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19/10/2022

Vous me ferez un plaisir extrême de faire dépêcher les feuilles suivantes

... Le budget ne doit plus attendre , dégainons le 49-3 !

Que les grèves  cessent, elles nous ruinent, et seules quelques catégories pistonnées par des syndicats vont y gagner maintenant et puis finalement couper la branche où elles seront perchées , elles n'auront qu'augmenté la hauteur de leur chute . Gagner plus,  dépenser pour plus cher, je ne vois pas l'intérêt .

 

 

« A Henri Rieu

18 avril 1767

Mon cher ami, je suis aussi honteux que reconnaissant, je rougis autant que je vous aime .

Je vous renvoie les trois premières feuilles corrigées ; je suppose qu'elles ne sont point tirées ; il y a beaucoup de fautes . Je ne sais qui a oublié quatre vers, si c'est l'éditeur ou moi ; je les ai replacés il n'y a plus qu'à serrer à la page 22, en rapprochant le titre de la scène . Vous me ferez un plaisir extrême de faire dépêcher les feuilles suivantes . Permettez-moi d'en acheter plusieurs exemplaires et de souscrire pour quatre exemplaires du total . Pellet me paraît un bon enfant et je m'intéresse tout à fait à lui 1. »

1 Cette lettre et des références ultérieures ont conduit à une découverte bibliographique importante : Le Théâtre français, ou Recueil de toutes les pièces françaises restées au théâtre . Avec les vies des auteurs, des anecdotes sur celles des plus célèbres acteurs et actrices, et quelques dissertations historiques sur le théâtre (1767-1769), 12vol. , avec une dédicace à Voltaire des éditeurs P. Pellet et fils datée du 15 avril 1767, publiée par les soins de V* avec des morceaux critiques de sa plume . Voir page 13 : https://elar.urfu.ru/bitstream/10995/21665/1/us2001-13.pdf

Voir Samuel Taylor : « La collaboration de Voltaire au Théâtre Français (1767-1769), Studies on Voltaire and the Eighteenth century, 1961 .

18/10/2022

Il y a des hommes qui ne sont jamais occupés qu'à nuire

... Liste interminable rien qu'en s'en tenant à des chefs d'Etats, de gouvernements, de ministères, d'églises et religions, il est alors quasi désespérant de tenter de compter aussi ceux qui les soutiennent et les encensent . Fort heureusement, ils ne sont pas immortels .

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17 avril [1767]

Monsieur, la famille des Sirven a renvoyé selon vos ordres, à M. de Courteilles, le mémoire signé pour être remis à M. l’avocat de Beaumont par votre entremise ; ayez la bonté de le retirer avec les autres pièces .

Toute notre famille est fort étonnée et très indignée de la démarche odieuse faite auprès de M. de Meaux . Il y a des hommes qui ne sont jamais occupés qu'à nuire . Nous prions Dieu, qui bénit notre petit commerce, qu'il ne vous fasse point tomber sous la dent de ces gens-là . M. Raitvole 1 dit vous avoir envoyé le livre cité par Fabricius 2, qu'il a eu bien de la peine à trouver . Il y a longtemps qu'on ne trouve plus dans nos quartiers de livres espagnols .

Mon épouse vous salue . J’ai l'honneur d'être très cordialement,

Boursier . »

1 Anagramme de Voltaire .

2 On ne comprends guère cette référence à Fabricius ; mais la mention des « livres espagnols » apprend qu'il s'agit des Questions de Zapata . Voir : https://books.google.fr/books?id=WDQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

17/10/2022

le blocus de mon petit pays me met à la gêne

... Ce qui, à l'opposé, réjouit complètement M. Martinez de la CGT ! M. Martinez vous êtes un fieffé tordu, et votre mantra "la réquisition est une atteinte intolérable au droit de grève" est celui d'un pauvre d'esprit malfaisant . 

