28/12/2020
Vous avez goûté le plaisir d’être père, et moi j’ai été inutile au monde ; ce n’est pas ma faute. Je me console autant que je puis par le plaisir insipide de bâtir et de planter
... Je suis toujours ému quand ce cher Patriarche parle de paternité et ses regrets de n'avoir pas été fertile ; il est remarquablement sincère alors, et ses soins et attentions pour des enfants le prouvent .
Petit neveu de Voltaire
https://ne-np.facebook.com/ChateaudeVoltaire/photos/-le-p...
( j'étais là le jour de la photo, bon souvenir )
« A Nicolas-Claude Thieriot etc.
Gremion 1
30è auguste 1765 2
Mon ancien ami, le séjour de Mlle Clairon et ma santé, qui empire tous les jours, ne m’ont pas permis de vous écrire. Je goûte une vraie satisfaction d’avoir M. Damilaville dans mon ermitage. C’est un vrai philosophe ; cela ne ressemble pas à Rousseau, qui ne sait pas même prendre le masque de la philosophie. Savez-vous que, pour être admis à sa communion hérétique dans la ville où il aboie, il avait promis et signé de sa main qu’il écrirait contre l’ouvrage abominable d’Helvétius 3 ? Ce sont ses propres termes, et M. de Montmolin, son curé, avec lequel il s’est brouillé, et contre lequel il a écrit, a fait imprimer cette belle promesse. Le chien qui accompagnait Diogène aurait eu honte d’une pareille infamie.
On écrit beaucoup à Genève pour et contre les miracles 4, et il y a eu des gens assez sots pour croire que je me mêlais de cette petite guerre théologique. J’en étais bien loin, je ne me mêlais que des miracles de Mlle Clairon. Elle m’a étonné dans Aménaïde et dans Electre, qu’elle a jouées sur mon petit théâtre. Ce n’est point moi qui suis l’auteur de ces deux rôles, c’est elle seule. Je crois que le public de Paris ne la reverra plus, mais sûrement il la regrettera . La perte sera légère pour vous, qui n’allez presque jamais au spectacle.
Nous marions donc tous deux des filles ; mais vous avez un grand avantage sur moi, vous mariez celle que vous avez faite. Vous avez goûté le plaisir d’être père, et moi j’ai été inutile au monde ; ce n’est pas ma faute. Je me console autant que je puis par le plaisir insipide de bâtir et de planter. La mémoire de madame de Tencin m’est chère, puisqu’elle a mis au monde d’Alembert ; il a été sur le point d’en sortir , les jansénistes en auraient été bien aises, mais tous les honnêtes gens auraient été bien affligés.
Vivez, mon cher ami, et portez-vous mieux que moi.
V.»
1 Une autre main a ajouté « Quai / des Célestins / à Paris »
2 Thieriot a écrit le 5 août 1765 : « Notre philosophe Damilaville m'a dit qu'il vous avait fait savoir par une main étrangère l'assaut qu'il a eu a à soutenir lorsqu’il était prêt à vous aller trouver . Je lui avais fait mes adieux, je le croyais déjà bien loin , lorsqu’au bout de deux jours en me retirant le soir et voyant son appartement ouvert et illuminé l'inquiétude me prit, j'allai chez lui, je le trouvai la tête empaquetée, les pieds dans l'eau, saigné et ressaigné copieusement, la fièvre et l'insomnie continuant . Tout cependant commence à s'apaiser [...] on ne peut pas fixer encore quand il sera en état de remplir ses souhaits et les vôtres . Je désire encore plus que vous et lui de pouvoir l'accompagner, mais les temps sont venus qu'une grande fille de dix-huit ans me demande à se marier . Elle épouse un fondeur de caractères qui a de l'habileté et même du génie . Ils ne sont que six dans Paris de cette profession [...] Archimède a été fort malade, mais Bouvard l'a bien vite débarrassé et remis en état de convalescence chez M. Wattelet à sa maison sur le boulevard où il est en meilleur air que dans la rue Michel-Lecomte . Tout s'arrangera pour la pension [...] Mlle Clairon dit en prenant congé de M. le maréchal de Richelieu que son cœur était à M. de Valbelle, son âme à M. de Voltaire et son talent au roi . Vous a-t-on instruit du nouveau goût dominant pour les feux d'artifice ? On en exécute toutes les semaines sur les boulevards, dans les faubourgs et les guinguettes à qui mieux mieux . On en fait un spectacle réglé et coupé par des actes où les dieux et des personnages interviennent . Les têtes falottes de nos Français s'accommodent assez de cette confusion bizarre et singulière pour abandonner l'Opéra, la Comédie et les Italiens . »
3 Rousseau avait non pas écrit, mais dit au pasteur Montmolin qu’il avait eu en vue, dans son Émile, de s’élever contre le livre infernal de l’Esprit. (Georges Avenel )
4 Première référence aux Questions sur les miracles ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier
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27/12/2020
Ce que j’avais prévu, et voulu empêcher, est arrivé
... dit Michel Barnier qui, visiblement, en a plus qu'assez de ses discussions avec les Brit's , leurs idées surannées , et songe à revivre enfin au XXIè siècle :
Crazy magicians !
