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23/12/2022

Je ne suis point surpris, monsieur, qu'un homme de votre mérite ait fait réussir un ouvrage médiocre

... Ceci étant à lire au second degré M. Sam Bankman Fied,  le mérite n'étant que du culot, et l'ouvrage une splendide escroquerie . Faut-il être couillon pour confier son argent à ces boni-menteurs et se croire millionnaire sans rien faire :

https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/cryptomonnaie-l-ex-...

 

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Directeur des spectacles

A Bordeaux

2è juin 1767 à Ferney

Je ne suis point surpris, monsieur, qu'un homme de votre mérite ait fait réussir un ouvrage médiocre . Si les comédiens de Paris étaient conduits par un homme comme vous, leur troupe serait meilleure qu'elle n'est. Vous me feriez plaisir de m'envoyer la pièce imprimée, quoique j'y aie fait depuis beaucoup de changements dont elle avait besoin. Vous n'auriez qu'à l'adresser à M. de Courteilles, du conseil royal des finances, à Paris, avec une seconde enveloppe sur laquelle vous auriez la bonté de mettre seulement : mémoire.

Si M. le maréchal de Richelieu est encore à Bordeaux le mois de juin, je vous enverrai une nouvelle édition qu'on fait actuellement à Lyon .

J'ai l'honneur d'être, avec tous les  sentiments que je vous dois , monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

V."

 

22/12/2022

Vous envoyez, monsieur, des tableaux à un aveugle, et des filles à un eunuque

... "Père Noël Monsieur le Président, je vous en prie, faites attention !" : signé Volodymyr Zelensky, depuis la Maison Blanche .

 

 

« Au marquis Francesco Albergati

Capacelli, Senatore di Bologna

etc.

à Vérone

2è juin 1767 à Ferney 1

Vous envoyez, monsieur, des tableaux à un aveugle, et des filles à un eunuque. L'état où je suis tombé ne me permet plus de lire. Un homme, qui prononce fort mal l'italien, m'a lu une partie de votre tragédie de chartreux 2 . Il m'a fait entendre dans son baragouin, de beaux vers sur un triste sujet. Le bonhomme saint Bruno ne s'attendait pas que ses moines fussent un jour le sujet d'une tragédie. Les jésuites fournissent actuellement une matière plus intéressante ; je les recommande à votre muse . La mienne, aussi languissante que mon corps, ne peut plus chanter les moines. Portez-vous mieux que moi, et vivez.

V. »

1 Original mention « f[ran]co Milano », cachet « Genè[ve ]» ; édition de Kehl . Albergati falsifia cette lettre en transformant tragédie de chartreux en traduction du Comminge, bon homme saint Bruno en saint homme Rancé et votre muse en quelque muse . ( voir  lettre 6904 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut )

2François-Thomas-Marie de Baculard d'Arnaud : Il Conte di Commingio, Dramma francese tradotta in versi sciolti dal marchese Francesco Albergati Capacelli . C'est une traduction des Amants malheureux, 1764 ; drame en trois actes et en vers, de d'Arnaud-Baculard, avait été imprimé en 1764.

Voir : https://it.wikipedia.org/wiki/Francesco_Albergati_Capacelli

et : https://books.google.fr/books?id=_UZaAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

21/12/2022

je ne me suis pas rebuté; et, tout vieux et infirme que je suis, je planterai aujourd'hui, sûr de mourir demain. Les autres en jouiront

... Y a-t-il encore au moins  un Voltaire dans le parti de ceux qui se disent écologistes ? Le doute est permis quand on voit leurs manoeuvres politicardes et leurs projets, basés sur des angoisses vraiment existencielles telle celle-ci : Pour des jouets sans stéréotypes de genre   !

Père/Mère/Truc-Machin Noël, fait gaffe EELV te tiens dans le colimateur , et donne la préférence au Père Fouettard,  la preuve : 

"Nous appelons  le gouvernement à imposer aux entreprises de développer et d’appliquer des engagements forts notamment contre la diffusion de stéréotypes, afin de s’attaquer aux représentations sexistes et lutter pour une société émancipatrice. 

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles EELV
La commission Féminisme d’EELV "

 Bravo à ces deux ravies de la crêche !

 

 

 

« A François-Thomas Moreau, seigneur de La Rochette 1

Au château de Ferney, par Genève, 1er juin.

Vous voulez, monsieur, que j'aie l'honneur de vous répondre sous l'enveloppe de monsieur le contrôleur général, et je vous obéis.

