11/01/2021
ce qui était décent alors est ridicule aujourd’hui
... Par exemple , comme le titre Le Monde : « La France prend le chemin d’une autocensure galopante des artistes et des programmateurs afin d’éviter les ennuis »
« A Gabriel Cramer
Si monsieur Caro avait quelque dessein de venir à Ferney aujourd'hui jeudi, nous le prions maman et moi de venir souper et coucher et non pas dîner ; nous lui en dirons la raison, et je me flatte que monsieur Caro sera pas mécontent de son vieux correcteur d'imprimerie .
Jeudi matin [septembre 1765]
N.B. -- Je vous envoie un petit avertissement qu'il me paraît très nécessaire de placer à la tête de vos Nouveaux mélanges . Je vous avoue qu'il est triste pour mon amitié et pour mon amour-propre que vous ayez commencé cette édition et que vous en ayez fait deux volumes entiers sans me consulter . Les choses seraient plus dans leur ordre, et j'aurais eu le temps de vous procurer des pièces fugitives mieux travaillées .
Je suis très affligé de la page 254 du premier volume 1.
Il y a trois lignes en italique qui étaient fort convenables pendant le procès des Calas, mais ce qui était décent alors est ridicule aujourd’hui . Je vous prie très instamment de faire mettre un carton à cette page 254 en supprimant seulement les trois lignes qui la finissent .
Je vous gronde comme éditeur, et je vous en demande pardon comme à mon ami . »
1 Effectivement publié .
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10/01/2021
Je présente mes respects aux deux fesses de madame Cramer, et je m'intéresse fort à leur infortune
... Sacré Volti ! Il sait parfois frapper sous la ceinture et ça me fait bien rire . J'aurais aimé voir la tête de Cramer !
« A Gabriel Cramer
[septembre 1765] 1
J'envoie à monsieur Caro quelques estampes de Pierre le Grand, qui pourront servir à orner son Histoire . J'ai quelques additions et quelques corrections à faire à cet ouvrage 2, mais j'ai malheureusement trois seconds volumes, et pas un premier . Je pris monsieur Cramer de vouloir bien me faire brocher les feuilles du premier volume, sans quoi je ne puis rien faire .
Il y a un livre nouveau d'un M. de Peyssonnel 3, consul en Asie et dans le Nord , sur l'origine et sur la langue des Sclavons ; il est imprimé à Paris chez Tilliard, à ce qu'on dit on peut en tirer des lumières . Je l'ai fait demander, je n'ai point de réponse . Si monsieur Cramer a de meilleures correspondances que moi, et s'il peut faire venir ce livre incessamment, c'est une chose qu'il ne faut pas négliger .
Je présente mes respects aux deux fesses de madame Cramer, et je m'intéresse fort à leur infortune .
V. »
1 V* recevra les Observations [...] de Peyssonnel ( dont le privilège date du 2 et 7 août 1765 ] au début décembre ou fin novembre, d'où la date proposée .
2 L'édition de 1765 ne comporte en fait aucune modification et même les errata des éditions précédentes ne sont pas incorporés au texte .
3 Charles de Peyssonnel : Observations historiques et géographiques sur les peuples barbares qui ont habité les bords du Danube et du Pont-Euxin . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12044459/charles_de_peyssonnel/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Charles_de_Peyssonnel
et : https://books.google.fr/books?id=IB8VAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
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09/01/2021
le caractère de la vérité , ce qui est une chose assez rare en livres comme en hommes
... Et plus rare encore quand l'auteur est homme politique, ex-président, ex-ministre, député, sénateur, etc., la dose de mensonge et de vérité fluctuant au gré de l'envie de se faire bien voir, geais voulait se parer des plumes du paon . Les éditeurs sont très friands de ces racontars et heureux d'en gaver le peuple des fans ex-électeurs .
Ces ouvrages seront-ils répertoriés par Library Explorer ?
https://actualitte.com/article/97951/usages-numeriques/pa...
https://blog.openlibrary.org/2020/12/16/introducing-the-o...
« A Henri Temple, second vicomte Palmerston 1
11è septembre 1765 à Ferney
My Lord,
J'ai reçu le petit livre dont vous avez eu la bonté de me favoriser 2. Ce que j'en ai déjà parcouru me parait porter le caractère de la vérité , ce qui est une chose assez rare en livres comme en hommes . Je suis très sensible au présent que vous me faites, et je l'étais encore davantage à votre mérite, quand vous me faisiez quelquefois l'honneur de venir dans ma retraite 3. Je ne perdrai jamais le souvenir des heures que j'y ai passées avec vous .