Gilets Jaunes Infos - Voici la Une honteuse du Point, média subventionné  par notre argent et appartenant à un milliardaire! On pourrait changer le  titre par « Comment Macron ruine la France. »

 

 

 

« A Charles Bordes 

Je suis dans la nouvelle Scythie, mon cher monsieur, et j’ai perdu toute idée de l’ancienne . Je ne puis plus tenir au vent de bise et à votre éloignement. Les neiges qui m’entourent me rendent aveugle ; le vent me tue ; les tracasseries de Genève m’ennuient ; le blocus de mon petit pays me met à la gêne. On m’a parlé d’une jolie maison sur la Saône, à une lieue de votre belle ville. Si je puis l’acheter sur la tête de madame Denis, à un prix convenable, je ferai le marché, et je partagerai mon temps entre Ferney et cette maison. Mandez-moi sur votre honneur, je vous en prie, si vous avez eu aujourd’hui vendredi 17 avril, un vent affreux et de la neige.

Connaissez-vous l’Anecdote sur Bélisaire ? Si vous ne l’avez pas je vous l’enverrai, et tant que je serai près de Genève, je me charge de vous fournir toutes les nouveautés ; vous n’aurez qu’à parler. Adieu, mon cher confrère. Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

A Ferney , 17è avril 1767. 1»

1 L'édition de Kehl amalgame des extraits de cette lettre avec celle du 11 février 1767 et celle du 13 mai 1767 pour en faire une lettre unique ; Cayrol donne la version de l'original .

16/10/2022

Plus la rage du fanatisme exhale de poison, plus elle rend service à la vérité. Rien n’est plus heureux que de réduire ses ennemis à mentir

...

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

Le 16 Avril [1767]

En réponse à la lettre du 3 d’avril du cher grand-écuyer, je dirai à toute la famille que mon voyage à Montbéliard est absolument nécessaire ; mais je ne le ferai que dans la saison la plus favorable.

Le succès de l’affaire des Sirven me paraît infaillible, quoi qu’en dise Fréron. La calomnie absurde contre cette pauvre servante des Calas ne peut servir qu’à indigner tout le conseil, que cette calomnie attaquait vivement, en supposant qu’il avait protégé des coupables contre un parlement équitable et judicieux. Plus la rage du fanatisme exhale de poison, plus elle rend service à la vérité. Rien n’est plus heureux que de réduire ses ennemis à mentir.

Le prince au service duquel est Morival m’a mandé 1 qu’il l’avait fait enseigne, et qu’il aurait soin de lui. Il est aussi indigné que moi de cette abominable aventure, que j’ai toujours sur le cœur.

Nous sommes embarrassés de toutes les façons à Ferney. Vous pensez bien, messieurs, que les commis condamnés à restituer les cinquante louis d’or 2 cherchent à les regagner par toutes les vexations de leur métier. Nous sommes en pays ennemi. Il est triste de batailler continuellement avec les fermiers-généraux. Notre position, qui était si heureuse, est devenue tout à fait désagréable : il faut quelquefois savoir boire la lie de son vin. Nous serons plus heureux quand vous pourrez venir passer quelques mois chez nous. Notre transplantation à Hornoy est actuellement de toute impossibilité.

J’aurais souhaité que Tronchin eût été plus médecin que politique, qu’il se fût moins occupé des tracasseries d’une ville qu’il a abandonnée. S’il a pris parti dans ces troubles, il devait me connaître assez pour savoir que je me moque de tous les partis. Quoi qu’il en soit, il est plaisant que Tronchin soit à Paris, et moi aux portes de Genève, Rousseau en Angleterre, et l’abbé de Caveyrac 3 à Rome. Voilà comme la fortune ballotte le genre humain.

Je demande à M. le grand-Turc pourquoi son baron de Tott4 est à Neuchâtel. Dites-moi, je vous prie, mon Turc, si ce Turc de Tott vous a donné de bons mémoires sur le gouvernement de ses Turcs. N’êtes-vous pas bien fâché qu’Athènes et Corinthe soient sous les lois d’un bacha ou d’un pacha ?