Il est vrai que j'avais fort applaudi à l'idée de rendre les enfants trouvés et ceux des pauvres utiles à l'État et à eux-mêmes 2. J'avais dessein d'en faire venir quelques-uns chez moi pour les élever. J'habite malheureusement un coin de terre dont le sol est aussi ingrat que l'aspect en est riant. Je n'y trouvai d'abord que des écrouelles et de la misère. J'ai eu le bonheur de rendre le pays plus sain en desséchant les marais. J'ai fait venir des habitants, j'ai augmenté le nombre des charrues et des maisons, mais je n'ai pu vaincre la rigueur du climat. Monsieur le contrôleur général invitait à cultiver la garance : je l'ai essayé ; rien n'a réussi. J'ai fait planter plus de vingt mille pieds d'arbres que j'avais tirés de Savoie; presque tous sont morts. J'ai bordé quatre fois le grand chemin de noyers et de châtaigniers les trois quarts ont péri, ou ont été arrachés par les paysans ; cependant je ne me suis pas rebuté; et, tout vieux et infirme que je suis, je planterai aujourd'hui, sûr de mourir demain. Les autres en jouiront.

Nous n'avons point de pépinières dans le désert que j'habite. Je vois que vous êtes à la tête des pépinières du royaume, et que vous avez formé des enfants à ce genre de culture avec succès. Puis-je prendre la liberté de m'adresser à vous pour avoir deux cents ormeaux qu'on arracherait à la fin de l'automne prochain, qu'on m'enverrait pendant l'hiver par les rouliers, et que je planterais au printemps ? Je les payerai au prix que vous ordonnerez. Je voudrais qu'on leur laissât à tous un peu de tête. Il y a une espèce de cormier qui rapporte des grappes rouges, et que nous appelons timier 3 ; ils réussissent assez bien dans notre climat. Si vos ordres pouvaient m'en procurer une centaine, je vous aurais, monsieur, beaucoup d'obligation. J'ai été très touché de votre amour pour le bien public celui qui fait croître deux brins d'herbe où il n'en croissait qu'un 4 rend service à l'État.

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus respectueuse, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire. »

 

1 Copie Beaumarchais-Kehl peu correcte ; édition de Kehl aussi inexacte place la lettre à la fin de l'année 1765 . La lettre a été ensuite publiée par Nicolas-Louis François de Neufchâteau, « Correspondance de Voltaire avec feu M. Moreau de La Rochette, inspecteur général des pépinières de France », Mémoires d'agriculture […] publiées par la Société d’agriculture du département de la Seine (Paris, An X -1801-1802) ; c'est le texte qui a été suivi .

Voir pages 58 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533755b/texteBrut

François-Thomas Moreau de La Rochette, né en 1720, inspecteur général des pépinières royales de France, mort le 20 juillet 179!. Voir : https://gillesdubois.blogspot.com/2010/03/moreau-de-la-rochette.html

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Thomas_Moreau_de_la_Rochette

3 Selon une note de François de Neufchâteau, il s'agit du « sorbier des oiseaux » , nommé timier dans la région de Genève (et non de Gênes comme l’écrit Littré ).

4 Mot de Swift dans Les Voyages de Gulliver : Brobdingnag, chap. VII : https://www.cosmovisions.com/Swift-Gulliver-Brobdingnag-7.htm

20/12/2022

Vous sentez la nécessité de tout cela

... Faut-il à nouveau imposer le port du masque dans l'espace public ?

OUI !

https://www.centrepresseaveyron.fr/2022/12/20/covid-19-faut-il-imposer-de-nouveau-le-port-du-masque-10879858.php

 

 

 

« A Henri Rieu

30 mai [1767]

Voici encore, mon cher ami, une petite pièce à mettre dans le recueil 1. Mais je vous supplie de garder un secret inviolable sur le nom de l'auteur, de retirer et de brûler le manuscrit aussitôt qu'il sera imprimé . Vous sentez la nécessité de tout cela . Les barbares qui ont persécuté mon ami 2 ne m'épargneraient pas, et je n'aurais pas comme lui un T... 3 pour me protéger .

Il me paraît que si le libraire a quelques relations à Lyon et dans les autres villes de province, il tirera un bon parti de ce recueil . Mille tendres amitiés à Mme Rieu . Je vous embrasse, mon cher ami, de toute mon âme .