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux
My Lord
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
2 Ouvrage non connu . Il fera paraître Verses and diary in France, en 1791 ; https://venn.lib.cam.ac.uk/cgi-bin/search-2018.pl?sur=&suro=w&fir=&firo=c&cit=&cito=c&c=all&z=all&tex=PLMN757HT&sye=&eye=&col=all&maxcount=50
3 En 1763 , alors qu'il allait en Italie .
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08/01/2021
Il faut donc qu'il y ait dans la nation un grand fond d'esprit, que la barbarie du gouvernement avait abruti
... Condition sine qua non pour que les USA en finissent avec la dictature Trump . Ce faux-jeton devrait être soigné d'urgence, il a malheureusement encore le temps de faire bien des boeufferies . Il est impossible qu'il soit sain de corps et d'esprit . Vite des gentils messieurs en blouse blanche pour lui enfiler sa camisole avec consigne de ne le libérer que sur un golf , sans connexion Internet .
Good swing !
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
10è septembre 1765
La mort de M. de Bercher 1 et l'état languissant de M. Seigneux 2 mêlent actuellement de la tristesse à tous les agréments dont vous jouissez ; je partage vos peines autant que vos plaisirs . Nous avons de notre côté perdu M. de Montpéroux . Il m'a fait le passe-droit d'aller avant moi dans l'autre monde, quoiqu'il fût mon cadet de près de dix années . C’est une jolie place à donner, aussi est-elle demandée par plus de trente concurrents du nombre desquels je n'ai pas assurément l'honneur d'être ; et je la refuserais tout net si on me l'offrait . Il y a plus d'un an que je ne suis sorti de chez moi, mes maladies et ma faiblesse augmentent , mais ma consolation est de voir qu'on a du plaisir dans ma retraite . Mme d'Hermenches y a entendu Mlle Clairon, et a été bien étonnée . Je l'ai été moi-même, je ne la connaissais pas . Il y avait près de vingt ans que je ne l'avais vue .
J'ai eu le bonheur d'avoir chez moi M. et Mme de Shouvaloff, et ce qui vous paraîtra peut-être bien singulier c'est que M. de Shouvaloff jouera dans quelques jours Égisthe dans Mérope sur mon petit théâtre . Je ne m'attendais pas quand Pierre le Grand faisait des matelots de ses boyards, [que] l'un d'eux viendrait un jour jouer la comédie dans votre voisinage . Ce Russe a l'air d'être né à Paris dans la meilleure compagnie . Vous avez sans doute vu en Hollande M. de Voronzoff ; celui-là est encore très aimable dans un goût tout différent . Il faut donc qu'il y ait dans la nation un grand fond d'esprit, que la barbarie du gouvernement avait abruti, et que Pierre le Grand a développé . Les lois influent donc plus sur les hommes que le climat ; la Grèce et Rome en sont un bel exemple . Les philosophes sont actuellement à Pétersbourg, et l'impératrice est à sa tête .
Je ne suis point surpris, monsieur, que quand vous êtes à votre régiment vous soyez tout militaire ; vos devoirs sont toujours votre première passion ; et vous savez mieux que personne les accorder avec vos plaisirs .
Je suis bien sensible à la bonté que vous avez de vous entretenir quelquefois avec M. le duc d'Aremberg 3 . Je vous demande votre protection auprès de lui et de M. le prince de Ligne, leur souvenir m'est bien précieux .
Adieu , monsieur, Mme Denis vous fait mille compliments . Elle repasse son rôle de Mérope . Pour moi j'ai demandé mon congé comme Sarrazin . Mille tendres respects .
V. »
1 David de Saussure, baron de Bercher, mort le 26 août 1765 : http://www.perey.org/genealogy/gedhtree/np83.htm
et voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5851140g/texteBrut
et voir : page 188 (195 du PDF) : https://doc.rero.ch/record/11923/files/gf_584_1_partie1.pdf
David-Louis Constant est le fils de Samuel Constant et Rose de Saussure .
