous le remettre ; et je n’écrirai à M. de Beaumont qu’en conformité de ce que vous m’aurez mandé. Dites-moi, je vous prie, comment réussit le Bélisaire, dans lequel il y a un si beau morceau sur la tolérance. É l'inf. »
1 Voir note 1 de la lettre du 9 février 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/06/17/tachez-donc-enfin-que-ce-memoire-paraisse-avant-que-les-parties-soient-mort.html
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09/07/2022
Mes respects à la noble troupe
... Extrait du discours présidentiel du 14 juillet courant .
« A Davis-Louis Constant baron de Rebecque, seigneur d'Hermenches, etc., etc.
à Lausanne
17è février 1767 à Ferney
Vous désarmerez les Aristides 1 par l'esprit et par les grâces . À l'égard des Scythes, Mme d'Aubonne n'a qu'à tigrer 2 de la toile . Mme d'Hermenches n'a qu'à mettre quelques fleurs sur une robe blanche, et tout le monde sera bien vêtu ; pour Athamare, je m'en rapporte à lui, il sera bien mis .
Voilà mon cher colonel tout ce que je pourrais vous dire quand je serais le premier tailleur de l'Europe . Vous embellirez le rôle, et j'ose encore espérer, malgré mes fluxions et malgré les Aristides, que j'aurai le bonheur de vous entendre . Mes respects à la noble troupe .
V. »
1 Voir la lettre du 14 février 1767 à d'Hermenches : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/06/27/vous-avez-eu-la-liberte-du-choix-pour-moi-je-n-ai-point-cell-6388981.html
2 Ce qui signifie « orner de taches pareilles aux mouchetures ou aux bandes du poil de tigre » Littré (qui ne propose aucun exemple d''écrivain.)
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08/07/2022
Il est actif, sa gloire est intéressée au succès
... Poutine ? !
« A Etienne-Noël Damilaville
16è février 1767 1
L’article de votre lettre du 10, concernant un intendant, m’étonne autant qu’il m’afflige. Je crois qu’il sera bon, dans l’occasion, de lui faire parler fortement en votre faveur, sans paraître instruit de ce que vous me mandez. Il m’était venu voir à Ferney, et j’en avais été très content. Je me flatte encore qu’il ne sera pas difficile de le ramener.
Sirven et une de ses filles sont tout prêts à faire le voyage à Paris dès qu'on les mandera . Il sera très convenable qu'ils soient logés modestement à portée de leur avocat au Conseil. Je ne connais point M. Cassen 2; j’étais fort content de M. Mariette, et je vous prie instamment de le lui dire ; mais il faut laisser faire M. de Beaumont, et ne le pas décourager. Il est actif, sa gloire est intéressée au succès ; il est ami de M. Cassen ; il fait encore travailler M. Target, qui est, dit-on, un excellent avocat, et qui doit donner un factum en faveur des filles de Sirven.
Je vous demande deux grâces, mon cher ami : c’est de voir Mariette pour le consoler, et Target et Cassen pour les remercier. J’ai très bonne opinion du procès. Je suis persuadé que les maîtres des requêtes mettront ce dernier fleuron à leur couronne civique. M. de Beaumont croit m’apprendre qu’il a obtenu pour rapporteur M. Chardon ; et il y a près d’un mois que M. Chardon m’a mandé qu’il était rapporteur. Il paraît prendre l’affaire des Sirven à cœur autant que nous-mêmes. Il m’a fait l’honneur de m’envoyer un mémoire 3 sur l’île de Sainte-Lucie, dont il a été intendant : ce mémoire m’a paru un chef-d’œuvre. J’ai été d’autant plus touché de cette marque de confiance qu’elle me fait espérer qu’il aura quelque envie de s’attirer, dans l’affaire des Sirven, les applaudissements des âmes qui sont sensibles au mérite.
Nous avons reçu, maman Denis et moi, le Bélisaire. Nous nous sommes jetés par un heureux instinct sur le chapitre de la tolérance, qui est le chapitre XV. Il nous a enlevés. Si tout le reste est de cette force, l’ouvrage aura le succès le plus durable. Vous me ferez plaisir d’acheter pour moi un exemplaire de mes sottises chez Merlin, de le faire relier, et de le faire présenter de ma part à M. de Marmontel. Voici un petit mot pour lui 4, et l’autre pour M. de Beaumont 5. Pardon, mon très-cher ami, de toutes les peines que je vous donne. E[crasez] L['infâme]. »
1 Copie par Wagnière ; copie contemporaine Darmstadt B. ; édition de Kehl qui suivant la copie Beaumarchais,et suivie par les éditions, omet plusieurs passages sur le logement des Sirven, le règlement de ce qui est dû à Merlin et sur les Scythes .
2 Pierre Cassen, avocat au conseil du roi, est mort à Paris le 23 décembre 1767, âgé de quarante ans. C’est sous son nom que Voltaire fit, en 1768, imprimer sa Relation de la mort du chevalier de La Barre ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/513
3 Sur Chardon, voir lettre à Chardon du 2 février 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/31/il-faudrait-etre-le-maitre-absolu-de-son-terrain-pour-fonder-6384733.html
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07/07/2022
comme il essuyait une espèce de petite persécution , il a cru devoir imiter Alcibiade, qui fit couper la queue à son chien pour détourner les caquets
... C'est bien ce que font ces politiciens accusés de violences sexuelles .
Pour mémoire : https://information.tv5monde.com/terriennes/violences-sex...
« A Jean-François Marmontel, de
l'Académie française, etc.
à Paris
16è février. 1767
Bélisaire arrive ; nous nous jetons dessus, maman et moi, comme des gourmands. Nous tombons sur le chapitre XV ; c’est le chapitre de la tolérance 1, le catéchisme des rois ; c’est la liberté de penser soutenue avec autant de courage que d’adresse ; rien n’est plus sage, rien n’est plus hardi.
Je me hâte de vous dire combien vous nous avez fait de plaisir. Nous nous attendons bien que tout le reste sera de la même force, car vous ne pouvez penser qu’avec votre esprit, et écrire que de votre style. Je vous en dirai davantage quand j’aurai tout lu.
Je vous demande votre indulgence pour la tragédie des Scythes. Elle est d’un jeune homme qui ne devait pas faire de pièce de théâtre à son âge ; mais comme il essuyait une espèce de petite persécution 2, il a cru devoir imiter Alcibiade, qui fit couper la queue à son chien pour détourner les caquets.
Grand merci, encore une fois, de votre beau chapitre ; vous venez de rendre service au genre humain. Dieu vous préserve des regards malins !
V.
Je vous quitte pour entendre la lecture du reste. Bonsoir, mon très cher confrère. »
2 Dans l’affaire Le Jeune.
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