Il serait bien nécessaire que vous présidiez à l’impression et que l'on vous envoyât au moins les secondes épreuves . 

2 Sans doute d'Alembert .

3 Probablement Turgot, si la précédente hypothèse est juste .

19/12/2022

Vous conservez votre gloire, mais la France a un peu perdu la sienne

... Est-ce ce que le président Macron a dit à Didier Deschamps après avoir fait des calinous à MBappé ?

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

27è mai 1767 à Ferney

Il me paraît, monseigneur, que le royaume du prince noir m'a été plus favorable que les Velches de Paris. J'en ai uniquement l'obligation au maître de l'Aquitaine 1. Il faut qu'il ait lui-même ordonné des répétitions sous ses yeux, et que l'envie de lui plaire ait mis les acteurs au-dessus d'eux-mêmes. Vous connaissez Paris il n'est rempli que de petites cabales en tout genre. Zaïre Oreste, Sémiramis, Mahomet, Tancrède, l'Orphelin de la Chine, tombèrent à la première représentation elles furent accablées de critiques, elles ne se relevèrent qu'avec le temps. On se faisait un plaisir de me mettre fort au-dessous de Crébillon, pour plaire à Mme de Pompadour, qui disait que le Catilina de ce Crébillon était la seule bonne pièce qu'on eût jamais faite. Voilà comme on juge de tout, jusqu'à ce que le temps fasse justice. S'il est permis de comparer les petites choses aux grandes, vous savez que le maréchal de Villars ne jouit de sa réputation qu'à l'âge de près de quatre-vingts ans. Le favori de Vénus, de Minerve, et de Mars, sait lui-même quelles contradictions il a essuyées dans sa carrière de la gloire. Il faut se soumettre à cette loi générale qui existe dans le monde, depuis le péché originel ; il mit dans le cœur humain l'envie et la malignité, qui sans doute n'y étaient pas auparavant.

Je vous avertis que nous avons ici la meilleure troupe de l'Europe, et que l'envie n'est point entrée dans notre tripot. Nous avons un jeune M. de La Harpe, auteur du Comte de Warwick. Il est, par sa figure et par la beauté de son organe, beaucoup plus fait que Lekain pour jouer Athamare. Jamais je n'ai rien vu de plus parfait qu'un M. de Chabanon, qui a joué Indatire. La femme de M. de La Harpe était Obéide. Sa figure est fort supérieure à celle de Mlle Clairon; elle a une voix aussi théâtrale, elle sait pleurer et frémir. Les deux vieillards étaient de la plus grande vérité. Je ne me suis pas mal tiré du rôle de Sozame; et surtout, quand je me plaignais des cours, je puis me vanter d'avoir fait une impression singulière. La pièce n'a point été ainsi jouée à Paris; il s'en faut de beaucoup. A qui en est la faute? à mon séjour en Scythie. M. d'Argental ne s'en est point mêlé il est très malade, et je crains même que sa maladie ne soit trop sérieuse.

J'avais vu chez moi Mlle Durancy, il y a quelques années je lui avais trouvé du talent, elle me demanda le rôle d'Obéide. On dit qu'elle le joua très mal à la première représentation, mais qu'à la troisième et quatrième elle fit un très grand effet. On me mande qu'elle joue avec beaucoup d'intelligence et de vérité, mais qu'elle n'est pas d'une figure agréable, et qu'elle n'a pas le don des larmes. On dit que les autres actrices n'ont point de talent, et que le théâtre tragique n'a jamais été dans un état plus pitoyable. On me mande que, lorsqu'un acteur de province se présente pour doubler les premiers rôles, ceux qui sont chargés de ces rôles ne manquent pas de les accabler de dégoûts et de les faire renvoyer 2. Si on est aussi malin dans ce tripot qu'à la cour, je vous réponds que vous n'aurez d'autre théâtre que celui de l'Opéra-Comique. C'est à vous, qui êtes doyen de l'Académie et premier gentilhomme de la chambre, de protéger les beaux-arts, ils en ont besoin. Vous savez dans quelle décadence est ma chère patrie dans tous les genres.

Vous conservez votre gloire, mais la France a un peu perdu la sienne. Il faut espérer que nous aurons du moins encore quelques crépuscules des beaux jours du siècle de Louis XIV. Agréez, monseigneur, mon tendre et profond respect.