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
A Genève, 30 août 1765
J’ai déjà eu l’honneur de mander à mon héros des nouvelles de Mlle Clairon. Je crois lui avoir dit qu’elle avait désobéi à Tronchin, en jouant sur mon petit théâtre de marionnettes les rôles d’Electre et d’Aménaïde. Je lui répète que jamais ni Baron ni Mlle Lecouvreur n’ont approché d’elle. Mais je peux vous assurer que je ne suis point coupable de sa désobéissance à la médecine. Ce que j’avais prévu, et voulu empêcher, est arrivé ; il lui a pris une perte de sang affreuse ; il lui a fallu du temps pour se remettre . Elle est partie pour la Provence dans un carrosse où elle est couchée. Tronchin lui a dit que, si elle remontait sur le théâtre, il ne répondait pas de sa vie, et qu’il ne se mêlerait jamais de sa santé. Elle a répondu que, quand le roi daignerait vouloir l’entendre, elle serait, comme ses autres sujets, prête à hasarder sa vie pour lui plaire, mais que partout ailleurs elle serait très docile aux ordonnances de Tronchin.
Nous sommes ici une troupe de malades dont j’ai l’honneur d’être le doyen, et qui, malgré notre obéissance aux oracles d’Esculape, ne nous en portons pas mieux. Madame la comtesse d’Harcourt est dans son lit depuis quatre ans. J’ai un parent, âgé de vingt-quatre ans, devenu paralytique pour le reste de sa vie 1. Pour moi, je partage mes misères entre Genève et cette petite maison où je vous ai fait ma cour. Il y a des jours où je suis aveugle ; il y en a d’autres où mes yeux me rendent quelque service, et je saisis ces moments-là pour vous renouveler l’attachement le plus respectueux et le plus tendre qu’on puisse avoir pour vous . J’ai toujours eu envie de vous demander si vous aviez lu les lettres de Henri IV à Corisande 2, qui sont imprimées dans l’Essai sur l’histoire générale et placées mal à propos après le chapitre de Louis XIII. Elles sont curieuses, et méritent votre attention.
Conservez-moi, monseigneur, des bontés qui font le charme de ma vie.
V.
Voici la rapsodie qu’on a faite pour mademoiselle Clairon 3. »
1 Son neveu Daumart ; voir lettre du 9 mai 1764 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/11/on-est-entoure-alors-d-hypocrites-qui-vous-obsedent-pour-vous-faire-penser.html
2 Voir lettre du 25 juillet1762 à La Motte-Geffrard : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/13/je-vous-souhaite-monsieur-l-avancement-que-vous-meritez-5953668.html
3 Mots ajoutés dans la marge du bas de lettre , se rapportant à l’Épître à Mlle Clairon .
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26/12/2020
Permettez-moi de présenter mes respects au plus aimable des Français et au plus aimable des Russes
... En France, facile, les plus aimés parce qu'aimables, élus : Jean-Jacques Goldman et Sophie Marceau ; côté russe je propose encore un Français (?) : Gérard Depardieu . Mais je peux me tromper ...
« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon
A Ferney, 30 aug[us]te 1765
Je ne vous dirai pas, mademoiselle, à quel point vous êtes regrettée, parce que je ne pourrais l’exprimer.
Voici ce qu’on 1 m’écrit de Versailles : Tout le monde veut savoir des nouvelles de mademoiselle Clairon, et le roi tout le premier.
Voici ma réponse 2:
« Elle est partie aussi malade que regrettée et honorée, couchée dans son carrosse, et soutenue par son courage. M. Tronchin ne répond pas de sa vie si elle remonte sur le théâtre. Elle lui a dit qu’elle serait forcée d’obéir à ses ordonnances, mais que toutes les fois que le roi voudrait l’entendre, elle ferait comme tous ses autres sujets, qu’elle hasarderait sa vie pour lui plaire. »
Vous voyez, mademoiselle, que j’ai dit la vérité toute pure, sans rien ajouter ni diminuer.