2 Jean-Samuel de Seigneux, beau-père de Constant, mourra le 19 mars 1766 ( et non le 7 décembre 1766 comme indiqué dans le Recueil de généalogies vaudoises, 1923). Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/017871/2010-10-22/
et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=jean+samuel&n=de+seigneux
et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=anne+louise+francoise&n=de+seigneux
3 Charles-Léopold-Marie-Raymond de Ligne, prince d'Arenberg : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Marie_Raymond_d%27Arenberg
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07/01/2021
Malheur à tous ceux qui viennent les derniers, dans quelque genre que ce puisse être ! l’attention du public n’est plus pour eux
... Permettez-moi de mettre en vedette un qui n'est pas dernier et qui me semble ne plus être écouté, surtout pour ses oeuvres engagées . Passez un bon moment avec Pierre Perret : https://www.youtube.com/watch?v=FrQSxMIGSHg
Merci Pierrot et bravo .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
9 septembre 1765
Notre résident Montpéroux vient de mourir 1 ; à qui donnera-t-on cette place ? Je voudrais bien que ce fût à un philosophe. Plusieurs personnes la demandent. Je ne connais point du tout par moi-même M. Astier, qui est en Hollande, et qui a, dit-on, bien servi ; mais je sais qu’il est fort sage et fort paisible. Il est sans doute convenable de ne pas envoyer dans cette ville un bigot fanatique.
Je songe à ce pauvre Tercier, qui a perdu si mal à propos sa place 2 pour avoir approuvé un livre médiocre , qui n’était que la paraphrase des Pensées de [La] Rochefoucauld. Si nous pouvions l’avoir, ce serait une grande consolation. Quoi qu’il en soit, je supplie instamment mes anges de nous envoyer un résident philosophe.
M. de Chauvelin, l’ambassadeur à Turin, m’a mandé qu’il vous enverrait la petite drôlerie de l’ex-jésuite : mais à quoi vous servira-t-elle, mes divins anges ? Cet exemplaire est, à la vérité, un peu plus complet que le vôtre ; mais il y a encore beaucoup de choses à corriger. Ne vaudrait-il pas mieux renvoyer au petit prêtre sa guenille en droiture ? Je vous ai déjà dit 3 que je recevais sans difficulté les paquets contresignés qui m’étaient adressés. Et où serait le mal quand on enjoliverait ce paquet d’une demi-feuille de papier, dans laquelle on écrirait : Voilà ce que M. le duc de Praslin, vous envoie ; il trouve vos vers fort mauvais, et vous recommande de les corriger, ou telle autre chose semblable ? Il me semble que cette grande affaire d’État peut se traiter très facilement par la poste ; on renverra le tout avec une préface des plus honnêtes, et toutes les indications nécessaires à l’ami Lekain.
Je suis toujours très émerveillé de la défense qu’on a faite au roi de donner le privilège à madame Calas de vendre une estampe. J’ai déjà fait quelques souscriptions dans ma retraite, et M. Tronchin en a fait bien davantage, comme de raison. Je plains bien mes pauvres Sirven. Malheur à tous ceux qui viennent les derniers, dans quelque genre que ce puisse être ! l’attention du public n’est plus pour eux. Il faudrait à présent avoir eu deux hommes roués dans sa famille pour faire quelque éclat dans le monde.
Je m’imagine que l’affaire des dîmes sera décidée à Fontainebleau. Il en est de cette besogne comme de celle de l’ex-jésuite ; il n’importe en quel temps elles finissent, pourvu que mes anges et M. le duc de Praslin les favorisent toutes deux.
Tout ce qui est dans ma petite retraite se met au bout des ailes de mes anges.
V. »
1 Mort le 7 septembre ; son successeur est Hennin ; voir lettre du 29 septembre 1765 à Hennin : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/10/correspondance-annee-1765-partie-29.html
2 Jean-Pierre Tercier a perdu sa charge aux Affaires étrangères, pour avoir accordé une approbation au livre De l'esprit, d'Helvétius . Voir : https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1955_num_113_1_449519
3 Lettre du 4 septembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/01/01/il-faut-vivre-et-mourir-dans-l-amour-de-la-verite-6287802.html
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06/01/2021
je ne désapprouve pas qu’on dise bénédicité , mais je souhaite qu’on s’en tienne là, parce que si l’on va plus loin, on ne s’entend plus ; l’assemblée devient cohue et on dispute à chaque service
... Bénédicité à la scout : "Ego sum pauper" : oui, surtout en esprit :
Benedicite ! Pauperibus saturabuntur…
Que vienne votre Bénédiction,
Et que les pauvres en soient rassasiés.
