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07/08/2020

Son malheur ne lui [a] peut-être pas laissé assez de netteté dans l’esprit pour répondre catégoriquement à toutes les questions que vous pourrez lui faire

... C'est ce que je pense en voyant les reportages lors de catastrophes telles que celle de Beyrouth , cyclones et incendies . Les rescapés, à des questions souvent oiseuses, donnent des versions parfois bien étranges, et là je pense particulièrement à ces Beyroutins qui font un lien direct entre le son d'un avion qu'ils ont entendu, mais non vu, et les mortelles explosions subies . Un peu de folie ne doit pas étonner dans ce pays complètement désaxé depuis trop longtemps . Explosion = attentat !

Radio-trottoir vit encore . Alors :

https://www.youtube.com/watch?v=AfpSRnahQig

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

19è avril 1765 à Ferney

Protecteur de l’innocence, vainqueur du fanatisme, homme né pour le bonheur des hommes, je crois que vous avez toutes les pièces nécessaires pour agir en faveur de la pauvre famille Sirven, que vous voulez bien prendre sous votre protection. Vous avez, je crois, au bas de la sentence du juge du village, l’extrait de l’arrêt du parlement de Toulouse, authentiquement certifié sur papier timbré. Vous savez que ces arrêts par contumace s’appellent délibération dans la langue d'Oc, et ce mot de délibération doit se trouver au bout de votre pancarte. Sirven a perdu, par cette aventure, tout son bien qui consistait dans un fonds de dix-neuf mille francs, outre quinze cents livres de rentes net que lui valait sa place. Voilà toute une famille expatriée, couverte d’opprobre, et réduite à la plus cruelle misère. Le procès qu’on lui a fait me paraît absurde, l’enlèvement de sa fille affreux, la sentence un attentat contre la justice et contre la raison. S’il s’agissait de comparaître devant tout autre tribunal que celui de Toulouse, j’enverrais cette malheureuse famille se remettre à la discrétion de ses juges naturels ; mais je crains que les juges de Toulouse ne soient plus ulcérés que corrigés. Qui peut répondre que sept ou huit têtes échauffées ne se vengeront pas sur les Sirven du triomphe que vous avez procuré aux Calas ? J’attends votre décision. Je voudrais que vous puissiez sentir à quel point je vous révère, je vous admire, et je vous aime.

Mille respects à votre digne compagne.

V.



P.S. – Je reçois dans ce moment, monsieur, votre lettre pour moi, et le paquet pour les Sirven 1. Je vais envoyer chercher cet infortuné père. Son malheur ne lui [a] peut-être pas laissé assez de netteté dans l’esprit pour répondre catégoriquement à toutes les questions que vous pourrez lui faire. Nous tâcherons cependant de vous fournir des éclaircissements. Quelque tournure que prenne cette affaire, elle ajoutera bien des fleurons à votre couronne. Vous êtes trop bon d’avoir bien voulu répondre au petit mémoire à consulter sur une maison. Je vous en remercie tendrement. L’affaire fut accommodée dès que j’eus envoyé mon mémoire. Les juifs qui faisaient ces étranges difficultés n’osèrent pas les soutenir, et les principaux intéressés n’ont pas balancé un moment à faire tout ce qui était convenable. Votre nom est tellement en vénération dans ce pays-ci, qu’on n’oserai[t] pas faire une chose désapprouvée par vous. »

1 La lettre du 11 avril 1765, partiellement citée : voir http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/31/j... . Élie de Beaumont y avait joint une lettre et un mémoire destinés à Sirven en demandant à V* de « lui dire de faire la plus grande diligence . »

06/08/2020

Je ne vous fais point d’excuse de prendre la liberté de vous écrire sans avoir l’honneur d’être connu de vous...Pardonnez cette démarche que ma compassion pour les malheureux et ma vénération pour le parlement et pour votre personne me font faire

... Si la compassion de Voltaire pour les malheureux victimes d'injustices est réelle, on peu mettre un bémol et jouer scherzo sa partition vénérant le parlement .

 

 

« A Pierre Desinnocends

A Ferney 19 avril 1765 1

Monsieur,

Je ne vous fais point d’excuse de prendre la liberté de vous écrire sans avoir l’honneur d’être connu de vous. Un hasard singulier avait conduit dans mes retraites, sur les frontières de la Suisse, les enfants du malheureux Calas . Un autre hasard y amène la famille Sirven, condamnée à Castres, sur l’accusation ou plutôt sur le soupçon du même crime qu’on imputait aux Calas.