Permettez-moi de présenter mes respects au plus aimable des Français 3 et au plus aimable des Russes 4.
Nous nous entretenons de vous à Ferney, nous vous aimons de tout notre cœur, et en cela nous n’avons d’avantage sur personne. J’ai par-dessus les autres le sentiment de la reconnaissance. Nous ne nous flattons pas de vous avoir une seconde obligation. Vous êtes pour moi le Phénix qu’on ne voyait qu’une fois en sa vie 5.
Vous êtes au-dessus des formules de lettres.
V. »
1 Richelieu .
2 Voir lettre suivante du même jour à Richelieu .
3 Joseph-Alphonse-Omer de Valbelle , amant de Mlle Clairon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Alphonse-Omer_de_Valbelle
4 Neledinsky . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_g%C3%A9n%C3%A9ral_de_la_noblesse_de_l%27Empire_russe#N
5 Le thème du Phénix est repris dans La Princesse de Babylone .
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25/12/2020
quelque horreur qu’il inspire, on le tolère, et il se fait un revenu du mépris qu’il inspire
... C'est Boïko Borissov ( et toute sa clique de partisans et protégés ), la corruption faite homme, celui que jamais on ne voudra pour cadeau d'étrennes, et qui , bien que puant , est accueilli dans les palais gouvernementaux sans froncements de nez affichés : j'aimerais penser qu'il y en a sous les masques, mais la politique internationale et le commerce font avaler toutes les couleuvres : https://plus.lefigaro.fr/tag/boiko-borissov
Père Noël fiche lui une paire de baffes de ma part !
Maquignons célèbres
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence etc.
au château de Dirac
près d'Angoulême
30 auguste 1765.1
J’ai trop tardé, mon cher monsieur, à vous remercier de la justice que vous avez bien voulu rendre aux Calas, et de la générosité avec laquelle vous avez daigné confondre les calomnies de ce malheureux Fréron. On m’a dit qu’on avait été indigné de sa feuille ; mais, quelque horreur qu’il inspire, on le tolère, et il se fait un revenu du mépris qu’il inspire. J’aurais voulu vous envoyer une petite lettre de remerciement qu’on doit imprimer à la suite de la vôtre 2 ; mais je n’ai pu en avoir encore un exemplaire.
Mlle Clairon m’a fait oublier les maladies qui persécutent ma vieillesse. Elle a joué dans Tancrède et dans Oreste sur mon petit théâtre que vous connaissez. J’ai vu la perfection en un genre pour la première fois de ma vie . Elle est actuellement en Provence, vous auprès d’Angoulême ; ainsi je passe ma vie dans les regrets.
V. »
1 L'édition Supplément au recueil place la lettre en 1763, bien que le manuscrit soit bien daté ; elle est rectifiée par Beuchot .
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24/12/2020
Je suis bien sûr que vous approuverez qu’on estime ou qu’on méprise, qu’on aime ou qu’on haïsse très indépendamment des titres
... Entendez-vous ô ministres, présidents, évêques, papes, popes, imams, généraux, gradés de toutes sortes, docteurs es, chevaliers de, pdg, père Noël and Co ?
Je pose ceci au sommet du sapin à la place de l'étoile sensée guider les rois mages, Voltaire mérite cette place .
« A Jean Le Rond d'Alembert
28 auguste [1765]1
Mon très cher et vrai philosophe, je m’intéresse pour le moins autant à votre bien-être qu’à votre gloire ; car, après tout, le vivre dans l’idée d’autrui ne vaut pas le vivre à l’aise. Je me flatte qu’on vous a enfin restitué votre pension, qui est de droit . C’était vous voler que de ne vous pas la donner. Il y a des injustices dont on rougit bientôt . Celle qu’on faisait à la famille des Calas, de s’opposer au débit de son estampe, était encore un vol manifeste. Une telle démarche a bien surpris les pays étrangers. Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l’Europe te regarde.
Mlle Clairon a été reçue chez nous comme si Rousseau n’avait pas écrit contre les spectacles. Les excommunications de ce Père de l’Église n’ont eu aucune influence à Ferney. Il eût été à désirer pour l’honneur de ce saint homme si honnête et si conséquent, qu’il n’eût pas déclaré, écrit et signé par devant un nommé Montmolin, son curé huguenot, qu’il ne demandait la communion que dans le ferme dessein d’écrire contre le livre abominable d’Helvétius 2. Vous voyez bien que ce n’est pas assez pour Jean-Jacques de se repentir ; il poussa la vertu jusqu’à dénoncer ses complices et à poursuivre ses bienfaiteurs ; car s’il avait renvoyé quelques louis à M. le duc d’Orléans il en avait reçu plusieurs d’Helvétius. C’est assurément le comble de la vertu chrétienne de se déshonorer et d’être un coquin pour faire son salut.