Ridicule , à en pleurer ! Rassasiés ? les pauvres en ont même une indigestion . Ô religieux de tout poil comment faites-vous pour trouver des âneries pareilles ?
On peut, heureusement, parfois trouver un poil d'humour catho : https://fr.calameo.com/read/00292724462ae09cdaf3c
« A Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d'Autrey 1
6è septembre 1765
Ce n’est donc plus le temps, monsieur, où les Pythagore voyageaient pour aller enseigner les pauvres Indiens 2 ; vous préférez votre campagne à mes masures. Soyez bien persuadé que je mourrai très affligé de ne vous avoir point vu. J’ai eu l’honneur de passer quelque temps de ma vie avec madame votre mère 3 dont vous avez tout l’esprit avec beaucoup plus de philosophie.
Si j’avais pu vous posséder cet automne, vous auriez trouvé chez moi un philosophe 4 qui vous aurait tenu tête, et qui mérite de se battre avec vous . Pour moi, je vous aurais écouté l’un et l’autre, et je ne me serais point battu . J’aurais tâché seulement de vous faire une bonne chère plus simple que délicate. Il y a des nourritures fort anciennes et fort bonnes, dont tous les sages de l’antiquité se sont toujours bien trouvés. Vous les aimez, et j’en mangerais volontiers avec vous ; mais j’avoue que mon estomac ne s’accommode point de la nouvelle cuisine. Je ne puis souffrir un ris de veau qui nage dans une sauce salée, laquelle s’élève quinze lignes au-dessus de ce petit ris de veau. Je ne puis manger d’un hachis composé de coq d'Inde, de lièvre, et de lapin, qu’on veut me faire prendre pour une seule viande . Je n’aime ni le pigeon à la crapaudine, ni le pain qui n’a pas de croûte. Je bois du vin modérément, et je trouve fort étranges les gens qui mangent sans boire, et qui ne savent pas même ce qu’ils mangent.
Je ne vous dissimulerai pas même que je n’aime point du tout, qu’on se parle à l’oreille, quand on est à table, et qu’on dise ce qu’on a fait hier à son voisin, qui ne s’en soucie guère ou qui en abuse ; je ne désapprouve pas qu’on dise bénédicité , mais je souhaite qu’on s’en tienne là, parce que si l’on va plus loin, on ne s’entend plus ; l’assemblée devient cohue et on dispute à chaque service.
Quant aux cuisiniers, je ne saurais supporter l’essence de jambon, ni l’excès des morilles, des champignons, et de poivre et de muscade, avec lesquels ils déguisent des mets très sains en eux-mêmes, et que je ne voudrais pas seulement qu’on lardât.
Il y a des gens qui vous mettent sur la table un grand surtout 5 où il est défendu de toucher ; cela m’a paru très incivil ; on ne doit servir un plat à son hôte que pour qu’il en mange ; et il est fort injuste de se brouiller avec lui, parce qu’il aura entamé un cédrat qu’on lui aura présenté . Et puis, quand on s’est brouillé pour un cédrat, il faut se raccommoder et faire une paix plâtrée 6, souvent pire que l’inimitié déclarée.
Je veux que le pain soit cuit au four, et jamais dans un privé. Vous auriez des figues au fruit, mais dans la saison.7
Un souper sans apprêts, tel que je le propose, fait espérer un sommeil fort doux et fort plein, qui ne sera troublé par aucun songe désagréable.
Voilà, monsieur, comme je désirerais d’avoir l’honneur de manger avec vous. Je suis un peu malade à présent ; je n’ai pas grand appétit, mais vous m’en donneriez et vous me feriez trouver plus de goût à mes simples aliments.
Madame Denis est très sensible à l’honneur de votre souvenir. Elle est entièrement à mon régime. C’est d’ailleurs une fort bonne actrice ; vous en auriez été content dans une assez mauvaise pièce à la grecque, intitulée Oreste, et vous l’auriez écoutée avec plaisir, même à côté de mademoiselle Clairon.
Conservez-moi au moins vos bontés, si vous me refuser votre présence réelle.