Le père et la mère sont accusés d’avoir noyé leur fille dans un puits, par principe de religion. Tant de parricides ne sont pas heureusement dans la nature humaine ; il peut y avoir eu des dépositions formelles contre les Calas ; il n’y en a aucune contre les Sirven. J’ai vu le procès-verbal 2, j’ai longtemps interrogé cette famille déplorable . Je peux vous assurer, monsieur, que je n’ai jamais vu tant d’innocence accompagnée de tant de malheurs : c’est l’emportement du peuple du Languedoc contre les Calas qui détermina la famille Sirven à fuir dès qu’elle se vit décrétée. Elle est actuellement errante, sans pain, ne vivant que de la compassion des étrangers. Je ne suis pas étonné qu’elle ait pris le parti de [se] soustraire à la fureur du peuple, mais je crois qu’elle doit avoir confiance dans l’équité de votre parlement.

Si le cri public, le nombre des témoins abusés par le fanatisme, la terreur, et le renversement d’esprit qui put empêcher les Calas de se bien défendre, firent succomber Calas le père, il n’en sera pas de même des Sirven. La raison de leur condamnation est dans leur fuite. Ils sont jugés par contumace, et c’est à votre rapport, monsieur, que la sentence a été confirmée par le parlement.

Je ne vous cèlerai point que l’exemple des Calas effraie les Sirven, et les empêche de se représenter. Il faut pourtant ou qu’ils perdent leur bien pour jamais, ou qu’ils purgent la contumace, ou qu’ils se pourvoient au conseil du roi.

Vous sentez mieux que moi combien il serait désagréable que deux procès d’une telle nature fussent portés dans une année devant Sa Majesté ; et je sens, comme vous, qu’il est bien plus convenable et bien plus digne de votre auguste corps que les Sirven implorent votre justice. Le public verra que si un amas de circonstances fatales a pu arracher des juges l’arrêt qui fit périr Calas, leur équité éclairée, n’étant pas entourée des mêmes pièges, n’en sera que plus déterminée à secourir l’innocence des Sirven.

Vous avez sous vos yeux toutes les pièces du procès . Oserai-je vous supplier, monsieur, de les revoir ? Je suis persuadé que vous ne trouverez pas la plus légère preuve contre le père et la mère en ce cas, monsieur, j’ose vous conjurer d’être leur protecteur.

Me serait-il permis de vous demander encore une autre grâce ? c’est de faire lire ces mêmes pièces à quelques-uns des magistrats vos confrères. Si je pouvais être sûr que ni vous ni eux n’avez trouvé d’autre motif de la condamnation des Sirven que leur fuite ; si je pouvais dissiper leurs craintes, uniquement fondées sur les préjugés du peuple, j’enverrais à vos pieds cette famille infortunée, digne de toute votre compassion ; car, monsieur, si la populace des catholiques superstitieux croit les protestants capables d’être parricides par piété, les protestants croient qu’on veut les rouer tous par dévotion, et je ne pourrais ramener les Sirven que par la certitude entière que leurs juges connaissent leur procès et leur innocence.

J’aurais le bonheur de prévenir l’éclat d’un nouveau procès au conseil du roi, et de vous donner en même temps une preuve de ma confiance en vos lumières et en vos bontés. Pardonnez cette démarche que ma compassion pour les malheureux et ma vénération pour le parlement et pour votre personne me font faire du fond de mes déserts.

J’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur, votre, etc. »

1 Cette lettre est apparemment une lettre ouverte . Le destinataire est identifié par Galland . Desinnocends est l'un des juges qui avaient voté pour l'exécution de Jean Calas .Voir : https://books.google.fr/books?id=DMNYDwAAQBAJ&pg=PT103&lpg=PT103&dq=pierre+desinnocends&source=bl&ots=ZAakyNXi34&sig=ACfU3U3B7Lm9iD-LAYtBSXnciZQEyskt5w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi70c64lP3qAhWOxoUKHQebCNMQ6AEwBHoECAkQAQ#v=onepage&q=pierre%20desinnocends&f=false

2 Dans sa lettre à V* du 11 avril 1765, Élie de Beaumont met ce post-scriptum : « M. Damilaville vient de me faire remettre à l'instant la copie de la sentence de Mazamet . C'est le comble de l'absurdité et de l'horreur . On ne pourrait croire l’existence d'une telle pièce sans l'avoir lue . Un père et une mère dûment atteints et convaincu du crime de parricide et pour cela seulement pendus, et les deux dûment atteintes CONVAINCUES et complices dudit crime de parricide et pour toute peine condamnées à assister à l'exécution de leur père et mère, et au bannissement hors la ville et juridiction de Mazamet, permis à elles de se promener sur la frontière de cet immense territoire de ce Mazamet . Bon Dieu à quels temps sommes-nous réservés de voir rendre de pareils jugements, de les voir confirmer par un parlement, et par un parlement qui venait d'avoir une si cruelle leçon . Laissez-moi faire, monsieur, et soyez sûr que votre Sirven que j'appellerai aussi bientôt notre Sirven, sera dans peu satisfait avec éclat . »