Ce sont de tels philosophes qui ont rendu la philosophie odieuse et méprisable à la cour. C’est parce que Jean-Jacques a encore des partisans que les véritables philosophes ont des ennemis. On est indigné de voir dans le Dictionnaire encyclopédique une apostrophe à ce misérable 3 comme on en ferait une à un Marc-Antonin . Ce ridicule suffit, avec l’article Femme 4, pour décrier un livre, fût-il en vingt volumes in-folio. Comptez que je ne me suis pas trompé en mandant, il y a longtemps, que Rousseau ferait tort aux gens de bien.
Quand on a donné des éloges à ce polisson, c’était alors qu’on offrait réellement une chandelle au diable.
Croyez, mon cher philosophe que je ne donnerai jamais à aucun grand seigneur les éloges que j’ai prodigués à mademoiselle Clairon. Le mérite et la persécution sont mes cordons bleus ; mais aussi vous êtes trop juste pour exiger que je rompe en visière à des personnes à qui j’ai les plus grandes obligations. Faut-il manquer à un homme qui nous a fait du bien, parce qu’il est grand seigneur ? Je suis bien sûr que vous approuverez qu’on estime ou qu’on méprise, qu’on aime ou qu’on haïsse très indépendamment des titres. Je vous aimerais, je vous louerais, fussiez-vous pape ; et, tel que vous êtes, je vous préfère à tous les papes, ce qui n’est pas coucher gros 5; mais je vous aime et vous révère plus que personne au monde. »
1 V* répond à une lettre du 13 août 1765 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-38.html
2 Voir lettre du 9 septembre 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/08/cela-est-tout-a-fait-jesuitique-c-est-un-tissu-de-sottises-e.html
On n'a pas ici les termes exacts de J-J. Rousseau mais ils représentent le fond de sa pensée telle qu'exprimée à Montmolin qui la rapporte dans une lettre du 23 septembre 1762 disant que Rousseau entreprit « de s'élever, non pas précisément directement, mais pourtant assez clairement contre l'ouvrage infernal De l'Esprit » et « de foudroyer plusieurs de nos nouveaux philosophes qui, vains et présomptueux, sapent les fondements et la religion naturelle et la religion révélée ».Voir la Réfutation de la Lettre à M. *** relative à M. Rousseau, 1765, publiée par Montmolin : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001...=#
Selon Georges Avenel, Rousseau déclara verbalement à Montmolin qu’il avait eu en vue dans son Émile de s’élever contre le livre d’Helvétius. Il ne s’agissait donc pas d’un livre à faire.
3 Voir lettre du 31 décembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/06/cela-peut-etre-adroit-mais-cela-n-est-pas-honnete-6217858.html
L’apostrophe « O Rousseau ! » dans l’article ENCYCLOPÉDIE de Diderot. (Georges Avenel ). Voir aussi : https://lesconferencesdemathilde.com/index.php/siecle-des-lumieres/rousseau-diderot-les-freres-ennemis
4 Sur cet article, de Desmahis, voir la lettre du 16 novembre 1758 à Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/09/vous-ne-souffrirez-plus-des-articles-tels-que-celui-de-femme-5242339.html
5 Miser gros, prendre un grand risque .
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23/12/2020
il ne perdra rien pour attendre, et il n’attendra pas longtemps
... François Bayrou, petit chef de petit parti, allié d'un mouvement au goût de parti, pense à sa survie via des élections à la sauce proportionnelle . Reste à élaborer une recette digne de celles -très techniques- de Mercotte !*
NDLR - Finale du meilleur pâtissier mardi prochain
En attendant, le malade locataire de La Lanterne, doué du don d'ubiquité (comme Mélenchon en son temps) s'est retrouvé près du canal St Martin, pour son 43è anniversaire : https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/emmanuel-macron-a-la-rue-la-nouvelle-oeuvre-choc-de-l-artiste-de-toulouse-james-colomina-a-paris_38262569.html
« A Henri-Louis Lekain
26 auguste 1765
M. Lekain sera servi comme il le désire par le jeune homme dont nous avons si souvent parlé ; il ne perdra rien pour attendre, et il n’attendra pas longtemps.
Mlle Clairon a joué Electre 1 d’une manière si supérieure et si étonnante, qu’elle m’a fait aimer cette pièce, il n’y manquait que M. Lekain.