V. »

1 Le maréchal de Richelieu était gouverneur de la Guyenne .

2 L'accord est fait non d'après la grammaire, mais d'après le sens ; on attendait de l'accabler de dégoûts et de le faire renvoyer .

18/12/2022

il m’a dit qu’il s’était donné tous les mouvements possibles pour prévenir l’exécrable catastrophe qui a indigné tous les gens sensés de l’Europe

... Paroles d'un confident d'Emmanuel Macron suite à l'agression de l'Ukraine par le despote Poutine ?

https://www.parismatch.com/lmnr/r/375,250,FFFFFF,forcex,center-middle/img/var/pm/public/media/image/2022/12/18/02/indira.jpg?VersionId=BwpGCYtsAv0O2RCs.OBU5biua5KjYeqq

Des reines de beauté pour des républicains admiratifs, dont je suis .

Longue vie à Indira Ampiot !

 

 

 

« A Jacques-Marie-Bertrand Gaillard d'Etallonde

26 Mai 1767

Je fus très consolé, monsieur, quand le roi de Prusse daigna me mander 1 qu’il vous ferait du bien. Il a rempli sur-le-champ ses promesses, et j’ai l’honneur de lui écrire aujourd’hui 2 pour l’en remercier du fond de mon cœur. Il est assurément bien loin de penser comme vos infâmes persécuteurs. Je voudrais que vous commandassiez un jour ses armées, et que vous vinssiez assiéger Abbeville. Je ne sais rien de plus déshonorant pour notre nation que l’arrêt atroce rendu contre des jeunes gens de famille, que partout ailleurs on aurait condamnés à six mois de prison.

Le nonce 3 disait hautement à Paris que l’inquisition elle-même n’aurait jamais été si cruelle. Je mets cet assassinat à côté de celui des Calas, et immédiatement au-dessous de la Saint-Barthelémy. Notre nation est frivole, mais elle est cruelle. Il y a peut-être dans la France sept à huit cents personnes de mœurs douces et de bonne compagnie qui sont la fleur de la nation, et qui font illusion aux étrangers. Dans ce nombre il s’en trouve toujours dix ou douze qui cultivent les arts avec succès. On juge de la nation par eux ; on se trompe cruellement. Nos vieux prêtres et nos vieux magistrats sont précisément ce qu’étaient les anciens druides, qui sacrifiaient des hommes : les mœurs ne changent point.

Vous savez que M. le chevalier de La Barre est mort en héros. Sa fermeté noble et simple, dans une si grande jeunesse, m’arrache encore des larmes. J’eus hier la visite d’un officier de la légion de Soubise 4, qui est d’Abbeville ; il m’a dit qu’il s’était donné tous les mouvements possibles pour prévenir l’exécrable catastrophe qui a indigné tous les gens sensés de l’Europe. Tout ce qu’il m’a dit a bien redoublé ma sensibilité. Quelle religion, monsieur, qu’une secte absurde qui se ne soutient que par des bourreaux, et dont les chefs s’engraissent de la substance des malheureux !

Servez un roi philosophe, et détestez à jamais la plus détestable des superstitions. »

2 On ne sait rien de cette lettre à Frédéric II, pas même si elle a jamais existé, du moins à cette date .

17/12/2022

si populus dives, rex dives / si le peuple est riche, le souverain est riche

... Il serait bon que l'inverse soit vrai : un riche roi pour un peuple riche lui aussi , n'est-ce pas Charles ?

 

 

"A Catherine II, impératrice de Russie

26 Mai [1767] 1

Un voyage en Asie ! Allez-vous l’entreprendre,

Belle et sublime Thalestris ?

Que ferez-vous dans ce pays ?

Vous n’y verrez point d’Alexandre

Hélas ! Votre Majesté Impériale ferait le tour du globe, qu’elle ne rencontrerait guère de rois dignes d’elle. Elle voyage comme Cérès la législatrice, en faisant du bien au monde. Je ne sais point la langue russe ; mais par la traduction que vous daignez m’envoyer 2, je vois qu’elle a des inversions et des tours qui manquent à la nôtre. Je ne suis pas comme une dame de la cour de Versailles, qui disait : « C’est bien dommage que l’aventure de la tour de Babel ait produit la confusion des langues, sans cela tout le monde aurait toujours parlé français ».

L’empereur de la Chine, Camhi, votre voisin, demandait à un missionnaire si on pouvait faire des vers dans les langues de l’Europe . Il ne pouvait le croire.