05/08/2020

On examine l'ouvrage dans l'idée d'y trouver des choses dangereuses

... Voir , et en particulier à propos de la PMA : https://www.vie-publique.fr/loi/268659-loi-bioethique-pma

Les catho intégristes freinent des quatre fers , comme d'hab' . Je ne me prononce pas pour les autres religions qui ont sans doute elles aussi leurs visions de ce que doit être une famille selon dieu et ses prophètes .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19è avril 1765 1

Mon cher frère, je suis confondu, pétrifié ; c'est donc un secret que l'expulsion des jésuites, puisqu'il est défendu d'en parler . Point de bruit si je ne le fais est donc la devise des maîtres des actions et des pensées des hommes ? J'espère au moins qu'on ne perdra rien pour attendre, et que dans quelque temps ce charmant ouvrage paraîtra . Les Bazin de Hollande n'étaient pas encore arrivés quand M. Delahaye partit avec les Caloyer 2. Ces Caloyer m'ont paru fort augmentés, et capables de faire beaucoup de bien . Vous avez une petite liste des personnages auxquelles on peut en envoyer, et vous trouverez sans doute quelque adepte qui se chargera aisément du reste .

Les Bazin sont d'un genre tout différent . Ils ne me semblent pouvoir faire fortune qu'auprès de ceux qui connaissent un peu l'histoire ancienne . Je crois qu'ils n’essuieront pas le sort de la Destruction . L'étiquette du sac n'inspire pas la même défiance . Le nom seul de jésuite effarouche la magistrature . On examine l'ouvrage dans l'idée d'y trouver des choses dangereuses . Des fatras d’histoire donnent moins d'alarme . La destruction des Babyloniens par les Persans effarouche moins que la destruction des jésuites par les jansénistes .

L'enchanteur Merlin est très instamment prié de n'en pas faire une édition nouvelle avant de faire écouler celle d'un pauvre diable à qui j'ai donné ce petit morceau pour le tirer de la pauvreté . Je crois que l'enchanteur se tirera bien de sa secondé édition ; l'ouvrage m'a paru assez curieux et assez neuf . Je n'en ai envoyé que quelques feuilles en divers paquets à M. d'Argental, sous le couvert d'un ministre . Mandez-moi, mon cher frère, si je puis en user de même avec vous, en me servant de l'adresse de M. Gaudet 3, et en lui adressant les paquets par Lyon .

Je ne verrai Gabriel que dans quelques jours . C'est un petit voyage d'aller de Genève chez moi, l'allée et le retour prennent une journée .

Mon cher frère, je vous embrasse . Écr l'inf. »

04/08/2020

Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise ... ce siècle sera le tombeau du fanatisme

... Optimiste , inénarrable Candide !

https://www.youtube.com/watch?v=AzBlD5TrfWI&list=RDjt...

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence etc.

au château de Dirac

près d'Angoulême

19è avril 1765 à Ferney

Que diront donc, mon cher marquis, les ennemis de la raison et de l’humanité, quand ils apprendront que le roi a daigné donner trente-six mille livres à la famille Calas, avec la permission de prendre à partie les homicides qui ont fait rouer un innocent ? Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise. Au reste, l’arbre qui a porté dans tous les temps de si détestables fruits doit être jeté au feu par tous les honnêtes gens.

Ce qui vous surprendra, c’est qu’il y a une affaire à peu près semblable à celle des Calas sur le tapis. Tâchez, si vous avez quelque correspondant à Paris, d’avoir une lettre imprimée de M. de Vol*** à M. Dam*** etc. Elle pourra vous étonner et vous attendrir. Bénissons le ciel, qui permet que la raison s’étende de tout côté chez les Welches : ce siècle sera le tombeau du fanatisme.

Pardonnez si je vous écris des lettres si courtes ; mais j’en suis si accablé que cela prend tout mon temps. »

03/08/2020

J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux

... Grand bien te fasse mon cher Voltaire, mais moi qui suis soumis à un président de la République , aucune illusion, je n'espère aucune libéralité et ne tiens ma jeunesse et vigueur qu'à mes propres moyens . Hasta luego !...

https://www.youtube.com/watch?v=kiRlJ4HuWGc&list=RDjt...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17è avril 1765 1

Je réponds à votre lettre du 10 . Si elle avait été du 11, vous auriez été dans un bel enthousiasme des trente-six mille livres accordées par le roi à notre famille Calas 2. Si le roi savait combien on le bénit dans les pays étrangers, il trouverait que jamais personne n’a mis son argent à un pareil intérêt. Jamais l’innocence n’a été mieux vengée ni plus honorée. Vous êtes assurément bien payé, mon cher frère, de toutes vos peines. Le généreux Élie doit être bien content . On regarde ici son mémoire comme un chef-d’œuvre . Il était impossible que les juges résistassent à la force de son éloquence. J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux, et j’imagine qu’à présent vous ne portez plus d’emplâtre au cou.