Mille amitiés à tous. Le Turc est prié d’écrire un mot. »

1 Dans une lettre reproduite à propos de la lettre de V* à Frédéric II du 5 avril 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/22/il-faut-attaquer-le-monstre-par-les-oreilles-comme-a-la-gorg-6402425.html

2 Dans l’affaire Le Jeune. (G.Avenel.)

3 Apologiste de la révocation de l’édit de Nantes et de la Saint-Barthélemy. (G.Avenel.)

4Voir lettre du 11 avril 1767 à la marquise de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/29/on-ne-sait-plus-ou-se-fourrer-pour-etre-bien-je-sais-qu-il-f-6403824.html

V* a peut-être écrit à Tott car le 18 avril 1767, celui-ci lui envoya une lettre de Neuchâtel dont on sait seulement qu'elle contenait des détails sur les Turcs .

15/10/2022

felix qui potuit rerum cognoscere causas ! Heureux qui a pu pénétrer la cause des choses

... Par exemple, je ne comprends pas encore les causes de l'explosion du tarif de l'électricité ; dois-je me faire soigner ? Est-ce un racket institutionnel ?

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

16è avril 1767

Albi nostrorum sermonum candide judex.1 

Vous êtes sûrement du nombre des élus, monseigneur, puisque vous n’êtes pas du nombre des ingrats. Vous chérissez toujours les lettres, à qui vous avez dû les principaux événements de votre vie. Je leur dois un peu moins que Votre Éminence ; mais je leur serai fidèle jusqu’au tombeau. Je suis encore moins ingrat envers vous, qui avez bien voulu m’honorer de très bons conseils sur la Scythie. J’attends de Paris mon ouvrage tartare 2, pour vous l’envoyer dans le pays des Wisigoths, quoique assurément il n’y ait dans le monde rien de moins wisigoth que vous. Le blocus de Genève retarde un peu les envois de Paris. Cette campagne-ci sera sans doute bien glorieuse ; mais elle me gêne beaucoup. Dès que j’aurai ma rapsodie imprimée, j’y ferai coudre proprement une soixantaine de vers que vous m’avez fait faire, et je dirai : Si placeo, tuum est.3

Si Votre Éminence souhaite que je lui envoie le factum des Sirven, il partira à vos ordres . Il est signé de dix-neuf avocats ; c’est un ouvrage très bien fait. On y venge votre province de l’affront qu’on lui fait de la croire féconde en parricides. C’était à un Languedochien, et non à moi, de faire rendre justice aux Sirven et aux Calas. Mais ces deux familles infortunées s’étant réfugiées dans mes déserts, j’ai cru que la fortune me les envoyait pour les secourir.

Plus vous réfléchissez sur tout ce qui se passe, plus vous devez aimer votre retraite. La grosse besogne archiépiscopale me paraît fort ennuyeuse ; mais vous faites du bien, vous êtes aimé, et il vous appartient de vous réjouir dans vos œuvres 4, comme dit le livre de l’Ecclésiaste, attribué fort mal à propos à Salomon.

Oserai-je vous demander si vous avez lu le Bélisaire de mon ami Marmontel, qu’on appelle son petit-carême ? La Sorbonne le censure pour n’avoir pas damné Titus, Trajan, et les Antonins 5. Messieurs de Sorbonne seront sauvés probablement dans l’autre monde, mais ils sont furieusement sifflés dans celui-ci.

Riez, monseigneur : il faut souvent rire sous cape ; mais il est fort agréable de rire sous la barrette, felix qui potuit rerum cognoscere causas ! 6 etc.

Que Votre Éminence agrée le très tendre respect du vieux Suisse. »

1 Albus, juge sincère de nos propos ; Horace, Épîtres, I, iv, 1, avec une interversion .

2 Les Scythes .

3 Si je plais en quelque chose, cela t'appartient ; Horace, Odes, IV, iii, 24 .

4 Ecclésiaste, III, 22 .

5 La condamnation de la Sorbonne, Indiculus propositionum exerptarum ex libro cui titulus Bélisaire, ne parut qu'un peu plus tard . D'Alembert signale dans une lettre à V* du 4 mai 1767 qu'elle « vient de paraître » . Le point que V* signale ici consiste dans la huitième des trente-sept propositions condamnées par la Sorbonne .