Je remercie Votre Majesté de la bonté qu'elle a de daigner s'intéresser pour deux paquets 3 envoyés de Suisse à l'Académie économique . Ils sont de deux Français qui demeurent entre la Franche-Comté et l’État de Berne .

Je reçois en ce moment une lettre de l'un d'eux . Elle m'apprend que la devise de l'un d'eux est ex tellure omnia 4, et celle de l'autre si populus dives, rex dives 5. Mais leur véritable devise est leur admiration pour votre personne . C'est assurément la mienne.

Que Votre Majesté Impériale daigne agréer mes sentiments et le très profond respect de ce vieux Suisse

Voltaire »

1L'édition de Kehl est incomplète des deux paragraphes qui précèdent le dernier ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

2 Il s’agit ici du Manifeste qui convoquait les députés pour la réforme des lois, et la politique à l'égard de la Pologne .

3Ces deux paquets ne sont pas, comme le dit Besterman l'Anecdote sur Bélisaire et la Lettre sur les panégyriques . Il s'agit de mémoires envoyés à la Société économique de Saint-Pétersbourg, comme l'indique clairement le texte de la lettre de Catherine II à laquelle V* répond ici .

Voir lettre de Catherine, du 26 mars 1767 (6 avril nouveau style ) : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

et sa version complète : « Monsieur, j’ai reçu votre lettre du 27 Février, où vous me conseillez de faire un miracle pour changer le climat de ce pays. Cette ville-ci était autrefois très accoutumée à voir des miracles, ou plutôt les bonnes gens prenaient souvent les choses les plus ordinaires pour des effets merveilleux ; j’ai lu dans la préface du concile du tzar Ivan Basilewitz, que lorsque le tzar eut fait sa confession publique, il arriva un miracle ; le soleil parut en plein midi, et que la lueur donna sur lui, et sur tous les pères rassemblés ; notez que ce prince, après avoir fait une confession générale à haute voix, finit par reprocher au clergé, dans des termes très vifs, tous ses désordres, et conjura le concile de le corriger, lui, et son clergé aussi. A présent les choses sont changées. Pierre-le-Grand a mis tant de formalités pour constater un miracle, et le synode les remplit si strictement, que je crains d’exposer celui dont il vous plaît de me charger avant votre arrivée. Cependant, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour procurer à la ville de Pétersbourg un meilleur air ; il y a trois ans qu’on est après à saigner par des canaux les marais qui l’entourent, à abattre les forêts de sapins qui la couvrent au midi , et dès à présent il y a déjà trois grandes terres occupées par des colons, là où un homme à pied ne pouvait passer sans avoir de l’eau jusqu’à la ceinture : les habitants ont semé, l’automne dernier, leurs premiers grains.

Comme vous paraissez, monsieur, prendre intérêt à ce que je fais, je joins à cette lettre la moins mauvaise traduction française du Manifeste que j’ai signé le 14 décembre de l’année passée et qui a été si fort estropié dans les gazettes de Hollande, qu’on ne savait pas trop ce qu’il pouvait signifier ; en russe, c’est une pièce estimée : la richesse et les expressions fortes de notre langue l’ont rendue telle , la traduction en a été d’autant plus pénible. Au mois de juin, cette grande assemblée commencera ses séances, et nous dira ce qui lui manque , après quoi on travaillera à aux lois que l’humanité, j’espère, ne désapprouvera pas ; d’ici à ce temps-là, j’irai faire un tour dans différentes provinces, le long du Volga ; et au moment peut-être que vous vous y attendrez le moins, vous recevrez une lettre datée de quelque bicoque de l’Asie. Je serai là, comme partout ailleurs, remplie d’estime et de considération pour le seigneur du château de Ferney.

Catherine .

P.S. – Le comte Schouvallow m'a montré une lettre par laquelle vous lui demandez, monsieur, des nouvelles de deux écrits envoyés à la Société économique de Pétersbourg . Je sais que parmi une douzaine de mémoires qui lui ont été envoyés pour résoudre sa question, il y en a un en français qui est adressé par Schaffouse . Si vous pouviez m'indiquer les devises de ceux pour lesquels vous vous intéressez, je ferai demander à la Société si elle les a reçus . »

4 Nous corrigeons le texte de Besterman, ex tellusa omnia, les mots du texte signifient tous les biens proviennent de la terre . C'est une des thèses favorites des physiocrates, voir L'Homme aux quarante écus .

5 Traduction : si le peuple est riche, le souverain est riche .