Je le prie très instamment de me faire l’amitié de compulser les registres de la Comédie ; on veut savoir quel jour et combien de fois on l’a jouée, soit à Paris, soit à la cour, et le produit des chambrées 2. Je lui serai très obligé s’il veut bien se donner cette peine.
Je l’embrasse du meilleur de mon cœur.
V. »
1 V* veut dire Oreste .
2 Oreste fut joué vingt-trois fois du 1er janvier 1750 au 24 septembre 1764 . les recettes ont été de 49 894 francs . Pendant la même période, Electre de Crébillon a été jouée dix-neuf fois et a produit 27007 francs de recette .
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22/12/2020
J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me rassurent.
... Paroles de virus Covid-19 , majeur et pas encore vacciné !
Rassuré pour sa survie quand il voit ses hôtes et futurs porteurs se balader avec le masque sous le nez, se faire un malin plaisir de se regrouper juste pour braver les consignes -au prétexte de convivialité-, geindre de se trouver privés de quelques libertés accessoires et dans le même temps, être des dangers publics, faire du port et usage d'arme biologique sans remords .
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/21/covid-19-...
En attendant le vaccin, fermons la !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
26 août [1765]
Mes divins anges, je viens encore de recevoir plusieurs paquets contre-signés Laverdy, Choiseul, Saint-Florentin. Tous les paquets adressés directement à moi de la part de ceux qui ont droit de contre-seing me sont rendus, et l’ont été sans difficulté ; on n’en fait que lorsque ces paquets sont adressés à quelqu’un pour une autre personne. C’est pour avoir pris trop de précautions, c’est pour m’être fait adresser l’ouvrage du jeune homme sous le nom de Camp, et pour avoir fait mettre une seconde enveloppe : A Wagnière, à Genève, chez un marchand, que ce paquet fut taxé ; c’est pour avoir envoyé ce même ouvrage de Genève, à votre nom, sous celui de M. le duc de Praslin, qu’il a été taxé encore. Si je l’avais envoyé tout ouvert à M. le duc de Praslin, en le priant de vous le remettre, il aurait certainement joui d’une pleine franchise. M. le duc de Praslin pourrait donc très aisément m’envoyer cet ouvrage, et même avec un mot de sa main, étant très permis à un ministre de lire de mauvais vers et de me les renvoyer.
J’avais été extrêmement effarouché de l’aventure de la demi-feuille 1 ; mais il n’y a qu’à ne plus écrire de ces demi-feuilles et à continuer la correspondance comme à l’ordinaire, en observant seulement que les gros paquets, comme l’ouvrage en question que M. le duc de Praslin me renverrait directement ne fussent pas sous une autre enveloppe que la sienne.
J’envoie donc ce présent mémoire à M. de Courteilles pour premier essai, et surtout je vous demande très humblement pardon de ces détails et de ces embarras, tristes fruits d’une éternelle absence.
Je devais vous envoyer aujourd’hui des vers que j’ai faits pour mademoiselle Clairon 2, mais comme Gabriel Cramer, toujours extrêmement attentif, ne m’en a donné aucun exemplaire, et que Mlle Clairon, qui vient de partir, s’est saisie à mon insu de ceux qui sortaient tout mouillés de la presse, vous ne les aurez que par la prochaine poste. Je les ai faits avec beaucoup de soin, ils n’en sont peut-être pas meilleurs.
Je vous ai supplié de m’obtenir du dépôt des Affaires étrangères un éclaircissement sur les secrétaires d’ambassade, et surtout sur celle de Venise . Je vous réitère ma très humble prière.
Je crois ou du moins on croit ici que Montpéroux, résident à Genève, n’a pas longtemps à vivre 3. Il est attaqué d’une jaunisse à la suite d’une apoplexie. Il y a un M. Astier, commissaire de marine en Hollande ; c’est un philosophe, et de plus un homme très sage et très aimable. Si M. de Montpéroux succombait, si vous protégiez M. Astier, M. le duc de Praslin ne pourrait faire un meilleur choix.
J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me rassurent.
Permettez que j’insère ici ce petit mot pour Lekain. 4»
1 Voir lettre du 22 mai 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/16/il-ne-depend-pas-de-moi-de-rendre-les-fanatiques-sages-et-le-6263701.html
2 Epître à Mlle Clairon ; http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/VOLTAIRE_EPITRECLAIRON.htm
3 Il mourra le 7 septembre 1765 . Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2005_num_37_1_2655
4 Ces mots ont été écrits par V* dans la marge du bas .
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