V. »
2Ceci fait penser à l'Aventure indienne et suggère que ce qui suit a une valeur symbolique . Tous les détails culinaires suivants peuvent être interprétés comme des symboles de l'Eucharistie, du déisme et athéisme (antiquité et « nouvelle cuisine » ), confession, etc . dont V* se moque . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Aventure_indienne
3 Marie-Thérèse Fleuriau d'Armenonville : voir https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=marie+therese&n=fleuriau+d+armenonville
Elle est mentionnée dans une lettre du 23 octobre 1734 de la marquise Emilie du Châtelet au comte de Forcalquier : https://www.ader-paris.fr/lot/103637/12608654?npp=50&offset=50&
4 Damilaville ; le 6 août 1765, Cramer écrit à Grimm : « Je pense tout le bien possible de la personne qui va venir ici [...] mais je vous avoue que je ne suis pas content de voir que l'on abuse des passions d'un homme dont on se fait l'apôtre et dont on se dit l'ami ; que l'on échauffe sa tête sur le point qui la rend plus inflammable, tandis que nous ne pouvons pas suffire ici à jeter de l'eau dessus ; en un mot qu'on l'excite à faire des folies dangereuses, et qu'on lui en fasse faire tous les jours . Il est bien déplorable, il est bien abominable qu'un homme pour qui la nature et la fortune Se sont épuisées [...] passe sa vie à faire des sottises, à les replâtrer, à les nier, à s'en vanter, et finisse toujours par mourir de peur ... »
5 « Grande pièce de vaisselle qui couvre le milieu d'une table pendant le repas et que laquelle on met des fleurs, des fruits, etc. »
6 Expression employée par Mme de Sévigné : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62940272/texteBrut, lettre XXXVI .
Plâtrer ici c'est « revêtir d'un apparence spécieuse », comme on le trouve chez le Tartuffe de Molière : « Sous le dehors plâtré d'un zèle spécieux. », Ac. I, sc. 5, vers 360, http://www.toutmoliere.net/img/pdf/tartuffe.pdf
7 Ce paragraphe et les deux suivants sont à interpréter à la façon du « catéchisme du Japonais » du Dictionnaire philosophique . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Cat%C3%A9chisme_du_Japonais
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05/01/2021
Je ne puis regarder la défense que comme une folie passagère qu'on aura honte de soutenir
... La défense d'aller au cinéma, au théâtre, et tous lieux où on sait pourtant dispenser les précautions anti-contagion et qui malgré tout sont encore mis sous cloche , alors que les transports en commun vont leur train-train quotidien [NDLR - blague SNCF] .
Il est vrai que la honte d'un ministre est aussi fréquente que mes gains au loto . Comment notre cher ministre de l'Intérieur s'est-il fait berner par une bande de 2000 jeunes cons fêtards à Lieuron dans le même temps que les forces de police et gendarmerie verbalisaient dans le reste du pays les "dangereux" contrevenants au couvre-feu ?
https://www.20minutes.fr/societe/2944783-20210104-rave-pa...
Clin d'oeil : https://www.francebleu.fr/emissions/l-humeur-de-willy-rovelli
« A Etienne-Noël Damilaville
6 septembre 1765
Mon cher frère, je croyais l'affaire de l'estampe accommodée . J'avoue qu'il s'est passé dans le monde des choses plus barbares, comme par exemple les massacres de Josué, les proscriptions de Sylla , celle du Triumvirat, la Saint-Barthélémy , etc., etc., etc., mais je n'ai jamais entendu parler d'une chose si injuste, si ridicule .
J'ai déjà fait une cinquantaine de souscriptions dans ma masure, et M. Tronchin doit en avoir fait quatre fois autant . Je ne puis regarder la défense que comme une folie passagère qu'on aura honte de soutenir .
Le philosophe qui est chez moi 1 et qui n'est pas philosophe de Môtiers-Travers, s'est emparé de tous les exemplaires des petits versiculets faits à l'honneur de Mlle Clairon . Il vous en fera tenir ou il vous en portera lui-même .
Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de ma philosophe . Je suis assez barbare pour lui souhaiter une maladie qui la fasse revenir à Genève . Je ne peux vous écrire de ma main . Je suis bien faible mais mes sentiments pour vous ne le sont pas . »
1 Damilaville .
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