6 Heureux qui a pu pénétrer la cause des choses ; Virgile, Georgiques, II, 90.

14/10/2022

si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n'avez qu'à parler

... On croirait entendre un PDG du pétrole s'adressant aux actionnaires , sachant bien que pas un sou ne manquera dans sa propre poche dans le temps qu'il donnera quelques primes et modestes pourcentages aux grévistes . Lesquels grévistes, en suivant des syndicats qui devraient tout faire pour la solidarité ouvrière, foulent cette dernière aux pieds, chaque catégorie jouant sa partie de "nous d'abord !" et en se gargarisant de yakas . N'oublions pas  dans cette cacophonie les élucubrations de la mouche du coche du  progrès social et de la pensée : Mélenchon "l'historien" , abrutissant abruti, menteur patenté, nouveau lèche-cul de la CGT, vivant fort confortablement , lui, sans angoisse en fin de mois .

https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/melen...

 

 

 

« A Jacques Lacombe

[vers avril 1767] 1

Si vous aviez pu répondre plus tôt, monsieur, je vous aurais envoyé tous les changements que j'ai faits à mesure pour mon petit théâtre de Ferney, et votre nouvelle édition des Scythes aurait été complète . Je vous les envoie à tout hasard par M. Marin .

Je suppose que la pièce a quelque succès : si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n'avez qu'à parler .

Je voudrais vous avoir donné un meilleur ouvrage ; mais à mon âge, on ne fait ce que l'on veut en aucun genre ; on boit tristement la lie de son vin .

Mandez-moi, le plus tôt que vous pourrez, quel est l'auteur du Supplément à la Philosophie de l'Histoire de feu M. l'abbé Bazin,2 mon cher oncle . C'est un digne homme, qui mérite de recevoir incessamment de mes nouvelles ; mais vous me ferez plus de plaisir de me donner des vôtres . »

1 Le manuscrit et l'édition incluent des fragments de la lettre du 16 mars 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/28/s... . Ce qui reste consiste en fragments de deux ou plusieurs lettres qui ne peuvent être identifiées avec certitude .

13/10/2022

moi j'écris pour agir

... Voltaire dixit . Voltaire fecit .

 

« A Jacob Vernes

[vers le 15 avril 1767]1

Oui sans doute vous aurez Les Scythes, car les Scythes sont des représentants qui gagnent leurs procès . Vous êtes un peu scythe vous et moi, mais il me faut un peu de temps pour que je vous ajuste un exemplaire . Comptez, mon cher huguenot, que les Sirven seront justifiés comme les Calas ; voici, en attendant Les Scythes, un petit imprimé 2 qui vous mettra au fait de leurs affaires ; je suis un peu opiniâtre de mon naturel . Jean-Jacques n'écrit que pour écrire, et moi j'écris pour agir .

Il paraît chez Philibert quatre Homélies 3 qu'on dit faites par un ami de Petitpierre 4. Cela sent le brave socinien, l'impudent unitaire à pleine bouche . Ce prédicant paraît aimer Dieu par Christ, mais il se moque furieusement de tout le reste ; le reste est pourtant fort bon, car il vaut cent mille livres à l’abbé de Saint-Gal, je vous en souhaite autant . »

1 L'édition Charles Dardier, « Esaïe Gasc », 1876, mêle quelques lignes de cette lettre à celle du 25 avril 1767, d'après la copie Beaumarchais et comme toutes les éditions .

2 Probablement la lettre ostensible citée à propos de la lettre du 21 mars 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/07/il-est-dangereux-il-detruirait-absolument-le-pouvoir-des-ecclesiastiques-av.html

3 Voir lettre du 5 avril 1767 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/23/nous-ajusterons-le-tout-tres-proprement-6402600.html .

Une prétendue « seconde édition » parut sous le titre Les Quatre Homélies, c'était au moins la troisième .

4 Sur ce Petitpierre, voir lettre du 26 décembre 1761 à Hermenches : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/26/il-faut-de-l-enfer-a-la-canaille-5737491.html