Ou je suis bien trompé, ou M. de Beaumont a dû voir l’arrêt du parlement de Toulouse à la suite de la sentence de Castres. Si cet arrêt ne s'y trouve pas nous allons écrire pour le faire venir . Élie va donc, une seconde fois, tirer la vertu du sein de l’opprobre et de l’infortune. Je vous prie de l’embrasser bien tendrement pour moi, et de lui dire qu’il a un autel dans mon cœur.

Vous ne m'avez point encore accusé la réception du paquet que M. Delahaye a dû vous remettre, il n'est donc point encore à Paris ? Et s'il y est, il faut donc qu'il soit arrivé quelque malheur . Ne pourriez-vous point aller chez lui ? Le paquet ne laisse pas d'être de quelque conséquence . J'ai exécuté ponctuellement tous les ordres que frère Archimède m'a donnés 3, et je fais des vœux pour que la Destruction paraisse incessamment . Toutes ces destructions-là sont l'édification des honnêtes gens . Combattez, anges de l’humanité, bonsoir mon cher frère . Écr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais suivie des éditions, amalgame cette lettre avec celle du 19 avril en le abrégeant l'une et l'autre et datant du 17 avril : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5990

2 Voir dans la lettre du 7-8 juin 1764 à Cramer , où V* évoque pour la première fois l'idée de ce dédommagement : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/14/quel-dedommagement-aura-la-famille%C2%A0.html

Voir aussi la lettre d'Elie de Beaumont du 11 avril 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/28/vous-avez-de-bons-conseils-consultez-les-et-faites-ce-qu-ils-vous-diront.html

Le Journal encyclopédique du 15 avril 1765, page 171, dit que, dans les 36 000 livres, il y en eut 12 000 pour Mme veuve Calas, 6000 pour chacune des deux demoiselles Calas, 3000 pour le fils, et 3,000 pour la servante. Dupleix de Bacquencourt, maître des requêtes, rapporteur du procès, se rendit chez Mme Calas, et lui remit en outre une somme considérable en or. Cette dame pria le magistrat de vouloir bien lui dire à qui elle en avait l’obligation. « Je suis chargé, a-t-il répondu, madame, de vous demander comme grâce de ne point prendre la peine de vous en informer. »

02/08/2020

J'espère que vous réussirez dans toutes vos entreprises, et que votre bonheur sera désormais égal à vos infortunes passées

... https://www.youtube.com/watch?v=6dCmwGbEON4

 

 

« A Anne-Rose Calas

Vous concevez bien , madame, qu'elle a été ma joie en apprenant les bienfaits dont le roi soulage vos malheurs, et récompense votre vertu . J'espère que vous réussirez dans toutes vos entreprises, et que votre bonheur sera désormais égal à vos infortunes passées .

Permettez-moi d'embrasser mesdemoiselles vos filles, monsieur votre fils et M. Lavaysse .

J'ai l'honneur d'être avec l'intérêt le plus vif, et le plus grand attendrissement, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

V.

17è avril 1765 à Ferney. 1»

1 A son habitude, Mme Calas a porté le nom de V* et la date sur le manuscrit . 

01/08/2020

Il faut bien peu de chose aux grands de ce monde pour inspirer l’amour ou la haine

... https://www.youtube.com/watch?v=T02HJFNLaLQ

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16è avril 1765

Il est donc enfin décidé, mon cher frère, que le roi daignera donner un dédommagement à notre veuve. Je vous assure qu’il aura l’intérêt de son argent en bénédictions. Un roi fait ce qu’il veut des cœurs : tous les protestants sont prêts à mourir pour son service. Il faut bien peu de chose aux grands de ce monde pour inspirer l’amour ou la haine. Je ne suis pas assez au fait des affaires pour décider sur la prise a partie ; mais si cette prise réussissait, ce serait un terrible coup. Je ne crois pas qu’il y en ait d’exemple depuis le massacre de Cabrières et de Mérindol ; mais cette cruelle affaire était bien d’un autre genre : il s’agissait de l’abus sanguinaire des ordres du roi, de dix-huit villages mis en cendres, et de huit à neuf mille sujets égorgés. Tantum religio potuit suadere malorum !1 Je m’unis à vous plus que jamais dans la sainte tolérance. Écr. l’inf. »

1 Tant la religion a pu inspirer de crimes , Lucrèce, De natura rerum, I, 101 ( voir : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucrece/livre1a.htm ).

V* fait allusion à des évènements datant du règne de François Ier ; voir lettre du 20 avril 1765 à Dupont : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5994

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_M%C3%A9rindol